• il y a 10 mois
Mardi 6 février 2024, SMART TECH reçoit David Lacombled (Président, La villa Numeris) , Fanny Forgeau (directrice générale, Yogosha) , Sarah Rolland (country manager France, Appsflyer) et Jérôme Bouteiller (Fondateur, EcranMobile)

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00:00 [Générique]
00:08 Bonjour à tous. Les concessions d'Apple sur son App Store ou encore les restrictions que va imposer Google en matière de traçage publicitaire,
00:15 c'est en train de bouger profondément dans le domaine de l'App Economy. Ce sera le Big Bang dont on va parler à la une de Smartech aujourd'hui.
00:24 Et puis on aura une chronique sur l'intelligence artificielle en écho avec le discours de Gabriel Attal, le nouveau Premier ministre français.
00:32 Mais d'abord je vous propose le témoignage d'une femme modèle dans la cybersécurité. C'est tout de suite dans Smartech.
00:37 [Générique]
00:41 Mon invité est une femme modèle dans la cybersécurité, lauréate du Trophée européen de la femme cyber 2023, directrice générale de Yogocha.
00:50 Yogocha est une plateforme qui permet de détecter des vulnérabilités et puis surtout d'y remédier en faisant appel à une communauté de hackers.
00:58 Bonjour Fanny Forgeot.
00:59 Bonjour.
01:00 Merci beaucoup d'être avec nous. Félicitations pour vos prix récents puisque vous en avez quand même obtenu deux, c'est à signaler.
01:07 Alors je voulais parler un petit peu de votre parcours parce que ça nous permet d'adresser le sujet de la cybersécurité un peu différemment d'ordinaire.
01:13 Donc vous démarrez vous comme chercheur en sociologie dans la vie active et après le CNRS vous travaillez pour une entreprise qui est spécialisée dans l'écoute et l'analyse des réseaux sociaux.
01:23 Quelques années et expérience plus tard vous entrez dans la cybersécurité. Je trouve que c'est intéressant de nous expliquer quel est ce lien finalement entre la sociologie et la cybersécurité.
01:35 Merci de me recevoir, je suis ravie. Le lien il est déjà au niveau de l'approche de l'enquête, l'enquête sociologique, l'enquête de terrain, l'enquête statistique.
01:47 On retrouve ça dans l'univers des nouvelles technologies, la data science, c'est par cette porte là que je suis rentrée dans ma première startup.
01:56 Et puis ensuite la cybersécurité c'est aussi un travail d'enquête, d'observation, c'est le premier fil, le premier trait commun entre ces différentes activités.
02:04 D'enquête sur les moyens, les méthodes d'action des cybercriminels ?
02:10 Alors d'enquête et de fouilles de recherche pour identifier des failles, des vulnérabilités dans les systèmes informatiques, ça va être ça le nerf de la guerre dans notre activité aujourd'hui.
02:23 Mais comment est-ce que la sociologie entre en jeu sur cette enquête ?
02:27 C'est l'art d'observer, l'art d'analyser et c'est aussi finalement s'appuyer sur la partie sociale, de la science sociale et puis de l'humain.
02:45 Les hackers sont des êtres humains qui vont aller tenter de fragiliser volontairement des systèmes informatiques, des technologies pour identifier des failles, des fragilités avant que les criminels puissent les exploiter.
03:01 Et dans ces failles, il y a la faille humaine, il y a la gouvernance, l'organisation autour du système d'information ?
03:09 Oui, il y a la maladresse, les erreurs des humains qui laissent des mots de passe sur des post-it, effectivement l'humain est au cœur de la cyber.
03:16 Et ce qu'on appelle le social engineering, c'est en fait des pratiques de cybercriminels qui consistent à identifier justement des failles humaines.
03:25 A observer, tout à fait, à obtenir des mots de passe, des codes secrets. Et à analyser d'une certaine façon des informations qui peuvent glaner sur des individus, les recouper pour pouvoir ensuite les exploiter de manière criminelle.
03:39 Alors, je disais que vous aviez été honorée par deux prix lors de ces trophées européens de la femme cyber 2023 qui est organisé par le Cercle des femmes de la cybersécurité, le CERF6.
