Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd'hui il revient sur cette forte hausse de baptême dans les diocèses de France, notamment en Bretagne.
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00:00 *Musique*
00:12 Tous les diocèses de France enregistrent une forte hausse des candidats au baptême, notamment en Bretagne à Rennes, plus 50% de demandes.
00:19 Est-ce que vous avez fait ce choix vous-même ?
00:21 On va écouter le père Nicolas Guilloux du diocèse de Rennes, il est au micro d'Europe 1 de notre correspondante Sandrine Prioul.
00:28 C'est très conséquent, alors l'heure de gloire, je ne sais pas, parce qu'on repart de très bas.
00:33 Mais toujours est-il qu'aujourd'hui on voit des jeunes qui rencontrent Dieu à travers les réseaux sociaux et viennent nous voir après.
00:40 Donc nous on va assurer le service à prendre et on voit des gens revenir à l'église.
00:43 Diane Pilottas est avec nous, elle est porte-parole de la conférence des évêques de France. Bonjour madame.
00:49 Bonjour Pascal Proch.
00:51 Et merci d'être avec nous, c'est vrai que ça a été assez surprenant, plus 50% de demandes, comment vous expliquez ça ?
00:58 Alors il y a plusieurs raisons qui expliquent ça.
01:00 Déjà là on fait chaque année de l'église de France une grande enquête nationale,
01:05 dont on annonce les chiffres juste avant Pâques, ça veut dire fin mars cette année.
01:10 Donc là on a la moitié à peu près des diocèses, sur 100 diocèses on en a à peu près 50 qui nous ont fait leur remontée, dont Rennes.
01:16 Et effectivement la hausse de l'an dernier, qui était autour de 30%, semble se confirmer, voire même augmenter.
01:22 Donc c'est une bonne nouvelle, et en termes de raisons, il y a en gros 5 raisons sur la base des témoignages nombreux qu'on reçoit,
01:29 des gens qui demandent le baptême, déjà un effet Covid qui est indéniable.
01:32 C'est ce que disait d'ailleurs dans le reportage que vous avez passé ce matin une jeune femme qui a demandé le baptême,
01:37 il y a un avant-après parce que le confinement a été une période très dure pour tous les jeunes.
01:42 Quête de sens, beaucoup de questionnements sur la vie, la mort, etc.
01:46 Et il semblerait que la religion, quelle qu'elle soit d'ailleurs, ait vraiment apporté des réponses sans doute aux questions
01:51 que se posaient tous ces jeunes un peu en souffrance.
01:54 Deuxième effet, il y a un effet chez nous très net d'entraînement des JMJ,
01:58 qu'on constate d'ailleurs dans plein d'autres domaines de l'Église.
02:01 Mais il y a eu 45 000 Français, c'était la troisième plus grosse délégation juste après, les Italiens et les Espagnols,
02:07 et ça a donné à tous les jeunes en France un très beau visage de la jeunesse,
02:11 une jeunesse engagée, une jeunesse ouverte sur le monde,
02:14 et qui au nom de leur foi s'engage dans la société, aide les autres, etc.
02:18 Donc même ceux qui n'étaient pas là, même ceux qui n'étaient pas catholiques,
02:21 eh bien nous c'est un témoignage qu'on reçoit beaucoup cette année, et depuis l'an dernier.
02:25 Les jeunes qui ont donné cette image-là, qui étaient bien dans leur basket,
02:29 ils avaient les autres le sentiment qu'ils avaient un truc en plus.
02:32 - Il reste trois raisons, je vous accélère un peu parce que là on n'est qu'à la deuxième,
02:36 donc j'ai peur qu'on aille jusqu'à 13h.
02:39 - C'est le bon sens, c'est qu'il y a moins de baptêmes de tout petit,
02:42 aujourd'hui on a à peu près 65 000 baptêmes de tout petit,
02:44 donc de fait il y a des jeunes qui découvrent la foi plus tard.
02:46 - Quatrième raison ?
02:47 - Quatrième raison, le patrimoine religieux, figurez-vous,
02:50 c'est un effet très attractif, c'est-à-dire les églises,
02:52 les gens qui reviennent même pour visiter une église,
02:55 et qui sont saisis, touchés par le silence du lieu, c'est un truc qui nous remonte beaucoup.
