Regardez Lenglet-Co du 27 mars 2024 avec François Lenglet.
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00:02 RTL Matin
00:06 7h37 Langue Léco avec vous Martial You. Bonjour et bonjour à tous. Martial vous vouliez revenir ce matin sur
00:11 ces propos tenus hier par Bruno Le Maire, qui était bien entendu sur RTL, pour commenter les mauvais chiffres du déficit. On écoute le ministre.
00:19 Effectivement, ce que nous avions peut-être sous-estimé, c'est que le fait que l'inflation baisse
00:23 plus vite que ce à quoi nous étions attendus, ça fait moins de recettes de TVA,
00:28 ça fait moins de masse salariale, moins d'impôts sur le revenu, moins d'impôts sur les sociétés,
00:33 la perte de recettes fiscales au total, elle est de 21 milliards d'euros.
00:36 Alors on va le dire avec courtoisie, puisque c'est le propos, cette explication nous a surpris.
00:40 Pourquoi ? Bah oui, parce que c'est tout de même un curieux paradoxe. On a passé l'année
00:44 2023, parce qu'on parle bien de l'année 2023, pour ce déficit, à entendre Bruno Le Maire et Olivia Grégoire se plaindre d'une inflation galopante,
00:51 à nous expliquer que le gouvernement se battait pour réduire cette inflation et au final,
00:55 quand le combat semble sur le point d'être remporté, le ministre de l'économie nous explique que c'est mauvais pour nos comptes.
01:00 Pourquoi Bruno Le Maire met-il ça en avant ?
01:02 Pour nous faire comprendre, une fois de plus, qu'après le Covid et le quoi qu'il en coûte, après le
01:06 bouclier énergétique pour lutter contre la hausse des prix du gaz, de l'électricité ou de l'essence, le gouvernement a
01:11 continué à protéger les Français, quitte à se mettre dans le rouge.
01:14 La même retournée depuis 2020, à vrai dire même depuis les gilets jaunes, pour nous expliquer que la situation d'aujourd'hui, c'est le fruit d'une
01:20 politique qui a protégé les Français à fond perdu de l'altruisme économique.
01:24 Apparemment, vous ne croyez pas à cela.
01:26 Non, alors bon...
01:26 Ça vous fait sourire.
01:27 Oui, attention, j'ai déjà expliqué quand même sur cette antenne que le gouvernement a pallié le manque d'accompagnement des entreprises qui n'ont pas
01:33 augmenté assez les salaires pour payer le plein d'essence, de course ou la facture d'électricité. J'ai rendu hommage d'ailleurs à Bruno Le Maire pour ça.
01:40 Mais là,
01:41 invoquer la baisse de l'inflation pour justifier un écart de quasiment 16 milliards dans les comptes et une erreur d'anticipation sur la croissance,
01:47 c'est un peu dur à avaler.
01:49 L'inflation n'a pas joué un rôle dans les baisses de recettes ?
01:51 On parle de 2023 encore une fois. On parle de l'année du mois de mars rouge, un printemps où les prix de l'alimentaire
01:58 ont flambé de 15 à 20 % d'une année sur l'autre. On parle d'une année où
02:02 l'inflation sur 12 mois s'est affichée à 5 %. Où est-ce que vous voyez une chute de l'inflation en 2023 ?
02:07 Mais alors, qu'est-ce qui explique cette chute des recettes ?
02:10 Alors, on a refusé en fait de voir au gouvernement que notre économie était à zéro sur la fin
02:16 2023. Bruno Le Maire était venu sur RTL d'ailleurs au cœur de l'été se réjouir d'une croissance de 0,5 % au deuxième trimestre,
02:21 mais tout de coup, nous les cassandres journalistes qui avions prédit une récession, on en était pour nos frais.
02:27 En fait, il a fait semblant, parce qu'il est intelligent Bruno Le Maire et les fonctionnaires de Bercy aussi, il a fait semblant
02:31 de ne pas comprendre ce qui se passait sur le front de la croissance.
02:34 Qu'est-ce qui se passait en l'occurrence ? En 2023, la croissance a été
02:38 de 0,9 %, mais est-ce que vous savez comment ça fonctionne la croissance d'un pays ? Non, mais je sens que vous allez nous l'expliquer.
02:43 C'est comme un char à voile, il y a toujours un décalage.
02:46 Quand le vent souffle fort, vous avancez très vite bien sûr, mais quand le vent retombe, vous continuez encore
02:51 d'avancer, parce que vous êtes entraîné par l'élan. Début 2023, la croissance ralentit, le vent retombe,
02:56 mais on est encore entraîné par la puissance de la croissance de 2022. C'est l'acquis de croissance,
03:01 une sorte de force cinétique en physique. Alors à l'été, on bénéficie de quelques beaux contrats à l'international qui relancent
03:08 ponctuellement la croissance, ça donne l'illusion que tout va bien et on finit l'année
03:11 sur cette énergie en roue libre, mais avec une croissance nulle.
03:14 Une croissance nulle que nous avons encore en ce moment.
03:17 Oui, parce qu'on ne bénéficie plus d'aucun coup de vent depuis des mois. Donc oui, la croissance de fin 2023
03:22 était à zéro, celle de début 2024 aussi. Ça va avoir des conséquences sur nos finances en 2024.
03:28 Mais si je dois résumer la situation, les recettes de l'État n'ont pas été moins bonnes parce que l'inflation a chuté fin
03:34 2023, mais parce que les Français qui sont épuisés par deux ans d'inflation ne consomment plus, et ça pèse sur la croissance du pays.
03:40 Merci beaucoup, Marcial Lhiou.
03:42 sont à retrouver sur artel.fr