• il y a 10 mois
Avec Hervé Machenaud, ancien directeur exécutif du groupe EDF, auteur de "La France dans le noir - C'est maintenant !" publié aux éditions Les Belles Lettres.

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News
Transcription
00:00 [Musique]
00:13 Sud Radio Bercov dans tous ses états.
00:16 [Musique]
00:18 La France dans le noir, c'est maintenant ?
00:21 Ben c'est un titre d'un livre, d'un auteur que nous sommes contents de recevoir,
00:27 Hervé Machenault, ancien directeur exécutif du groupe EDF, il y a passé 40 ans.
00:32 Alors en tout cas, nous on est dans le noir par rapport au tableau EDF,
00:36 où nous entendons depuis des mois, voire des années,
00:39 des informations contradictoires, des chiffres contradictoires,
00:43 et chacun selon qu'il est au gouvernement ou pas,
00:46 qu'il soit de droite ou de gauche, ça n'a changé absolument rien,
00:50 dit ce qu'il a à dire.
00:51 Donc peut-être qu'il ne serait pas mauvais que l'on demande à quelqu'un
00:55 qui justement est un homme de l'art, je veux dire, il a été sur le métier,
00:58 il a 100 fois remis son ouvrage sur le métier,
01:00 de nous dire vraiment ce qui s'est passé et ce qui se passe.
01:04 [Musique]
01:12 Le dessin, tous les soirs du malhume, fait moins l'électricité,
01:15 oui, quand c'est en amour, quand c'est dans la passion, c'est très bien,
01:19 mais quand c'est dans l'intermittence, dans la concurrence,
01:24 et autre, c'est peut-être plus problématique.
01:28 Hervé Machenault, bonjour.
01:29 Bonjour.
01:30 Donc, je le rappelle, vous me le disiez hors antenne,
01:34 avant qu'on commence l'émission, vous avez été une vingtaine d'années en Chine,
01:37 vous occupez l'EDF, alors, on se réveille, aujourd'hui,
01:40 par rapport à vos années passées à l'EDF, etc.,
01:46 on voudrait comprendre l'EDF, pour nous, l'image d'Epinal,
01:51 nous avions, avec le nucléaire, avec le reste,
01:53 nous avions une EDF très puissante, nous étions exportateurs, etc.,
01:57 et aujourd'hui, nous sommes devenus importateurs,
01:59 et puis, on parle des prix, les prix étaient les plus bas,
02:02 et puis, ils sont devenus ce qu'ils sont devenus,
02:06 Bruno Le Maire, moins de 10% d'électricité, ça veut dire 9,5%, etc.
02:11 Qu'est-ce qui s'est passé, qu'est-ce qui se passe exactement ?
02:13 Je voudrais que vous nous fassiez un peu un tableau.
02:17 C'est une très longue et très belle histoire, en tout cas, la partie ancienne.
02:21 EDF a construit un parc hydraulique,
02:24 et récupéré le parc hydraulique qui existait déjà,
02:27 a complété ce parc hydraulique et a construit un parc nucléaire,
02:31 ce qui fait que, je dirais, à partir de 1990,
02:37 EDF a la capacité de produire à peu près 100% des besoins en électricité de la France,
02:46 à un prix qui, du fait de l'amortissement progressif des barrages et du nucléaire,
02:52 n'a fait que baisser en francs constants.
02:54 - Ah oui, il y avait le barrage et le nucléaire, les deux mêmes...
02:58 - Alors, effectivement, pour compléter ce qui est indispensable,
03:01 il y avait des moyens dits thermiques, la flamme, charbon et gaz,
03:08 qui, pour passer la pointe, très peu utilisés, entre 5 et 10%,
03:14 et seulement pendant les pointes.
03:16 Ce qui s'est passé, c'est deux choses.
03:18 D'abord, l'ensemble de l'Europe a fermé une grande partie des moyens,
03:22 et la France, presque tous ses moyens thermiques à charbon.
03:26 Ce qui fait qu'on n'avait plus les moyens de couvrir la pointe.
03:30 - Mais c'était la pointe, ça ?
03:31 - Ça, c'était pour la pointe.
03:32 Mais le problème, c'est que l'électricité ne se stockant pas,
03:36 il faut avoir, le jour de la pointe, des moyens pilotables,
03:41 c'est-à-dire non-intermittents et non-aléatoires, pour couvrir la pointe.