03:49 Une initiative qui est portée par sa fondatrice présidente Nassira Salvan. C'est un secteur encore très masculin ? Trop ?
03:58 Oui, les chiffres parlent pour eux. 14% de femmes seulement. Trop masculin, alors, parce que, et ça Nassira vous l'expliquera mieux que moi, les femmes ont toutes leurs places dans la cyber.
04:13 Les hommes ont tout intérêt à travailler avec des femmes. Les équipes mixtes sont beaucoup plus efficaces dans tous les métiers de la cybersécurité.
04:21 L'objectif du CERF6, c'est de promouvoir le leadership des femmes dans ce secteur. Donc, c'est les faire venir, sensibiliser le grand public, y compris les jeunes, dès le plus jeune âge, dans les collèges, dans les lycées.
04:33 Les faire venir pour leur expliquer qu'on a besoin d'elles. Aujourd'hui, il y a 15 000, rien qu'en France, 15 000 postes à pourvoir en cybersécurité. Donc, on va les chercher où ils se trouvent.
04:43 Et donc, le leadership de ces femmes, l'idée, ce n'est pas inciter les femmes à prendre le pouvoir. C'est apprendre du pouvoir.
04:51 Et l'association a 8 ans, je crois, aujourd'hui, 7 ou 8 ans. Et au-delà de ce travail de sensibilisation, elle met en place des programmes de mentorat.
05:03 Elle intervient au niveau national, mais aussi au niveau local pour toucher le plus de monde possible. Elle publie aussi des ouvrages, un podcast. Et elle est à l'origine de ce fameux projet.
05:14 - Alors, qu'est-ce que ça fait de travailler dans la cybersécurité, quand on est une femme ? - C'est très agréable.
05:19 - Parce que vous avez votre fille, je crois, qui était là à la remise de prix. - Oui, tout à fait.
05:22 - Est-ce que vous arrivez à lui donner envie de s'intéresser à ce secteur ? - Complètement. Et je me suis amusée dans le discours à lui montrer que la cyber, c'était...
05:31 On était très loin des clichés d'un univers qui n'est que masculin et qui est tout sauf glamour, parce que c'était une soirée qui était magnifique, tout le monde était super beau.
05:39 Il y avait des étoiles partout, c'était génial. Et donc je me suis adressée à elle pendant le discours en lui disant "tu vois, en fait, c'est pas si ringard que ça".
05:49 - Elle a quel âge ? - Elle a 16 ans. - Et donc, elle a pris une décision, déjà ?
05:52 - Alors non, elle est à un âge où elle peut se permettre de tout explorer, mais c'est vrai que je pense que ça lui ouvre les chakras. Et c'est le but du jeu, c'est aussi pour ça que je suis là aujourd'hui.
06:02 Bosser dans la cyber quand on est une femme, c'est pas du tout être victime d'une situation inégalitaire, parce que les femmes sont les bienvenues.
06:11 Et je trouve même que c'est un secteur assez bienveillant. Moi, je me sens, ça fait 5 ans que je suis dans la cyber, je me sens quand je fréquente des partenaires, des prospects, des concurrents, etc.
06:23 Je me sens parmi mes pairs et je pense qu'il y a une vraie sensibilité à cette cause. J'ai pas rencontré beaucoup d'opposants à cette cause de la diversité et de l'égalité hommes-femmes.
06:37 - Donc, vous nous dites que c'est un monde ouvert où les femmes sont les bienvenues ? - Exactement. Et donc, il ne tient qu'à elle, alors pas qu'à elle, bien sûr, parce qu'il y a quand même certains...
06:45 - Il y a le frein familial, éducatif aussi, mais on ne pense pas forcément aux jeunes filles pour les inciter vers ces filières. - C'est ça, oui. Il n'y a pas beaucoup de filles dans les écoles d'ingénieurs, on le sait.
06:55 Néanmoins, je pense que les filles, les femmes, ont besoin d'entendre que, déjà, elles n'ont pas forcément besoin d'être ingénieure pour venir. On a besoin d'ingénieurs, on a besoin d'experts techniques,
07:04 mais on peut aussi venir d'autres horizons, comme des sciences humaines, comme c'est mon cas. Et c'est un univers qui ouvre ses portes à de nombreux parcours. On peut se reconvertir dans la cyber aussi.
