• il y a 11 mois
Ce sera l’un des nouveaux talents à suivre au festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême, qui s’ouvre aujourd’hui ! L'autrice et dessinatrice Lisa Blumen est ce matin l'invitée de Mathilde Serrell. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/nouvelles-tetes/nouvelles-tetes-du-jeudi-25-janvier-2024-2717900

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Transcription
00:00 - Des nouvelles têtes avec vous Mathilde Serrel, aujourd'hui notrice de bandes dessinées en plein décollage.
00:06 Lisa Blumen est dans notre studio Portrait sonore.
00:09 * Extrait de "Ma Maman" de Jean-Luc Moulin *
00:23 - Elle grandit bercée au son d'Henri Salvador dans une famille de grands lecteurs
00:27 où même au début des années 2000, la bande dessinée n'est pas considérée comme un vrai livre.
00:33 Alors c'est à la bibliothèque municipale de Chatillon qu'elle va chercher sa dose.
00:39 Les rayons de BD, mangas, romans graphiques et tout ce que l'écriture dessinée a à lui proposer.
00:46 * Extrait de "Ma Maman" de Jean-Luc Moulin *
00:48 - Nana, qu'est-ce qui te prend de crier comme ça ?
00:50 - Enfin ça y est, le printemps est arrivé, c'est la rentrée !
00:54 Depuis le temps que j'attendais ça !
00:56 * Rires *
01:00 - Sa madeleine à elle, ça reste Nana de la mangaka Aïe Yazawa.
01:04 Un plaisir d'ado qu'elle reniera plus tard par snobisme.
01:08 Avant de réaliser que c'est en recopiant ses dessins là qu'elle a formé son trait.
01:13 A chaque main, chaque plissé, elle pense encore à Nana.
01:17 Diplômée des Arts Déco de Strasbourg, sa BD de fin d'études porte sur une fin du monde
01:22 et sort exactement la même année que "Don't Look Up" en 2021.
01:26 * Extrait de "Don't Look Up" de Jean-Luc Moulin *
01:28 - Une comète se dirige droit sur la Terre.
01:30 - Vous savez combien de mythiques annonçant la fin du monde en s'effarcient en deux ans ?
01:33 - Sècheresse, famine, trous dans nos arcs, c'est d'un ennui !
01:36 Dans son scénario à elle, c'est la Lune qui se dirige droit sur la Terre.
01:41 Mais tout comme dans le film, on y découvre des humains en plein déni.
01:45 A 30 ans aujourd'hui, elle participe à l'exposition collective "Ligne de départ"
01:49 des jeunes bétéastes français et sa nouvelle publication "Astranova"
01:53 est en liste dans trois catégories au Festival international de BD d'Angoulême
01:57 qui s'ouvre aujourd'hui. Lisa Blemen, bonjour !
01:59 - Bonjour !
02:00 - Avec ça, vous devriez repartir avec quelque chose, figurer dans la sélection officielle,
02:03 celle du fauve des lycéens et celle du prix du public.
02:06 Vous vous dites que vous avez trois fois plus de chance !
02:09 - Oui, ce serait chouette !
02:11 - Vous avez donc un goût, on va dire, pour les fêtes de la fin du monde.
02:18 Dans "Astranova", on est avec une jeune astronaute
02:22 qui va partir pour une mission au fin fond de la galaxie
02:25 et avant, on lui demande de retrouver des amis,
02:29 des amis qu'elle a plutôt perdu de vue pour organiser une dernière fête
02:31 car on ne sait pas ce qui se passera dans l'espace.
02:34 C'est quoi pour vous ce besoin de raconter toujours cette petite fête avant la fin du monde ?
02:41 - J'aime bien l'idée des fêtes parce qu'il y a un peu le moment de lâcher prise.
02:46 J'ai l'impression que dans mes deux histoires, il y a ce moment où les personnages se disent "oh et puis merde"
02:51 et c'est là qu'en fait l'histoire commence vraiment
02:54 et qu'ils arrivent à enfin faire ce qu'ils ont vraiment envie de faire
02:58 et à se révéler tels qu'ils sont vraiment.
03:01 - Comme par exemple le personnage d'Alan qui a un drag dans "Astranova" ?
03:05 - Oui, lui j'ai l'impression qu'il a souvent ce moment "oh et puis merde" dans sa vie
03:09 et ce qui fait que ça fait un personnage plus vrai, plus sensible et peut-être plus ouvert.
03:15 C'est même lui qui vient d'abord chercher Nova pour lui demander qu'est-ce qui se passe
03:21 parce qu'on sent qu'elle n'est pas dans la soirée, qu'elle n'avait pas du tout envie de faire cette fête.
