• il y a 8 mois
Les invités de CNEWS décryptent et débattent de l'actualité des dernières 24 heures dans #SoirInfoWE

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00:00:00 Bonsoir à tous, très heureux de vous retrouver pour Soir Info Week-end.
00:00:04 Nous sommes ensemble jusqu'à minuit pour vous livrer l'information, la décrypter,
00:00:08 l'analyser avec nos invités.
00:00:10 Et ce soir, pour vous accompagner, Virginie Bensoussan, brûlée à vos quatre.
00:00:15 Bonsoir Virginie.
00:00:16 A vos côtés, Lucas Jakubowicz, journaliste.
00:00:20 Bonsoir mon cher Lucas.
00:00:21 Vyacheslav Avyutski, spécialiste de la Russie, nous accompagne également.
00:00:26 Bonsoir.
00:00:27 Raphaël Stainville, journaliste, est également avec nous, tout comme Éric Tegner.
00:00:31 Bonsoir messieurs.
00:00:32 Et pour démarrer, bien sûr, l'information qui a marqué ces dernières heures, l'attentat
00:00:39 à Moscou.
00:00:40 Au moins 133 personnes, je vous le rappelle, ont perdu la vie.
00:00:43 Les opérations de recherche se poursuivent.
00:00:46 Vladimir Poutine a pris la parole peu après 13h30 aujourd'hui pour dénoncer plus qu'un
00:00:50 attentat, mais une tuerie de masse.
00:00:52 Il a décrété un jour de deuil le 24 mars.
00:00:55 Le GDESH a réaffirmé être à l'origine de l'attaque, mais le chef du Kremlin s'est
00:00:59 montré prudent sur ce scénario.
00:01:02 Nous sommes en pleine communication de guerre, on en parlera.
00:01:05 Vladimir Zelensky, ce soir, accuse Moscou de tout faire pour rejeter la faute sur l'Ukraine.
00:01:10 Mais avant, retour sur les faits.
00:01:12 C'est donc peu avant 20h que plusieurs terroristes ont pénétré hier dans une salle de concert
00:01:16 de Moscou, le Krokus City Hall.
00:01:19 Juliette Sada, Célia Gruyère.
00:01:20 Sur ces images, les spectateurs venus assister au concert s'installent à leur place.
00:01:27 Un cri retentit.
00:01:29 S'en suit plusieurs longues minutes de tir nourri dans la salle.
00:01:34 La scène s'est déroulée dans une salle de concert de la proche banlieue de Moscou,
00:01:43 aux alentours de 20h ce vendredi.
00:01:45 A l'extérieur, les proches de spectateurs se massent devant le bâtiment et assistent
00:01:50 impuissants aux va-et-vient des secours.
00:01:52 Certains n'ont aucune nouvelle de leurs proches.
00:01:55 "A 19h59, ma femme m'a envoyé une photo.
00:01:59 Je lui ai répondu et elle a lu ce message, mais n'a pas lu le message suivant.
00:02:03 Ça s'est produit littéralement en une minute.
00:02:05 La police n'a rien pu me dire, ni les médecins.
00:02:11 Personne ne sait rien.
00:02:12 Évidemment que je suis paniqué.
00:02:14 J'ai essayé d'appeler cinq hôpitaux.
00:02:16 Toutes les lignes sont occupées.
00:02:17 Je ne sais pas quoi faire."
00:02:19 Au cours de l'attaque, un violent incendie s'est déclaré.
00:02:26 Les flammes ont dévoré une grande partie du bâtiment tout au long de la nuit.
00:02:30 Une attaque revendiquée par le groupe ETA Islamique.
00:02:33 "Alors pour comprendre l'atmosphère qui règne ce soir, dans un instant nous allons
00:02:38 retrouver Michel, il habite à Moscou, il va témoigner de la situation sur place.
00:02:44 Mais avant, monsieur Avioutzki, il est vrai qu'au vu des derniers éléments, il est tout
00:02:51 à fait probable que ce soit un attentat commis par Daesh puisqu'il a été revendiqué.
00:02:57 On voit bien que ce sont les méthodes de Daesh.
00:03:00 Est-ce que la menace, ce type de menace en Russie, aujourd'hui était réelle ces derniers
00:03:05 temps ?
00:03:06 - Disons en fait, avec la guerre en Ukraine, c'est vrai que ce type de menace s'est
00:03:11 stompé tout petit peu.
00:03:12 C'était l'Ukraine qui est devenue le centre principal de menaces potentielles.
00:03:18 Et les derniers attentats islamistes, on va dire que ça remonte à une dizaine d'années.
00:03:25 Un gros attentat islamiste de ce type-là, c'est il y a 20 ans quand même.
00:03:29 Je parle de la rue Dubrovka.
00:03:31 Globalement, les Russes ont déjà un peu perdu ce type de menaces, ils se sont relâchés
00:03:37 par rapport à ce qui est passé.
00:03:39 Après, l'affaire de la Tchétchénie s'est calmée avec Ramzan Kadyrov.
00:03:43 Donc les radicaux tchétchènes ont été plutôt expulsés.
00:03:45 Mais quand même, on les a retrouvés ensuite à Daesh.
00:03:49 Et puis, ils se sont quand même dispersés après la fin des combats sur la scène syro-irakienne.
00:04:00 Et pas seulement des Tchétchènes, on avait eu des Tchétchènes, des centaines de militants
00:04:04 tchétchènes qui étaient sur ce théâtre-là, mais aussi des nord-caucasiens.
00:04:09 On avait aussi des Tadjiks, des Uzbeks, c'est-à-dire des ressortissants d'Asie centrale,
00:04:16 sachant que tout cet espace-là est commun aujourd'hui.
00:04:20 Il y a une circulation tout à fait libre.
00:04:22 Il y a des millions de migrants et de travailleurs qui circulent dans cet espace-là.
00:04:27 Et notamment, les premiers éléments qu'on voit, apparemment, la piste nous amène au Tadjikistan.
00:04:34 Éric Tegner, vous qui connaissez la Russie également, est-ce que c'était un scénario
00:04:40 envisageable, en tout cas en ce moment même, alors qu'on sait que l'attention est plutôt
00:04:47 attirée vers cette guerre en Ukraine aujourd'hui ?
00:04:49 Bien entendu.
00:04:50 D'ailleurs, il suffit de vous rendre à Moscou, vous pouvez voir si vous prenez le métro aujourd'hui,
00:04:54 vous êtes obligé, par exemple, de faire passer votre sac, un peu comme à l'aéroport,
00:04:57 à chaque fois qui est complètement filtré.
00:04:59 Il y a un climat aujourd'hui qui est habité effectivement par les guerres de Tchétchénie,
00:05:02 mais il faut resituer le contexte dans un contexte géopolitique.
00:05:05 Vous vous rappelez, malgré finalement l'annexion de la Crimée en 2014, Vladimir Poutine, en
00:05:11 2016, était revenu un peu dans le serail des pays occidentaux.
00:05:13 Pourquoi ? Parce qu'il était à l'avant-poste de la lutte contre Daech.
00:05:17 Ça, c'est extrêmement important.
00:05:19 Les éléments aujourd'hui qui ressortent, c'est que ceux qui ont revendiqué cette attaque
00:05:23 terroriste viennent de Daech, en Afghanistan.
00:05:26 Pourquoi ? Parce que Vladimir Poutine et la Russie, on le sait aujourd'hui, sont proches
00:05:30 notamment des talibans en Afghanistan.
00:05:32 Donc aujourd'hui, il faut le dire, en fait, c'est ce qui ressort en ce moment, c'est que
00:05:36 la Russie est aux avant-postes en étant notamment aux côtés de Bachar al-Assad, de la lutte
00:05:41 contre Daech.
00:05:42 Ils l'ont été en 2016, mais ils le sont encore aujourd'hui.
00:05:44 Donc bien entendu qu'ils font partie des principales cibles, encore plus que la France, de l'État
00:05:50 islamique en particulier.
00:05:51 Puisque depuis hier, plusieurs hypothèses circulent.
00:05:55 Alors, je le disais il y a un instant, Vladimir Zelensky a réagi.
00:05:59 Il accuse la Russie, finalement, de vouloir faire porter cet attentat à Kiev.
00:06:05 Moscou dit "vise-vise Kiev".
00:06:08 Et puis, dans le même temps, c'est vrai que Daech revendique deux fois.
00:06:11 Là aussi, ça interpelle Raphaël Stainville.
00:06:13 Il est difficile pour nous, journalistes, ce soir, de faire la part des choses.
00:06:18 Ça, c'est une réalité.
00:06:19 La première chose qu'il convient quand même de noter, c'est que jusqu'à présent, Daech,
00:06:24 l'État islamique ne s'est jamais dédié ou n'a jamais revendiqué des attentats qu'il
00:06:31 n'aurait pas commis.
00:06:32 Donc, c'est une revendication qu'il convient de prendre avec le plus grand des sérieux,
00:06:38 parce qu'autant ils ont pu surjouer leur rôle dans certains attentats, mais ils ont
00:06:47 toujours participé de près ou de loin aux actions qui ont été revendiquées.
00:06:50 Donc, on voit que dans cette affaire, que Kiev ou Moscou se renvoient la balle, c'est
00:06:59 une chose.
00:07:00 Mais il y a une réalité, c'est que de toute façon, quels que soient après peut-être
00:07:04 les commanditaires, les personnes qui ont pu être instrumentalisées pour mener à
00:07:09 bien cette opération terroriste, l'État islamique est bien aujourd'hui, en tout
00:07:16 cas avec certaines prudences qu'il faut bien sûr prendre, celui qui revendique ces
00:07:23 attentats.
00:07:24 Alors, en tout cas, Vladimir Poutine, c'était une prise de parole d'ailleurs très attendue.
00:07:28 C'est exprimé, il est un peu après 13h30, aujourd'hui hors française.
00:07:33 Le chef de Kremlin a dénoncé ce massacre sanglant, il a appelé tous les pays qu'il
00:07:37 souhaite à coopérer dans l'enquête.
00:07:39 Mais ce que nous pouvons souligner tout de même, c'est le fait qu'il a pointé du doigt
00:07:43 le repli des terroristes vers l'Ukraine.
00:07:47 Comment l'interpréter ? Je vous pose la question dans un instant, mais avant, je vous propose
00:07:51 de regarder ce point sur l'enquête signée Sarah Varney.
00:07:53 Au lendemain de l'assaut, le Kremlin a annoncé avoir interpellé 11 personnes, dont 4 assaillants
00:08:01 suspectés d'avoir directement participé à l'attaque armée dans la banlieue de Moscou.
00:08:05 Selon le ministère de l'Intérieur russe, ces 4 auteurs présumés seraient tous des
00:08:09 citoyens étrangers, sans préciser leur nationalité, et leur identité reste encore inconnue.
00:08:14 Le comité d'enquête, encore au stade des constatations, a indiqué avoir saisi ces
00:08:19 armes automatiques qui auraient été utilisées par les auteurs de l'attaque.
00:08:23 Les assaillants auraient également fait usage d'un liquide inflammable pour mettre le feu
00:08:26 à la salle de concert où se trouvaient des spectateurs.
00:08:29 Selon plusieurs agences de presse russes, c'est ce véhicule blanc que les assaillants
00:08:33 auraient utilisé pour fuir le lieu de l'attaque.
00:08:36 Sur une chaîne Telegram proche du Kremlin, ces vidéos d'arrestations ont été diffusées.
00:08:41 Le comité d'enquête précise que ces personnes ont été arrêtées dans la région de Bryansk,
00:08:45 frontalière de l'Ukraine et du Bélarus.
00:08:47 Selon le média Medusa, ces arrestations se seraient produites à Katsoun, dans la région
00:08:52 de Bryansk.
00:08:53 Dans une allocution, Vladimir Poutine affirme que les suspects se dirigeaient vers l'Ukraine.
00:08:57 Daesh, de son côté, publie une photo des assaillants à visage fouté et revendique
00:09:02 l'attentat.
00:09:03 Nous l'exprimions avant le sujet, il y a quand même beaucoup d'interrogations encore.
00:09:08 Ce qui est notable, on le disait, Daesh a réaffirmé une deuxième fois son implication.
00:09:14 Vladimir Poutine, on l'a senti d'ailleurs dans sa prise de parole, est resté prudent
00:09:18 par rapport à ses revendications.
00:09:21 Il y a finalement une guerre de communication, Virginie Ben Soussan, on le sent bien, à
00:09:28 la fois entre Kiev, Vladimir Zelensky s'est exprimé il y a quelques instants, on l'entendra,
00:09:33 Vladimir Poutine, mais aussi Daesh.
00:09:35 Chacun communique depuis l'attentat et tout cela renvoie à un message un peu brouillé.