07:16 On n'est pas obligé de faire une école spécialisée dans la cyber. Et on gagne bien sa vie. On travaille pour des causes qui sont des causes au service de son pays, au service de la sécurité, au service de la chose publique.
07:34 C'est très valorisant. Et on travaille aussi avec des profils très inspirants. Je trouve que c'est un métier très valorisant. Enfin, moi, en tout cas, j'en suis extrêmement fière.
07:45 - Vous faites partie de ces profils inspirants. Merci beaucoup d'avoir été avec nous dans Smartech. Fanny Forgeau, directrice générale de Yogosha. Allez, on part s'intéresser au secteur du mobile, le mobile business. Et tout de suite.
08:02 - Je vous ai promis un sujet big bang à la une de Smartech aujourd'hui. C'est parti pour mobile business. Notre grand rendez-vous avec Jérôme Bouteiller. Bonjour, Jérôme.
08:10 - Bonjour, Nathalie. - Fondateur d'écranmobile.fr. Vous êtes venu accompagné de Sarah Roland. Bonjour, Sarah. Country manager France chez AppsFlyer.
08:19 Alors, ensemble, on va parler de ce marché des applications qui est en plein bouleversement. Il y a une actualité forte autour d'Apple en particulier, mais aussi de Google. On va voir ça.
08:29 Une app Économie, donc, qui est chamboulée, mais qui pèse combien, d'ailleurs ? C'est quoi, ce marché des applications aujourd'hui, Jérôme ?
08:36 - Alors, cette app Économie, c'est cette économie qui est née il y a une quinzaine d'années avec l'apparition des kiosques téléchargement d'applications chez Apple et chez Google.
08:44 Et en 15 ans, elle a beaucoup progressé, puisque selon le dernier calcul de Data AI, les revenus in-app représentent aujourd'hui 171 milliards de dollars.
08:55 Ça, c'est pour la partie téléchargement de contenu. On peut aussi y ajouter les revenus publicitaires. Et là, on parle de pratiquement 400 milliards supplémentaires.
09:03 Donc c'est très important. Personne ne fait le calcul, mais si on y ajoutait les revenus du commerce électronique réalisé in-app, on parlerait, selon moi, une fourchette entre 2 000 et 3 000 milliards de dollars.
09:13 Donc c'est une économie absolument gigantesque. - Effectivement. Et qui a été quand même longtemps dominée par les États-Unis, les acteurs américains,
09:23 mais qui se retrouve quand même un peu contrariée par l'arrivée d'applications très à succès du côté de la Chine.
09:31 - Exactement. Alors, effectivement, les Américains ont cité Apple et Google. On pourrait aussi citer le groupe Meta, qui, avec Facebook, WhatsApp, Instagram, a très longtemps dominé les classements.
09:42 Et aujourd'hui, effectivement, les applications chinoises montent en puissance. Alors la Chine, on va déjà le rappeler, c'est le premier marché au monde pour les applications.
09:51 C'est 110 milliards de téléchargements par an. C'est beaucoup plus qu'en Inde. 30 milliards aux États-Unis, 13 milliards au Brésil, 10 milliards. La France, par exemple, c'est à peine 2 milliards de téléchargements par an.
10:01 Mais sur notre marché domestique, par exemple, on voit aussi les Chinois devenir extrêmement puissants. Pour la première fois cette année, le numéro 1 des stores, c'était Temu, une application chinoise e-commerce.
10:11 Il y avait également TikTok, numéro 3, CapCut, numéro 4, Shane, numéro 5. WhatsApp est resté numéro 2. Mais c'est effectivement du jamais vu de voir 4 applications sur les 5 premières places du podium.
10:22 - Et alors des applications qu'on va pouvoir désormais charger sur des stores alternatifs, y compris quand on est sur iPhone.
10:29 - Oui, effectivement, les stores alternatifs, ça existait déjà sur Android. On peut citer Microsoft, Huawei, Samsung, qui avaient lancé ce type de store. Mais c'était pas possible sur iPhone.