03:26 Donc c'est peut-être lui qui est déjà plus au contact avec ce qui se passe réellement dans sa vie.
03:32 - Et alors, vous aimez, vous, écrire une autre science-fiction que celle que vous avez pu regarder ?
03:37 Je ne sais pas si vous aviez vu "Don Clucope" mais avant avec Armageddon entre autres
03:40 et puis surtout toute la littérature SF.
03:42 Vous ne vous reconnaissiez pas dans ces récits, vous dites en gros que c'était des hommes
03:45 qui voulaient sauver l'humanité, des héros dans une violence permanente et dans l'inconscient collectif.
03:49 On reproduit ces clichés qu'on a vus enfant, vous vous racontez donc un autre Armageddon.
03:54 - Oui tout à fait, c'est vrai que j'ai l'impression que les futurs qu'on nous proposait
03:59 dans les films de science-fiction ne donnaient pas très envie à chaque fois.
04:02 En tout cas il y avait peu de place pour les femmes, pour les enfants ou pour tout le monde.
04:07 - Il fallait les sauver rapidement à la fin.
04:09 - C'était des dégâts collatéraux.
04:13 Et en plus j'avais aussi l'impression que c'est aussi une manière de vivre de cette idée de pouvoir,
04:19 de sauver des gens dans une forme de violence et de rythme effréné
04:25 qui en fait ne correspond pas vraiment à la vie et à l'image du futur qui me donne envie moi personnellement.
04:31 - Alors il y a aussi un futur en plein déni qui est très drôle,
04:35 dans "Avant l'oubli" qui est votre première bande dessinée, ça s'ouvre avec une gérante de super-hête.
04:40 Alors on lui dit de partir madame, c'est dans "Huit jours, la fin du monde" c'est très drôle,
04:44 il y a des affiches derrière elle "Survivez", "Bunker confort", "Prière collective", "Toutes les religions acceptées".
04:49 Bon ça y est on a fini de se faire la guerre. "Fête de la fin de l'humanité".
04:53 Et puis elle en fait elle veut vendre sa dernière boîte de haricots et elle restera là jusqu'à ce qu'elle ait vendue.
05:00 - Oui, elle est très bornée mais en même temps c'est aussi sa façon de gérer le truc.
05:05 Moi j'ai l'impression que ce serait peut-être le personnage qui me correspondrait le plus finalement
05:10 dans un tel chaos d'essayer de trouver une forme de rythme et de vie normale.
05:16 - Dans votre méthode de travail, vous avez l'habitude de vous prendre en photo dans des positions
05:22 pour essayer de trouver la bonne gestuelle.
05:24 Donc votre téléphone est rempli de photos de vous en train de vous contorsionner,
05:30 en train de vendre un pot de haricots.
05:32 - Tout à fait, dans des positions toujours très flatteuses.
05:35 Mais j'en parle avec beaucoup d'amis illustratoristes et en fait on fait tous ça.
05:41 Et du coup on se dit qu'un jour il faudrait qu'on fasse un fanzine de photos d'auteurs, d'autrices qui font des trucs.
05:48 Et le fanzine pourrait s'appeler comme ça "Auteurs, autrices qui font des trucs".
05:51 - Ok, c'est lancé pour Angoulême 2025.
05:56 Il y aura cette exposition "Ligne de départ" cette année pour le festival qui s'ouvre aujourd'hui.
06:00 Votre ligne de départ, vous la devez à la maman d'une copine à vous qui est illustratrice.
06:05 C'est elle qui va y croire à cette bande dessinée auxquelles vos parents qui aiment la littérature ne croient pas trop.
06:10 - Oui, mes parents ne m'ont jamais vraiment découragée, pas du tout.
06:15 Elle s'appelle Nelly Blumenthal, elle est illustratrice de livres jeunesse.
06:21 Et c'est elle qui m'a vraiment permis de me rendre compte que c'était un vrai métier.
06:25 Moi je pensais que dessiner toute la journée c'était juste pour le fun.
06:28 Et en fait non, on peut gagner de l'argent. Pas beaucoup, mais un petit peu quand même.
06:32 C'est elle qui m'a un peu montré ça, qui a lu mes premières histoires aussi.
06:36 C'était un clin d'œil à elle et je suis contente de pouvoir être là aussi un peu grâce à elle.
06:44 - J'espère qu'elle va vous voir dans cette cérémonie à Angoulême.
06:47 La prochaine BD portera sur une influenceuse beauté.
06:50 Merci Elisa Blumenthal, le Festival international d'Angoulême s'ouvre aujourd'hui.
06:53 Bonne route à vous et merci à Marion Philippe à la préparation et Lucie Lemarchand à la réalisation de nouvelles têtes.

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