00:09:41 Oui, effectivement, chacun communique à travers, on va dire, leurs chaînes officielles,
00:09:47 leurs réseaux sociaux officiels et puis également à travers toutes leurs, comme
00:09:52 on l'a dit, toutes leurs chaînes para-officielles et c'est celles-ci qui sont extrêmement
00:09:58 dangereuses puisque ça peut créer un climat, si ce n'est anxiogène, en tout cas complotiste,
00:10:05 avec le risque derrière de débordements encore plus importants.
00:10:08 Chacun adhérant à une des trois thèses et peut-être une quatrième qui pourrait
00:10:17 se révéler puisqu'on a été jusqu'à dire que peut-être le Mossad était derrière
00:10:23 ses attaques, donc pour refaire peut-être le lien également avec ce qui se passe à
00:10:28 Gaza en ce moment.
00:10:29 Voilà, on voit circuler tout un tas d'hypothèses depuis hier soir, en tout cas c'est vrai,
00:10:34 sur le contexte général, Lucas Jakubowicz, lorsque nous avons vu les images, effectivement
00:10:40 la première réaction, nous avons bien vu que c'était le mode opératoire de Daesh
00:10:44 et les téléspectateurs qui regardaient se disaient qu'on ne perçoit pas de lien a
00:10:50 priori entre cet attentat de Daesh et la guerre en Ukraine et pourtant quelques heures plus
00:10:55 tard, ce lien est fait.
00:10:56 Alors, ce lien a été fait à chaud et effectivement à chaud, on peut avoir beaucoup d'hypothèses.
00:11:02 Moi je rejoins tout à fait Raphaël et Éric à savoir que quand on a un attentat comme
00:11:06 ça, il faut regarder le contexte international.
00:11:09 Et il y a des choses qui sont peu dites en France et quand on lit la presse russe, notamment
00:11:13 Medouza par exemple qui est la presse russe en exil, on apprend des choses assez intéressantes.
00:11:17 Par exemple, depuis le mois de mars, il y a eu plusieurs affrontements en Angouchi, donc
00:11:22 une république de la Fédération de Russie à majorité musulmane, entre des djihadistes
00:11:27 et les forces spéciales russes.
00:11:29 Il y avait déjà un contexte pré-djihadiste en Russie.
00:11:31 Il y a une semaine visiblement, il y a un attentat qui a été déjoué contre une synagogue
00:11:36 à Moscou.
00:11:37 Et donc le contexte était déjà… on va dire que le pouvoir russe pouvait s'attendre
00:11:42 à ce que des djihadistes frappent.
00:11:43 Si terroristes tués d'ailleurs, me semble-t-il.
00:11:45 Oui, c'est en Angouchi.
00:11:47 J'allais dire peut-être Rodagui-Sandor, mais c'est en Angouchi.
00:11:50 Ce qu'il faut savoir aussi, c'est que la Russie, et on l'a dit beaucoup de fois,
00:11:54 c'est une fédération avec des minorités musulmanes et avec des républiques satellites
00:11:59 à majorité musulmane, et ces républiques à majorité musulmane satellites, type le
00:12:03 Tadjikistan, l'Ouzbékistan ou des républiques de la Fédération de Russie, comme le Daguestan
00:12:08 ou l'Angouchi, ont fourni un gros vivier de djihadistes qui sont partis rejoindre l'État
00:12:14 islamique en Syrie, il y a dix ans.
00:12:15 Ils ont été formés, ils ont été entre guillemets "daechisés".
00:12:19 Et aujourd'hui, effectivement, ils peuvent revenir attaquer la Russie en ayant été
00:12:25 entraînés pendant des années en Syrie ou probablement en Afghanistan.
00:12:29 Donc effectivement, ça fait des années que la Russie est dans le collimateur de Daech.
00:12:33 Et effectivement, Daech peut frapper à tout moment ce pays.
00:12:36 On l'avait un peu oublié à cause de la guerre en Ukraine.
00:12:38 Ce qui est inquiétant aussi, c'est qu'aujourd'hui, nous nous apercevons qu'une grande capitale
00:12:43 dans le monde peut se faire attaquer encore aujourd'hui par un groupe terroriste.
00:12:47 Nous y reviendrons tout à l'heure, puisque ça réveille effectivement des inquiétudes
00:12:51 là aussi en France.
00:12:53 Avant de revenir sur ces différentes hypothèses, je vous propose d'écouter Volodymyr Zelensky.
00:12:58 Je vous le disais, il s'est exprimé dans la soirée.
00:13:01 Et puis nous entendrons également un extrait de la prise de parole de Vladimir Poutine
00:13:06 tout à l'heure.
00:13:07 Encore une chose, ce qui s'est passé hier à Moscou, il est évident que Poutine et
00:13:14 les autres salauds essaient juste de trouver quelqu'un d'autre à blâmer.
00:13:17 Leurs méthodes sont toujours les mêmes.
00:13:19 Nous avons déjà vu tout cela.
00:13:20 Des bâtiments détruits, des fusillades et des explosions.
00:13:24 Et ils cherchent toujours quelqu'un à blâmer.
00:13:26 Et on va écouter maintenant Vladimir Poutine.
00:13:31 Sur l'enquête, je peux dire que selon les éléments dont nous disposons, les quatre
00:13:36 assaillants ont été trouvés.
00:13:37 Tous ceux qui ont tiré sur les civils ont été arrêtés.
00:13:42 Ils essayaient de s'enfuir vers l'Ukraine.
00:13:48 Selon les informations préliminaires, un passage avait été préparé du côté ukrainien
00:13:53 pour traverser la frontière.
00:13:54 Alors il est vrai, Eric Tegner, qu'aujourd'hui, ce qui semble être présenté par le Kremlin,
00:14:02 c'est une attaque, au fond, pas une attaque terroriste de Daech, mais une attaque qui
00:14:06 aurait été comme manditée depuis Kiev.
00:14:09 C'est ce qu'on peut lire, c'est ce qui se dit ce soir, ce scénario-là.
00:14:13 Est-ce qu'il vous semble plausible aujourd'hui, après tout ce qu'on a dit concernant la
00:14:17 situation avec Daech, qu'un attentat terroriste islamiste à Moscou est tout à fait possible
00:14:24 aussi au vu du contexte ?
00:14:25 Je vais vous dire, si on parle vraiment, straight au sens où, de propagande depuis hier.
00:14:29 Je reviens sur ce que vous avez dit tout à l'heure.
00:14:31 Vous parliez de ces relais qui ont essayé de relayer ce qui est encore plus dangereux,
00:14:36 la parole de la propagande d'une des deux côtés.
00:14:37 Permettez-moi quand même de souligner qu'il y a deux chaînes concurrentes, LCI et BFMTV,
00:14:42 qui hier, à peine 30 minutes après l'attentat, qui a quand même fait plus d'une centaine
00:14:46 de morts, donc on n'invente pas l'attentat, laissait parler des officiels ukrainiens
00:14:50 qui disaient que c'était les Russes qui avaient organisé cet attentat terroriste.
00:14:53 Il faut quand même le souligner.
00:14:55 C'est-à-dire que ça montre quand même qu'à un moment donné, les grands médias
00:14:58 qui aujourd'hui présentent une idée selon laquelle eux justement ont la vérité et
00:15:03 l'objectivité, participent et tombent là-dedans.
00:15:05 Pourquoi ? Parce qu'ils refusent de voir une chose dans cet attentat.
00:15:07 C'est que peu importe, dans le fond, évidemment que Vladimir Poutine, il essaye d'utiliser
00:15:13 cela pour des fins de mobilisation, notamment demain.
00:15:16 Peut-être qu'on peut voir que d'un côté ou de l'autre, si Daesh est impliqué, ils
00:15:19 peuvent bénéficier d'aide d'un côté ou de l'autre.
00:15:22 C'est une évidence.
00:15:23 Mais dans le fond, il y a eu un attentat, un attentat islamiste.
00:15:26 Et donc, il y a un danger islamiste qui est réel.
00:15:29 Je vais vous couper.
00:15:30 Michel nous attend.
00:15:31 Il est à Moscou, justement.
00:15:33 Et je sais que M.
00:15:34 Havjoudski souhaitait vous répondre, Eric Tegner.
00:15:36 On va y revenir juste dans quelques instants.
00:15:38 Mais Michel, qui est à Moscou, un habitant, puisqu'on le rappelle, il est une heure et
00:15:44 demie du matin là-bas.
00:15:45 Merci d'être avec nous pour témoigner.
00:15:48 Il est tard.
00:15:49 Donc merci d'avoir accepté notre invitation ce soir.
00:15:54 Peut-être pour commencer, quelle est l'atmosphère à Moscou, dans les rues de Moscou ? Quelle
00:15:59 était l'atmosphère aujourd'hui, au lendemain de cette terrible attaque terroriste ?
00:16:04 L'atmosphère est plutôt triste.
00:16:10 On a vraiment l'impression de revivre un peu l'ambiance du 24 février, simplement,
00:16:17 donc une ambiance triste pour tout le monde.
00:16:20 Dans le métro, j'étais tout à l'heure dans le métro, les gens sont tristes, ne
00:16:28 parlent pas.
00:16:29 On sent que c'est un peu le drame.
00:16:32 Effectivement, et ça nous rappelle aussi, si le Bataclan, on y reviendra.
00:16:37 Qu'est-ce qu'aujourd'hui, qu'est-ce que relait la presse ? Qu'est-ce qui se dit autour
00:16:41 de vous au lendemain de cette attaque à Moscou ?
00:16:44 En fait, je n'ai pas eu le temps de lire la presse pour l'instant, donc je ne suis
00:16:54 pas vraiment au courant, je ne peux pas vraiment vous dire.
00:16:59 Mais effectivement, oui, on sait que les terroristes, ils étaient en route pour l'Ukraine
00:17:09 au moment où ils ont été arrêtés.
00:17:10 Donc c'est ça qui permet de faire le lien avec le voisin ukrainien.
00:17:18 Et est-ce que cette attaque terroriste, vous l'aviez, vous en vivant à Moscou ? Est-ce
00:17:25 qu'elle était dans vos esprits ces derniers jours, ces derniers mois ? Est-ce que, effectivement,
00:17:31 c'était un scénario que vous pouviez imaginer jusque-là ?
00:17:35 Non, pas du tout, parce que l'Asie à Moscou est très tranquille, en fait.
00:17:44 Il n'y a pas du tout de… On ne sent pas du tout d'ambiance de guerre ou même d'insécurité.
00:17:50 Donc c'est vraiment une surprise, effectivement.
00:17:54 Et voilà, en Russie, on n'a pas du tout l'habitude de ce genre de choses, en ce moment,
00:18:02 en tout cas.
00:18:03 Et est-ce que là, vous pouvez…
00:18:04 En tout cas, pas à Moscou.
00:18:06 Et est-ce qu'à Moscou, puisque après l'attentat, bien évidemment, les gens étaient amenés
00:18:11 à rentrer chez eux, à se protéger.
00:18:14 Est-ce qu'aujourd'hui, il y avait également des consignes particulières ?
00:18:18 Oui, quand vous êtes dans le métro, eh bien, en fait, dans le métro de Moscou, vous avez
00:18:27 donc des écrans de télévision qui permettent de rediffuser des nouvelles locales.
00:18:35 Et effectivement, il est rappelé que, voilà, de bien vouloir être compréhensif avec le
00:18:43 personnel des transports qui surveille et qui applique les consignes de sécurité.
00:18:51 Et donc, on demande aux voyageurs de bien vouloir être coopératifs et compréhensifs.
00:19:00 Voilà.
00:19:01 Ce qui est… Allez-y.
00:19:03 Pour explication, contrairement au métro de Paris, les voyageurs passent des scans
00:19:12 lorsqu'ils entrent dans le métro à Moscou et éventuellement peuvent avoir également
00:19:16 leur bagage passé à travers un scanner en cas nécessité, un peu comme dans un aéroport.
00:19:22 Donc, c'est quelque chose dont on a l'habitude ici.
00:19:25 Ce qui est terrible, c'est que c'est vrai qu'avec le contexte si particulier de la
00:19:30 guerre en Ukraine, eh bien, on en a presque oublié les victimes.
00:19:34 Est-ce qu'il y a eu des rassemblements ? Est-ce qu'il y a des rassemblements spontanés,
00:19:42 des célébrations, des veillées qui se sont organisées tout au long de la journée ? Des
00:19:48 rassemblements spontanés, comme on a pu le voir en France, on se souvient au lendemain
00:19:52 des attentats du Bataclan.
00:19:53 Comment est-ce que la population de Moscou a réagi ?
00:19:55 Oui, les Russes sont assez sensibles, je dirais, sur ce plan-là.
00:20:04 Je me souviens qu'au lendemain des trois grands attentats qu'a traversé la France,
00:20:10 Charlie Hebdo, on a eu également le Bataclan et puis Nice, les Russes sont allés en masse
00:20:17 devant l'ambassade française déposer des fleurs.
