Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd’hui, l'émission revient sur l'idée du ministre de l'Éducation nationale d'interdire à l'école le port de l'Abaya, au nom de la laïcité.
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00:00 Nous allons donc parler de la baïa. La baïa sera interdite à l'école. Je disais tout à l'heure que le gouvernement a peut-être eu une
00:11 illumination cet été parce que c'est considéré comme une tenue
00:15 religieuse et la baïa n'appartient pas à
00:19 l'histoire, on va le dire comme ça, à l'histoire religieuse française ou à l'histoire des mœurs françaises. C'est aussi simple que ça.
00:27 La baïa illustre d'autres mœurs, une autre culture, une autre religion et ce n'est pas
00:32 celle qui a
00:34 prédominé sur le sol de France
00:36 même si forcément des cultures nouvelles peuvent arriver dans notre pays. On est en direct
00:44 à l'instant avec
00:46 monsieur
00:48 Bobkowicz qui doit être là. Bonjour, je suis pas sûr de bien avoir prononcé votre nom. Bobkiewicz.
00:55 - Bobkiewicz, vous êtes professeur,
00:57 proviseur et vous êtes secrétaire général
01:00 du SNPDEN,
01:03 je sais pas comment on dit, une SARC, c'est ça ? - SNPDEN. - Voilà, qui est le syndicat des chefs d'établissement.
01:09 - Oui. - Donc vous étiez confronté à une difficulté puisque c'est vous qui deviez prendre
01:16 une position en fonction des élèves, pas toujours facile à prendre, et là j'ai envie de vous dire
01:25 c'est plus simple pour vous depuis hier soir. - Oui c'est ça, c'est-à-dire qu'en octobre dernier
01:31 le ministre précédent avait envoyé effectivement une note au chef d'établissement leur demandant
01:36 de prendre la décision en fonction d'un certain nombre de critères,
01:40 la répétition du port de la baïa ou
01:43 lorsque la baïa était associée à
01:46 un discours ou un comportement
01:49 prosélite. Donc on avait dit que c'était pas au chef d'établissement de trancher cette question qui est un sujet
01:55 complexe, on le voit bien depuis hier,
01:57 enfin depuis toujours d'ailleurs,
01:59 et que c'était à l'État de prendre cette décision. Les chefs d'établissement appliqueraient la décision, c'est pas oui, c'est pas non,
02:07 c'est oui, c'est non, pardon, mais c'est pas peut-être. Donc ça fait un an qu'on recrémait cette clarification.
02:12 Bon ben elle a été apportée hier, ça veut pas dire que le dossier est complètement réglé, mais en tout cas il y a une position claire
02:18 du ministre,
02:20 j'imagine soutenue par le président, sur ce sujet.
02:23 - Bon, monsieur Bobkiewicz, vous êtes proviseur dans quelle région de France ?
02:26 - À Paris aujourd'hui. - À Paris, dans le
02:30 centre de Paris, dans un des arrondissements de Paris ? - Alors j'ai été aujourd'hui, je suis proviseur depuis là maintenant,
02:37 dans le 15e arrondissement, au lycée Buffon, à la cité scolaire Buffon.
02:40 J'ai été proviseur à Vincennes précédemment et précédemment j'ai exercé à Aubervilliers et à Saint-Denis. Je vois bien de quoi on parle.
02:48 - Bon, à Vincennes,
02:50 là vous êtes dans une rentrée scolaire dans le 15e arrondissement, si je comprends bien ? - Oui, c'est ça. - Bon, tout le monde finalement change aujourd'hui de
02:57 non pas de métier, mais en tout cas change d'établissement. À Vincennes, l'année passée,
03:06 combien de cas
03:09 entraient,
03:10 est-ce que vous avez été confronté dans combien de cas à la baïa dans ce lycée de Vincennes ?
03:15 - Une tentative en quatre ans. - Donc c'est quand même,
03:19 c'est pas très présent manifestement à Vincennes. - C'est très inégal sur le territoire, c'est-à-dire dans 95% des situations,
03:27 il n'y a quasiment pas de sujet, ou quand il y a un sujet, on est sur des situations isolées
03:33 qu'on est capable de résoudre à travers le dialogue, les changes avec l'aîné des safari. - Et c'est ce qui s'était passé par exemple à Vincennes ?
03:39 - Et c'est ce qui s'était passé par exemple à Vincennes. - Mais est-ce que vous avez des proviseurs qui vous disent qu'ils sont confrontés
03:45 chaque jour à une multitude de cas ?
