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Regardez Lenglet-Co avec François Lenglet du 23 octobre 2024.

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00:007h39, il est grand temps de vous retrouver François Lenglet, au moment où on cherche à faire des économies un peu partout.
00:08Vous avez choisi ce matin de regarder François du côté des travailleurs frontaliers, car eux aussi pèsent lourd sur la facture de l'assurance chômage.
00:15Mais oui, c'est Lunedic elle-même, vous savez qui gère l'assurance chômage française, qui le dit.
00:20Lunedic pousse un cri, un cri d'alarme sur cette bombe financière dans ses comptes.
00:25L'indemnisation des travailleurs frontaliers, donc les français qui travaillent à l'étranger, principalement en Suisse, coûte très cher.
00:32800 millions d'euros par an en cumulé, c'est-à-dire entre 2011 et aujourd'hui c'est 9 milliards d'euros de coûts,
00:39c'est-à-dire que ça représente 15% de la dette accumulée par Lunedic.
00:43En plus, c'est un coût qui progresse parce que la France est la championne d'Europe du travail frontalier.
00:50Il y a 500 000 français qui travaillent dans un autre pays tout en habitant en France.
00:55Alors pardon, j'ai besoin d'un petit éclaircissement François, nos frontaliers, s'ils travaillent en Suisse ou au Luxembourg,
01:00ils ne cotisent pas au chômage français et ils sont quand même indemnisés par la France ?
01:04Oui absolument, ce sont les règles européennes, c'est le pays de résidence qui paye, quel que soit le lieu de travail du salarié.
01:12En réalité, les pays de destination versent au pays de résidence une espèce de compensation,
01:18mais c'est très loin de couvrir les coûts, il reste donc un solde à charge qui est important.
01:23Problème d'autant plus aigu que je le disais, de plus en plus de français quittent le marché du travail national pour aller chez nos voisins.
01:30La France connaît un boom du travail frontalier qui progresse de 4 à 6% par an.
01:35Bon, j'imagine que c'est les salaires qui les attirent le plus ?
01:39C'est déterminant bien sûr et c'est d'ailleurs en Suisse que les français vont le plus travailler.
01:43Fin 2023, ils étaient 224 000 pour une grande part originaire des départements ronalpins.
01:49Il faut dire qu'en Suisse, une infirmière gagne 7000 euros par mois.
01:53Idem pour un enseignant, c'est trois fois plus que chez nous.
01:56La différence entre salaires annuels moyens de part et d'autre de la frontière est saisissante.
02:03100 000 euros par an en Suisse, un peu plus de 40 000 en France, et cette différence ne cesse de s'élargir.
02:09Même si pour les Suisses, le coût de la vie est plus élevé, évidemment en Suisse que chez nous.
02:12Dans quels autres pays vont-ils travailler nos français frontaliers, François ?
02:16En plus, si vous voulez, le coût de la vie est plus élevé là-bas, mais pour un français qui vit en France, il bénéficie de l'avantage quand même.
02:22L'autre pays où vont les français, c'est Luxembourg, un pays avec lequel l'écart de salaire s'est encore plus ouvert qu'avec la Suisse.
02:32La Belgique, idem, la différence de salaire moyen s'est aussi accrue dans les 30 dernières années.
02:37En fait, l'essor du travail frontalier en France signe le déclin de notre niveau de vie relatif par rapport à nos voisins,
02:45qui du coup deviennent plus attractifs pour nous.
02:47Et cette attraction est d'autant plus puissante que ce sont des pays qui marchent bien au plan économique, où le chômage est faible, voire très faible comme en Suisse.
02:55Dernière question, François. Quand ils sont au chômage, ces frontaliers, leur indemnisation est calculée par quoi ? Leur salaire suisse, par exemple ?
03:03Oui, et ça plombe encore davantage les comptes, parce qu'un chômeur frontalier en Suisse, donc un français, est indemnisé 2670 euros en moyenne,
03:13alors que ce n'est que 1265 euros pour un français qui travaille au pays.
03:17C'est pour ça que l'organisme demande une révision des règles européennes, de façon à caler l'indemnisation sur les niveaux du pays de résidence, et non plus sur celui du travail.
03:26Merci beaucoup.

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