10:39 Et d'ailleurs, Apple a très longtemps combattu cette pratique qu'on appelle le side loading. Mais en raison de la mise en œuvre d'un texte européen, le Digital Market Act, qui devrait rentrer en œuvre le mois prochain, au mois de mars,
10:51 Apple va avoir l'obligation d'ouvrir les téléchargements sur l'iPhone. Et ça va être effectivement une révolution avec ZapStore Alternatif iOS.
10:59 Les téléchargements alternatifs, c'est quand même significatif. Toujours selon Data.ai, c'est à peu près 20% des téléchargements dans le monde. Et c'est la pratique majoritaire sur le dynamique marché chinois.
11:09 - Alors il y a effectivement ce bouleversement du côté des stores alternatifs sous iOS. Mais il y a aussi une actualité du côté de Google qui bouge énormément le marché de la publicité. C'est la privacy sandbox.
11:21 - Oui, alors effectivement, la privacy sandbox, c'est une grosse dynamique. Alors sur le marché des applications, Apple a coulé beaucoup d'encre il y a quelques années avec AT&T, qui obligeait les annonceurs à obtenir un consentement avant de pouvoir réaliser une publicité ciblée.
11:35 Mais Google prévoit d'aller encore plus loin en supprimant tout simplement l'identifiant publicitaire au sein de cette privacy sandbox. Alors le déploiement a commencé sur le web.
11:44 C'est tout le débat autour de la fin des cookies tiers qui était l'identifiant de base sur le web. Mais il va également se décliner au sein des applications Android dans les tout prochains mois.
11:53 Et ça va être une véritable révolution. Les éditeurs d'applications qui avaient déjà eu à composer avec le RGPD il y a six ans vont devoir également prendre en compte cette nouvelle donne technologique et sans doute changer non seulement beaucoup d'outils à tech,
12:05 mais également des pratiques publicitaires en passant d'une logique de ciblage individuel à un ciblage plus de groupes d'individus.
12:11 Alors ces sujets, on va en parler évidemment avec Sarah, notre invitée. Avant, peut-être un petit focus aussi sur une autre tendance, c'est la télé connectée sur mobile.
12:19 Oui, effectivement.
12:20 Enfin sur mobile, via des applications.
12:22 La télé connectée en tout cas qui a un parallèle avec le téléphone mobile, puisque encore aujourd'hui, c'est un univers qui est clairement dominé par les opérateurs avec leur box.
12:32 Il y a une actualité chez Free récemment, tout comme les opérateurs dominaient l'Internet mobile il y a encore une quinzaine d'années.
12:38 Mais les télévisions connectées aujourd'hui, elles sont toutes commercialisées avec un système d'exploitation.
12:42 On peut citer Google TV qui est dérivé d'Android, WebOS chez LG, Tinzen chez Samsung, TitanOS chez Philips.
12:50 Effectivement, les télés connectées vont commencer à ressembler à des super smartphones et beaucoup d'éditeurs d'applications sont en train de décliner leurs applications sur le téléviseur.
12:58 C'est un peu la nouvelle frontière. Pour vous donner juste des chiffres, par exemple pour YouTube, aux Etats-Unis, sur les 240 millions d'utilisateurs de YouTube,
13:04 il y en a déjà 130 millions qui regardent YouTube sur une application sur leur télévision connectée.
13:09 Et en France, on estime qu'à peu près un quart de l'audience de YouTube se fait déjà sur ces télés connectées.
13:14 Donc la CTV, ça fera probablement partie des grosses tendances des prochains mois en France.
13:18 Très intéressant à suivre, effectivement.
13:20 Alors, on va revenir sur ces tendances, donc je le dis avec notre invité Sarah Roland, Country Manager d'AppFlyer.
13:26 C'est une société dont le métier, c'est de mesurer les téléchargements des applications. C'est bien ça ?
13:32 Oui, c'est bien ça. AppFlyer, c'est un MMP, ce qu'on appelle un MMP dans notre jargon.
13:36 C'est un Mobile Measurement Partner, donc un partenaire de mesure mobile qui va accompagner les annonceurs qui ont des applications mobiles
13:44 à comprendre finalement d'où vient le trafic le plus performant, le trafic de qualité.
13:51 On va pouvoir accompagner cette compréhension aussi bien au niveau de l'installation, c'est-à-dire que quand l'application est téléchargée
13:57 mais aussi ouverte pour la première fois, et également lorsque l'utilisateur final va finalement procéder à des actions dans l'application.