03:48 - Oui, c'est-à-dire que vous avez sur le territoire, et tout le monde le sait, vous avez déjà eu de nombreux reportages sur cette question,
03:54 des situations où, à la marge d'un centaine d'établissements limités en France, mais ça existe, où effectivement
04:02 la baïa est installée dans l'établissement. - Alors comment ces proviseurs vont-ils
04:07 gérer cette situation à votre avis ? - Alors il y a deux choses, il y a d'une part un discours clair institutionnel
04:14 qui va effectivement permettre aux chefs d'établissement d'agir plus directement,
04:19 et il y a surtout la nécessité, ça a été demandé au ministre, en tout cas moi je lui ai demandé,
04:24 d'être accompagné. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, demain, à la rentrée...
04:28 - Mais accompagné par qui, ça veut dire quoi ? - Par des équipes, par des personnels.
04:33 - Mais si vous êtes dans un lycée par exemple, vous dites "la baïa est installée", je reprends votre terme, c'est-à-dire quoi "installée" ?
04:39 C'est-à-dire que vous avez peut-être une jeune fille sur deux ou sur trois qui a la baïa, c'est ça que vous dites ?
04:44 - Non, on n'en est pas là, mais il peut y en avoir plusieurs dizaines.
04:48 - Dans ces cas-là, comment le proviseur va-t-il faire ?
04:52 - Je vais vous le dire, enfin en tout cas c'est ce qu'il va essayer de faire, c'est-à-dire qu'au-delà d'une communication
04:58 type courrier et communication générale, c'est recevoir en entretien
05:05 toutes les familles et les élèves concernés, et ça, ça demande du personnel.
05:09 Donc le ministre s'est engagé à ce que les établissements concernés puissent être accompagnés,
05:14 et notamment à travers la présence de personnels des équipes Valeurs de la République qui vont l'aider à faire ce travail.
05:21 - C'est-à-dire qu'on ne peut pas simplement prendre une mesure et il faut en plus l'expliquer, ça ne va pas de soi,
05:27 d'une certaine manière, c'est ça qui est parfois compliqué, parce que vous allez entrer dans des discussions sans fin,
05:34 j'imagine. Ils ont autre chose à faire peut-être les proviseurs et le personnel de l'éducation nationale,
05:40 parce qu'on pourrait imaginer qu'une fois que la décision est prise, elle s'applique à tout le monde,
05:45 et on ne va pas aller parler à chacun ou à chacune des
05:48 jeunes filles et des familles pour les convaincre de ne pas porter la baïa.
05:53 - Oui, mais vous voyez, une décision s'accompagne, quand elle s'accompagne d'un discours, d'un accompagnement, d'une explication,
06:01 voire convaincre, parce que c'est mieux. Et c'est notre travail, on est des éducateurs,
06:06 donc c'est notre travail de le faire, surtout que c'est un sujet, on le voit bien depuis ce matin,
06:10 qui pose un certain nombre de polémiques.
06:13 C'est bien d'être accompagné sous ces questions et que l'équipe de direction ne soit pas seule dans ces discussions et dans
06:22 cette polémique qui va certainement se présenter aux portes de certains établissements.
06:28 - Vous êtes sur Europe 1 et Bruno, Bob Kiewik,
06:30 improviseur,
06:33 secrétaire général du syndicat des chefs d'établissement. La rentrée c'est lundi prochain ou c'est en fin de semaine ?
06:40 - Alors la pré-rentrée des personnels, des enseignants notamment, c'est vendredi 1er septembre,
06:44 et les premiers élèves arrivent à partir de lundi, effectivement. - Bon, il y a combien d'élèves au lycée Buffon dans le 15e arrondissement ?
06:51 - Il y en a 1850. - Ah oui, c'est un grand lycée parisien dans le 15e arrondissement.
06:58 Et que vous découvrez, j'imagine. On reste combien de temps généralement à la tête d'un lycée ?
07:03 - Entre 3 et 9 ans, la moyenne c'est 5 ans.
07:07 - Eh bien merci beaucoup monsieur Bob Kiewik et belle rentrée à vous. Il est 12h14.
07:14 - Et vous écoutez Pascal Praud et vous sur Europe 1. A tout de suite.
07:18 11h-13h,
07:21 Pascal Praud sur Europe 1. - Et n'hésitez pas à appeler Pascal Praud avec vous jusqu'à 13 001 80 20 39.
07:28 21, Pascal. - La baïa sera donc interdite dans les lycées. On entendait il y a quelques secondes
07:34 Bruno Bob Kiewik qui est proviseur et qui trouvait sans doute que c'était une bonne mesure. En tout cas,
07:41 elle était claire et nous sommes à présent avec Abdé Latif. Bonjour Abdé Latif.