02:59 - Et cinquième raison ?
03:00 - Il y a aussi, toujours, ça c'est assez classique,
03:03 mais un moment de vie important qui va être un déclencheur d'un besoin de spiritualité,
03:07 une épreuve personnelle.
03:08 - Mais vous voyez Diane, il y a peut-être des choses qui ne sont pas dites.
03:12 Moi j'ai le sentiment aujourd'hui, dans cette crise d'identité que nous traversons tous,
03:16 que l'église est un refuge,
03:20 et que pour certains, ils viennent pas tant peut-être pour des raisons religieuses,
03:25 mais aussi parce que l'église a traversé les siècles,
03:29 et que l'église c'est, j'ai envie de dire, l'identité de la France.
03:33 La religion chrétienne est chez elle, en France.
03:37 C'est-à-dire que la France était la fille aînée de l'église,
03:41 c'est ce que nous disions jadis.
03:45 Et que cette dimension peut-être, peut-être, existe aussi à un moment
03:50 où les identités peut-être sont mises à mal.
03:54 - Ce qui est intéressant dans ce que vous dites,
03:56 et que pas mal d'études, notamment du CNRS il n'y a pas longtemps,
03:59 expliquent sur les jeunes, c'est qu'il y a un regain en fait,
04:02 et là il y a vraiment une différence de génération par rapport aux précédentes.
04:04 Les jeunes, on va dire 17-25, il y a un regain de la foi dans son ensemble,
04:10 et de la foi catholique notamment,
04:12 et effectivement dans un monde que les jeunes, nous qu'on accompagne,
04:15 il faut savoir que ce qu'on appelle nous en jargon un peu le "catechuména",
04:18 donc ces jeunes qui demandent le baptême à partir de 10 ans,
04:22 mais surtout les ados et les adultes après à Fortiori,
04:25 ils sont accompagnés pendant presque ces 18 mois à 2 ans de préparation.
04:29 C'est pas quelque chose d'anodin dans une vie.
04:31 L'idée c'est, comme on dit chez nous, de discerner.
04:34 Donc il faut vraiment qu'il soit un choix libre.
04:36 - C'est une volonté.
04:37 Alors on va être avec Julie, qui est une auditrice et qui est pharmacienne,
04:40 d'ailleurs ça concerne aussi Henri,
04:42 parce qu'Henri disait qu'en préparation il est entré dans une église
04:45 et qu'il a été sensible aux ondes de cette église de Noirdenay, c'est bien ça ?
04:49 - Noirdenay, le Cronan, juste à côté, c'était pendant la préparation de la Coupe d'Evis.
04:52 Moi j'ai été baptisé, j'ai fait ma communion,
04:55 et c'est vrai que je ressentais le besoin de pouvoir avoir cette force.
04:59 - J'ai été baptisé moi-même en catastrophe, comme vous le savez,
05:04 mais je vous raconterai l'histoire si vous l'avez été baptisé.
05:07 - Il ne s'en souvient pas, c'est bizarre.
05:08 Je connais toutes vos histoires.
05:10 - J'ai été baptisé quasiment avant l'extrême-onction, à 8 jours.
05:15 Ah oui, je peux vous la raconter si ça vous intéresse.
05:18 - Moi ça fait 5 ans qu'il me la raconte.
05:20 - Mais pour le moment c'est Julie qui est là, et Julie qui est pharmacienne.
05:23 Bonjour Julie, vous êtes une néo-baptisée si j'ose dire ?
05:26 - Oui, bonjour Pascal, oui tout à fait.
05:28 - Vous avez quel âge Julie ?
05:30 - J'ai 50 ans.
05:31 - Et quand est-ce que vous êtes baptisée ?
05:33 - On a un Pâques 2023.
05:36 - Et pourquoi ?
05:37 - Parce que ça faisait très longtemps que je me sentais appelée,
05:43 et nous étions 4 femmes d'âge différent à être baptisées à l'Aveiller Pascal.
05:50 Et il y avait 2 enfants le lendemain.
05:53 - L'Aveiller Pascal qui est un des plus beaux moments de la liturgie catholique,
05:59 qui est l'Aveiller Pascal qui est a priori le jeudi soir, nous sommes d'accord.
06:03 - Et non, c'est le samedi soir.