14:05 Donc on ne va pas s'arrêter à une analyse uniquement du téléchargement, on va vraiment s'intéresser...
14:10 Sinon, on n'aurait pas besoin de vous, puisque le nom de téléchargement n'y a pas accès.
14:13 Tout à fait. Donc l'idée c'est vraiment de pouvoir analyser la qualité des campagnes via cette analyse-là et de savoir finalement
14:22 quels canaux, quels leviers sont plus performants. Est-ce que ce sont des canaux propres, est-ce que ce sont des canaux payants ?
14:28 Donc c'est notre mission d'accompagner l'ensemble des annonceurs.
14:31 Est-ce que ce side-loading dont on a parlé avec Jérôme va changer quelque chose dans votre métier ?
14:37 Est-ce que ça va compliquer peut-être même la tâche sur la mesure précise ?
14:41 Alors, le side-loading, c'est un terme qui sort maintenant, qui existe déjà depuis très longtemps sur Android,
14:48 puisqu'on a des stores qui coexistent à Google Play, notamment sur les marchés chinois,
14:55 sur lesquels on accompagne d'ailleurs de très grands annonceurs aujourd'hui chez AppsFlyer.
15:00 Donc on ne pense pas que ça va honnêtement compliquer la tâche.
15:05 Je pense qu'on est dans un environnement effectivement qui évolue, avec une technologie à laquelle on doit s'adapter.
15:12 Mais on est là pour ça et c'est vraiment notre cœur de métier.
15:15 Donc je suis pleinement confiante sur la poursuite de notre activité.
15:20 Est-ce que vous avez des infos ? Vous savez déjà qui va lancer des stores alternatifs en Europe ?
15:24 Alors, il n'y a rien d'officiel, mais cependant, sachant que si on regarde ce qui se passe en fait sur Android
15:33 et qu'on comprend un petit peu quels acteurs finalement sur Android ont déjà passé le pas, notamment en Chine,
15:39 on peut se dire que des Métas, par exemple des Microsoft, vont lancer ce qu'on appelle leur Marketplace,
15:46 donc leur propre store pour iOS.
15:50 Intéressant aussi.
15:52 Alors quand même, je voulais vous faire réagir à ce qu'a décidé Apple finalement,
15:57 parce qu'on dit qu'il se met en règle avec le Digital Market Act,
16:01 donc pour s'ouvrir davantage à la concurrence.
16:04 Mais enfin, elle y pose quelques conditions, puisqu'il va y avoir des commissions qui vont s'imposer
16:09 dans le cadre de ce téléchargement dans des stores alternatifs.
16:12 Je voulais avoir votre avis là-dessus.
16:14 Ça tient ça, vis-à-vis du règlement européen ?
16:18 Oui, clairement, je pense qu'Apple, comme l'a mentionné Jérôme,
16:23 a été à l'origine finalement d'un écosystème qui a permis une énorme opportunité,
16:30 par exemple création de richesses, notamment auprès des développeurs d'applications et des marques.
16:34 Ça a permis aux marques de toucher des milliards d'individus.
16:39 Donc ça me semble tout à fait légitime finalement qu'Apple décline une proposition.
16:46 Y compris quand ça ne se passe pas sur son store, y compris sur des téléchargements gratuits ?
16:51 Après, effectivement, on peut se demander, est-ce que finalement, pour moi annonceur,
16:56 ça va être intéressant de décliner finalement mon application sur d'autres stores ?
17:02 Et là, ce que nous on essaye de faire chez AppStore, et ce qu'on a lancé il n'y a pas si longtemps que ça,
17:06 d'ailleurs cette semaine, c'est une sorte de calculateur qui va permettre aux annonceurs
17:10 de comprendre en fonction de leur volume d'installation et de leur business model également,
17:15 si oui ou non, ça va être intéressant pour eux de déployer leurs applications en dehors du store d'Apple.
17:22 Oui, parce qu'on entend quand même les critiques. Du côté de Spotify, ça fait longtemps qu'ils se plaignent de la situation.
17:28 Ils ne sont toujours pas contents de la proposition. C'est pareil pour Mozilla ?
17:34 C'est tout naturel. En même temps, on est dans un statu quo où on a une situation donnée.