03:45 C'est ce qui fait le dimensionnement des parcs de production.
03:48 Donc nucléaire, 85%, à l'époque,
03:51 hydraulique, 80%, hydraulique, 15%,
03:55 et 5% de thermique pour la pointe.
03:57 - C'est ça.
03:58 - Ce qui s'est passé, c'est que,
04:01 pour se raccorder à une certaine vision de l'environnement européen,
04:09 EDF a décidé de rentrer ce qui n'était pas du tout prévu
04:12 par les...
04:16 - Les responsables ?
04:18 - Non, non, mais ce qui n'était pas du tout prévu par les accords...
04:22 - Européens ?
04:23 - Européens, de rentrer dans un marché de l'électricité,
04:27 qui fixait un certain nombre d'obligations,
04:29 et en particulier le choix pour tous les clients de choisir son fournisseur.
04:34 - Alors, je vous arrête là, M. Bachnou,
04:36 qui a décidé de rentrer dans le marché de la concurrence ?
04:40 Enfin, qui ? Je ne prône pas un nom, mais...
04:41 - C'était...
04:43 Je ne peux pas dire exactement la date,
04:45 mais c'était entre Mitterrand et Chirac.
04:47 C'est l'époque, c'est les années...
04:49 - C'est les années 86-88.
04:52 - 90.
04:53 - 90, oui, c'est ça. Mitterrand-Chirac.
04:55 Mais, c'est-à-dire que, on s'est dit,
04:58 non mais, je voudrais comprendre, le technicien que vous êtes,
05:02 qu'est-ce qui fait pourquoi on avait besoin de concurrence ?
05:04 - On n'avait pas besoin de concurrence.
05:06 L'Europe nous imposait une certaine vision de la concurrence,
05:09 et on n'a pas voulu déplaire à l'Europe.
05:11 On s'est dit, l'Allemagne, c'est le modèle,
05:14 c'est notre...
05:18 le membre de notre couple, le fameux couple Franco-Allemand,
05:21 et donc, c'est eux qui sont le modèle,
05:24 ils construisent beaucoup de renouvelables...
05:26 - On va faire plaisir à mon conjoint, quoi.
05:28 - Exact, à mon futur conjoint, qui en fait ne sera jamais mon conjoint, mais bon.
05:32 Et donc, on a décidé de rentrer dans ce marché,
05:36 et du coup, on s'est aperçu que les clients,
05:40 ils étaient clients d'EDF,
05:41 puisqu'EDF a la capacité de fournir l'ensemble des besoins de la France.
05:46 - Donc, elle avait le monopole, et on a divisé ce monopole.
05:48 - Exactement.
05:49 Et donc, on n'a pas divisé le monopole,
05:51 on l'a effectivement découpé entre transport, machin, etc.,
05:55 ce qui était effectivement une perte de valeur considérable,
05:59 mais le plus grave, c'est que la France a décidé
06:04 de maintenir ce qu'on appelle des tarifs régulés,
06:06 au motif, soi-disant, de protéger les consommateurs français,
06:10 qui devaient bénéficier de l'électricité pas chère,
06:13 produite par le nucléaire et l'hydraulique français.
06:16 Or, les tarifs régulés, c'est contraire aux règles de la concurrence de l'Europe.
06:21 Et donc, pour maintenir, pour avoir l'autorisation de maintenir ces tarifs régulés,
06:26 la France a inventé un truc, qui s'appelle la loi Nome et la Rennes,
06:30 pour créer une soi-disant concurrence à EDF.
06:34 Concurrence totalement artificielle et ruineuse. Pourquoi ?
06:39 Parce qu'EDF est obligé de vendre, à un prix bradé,
06:43 en dessous de son coût de production économique,
06:47 le quart et maintenant le tiers de sa production
06:50 à des gens qui étaient censés devenir des concurrents,
06:55 mais qui en fait n'ont jamais produit un mégawatt,
06:59 et sont devenus des concurrents sur la vente.
07:03 Alors qu'est-ce qu'ils font ? Ce sont des traders, ils sont derrière un ordinateur,
07:06 ils achètent à un prix bradé l'électricité d'EDF,
07:09 et le reste sur un marché d'électricité européen,
07:14 qui a été très bas jusqu'à l'été 2021.
07:20 Et donc, dans ces conditions-là, ils faisaient des offres inférieures
07:26 aux prêts de revient d'EDF, et donc aux offres d'EDF.