00:20:19 Et là, c'est pareil, on a des Russes qui sont allés massivement déposer des fleurs,
00:20:26 je crois que c'est devant les lieux de l'attentat, mais aussi je crois sur des endroits publics.
00:20:32 Et puis on fait la queue devant des cliniques pour donner leur sang.
00:20:36 Ils sont très touchés, mais donc ils cherchent à montrer leur solidarité et leur compassion.
00:20:50 Merci beaucoup Michel d'avoir accepté notre invitation, d'être resté éveillé puisqu'il
00:20:57 est tard chez vous, je le disais pour témoigner.
00:21:00 Un grand merci, bon courage bien évidemment pour la suite.
00:21:04 Peut-être pouvons-nous effectivement, Virginie, nous arrêter quelques secondes sur ces victimes,
00:21:09 sur ces familles endeuillées.
00:21:10 Puis ce que je le disais, c'est vrai que ce qui est terrible, c'est qu'avec le contexte
00:21:14 de la guerre en Ukraine, on oublie presque qu'aujourd'hui, c'est 133 personnes qui
00:21:19 sont mortes et autant de familles endeuillées et d'amis aussi.
00:21:23 Et Emmanuel Macron.
00:21:25 Comment ?
00:21:26 133 civils.
00:21:27 Et Emmanuel Macron d'ailleurs a apporté tout son soutien au peuple russe.
00:21:32 On y reviendra, c'est important, mais il y a ce peuple russe qui est touché aujourd'hui
00:21:35 aussi dans sa chair.
00:21:37 Oui, on pense à elle, à leur famille, à leurs proches, aux blessés également.
00:21:44 Parce qu'à la suite des attentats de Paris, on sait que de nombreuses personnes ont été
00:21:51 gravement blessées et aujourd'hui sont marquées à vie.
00:21:56 Ça sera probablement la même chose avec les Russes.
00:22:00 C'est des civils et c'était des personnes comme en Israël ou au Bataclan qui allaient
00:22:09 faire la fête, qui allaient se divertir, passer un moment joyeux, très loin de ses
00:22:15 considérations.
00:22:16 Donc c'est terrible.
00:22:17 Et nous l'évoquions à l'instant, M.
00:22:21 Vyutski, ça dit aussi quelque chose des réactions des chancelleries internationales qui, dès
00:22:28 hier, ont été très prudentes.
00:22:29 Vladimir Poutine n'est pas nommé dans les réactions.
00:22:33 C'est le peuple russe, notamment dans le tweet d'Emmanuel Macron, qui est mentionné.
00:22:38 Et d'une manière générale, on s'adresse aux familles de victimes qui ont souffert.
00:22:42 Je voulais juste rajouter que d'après certaines sources, on a déjà plus de 150 victimes.
00:22:47 Les sources proches de l'enquête.
00:22:49 Aussi, on a des informations qu'on croit qu'il y a déjà des blessés graves à l'hôpital
00:22:54 qui commencent à succomber à leurs blessures.
00:22:56 Il ne faut pas oublier que les essayants ont utilisé des kalachnikovs.
00:23:00 C'est une arme mortelle à une distance très courte.
00:23:04 Donc les personnes qui sont blessées probablement seront marquées à vie.
00:23:09 Moi, je voulais revenir, je voulais réagir par rapport à ce qu'on a commencé.
00:23:13 On va reprendre le débat.
00:23:15 Le débat par rapport au scénario, par rapport aux pistes, etc.
00:23:19 La première chose, je voulais tout de suite réagir par rapport aux déclarations.
00:23:23 Je pense qu'il faut bien distinguer l'attentat lui-même.
00:23:26 Vous avez tout à fait raison.
00:23:28 Il y a eu un attentat, il y a eu des victimes.
00:23:30 Et après, ce qu'on appelle l'instrumentalisation de cet attentat,
00:23:34 qui s'est fait de deux côtés tout de suite, immédiatement.
00:23:36 On a plusieurs pistes.
00:23:37 Dès le début, la piste ukrainienne, la piste djihadiste.
00:23:40 Là, vous avez mentionné la piste de Mossad.
00:23:43 Après, on a mentionné aussi la piste russe, en fait, au peu que complotiste.
00:23:48 Là, récemment, j'ai entendu aussi la piste prigogine.
00:23:51 Apparemment, il y a des partisans de prigogine qui voulaient le venger, etc.
00:23:56 Après, je voulais revenir aussi sur l'histoire, sur une certaine incohérence.
00:24:00 Parce que monsieur Poutine, il a bien dit.
00:24:02 Je pense qu'il faut reconstituer toute la citation.
00:24:04 Qu'est-ce qu'il nous a dit?
00:24:05 Il nous a dit que ce groupe-là s'est dirigé vers l'Ukraine,
00:24:10 qui a préparé une fenêtre d'exfiltration.
00:24:14 Vous voyez donc ce qu'il a dit.
00:24:16 Quand on regarde tout petit peu sur la carte,
00:24:18 je ne pense pas que monsieur Poutine regarde souvent sur la carte.
00:24:21 Quand on regarde sur la carte...
00:24:22 - Près de la Biélorussie, c'est ça que vous voulez nous dire?
00:24:24 - Oui, c'est ça. À côté de la Biélorussie, c'est la première chose.
00:24:26 Mais normalement, dans sa logique-là,
00:24:28 si par exemple, cette voiture s'est dirigée vers le sud,
00:24:32 elle devait traverser la région de Belgorod.
00:24:36 Et la région de Belgorod est actuellement pratiquement en guerre.
00:24:39 Pratiquement, il y a une ligne de front depuis une semaine.
00:24:42 Il y a 8000 militaires russes d'un côté.
00:24:45 Il y a des volontaires russes qui combattent
00:24:49 aux côtés de l'armée ukrainienne de l'autre.
00:24:51 Où est-ce qu'ils pouvaient trouver une fenêtre d'exfiltration
00:24:53 dans une région qui est quasiment en guerre?
00:24:57 J'ai entendu aujourd'hui, il y a encore des bombardements
00:24:59 à Belgorod avec des victimes.
00:25:00 Non, mais c'est une folie de se diriger dans cette direction-là.
00:25:03 Ce n'est pas possible.
00:25:04 En fait, la logique veut, si vraiment ils étaient là,
00:25:06 c'était assez rien, ils devaient aller vers la Biélorussie.
00:25:09 C'était ça la logique.
00:25:10 Je ne vois pas du tout.
00:25:11 Beaucoup, effectivement, d'interrogations.
00:25:13 Eric Tegner, revenons-en peut-être aux dernières déclarations,
00:25:17 à commencer par celle des Etats-Unis.
00:25:19 L'Etat islamique est un ennemi terroriste commun
00:25:21 qui doit être vaincu par tous.
00:25:23 C'est ce qu'a dit ce soir le porte-parole de la Maison-Blanche,
00:25:26 Kéran Jampierre.
00:25:27 La présidence américaine condamne vivement
00:25:29 les vieux attaques terroristes à Moscou,
00:25:31 qui a frappé des civils innocents.
00:25:33 A-t-elle ajouté, c'est vrai que nous aurions pu entendre
00:25:37 dans la bouche de Vladimir Poutine, cet ennemi commun
00:25:40 qu'est l'Etat islamique, qui peut toucher partout ?
00:25:43 On en parlera tout à l'heure.
00:25:45 Finalement, ce n'est pas le choix qu'il a fait.
00:25:47 Comment est-ce que vous le décryptez, Eric ?
00:25:50 Pour une question de politique intérieure,
00:25:51 de la part de Vladimir Poutine,
00:25:53 on sait qu'il y a des régions, notamment par exemple
00:25:55 la Tchétchénie et le Daguestan, qui sont compliquées.
00:25:57 Il y a d'un côté un islam plutôt rigoriste, il faut le dire,
00:26:01 mais qui est tenu par exemple par Kadirov.
00:26:03 J'ai pu rencontrer de nombreux soldats tchétchènes
00:26:06 ou daguestanais qui ont quand même une vision de l'islam
00:26:09 qui est très dure, mais pour autant,
00:26:10 eux ne sont pas des islamistes qui sont prêts
00:26:12 à faire ce type d'attentat.
00:26:13 Et de l'autre, il y a une opposition qui est extrêmement complexe.
00:26:15 Il faut quand même rappeler qu'il y a beaucoup d'opposants
00:26:18 justement de Kadirov qui sont des réfugiés politiques
00:26:21 aussi en France.
00:26:22 On se rappelle Dominique Bernard qui a été justement
00:26:25 assassinée par un tchétchène, qui était considéré
00:26:29 justement comme un islamiste en Russie et qui du coup
00:26:32 était vu comme un réfugié politique en France.
00:26:34 Ce que je veux dire par là, c'est qu'il ne faut pas tomber
00:26:36 dans ce piège et c'est assez représentatif.
00:26:38 Là, on est en train d'analyser en fait un acte terroriste islamiste
00:26:41 à travers le biais russo-ukrainien, c'est-à-dire qu'on va rentrer
00:26:45 dans la logique de Vladimir Poutine ou de Volodymyr Selensky,
00:26:48 mais on ne va pas voir le véritable problème
00:26:50 qui est le dojet islamiste aujourd'hui, qui est réel.
00:26:53 Et Vladimir Poutine, il essaye évidemment,
00:26:55 parce qu'il a un intérêt aujourd'hui de mobiliser.
00:26:57 Il ne veut pas montrer qu'il n'arrive pas forcément
00:26:58 à tenir ce côté-là.
00:27:00 On sait très bien qu'en fait, il a des difficultés
00:27:02 à tenir cette position, mais ça n'empêche pas aujourd'hui
00:27:04 qu'on a un problème au niveau de l'islamisme
00:27:07 et cette capacité effectivement qu'a aujourd'hui Daesh,
00:27:10 à l'heure aussi des Jeux olympiques qui vont arriver,
00:27:13 d'organiser dans des grandes capitales.
00:27:15 On passe notre temps à dire que c'est un État autoritaire, etc.
00:27:19 en Russie. Pour autant, ils arrivent à organiser
00:27:20 ce type d'attaque terroriste.
00:27:21 C'est près d'une trentaine de minutes avant que les forces spéciales arrivent.
00:27:25 Donc c'est quand même extrêmement inquiétant de notre côté.
00:27:27 Plus de 30 minutes, une heure, une heure et demie.
00:27:29 Donc je pense que c'est quand même, pour moi,
00:27:30 c'est quand même le sujet numéro un.
00:27:32 Après l'instrumentalisation, j'ai envie de vous dire,
00:27:34 ça ne changera pas grand chose parce qu'on pourrait se rappeler,
00:27:37 par exemple, de Nord Stream.
00:27:38 Dès le début, on expliquait que c'était les Russes qui l'avaient fait.
00:27:41 Aujourd'hui, une enquête de France Info, cette semaine,
00:27:43 montre que finalement, ça serait les Ukrainiens.
00:27:45 Alors c'est toujours la même chose.
00:27:46 Lorsqu'on dit les Ukrainiens, ça ne veut pas dire que c'est Zelensky.
00:27:48 Finalement, en fait, c'était le chef d'état-major des armées ukrainiennes
00:27:52 qui l'aurait fait.
00:27:53 Donc vous voyez, on est quand même dans un univers
00:27:55 où il faut quand même avoir conscience qu'étant donné que c'est une guerre,
00:27:57 des deux côtés, c'est une propagande et chacun va essayer d'utiliser cela.
00:28:02 Ce qui compte, en revanche, nous qui ne sommes pas belligérants de cette guerre,
00:28:05 c'est de pouvoir la regarder.
00:28:06 Et aujourd'hui, pour terminer, ce qui est intéressant,
00:28:07 c'est qu'on se retrouve quand même, et c'est le sujet du JDD de ce soir aussi,
00:28:11 on se retrouve en fait avec des Occidentaux qui voient qu'en fait,
00:28:15 on est en train de se battre entre chrétiens d'une certaine façon,
00:28:18 entre créniens et russes, alors qu'il y a un danger, un danger islamiste.
00:28:22 Mais je vous coupe parce que vous avez mis le doigt,
00:28:24 effectivement, sur une problématique très intéressante.
00:28:26 Et ça va être aussi intéressant de vous attendre à ce sujet-là.
00:28:29 C'est que nous essayons tous, même malgré nous, on n'a pas tous les éléments.
00:28:34 En tant que journaliste, c'est très compliqué de ne pas commander de faits
00:28:37 si on n'a pas d'éléments de preuve.
00:28:39 Et comme vous le disiez à juste titre, soit on essaye de regarder avec le prisme russe,
00:28:43 soit avec le prisme ukrainien.
00:28:46 Au fond, est-ce que ce n'est pas l'erreur qui est faite depuis hier,
00:28:49 alors qu'on a le sentiment aussi que Daesh a revendiqué
00:28:52 et tient à revendiquer cet attentat ?