17:40 Ensuite, on a une proposition d'Apple qui change un peu les règles, bien évidemment, de rémunération.
17:46 Encore une fois, ce matin, je discutais avec des gros annonceurs français qui me disaient
17:53 qu'on doit effectivement calculer et se demander si oui ou non, ça vaut la peine pour nous.
17:59 Je pense que ça représente quand même pour certains annonceurs une opportunité de pouvoir offrir
18:06 et mettre à la disposition d'un autre public, finalement, d'élargir leurs applications.
18:11 Tout attentionnellement leurs cibles.
18:15 Il faudra faire des calculs. Effectivement, on a entendu certains grands groupes américains communiquer là-dessus.
18:20 On n'a pas entendu les éditeurs chinois. Je voulais revenir sur le succès des applications chinoises comme Temu.
18:27 Comment est-ce qu'ils ont fait pour devenir numéro un des téléchargements en France ?
18:31 Temu, je pense qu'on l'a tous vu, ils ont fait énormément d'acquisitions payantes, d'utilisateurs, de publicités.
18:39 Mécaniquement, c'est ce qu'on voit de manière générale.
18:42 Quand une marque fait énormément de campagnes payantes, notamment sur les grands réseaux,
18:47 il y a un impact direct sur ce que nous on appelle l'organique, c'est-à-dire le bouche-à-oreille,
18:52 et donc le téléchargement naturel de l'application.
18:56 Ce n'est pas étonnant, clairement, que Temu a explosé en termes de ranking et s'est mis à la première place du classement.
19:03 C'est quelque chose qui est tout à fait logique au regard des budgets qui ont été investis par la marque.
19:10 Au-delà de cela, je pense que ce qui est important, et c'est la logique de la vaste majorité de nos clients aujourd'hui,
19:16 c'est de se demander, finalement, quelle est la logique de rentabilité de mes campagnes.
19:22 On va nous accompagner, vraiment, l'ensemble des marques,
19:25 pas uniquement sur l'analyse de la source de l'installation de l'application,
19:30 mais également sur l'utilisation de l'application, le revenu qui est généré via cette application,
19:36 que ce soit un revenu qui soit issu d'achats, ce qu'on appelle In-App, à l'intérieur de l'application,
19:41 ou alors des revenus qui soient issus de la publicité, également In-App.
19:44 Ou du e-commerce, comme dans le cas de Temu.
19:46 Mais avec ces changements AT&T sur iOS et la privacité Soundbox sur Android,
19:51 est-ce que l'activité des annonceurs va devenir un petit peu plus compliquée ?
19:55 Est-ce que le reach va être différent ? Est-ce que les prix vont être différents ?
19:59 Clairement, on est dans un environnement où on a des challenges, c'est sûr.
20:05 On a un shift d'un targeting qui va être au niveau du device versus,
20:13 comme vous l'avez très justement dit, au niveau de la cohorte, donc de groupe d'utilisateurs.
20:18 C'est l'écosystème qui est en perpétuelle évolution.
20:22 On l'a vu, il y a de cela trois ans, avec la sortie de Scan Network sur iOS.
20:27 Demain, on va être sur Android avec la privacy Soundbox.
20:32 Il n'y aura plus de ciblage individuel, il n'y aura que des ciblages par groupe, par cohorte ?
20:37 L'idée, c'est vraiment d'être dans une approche qui est beaucoup plus privacy-centric,
20:42 excusez-moi l'anglicisme, de pouvoir aller…
20:46 Donc, centrer sur la confidentialité ?
20:48 Tout à fait, la confidentialité et surtout de se dire, moi en tant qu'annonceur,
20:53 mon but, c'est d'aller envoyer un message publicitaire qui est en phase avec l'utilisateur final.
21:02 Donc, ce que je veux pouvoir faire, ce n'est pas forcément savoir qui se trouve derrière l'écran,
21:06 mais plutôt de savoir quelles sont les affinités, que recherche finalement cet utilisateur final.
21:11 Et donc, via notamment…
21:13 Pas "cette", mais "ces" utilisateurs finaux ?
21:15 Ces utilisateurs finaux, tout à fait.
