• il y a 8 mois
C'est ça la France présenté par Nathalie Guirma.

Avec Alain Thibault, PDG de Agriodor, et Lucie des miels Lulu, 100 % des Miels des Pyrénées Ariégeoises.

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##C_EST_CA_LA_FRANCE-2024-03-03##

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Transcription
00:00 Le réseau des chambres de métier de l'artisanat, chaque jour aux côtés des artisans, présente Sud Radio Cessa la France.
00:06 Bonjour à toutes et à tous, bienvenue dans Cessa la France, l'émission du savoir-faire français.
00:12 C'est la dernière journée au salon de l'agriculture. La 60e édition de ce plus grand salon international de l'agriculture
00:19 va bientôt fermer ses portes, mais il est encore temps d'y aller. C'est l'occasion de découvrir,
00:24 en plus des animaux, de la gastronomie présente, et bien toutes ces entreprises
00:29 qui innovent pour développer des solutions plus respectueuses pour l'environnement, pour faciliter le quotidien des agriculteurs.
00:36 On a beaucoup entendu parler de bio-stimulants lors de ce salon, au niveau des innovations, encore de
00:42 biocontrôle, et bien justement on va évoquer ces solutions avec notre invité Alain Thibault, fondateur de Agriodor.
00:50 Sud Radio Cessa la France.
00:52 Bonjour Alain Thibault.
00:54 Oui bonjour Nathalie.
00:56 Alors vous avez mis au point un répulsif qui réduit de plus de 50% les populations de pucerons
01:02 sur betterave grâce à une solution de biocontrôle.
01:05 Avant de détailler cette solution, c'est quoi exactement le biocontrôle ? Comment ça fonctionne ?
01:12 Avant de parler de fonctionnement, je vais déjà vous expliquer que c'est une grande famille.
01:18 Le biocontrôle, il y a plusieurs sous-familles là-dedans.
01:23 Il y a des familles que vous connaissez très bien, c'est ce qu'on appelle les macro-organismes.
01:27 Les macro-organismes en fait ce sont des auxiliaires comme les coccinelles par exemple, des avertébrés, des acariens,
01:35 ou des nématodes, et ce sont des
01:37 plus de bestioles qui vont
01:40 attaquer des insectes ravageurs qui détruisent vos plantes, qui abîment vos plantes, qui abîment vos cultures, qui abîment vos légumes, ce genre de choses.
01:48 Et ce sont des insectes qui vont les attaquer et résoudre le problème
01:52 de l'insecte dit ravageur. Donc ça c'est une première famille, les macro-organismes.
01:59 Vous avez des micro-organismes aussi dans le monde du biocontrôle, c'est une deuxième famille.
02:03 Alors les micro-organismes c'est quoi ? Des champignons,
02:07 des bactéries, des virus, et tenez-vous bien, toutes ces choses,
02:11 toutes ces petites choses peuvent aider à protéger aussi les cultures.
02:17 - Ah oui ?
02:19 - Ces bactéries et ces virus, si on les développe à bon escient, peuvent là aussi attaquer des insectes
02:27 ou des problèmes qui abîment la culture et qui font baisser son rendement.
02:34 - En fait on utilise la nature en fait, ce qui existe déjà.
02:37 - Exactement, alors vous avez une troisième famille à laquelle nous appartenons, ce qui s'appelle les médiateurs chimiques,
02:44 on en reparlera par la suite. Vous avez ce qui est le plus connu,
02:48 il y a eu beaucoup de livres décrits sur les phéromones,
02:51 - Ah oui ?
02:53 - Les relations d'insectes à insectes.
02:55 - Et même entre humains !