07:45 - Et bonjour Pascal Praud. - Et merci d'être avec nous. Vous habitez Valenciennes ?
07:49 - Non, pas du tout. Vous, vous avez changé de radio, mais moi j'habite toujours à l'même endroit, à Pau.
07:55 - Ah bah écoutez, sur la fiche qu'on m'a transmise, c'est marqué Valenciennes.
08:00 - C'est de ma faute. - Mais c'est de la faute de qui ? C'est de la faute de monsieur Olivier Guenec ?
08:05 - Oui, oui, oui, c'est de ma faute. Excusez-moi.
08:07 - Ah bon, parce que je précise que c'est Olivier qui...
08:09 - Olivier qui m'a donné la vie avant au chien. Il est extraordinaire.
08:14 - Il est extraordinaire, mais il a eu des vacances compliquées, pour tout vous dire.
08:18 - Ah bon ? - Et je n'en dirai pas plus, parce que la vie privée doit rester privée.
08:22 - Elle doit rester privée surtout à l'avion.
08:24 - Il a été privé de tout d'ailleurs, même de... mais enfin bon, c'est autre chose.
08:28 - Dites-vous que je l'ai invité à Pau, comme ça il va changer un petit peu.
08:33 - Sérieusement Adélatif, d'abord, vous êtes peut-être de confession musulmane vous-même ?
08:39 - Oui, c'est très important, je l'ai confirmé, oui.
08:42 Mais je pense qu'on peut donner son avis sans vraiment avoir une efficacité.
08:45 - Non mais forcément, on n'a peut-être pas le même avis,
08:48 lorsque l'on est de confession musulmane et qu'on voit dans ce vêtement
08:54 ce que quelqu'un qui ne l'est pas n'y verrait pas.
08:57 C'était en cela que ma question a été posée.
09:00 Mais votre sentiment sur l'abaya dans les classes et dans les cours ?
09:04 - Bon, moi je vais commencer par la décision du ministre Attal.
09:08 Je vais dire au moins, elle brille par sa clarté,
09:11 puisque c'est la lundière fois où un ministre prend une décision radicale
09:14 et qu'il dit que c'est interdit.
09:16 Aujourd'hui on a eu tous les sons de cloche,
09:18 on ne sait pas si c'est interdit ou pas.
09:20 La deuxième chose, moi je pense qu'on aurait pu laisser ça
09:23 au directeur d'établissement, qui pouvait gérer les peu de situations,
09:29 parce que je ne pense pas qu'il y ait des milliers et des milliers d'enfants
09:32 qui arrivent au lycée avec des abayas.
09:34 Ça doit être une histoire de dizaines dans toute la France.
09:38 Dans ce cas-là, on n'a pas besoin de prendre une décision ministérielle
09:43 pour peu de cas.
09:45 - Il y a beaucoup de cas, une augmentation de 150%
09:51 disait le ministre, d'atteinte à la laïcité.
09:55 C'est quelque chose qui explosait.
09:57 - Mais 150% sur quel chiffre à la base ?
09:59 Parce qu'on peut dire 200%, mais si on démarre à 3-4 cas,
10:02 mais ça ne fait toujours pas beaucoup.
10:04 - Certains proviseurs disent qu'évidemment ce n'est pas majoritaire,
10:08 mais que, en fait, est-ce que vous partagez l'opinion de M. Attal
10:12 lorsqu'il dit "on nous teste", c'est-à-dire que l'école est testée,
10:16 il faut être vigilant.
10:18 Parce que l'abaya, que représente l'abaya ?
10:21 Est-ce que c'est un vêtement religieux pour vous ?
10:23 - Franchement, vous voulez que je vous donne mon sentiment ?
10:26 Mon sentiment, c'est que c'est des jeunes qui, tout simplement,
10:30 aujourd'hui l'abaya s'est devenue à la mode.
10:33 C'est une mode qui va passer.
10:35 Comme on avait à un moment donné des survêtes avec le pantalon levé vers la rotule,
10:40 comme on avait la casquette à l'envers.
10:42 - Ce n'est pas innocent qu'on veut donc que cette...
10:44 - Non, non, monsieur Proulx, le problème, c'est que ce sont des jeunes,
10:47 à mon avis, qui sont perdus.
10:49 - Justement, c'est bien qu'ils ne le soient pas.
10:52 - Ben oui, ils sont perdus. Pourquoi ils sont perdus ?
10:54 Ils sont perdus parce qu'ils sont juste français par les papiers.