21:17 Et l'idée, c'est de pouvoir de manière technologique créer ces groupes,
21:23 créer ces cohorts d'utilisateurs en fonction de leurs affinités, en fonction de leur type de recherche.
21:29 Une technologie, la privacy sandbox, qu'on va retrouver aussi bien dans les applications Android que sur le web,
21:35 est-ce que ça va contribuer à rapprocher ces deux écosystèmes qui étaient technologiquement finalement assez différents depuis 15 ans ?
21:41 Oui, on pense que oui.
21:42 Et d'ailleurs, nous, on fait déjà le pont entre le web et l'app.
21:45 Notre technologie permet de comprendre finalement la contribution du trafic web vers l'app,
21:51 notamment via une technologie qui nous est propre, qui est le One Link.
21:55 Donc oui, totalement.
21:56 On pense que ces deux univers se sont déjà énormément rapprochés,
22:00 notamment sur iOS et d'autant plus demain sur Android.
22:03 Tout à fait.
22:04 Et l'univers de la téléconnectée ?
22:06 Justement, je rebondis un peu à ce que vous avez dit.
22:09 C'est-à-dire qu'en gros, pour nous, la téléconnectée, c'est finalement un autre support
22:13 qui vient supporter comme une application.
22:16 C'est une application Android qui est accessible via un support télé.
22:23 Mais en gros, pour nous, c'est totalement transparent.
22:25 C'est une grosse tendance ?
22:27 Oui, tout à fait.
22:28 Ça décolle très, très bien.
22:30 Merci beaucoup Sarah Roland, Country Manager France d'AppsFlyer.
22:34 Et puis merci beaucoup à Jérôme Bouteiller d'EcranMobile.fr
22:37 pour venir très souvent nous faire le point sur ce mobile business.
22:40 Allez, on va s'intéresser aux possibilités de déburocratiser la France.
22:45 C'est la fin de cette édition.
22:53 Pratiquement déjà, heureusement, David Lacombe-Lettre vient clôturer
22:56 avec cette réflexion sur l'intelligence artificielle.
22:59 Peut-elle nous aider à déburocratiser la France ?
23:03 Et oui, quelle question dit-on ?
23:05 Imaginez un instant, un pays où quand vous avez une question à poser,
23:11 un problème administratif à régler,
23:15 vous preniez votre smartphone et vous adressez à un robot conversationnel,
23:19 un chatbot, et il vous répond.
23:21 Et il accomplit les actes pour vous.
23:24 Il vous guide au mieux des méandres administratifs.
23:27 Il retient vos données.
23:29 Il pré-remplit vos formulaires.
23:32 Ce pays, imaginez-le, il existe.
23:35 Singapour déploie depuis 10 ans un agent conversationnel.
23:40 D'ailleurs, je devrais dire une puisqu'elle s'appelle Ask Jamie.
23:44 On pourra peut-être y consacrer une autre chronique
23:46 sur le fait que les assistantes numériques sont aussi des femmes,
23:50 la plupart du temps, en tant que leur appellation.
23:53 Mais au-delà, j'aurais pu également vous parler de l'Estonie,
23:56 qui est devenue un état plateforme où tout est concentré
23:59 sur une plateforme numérique sécurisée.
24:03 Alors, si on s'intéresse à la France,
24:07 et qu'on regarde le nombre d'agents dans la fonction publique
24:10 qui dépassent les 5 millions,
24:13 c'est-à-dire autant d'habitants qu'à Singapour,
24:17 bon, alors, est-ce que demain, l'idée, c'est quoi ?
24:19 C'est de les remplacer par des IA ? Non, quand même ?
24:22 Pas plus que dans les organisations privées,
24:25 c'est-à-dire remplacer les êtres humains par des machines.
24:29 Mais il y a un risque néanmoins que ces êtres humains
24:33 soient remplacés par d'autres êtres humains
24:35 qui sauront maîtriser la machine.
24:38 Et c'est en cela qu'en France,
24:41 on a quand même une longue histoire liée à l'administration.
24:45 Il faut remonter à Louis XIII, le règne, 1601-1643,
24:49 avec cette concentration qui fait qu'aujourd'hui,
24:53 on a une toute puissance d'administration,
24:56 comme sur un piédestal, mais on a bien vu,
24:58 avec les transformations numériques,
25:00 ceux qui sont sur des piédestals sont aussi
25:02 ceux qui chutent le plus rapidement.