02:57 - Exactement, et vous avez aussi une deuxième sous-famille à l'intérieur des médiateurs chimiques,
03:01 ce sont les chéromones. Là c'est la relation de la plante avec l'insecte, et c'est ce que fait Agriodore,
03:06 et c'est ce que nous avons fait pour remplacer les néonicotinides dans les champs de betterave,
03:10 on en reparlera tout à l'heure. Donc les phéromones, en fait, on travaille souvent sur une méthode de confusion sexuelle,
03:17 on va travailler avec des odeurs, et on va empêcher le mâle de trouver la femelle, ou inversement la femelle de trouver le mâle,
03:24 en mettant des odeurs qui désorientent le mâle de la femelle.
03:28 - Qui déclenchent des réactions, oui.
03:30 - Ce n'est même pas des réactions, c'est qu'il n'arrive pas à trouver...
03:33 Si vous mettez un paysage olfactif, où en fait on sent des femelles partout, elles ne sont pas là,
03:39 le mâle ne va pas arriver à la trouver. C'est incroyable.
03:43 Donc c'est ce qu'on appelle des chémiochimiques, des médiateurs chimiques.
03:47 Et puis il y a une quatrième famille de ce point de vue-là, c'est les substances naturelles qu'on a dans le monde digital.
03:56 Donc le biocontrôle, c'est une grande famille avec des sous-familles qui permettent de faire de la protection des cultures d'une multitude de manières.
04:04 - Alors du coup, qu'on comprenne bien, ce sont des solutions qui favorisent la transition écologique dans le secteur de l'agriculture.
04:12 Il y a des avantages environnementaux qui sont très importants.
04:17 - Alors c'est énorme, c'est même plus que très important.
04:20 C'est énorme parce qu'en fait on fait fonctionner la nature.
04:24 On fait fonctionner...
04:26 Vous savez, tout le monde connaît la chaîne alimentaire par exemple.
04:30 Là on va avoir une petite bestiole qui va en manger une autre.
04:33 On va avoir une petite bestiole qui ne va pas en retrouver une autre, elle ne va pas pouvoir se reproduire.
04:36 On va avoir par exemple au niveau de la griotoire, on va faire des odeurs.
04:41 Chaque plante, on y reviendra tout à l'heure, mais chaque plante diffuse des odeurs
04:45 ou qui vont attirer l'insecte ou qui vont le repousser.
04:50 Et l'insecte quand il est ravageur, il va être repoussé et on va éviter qu'il vienne faire des dégâts.
04:54 Donc en fait on accélère un mode de fonctionnement de nature.
04:58 Et il n'y a plus de pesticides, il n'y a plus d'insecticides.
05:01 Il n'y a plus toutes ces choses que nous avons travaillées énormément depuis 40 ans
05:06 et qui étaient nécessaires, encore une fois.
05:08 Mais la science s'est évoluée, les méthodes ont évolué.
05:10 Et maintenant on maîtrise tout ce genre de choses.
05:13 - Vous avez évoqué les phéromones et vous, vous travaillez justement les fameux chéromones
05:18 que vous avez développés également, donc qui ont des propriétés répulsives.
05:22 Alors expliquez-nous justement ce que vous, avec Agriodor, vous avez mis en place.
05:27 - Oui, alors ce que j'aime bien dire, et ça ça plaît beaucoup, surtout aux agriculteurs
05:32 sur lesquels on les critique beaucoup avec leur pulvérisateur,
05:37 de ne pas être sympa avec la nature.
05:39 Si ils peuvent l'être, on est des parfumeurs des champs.
05:43 - C'est beau, c'est poétique.
05:45 - En fait les plantes dégagent des odeurs, comme je le disais tout à l'heure,
05:49 ou qui attirent ou qui repoussent les insectes.
05:51 Et on va essayer de refabriquer l'odeur que dégagent ces plantes
05:56 pour manipuler le comportement de l'insecte.
05:59 Et ce qu'il faut savoir, c'est que dans 70% des insectes au monde,
06:03 vous savez il y a des millions et des millions d'insectes dans le monde entier,
06:07 70% des insectes se déplacent à partir de l'odorat.
06:10 Et leurs nez, ce sont des petits récepteurs olfactifs sur leur antenne.
