Il vient de faire la clôture du festival VivaTech, l'un des plus grands événements technologiques d'Europe… Et sa société est devenue une star de l’Intelligence Artificielle française ! Florian Douetteau est ce matin l'invité de Mathilde Serrell. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/nouvelles-tetes/nouvelles-tetes-du-lundi-27-mai-2024-6637336
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00:00 Les Nouvelles Têtes, il est 9h50 avec vous, Mathilde Serrel.
00:03 Ce matin, un entrepreneur, il dirige la licorne de l'intelligence artificielle française.
00:10 Florian Douetteau est dans notre studio et ça vaut bien un portrait sonore.
00:14 - La tenneau est S, joue S, O, U, P.
00:20 C'est inexact et c'est encore une fois S, O, U, P.
00:27 Bonne réponse.
00:29 Tandis que d'autres, comme moi, en étaient encore au stade de la dictée magique, c'est
00:34 sa grand-mère qui lui a offert son premier ordinateur à 5 ans et il commence à coder
00:38 dès 6 ans.
00:39 - Alors vous êtes étudiant ? - Euh, oui.
00:42 - Qu'est-ce que vous faites déjà comme études ?
00:46 - Alors, moi je suis en 7ème année de médecine et puis Fred prépare MathsUP.
00:51 - MathsUP, MathsP ? - Euh, je sais pas, j'hésite encore.
00:57 Il a 15 ans.
00:59 En 1995, quand sort Les Apprentis et quand Jacques Chirac est élu président de la République,
01:05 il fera MathsUP et MathsP, suivi de l'école normale supérieure où il étudie les mathématiques
01:10 et l'informatique avant de se lancer dans l'aventure du Google français.
01:14 - Il est tout simplement en train de défier Google, le géant mondial des moteurs de recherche
01:19 sur Internet.
01:20 L'enjeu est donc immense.
01:21 Sa petite société Exalid qui compte aujourd'hui 40 salariés est en pleine expansion.
01:26 Elle vient d'être choisie pour être au cœur du projet de recherche Cairo lancé par Jacques Chirac.
01:32 En l'an 2000, le oui, c'était comme ça, le voilà à bord de cette start-up française
01:37 spécialisée dans les moteurs de recherche.
01:39 Il y reste 10 ans et décide de sauter le pas, devenir chef d'entreprise dans un domaine
01:45 qui l'a toujours fasciné.
01:46 - Un robot ne peut porter atteinte à un être humain, ni rester en passif, laisser cet
01:54 être humain exposé aux dangers.
01:56 Depuis les lois de la robotique d'Isaac Asimov en 1942, ce sont d'autres types de robots
02:02 qui sont apparus, des machines entraînées à apprendre et à penser.
02:07 Le machine learning est au cœur de la société qu'il a co-fondée et dont il est PDG, Dataiku,
02:12 fleuron de l'intelligence artificielle française.
02:15 Florian Duetto, bonjour.
02:16 - Bonjour.
02:17 Traduction, tout de suite dans le milieu de la tech, quand on dit la licorne française
02:22 de l'IA, ça veut dire quoi ?
02:23 - Licorne, ça veut dire qu'on vaut plus de 1 milliard, ce qui ne veut pas dire grand-chose
02:28 en soi.
02:29 Après, quand on travaille dans l'IA, et dans mon cas, ça veut dire qu'on a quelques centaines
02:34 de clients qui sont des entreprises.
02:35 Moi, je vends un logiciel, ils l'achètent et ça aide ces entreprises à mieux fabriquer
02:40 leur propre système d'intelligence artificielle.
02:42 - Vous êtes au croissement de l'analyse de données et de l'intelligence artificielle,
02:46 c'est ça Dataiku ?
02:47 - Oui, tout à fait.
02:48 Parce que pour les entreprises, mes clients, c'est des banques, c'est des grandes industries.
02:52 Et leur enjeu, c'est de mieux manipuler leurs données pour créer leur propre modèle.
02:56 Parce que l'intelligence artificielle générique qu'on voit tous avec Tchad, GPT, etc.
03:02 Ça ne suffit pas pour une entreprise quand elle veut prendre des décisions qui impactent
03:07 son business.
03:08 - Vous êtes donc un accélérateur de prise de décision avec ce logiciel ?
03:12 - Oui, l'intelligence artificielle, c'est avant tout pour les entreprises comment j'accélère
03:15 ma prise de décision.
03:17 Comment je décide mes prix.
03:19 Comment je décide quels sont les clients que je veux cibler.
03:23 Comment est-ce que je décide comment optimiser ma chaîne de fabrication.
03:27 Et toutes ces décisions-là, elles nécessitent d'analyser des choses en continu.
03:31 Des choses simples et des choses complexes.
03:33 Et c'est ça l'intelligence artificielle.
03:34 - En tout cas, celle que vous proposez.
03:36 Vous êtes donc dans l'intelligence artificielle française.
03:41 - Ah oui, ça c'est très différent.
03:42 - Et ça c'est très différent aussi de ce que peuvent proposer The Magnificent Seven.
03:48 On va les écouter.
03:49 - Bah oui, parce que pour moi avant c'était une chanson des clashs, The Magnificent Seven.
03:56 Aujourd'hui c'est Alphabet, Amazon, Apple, Meta, Microsoft, Nvidia et Tesla qui investissent
04:02 massivement dans l'intelligence artificielle.
04:04 Et qu'est-ce qu'on peut faire nous en tant qu'IA française ?
04:07 - En tant qu'IA française, je pense qu'on a besoin d'accélérer.
04:12 Pourquoi ? Parce que l'intelligence artificielle, ça va changer nos vies.
04:15 Ça va changer la manière dont on éduque les enfants.
04:18 Ça va changer la manière dont on consomme les médias.