25:04 Et donc, effectivement, il convient de s'y préparer,
25:08 ne serait-ce que face à une pression des citoyens,
25:10 qui sont aussi des consommateurs,
25:12 et qui sont très bien traités par les marques.
25:14 Vous avez un souci avec Amazon, vous appelez,
25:16 on vous répond dans la minute,
25:18 on vous règle le problème,
25:20 il y a une sorte d'étalon mondial de la qualité de service,
25:24 et vous aimeriez que tout fonctionne aussi bien,
25:27 que ce soit vos services administratifs ou publics.
25:32 - Oui, mais alors qu'est-ce qu'on fait, justement,
25:34 avec toute cette fonction publique ?
25:36 Ça veut dire quoi ? C'est lancer un énorme programme de formation ?
25:39 - Alors, la formation me semble un préalable,
25:42 effectivement, pour former tous vos salariés.
25:46 Certains pays l'ont fait, regardez ce qui se passe en Suède,
25:49 en particulier, effectivement, c'est un plan massif.
25:51 Alors, on peut se rassurer, sur un pays comme la France,
25:54 qui fait des expérimentations,
25:56 si vous regardez les annonces de l'ex,
25:59 et certainement futur ministre de la fonction publique,
26:03 des questionnaires, des enquêtes,
26:06 et ça, c'est rassurant.
26:08 Oser la fonction publique, disait le ministère.
26:11 C'est bien beau, mais faut-il encore promettre l'autonomie
26:14 à ceux qui en deviendront les agents,
26:17 de valoriser les parcours, parce qu'on sait très bien
26:20 que c'est pas par les salaires qu'ils pourront accueillir
26:23 et faire venir de nouvelles personnes demain.
26:27 Donc, la formation en premier lieu,
26:29 et ensuite, la simplification, ne serait-ce que pour établir
26:32 des relations de bonne à loi avec leurs usagers,
26:35 qui sont aussi devenus des consommateurs.
26:37 - Mais, ça veut pas dire que,
26:40 quand on installe un service numérique,
26:42 de l'intelligence artificielle, des assistants,
26:45 il va se passer de la relation humaine,
26:47 parce qu'il y a ce sujet de la fracture numérique,
26:49 évidemment, qu'il ne faut pas oublier,
26:51 et puis, il y a ce lien, quand même, qu'on doit garder
26:54 dans le service public, ce lien très humain.
26:56 - Exactement, et d'ailleurs, en principe,
26:58 ça devrait permettre de libérer du temps,
27:00 puisque la machine, on le voit bien,
27:02 avec les intelligences artificielles génératives,
27:04 facilite et améliore la productivité,
27:06 donc, du temps libre, il y en a,
27:08 et il faut bien le consacrer à la relation humaine.
27:10 Regardez dans le privé, les radiologues ont su,
27:13 grâce à la massification des intelligences artificielles,
27:16 avoir des diagnostics meilleurs,
27:18 et donc, un peu plus de temps pour l'expliquer
27:20 à leurs patients.
27:22 Ça devrait être la même chose dans la fonction publique,
27:24 parce que si l'idée est de déléguer, avec du numérique,
27:26 des tâches qui leur incombaient à leurs clients,
27:30 et ça ne rime à rien,
27:32 aujourd'hui, vous prenez un train,
27:34 en dernière minute, vous devez prendre un billet
27:36 sur le guichet, on vous demande votre date de naissance.
27:38 À quoi bon ? À quoi ça rime ?
27:40 Et c'est là où le numérique ne doit pas être
27:42 un instrument d'encadrement et, finalement, d'oppression,
27:47 mais au contraire, libérer,
27:49 et se libérer, c'est libérer du temps
27:51 pour nouer des relations humaines peut-être un peu plus fines,
27:53 un peu plus fortes,
27:55 et, in fine, prendre le temps de se parler.
27:58 Merci beaucoup, David Lacomblette,
28:00 président de la Villa Numeris.
28:02 Merci pour vos éclairages, et merci à vous
28:04 de nous suivre sur la chaîne Bismarck.
28:06 C'était Smartech, on se retrouve très vite.
28:08 [Musique]