06:06 - Ah, alors je demande à Diane...
06:09 - C'est la veille de Pâques, c'est la veille de Pâques,
06:11 ce qu'on appelle la Vigile Pascal, c'est la veille du dimanche de Pâques.
06:14 - Ah oui, oui, bon.
06:15 - Et c'est là où on baptise les nouveaux baptisés.
06:17 - D'accord, mais alors la veille du vendredi, le jeudi soir, la nuit,
06:22 qui précède ce qu'on appelle le vendredi saint, c'est la passion dites-vous.
06:28 Et aujourd'hui Julie, vous avez ce rapport particulier à l'église de Rome ?
06:34 - Qu'est-ce que vous entendez par rapport particulier ?
06:37 Je comprends pas ce que vous voulez dire.
06:40 - Est-ce que toute votre vie est liée à votre foi catholique ?
06:45 - Ça a révolutionné ma vie, ça c'est sûr.
06:49 Ça m'a toujours travaillée, et depuis que j'ai commencé le catechuménat,
06:55 ça a complètement transformé ma vie.
06:58 - Et en quoi précisément ?
06:59 - C'est certain.
07:00 En tout. Déjà j'ai trouvé une famille, effectivement.
07:04 Puisque la communauté de ma paroisse, en fait il y a une immense entraide.
07:10 On est vraiment là les uns pour les autres.
07:14 Au départ on fait pour soi, mais après on se rend compte qu'on fait pour nous tous.
07:19 Et ça m'a apaisée, énormément.
07:23 Moi j'avais effectivement besoin de trouver des racines,
07:27 puisque j'en ai pas vraiment.
07:31 J'ai des parents qui étaient baptisés, mais qui n'étaient pas croyants,
07:34 parce que ça se faisait à l'époque.
07:37 Et moi, il me manquait quelque chose.
07:41 Et je l'ai trouvé, et maintenant j'accompagne les ados dans une hommonerie.
07:49 On accompagne des cinquièmes et des quatrièmes avec une des autres baptisée de Pâques.
07:54 - Merci Julie pour ce témoignage, parce que c'est un témoignage émouvant.
07:57 Et on entre maintenant. Alors vous êtes en carême en ce moment ?
08:00 - Tout à fait.
08:02 - Je ne sais pas si ceux qui nous écoutent sont en carême ou pas,
08:07 s'ils ont choisi de déjeuner d'une manière plus légère.
08:12 Le carême c'est un ensemble de choses.
08:14 Ça ne concerne pas que la nourriture, c'est aussi l'esprit.
08:21 Et le corps également, c'est une forme de purification.
08:26 On peut mettre en place l'activité sexuelle.
08:28 - Vous êtes en carême vous ?
08:30 - C'était sûr !
08:32 - L'activité sexuelle est arrêtée en carême.
08:37 Je parle sous le...
08:39 - Elle ne répond pas.
08:41 - Non, sous le sceau de Diane.
08:44 Diane, nous sommes d'accord, l'activité sexuelle est plutôt sur une abstinence en carême.
08:50 - Je vais rassurer ou pas vos auditeurs,
08:52 mais l'abstinence concerne le mercredi décembre,
08:54 où il y a une abstinence et un jeûne.
08:56 Et sinon après chacun choisit son effort de carême.
08:59 Donc chacun peut faire la concession qu'il souhaite pendant les 40 jours qu'il mène jusqu'à Pâques.
09:03 Je voudrais juste rebondir sur ce qu'a dit Julie,
09:05 parce que ça me touche beaucoup,
09:06 et ça rejoint à la fois ce que vous disiez Pascal,
09:08 et ce que nous disent tous les catéchumels, les jeunes,
09:11 c'est cette notion d'entraide.
09:12 Et c'est ce que je vous disais sur,
09:13 c'est une façon pour eux d'être au monde, d'être chrétien.
09:16 Et c'est ça qui les attire en fait.
09:18 Et cette notion dans un monde hyper individualiste...
09:20 - Bon Diane, je suis obligé de vous arrêter,
09:22 parce qu'on est très très en retard.
09:23 Et si je ne vous arrête pas, je sais que...
09:25 - Ah bah on a la bonne nouvelle !
09:27 - Merci à vous en tout cas, et c'est un plaisir !