A 21 ans, ce militant de l’écologie populaire s’est déjà imposé dans les discussions au sommet de l’Etat ! Son association « Banlieues Climat » fête son premier anniversaire en pleine COP28... Feris Barkat est ce matin l'invité de Mathilde Serrell.
Retrouvez Nouvelles têtes présenté par Mathilde Serrell sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/nouvelles-tetes
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00:00 9h50, les nouvelles têtes, Mathilde Serrel ! Et ce matin, un influenceur vert, cofondateur
00:06 de l'association Banlieue Climat, Féris Barcate est dans notre studio.
00:11 Portrait sonore !
00:12 Il appartient à la génération Naruto, ce manga qui lui donne la confiance du cœur,
00:36 quand il se rêve encore footballeur professionnel, mais que ses chances sont très limitées.
00:41 Je suis là pour vous préparer au concours Elocentia, qui dans 6 semaines va élire le
00:46 meilleur orateur de la Seine-Saint-Denis.
00:48 C'est le choc du concours Elocentia de Bertrand Perrier qui déclenche au lycée sa passion
00:54 pour l'art oratoire et toutes les vidéos de concours d'Elocence.
00:57 Sa conscience écologique, elle, s'allume en cours de philo, le progrès, la technique
01:02 et le principe de responsabilité d'Hans Jonas.
01:05 Agis de façon que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence d'une
01:10 vie authentiquement humaine sur Terre.
01:13 Élève modèle de la méritocratie, le garçon des quartiers populaires de Strasbourg est
01:17 reçu à la London School of Economics de Londres, mais revient en France au bout d'un
01:22 an au chevet du concret.
01:24 Pendant plusieurs jours, Banlieue Climat est intervenu dans différents quartiers de Sergide.
01:28 La formation c'est vraiment une introduction à l'environnement.
01:32 On s'en concernait surtout quand on voit qu'il y a vraiment beaucoup de chiffres, parce que
01:35 les chiffres ils parlent d'eux-mêmes.
01:36 Je ne pensais pas que c'était tout le monde qui pouvait s'intéresser.
01:39 En décembre 2022, il co-fonde Banlieue Climat.
01:43 Depuis, il dit allègrement "Big up" aux ministres et ses formations sont reconnues
01:47 par l'État.
01:48 Aujourd'hui à 21 ans, il défend plus que jamais une écologie populaire avant, pendant
01:53 et après les COP.
01:54 Féris Barcade, bonjour.
01:55 Bonjour, merci pour ce portrait.
01:58 Il manque quelqu'un dans ce portrait ? Est-ce que vous l'aurez reconnu ?
02:00 Zamdane, peut-être.
02:01 Il manque votre prof d'histoire géo quand même.
02:06 Oui, aussi.
02:07 Elle vous a sauvé, vous dites que c'est elle qui a compris avant vous que vous alliez
02:11 devenir quelqu'un de bien.
02:12 Oui, je dis souvent cette phrase en disant qu'elle a vu en moi quelque chose, qu'elle
02:16 a vu que j'étais quelqu'un de bien avant que je ne le devienne.
02:18 Que ce soit vrai ou pas, ce n'est pas ça la question.
02:20 La question c'est une fois qu'elle a projeté ce regard sur moi, j'avais cette nécessité
02:26 de le remplir et d'essayer d'être à la hauteur.
02:28 Et donc quand j'étais au lycée, enfin au collège pardon, en troisième, elle m'a
02:32 beaucoup aidé à intégrer un super lycée à Strasbourg et c'est grâce à elle que
02:35 j'en suis là aujourd'hui parce que sinon j'étais vraiment très mal parti.
02:38 Comme vous dites, vous étiez myope et tout ça, le football, ça ne se passait pas super.
02:42 C'était quoi les options ?
02:47 Pas trop d'options, mais j'étais borné.
02:49 Je pensais vraiment que j'avais un truc pour le foot, mais le foot…
02:52 Je n'ai pas voulu.
02:53 Ce n'est pas ma faute en vrai.
02:56 Alors, vous êtes en effet devenu quelqu'un d'incontournable.
02:59 Vous figurez dans les 30 des moins de 30 ans, la liste de Vanity Fair.
03:03 Vous faites des réunions avec les conseillers du président Emmanuel Macron, l'association
03:07 que vous avez co-fondée, Banlieue Climat, faites ces un an avec une formation d'environ
03:10 9 heures qui accompagne les jeunes des quartiers populaires de 16 à 25 ans vers les métiers
03:15 de la transition écologique.