10:57 Ils sont juste français parce qu'ils sont nés en France
10:59 et ils ont besoin à ce qu'on les considère comme des français.
11:02 Et je pense, est-ce qu'il y a provocation, est-ce qu'il y a test,
11:06 est-ce qu'il y a une règle derrière ?
11:08 - Français de papier, moi, c'est choquant ce que vous me dites.
11:10 Ce sont des français qui sont nés sur le sol de France et qui sont à l'école
11:14 et vous me dites qu'ils sont français de papier et qu'ils ne se sentent pas français.
11:17 - Non, non, parce qu'ils sont considérés...
11:19 Eux, ils se considèrent comme français, ils aiment la France.
11:22 Quand ils regardent le foot, ils sont pour la France, plein de choses.
11:25 Mais par contre, au regard des autres,
11:27 ce ne sont toujours que des français issus de l'immigration.
11:30 Ce terme "issus de l'immigration", qui va rester éternellement,
11:34 au lieu de dire "français" tout court,
11:36 on le rajoute toujours "issus de l'immigration" pour mettre un peu de couleur.
11:40 Ce n'est pas que la baïa.
11:42 C'est pour ça qu'ils se sentent un peu rejetés d'un système
11:46 et qu'ils essaient de créer quelque chose qui leur appartient.
11:49 - Ce discours victimaire, Abdellatif, moi, je n'adhère pas à ce discours victimaire.
11:52 - Vous allez dire que je victimaire, mais parce que vous ne l'avez pas, monsieur Falker.
11:56 - Oui, je n'adhère pas pour une raison simple.
11:58 - Vous ne le vivez pas.
12:00 Quand quelqu'un se plaint, il vaut mieux même pas se plaindre
12:03 parce que quand vous plaignez aux gens,
12:05 ils ne vous plaignent pas parce que les autres générations...
12:08 C'est la troisième ou quatrième génération.
12:10 Le paradoxe de ce sujet, c'est que les enfants nés dans les années 70
12:16 n'ont pas eu ces soucis-là.
12:18 Et les Français, nés de l'immigration, comme vous l'êtes, des années 70...
12:22 - Il y a eu des attentats entre les deux, monsieur Pascal Praud.
12:26 L'oublié.
12:27 Il y a eu des événements qui ont fait que les jeunes d'aujourd'hui
12:30 sont visés, nous, ma génération.
12:33 - A quel âge vous avez, abdel Hakif ?
12:35 - Moi, j'ai 60 ans, monsieur Pascal Praud.
12:37 Je suis un peu plus vieux que vous.
12:39 - Et vous, vous êtes né où ?
12:41 Vous êtes né sur le sol de France ?
12:43 - Moi, je suis né au Maroc.
12:44 J'ai des enfants qui sont nés en France.
12:46 - Et ils sont nés en quelle année, vos enfants ?
12:48 - Mes enfants sont nés...
12:50 La dernière est née en 2005.
12:52 - Et ils ont ce sentiment ?
12:54 Ils ont le sentiment de ne pas être pris pour des Français à part entière ?
13:00 - Je ne pense pas.
13:01 Les miens n'ont pas ce sentiment-là.
13:04 - Et pourquoi, à votre avis, les vôtres ne l'ont pas ?
13:07 Peut-être parce que votre éducation était différente ?
13:09 - Il y a une éducation derrière.
13:12 Il y a des parents qui ont compris.
13:14 Il y a beaucoup de choses.
13:16 Je ne suis pas en train de dire que les autres n'ont pas compris
13:18 qu'ils ne font pas de bonne éducation.
13:20 Il y a des conditions de vie qui ne sont pas les mêmes pour tout le monde.
13:23 Il y a énormément de choses, monsieur Praud.
13:26 Maintenant, il y a une partie des familles qui vivent dans les cités,
13:32 qui subissent tous les jours les vendeurs de drogue,
13:36 qui subissent les brimades,
13:38 mais c'est là où il y a le problème.
13:40 C'est là qu'il faut aller aider.
13:42 - Il faut marquer une pause.
13:44 En tout cas, ça me fait plaisir de vous retrouver
13:46 parce que manifestement, vous êtes comme monsieur Boubou,
13:48 que vous avez trouvé le chemin de la maison bleue.
13:50 C'est une maison bleue.
13:52 Donc je vous en remercie grandement.
13:54 - Je me souviens de votre...
13:56 - Avant que vous veniez là, j'intervenais déjà sur Europe 1.
13:59 - Ah !
14:00 J'avais pas cette prétention d'imaginer évidemment que vous étiez venu.