06:15 Donc c'est avec ça qu'ils se déplacent.
06:16 Vous avez des mouches qui repèrent un verger à 7 km.
06:19 Je ne sais pas si vous voyez, ils ont une sensibilité de déplacement qui est incroyable.
06:24 Donc une fois que vous maîtrisez ça, on va fabriquer des odeurs
06:27 qui vont ou les attirer au niveau de l'insecte ravageur pour le capturer et le détruire
06:34 sans toucher à toute la biodiversité.
06:36 Donc c'est très favorable à la biodiversité.
06:38 On ne cible que l'insecte avec lequel on veut se battre.
06:43 Ou alors, et c'était le cas de la betterave,
06:45 on va fabriquer des odeurs qui vont repousser l'insecte
06:49 pour éviter qu'il vienne sur la plante qu'on veut protéger.
06:53 - Mais on est obligé de travailler insecte par insecte
06:57 ou bien on peut viser une famille d'insectes avec toujours ce même processus ?
07:01 - C'est une super question parce que sur le plan économique, c'est extrêmement important.
07:05 Alors nous, on a commencé insecte par insecte
07:07 parce que la technologie des chéromones est insecte par insecte.
07:11 On a un énorme projet de recherche et développement en ce moment
07:14 où on voudrait faire du multi-insecte par rapport à ça.
07:18 Par exemple, il y a des centaines de pucerons qui existent.
07:21 On a trouvé la recette pour le puceron vert de la betterave
07:26 qu'on est en train de déployer sur la pomme de terre et sur l'arbot dans les vergers
07:31 où le puceron vert fait aussi beaucoup de dégâts.
07:33 Donc on est en train de décliner cette solution.
07:36 Donc ça, ça va marcher.
07:38 Et puis il y a le puceron de la salade, par exemple.
07:41 Par exemple, McDonald's veut à tout prix avoir des fournisseurs qui ne traitent plus.
07:46 Dans deux ans, ils voudraient avoir des fournisseurs qui ne traitent plus leur salade
07:51 contre le puceron avec des phytosanitaires.
07:54 Donc notre solution va être fortement recommandée.
07:58 Mais c'est un autre puceron et ce qu'on a fait sur la betterave
08:01 ne va pas fonctionner sur la salade.
08:03 Donc on est en train de travailler sur un blockbuster, comme on dit dans la pharmacie,
08:08 essayer d'avoir un produit qui fonctionne,
08:12 et donc des molécules qui fonctionnent sur une dizaine de pucerons différents.
08:16 - Pour que ce soit rentable, comme vous le disiez à l'instant, c'est important de le préciser.
08:19 - Oui, parce que, par exemple, j'ai été interpellé durant le salon par les grands fabricants d'endives.
08:24 Les endives sont attaquées par un puceron dramatique.
08:27 Il arrive sur l'endive et il creuse des trous au niveau des racines.
08:32 Et les endiviers sont dans une situation très, très délicate.
08:35 Ils n'ont plus de produits chimiques pour porter. Ils sont en difficulté.
08:38 Et donc il me disait, Alain, est-ce que tu peux nous faire quelque chose ?
08:41 Mais en fait, le coût du projet plus le coût de l'homologation,
08:46 c'est-à-dire la réglementation est très, très lourde de ce point de vue-là,
08:48 fait que le projet n'a aucune chance d'y arriver.
08:53 J'insiste sur la réglementation.
08:56 La réglementation, vu que ce sont des nouvelles technologies,
08:59 la nouvelle réglementation au niveau européen n'a pas été réécrite.
09:02 Et donc la plupart du temps, on est classé comme pesticide.
09:06 - Oui, pour l'instant, on ne peut pas y arriver parce qu'il y a toutes ces barrières encore présentes.
09:10 Mais la recherche pourrait permettre, elle, d'y arriver,
09:13 parce que vous l'avez fait sur les fèves et lentilles, les betteraves.