07:28 Donc, c'est déjà une perte sèche pour EDF.
07:31 EDF a perdu un million de clients par an pendant plusieurs années,
07:35 grâce au déploiement de ces, ce que moi j'appelle des parasites,
07:40 de ces fournisseurs alternatifs,
07:43 qui ont pompé le sang d'EDF pendant toutes ces années.
07:48 Donc, M. Bachelot, si je comprends bien, vous aviez des gens derrière l'ordinateur,
07:50 des bons traders, comme si c'était de la finance,
07:53 comme si on vous jouait sur les subprimes et autres,
07:56 et qui, eux, se contentaient de dire "voilà, on achète ça à temps,
07:59 et puis on le revend", et eux faisaient du fric là-dessus.
08:02 Exactement, énormément.
08:04 Et donc, ce qui s'est passé, c'est qu'en octobre 2021,
08:08 les prix du gaz montent.
08:10 Et donc, ces gens-là...
08:12 Avant la guerre de l'Ukraine.
08:13 Avant la guerre de l'Ukraine.
08:15 Ces gens-là, septembre même, septembre 2021.
08:18 Et comme il n'y a plus beaucoup de moyens de production,
08:22 comme je disais, de pointe thermique,
08:25 le prix du gaz flambe,
08:27 et donc les traders en question, les fournisseurs alternatifs,
08:31 n'ont plus d'offres compétitives vis-à-vis d'EDF.
08:34 Et donc, ils disent "ah mais au secours,
08:38 il nous faut beaucoup plus d'arène".
08:39 Et donc, ils demandent davantage d'arène.
08:42 Ils demandent davantage d'arène,
08:44 et ils se trouvent...
08:45 Donc de concurrence, enfin, c'est ça.
08:47 Ils demandent davantage d'électricité fournie par EDF à un prix bradé.
08:51 Mais il se trouve qu'il y a encore une perversion supplémentaire,
08:54 c'est que la réglementation de la CREUC,
08:57 la Commission de Régulation de l'Électricité,
09:01 a une règle suivant laquelle le prix défini pour les tarifs régulés
09:06 sont le résultat d'un calcul
09:08 qui est 75% du prix de l'arène
09:13 et 25% du prix spot de marché,
09:17 mais si la demande d'arène est inférieure à 100 TWh.
09:23 Mais si la demande d'arène dépasse 100 TWh,
09:26 la part d'arène dans le prix,
09:28 le calcul des TRV diminue.
09:31 Et donc en décembre 2021,
09:35 la demande d'arène est de 160 TWh
09:39 parce qu'effectivement ils ont besoin d'électricité à bon marché
09:42 pour pouvoir continuer à faire concurrence à EDF,
09:45 donc on va pomper EDF.
09:47 Et donc la demande d'arène monte à 160 €.
09:52 Donc le calcul résultant de la CREUC,
09:54 c'est que les tarifs régulés
09:58 sont 40% d'arène
10:00 et 60% du prix de marché
10:03 qui est monté à des niveaux astronomiques.
10:05 D'où une augmentation théorique
10:07 résultant de ce calcul
10:09 de 50% au 2 février 2022,
10:14 c'est-à-dire avant la guerre d'Ukraine.
10:15 - D'accord.
10:16 Alors, en prenant un prix comme ça,
10:21 est-ce qu'on peut, juste pour illustrer ce que vous venez de dire,
10:23 parce que c'est passionnant,
10:24 c'est une arnaque quand même hallucinante.
10:26 - C'est une vraie arnaque.
10:28 - Une arnaque complète.
10:28 - Total.
10:29 Mais par exemple,
10:30 pour bien comprendre Hervé Machinot,
10:34 si par exemple moi,
10:36 j'achète, enfin moi, consommateur, etc.,
10:39 l'électricité par exemple, mettons sur 100 €,
10:42 comment ça se passe ?
10:43 Si je veux découper ce que vous venez de me dire.
10:46 C'est-à-dire au fond,
10:47 l'arène aujourd'hui,
10:49 l'EDF est tenue de donner combien à ses concurrents ?
10:53 - C'était 100 TWh
10:55 jusqu'en décembre 2021,
11:00 sachant que l'EDF produisait à cette époque-là
11:03 à peu près 400 TWh,
11:05 et donc c'était le quart de sa production,
11:07 à un prix de 42 €,
11:08 alors que la Cour des comptes avait dit à ce moment-là
11:11 que le coût économique pour l'EDF
11:13 était entre 60 et 65 € le MWh.