03:17 Bilan de ces un an.
03:18 On est très heureux d'avoir formé 100 jeunes.
03:22 On a à peu près sensibilisé 250 jeunes, formé 100 jeunes.
03:26 Donc formation, c'est vraiment les 8 heures complètes.
03:27 Donc ça c'est cool.
03:30 Après maintenant, il faut que la formation, c'est un premier pas.
03:34 C'est de montrer qu'au fond, dire que les catégories populaires s'en foutent de l'écologie,
03:38 c'est faux.
03:39 C'est juste vous qui ne savez pas leur expliquer.
03:40 Vous ne savez pas parler.
03:41 Vous n'avez pas les codes.
03:42 Les médias, le monopole aujourd'hui sur l'écologie, de dire que l'écologie,
03:45 c'est les ours polaires et la réduction de je ne sais pas quoi.
03:47 Il n'y a pas que ça.
03:48 Il y a d'autres choses.
03:49 Et quand on ramène du concret, quand on ramène la question de la santé, la question de
03:52 la santé, elle est primordiale chez tous les co-fondateurs de Banlieue Climat.
03:55 Parce que je ne suis pas tout seul.
03:56 Il y a Sanasi Atuli, Abdelali, Sefio, l'ancien rappeur.
03:58 On est tous les quatre.
03:59 Et il y a cette logique qui nous anime de dire qu'on va, avec cette identification,
04:05 avec ce qu'on porte, avec ce qu'on représente, aller avec notre réalité, finalement, parler
04:09 au quartier de ces questions écologiques qui nous concernent davantage.
04:12 C'est parce que quand on prend les expos aux monsieurs à quoi on expose l'environnement,
04:15 la pollution, l'alimentation.
04:16 La pollution, notamment les particules fines.
04:18 Votre combat en ce moment, ça se passe en Seine-Saint-Denis où on va permettre aux
04:24 athlètes pendant les JO d'avoir un air purifié durant la durée de logement des
04:29 athlètes.
04:30 En revanche, tous les habitants de la Seine-Saint-Denis, ils peuvent continuer à vivre avec un air
04:33 pollué.
04:34 Ça ne pose pas de problème.
04:35 C'est aberrant.
04:36 C'est vraiment...
04:37 C'est allègrement, on dit aux gens, votre santé n'a moins de valeur que les autres.
04:42 Et quand on prend vraiment la qualité de l'air, là, il y a une étude qui est sortie
04:44 en août 2023 qui montre que la qualité de l'air, c'est la première menace pour
04:49 la santé humaine.
04:50 Mortelle pour la santé humaine.
04:51 J'ai vérifié, devant Sarkozy et Morandini, c'est la première menace.
04:56 Et donc...
04:57 Attention, il y a un sacré temps pour relâcher l'impression.
05:01 Non mais vraiment...
05:02 Devant Morandini ?
05:03 Oui, j'ai check.
05:04 Et donc du coup...
05:05 Top 1, la pollution.
05:06 Top 2, Sarkozy ou Morandini ?
05:07 Ah, ça dépend le contexte.
05:08 Mais vraiment, là, en l'occurrence, quand on regarde ça, on se dit 9000 ans de mort
05:17 dans le monde, 49000 en France.
05:19 On regarde les PM1, les particules fines, les toutes petites, qui rentrent dans le cerveau,
05:22 qui font des maladies.
05:23 Elles, elles ne sont pas vraiment régulées.
05:24 Aujourd'hui, il y a une proposition en Europe pour réguler à partir de 25 microgrammes.
05:31 Enfin, c'est rien du tout.
05:32 On est deux fois moins que les recommandations de l'OMS.
05:34 Bref, c'est une catastrophe.
05:35 Et donc, quand on regarde, juste, comment se construit le quartier populaire en France,
05:39 historiquement, on voit que c'est toujours les mêmes qui subissent le plus.
05:42 Et là, en l'occurrence, une mesure comme ça, ça montre juste un peu l'injustice
05:46 environnementale qu'on essaie de combattre ici.
05:48 Et aussi, pour embarquer les jeunes des quartiers populaires dans ce combat, il faut leur parler
05:52 du concret et pas, par exemple, de réduire leur nombre de vols par an.
05:56 Parce que, en fait, finalement, vous dites, quand on ne prend pas l'avion, on s'en
06:00 fout un petit peu de réduire son empreinte carbone par le transport.