09:16 - Exactement, Nathalie. Et c'est ça qui fait mal au cœur aujourd'hui.
09:20 C'est-à-dire qu'on a interdit très rapidement des molécules chimiques,
09:24 mais les solutions arrivent, mais la législation n'a pas suivi.
09:28 Et ça, ce n'est pas normal, que ce soit au niveau européen ou au niveau français.
09:31 Donc là, on est nombreux, de ce point de vue-là, à militer pour des changements drastiques.
09:37 Vous vous rendez compte, les molécules chimiques que nous utilisons sont utilisées dans les parfums,
09:42 que peut-être vous remettez vous-même, dans les cosmétiques, dans les crèmes glacées,
09:47 dans les chewing-gums, ou ce genre de choses.
09:49 Et nous, molécules dans l'agriculture, c'est classé comme hyper dangereux.
09:53 C'est hallucinant, quoi. C'est hallucinant.
09:55 - Mais pour bien comprendre comment ça fonctionne,
09:57 il n'y a pas de risque de résistance, un peu comme les antibiotiques, ou d'accoutumance, justement ?
10:03 - Alors ça, c'est une très très belle question.
10:06 Et malheureusement, pour les produits chimiques,
10:10 il y a risque d'accoutumance, donc de résistance, comme les antibiotiques.
10:14 Parce que, ce que vous disent les grands de l'agrochimie,
10:17 dès l'instant que vous faites un produit qui tue tout,
10:19 il y a toujours un insecte sur un million, à peu près, qui va survivre.
10:22 Et si c'est comme des pucerons, ils se reproduisent à toute vitesse,
10:25 au bout de cinq ou dix ans, ils deviennent majoritaires, et le produit ne fonctionne plus.
10:29 Au niveau du biocontrôle, sa caractéristique,
10:32 et souvent, ceux qui n'aiment pas le biocontrôle le disent,
10:35 c'est que ça ne fonctionne pas à 100%.
10:37 Ça ne fonctionne pas à 100%, parce qu'on ne tue pas.
10:40 Ce n'est pas létal, du fait de l'insecte.
10:42 Donc, si ce n'est pas létal, il ne va pas y avoir d'impact sur l'insecte,
10:46 il n'y aura pas de modification génétique de ce point de vue-là,
10:49 et donc, il n'y aura pas d'accoutumance de ce point de vue-là.
10:51 Vous voyez, quand on repousse un insecte,
10:53 quand on repousse notre puceron vert de la betterave,
10:55 il va aller dans des arbres, il va aller dans des herbes,
10:58 on cherche à éviter à ce qu'il vienne dans le champ de betterave.
11:01 Et tenez-vous bien, on cherche à éviter qu'il vienne
11:03 au moment où il y a très peu de feuilles,
11:05 parce que c'est à ce moment-là qu'il y a des travaux très vulnérables,
11:08 entre 2 et 12 feuilles, si bien qu'il y a 14 ou 20 feuilles, peu importe.
11:12 Donc, quand il reviendra par la suite,
11:14 son inoculation de virus aura très peu d'importance de ce point de vue-là.
11:19 - Il y a encore un gros travail de pédagogie à faire auprès des agriculteurs
11:22 pour montrer toutes ces solutions alternatives.
11:26 Est-ce que là encore, vous sentez qu'il y a encore ce besoin de convaincre,
11:29 de faire confiance ?
11:31 - Alors, je pense qu'on parle beaucoup des agriculteurs.
11:35 Moi, ce qui me beaucoup surpris, parce que je ne viens pas de ce monde-là,
11:38 j'adore ces gens, ils travaillent,
11:40 il y a énormément de gens qui sont hyper pragmatiques,
11:43 hyper concrets, qui cherchent des nouvelles solutions.
11:46 Je trouve que ce qu'il faut convaincre, c'est en fait l'écosystème de l'agriculture.
11:51 C'est-à-dire que ce sont des gens qui, depuis 40 ans,
11:54 utilisent des pesticides, utilisent des phytosanitaires.
