• il y a 7 mois
Regardez Lenglet-Co avec François Lenglet du 01 mai 2024

Category

🗞
News
Transcription
00:00RTL 7h38, L'Anglais. Quoi avec vous François L'Anglais ?
00:06Bonjour à tous.
00:07Cher François, la construction de logements est littéralement en chute libre en France.
00:11C'est un effondrement. Sur un an, à la fin mars, 283 000 logements avaient été mis en chantier.
00:18C'est une chute de 23% sur 12 mois.
00:21Et c'est encore plus spectaculaire par rapport aux chiffres de l'avant-Covid en 2019.
00:26Ce sont les maisons individuelles qui chutent le plus, d'ailleurs, à moins 33%.
00:30Les appartements sont à moins 22%, tandis que ceux qui limitent un peu la casse,
00:35ce sont les logements en résidence pour les étudiants ou pour les seniors.
00:39Et ça ne va pas mieux pour les permis de construire, qui font également le plongeon.
00:43Mais ça représente quoi ces chiffres par rapport aux vrais besoins des Français ?
00:48Écoutez, je vous disais, on en a construit 280 000 sur un an.
00:52On estime les besoins aux alentours de 500 000 logements par an.
00:55À cause de la démographie, de ce qu'on appelle la décohabitation,
00:59c'est-à-dire que la taille moyenne d'un foyer se réduit.
01:01Ça veut dire que nous avons produit, sur l'année révolue, près de deux fois moins de logements que les besoins français.
01:07Et en plus, ce n'est pas la première année de déficit.
01:10Mais ça va déboucher sur une crise du logement, tout ça.
01:12Oh, elle est là, vous savez. Elle est là, faute de pouvoir acquérir.
01:16Bon nombre de ménages ne quittent pas leur logement loué,
01:19ce qui embouteille aussi le marché de la location, qui ne peut pas accueillir les nouveaux.
01:24En fait, la paralysie se diffuse, sans compter les conséquences sociales dans le secteur.
01:29Bouygues Immobilier, Vinci Immobilier, Nexity, ils ont tous annoncé des suppressions d'emplois.
01:34Et que dire de leurs sous-traitants ? En fait, c'est tout le secteur qui souffre.
01:38On en vient à l'essentiel. Pourquoi une telle crise, François ?
01:41Vous savez, c'est ce qu'en anglais on appelle la tempête parfaite, avec plusieurs facteurs qui arrivent en même temps.
01:46D'abord, côté acheteurs, la hausse des taux de crédit a renchéri les acquisitions.
01:52Ils perdent au moins 20% de pouvoir d'achat immobilier.
01:55Et puis, les banques refusent les dossiers à l'appel.
01:58Elles sont prudentes sur les taux d'endettement.
02:00L'apport moyen est maintenant de 40 000 euros.
02:03Pour un jeune ménage modeste, c'est inaccessible.
02:07Côté constructeurs, ce n'est pas mieux, parce que le coût des matériaux a augmenté,
02:12alors que les normes techniques se renforcent et renchérissent également le prix final.
02:16Pour ne rien dire du foncier, c'est-à-dire du terrain.
02:19Les terrains aussi ont augmenté ?
02:21En fait, oui, ça a augmenté, mais c'est surtout qu'on a un mal fou à trouver du terrain à bâtir.
02:26C'est l'empire du ZAN, vous savez, zéro artificialisation nette des sols.
02:30C'est une règle qui s'impose largement en France et qui interdit de facto la construction pour des raisons écologiques.
02:38En plus, dès qu'un projet naît dans une zone urbanisée, les recours juridiques se multiplient.
02:43Ils émanent des associations ou des riverains à cause des nuisances qu'on redoute.
02:48Vous voyez que tous les facteurs se conjuguent, et j'allais oublier, il y en a un qui est essentiel, c'est la désertion des investisseurs.
02:56Les investisseurs sont eux qui achètent pour louer normalement ?
02:58Oui, et bien ils ne sont plus là.
03:00Ils ont quitté le marché immobilier à cause des prix, à cause des contraintes locatives comme le blocage des loyers, de la fiscalité.
03:07Quant aux investisseurs institutionnels, les compagnies d'assurance, etc., ils sont partis eux aussi.
03:13Parce qu'ils veulent 4 à 6% de ratabilité par an, ce que l'immobilier n'offre plus.
03:18Il ne reste donc plus que la caisse des dépôts publique, et puis les organismes de logement sociaux.
03:23Mais eux aussi, ils ont fortement réduit la voilure en construction.
03:28Et ce qui est inquiétant, c'est que compte tenu de l'inertie, il faut en moyenne 5 ans pour construire un logement avec les formalités incluses,
03:38et bien compte tenu de cette inertie, le déficit actuel de construction neuve, il va se répercuter sur le marché de logement pendant des années.
03:44Merci beaucoup pour toutes ces précisions François Lange.

Recommandations