00:28:55 Oui, mais globalement aussi, il faut quand même dire que cet attentat,
00:29:00 pourquoi les djihadistes, ils ont frappé la Russie ?
00:29:02 L'une des hypothèses, parce qu'ils n'ont pas pu frapper la France ou l'Occident.
00:29:05 Parce qu'en fait, depuis un certain moment, on arrive à déjouer un grand nombre d'attentats.
00:29:10 C'était ça ce qui était mentionné aussi.
00:29:11 Parce qu'on va reparler de ça, la menace djihadiste sur la France,
00:29:14 c'est un sujet aussi qui est très important.
00:29:16 Dans un instant, justement, parce qu'effectivement, il est 23 heures.
00:29:19 Mais je vous ai coupé. Finissez votre phrase.
00:29:21 Voilà, donc globalement aussi, en fait, c'est vrai que c'est un attentat djihadiste.
00:29:28 C'est vrai que, comment dirais-je, c'est un attentat qui peut avoir sa propre logique,
00:29:34 pas la logique binaire entre l'Ukraine et la Russie.
00:29:37 Mais je suis désolé quand même, là, nous sommes dans une phase d'instrumentalisation
00:29:42 de cet attentat de deux côtés dans cette guerre-là.
00:29:44 Et quand même, il faut comprendre les motivations, les analyses,
00:29:48 décrypter tout cela et essayer de comprendre quelles sont des choses réelles
00:29:52 et quelles sont des choses fausses aussi. Il ne faut que me le dire.
00:29:55 Et effectivement, nous avons bien avancé sur ce sujet, en tout cas, me semble-t-il.
00:30:00 Il est 23 heures. Bienvenue, si vous nous rejoignez, sur CNews.
00:30:03 Pour vous accompagner ce soir, Virginie Bensoussan, Brûlé, M. Vyateshlav, Aviutski,
00:30:11 Luka Jakubovic est également avec nous, Raphaël Stainville et Eric Tegner.
00:30:15 Dans un instant, on va revenir justement sur cette menace terroriste en France.
00:30:20 Les inquiétudes sont ravivées après cette attaque à Moscou.
00:30:23 Mais avant, le point sur les toutes dernières informations.
00:30:26 Mathieu Devese est avec nous.
00:30:28 Ce terrible bilan encore provisoire après l'attaque terroriste en Russie.
00:30:38 Au moins 133 personnes sont mortes dans cette attaque armée hier
00:30:41 contre une salle de concert, donc dans la banlieue de Moscou.
00:30:44 Une attaque revendiquée par l'État islamique.
00:30:46 11 personnes ont été arrêtées, dont les 4 assaillants présumés.
00:30:49 Et ce soir, Vladimir Poutine a souhaité délivrer un message d'unité.
00:30:53 Écoutez.
00:30:54 « J'appelle tous nos combattants et tous nos citoyens à s'unir.
00:31:01 Il faut rester soudés.
00:31:02 Rien ne peut faire vaciller la Russie.
00:31:08 Personne n'ébranlera notre peuple multinational.
00:31:13 La Russie a souvent fait face à des défis,
00:31:15 mais elle a toujours réussi à les surmonter.
00:31:17 Ce sera le cas cette fois aussi. »
00:31:19 Dans l'actualité politique, en France,
00:31:23 les Républicains ont lancé leur campagne des Européennes.
00:31:26 C'était cet après-midi à Aubervilliers en Seine-Saint-Denis.
00:31:29 Lors du premier grand meeting du parti,
00:31:30 le président Éric Ciotti a appelé les électeurs de droite
00:31:33 à revenir au sein de sa famille politique.
00:31:36 La tête de liste, François-Xavier Bélami,
00:31:38 a taclé ses adversaires du Rassemblement national.
00:31:41 Je cite « En 10 ans, leurs élus n'auront pas déplacé
00:31:44 une seule virgule dans un seul texte européen ».
00:31:47 Fin de citation.
00:31:49 Enfin, cette action coup de poing des militants d'extinction rébellion.
00:31:52 Une soixantaine de manifestants ont investi
00:31:54 la raffinerie Total Energy de Donge.
00:31:57 C'est en Loire-Atlantique, la plupart déguisés en clowns
00:31:59 pour dénoncer les clowneries du géant pétrolier.
00:32:02 Et selon les militants, cela fait 100 ans que Total pollue.
00:32:05 Ils souhaitent faire entendre l'urgence climatique
00:32:08 sur le site d'une entreprise, selon eux, criminelle.
00:32:10 Voilà pour l'essentiel de l'actualité.
00:32:12 La suite avec vous, Olivier.
00:32:13 Merci mon cher Mathieu.
00:32:15 Et nous vous retrouvons à minuit pour l'édition de la nuit.
00:32:18 On vous fera un point complet sur toutes les informations de la journée.
00:32:21 L'attentat de Moscou, vous le disiez,
00:32:23 au moins 133 personnes ont perdu la vie.
00:32:26 Nous en parlions largement lors de cette première partie.
00:32:29 Cette attaque de Daech renforce aussi les inquiétudes en France
00:32:34 à quelques mois des Jeux olympiques.
00:32:35 Et dès hier soir, d'ailleurs, l'avocat Thibaud de Montbrial,
00:32:38 le président du Centre de réflexion sur la sécurité intérieure, réagissait.
00:32:43 On va voir son tweet et voyez ce qu'il soulignait.
00:32:47 Donc hier, si vraiment l'État islamique a les capacités
00:32:49 de frapper aussi rudement la capitale d'une capitale aussi surveillée,
00:32:53 quadrillée que l'est Moscou, c'est que ses capacités de projection,
00:32:57 ses capacités d'action ont de nouveau atteint un niveau extrêmement préoccupant.
00:33:02 Et il fait référence ensuite aux Jeux olympiques.
00:33:05 L'ancien agent de la DGSE, Pierre Martinet, dressait justement
00:33:09 cet après-midi sur notre antenne l'évolution des groupes terroristes.
00:33:12 Ces dernières années, on l'écoute.
00:33:14 Il y a eu une accélération du djihadisme à partir de 2001
00:33:21 avec les attentats à New York.
00:33:25 Et les groupes islamistes à l'époque, nous on travaillait sur les GIA,
00:33:31 étaient assez restreints.
00:33:32 Il n'y avait pas tellement de groupes qui menaient ce djihad international et global.
00:33:37 Et à partir de cette accélération, aujourd'hui, on peut compter
00:33:40 entre 20 et 30 groupes islamistes capables de porter des coups,
00:33:45 des actions violentes localement, régionalement,
00:33:48 nationalement ou internationalement.
00:33:50 Virginie Bensoussan brûlait.
00:33:52 Pierre Martinet le rappelait.
00:33:54 L'État islamique Daesh aujourd'hui est capable d'agir, de porter,
00:33:59 de projeter des actions.
00:34:02 Mais il y a également une menace endogène,
00:34:04 notamment particulièrement en France aujourd'hui.
00:34:07 Et c'est peut-être là la menace la plus importante,
00:34:11 en tout cas en ce qui nous concerne.
00:34:13 Oui, la menace, elle existe.
00:34:16 On l'a vu ces derniers mois.
00:34:21 Et moi, je voulais, si vous en étiez d'accord,
00:34:24 rebondir aussi sur la partie cybercriminalité.
00:34:28 C'est exactement là où je voulais vous interroger,
00:34:30 parce que c'est l'une de vos spécialités aussi.
00:34:32 Et on le voit aussi en France.
00:34:34 Effectivement, c'est là aussi que ça se joue.
00:34:36 C'est là aussi que ça se joue,
00:34:37 puisque il y a des risques importants.
00:34:40 Si nos entreprises, organismes d'importance vitale,
00:34:46 étaient touchés par une attaque, une attaque informatique.
00:34:50 Imaginez que c'est le réseau d'eau de l'Île-de-France qui soit touché
00:34:56 ou que ce soit une entreprise telle que Airbus à Francs ou Thalès,
00:35:00 Aéroports de Paris, Disneyland Paris.
00:35:03 Les conséquences pourraient être dramatiques.
00:35:07 Mais néanmoins, peut-être pour rassurer vos téléspectateurs aussi,
00:35:14 il y a un arsenal juridique qui existe.
00:35:16 Une loi de 1988 qui est très bien faite sur la fraude informatique.
00:35:21 On a un parquet cyber à Paris qui se saisit de tous ces sujets-là,
00:35:25 quel que soit l'endroit où l'attaque informatique a eu lieu
00:35:30 sur le territoire national ou dans les dramecoms.
00:35:32 On a de la police spécialisée, la BL2C,
00:35:35 on a une gendarmerie spécialisée.
00:35:37 Et puis on a une autorité administrative indépendante, l'ANSI,
00:35:42 dont je pense qu'on va parler de plus en plus à l'approche des Jeux olympiques.
00:35:47 L'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information,
00:35:51 avec des personnes, ingénieurs, informaticiens,
00:35:58 qui surveillent et qui déjouent finalement aussi.
00:36:02 Voilà, parce que c'est une question très concrète.
00:36:04 Est-ce qu'aujourd'hui, on sait qu'il y a beaucoup de jeunes
00:36:06 qui se radicalisent devant leurs ordinateurs
00:36:09 et qu'il y a des donneurs d'ordre à l'autre bout du monde,
00:36:12 sur d'autres territoires, qui donnent des ordres
00:36:15 et qui sont reçus directement dans la chambre, je dirais,
00:36:18 par des futurs terroristes au fond ?
00:36:22 Est-ce que ça, on sait le déjouer aujourd'hui en France ?
00:36:24 Oui, en tout cas, on sait identifier d'où peuvent venir les communications.
00:36:33 On sait aussi qui a pu publier, qui a pu partager.
00:36:39 Et effectivement, aujourd'hui, le parc Essibert et la BL2C,
00:36:45 ou NTEC pour la gendarmerie, ont à la fois les moyens humains
00:36:50 et les compétences pour déjouer.
00:36:55 Maintenant, effectivement, il peut y avoir parfois des trous dans la raquette,
00:36:59 comme dans la vie réelle, mais qu'on soit rassuré
00:37:04 sur la partie cybercriminalité en France.
00:37:06 "Trou dans la raquette", c'est d'ailleurs l'expression
00:37:08 qu'avait employée Gabrielle Attal il y a deux jours
00:37:10 pour parler de la question de la sécurisation des écoles.
00:37:12 On y reviendra dans un instant.
00:37:14 Mais avant, sur la menace en France,
00:37:16 Jordan Bardella s'est exprimé aujourd'hui.
00:37:18 Je vous propose de l'écouter.
00:37:19 C'était après l'attentat de Moscou.
00:37:21 L'islamisme est probablement l'un des plus grands totalitarismes
00:37:27 du 21e siècle que nous allons encore devoir affronter.
00:37:31 Et je pense que cette attaque ignoble doit aussi sonner
00:37:36 pour nous comme une sommation et nous rappeler que l'ennemi
00:37:41 est aussi chez nous et qu'il nous faut le combattre.
00:37:45 Jordan Bardella, qui rappelait que la menace terroriste
00:37:49 aujourd'hui en France était toujours importante.
00:37:51 Je voulais rebondir sur ce que vous disiez tout à l'heure.
00:37:53 Peut-être aller un peu plus loin, creuser avec vous également,
00:37:56 monsieur Avgusty.
00:37:57 Vous nous disiez qu'il y avait une possibilité,
00:37:59 c'est que Daesh tape, si je puis dire, à Moscou,
00:38:03 parce qu'aujourd'hui, ils n'ont pas la possibilité
00:38:06 de frapper ou d'agir sur le territoire européen.
00:38:10 Ça, c'est effectivement une réalité?
00:38:13 Mais c'est une réalité.
00:38:14 Quand on regarde les statistiques, en fait,
00:38:16 les attentats de Daesh, après cette violence immense
00:38:20 que la France a connue en 2015, progressivement,
00:38:23 se sont rarifiées.
00:38:24 On a eu plus dernièrement, plutôt, des attentats,
00:38:28 des loups solitaires ou des électrons libres.
00:38:31 Et globalement, en fait, il y a une hypothèse qui émerge
00:38:34 de plus en plus sérieusement entre les experts qui nous disent
00:38:37 que, en fait, Daesh a profité de la vulnérabilité russe
00:38:42 parce que l'Europe est devenue inaccessible pour le moment.
00:38:47 Parce qu'en fait, il y a eu plusieurs tentatives
00:38:50 qui étaient avortées, alors que là, ils ont trouvé
00:38:53 une vulnérabilité après les élections,
00:38:55 lorsque l'appareil sécuritaire s'est relâché.
00:38:59 Parce qu'en fait, on s'attendait à cet attentat
00:39:01 avant les élections, mais ils ont attendu
00:39:03 la période après les élections.