11:57 Abonnez-vous encore une fois.
11:59 Si on voulait augmenter les rendements, on n'avait que ça sous la main.
12:02 Donc, encore une fois, ne voyez pas, en mes propos, une critique.
12:06 Mais ce sont des gens-là, où un mindset réfléchit comme des phytosanitaires.
12:10 Et dès l'instant que vous venez, vous prenez notre sujet de puceron de la betterave.
12:16 C'est un sujet où on n'est pas létal, on ne tue pas, on fait du préventif.
12:20 Quand vous faites de l'insecticide, vous faites du curatif.
12:23 Donc, les raisonnements sont complètement différents.
12:25 Le curatif, vous attendez que l'insecte arrive, et quand il est là, boum !
12:28 Vous avez le préventif, vous devez vous dire, à quel moment je vais mettre mon produit,
12:32 parce qu'il risque de venir, et vous allez surveiller.
12:35 Donc, les modes de raisonnement de l'agriculteur, et donc,
12:38 des techniciens de coopérative, de ceux qui vendent ces produits,
12:41 vont être fondamentalement différents.
12:43 - Oui, mais on sait également que, parmi, effectivement, les objectifs
12:48 de tous ces entrepreneurs qui font aussi partie de la ferme digitale,
12:53 ou en tout cas, de tous ces entrepreneurs qui innovent,
12:55 il y a cette volonté de permettre à l'agriculteur d'améliorer ses rendements,
13:00 et aussi, et sa rentabilité, dans son travail au quotidien.
13:05 Utiliser des alternatives comme la vôtre, en termes de coûts,
13:08 par rapport aux produits chimiques qu'ils ont l'habitude d'utiliser,
13:10 comment ça se positionne ?
13:13 - Ça, c'est un deuxième challenge.
13:15 Vous voyez, quand Ingrid et moi, on a travaillé sur la févrole élanthique,
13:20 qui était des petites cultures,
13:22 on a beaucoup ciblé le produit, la technologie,
13:25 et en fait, on avait fait des pièges, on posait des pièges,
13:28 parce que c'était des attractifs, qu'on posait dans les champs de févrole.
13:31 Ce qu'on avait oublié, c'est que la févrole, vous l'assumez,
13:34 et vous la récoltez.
13:35 Donc, il fallait poser le piège, et avant la récolte,
13:37 il fallait enlever le piège.
13:39 Ça demande beaucoup de travail.
13:41 Donc, les agriculteurs nous ont dit, écoutez,
13:43 les "early adopteurs", comme on dit, adoraient notre projet,
13:47 mais trouvaient ça lourd, coûteux, en main d'œuvre.
13:51 - Oui, chronofrège, quoi.
13:53 - Exactement. On a tenu compte de tout ce qui revient,
13:56 et sur la betterave, on a fait, en fait,
13:58 dès l'instant qu'on a trouvé nos odeurs,
14:00 on a trouvé le moyen de mettre nos odeurs
14:02 dans des minuscules granulées de 1 mm de diamètre,
14:06 dans des choses minuscules ou autres,
14:08 qu'on arrive à épandre dans les champs,
14:10 à partir de quad, de lames,
14:12 que tout agriculteur betteravier a déjà.
14:15 Donc, on ne lui demande pas un nouvel investissement,
14:18 on ne lui demande pas non plus de résonner différemment
14:21 pour épandre, parce qu'il utilise déjà ses quad
14:24 pour mettre son anti-limace dans les champs.
14:27 Donc, on n'a pas changé l'habitude du tout de l'agriculteur.
14:30 On ne lui a pas demandé d'investissement supplémentaire.
14:33 Donc, c'est un énorme avantage qu'il a par rapport à ça.
14:36 Il ne nous reste plus qu'à déterminer le prix unitaire,
14:39 et ça, on est en train de le travailler
14:42 avec des familles d'agriculteurs.