11:16 - Donc, oui, c'est-à-dire qu'il vendait 20 € de moins que son coût.
11:21 - Pas que le coût de production pure.
11:24 - Mais que le coût économique d'une entreprise qui fonctionne.
11:28 - Et alors les autres revendaient à combien ?
11:30 - Les autres vendaient,
11:32 suivant le prix qu'ils vendaient,
11:35 autour de 40 €,
11:37 ça dépendait des périodes puisque c'était des contrats.
11:42 Mais comme le prix de marché du spot était inférieur,
11:47 était très bas,
11:48 grâce aux énergies renouvelables intermittentes,
11:51 et donc ils s'alimentaient à des prix
11:54 qui étaient en dessous des prix de vente d'EDF.
11:59 - D'EDF.
12:00 Mais alors d'où venait...
12:01 On a parlé un moment donné des 300 ou 304 € le TWh,
12:05 enfin, on parlait de quelque chose qui se vendait à 42 €
12:09 et qui s'achetait beaucoup plus cher.
12:13 - Oui, mais parce que 42 €, c'est le prix de l'arène.
12:17 - J'ai compris.
12:18 - Mais ils ne pouvaient pas fournir tous leurs clients
12:21 avec simplement ce qu'ils avaient sur l'arène.
12:24 Et donc le reste, ils l'achetaient sur le marché.
12:26 - D'accord.
12:26 - Et quand le marché était à 30 ou 35,
12:30 ils faisaient des offres inférieures à EDF.
12:34 Quand le marché est monté à 300 ou 350,
12:38 ils se sont dit, tout d'un coup, ils se sont trouvés en faillite,
12:40 ils ont demandé plus d'arène.
12:41 Mais qu'est-ce qui s'est passé ?
12:42 Très intéressant, c'est que la loi,
12:44 la fameuse loi NOM de 2010,
12:46 prévoit que ces fournisseurs alternatifs,
12:49 il faut quand même les protéger
12:50 et que par conséquent,
12:52 s'ils ne sont plus capables de fournir leurs clients,
12:55 les clients ont le droit de retourner chez EDF.
12:58 - Ah oui, d'accord.
12:59 - Alors, ce qui s'est passé,
13:00 et c'est ça, je pense qu'il faut...
13:02 Ce qui s'est passé...
13:03 - Il faut expliquer bien, oui.
13:04 - Ce qui s'est passé, c'est que
13:07 à ce moment-là, donc 2022-2023,
13:09 il y a un million de clients qui sont revenus chez EDF.
13:14 - D'accord.
13:15 - Mais EDF continuait de vendre 120 TWh au prix de l'arène.
13:22 Et donc, il n'y avait pas l'électricité.
13:24 Et il y avait des contrats par ailleurs.
13:26 Donc, il n'y avait pas l'électricité.
13:28 - Il n'avait pas de quoi fournir les un million de clients.
13:30 - Les un million de clients.
13:31 Ce qui fait que EDF est obligé d'aller acheter sur le marché
13:35 pour alimenter les nouveaux clients qui lui reviennent.
13:40 - Et le marché était à combien à ce moment-là ?
13:41 - C'était très variable.
13:42 Il est monté jusqu'à 1000 en décembre.
13:46 Et puis il est redescendu.
13:48 Et puis maintenant, il est à 75.
13:50 Et donc, c'est très variable.
13:54 - Mais il y a eu un moment donné où ils vendaient 42
13:57 et puis ils achetaient 1000.
13:58 - Ou en tout cas 300.
14:00 - Oui.
14:02 - Alors qu'EDF, encore une fois, produit la quasi-totalité
14:06 du besoin français à un prix qui est fixe depuis 60 ans.
14:10 - Attendez, si ça s'était passé dans une entreprise privée
14:14 ou qu'elle appelle, on les aurait fusillés sur place.
14:16 - Bien sûr.
14:17 - Comment ?
14:18 Donc il y a eu pendant je ne sais pas combien d'années
14:22 des fournisseurs alternatifs qui ne servaient à rien
14:25 et qui simplement faisaient monter les prix.
14:27 - Ça continue, mais c'était la concession faite à l'Europe.
14:31 Or, il suffirait que la France dit...
14:34 Remarquez que les tarifs réguliers ne protègent plus personne
14:36 puisqu'on a doublé le prix par rapport à 2008.