00:39:06 Ils ont choisi la banlieue parce qu'en fait,
00:39:09 il était difficile, vendredi soir,
00:39:12 en fait, à accéder à cette région-là parce qu'il y avait
00:39:16 des bouchons.
00:39:17 En fait, tout était bien calculé.
00:39:19 Et ce que nous a montré, quand même, c'est très, très dangereux.
00:39:21 Je voulais qu'on rebondisse là-dessus.
00:39:23 En fait, aujourd'hui, une équipe de quatre ou cinq hommes,
00:39:27 on va dire, armés de Kalachnikov, ils peuvent faire
00:39:30 une boucherie n'importe où parce que la police,
00:39:34 la police ne peut pas accéder partout dans une agglomération
00:39:38 grande comme Moscou ou comme Paris, par exemple.
00:39:41 Ce n'est pas possible.
00:39:42 - Raphaël Saint-Vila, vous voulez réagir ?
00:39:43 - Je suis d'accord avec ce que vous décrivez,
00:39:47 mais il s'agit d'actions terroristes projetées.
00:39:49 C'est-à-dire que pour le reste, la menace terroriste endogène
00:39:52 ou même à l'aide de proxys, elle est bien réelle.
00:39:58 Ce qui est vrai, c'est qu'effectivement, aujourd'hui,
00:40:00 c'est plus difficile pour l'État islamique
00:40:03 de pouvoir projeter des actions d'envergure
00:40:07 dans des pays comme la France.
00:40:09 Mais il faut quand même se rappeler,
00:40:10 dans un passé très récent, le nombre de fois où la France
00:40:14 a pu être frappée par des loups solitaires
00:40:17 qui se sont radicalisés sur Internet,
00:40:20 sur des boucles Télégramme.
00:40:22 Il faut rappeler aussi qu'aujourd'hui,
00:40:24 et c'était ce qu'on avait pu constater lors d'une réunion
00:40:28 dans le bureau du ministre Paz-Bovo,
00:40:30 en présence de l'ensemble des services de renseignement
00:40:33 et notamment de la DGSI,
00:40:34 c'est que la moitié aujourd'hui des objectifs
00:40:37 qui sont suivis par la DGSI
00:40:38 sont des gamins qui ont moins de 18 ans.
00:40:41 Un adolescent de 14 ans qui a été mis en examen ces derniers jours
00:40:45 et qui faisait effectivement,
00:40:46 ça m'a fait penser à cet article du JDD
00:40:48 que vous avez publié, c'était la semaine dernière.
00:40:50 Il y a 15 jours.
00:40:51 Il y a 15 jours, voilà, exactement.
00:40:53 Eric Teiner, adolescent de 14 ans,
00:40:55 soupçonné d'avoir projeté un attentat
00:40:57 contre un centre commercial à Lille.
00:40:59 Ça montre finalement qu'on parle de ces attaques projetées
00:41:02 comme ça a pu être le cas à Moscou.
00:41:05 Mais au fond, aujourd'hui, le danger,
00:41:07 ce qui est particulièrement inquiétant,
00:41:09 ce sont ces jeunes mineurs qui se radicalisent
00:41:12 tout seuls aujourd'hui dans leur chambre.
00:41:13 Et c'est peut-être là la plus grande menace
00:41:14 à quelques mois des JO.
00:41:15 Eric Teiner et puis Lucas Jakubowicz ensuite.
00:41:18 Oui, bien sûr, parce que ce n'est pas parce qu'il n'y a pas d'attentat
00:41:20 ces dernières semaines qu'il n'y a pas de tentative d'attentat.
00:41:23 Depuis 2020, les services de l'intérieur l'ont rappelé ce matin
00:41:26 parce qu'ils sentaient bien qu'il y avait besoin aussi
00:41:27 d'alimenter les journalistes à ce sujet-là.
00:41:29 Il y a eu 10 attentats qui ont été perpétrés.
00:41:32 Il y en a eu 14 qui ont été empêchés.
00:41:34 Donc la menace, elle est réelle.
00:41:36 Il y a les jeunes, mais il y a aussi ces 5000 personnes
00:41:39 aujourd'hui fichées S au dossier SRPT,
00:41:41 c'est-à-dire qui sont vues comme radicalisées,
00:41:43 qui sont suivies, en tout cas, que la DGSI essaie de suivre.
00:41:46 On se rappelle de Bir Hakeim où ils avaient expliqué
00:41:48 qu'ils n'avaient pas forcément les moyens de le faire.
00:41:50 Parce qu'on se retrouve aussi dans un contexte,
00:41:52 à la fois les JO, lorsqu'on voit que finalement,
00:41:56 ils cherchent à cibler la Russie, c'est qu'ils savent très bien
00:41:58 qu'il y aura un impact aussi international
00:42:00 en termes de communication qui est très fort.
00:42:01 Juste après l'élection, la réélection,
00:42:04 j'ai envie de dire, de Vladimir Poutine,
00:42:05 mais les Jeux olympiques, ça sera aussi un moment
00:42:07 qui est fondamental.
00:42:08 Donc ça, c'est une première donnée qui ne vise pas
00:42:10 d'ailleurs que la France, qui vise en fait le monde entier.
00:42:13 Il y aura énormément de chefs d'État qui seront présents.
00:42:15 Donc l'impact, il sera réel.
00:42:16 Il y a le fait qu'il y a ces jeunes aujourd'hui,
00:42:18 mais il y a toutes ces personnes qui sont sorties de prison
00:42:21 depuis fin 2022, qui aujourd'hui sont dans la nature,
00:42:24 qui souvent avaient été emprisonnées en 2016 ou 2017,
00:42:27 qui pouvaient rentrer de Syrie et qui n'avaient des peines
00:42:29 finalement que de cinq ou six années de prison
00:42:32 et qui aujourd'hui sont dans la nature.
00:42:34 - Et Germain Manard regrettait finalement des peines aussi légères.
00:42:38 C'était dans les colonnes du JVD.
00:42:39 - Très, très rapidement, je...
00:42:40 - Lucas Jakubowicz, qu'on n'a pas entendu,
00:42:42 je vous donnerai la parole juste après,
00:42:44 parce que c'est vrai que Lucas Jakubowicz,
00:42:46 on n'a pas encore entendu Alissé.
00:42:48 - Oui, j'étais assez discret jusque là, peut-être.
00:42:51 Je voulais juste peut-être ajouter quelque chose
00:42:53 qui me semble vraiment important sur ce que vous disiez
00:42:55 tout à l'heure sur le fait que Moscou soit ciblée
00:42:57 plus que Paris, c'est qu'en réalité,
00:42:59 et c'est très important de le dire,
00:43:01 c'est qu'un régime autoritaire ultra-policier
00:43:04 avec des libertés civiles restreintes
00:43:06 n'est pas plus efficace qu'une démocratie
00:43:09 pour faire face à une menace terroriste
00:43:11 et aussi pour intervenir en cas de menace terroriste.
00:43:14 Si on prend l'attaque qui a eu lieu hier,
00:43:16 par exemple, les forces de sécurité ont eu, je crois,
00:43:18 trente minutes.
00:43:19 - Une heure, même, nous disiez, visiblement.
00:43:21 - Si on prend le cas du Bataclan en 2015,
00:43:23 le premier coup de feu a été tiré à un instant T
00:43:28 et la police est arrivée à 27 minutes
00:43:31 après le premier coup de feu.
00:43:33 Ce qui veut dire que même dans une démocratie,
00:43:34 on peut avoir des forces de sécurité qui sont efficientes,
00:43:37 qui sont rapides, qui sont bien constituées.
00:43:40 Et donc, peut-être, attention aussi,
00:43:42 quand on veut durcir notre arsenal antiterroriste,
00:43:45 limiter les libertés individuelles,
00:43:47 fliquer la population n'est pas un gage d'efficacité
00:43:51 pour contrer des attaques.
00:43:52 Après, il reste le problème des loups solitaires,
00:43:55 qui, ça, sont des problèmes endogènes à la France.
00:43:57 C'est peut-être le principal défi pour la France,
00:44:00 pour les Jeux olympiques.
00:44:01 Mais pour des attaques qui ont été, on va dire,
00:44:04 construites de l'étranger,
00:44:06 avec des agents qui viennent de l'étranger,
00:44:08 finalement, la France a fait ses preuves.
00:44:11 - Mais pour réagir tout de suite à ce que vous dites,
00:44:14 en fait, c'est vrai, ce qui est très étonnant quand même,
00:44:16 je reviens sur l'attentat de Moussou,
00:44:18 parce que, à mon avis, ça va nous permettre
00:44:20 de tirer quelques conclusions
00:44:22 par rapport à la sécurité parisienne.
00:44:24 Moi, je voulais réagir tout de suite à ce que vous avez dit.
00:44:26 La première chose, ce que les Russes ont fait,
00:44:28 ils ont annulé le match Russie-Paraguay,
00:44:31 qui devait avoir lieu aujourd'hui.
00:44:32 Voilà, donc ça, c'est très, très intéressant.
00:44:34 - Est-ce que nous n'aurions pas fait la même chose, d'ailleurs ?
00:44:36 - Je pense qu'on... - Ils ont tout annulé à Moscou.
00:44:38 - Ils ont tout annulé à Moscou.
00:44:39 - Mais si ça avait été le cas, ou si, me semble-t-il,
00:44:41 au lendemain du Bataclan, je ne sais plus précisément.
00:44:43 - Je pense, mais on n'a pas arrêté le match quand même,
00:44:45 pendant l'attentat.
00:44:48 Après, je réagis envers ce qu'est en train de vous dire.
00:44:51 En fait, une heure et demie, c'est énorme.
00:44:54 On ne parle pas beaucoup de cela.
00:44:56 Apparemment, les ambulanciers sont arrivés avant.
00:45:00 Les sapeurs-pampiers sont arrivés avant.
00:45:02 Ils n'ont pas pu intervenir.
00:45:03 Pour cette raison, l'incendie s'est propagé
00:45:05 parce qu'en fait, il n'y avait pas de force de police.
00:45:09 Et la grande question qui se pose, pourquoi ils n'ont pas utilisé les hélicos,
00:45:12 alors qu'ils ont utilisé les hélicos ensuite pour éteindre l'incendie ?
00:45:16 Cela veut dire qu'un état policier n'est pas forcément efficace.
00:45:20 En fait, c'est ce qu'on appelle le management de ressources disponibles
00:45:24 qui nécessite d'être efficace pour arriver au bout.
00:45:27 Et en France, on est très bon là-dessus.
00:45:30 - Après, il faut se rétablir.
00:45:31 - Lucas Lacubowicz et Eric Teigner ont répondu.
00:45:33 - Il faut aussi rappeler que cette clenteur d'intervention des forces russes,
00:45:36 ça s'est déjà produit.
00:45:38 Si on prend 2004 avec les attentats de Beslan, je crois,
00:45:41 les forces russes ont mis d'abord du temps à encercler l'école,
00:45:44 sont intervenus en massacrant énormément de civils.
00:45:47 Et donc, encore une fois,
00:45:49 régime autoritaire ne signifie pas action antiterroriste efficace.
00:45:53 - Christian Poutot, sur ce plateau,
00:45:55 soulignait la différence de management et la différence opérationnelle
00:46:00 aussi entre les unités puisqu'il avait été là-bas sur place
00:46:02 échanger avec les forces spéciales.
00:46:04 Pour la parenthèse, Eric Teigner.
00:46:05 - Je vais quand même pondérer la vision de l'état autoritaire sur Moscou
00:46:10 pour nos téléspectateurs.
00:46:11 Aujourd'hui, Moscou, c'est une grande ville internationale
00:46:13 qui fait énormément d'affaires.
00:46:15 Les Français, les étrangers qui y sont s'y sentent très bien.
00:46:19 Il n'y a pas un flicage qui va être au niveau des caméras.
00:46:22 Mais par exemple, sur le cas justement de cette salle de spectacle,
00:46:26 la première chose qui m'a marqué, c'est que les gardiens n'avaient pas d'armes.
00:46:31 C'est ça la problématique.
00:46:32 Donc, on ne se retrouve pas, il ne faut pas mentir aussi aux gens,
00:46:34 on ne se retrouve pas dans un système
00:46:36 où en fait, ils avaient près de 1000, 1500 spectateurs
00:46:40 et l'état policier faisait qu'il y avait des policiers.
00:46:43 Non, il n'y avait pas de policiers.
00:46:44 Il n'y avait pas justement d'agents de sécurité qui étaient armés.
00:46:48 Ça, c'était une problématique aussi.
00:46:50 Donc, c'est une problématique qu'on va vivre aussi pour les Jeux olympiques.