14:05 - J'intervenais jusqu'au moment où j'ai trouvé qu'avec vous,
14:08 j'étais plus intéressant.
14:09 Parce qu'on pouvait vous bousculer.
14:11 - Ah, j'adore ça.
14:12 C'est ce que j'ai écouté.
14:13 J'ai dit à Fabrice, la fille de Cala Realisation,
14:17 je l'ai dit à tout le monde,
14:19 c'est toujours plus intéressant lorsqu'un auditeur ne pense pas la même chose.
14:23 En l'occurrence, même pour ceux qui nous écoutent.
14:26 Parce que dans ces cas-là, nous représentons tous les deux,
14:29 deux positions qui peuvent être différentes.
14:31 Mais il est 12h25,
14:35 vous êtes sur Europe 1.
14:37 Nous sommes le lundi 28 août.
14:39 Que me dit-on ?
14:40 Qui me parle ?
14:41 - Ah, Pascal !
14:43 On a Nicolas qui veut répondre à Abdelatif.
14:45 - Oui, mais après la pause.
14:46 - Exactement, oui.
14:47 - Après la page en couleur.
14:48 - Vous m'aviez pas entendu, pardon.
14:49 - Non mais je vous avais...
14:50 - Je suis pas habitué à travailler avec vous, désolé.
14:52 - Je vous en prie.
14:53 Mais nous revenons tout de suite.
14:55 - Et vous réagissez au 01.80.20.39.21 sur Europe 1.
14:59 Appel non surtaxé à tout de suite sur Europe 1.
15:01 - Europe 1, 11h, 13h, Pascal Praud et vous.
15:05 - Merci d'avoir choisi Europe 1.
15:07 Bienvenue si vous nous rejoignez.
15:08 Bienvenue à vous Pascal Praud.
15:10 Pascal Praud et vous, c'est depuis 11h ce matin, 11h13h sur Europe 1.
15:14 Vous réagissez au 01.80.20.39.21,
15:18 appel non surtaxé comme l'a fait Nicolas qui veut réagir.
15:21 - Et je rappelle que vous pouvez réécouter également l'intervention de Michel Sardou tout à l'heure sur les réseaux,
15:27 notamment sur les pages Twitter du compte Europe 1.
15:31 Il y a un service extrêmement réactif numérique dans la station
15:37 et j'ai vu que vous pouviez déjà réécouter ce qu'avait dit tout à l'heure Michel Sardou.
15:42 Mais Nicolas, vous le disiez, Géraldine est là.
15:44 Bonjour Nicolas.
15:45 - Bonjour Monsieur Praud.
15:47 - Vous êtes professeur d'histoire-géographie,
15:49 vous écoutiez Abdellatif et vous pouvez peut-être non seulement lui répondre,
15:52 mais même engager le débat avec lui, Abdellatif pourra vous répondre.
15:56 - Déjà la première chose que je voulais vous dire Monsieur Praud,
15:59 c'est de vous témoigner de toute ma sympathie, de toutes mes prières suite à la disparition de Monsieur Leclerc,
16:02 qui m'a profondément attristé.
16:04 J'aimerais vraiment vous témoigner de ma compassion et de mes prières
16:07 à l'égard de tout le monde journaliste et vous-même qui étiez proche
16:10 et que je suivais vraiment toutes mes prières vous accompagnant.
16:13 - Eh bien écoutez, vous êtes très gentil, d'autant que cette station,
16:17 Gérard Leclerc l'avait connu,
16:20 et non seulement il l'avait connu, mais Julie, qui est une grande voix d'Europe 1,
16:25 il s'était rencontré dans les locaux de la rue François 1er,
16:29 et j'étais présent d'ailleurs à la cérémonie jeudi dernier des obsèques de Gérard,
16:35 et ce qui était tout à fait saisissant, c'était l'amour qui existait dans cette famille,
16:42 la construction qu'il y a eu avec la prise de parole des enfants,
16:48 et Julie qui est dévastée, puisqu'elle a perdu l'homme et l'amour de sa vie.
16:55 Donc merci Nicolas pour vos pensées, merci beaucoup.
17:00 - Avec plaisir entre guillemets, mais voilà.
17:02 Moi ça m'a profondément attristé pendant les vacances, donc je tenais à vous le dire.
17:06 - Eh bien c'est très aimable à vous.
17:09 Vous vouliez intervenir sur la baïa et peut-être proposer une réponse à Abdelatif ?
17:14 - Moi je suis presque à 100% d'accord avec ce que dit M. Abdelatif, il a raison.