14:41 Donc on ne les a pas beaucoup protégés, les consommateurs français.
14:45 Et donc il suffirait de supprimer les tarifs réguliers.
14:50 Si on supprime les tarifs réguliers, la reine tombe d'office.
14:55 Et si la reine tombe d'office, EDF peut fournir
14:59 à ses clients français son prix de production.
15:04 - Alors, très intéressant et vrai, Machinod.
15:06 Est-ce qu'aujourd'hui, la France, où elle est obligée de passer par l'Europe,
15:09 peut supprimer les tarifs réguliers ?
15:11 - Il suffit qu'elle le décide.
15:12 - L'État français peut le décider ?
15:14 - L'État français peut le décider.
15:16 - Ouais. Et pourquoi il ne le fait pas ?
15:17 - Ah ben, il faut lui demander à lui.
15:20 - Ah ben, c'est hallucinant cette histoire.
15:22 C'est-à-dire que d'un côté, vous parlez des tarifs réguliers,
15:25 où donc l'État français, la France, a les moyens, effectivement.
15:29 D'ailleurs, si nous avons des auditeurs, là, je le dis, 0 800 26 300 300,
15:35 je serais ravi qu'ils interviennent, parce que je suis sûr que ça les concerne.
15:39 Deux choses, quand même, dans ce que vous dites,
15:40 et c'est passionnant, enfin, passionnant et attristant aussi,
15:45 c'est que d'un côté, donc, on a créé des alternatifs,
15:49 mais qui ne servent qu'à trader, quoi,
15:51 qui n'ont produit rien du tout, puisque EDF avait produit tout.
15:55 - J'ajoute même qu'au moment où cette proposition de loi a été présentée,
16:01 la direction de la concurrence en France et la direction de la concurrence en Europe
16:05 ont dit "mais attendez, ça n'a de sens que si c'est pour créer une concurrence à la production".
16:10 - Oui.
16:11 - Et on a dit "ben oui, ils vont devenir producteurs".
16:14 Mais c'était il y a 10 ans, ils ne sont toujours pas producteurs.
16:18 Et ils n'ont vraiment pas l'intention de le devenir.
16:20 Mais d'ailleurs, comment deviendraient-ils producteurs pour faire concurrence à EDF,
16:24 dont les coûts de production sont parmi les plus faibles d'Europe ?
16:27 - Oui, en plus, entre l'hydraulique et le nucléaire, c'est ce que vous dites.
16:31 Donc aujourd'hui, on a une situation, je ne sais pas,
16:35 moi c'est presque, j'allais dire à la Madoff.
16:37 C'est complètement...
16:39 Je vous écoute et je vous dis "mais le bon sens, c'est quoi ?"
16:43 C'est complètement ahurissant, ce n'est même pas une arnaque,
16:48 je ne sais pas, c'est une construction, c'est un kit, c'est un mécano.
16:50 - C'est une construction qui conduit à l'enrichissement sans cause de plein de gens,
16:57 fort enrichissement de plein de gens,
16:58 et qui, de mon point de vue, est lié à une incompréhension
17:02 de ce que devrait être la construction de l'Europe.
17:05 Au motif de participer à une certaine idée de la construction de l'Europe qu'on se fait,
17:11 on a sacrifié, et on continue de sacrifier,
17:14 la souveraineté dans le domaine énergétique de la France.
17:19 - Bien sûr, oui, on l'abrade !
17:22 - On l'abrade.
17:23 - Soyons clairs.
17:25 - Et de ce point de vue, vous diriez qu'il faudrait commencer par enlever les tarifs réguliers ?
17:31 - Il suffirait, parce que du point de vue juridique,
17:35 on s'est engagé vis-à-vis de l'Europe à mettre en place l'AREN
17:42 pour compenser la demande dérogatoire d'avoir des tarifs réguliers.
17:45 Donc si on supprime les tarifs réguliers, la demande dérogatoire tombe et l'AREN tombe.
17:50 - Oui, écoutez, transmettons au prince qui nous gouverne,
17:55 parce qu'il y en a certains qui nous écoutent,
17:57 c'est quand même assez hallucinant, cela.
18:00 On ne comprend pas, d'ailleurs on va continuer à en parler avec vous,
18:03 quelques minutes après cette petite pause.
18:07 Hervé Machenaud, c'est très intéressant,
18:10 quand on quitte le domaine du réel pour passer dans le fantasme.