00:46:53 C'est-à-dire qu'on fait appel justement à des agents de sécurité,
00:46:56 mais il ne faut pas oublier qu'on peut se retrouver
00:46:59 dans le cas justement d'un commando armé
00:47:01 avec la nécessité très vite d'intervenir avec des armes.
00:47:05 Et ça, c'est important.
00:47:06 Et la question des armes, vous parliez des Kalachnikovs,
00:47:08 on sait que les Russes en ont beaucoup.
00:47:10 Mais il y a un questionnement aujourd'hui avec le fait
00:47:12 qu'avec l'envoi d'énormément d'armes en Ukraine,
00:47:15 on le sait, on l'a vu lorsqu'on parle souvent du trafic à Marseille,
00:47:18 qu'il y a énormément d'armes qui ne sont pas arrivées en Ukraine
00:47:21 et qui ont circulé dans toute l'Europe, y compris en France.
00:47:24 Donc, cette possibilité d'avoir des commandos armés est quand même réelle.
00:47:27 Après, en France, aujourd'hui, la vérité,
00:47:29 c'est qu'on arrive très bien, en tout cas à Paris, à sécuriser.
00:47:33 Il y a beaucoup plus d'armes que ce qu'on a vu hier.
00:47:35 Moi, ça m'a vraiment marqué de me dire en fait
00:47:37 qu'il n'y avait absolument personne qui avait d'armes.
00:47:39 - Mais si vous voulez...
00:47:40 - Je refute complètement cette thèse sur ce que les armes
00:47:44 ne sont pas arrivées à leur destination.
00:47:47 En fait, tous les travaux...
00:47:48 - J'ai dit certaines armes.
00:47:49 - Même certaines armes.
00:47:50 En fait, il y a sur place des Américains, il y a des Français.
00:47:53 Il faut quand même savoir, il y a des militaires français
00:47:55 qui surveillent le déploiement des armes, leur distribution, etc.
00:47:59 Il y a des rapports, etc.
00:48:01 On n'a jamais eu ce type de choses, de trafic d'armes aujourd'hui en Ukraine.
00:48:06 La frontière est complètement fermée.
00:48:08 En fait, c'est une société qui est mobilisée et je refute ça.
00:48:12 - Mais ce n'est pas nous.
00:48:13 - 5%.
00:48:14 - Non, mais juste nous, on n'amène pas les armes en Ukraine.
00:48:16 On n'a pas le droit.
00:48:17 Il n'y a pas un soldat français qui arrive en Ukraine.
00:48:19 On est obligé de faire la transition.
00:48:21 Et c'est dans ces phases de transition où il faut traverser la frontière
00:48:24 qu'il y a des problématiques.
00:48:25 Parce qu'étant donné qu'on n'est pas Béziéran,
00:48:26 on n'a pas le droit aujourd'hui.
00:48:27 À aucun moment donné, on se retrouve à faire nous-mêmes la traversée.
00:48:31 On amène les armes avant, en fait.
00:48:33 Et c'est à ce moment-là qu'il y a des problématiques.
00:48:35 - Alors, vous n'avez pas...
00:48:36 - Voilà, nous n'avons pas d'éléments.
00:48:37 Je vous laisse terminer, mais c'est vrai qu'il est difficile pour moi
00:48:40 d'apporter des précisions, puisque nous n'avons pas ni d'éléments
00:48:44 ni de journalistes sur place.
00:48:45 - Il y avait des enquêtes américaines du Wall Street Journal qui avaient été faites.
00:48:47 - Il y a des représentants officiels, on va dire même,
00:48:51 il y a des militaires occidentaux qui sont sur place.
00:48:53 Ils ne sont pas engagés dans le combat.
00:48:55 Ce sont eux qui réceptionnent les armes.
00:48:57 Ce sont eux qui distribuent les armes.
00:48:58 Ce sont eux qui surveillent, en fait, comment les armes sont utilisées.
00:49:02 En fait, il y a une mission qui est d'establir...
00:49:05 - Vous savez, il y a des douaniers au Havre et pourtant,
00:49:07 on en a fait la plaque tournante de la cocaïne en Europe.
00:49:09 Ce n'est pas parce qu'à un moment donné, on met des officiels français
00:49:13 que ça garantit, en fait, qu'il y ait une porosité complète des frontières.
00:49:17 - Vous répondez, M. Aboulouti, puis nous reviendrons sur notre sujet,
00:49:20 sur la sécurité en France, la menace terroriste.
00:49:23 Et nous allons nous intéresser à la sécurité des écoles.
00:49:26 Répondez tout de même, pour fermer la parenthèse.
00:49:28 - Au nom du débat, je réponds de l'autre côté
00:49:32 de la ligne du front.
00:49:33 On sait que la criminalité avec l'usage des armes à feu,
00:49:36 je veux dire, en Russie, a été multipliée dans plusieurs régions.
00:49:39 Et on sait que des armes circulent vraiment d'une manière incontrôlée
00:49:43 aujourd'hui en Russie, beaucoup plus en Ukraine.
00:49:45 Et c'est étonnant.
00:49:46 - Alors, je le disais, voilà, le débat est clos.
00:49:49 Je le disais, contexte de menaces terroristes et cette inquiétude,
00:49:54 des nouvelles menaces qui ont visé des établissements scolaires.
00:49:57 Un message d'attentat qui a visé des lycées des Hauts-de-France,
00:50:01 diffusé hier soir, diffusé ce matin également,
00:50:04 via l'espace numérique de travail des élèves.
00:50:07 Une cinquantaine d'établissements d'Île-de-France,
00:50:09 principalement des lycées, ont subi, on en a beaucoup parlé,
00:50:12 une vague similaire mercredi et jeudi.
00:50:14 Le gouvernement qui a promis de traquer les auteurs,
00:50:18 vous nous éclairerez, Virginie Bensoussan,
00:50:20 justement sur les moyens aujourd'hui qui sont disponibles en France
00:50:24 pour aller chercher les auteurs, tout en reconnaissant,
00:50:26 c'était Gabriel Attal, qu'il y avait des trous dans la raquette
00:50:30 concernant la sécurité des établissements.
00:50:32 On regarde ce sujet de Marie-Victoire Diodonné,
00:50:34 nous en parlons ensuite.
00:50:35 Lundi, 122 établissements vont exploser.
00:50:39 C'est le message envoyé aux parents d'élèves d'un collège lillois.
00:50:43 Même chose dans l'académie d'Amiens.
00:50:44 Plusieurs établissements scolaires ont vu leur compte ENT pirater.
00:50:48 Le rectorat d'Amiens a annoncé des dépôts de plaintes.
00:50:51 Ce mercredi, le gouvernement a reconnu des trous dans la raquette
00:50:54 en matière de sécurisation des établissements scolaires
00:50:57 et entend poursuivre son travail, initié par une enquête
00:51:00 au lendemain de l'attentat d'Arras.
00:51:02 500 établissements scolaires nous ont dit avoir des besoins particuliers.
00:51:06 150 ont déjà fait l'objet des travaux nécessaires
00:51:10 par rapport à leur demande.
00:51:11 Il en reste 350.
00:51:13 Ce sont les établissements que nous allons prioriser
00:51:15 avec les collectivités territoriales.
00:51:17 Les équipements en question, des alarmes anti-intrusion
00:51:20 ou du personnel de sécurité aux abords des établissements.
00:51:24 Au moins 150 d'entre eux sont confrontés à des points de deal.
00:51:27 Mais pour le collectif des stylos rouges,
00:51:29 ces mesures ciblées seront bien impuissantes
00:51:32 face à la dégradation générale des infrastructures.
00:51:35 Il y a régulièrement un matériel qui est là, qui est défectueux.
00:51:38 Par exemple, une porte, qui est censée être aimantée
00:51:42 et donc très puissamment fermante, on va dire,
00:51:45 ne l'est pas dans les faits,
00:51:46 parce que l'aimant a été endommagé depuis très longtemps.
00:51:50 Les caméras de surveillance, qui souvent,
00:51:53 curieusement, quand il y a un incident grave,
00:51:54 n'ont pas fonctionné.
00:51:56 Une nouvelle réunion aura lieu le 4 avril
00:51:58 pour faire le point sur la sécurité des établissements.
00:52:01 Un objectif, la sécurité des élèves,
00:52:03 sur les bancs mais aussi en ligne.
00:52:05 Au programme, un audit des espaces numériques de travail.
00:52:09 Virginie Bensousson, Brûlé, tout d'abord,
00:52:11 ces menaces-là, selon vous, menaces réelles,
00:52:14 déstabilisation étrangère,
00:52:17 nous parlions du contexte international compliqué,
00:52:19 canular, est-ce qu'il est facile de faire la lumière,
00:52:23 rapidement en tout cas, sur ces courriers électroniques
00:52:26 qui ont été envoyés à des élèves ?
00:52:28 Alors, je ne pourrais pas intervenir
00:52:30 sur le fond du dossier du tout.
00:52:35 En revanche, ce que je peux vous partager,
00:52:39 comme je le disais tout à l'heure, c'est que
00:52:43 la réglementation et les moyens techniques existent
00:52:46 pour identifier la source de ce type d'attaques
00:52:53 et de ce type de messages,
00:52:55 que l'on parle du cas Via Médis, du cas France Travail,
00:52:59 aujourd'hui des écoles et de manière plus générale,
00:53:03 toutes les cyberattaques qui peuvent viser également,
00:53:06 on le sait, les hôpitaux.
00:53:09 Les intermédiaires techniques coopèrent
00:53:14 avec les services de police et de gendarmerie français,
00:53:19 que ce soit un hébergeur,
00:53:22 que ce soit un fournisseur d'accès à Internet,
00:53:25 qu'ils soient d'ailleurs français ou étrangers,
00:53:28 car il est faux de penser que des plateformes,
00:53:32 parce qu'elles sont américaines,
00:53:33 ne partageraient pas les informations qu'elles détiennent
00:53:37 sur leurs utilisateurs avec des justices européennes
00:53:42 et notamment françaises.
00:53:43 Il faut bien savoir que l'anonymat total n'existe pas
00:53:48 et notamment lorsque la menace ne vient pas
00:53:53 d'un gouvernement extérieur,
00:53:55 mais que finalement c'est votre voisin
00:54:01 qui est à l'origine d'un envoi d'email,
00:54:04 par exemple de phishing,
00:54:07 généralement ils se cachent très mal.
00:54:10 Ils n'utilisent pas des moyens efficaces d'anonymisation
00:54:15 et en remontant sur les adresses IP
00:54:18 et en faisant intervenir les intermédiaires techniques,
00:54:21 on a tout à fait la possibilité de les identifier
00:54:25 grâce aussi en France à toute une série de sociétés
00:54:29 de cybersécurité.
00:54:31 On pense à Orange CyberDéfense par exemple,
00:54:33 mais il y en a d'autres qui ont tout à fait les moyens
00:54:36 de remonter la source de l'origine de l'attaque.
00:54:41 Alors, Gabriel Attal a annoncé un audit
00:54:44 sur la question de la cybersécurité dans les écoles.
00:54:47 Est-ce que ce sujet-là n'a pas été suffisamment pris au sérieux
00:54:53 en amont, peut-être aussi parce qu'on ne s'imaginait pas
00:54:56 qu'un jour des délinquants allaient envoyer ce type de message ?
00:55:03 Je ne pense absolument pas que le sujet n'ait pas été pris au sérieux.
00:55:07 De mon expérience et de ma compétence,
00:55:12 les moyens humains et techniques existent.
00:55:16 Vraiment, il ne faut vraiment pas penser que tout n'était pas fait
00:55:21 et que tout n'est pas fait pour sécuriser tous ces systèmes d'information.
00:55:27 Si je prends le cas d'un ENT d'une région autre que l'Union de France...
00:55:31 - ENT, ce sont ces boîtes mail pour vulgariser un peu le propos
00:55:36 pour les téléspectateurs ?
00:55:39 - Oui, ce sont des intranets qui permettent aux élèves d'échanger
00:55:48 avec leurs professeurs, leurs professeurs d'échanger entre eux
00:55:52 et d'échanger avec les élèves.
00:55:55 Ça existe dans toute la France, ça existe au niveau des collèges,
00:56:00 des lycées et également à l'université.
00:56:04 Il faut imaginer le nombre d'utilisateurs,
00:56:09 vous imaginez le nombre de comptes utilisateurs qu'il y a,
00:56:12 le nombre d'emails qui peuvent être échangés.
00:56:15 Non, la sécurité, elle est là.
00:56:17 Maintenant, il peut y avoir parfois quelqu'un qui va réussir à commettre un acte,
00:56:29 mais il finira par être identifié.
00:56:32 - C'est ce qu'a promis le gouvernement ?
00:56:35 - Dans la loi de programmation du ministère de l'Intérieur
00:56:38 qui a été votée il y a quelques mois,
00:56:40 les moyens alloués à la cybersécurité ont considérablement augmenté,
00:56:45 signe que personne n'ignore l'état de la menace
00:56:50 et les moyens qu'il faut pouvoir engager pour pouvoir assurer la protection des Français.