14:44 On pense que notre solution réduit
14:47 au moins deux passages d'insecticides,
14:50 et donc, ça va nous permettre de positionner le prix
14:53 pour que les choses soient acceptables pour l'agriculteur.
14:56 - C'est important aussi de préciser,
14:58 votre entreprise a été créée, si je ne me trompe pas, en 2019.
15:01 C'est bien ça ? - Exactement.
15:03 - Sur base de travaux de l'Inrae.
15:05 - Exactement. On a un spin-off de l'Inrae,
15:07 c'est une magnifique chercheuse estonienne
15:10 qui est sortie de l'Inrae, que j'ai rencontrée,
15:13 qui m'a dit "Alain, je vais créer ma boîte,
15:15 j'ai une licence d'exploitation d'un brevet
15:18 que l'Inrae, avec qui j'ai négocié,
15:21 et ça marche dans les laboratoires."
15:24 Je lui ai dit "Mais est-ce que ça marche dans les champs ?"
15:27 Elle m'a dit "J'en sais rien."
15:29 Et donc, j'ai financé, les deux premières années,
15:31 les tests dans les champs, et le pari qu'on avait
15:34 avec cette magnifique chercheuse estonienne,
15:37 je lui ai dit "Je sais si ça marche pas, on ferme."
15:40 Et ça marche, on va écrire une belle aventure.
15:43 Moi je suis un pari de l'entrepreneur WOG,
15:45 je suis tombé amoureux de ce projet qui est complètement dingue,
15:47 parce que parfumer les champs,
15:49 pour enlever les insecticides, aucun résidu sur le sol,
15:52 et faire, et participer à la révolution agricole,
15:55 qui est en cours dans le monde entier,
15:57 pas qu'en France, en Europe, dans les autres pays.
15:59 - Oui, c'est ce que j'allais vous demander,
16:00 on se positionne où alors, par rapport aux autres pays
16:02 européens ou internationaux, justement dans cette volonté
16:04 de proposer des solutions alternatives,
16:06 qui ne polluent pas le sol, donc qui ne se retrouvent pas
16:08 dans notre nourriture et dans notre estomac.
16:11 - Oui, exactement.
16:13 Alors c'est assez intéressant, parce que,
16:15 là on va prendre un peu de hauteur,
16:17 vous allez voir la culture des pays.
16:18 En Europe, on interdit tout.
16:20 On met de la loi, on met des réglementations,
16:23 on interdit. La France, c'est plutôt en avance,
16:26 et ce qui a fait exploser de colère les agriculteurs,
16:30 parce que, encore une fois je le répète,
16:32 je comprends cette colère, on interdit mais il n'y a pas de solution.
16:34 - Oui, bien sûr.
16:35 - Les solutions elles ont du mal à arriver,
16:36 parce que la règle de remplation n'est pas née.
16:38 Ils deviennent fous, c'est normal.
16:40 - Oui, bien sûr, ça se comprend.
16:42 - C'est plutôt à la pointe, mais l'Europe,
16:44 l'Europe est dans une dynamique,
16:46 je discutais avec un grand de l'agrochimie,
16:48 il me disait pour eux, l'Europe c'est le laboratoire mondial
16:51 au niveau des nouveautés qui peuvent arriver,
16:54 regarde ce qui marche en Europe, et derrière,
16:56 ils le déploient.
16:57 - Oui, mais derrière, il faut avoir les aides financières
16:59 pour pouvoir passer à l'étape suivante.
17:01 - Ah, bien sûr.
17:02 C'est vrai que c'est dur, et moi j'ai quelques cheveux blancs,
17:05 et heureusement qu'Enem a rencontré
17:06 avec quelques cheveux blancs,
17:07 parce que depuis 5 ans, je ne suis pas dans le labo,
17:10 mais je suis à la recherche d'argent,
17:11 je suis à la recherche d'aide, de subventions,
17:14 ce genre de choses, pour arriver à faire
17:16 que cette entreprise puisse tenir le coup
17:19 sur le plan financier.