18:13 Et quel fantasme !
18:14 - Et puis vous aurez la parole 0826 300 300 pour réagir,
18:17 pour poser toutes vos questions.
18:19 On vous attend au standard, ne bougez pas, on revient dans un instant.
18:22 - Allez !
18:24 Sud Radio Bercov dans tous ses états, midi 14h.
18:28 André Bercov.
18:30 - Ici Sud Radio,
18:32 les français parlent au français.
18:36 Je n'aime pas la blanquette de veau.
18:40 Je n'aime pas la blanquette de veau.
18:43 Sud Radio Bercov dans tous ses états.
18:45 - Et nous sommes toujours et plus que jamais avec Hervé Machenaud,
18:48 ancien directeur exécutif du groupe EDF, pendant 40 ans en tout cas.
18:51 Il était dans la boîte,
18:54 et on parle de cette, je ne sais pas si il faut dire,
18:56 grande arnaque, grande braderie, tout va disparaître,
18:58 de ce qui s'est passé, qui quand même,
19:00 sera un jour dans les manuels d'histoire, au même titre que Bernard Madoff.
19:04 Mais je crois que nous avons des holites.
19:05 - Ça fait réagir André, puisque Pierre nous appelle au 0826 300 300.
19:09 Pierre qui nous appelle depuis Paris. Bonjour Pierre.
19:11 - Oui bonjour Pierre.
19:12 - Alors je l'ai ménagé de Paris, maintenant je suis à Thens, en Haute-Loire.
19:16 - Mais très bien.
19:17 - C'est pas grave. Donc j'ai été banquier pendant longtemps d'EDF,
19:19 donc je connais un peu les comptes,
19:21 et moi j'aimerais qu'on ne parle pas d'arnaque, mais d'escroquerie.
19:25 C'est une escroquerie, dont EDF et les Français sont victimes,
19:29 comme pourrait le dire votre intervenant.
19:31 Mais s'il y a des perdants, il y a des gagnants dans l'histoire.
19:35 Et les gagnants, c'est DirectEnergie, c'est les fournisseurs alternatifs,
19:39 qui sont allés en bourse, dont les actionnaires se sont très bien gavés,
19:44 et les banques d'affaires.
19:45 Mais le tout sous l'arrangement, le back-office et la tenue d'écriture
19:53 des énarques et des administrations.
19:57 Parce que tout s'est fait au bon jour, comme le dit votre intervenant.
20:00 Ça veut dire que ce n'était pas caché du tout.
20:02 Alors bien que je sois libéral, bien que je sois un libéral,
20:06 mais il y a des perdants et il y a des gagnants.
20:08 Donc il faudrait parler aussi des gagnants dans votre...
20:11 Oui, il faut gagner des gagnants, mais les gagnants, ce n'est pas les peuples.
20:17 Ce n'est pas le consommateur.
20:19 Il n'y a pas que des perdants. Là, on évoque les pertes de l'EF,
20:21 on évoque les pertes des Français, des consommateurs,
20:24 mais on n'évoque pas les gagnants.
20:25 Et donc, c'est une escroquerie.
20:26 Moi, je considère que c'est une escroquerie.
20:28 D'accord. Ok, Pierre.
20:30 Rien à ajouter, je pense, Hervé Macheteau.
20:33 Je crois que vous êtes d'accord.
20:34 Je suis d'accord sur la terminologie.
20:36 Merci, Pierre. On accueille Dust, qui nous appelle depuis Héran.
20:39 Bonjour, Dust.
20:41 Bonjour. Bonjour, André.
20:43 Bonjour à toute l'équipe et à votre invité.
20:45 Tout ce qu'il dit, ce qui est bien, c'est que ça me rafraîchit bien la mémoire,
20:49 parce qu'en fait, quelque part, on est au courant de tout ça.
20:53 Mais ça prend bien forme.
20:55 Et alors, moi, je voudrais parler un peu du côté consommation,
20:57 parce que si cette escroquerie a été possible,
21:01 c'est que nous, consommateurs, on est ultra-addicts aux prix bas.
21:05 Et en fait, qu'est-ce qui a changé aussi entre les années 70 et nos jours ?
21:09 C'est qu'on a perdu notre capacité à défendre nos salaires.
21:13 On se retrouve... Notre seul moyen de levier, maintenant,
21:17 c'est d'aller au moins cher.