00:56:56 - Quand Gabriel Attal parle de "trou dans la raquette",
00:56:59 Lucas Jakubowicz, ce sont ses mots,
00:57:01 ce sont ses termes pour parler d'un peu plus de 150 établissements,
00:57:06 non, 350 même,
00:57:07 350 établissements en France qui ont des trous dans la raquette,
00:57:10 vous comprenez ?
00:57:11 Comment vous comprenez ces termes "trou dans la raquette" à l'école ?
00:57:13 Ça veut dire quoi aujourd'hui ?
00:57:14 - Je comprends qu'il signifie que le système de protection n'est pas parfait.
00:57:19 Et effectivement, quand un homme politique prend l'engagement
00:57:22 que tout va bien se passer et qu'il n'y a aucun trou dans la raquette,
00:57:24 il s'engage beaucoup.
00:57:26 - Donc en termes de communication, il a plus intérêt à reconnaître
00:57:30 qu'il y a des trous dans la raquette pour potentiellement justifier
00:57:33 des prochains actes criminels ou cybercriminels ?
00:57:37 - Peut-être qu'aussi, il faudrait qu'on soit prêt à accepter de la vidéoprotection,
00:57:43 il faudrait peut-être qu'on soit prêt à accepter de la biométrie pour rentrer…
00:57:47 - Dans les écoles ?
00:57:49 - Pourquoi pas, pourquoi pas,
00:57:50 mais dans les établissements publics de manière générale,
00:57:53 ce n'est pas du tout attentatoire à nos libertés.
00:57:57 Il faut bien penser que sécurité, dignité, liberté,
00:58:03 il n'y a pas un droit qui soit supérieur à l'autre,
00:58:08 ils se conjuguent tous à partir du moment où la dignité
00:58:13 dont fait partie la vie privée est protégée.
00:58:17 Derrière, on fait une balance entre sécurité et liberté,
00:58:21 et d'ailleurs c'est la raison pour laquelle aujourd'hui on va avoir des drones,
00:58:25 c'est la raison pour laquelle on développe la vidéoprotection.
00:58:28 Il faut aussi que nos policiers et nos gendarmes soient aussi bien équipés,
00:58:34 et qu'on parle de policiers augmentés,
00:58:36 pour qu'ils puissent finalement avoir les mêmes armes et les mêmes moyens
00:58:40 que les attaquants aujourd'hui,
00:58:44 et tout ça avec un encadrement législatif et évidemment le juge.
00:58:49 C'est peut-être ça aussi l'idée de Trouhau dans la raclette,
00:58:52 c'est de dire qu'effectivement le législateur n'a pas encore réfléchi
00:58:55 à tout ce qui est protection, ou en tout cas ne l'a pas encore mis à l'œuvre.
00:58:58 Mais quelque part on peut le comprendre,
00:59:00 vous imaginez quand on est ministre de l'Éducation nationale,
00:59:02 tous les chantiers qu'on a...
00:59:04 Ça révèle aussi que l'école n'est plus du tout sans barriser...
00:59:07 Je pense surtout qu'on en vient à avoir ce genre de réflexion
00:59:10 lorsqu'on a renoncé à protéger nos frontières extérieures,
00:59:14 on en vient à imaginer tout un tas de systèmes
00:59:17 pour essayer d'assurer des micro-sécurités à l'école, dans nos maisons.
00:59:23 C'est ça un petit peu le drame je pense de la France,
00:59:25 c'est qu'à défaut de pouvoir gérer les causes réelles
00:59:29 de ce que l'on est en train de subir,
00:59:31 on essaye de colmater les brèches avec tout un arsenal juridique
00:59:36 qui, pour le coup, contrairement à ce que vous dites maître,
00:59:38 me semble totalement liberticide.
00:59:40 Je ne partage pas du tout votre avis,
00:59:42 et je reviens juste à ce que vous disiez sur les frontières,
00:59:44 là en l'occurrence sur les cyberattaques, je ne vois pas...
00:59:48 Mais là, excusez-moi, vous avez parlé de vidéoprotection,
00:59:54 reconnaissance faciale, on n'est plus sur les sujets purement tech,
00:59:58 mais vraiment de sujets de liberté.
01:00:00 Bien sûr, mais dans vidéoprotection, vous avez protection,
01:00:02 je n'ai pas parlé de vidéosurveillance,
01:00:03 justement les termes sont très importants.
01:00:05 Mais ce qui est intéressant, c'est qu'on a quand même commencé le sujet
01:00:08 sur la question du hacking, c'est-à-dire qu'en fait,
01:00:10 à un moment donné, si demain on se dit
01:00:12 on est protégé parce qu'il y a des vidéos partout,
01:00:14 y compris chez nous, on le sait qu'en ce moment,
01:00:16 énormément de Français se tournent vers les caméras de protection
01:00:19 parce qu'il y a une hausse des cambriolages.
01:00:21 À un moment donné, un État, quelqu'un, peut tout à fait avoir accès
01:00:24 à ces données, peut avoir accès à votre intimité.
01:00:27 Moi, ça m'inquiète énormément.
01:00:28 Et ce que je veux dire, c'est que là où je rejoins Raphaël,
01:00:31 c'est que les partisans aujourd'hui de la liberté, etc.,
01:00:34 en permanence, sont ceux qui vont être capables de dire
01:00:37 il faut une liberté de se déplacer, donc fin des frontières.
01:00:40 En revanche, les propres libertés des Français qui juste ont envie
01:00:43 de ne pas passer leur vie à être encadrés.
01:00:45 Je suis désolé, moi, j'ai beau être un partisan de la police,
01:00:47 j'adorerais un pays où il n'y a pas de policiers
01:00:49 qui viennent me contrôler en permanence,
01:00:50 où il n'y a pas des vidéos qui me surveillent en permanence.
01:00:53 Et c'est la réalité.
01:00:54 Et aujourd'hui, on est obligé de se retrouver dans un pays,
01:00:56 où au final, on se retrouve avec une tour Eiffel,
01:00:58 on parle des Jeux olympiques, où tout autour, il y a des plexiglas.
01:01:00 Donc, bien entendu qu'il y a un sujet philosophique là-dessus
01:01:03 sur le fait de qu'est-ce qu'on est prêt, justement,
01:01:06 à donner comme liberté chez nous.
01:01:08 Et ce que je constate, c'est qu'il y a des libertés
01:01:09 qu'on donne systématiquement,
01:01:11 et il y en a d'autres qu'on enlève systématiquement.
01:01:13 Virginie Benzousson, vous répondez,
01:01:16 vous prenez le temps qu'il faut,
01:01:17 et puis après, nous parlerons de la une du JDD.
01:01:20 Ça nous ramènera à la guerre en Ukraine.
01:01:22 Allez-y.
01:01:23 Non, ce que je veux dire, c'est que,
01:01:26 par exemple, si on reprend le sujet de l'école,
01:01:30 pour revenir sur l'école,
01:01:31 on a des personnes qui vont venir nous dire
01:01:34 qu'il faut limiter l'utilisation d'Internet
01:01:41 chez les enfants et les adolescents.
01:01:44 Moi, ça me fait bondir quand j'entends ça.
01:01:47 Bien au contraire, il faudrait, dès l'école primaire,
01:01:51 pouvoir justement faire cette pédagogie
01:01:53 pour qu'on puisse apprendre à utiliser
01:01:57 et à comprendre correctement comment utiliser tous ces outils,
01:02:01 notamment tout ce qui va être
01:02:02 des outils d'intelligence artificielle et les réseaux.
01:02:05 Ça ne sert à rien d'interdire.
01:02:07 Il faut absolument cueillir cet enseignement.
01:02:09 Il faut absolument que les cours de technologie
01:02:11 et d'informatique soient mis extrêmement en avant
01:02:15 pour que, justement, on puisse avoir les mêmes armes
01:02:19 et pouvoir finalement être libre dans notre utilisation.
01:02:24 C'est intéressant parce que vous parlez de Najat Vallaud-Bedkacem,
01:02:26 qui, effectivement, était la première à se réjouir
01:02:28 lorsqu'elle était à la tête de l'Éducation nationale,
01:02:30 d'avoir fait rentrer les iPads, etc. à l'école.
01:02:32 Et qui aujourd'hui, dans le même temps,
01:02:34 étant donné qu'elle est sortie de la vie politique,
01:02:36 dit effectivement qu'il faut limiter à 3Go
01:02:38 l'utilisation de données à Internet.
01:02:39 Mais ça veut dire quoi ?
01:02:40 Ça veut dire qu'en fait, systématiquement,
01:02:42 on a des responsables politiques qui prennent des décisions,
01:02:44 ils changent d'avis tout le temps.
01:02:45 Et donc, lorsqu'on cède une partie de nos libertés,
01:02:48 il faut le faire avec beaucoup de doigté.
01:02:49 Alors, nous parlions des menaces dans les lycées.
01:02:52 Nous verrons tout cela.
01:02:53 On le rappelle, le gouvernement qui a assuré
01:02:55 que les auteurs des messages, des menaces d'attentats,
01:02:59 seraient traqués et seraient arrêtés.
01:03:02 Nous suivons tout cela de près.
01:03:05 Je vous propose de découvrir à présent,
01:03:07 avec Raphaël Stainville, la une du JDD
01:03:10 qui va nous refaire parler de la guerre en Ukraine.
01:03:13 Laurent Puissance ne peut plus attendre.
01:03:16 Vous avez suivi Emmanuel Macron,
01:03:19 qui s'est rendu à Bruxelles cette semaine.
01:03:21 Et justement, l'Ukraine était au cœur des discussions
01:03:24 avec les homologues européens du chef de l'État.
01:03:27 Oui, c'est intéressant parce que
01:03:30 ces confidences d'Emmanuel Macron,
01:03:34 elles ont eu lieu, pour l'essentiel,
01:03:36 avant que l'attentat de Moscou ne survienne.
01:03:40 Et je pense que l'idée d'Emmanuel Macron,
01:03:44 en accordant et en ouvrant ses portes au JDD
01:03:48 dans son déplacement à Bruxelles,
01:03:51 était vraiment d'insister et de faire la démonstration,
01:03:54 une fois encore, à quel point il était urgent
01:03:57 de renforcer l'Europe, de renforcer l'engagement de l'Europe
01:04:01 dans son soutien à l'Ukraine.
01:04:03 Sauf qu'entre-temps est arrivé cet attentat.
01:04:08 Et moi, ce qui m'a intéressé dans cette séquence,
01:04:11 c'est finalement l'embarras, le silence d'Emmanuel Macron
01:04:15 à vouloir condamner et être au soutien finalement de la Russie
01:04:21 alors qu'elle est attaquée par un ennemi qui est commun,
01:04:24 qui est l'État islamique.
01:04:27 Vous l'avez contacté, pardonnez-moi je vous coupe,
01:04:29 avez-vous contacté le chef de l'État depuis hier,
01:04:33 effectivement, pour peut-être compléter ce que vous avez pu écrire ?
01:04:37 C'est très exactement ce qui s'est passé.
01:04:39 Il nous paraissait impensable de publier ce récit
01:04:44 nourri de confidences, d'assertions du chef de l'État
01:04:52 qui venait finalement conforter le narratif
01:04:55 qu'il a depuis plusieurs semaines sur l'Ukraine et la Russie
01:04:59 sans justement l'interroger sur ce changement de donne
01:05:03 que pouvait éventuellement représenter cet attentat à Moscou.
01:05:08 Et on voit très bien que derrière la prudence, derrière l'embarras,
01:05:12 il y a chez le chef de l'État et son entourage en général au sein de l'Élysée,
01:05:19 l'idée que si jamais il venait à trop appuyer leur soutien
01:05:24 à Vladimir Poutine et la Russie,
01:05:27 ça venait de contrarier absolument le narratif.
01:05:32 Il ne faut pas oublier que depuis plusieurs semaines maintenant,
01:05:35 le chef de l'État installe un climat de peur, d'angoisse guerrier
01:05:43 avec cet horizon qui est à l'entendre, en tout cas ce risque d'escalade,
01:05:49 cette guerre mondiale qui pourrait advenir.
01:05:53 Très honnêtement, cet attentat vient absolument ruiner ses plans.
01:05:58 Parce que pour les Français, quelle est la menace aujourd'hui
01:06:02 qui se présente à eux, qu'ils ressentent dans leur chair ?
01:06:05 C'est la menace islamiste.
01:06:06 Ce n'est pas la Russie.
01:06:08 Parce que nous l'avons vécu aussi dans nos chairs.
01:06:10 Bien sûr, et ça vient ramener ses souvenirs.
