Regardez Lenglet-Co avec François Lenglet du 01 novembre 2024.
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00:00RTL Matin
00:03Langue Léco, François Langlais. François, vous avez ce matin les yeux rivés sur la situation économique catastrophique du Royaume-Uni.
00:09Mauvais budget, finances dégradées. Et ce qui vous inquiète tout particulièrement,
00:13c'est que selon vous, aucun doute, ce qui se passe là-bas va nous arriver à nous aussi. Bref, ça nous pend au nez, François.
00:19Écoutez, c'est vrai qu'il y a un sacré coup de tempête au Royaume-Uni depuis deux jours.
00:23Les taux d'intérêt de la dette britannique, c'est l'indicateur,
00:26ils ont brutalement monté, atteignant 4,5% par an.
00:30Parce que les investisseurs rechignent désormais à prêter à Londres.
00:34Et c'est d'autant plus inquiétant que le nouveau gouvernement a déjà connu un tel épisode il y a deux ans.
00:39À l'époque, la crise avait été telle que ça avait contraint le gouvernement de l'Istrus à démissionner trois mois après son installation.
00:46Et qu'est-ce qui a déclenché l'accès de fièvre cette fois-ci, François ?
00:49Le budget, figurez-vous. Et un budget qui ressemble étrangement à notre projet de budget.
00:54Des impôts, et quasiment les mêmes que chez nous. Impôts sur les riches, contributions sur les compagnies d'énergie,
00:59augmentation des charges sociales sur les faibles salaires.
01:02Ils font la même chose que nous ?
01:03Écoutez, on croirait qu'ils ont traduit Barnier en anglais. Et la ressemblance ne s'arrête pas là.
01:08Même dette supérieure à 100% du PIB, même polémique sur le trou budgétaire laissé par les prédécesseurs,
01:14et même montant considérable emprunté sur les marchés l'année prochaine.
01:18300 milliards d'euros chez nous, 300 milliards de livres pour la Grande-Bretagne.
01:22Bon, mais François, si on se ressemble à ce point, on se dit que ça va être même motif, même punition.
01:26Ça veut dire que la France peut aussi subir cette punition des marchés ?
01:30Le risque existe !
01:31Même s'il ne faut pas oublier qu'il y a quand même deux différences importantes entre la France et le Royaume-Uni.
01:37D'abord, l'Angleterre augmente ses impôts et ses emprunts pour dépenser beaucoup plus,
01:41et investir dans la santé et l'éducation.
01:43Chez nous, on le fait pour réduire le déficit.
01:46La dépense progresse, mais peu ou prou de la valeur de l'inflation.
01:49Ensuite, on a une protection dont ne dispose pas Londres.
01:52C'est l'Union Monétaire Européenne, l'euro, où de toute façon tous les membres sont solidaires,
01:58et nous utilisons donc la crédibilité des autres, celle de l'Allemagne, des pays d'Europe du Nord,
02:03pour échapper à une punition qu'on aurait immanquablement subie si la France et le franc avaient été seuls.
02:08Et est-ce que l'on est pour autant protégé des mésaventures britanniques ?
02:12Non, Céline, la meilleure preuve, c'est qu'on a déjà subi une punition après la dissolution,
02:16quand nos taux d'intérêt ont fortement augmenté.
02:19Bon, ils n'ont d'ailleurs pas baissé depuis.
02:21Je ne vous cache pas que vous m'inquiétez un peu, mon cher François, ce matin.
02:23Est-ce que vous pensez que ça peut vraiment aller jusqu'à la crise, ou est-ce qu'on va digérer tout ça ?
02:27Écoutez, en tout cas, toute cette affaire nous rappelle une chose très importante,
02:33c'est que les investisseurs, ceux qui prêtent de l'argent aux États surendettés,
02:37comme l'Angleterre et la France, sont de plus en plus nerveux
02:40devant le rétrécissement de nos marges de manœuvre budgétaires,
02:42et qu'ils commencent à craindre vraiment de ne pas être remboursés.