06:04 Oui, c'est ça.
06:05 Alors, il doit faire quoi ? La logique, c'est plus d'avoir une échelle
06:09 d'action qui est ni ultra individualisante, en disant, c'est un peu trop néolibéral
06:14 à mon sens, de dire, vas-y, vous devez réduire et tout repose sur vos épaules.
06:18 Ça n'a pas trop de sens.
06:19 En même temps, dire, c'est le président qui doit tout faire, ça n'a pas trop de
06:21 sens non plus.
06:22 Donc, on essaie de trouver une échelle plus locale sur la question notamment de l'adaptation
06:25 ou par exemple à Bagnolet, la question de l'alimentation est un sujet qui est revenu
06:28 plusieurs fois après la formation.
06:29 Donc là, on essaie de travailler là-dessus.
06:31 Des plaidoyers, on a reçu François Hollande à Strasbourg il n'y a pas longtemps, où
06:34 on a mis un jeu autour du sport et du climat.
06:38 C'est ce genre de choses qui créent de l'émancipation, qui créent de la confiance.
06:40 Et nous, on est là-dessus.
06:41 Pas juste sur dire, vous réduisez.
06:43 Bien sûr que la réduction est importante, mais ce chemin de cohérence vient avec la
06:46 formation.
06:47 On n'est pas là pour dire ce qu'il faut faire.
06:48 Et dans la projection, dans l'imaginaire, vous travaillez aussi sur les référencements
06:51 culturels.
06:52 On écoutait un extrait de Naruto tout à l'heure.
06:53 Vous dites aussi, pour convaincre et pour embarquer dans ce projet, il faut parler de
06:57 manga par exemple, des films de Miyazaki.
06:59 Changer aussi les références qui sont mobilisées à chaque fois.
07:03 Exactement.
07:04 Je pense que les référenciels culturels, symboliques qui vont nous toucher, c'est ça
07:07 qu'il faut mettre en avant.
07:08 On ne peut pas juste critiquer le message sans s'intéresser aux messagers.
07:13 Et nous, ce qu'on veut expliquer, c'est que nous, en tant que messager issu des quartiers
07:17 populaires, on a les mêmes références qu'eux.
07:19 Donc forcément, ça va passer.
07:20 Parfois, ils disent, mais comment ça se fait ? Si le rapport du GIEC, c'est trop compliqué.
07:23 Mais non, frérot, on est sur huit heures de formation.
07:25 On voit les particules fines, les boucles de rétroaction, le climat.
07:28 On réhistorise la question, on fait tout.
07:30 Et à la fin, c'est certifié.
07:31 L'objectif, c'est parce que tout simplement, les codes sont différents.
07:34 Et quelque part, ça remet aussi un peu en question la méritocratie en disant, c'est
07:37 leur faute, s'ils n'y arrivent pas, peut-être pas.
07:39 Il y a cette question de devenir un Naruto, peut-être, demain.
07:43 C'est ça aussi que vous proposez.
07:44 On ne sait jamais.
07:45 Un mot simplement sur votre passage au Collège Citoyen de France.
07:48 Ça a été déterminant aussi pour vous.
07:50 Qu'est-ce que c'est que cette structure ? Puisqu'il y a d'autres jeunes qui peuvent
07:53 y participer, d'autres associatifs.
07:55 Tant à un mot.
07:56 Totalement.
07:57 Le Collège Citoyen de France a été monté par, là je vois Agnès Varda juste là,
07:59 ça a été monté par Gierre qui a collaboré.
08:01 Qui a travaillé avec Agnès Varda.
08:02 Et effectivement, Gierre, Léa Mocanaz, pas mal de gens très engagés.
08:06 Une fois que j'ai arrêté mes études à Londres parce que je n'en pouvais plus m'occuper
08:10 de Platon alors que c'était la fin du monde.
08:11 J'ai arrêté, j'arrive en France.
08:13 Et là, il y a des gens qui m'ouvrent les portes, qui m'accompagnent et qui me disent
08:15 que je peux faire aussi des trucs dans le monde associatif.
08:18 Et ça s'est ouvert à tout le monde, à n'importe quelle structure.
08:19 Donc merci au Collège et big up à Marco Berrebi.
08:22 Big up, c'est une dinguerie, il dit souvent aussi.
08:24 Féris Barkat dans ses vidéos.
08:27 On vous suit et longue vie à Banlieue Climat.
08:29 Bonne route à vous.
08:30 Merci beaucoup.