01:06:12 Et M. Havjoucki, est-ce que effectivement c'est intéressant,
01:06:15 puisque nous ne l'avons pas encore évoqué,
01:06:17 cette posture d'Emmanuel Macron qui a indiqué à plusieurs reprises
01:06:20 cette perspective, cette possibilité d'envoyer des troupes au sol en Ukraine ?
01:06:25 Voilà, Emmanuel Macron qui montrait les muscles.
01:06:27 Est-ce que cet attentat, justement, va changer la diplomatie française,
01:06:31 le ton de la France dans ce conflit ukrainien ?
01:06:35 En fait, la France, les propos d'Emmanuel Macron,
01:06:41 c'était une sorte de...
01:06:43 On peut dire qu'il a entendu l'appel de la Suède et de la Finlande.
01:06:47 Ils sont très lucides.
01:06:49 Ils ont compris ce qui est en train de se passer.
01:06:51 Là, on ne parle pas des Polonais,
01:06:53 qui ont une relation très compliquée avec la Russie,
01:06:56 qui peuvent avoir une vision biaisée.
01:06:58 La première chose.
01:06:59 La deuxième, en fait, il y a depuis déjà plusieurs mois,
01:07:02 je crois que depuis trois ou quatre mois,
01:07:04 il y a un débat assez très discret entre la Pologne, l'Allemagne et la France.
01:07:11 C'est-à-dire, quel rôle on va jouer ?
01:07:14 Quel pays dans la future guerre contre la Russie ?
01:07:17 Parce que c'est une guerre qui se profile de plus en plus.
01:07:21 Troisième chose, on a des sources proches de la chancelier allemande
01:07:27 qui confirment qu'il y a aussi un débat sur les armes nucléaires en Allemagne aujourd'hui.
01:07:32 Donc, en fait, ce qu'a dit M. Macron sur le plan géopolitique,
01:07:38 c'est quelque chose qui est très logique et très rationnel.
01:07:41 On ne peut pas traiter l'affaire de la Russie comme une affaire simple
01:07:47 et comme une affaire, vous savez, comme une petite maladie.
01:07:51 Si on ferme les yeux, ça n'existe plus.
01:07:54 Non, non, non, ça existe et les choses s'aggravent.
01:07:58 Il y a une menace à l'Est.
01:07:59 Ça, il faut le bien comprendre.
01:08:00 Et je suis très content que M. Macron l'a compris.
01:08:04 Mais en tout cas, Lucas Jakubowicz, M. Emmanuel Macron,
01:08:07 effectivement, l'a peut-être compris.
01:08:09 Mais ce qu'on entend aussi en écoutant Raphaël Stainville et les confidences reçues
01:08:13 et cet embarras au lendemain de cet attentat,
01:08:17 c'est qu'au fond, ce n'est pas le peuple russe, le peuple français,
01:08:22 rappelons, ce ne sont pas eux qui s'opposent aujourd'hui.
01:08:25 Est-ce que nous sommes en train d'assister finalement à une opposition
01:08:29 entre le chef de l'État français et Vladimir Poutine, le chef du Kremlin,
01:08:33 et non pas de deux peuples, de deux nations ?
01:08:35 C'est ça aussi qui fait que là.
01:08:36 Justement, ce qui est très intéressant, c'est qu'en réalité,
01:08:38 quand on prend le peuple français, le peuple russe, le peuple israélien,
01:08:42 le peuple espagnol, on a tous un point commun,
01:08:45 c'est qu'on a payé de notre sang des attentats islamistes,
01:08:48 notamment sur des lieux festifs, etc.
01:08:50 Donc ça, c'est quelque chose qui nous rassemble tous.
01:08:53 Même si nos gouvernements sont contre,
01:08:55 même si on a des intérêts géopolitiques divergents,
01:08:58 on a tous payé le prix du sang.
01:08:59 Et je pense qu'à terme, ça va transcender peut-être des clivages politiques.
01:09:04 Après, sur le titre du JDD,
01:09:06 il y a quelque chose que je trouve très intéressant,
01:09:08 c'est le mot "Europe puissance",
01:09:10 parce qu'on a l'impression que c'est un terme
01:09:12 qui revient à chaque élection européenne.
01:09:15 En 2019, on aurait sûrement pu titrer Emmanuel Macron qui dit
01:09:18 "je souhaite une Europe puissance", pendant la crise du Covid aussi,
01:09:22 après l'élection de Donald Trump aussi.
01:09:23 On a l'impression que c'est un élément de langage des pro-européens
01:09:28 à chaque élection européenne.
01:09:29 Il faudrait que c'est Emmanuel Macron qui...
01:09:32 Qui utilise ce terme.
01:09:33 Tout à fait.
01:09:35 Mais alors moi, ce qui m'intéresse,
01:09:37 c'est est-ce que l'Europe devient vraiment puissante ?
01:09:39 Parce qu'à force de le répéter, où on en est vraiment ?
01:09:42 La puissance, un des attributs de la puissance,
01:09:44 c'est la puissance militaire.
01:09:45 Ça fait dix ans qu'on nous parle d'une construction,
01:09:47 d'une défense européenne.
01:09:49 Elle est, par exemple, au point mort.
01:09:51 Et on parlait, par exemple, en début d'émission,
01:09:53 des livraisons d'armes.
01:09:54 Effectivement, l'Europe se réarme,
01:09:56 mais 60% des armes commandées par les pays de l'Union européenne
01:10:00 viennent, par exemple, des États-Unis.
01:10:02 On parlait de la Pologne qui se réarmait tout à l'heure.
01:10:04 La Pologne, elle s'arme en Corée du Sud.
01:10:07 Et donc, par exemple, l'Europe puissance est au point mort
01:10:09 au niveau militaire, ne serait-ce parce qu'on n'a même pas
01:10:11 d'appareil militaire ou industriel commun.
01:10:14 Je voulais qu'on écoute Éric Ciotti.
01:10:16 Éric Ciotti qui s'est exprimé cet après-midi.
01:10:18 Vous savez, c'est le lancement de campagne ces derniers jours
01:10:22 pour les élections européennes.
01:10:23 C'était autour des Républicains.
01:10:24 Et justement, Emmanuel Macron, la posture d'Emmanuel Macron
01:10:28 dans ce contexte de guerre en Ukraine a été pointée du doigt
01:10:32 par le président des Républicains.
01:10:33 Écoutez-le.
01:10:35 Malheureusement, depuis l'élection d'Emmanuel Macron,
01:10:39 notre voix s'est marginalisée.
01:10:42 Nous l'avons vu encore récemment avec les déclarations
01:10:46 "Va-t'en guerre" sur l'Ukraine, "aventurisme irresponsable"
01:10:52 rejetées par tous nos partenaires qui nous confinent
01:10:56 dans un humiliant isolement.
01:10:59 On ne s'improvise pas, chef de guerre,
01:11:02 avec des gants de boxe.
01:11:05 Ça vous fait rire, M. Javiutski, quand vous entendez
01:11:07 Éric Ciotti finalement dénoncer la posture d'Emmanuel Macron.
01:11:11 On ne s'improvise pas, chef de guerre.
01:11:13 C'est ce qui lui est reproché, c'est vrai, au chef de l'État,
01:11:16 par beaucoup dans l'opposition et pas seulement.
01:11:19 Mais quelque part, je comprends Éric Ciotti parce que, en fait,
01:11:22 c'est vrai que notre chef de l'État a une tradition,
01:11:27 vous savez, de faire des virages assez rapides.
01:11:30 Parce qu'en fait, c'était lui qui était le dernier chef de l'État
01:11:33 européen et occidental, qui a continué à appeler M. Poutine
01:11:37 pour trouver une entente.
01:11:39 Et finalement, globalement, il a dû quand même complètement
01:11:43 changer d'attitude.
01:11:45 Mais bon, après, on évolue et la géopolitique dicte les choix.
01:11:50 En fait, il faut quand même savoir.
01:11:51 Je comprends que les propos d'Emmanuel Macron
01:11:55 ont eu une réaction très mitigée en France.
01:11:58 Je comprends aussi que la France est très loin de l'Ukraine
01:12:02 et que normalement, on a eu toujours une relation très,
01:12:04 très, très bonne avec la Russie.
01:12:06 Mais la Russie d'aujourd'hui, ce n'est pas la Russie des années 1990.
01:12:08 Ce n'est pas la Russie non plus de l'époque soviétique.
01:12:10 Ce n'est pas la Russie aussi de l'époque de Dégol et de Staline.
01:12:13 Lorsqu'on avait une sorte d'alliance, les choses ont changé.
01:12:16 Il faut s'adapter. Il ne faut pas vivre dans ses souvenirs historiques.
01:12:21 - Effectivement, les dirigeants ont changé.
01:12:22 Est-ce que le peuple a changé?
01:12:25 - C'est une grande question.
01:12:27 - Vous n'avez pas la réponse.
01:12:28 En tout cas, peut-être qu'Éric Tegner et Lucas Jakubowicz,
01:12:32 tous les deux ont un point de vue sur ça.
01:12:34 - Si on parle du peuple russe, il faut quand même avoir en tête
01:12:37 qu'un Vladimir Poutine aujourd'hui, c'est plutôt un centriste en Russie.
01:12:42 Lorsqu'on parle d'opposition en Russie, c'est plutôt une opposition nationaliste.
01:12:46 Les Russes...
01:12:46 - On dirait qu'on a du mal à le comprendre d'ici.
01:12:48 - Bien sûr, mais on a conscience qu'il est poussé.
01:12:50 On parle plus du régime du Kremlin que du régime de Vladimir Poutine.
01:12:53 Il faut le dire, si Vladimir Poutine disparaissait,
01:12:56 rien ne changerait de toute façon, parce que c'est parfaitement consolidé.
01:13:00 Il y a énormément de Russes, moi j'en ai rencontré beaucoup,
01:13:02 qui expliquent qu'en 2014, Vladimir Poutine aurait dû aller bien plus loin
01:13:06 au moment du Donbass et conquérir l'ensemble du Donbass,
01:13:09 ne pas retirer ses troupes, par exemple, de Mariupol et juger qu'il l'avait abandonné.
01:13:13 Beaucoup de gens considéraient que Vladimir Poutine était plutôt lâche.
01:13:17 Donc le peuple russe aujourd'hui, il est vraiment derrière Vladimir Poutine.
01:13:21 Nous, il y a le peuple français et c'est là où la une du GDD,
01:13:24 moi je la trouve très intéressante, parce qu'il y a une dynamique de politique intérieure
01:13:28 qui est évidemment importante, qui donne du pouvoir aussi à un président.
01:13:32 Ce que je constate quand même, c'est que depuis plusieurs semaines,
01:13:35 c'est un échec pour Emmanuel Macron.
01:13:36 - Votre voisin d'en face est en train de bouger.
01:13:37 - Je vais terminer là-dessus, c'est qu'Emmanuel Macron, on l'a vu,
01:13:40 on est dans une séquence des élections européennes qui est complètement assumée.
01:13:45 Ils ont commencé à s'opposer face au Rassemblement national
01:13:47 avec cet argument disant qu'eux étaient le parti de Poutine.
01:13:50 On se rappelle de Gabriel Attal, Assemblée nationale, et ça n'a pas fonctionné.
01:13:54 Et aujourd'hui, effectivement, le sujet qui revient, c'est la question de l'islamisme.
01:13:59 Et les gens se disent, pourquoi le peuple slave se bat entre nous ?
01:14:03 - On entend le générique de fin qui arrive, malheureusement.
01:14:06 En amour, vous vouliez réagir ?
01:14:07 - Parce que quand même, il y a entre 20 et 25 millions de Russes
01:14:10 qui ne sont pas d'accord avec M. Poutine.
01:14:12 Et les jeux ne sont pas complètement joués encore.
01:14:15 - Il y a 70% des Français qui ne sont pas d'accord avec Emmanuel Macron.
01:14:18 - Et moi, juste une petite question aux téléspectateurs,
01:14:20 suite à ce qu'a dit Éric Ciotti.
01:14:22 Est-ce que, franchement, vous imagineriez Éric Ciotti en chef de guerre ?
01:14:25 - Voilà, c'était la pâle perdue de…
01:14:29 - Mais est-ce qu'il fait ?
01:14:30 - Lucas Jakubowicz, un grand merci d'avoir analysé, décrypté l'actualité,
01:14:34 débattu dans la bienveillance toujours.
01:14:36 Nous suivrons bien évidemment l'évolution de la situation à Moscou dès demain.
01:14:41 L'actualité qui continue.
01:14:42 Mathieu Devesse pour l'édition de la nuit, c'est dans un instant.
01:14:45 Merci à Sabrina Slimani de m'avoir aidé à préparer cette émission,
01:14:48 ainsi qu'à toutes les équipes techniques.
01:14:50 Je vous retrouve demain à 17h pour Punchline Week-end.
01:14:53 Excellente nuit sur notre antenne. À très vite.
01:14:55 ...

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