21:19 Et ça, ça permet, effectivement, au libéralisme de faire sans beurre.
21:25 Oui, on l'a vu sur les agriculteurs.
21:27 Mais là, il ne s'agit pas d'aller au moins cher.
21:29 Là, c'est vraiment quelque chose de très, très, très organisé, Hervé Macheteau.
21:33 Oui. En fait, l'électricité, c'est un peu le sang de l'économie
21:38 et de la vie quotidienne.
21:40 Et donc, on avait réussi...
21:42 L'économie, c'est l'énergie transformée, il faut le rappeler.
21:45 Bien sûr. Et donc, on avait réussi à construire un parc de production
21:49 qui permettait d'avoir un coût pratiquement décroissant dans le temps.
21:53 Et tout d'un coup, le prix est multiplié par deux.
21:58 Et donc, les consommateurs, ils n'en demandent pas tant.
22:02 Oui. C'est vraiment une... Encore une fois, arnaque ou escroquerie,
22:08 pour moi, c'est la même chose.
22:10 Direction la Méditerranée, André, puisque c'est Laurent qui nous appelle depuis Montpellier.
22:14 Bonjour, Laurent.
22:15 Bonjour, Laurent.
22:16 Bonjour, André. Bonjour à tous les auditeurs. Bonjour à tous.
22:19 Je voulais intervenir pour savoir si la loi NOM,
22:23 la Nouvelle Organisation du Marché de l'Électricité,
22:26 sera reconduite après 2025, puisqu'elle doit s'arrêter en 2025.
22:31 Et donc, l'AREN, l'accès régulier à l'électricité nucléaire historique,
22:35 est-ce qu'on va en manger encore de cette escroquerie en bande organisée
22:39 qui, ma foi, vient surtout des Allemands,
22:42 qui avaient une électricité assez chère, deux fois le prix de la nôtre.
22:46 Et à cause de leur renouvelable, pour l'anecdote,
22:50 ont deux systèmes électriques en parallèle, dont un leur suffirait.
22:54 Et donc, est-ce qu'on va devoir s'aligner sur ce marché à nouveau,
22:58 et encore et encore, voilà, j'aurais aimé savoir ce que votre avis est.
23:03 Très bien, Laurent. Hervé Machnaud, est-ce que la loi NOM...
23:06 En principe, l'AREN se termine en décembre 2025.
23:10 Moi, je pose la question, pourquoi est-ce qu'on ne l'arrête pas aujourd'hui ?
23:14 Et d'ailleurs, je la pose depuis maintenant 8 ans,
23:16 lorsque j'ai écrit la première version de mon livre "La France en loi".
23:21 Et donc, je ne comprends pas. Mais en tout cas, en principe...
23:25 Oui, parce qu'on pourrait, encore une fois, je répète, parce que c'est important,
23:28 attention tout le monde, on pourrait l'arrêter aujourd'hui.
23:30 La France, dont on dit qu'elle ne peut plus rien faire,
23:32 sans demander l'avis de Madame Oursoul à Van der Leyen,
23:35 peut, aujourd'hui, arrêter cela.
23:37 Absolument.
23:38 Alors, on parle.
23:39 Oui.
23:40 Et ceci, il y a deux analyses juridiques qui ont été faites par des avocats
23:44 près de la commission de Bruxelles, qui ont confirmé
23:47 qu'il suffit d'arrêter l'ETRV, et ça c'est une décision qui est propre à la France,
23:52 pour que l'AREN tombe de fait.
23:54 Et donc, pourquoi on ne le fait pas ? C'est une question.
23:57 En tout cas, pourquoi on le fait ?
23:59 À qui profite le fait qu'on ne le fait pas ?
24:01 C'est sûr que ça profite aux fournisseurs alternatifs.
24:03 Oui, les gagnants.
24:04 Voilà.
24:05 En principe, j'ajoute d'ailleurs que dans les gagnants,
24:09 parce qu'il faut les citer tous,
24:11 il y a, évidemment, les gens qui produisent du gaz.
24:15 Parce que derrière les énergies renouvelables,
24:18 comme dirait M. Pouyanné lui-même,
24:21 derrière chaque éolienne, il y a du gaz.
24:23 Oui, c'est vrai.
24:24 Surtout que les énergies renouvelables, chacun sait,
24:26 ce sont les intermittents du spectacle.
24:28 Oui, surtout quand on en a besoin.