17:21 Je ne suis pas spécialement concerné par ce qui se passe dans l'enseignement catholique vendéen,
17:26 donc on n'est pas vraiment confronté à ce genre de problème.
17:29 Mais je vais placer la baïa sous une tenue qui pour moi n'est pas appropriée au travail,
17:33 au même type que le croc-top, que le baggy, etc.
17:37 Il faut une réponse ferme du ministre, on l'a eu.
17:40 Je pense que laisser la responsabilité au chef d'établissement, c'est ne pas les couvrir.
17:45 Ce que veulent les chefs d'établissement pour les côtoyer,
17:47 parce que je suis dans le conseil de direction de mon établissement,
17:49 c'est une ligne claire et surtout se couvrir, se protéger.
17:52 Imaginez un seul instant qu'un établissement dise oui, un autre non.
17:55 Ça va se savoir, les amis vont vous faire des recours juridiques.
17:58 Non, ce n'est pas possible.
18:00 Là on a une réponse claire de l'État, on l'attendait,
18:02 et cette réponse est tout à fait satisfaisante.
18:05 Pour moi, la baga n'est pas une tenue religieuse, à proprement parler,
18:09 mais elle fait appel à des identités.
18:12 Le but de l'école n'est pas de manifester son identité singulière,
18:15 mais plutôt de faire corps, de faire collectif.
18:17 Moi je me rappelle, ma grand-mère, quand on allait le dimanche à la messe,
18:20 on devait s'en dimancher.
18:21 Donc il y avait une tenue qui était associée à la pratique du culte.
18:24 L'école n'est pas la place pour ça. Vraiment.
18:26 - Alors je vous propose d'écouter Gabriel Attal,
18:28 puisque ce matin il a pris la parole,
18:31 il était hier dans le journal de TF1,
18:34 mais il a peut-être précisé les choses, et écoutons-le.
18:37 - Notre école est testée, continuellement, nous le savons.
18:41 Ces derniers mois, nous le savons, les atteintes à la laïcité
18:43 se sont considérablement accrues,
18:45 avec notamment le port de tenue religieuse,
18:47 comme les abayas ou les khamis,
18:49 qui ont fait leur apparition et se sont installés, parfois,
18:52 dans certains établissements.
18:54 La fermeté de la réponse de l'école est mise à l'épreuve
18:57 par ces nouveaux phénomènes, face parfois aux coups de boutoir,
19:00 aux attaques, aux tentatives de déstabilisation.
19:02 Nous devons faire bloc, et nous allons faire bloc.
19:05 - Est-ce que vous-même, vous l'avez dit Nicolas,
19:09 vous êtes dans une école catholique, donc par définition,
19:11 vous n'êtes sans doute pas confronté à cela ?
19:14 - Je reçois beaucoup d'élèves musulmans,
19:16 quand on traite de l'histoire de l'islam,
19:18 ils ont le droit de ramener le Coran,
19:19 ou moi je leur fais visiter des mosquées,
19:21 là j'organise souvent un voyage en Andalousie,
19:23 on rentre dans les mosquées, on essaye d'expliquer,
19:25 mais on explique justement,
19:27 on ne reste pas dans une forme d'obscurantisme,
19:29 où l'objectif de l'école c'est vraiment de s'émanciper
19:31 par rapport à tout ça.
19:32 Après ils font ce qu'ils veulent en privé,
19:34 moi le privé ne me dérange absolument pas.
19:35 Mais à un moment donné, la baïa n'est pas une tenue de travail,
19:37 au même titre que le croc-top, que le baguille, etc.
19:39 - Alors vous, vous mettez ça sur encore une autre ligne,
19:44 c'est-à-dire que vous dites qu'il n'est pas adapté pour travailler.
19:47 Mais Gabriel Attal a également parlé du kamis,
19:51 je ne suis pas sûr que tout le monde connaisse précisément
19:53 ce qu'est le kamis.
19:54 Et le kamis, c'est évidemment, d'abord c'est pour les hommes,
19:57 la baïa c'est pour les femmes,
19:58 mais le kamis, qu'on peut appeler d'ailleurs parfois le boubou en Afrique,
20:03 c'est un vêtement qui couvre les parties intimes de l'homme
20:08 et qui est une sorte de longue robe
20:13 que porte parfois un homme jusqu'aux chevilles
20:17 et qui lui permet comme cela de masquer l'essentiel de son corps.
20:23 Abdelatif, je ne sais pas d'ailleurs si sur le kamis,
20:27 c'est intéressant parce que M. Attal n'a pas parlé du kamis,
20:31 mais le kamis, c'est aux hommes, ce que la baïa est aux femmes.
