Regardez Lenglet-Co du 29 janvier 2024 avec François Lenglet.
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00:02 RTL Matin
00:06 RTL 7h36, Langue Léco avec vous François Lang.
00:09 Bonjour à tous.
00:10 Alors pour tenter d'apaiser les agriculteurs, le Premier Ministre a assuré que la France allait s'opposer
00:13 à la signature d'un traité de libre-échange avec le Mercosur, qui regroupe en fait les pays d'Amérique du Sud.
00:19 Absolument.
00:19 On peut le croire ?
00:20 Non.
00:21 Non, même s'il est sans doute sincère, mais ces traités commerciaux, vous le savez, sont négociés par la Commission de Bruxelles,
00:27 au nom de tous les pays de l'Union, et ratifiés à la fois par le Conseil et le Parlement européen.
00:33 La France n'a donc pas la main à elle seule, même si elle a un droit de veto.
00:36 D'autant que la plupart des pays européens sont en faveur de ces traités qui facilitent les exportations dans les deux sens,
00:43 notamment en supprimant les droits de douane.
00:45 On en a signé de nombreux avec le Canada, le fameux CETA, le Japon et la Nouvelle-Zélande tout récemment.
00:52 Pourquoi les agriculteurs, nos agriculteurs, sont-ils contre ?
00:54 En fait, tout dépend de qui on parle.
00:57 C'est le point clé.
00:58 Ce sont les petites exploitations qui sont contre, parce qu'elles redoutent la concurrence.
01:02 La viande de Nouvelle-Zélande, par exemple, pour les éleveurs d'auvins, c'est une catastrophe.
01:06 Parce qu'il y a là-bas des élevages industriels, très productifs, donc moins chers,
01:11 qui de surcroît ne sont pas soumis aux mêmes contraintes réglementaires et environnementales.
01:16 Au contraire, les grands exploitants, les céréaliers par exemple, ou les viticulteurs qui font des vins réputés,
01:24 eux, ils ont tout à gagner de ces traités, parce qu'ils leur permettent d'exporter davantage
01:29 et qu'eux-mêmes, ils ne redoutent pas la concurrence.
01:31 Vous êtes en train de nous expliquer que le monde agricole n'est pas du tout homogène ?
01:34 Oui, absolument.
01:36 En fait, ces accords font des gagnants et des perdants au sein même de notre pays.
01:41 Le libre-échange, c'est ça.
01:43 Ça favorise les gros et les plus compétitifs et ça écrase les petits.
01:47 J'ajoute que si on prend l'accord avec la Nouvelle-Zélande, il offre aussi des opportunités en dehors de l'agriculture.
01:53 L'ouverture des marchés en finances, transports, télécoms, la protection des appellations européennes pour les vins et les produits traditionnels.
02:00 Vous voyez bien que c'est un ensemble.
02:02 En résumé, souvent, on sacrifie les petits éleveurs pour d'autres intérêts économiques.
02:08 C'est ça, la vérité.
02:09 Mais dites-nous, il n'y a aucun moyen de protéger le secteur agricole ?
02:11 Si. Écoutez, il y a un pays européen et qui le fait, vous le connaissez bien, c'est la Suisse.
02:16 Elle a exclu l'agriculture de ses négociations commerciales internationales.
02:19 Et alors c'est très intéressant, elle fixe un prix élevé pour tous les produits locaux.
02:24 Un prix qui permet de bien rémunérer les paysans.
02:27 Et elle n'autorise les importations que lorsque les productions locales sont épuisées.
02:33 La mâche, par exemple, vous savez la salade de mâche ?
02:36 Ça s'appelle le rampon en Suisse.
02:38 C'est ça.
02:38 Bonne mâche.
02:39 Ce sont les maraîchers eux-mêmes qui déclenchent ouverture ou fermeture des frontières en fonction de ce qu'il leur reste à vendre.
02:46 Bon, et on ne pourrait pas faire ça, nous ?
02:47 Il y a deux obstacles.
02:49 Contrairement à la Suisse, la France n'a pas la main sur ses frontières commerciales.
02:53 C'est l'Europe qui en décide.
02:54 Parce qu'on n'est qu'une partie d'un grand marché.
02:56 Bon, il a fallu qu'on adopte tous le même régime.
02:59 L'autre inconvénient du système suisse, c'est que le prix des produits agricoles, il est élevé.
03:05 Le niveau de vie suisse le permet, les salaires sont hauts.
03:08 En France, ça serait probablement assez différent.
03:10 Chez nous, les revenus modestes achètent beaucoup de produits importés moins chers.
03:15 Vous voyez que la protection des revenus des paysans, elle a un prix.
03:19 Et que jusqu'ici, la France n'est pas prête à le payer.
03:22 Merci beaucoup François Langley. Il est 7h39.
03:24 [SILENCE]