04:20 Ça va changer la manière dont on fait de la recherche.
04:22 Et si les entreprises françaises, et d'ailleurs nous tous, on n'arrive pas à suivre ce mouvement,
04:28 on risque juste d'être laissés derrière.
04:30 En fait, c'est un peu comme si on était tous conducteurs de calèches au 19ème siècle
04:36 et il y a des gens qui ont inventé quelque part un peu loin dans le monde la machine
04:40 à vapeur.
04:41 Et alors qu'est-ce qu'on fait ? Est-ce qu'on reste tous conducteurs de calèches ? Peut-être pas.
04:45 On est obligés de monter dans ce train, mais on ne peut pas, l'intelligence humaine ne
04:48 peut pas se projeter dans l'expansionalité, on pourrait dire, de l'intelligence artificielle.
04:53 C'est-à-dire que c'est impossible d'imaginer jusqu'où elle peut aller.
04:56 Et en même temps, on est bien obligés de l'encadrer et de monter dans le train.
04:59 C'est une difficulté, c'est un problème insoluble.
05:01 - C'est un problème insoluble ou pas vraiment, parce que toutes ces transitions-là, elles
05:05 ne vont pas non plus arriver le mois prochain.
05:07 Ce sont des choses qui vont prendre 5-10 ans.
05:10 Et l'enjeu pour la plupart d'entre nous, en effet, c'est d'imaginer quelles sont toutes
05:16 les manières d'utiliser l'intelligence artificielle, de participer à ce mouvement-là.
05:19 Pour les entreprises, il s'agit de, peu à peu, se transformer, c'est-à-dire changer
05:24 la manière dont ils prennent les décisions, la manière dont ils utilisent l'intelligence artificielle.
05:29 - À VivaTech, vous disiez, donc ce salon de la Tech qu'on pourrait appeler le festival
05:32 de Cannes de la Tech, il n'y a pas de tapis rouge, mais il y a une avenue de l'intelligence
05:36 artificielle, vous disiez que les sociétés ont 5 à 10 ans pour intégrer l'intelligence
05:39 artificielle, sinon elles ne seront plus compétitives.
05:40 - Sinon elles ne seront plus compétitives, oui.
05:42 Il y a beaucoup de gens qui parlent du déclassement associé à l'intelligence artificielle,
05:45 il y a une partie qui est vraie.
05:46 C'est-à-dire que probablement que la plupart des entreprises arriveront à être 20-30%
05:50 plus productives à cause de l'intelligence artificielle.
05:51 Et celles qui ne le seront pas, elles risquent vraiment d'être en danger.
05:54 - Je voudrais que vous réagissiez à cette polémique qui a beaucoup fait bruit la semaine
05:58 dernière.
05:59 C'est la création par OpenAI, de la chat-GPT, une version 4.0 avec une voix.
06:05 Et la voix ressemblerait beaucoup à celle de Scarlett Johansson qui s'est plainte,
06:09 qui a dit "on m'a volé ma voix, on m'a volé mon identité".
06:11 La comédienne depuis qui a été enregistrée dans le casting est marquée "non syndiquée".
06:16 Il fallait être non syndiquée pour postuler.
06:17 Elle a dit "mais non, on ne m'a pas demandé d'imiter Scarlett Johansson".
06:20 On en est là dans le débat.
06:21 Mais le jour où cette version est sortie, il y a eu deux responsables de la sécurité
06:24 d'OpenAI qui ont démissionné le jour même.
06:26 Comment vous voyez ça ?
06:27 - Je pense que les responsables qui ont démissionné d'OpenAI n'ont pas démissionné, je pense,
06:35 pas strictement à cause de Scarlett Johansson, mais plus à cause de l'impact de l'IA en
06:39 général, la compréhension de la responsabilité des entreprises qui mettent en oeuvre ces
06:44 technologies.
06:45 Je pense que quand on travaille sur l'IA aujourd'hui, on a une responsabilité forte parce qu'en
06:48 effet, ça va impacter la vie de plein de gens.
06:50 Et donc du coup, comprendre quelles sont les implications.
06:52 Mais finalement, la voix de Scarlett Johansson, c'est important du point de vue de médias,
06:55 et important pour elle, et important pour "qu'est-ce que c'est que notre identité ? Est-ce
06:58 qu'on a le droit d'avoir ça ? Plus ou moins copié ?".
07:00 C'est des questions de fond qui sont complexes.
07:02 Mais c'est presque, je pense, anecdotique par rapport à plein d'impacts de l'IA dans
07:07 nos vies, dans l'éducation des enfants, dans la santé.
07:10 Dès que l'IA est utilisée pour automatiser des choses qui sont complexes, comme des systèmes
07:16 de transport, des systèmes qu'on utilise tous les jours, ce sont des impacts qui sont
07:18 beaucoup plus importants et dont il faut faire très attention.
07:20 Si je vous dis que dans 52% des cas, le CHLGPT répond incorrectement aux questions, c'est
07:27 une étude qui a été livrée aussi il y a quelques jours, ça vous étonne ou pas ?
07:30 Non, ça ne m'étonne pas trop, parce que c'est à peu près mon score moi aussi en
07:33 tant qu'humain.
07:34 Je pense que la moitié du temps, je réponds à n'importe quoi.
07:35 Et donc, une fois sur deux, comme ce matin.
07:38 C'est dommage, on avait presque l'impression d'avoir tout compris grâce à vous Florian
07:42 Dehuto.
07:43 52% était faux.
07:46 Chacun d'entre nous, on doit faire le tri.
07:49 Je crois que c'est ça que ça nous apprend.
07:50 Merci à vous, on suivra vos aventures d'Attaikou, des Data et des Haïkou.
07:56 Bonne route à vous Florian Dehuto.