20:35 - Exactement, je vais juste revenir sur l'intervention de M. le ministre
20:40 qui ramène ça à un test de la République.
20:43 Je crois qu'on exagère un petit peu.
20:45 Franchement, c'est vraiment de l'exagération.
20:47 S'il y a vraiment un moyen de mettre la zizanie
20:50 entre les Français de toute origine, c'est vraiment ce genre de discours.
20:54 - Oui, mais Abdelatif, j'entends ce que vous dites,
20:57 mais ça fait 40 ans que j'entends ça.
21:00 - Oui, mais moi aussi, ça fait de 1984
21:03 quand le ministre de l'Éducation, c'est-à-dire Bayrou,
21:08 avait pris une décision sur le foulard.
21:11 - C'est l'autre espace, je crois.
21:13 - Non, non, le premier, c'est Bayrou, je crois.
21:16 - Je pense que c'est 89, et en 1989,
21:21 c'est le deuxième septennat de François Mitterrand qui commence.
21:24 - On va vérifier.
21:26 - Et c'est Lionel Jospin qui est le ministre de l'Éducation nationale à ce moment-là.
21:31 - Bon, moi ce que je veux dire par là,
21:33 et je rejoins le prof qui nous écoute,
21:36 j'ai oublié son prénom.
21:38 - Nicolas.
21:39 - Nicolas, merci Nicolas.
21:41 Moi aussi, je veux dire mon témoignage,
21:43 c'est que mes enfants, ils ont fait leurs études dans des écoles privées catholiques,
21:46 où il y a un échange entre les religions.
21:48 Lorsqu'on parle de Jésus, on leur demande aussi de parler de leur prophète
21:52 et qu'on puisse échanger.
21:54 Et c'est ça le rôle d'une école.
21:56 Une école n'est pas là pour mettre les uns en face des autres.
21:58 Elle est là pour que tout le monde y ressemble.
22:00 - Nous en sommes d'accord à des latifs.
22:02 - Oui, mais vous êtes d'accord avec moi, mais vous n'êtes pas d'accord non plus.
22:05 - Non, je ne suis pas d'accord parce que je sais que votre...
22:07 - Oui, mais vous ne pouvez pas être les deux.
22:09 - Je suis d'accord avec ce que vous dites vous,
22:11 mais je sais que d'autres gens nous testent,
22:14 ou testent la France, testent...
22:16 - Personne ne vous teste !
22:18 - Si vous dites "personne ne vous teste", non, je n'attacherai à cet avis.
22:22 - Mais non, mais personne ne vous teste.
22:24 - Il y a une volonté d'imposer sur le sol de France,
22:27 chez certains, des mœurs, c'est une culture qui n'est pas celle-là.
22:31 - Est-ce que vous pensez que des gamins de 14 ans,
22:34 qui ne sont pas encore matures, ils vous testent ?
22:37 Mais ils ne peuvent même pas,
22:39 ils ne savent même pas de quoi vous parlez quand vous leur dites ça.
22:41 C'est de la provocation.
22:43 - Mais alors pourquoi le portent-ils ?
22:46 - Ils le portent, pourquoi ?
22:48 - Parce que leurs parents ne le portaient pas ?
22:51 - Ils ne se sentent pas bien.
22:53 - Donc ils ne se sentent pas bien en France,
22:55 donc ils le portent pour manifester une forme de colère ?
22:58 - Exactement. Là, je serais d'accord avec vous,
23:01 une sorte de dire "on m'accepte pas de faire ce que je suis".
23:04 - Mais cette colère, vous la trouvez justifiée ?
23:06 - Attendez, moi je ne suis pas là pour donner l'avis
23:08 de ce qui est justifié ou pas justifié.
23:10 C'est au ministre de l'Éducation de faire en sorte que ce genre de choses ne se portent plus.
23:14 - Parce qu'effectivement, quand on est élevé au lait victimaire,
23:17 et là, ces jeunes gens ne sont pas forcément responsables...
23:19 - Vous utilisez beaucoup ce terme de victime,
23:21 mais je ne pense pas que c'est ça.
23:23 - Je dis qu'il y a un discours victimaire, parfois,
23:27 qui peut alimenter les peurs, les haines,
23:31 et souffler sur les braises.
23:32 Oui, je pense ça.
23:34 Et vous savez bien à quelle formation politique je fais allusion en disant cela.
23:40 Bien sûr que ce n'était pas le modèle français.
23:42 Le modèle français, on le sait,
23:44 on n'est pas aux États-Unis, on n'est pas en Angleterre.
