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Regardez Lenglet-Co du 09 avril 2024 avec François Lenglet.

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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 RTL 7h37, Langley Co avec vous François Langley.
00:09 Bonjour à tous.
00:11 François, à la recherche de nouvelles sources de financement,
00:13 le gouvernement envisage de taxer les rachats d'actions. De quoi s'agit-il exactement ?
00:17 Le rachat d'actions c'est pour une grande entreprise cotée
00:21 racheter en bourse ses propres actions auprès de ceux qui les détiennent, bon ceux qu'on appelle bien sûr les actionnaires.
00:27 En 2023, figurez-vous, ces achats ont approché les 800 milliards d'euros dans le monde et rien qu'en France
00:33 c'était 30 milliards d'euros, un record et ça continue à grimper.
00:36 Alors avec quel argent les entreprises rachètent-elles leurs actions ? Je me pose toujours la question.
00:40 Avec les bénéfices qu'elles réalisent. En France,
00:43 les deux plus gros racheteurs d'actions c'est Total Energy et BNP Paribas,
00:48 deux entreprises qui sont d'ailleurs très profitables.
00:54 Et c'est une pratique qui est autorisée chez nous dans la limite de 10% du capital de l'entreprise chaque année.
01:01 Oui mais alors qu'est-ce qu'elles en font ces actions rachetées ?
01:03 Alors la plupart du temps elles les détruisent.
01:06 Oui ça paraît incroyable. En fait l'opération a deux avantages.
01:10 1) ça fait monter le cours de l'action parce qu'il y a des achats importants sur le marché fait par l'entreprise et 2)
01:17 il reste moins d'actions en circulation. Après on en a détruit,
01:22 les bénéfices sont alors répartis sur un plus petit nombre de détenteurs de titres.
01:27 Et donc les dividendes versés à chaque actionnaire augmentent.
01:30 Bon si je résume, ça permet de donner davantage d'argent aux actionnaires.
01:33 Oui mais on se trompe si on croit que c'est la motivation première des dirigeants. En fait ce qu'ils recherchent
01:40 c'est faire monter leur cours de bourse, même s'ils s'en défendent bien souvent d'ailleurs.
01:44 Et pour ça il faut convaincre les investisseurs d'acheter ses actions afin qu'elles soient valorisées.
01:49 D'où la vogue des plans de rachat qui attirent les investisseurs comme les mouches autour d'un pot de miel.
01:55 Parce qu'ils y voient la promesse d'une bonne rémunération future.
01:59 Et pourquoi porter autant d'attention finalement à son cours de bourse ?
02:02 Si l'action baisse, l'entreprise vaut moins. Et c'est à la merci d'un prédateur qui voudrait en prendre le contrôle.
02:09 Au contraire, avec une action au prix fort,
02:12 l'entreprise peut elle-même plus facilement racheter ses concurrents. Il faut rajouter, peut-être moins honorables, mais ça joue aussi,
02:18 que bon nombre de dirigeants sont eux-mêmes payés en actions.
02:21 Donc ils ont tout intérêt à ce que cette monnaie s'apprécie.
02:24 Bon, c'est pour ça que ça se développe autant ?
02:26 Oui, et puis parce que les grandes entreprises font des profits excellents,
02:29 elles gagnent presque trop d'argent. Trop d'argent pour financer leurs seuls investissements.
02:33 C'est le cas des GAFA américains, qui possèdent des trésoreries monstrueuses.
02:38 Sur 10 ans, juste un exemple, Apple a ainsi racheté pour presque 600 milliards d'euros de ses propres actions.
02:44 600 milliards ?
02:46 600 milliards ! Et ça explique en partie son ascension en bourse.
02:51 Pourquoi le gouvernement veut les taxer ?
02:53 Parce que c'est une forme de rémunération de l'actionnaire qui échappe à l'impôt, au moins à court terme.
02:58 Parce qu'il préférerait que l'argent des bénéfices soit mis dans l'économie, sous la forme d'investissement ou d'emploi.
03:04 Le gouvernement français n'est d'ailleurs pas le seul.
03:06 Le gouvernement américain a mis en place une taxe de 1% sur ses rachats.
03:09 Et Joe Biden, l'actuel président, envisage de la faire passer à 4%.
03:14 On ne connaît pas le montant de ce que serait la taxe française.
03:18 Mais si c'était du même ordre qu'en Amérique, le produit de la taxe serait de 300 millions seulement.
03:23 Vous voyez que c'est un montant symbolique, avec toutefois un avantage politique.
03:28 Contenter la gauche de la majorité, en tapant les grandes entreprises,
03:32 gauche de la majorité qui est froissée par la réforme de l'assurance chômage qui est en cours.
03:37 Merci beaucoup François Langlais.
03:39 [SILENCE]

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