17:20 Qu'est-ce qui se passe aux Etats-Unis ?
17:22 Aux Etats-Unis, il y a plein de sites eau sanitaire
17:24 dans tous les sens, mais les grands du food sector,
17:26 donc les Danone, Nestlé américains ou autres,
17:30 ont une pression des consommateurs,
17:32 qui eux, de plus en plus, veulent des produits sains,
17:35 qui vont payer plus cher.
17:36 Et donc, qu'est-ce qu'ils font ?
17:38 Ils passent des mandats aux agriculteurs
17:41 sur des très très grosses surfaces, en disant
17:43 "tu me fais de la fraise sans phytosanitaire"
17:45 ou "un seul passage de phytosanitaire,
17:48 tu me fais de la framboise, tu me fais du poireau,
17:51 de la carotte, de la tomate, etc."
17:53 Donc en fait, c'est pas la réglementation qui impose,
17:57 c'est la pression des consommateurs qui va imposer,
18:00 et l'agriculteur derrière va se débrouiller
18:02 et va utiliser les produits de biocontrôle, justement,
18:04 parce que les insectes ravageurs,
18:06 eux, ils s'en moquent de la réglementation,
18:08 ils sont toujours là.
18:09 - Bien sûr.
18:10 - Ils sont là pour détruire et tout.
18:12 Et alors au Brésil, c'est ma grande surprise,
18:14 parce que là, on attaque le Brésil,
18:16 donc on creuse au niveau de ce pays,
18:18 qui est un pays incroyable.
18:20 Le Brésil, c'est plus de 30% des phytosanitaires
18:23 au monde en termes de consommation.
18:25 Mais le Brésil, c'est la réserve,
18:29 c'est l'éliminance en termes de production agricole ou autre.
18:35 Et alors, on vit au Brésil depuis 3-4 ans
18:38 une vague de biocontrôle pour plusieurs raisons.
18:41 La première, c'est que les molécules chimiques,
18:45 vous parliez de résistance,
18:46 deviennent de moins en moins efficaces.
18:48 En fait, avec le réchauffement climatique,
18:50 les insectes se développent.
18:51 Ce qu'il faut comprendre, c'est qu'au Brésil,
18:53 en différence de l'Europe,
18:54 c'est que vous pouvez faire 2 à 3 récoltes par an,
18:56 du soja, du maïs, ce genre de choses,
18:58 ça pousse extrêmement vite en raison des chaleurs.
19:01 - Et les deux autres raisons, je vais vous presser Alain Thibaud,
19:04 on arrive à la fin de cette interview.
19:05 Et donc, les deux autres raisons pour lesquelles
19:07 le Brésil est obligé aussi de changer, d'évoluer.
19:11 - La pression du consommateur, voyez,
19:13 le Mercosur qui bloque aujourd'hui,
19:15 c'est l'effet miroir qui est,
19:19 si on a des produits phytosanitaires,
19:20 l'Europe ne veut pas importer des produits
19:23 à base de phytosanitaires.
19:25 Et puis, ces molécules chimiques
19:27 qui deviennent de moins en moins efficaces,
19:29 de ce point de vue-là.
19:30 Donc, c'est très sain,
19:31 le monde entier est en train de changer
19:34 et on va avoir de moins en moins de résidus,
19:36 et dans nos sols, et dans nos estomacs.
19:38 - Et tant mieux !
19:39 - Voilà, exactement.
19:40 - Merci beaucoup Alain Thibaud,
19:41 je suis désolée, je dois vous couper le temps fil.
19:43 - Merci, n'attendez pas.
19:44 - Je vous en parle avec tellement de passion,
19:45 c'est un bonheur de vous écouter.
19:46 Vous êtes le fondateur de Agriodor.
19:49 Merci encore et belle journée à vous.
19:52 Il est temps d'aller se balader avec Thibaud,
19:53 notre French Trotter.

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