24:30 Mais donc, effectivement, ça va s'arrêter en 2025.
24:33 Et il y a un début d'accord qui va permettre à EDF
24:36 de vendre son électricité, c'est un des contrats à long terme,
24:39 à des prix fixés par lui.
24:41 Mais, on garde l'idée que EDF va devoir vendre,
24:47 et c'est ce qui est en discussion aujourd'hui,
24:49 les choses ne sont pas encore assez précises,
24:51 à ces fameux fournisseurs alternatifs,
24:54 parce qu'il faut, pour que la concurrence continue d'exister,
24:57 qu'eux puissent continuer d'exister.
24:59 Oui, c'est ça, la concurrence doit exister.
25:01 "The show must go on", comme disent les américains.
25:03 Je crois que nous avons un auditeur.
25:05 Oui, on a un auditeur, on parle d'électricité,
25:07 et il y a Claude qui nous appelle depuis Carmont, région où il y a eu
25:09 beaucoup de charbon, à Carmont-d'Antarne.
25:11 Bonjour Claude.
25:12 Bonjour, oui, bonjour.
25:15 Juste pour, disons, aller à le sas d'Antoine Terbenin.
25:19 Il faut se rappeler du traité de Maastricht,
25:21 dans lequel tout était écrit,
25:23 et notamment dans la création de grands réseaux trans-européens,
25:26 au niveau de l'énergie, des télécommunications,
25:29 et de la banque.
25:31 Quand les gens ont voté oui à Maastricht,
25:33 ils ont voté pour tout ce qui nous arrive aujourd'hui.
25:36 Vous êtes d'accord, Hermé Majnot ?
25:38 Assez d'accord, sauf que les traités européens
25:43 laissent au pays leur souveraineté
25:48 en matière de mix énergétique.
25:50 Mix énergétique, oui.
25:52 Donc on peut choisir de construire ce qu'on veut
25:55 pour produire l'électricité qu'on veut.
25:58 Et en fait, et la France a choisi peut-être,
26:01 quand même de ce point de vue là,
26:03 on a choisi quoi ? On s'est tiré une balle dans le pied ?
26:07 On a, je dirais, laissé péricliter le nucléaire,
26:12 progressivement, en fermant...
26:14 Dessalem ?
26:16 En fermant Crémalville d'abord,
26:18 et puis Fessenheim récemment,
26:23 et en disant...
26:25 Maastricht, on ne fait pas Astride.
26:27 Et l'idéal c'est évidemment de faire comme les Allemands,
26:30 et donc on va fermer 14 réacteurs nucléaires en France.
26:34 Donc je veux dire, on est parti dans un délire
26:37 qui aujourd'hui, heureusement,
26:39 semble devoir être corrigé.
26:41 On essaie de se rattraper aujourd'hui,
26:43 mais peut-être on a pris un peu de retard.
26:45 Je pense qu'on a compris quand même.
26:47 Je pense qu'il y a un vrai changement de vision
26:50 et de mentalité, en tout cas dans la population,
26:53 et donc dans les politiques.
26:56 Moi, il y a 5 ans, je ne rencontrais que des gens
26:59 qui étaient contre le nucléaire et pour les éoliennes,
27:01 et maintenant, je ne rencontre que des gens
27:03 qui sont pour le nucléaire, et encore quelques-uns...
27:05 Vous voyez que la grâce existe, la conversion existe.
27:08 Oui, mais enfin, elle existe quand le prix de l'électricité
27:10 est multiplié par 2.
27:11 Oui, c'est ça, oui. On aurait pu s'en douter plus tôt.
27:14 Merci Hervé Machenaud.
27:15 Merci à vous.
27:16 Merci d'avoir été avec nous.
27:17 On marque une courte pause sur Sud Radio.
27:19 On se retrouve après les infos de 13h
27:21 pour les pairs Léhu et Les Bravoureaux d'André Percoff
27:23 et bien sûr, le face-à-face.
27:24 A tout de suite sur Sud Radio.
27:26 Des berges du Rhône à la Maison des Canuts.
27:28 Du Théâtre des Célestins à la Basilique de Notre-Dame de Fourvière.
27:31 Du Musée Lumière au Quartier Saint-Jean.
27:33 Sud Radio rayonne désormais à Lyon et Le Grand Lyon sur 105.8.
27:37 Connectez-vous aussi avec l'appli Sud Radio et parlons vrai.

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