23:46 On a un modèle particulier qui est le modèle plus assimilationniste.
23:50 Parce qu'on sait que les difficultés entre les cultures,
23:54 le multiculturalisme en France a du mal.
23:57 C'est pour ça que ces sujets-là sont si, en France, inflammables.
24:02 - Alors je peux me retourner la question. Il faut faire quoi ?
24:04 Tout interdire, mesurer la longueur des robes,
24:06 mesurer la longueur des barbes.
24:08 Qu'est-ce qu'on fait ?
24:10 - C'est toute la difficulté. Votre question est excellente.
24:12 - Qu'est-ce qu'on fait ?
24:14 - C'est de proposer un modèle républicain
24:18 et qui traduise l'histoire de notre pays,
24:22 de ses mœurs et de sa culture à ces jeunes Français.
24:25 - Et qui intègre tout le monde.
24:27 - Mais je vous répète, il n'y avait pas ces problèmes-là dans les années 70 et 80.
24:30 - Oui, mais dans les années 70, il y avait...
24:32 - Et pourtant, il y avait également de l'immigration.
24:34 - Non, mais attendez. Sans insultes, sans les insultes et quoi que ce soit,
24:38 dans les années 70, il y avait un évent intellectuel des immigrés
24:42 qui arrivaient pour travailler. Leur but, c'était de travailler.
24:44 On leur disait de toute façon, vous rentrerez chez vous.
24:46 - Mais il y a des enfants qui sont nés sur le sol de France.
24:49 - Oui, mais à un moment donné...
24:51 - Ils sont nés en années 70 et ils avaient 10 ans en 80.
24:54 Ils avaient 15 ans en 85.
24:56 - Oui, mais aujourd'hui, on est... Je viens de vous le dire tout à l'heure,
25:00 il y a des choses qui sont passées, des attentats
25:02 qui ont fait que la société française a changé.
25:05 Beaucoup de problèmes qui ont fait que d'un côté, il y avait un racisme naissant,
25:10 il y avait une extrême droite qui prend un peu plus de place en France
25:15 et qui a un discours catégorique et un discours qui divise.
25:18 Et en face, il y a des jeunes...
25:20 - Il y a toujours un discours, mais vous pouvez dire
25:22 que tous les hommes politiques ont un discours qui divise, par définition,
25:24 puisqu'ils ne sont pas d'accord avec des autres discours.
25:27 Donc, je trouve que ce sont souvent des phrases que j'entends
25:31 et qu'on peut mettre peut-être en perspective.
25:33 En tout cas, Abdelaziz, je vous remercie,
25:35 puisque vous étiez pour la première.
25:36 J'espère que vous serez présent régulièrement sur notre antenne,
25:39 puisque les arguments qu'on peut échanger ensemble
25:43 nous permettent peut-être d'avancer sur ce sujet.
25:47 Et j'aimerais qu'on écoute François-Xavier Bellamy,
25:49 qui était ce matin au micro de Sonia Macbrook.
25:51 Toute la classe, d'ailleurs, politique a réagi.
25:54 Clémentine Autain, par exemple, de la France insoumise,
25:57 a dit "jusqu'où ira la police du vêtement ?
26:00 La proposition de M. Attal est anticonstitutionnelle,
26:03 contraire au principe fondateur de la laïcité,
26:05 symptomatique du rejet obsessionnel des musulmans",
26:08 a-t-elle écrit.
26:09 À peine rentrée, la Macronie tente déjà
26:12 de prendre le Rassemblement national par la droite.
26:14 C'était sur son compte Twitter.
26:15 On écoute M. Bellamy.
26:16 - Il était temps que le ministre de l'Éducation nationale
26:18 se saisisse de ce sujet,
26:20 ne serait-ce que pour venir en aide à tous les chefs d'établissement,
26:23 les proviseurs, les principaux, les professeurs aussi,
26:25 qui sont confrontés à ce défi permanent,
26:28 organisé contre les principes de notre pays ?
26:31 Je regrette que cela ait pris tant de temps,
26:33 je regrette qu'il ait fallu que, pendant des mois,
26:35 son prédécesseur Papendia et Tergivers,
26:37 s'est même expliqué d'une certaine façon
26:39 que ce n'était pas le rôle de l'État
26:41 que de rentrer dans ses considérations,
26:43 là où au contraire, le combat aujourd'hui est urgent,
26:46 pour sortir l'école de la pression sous laquelle elle est aujourd'hui.
26:49 - Vice-président des Républicains,
26:52 François-Xavier Bellamy, député européen,
26:54 il était ce matin au micro de Sonia Mabrouk.