Mercredi 6 novembre 2024, SMART TECH reçoit Bertrand Garé (rédacteur en chef, L'informaticien) , Pierre-Yves Oortmeyer (directeur Général, Motorola France et Benelux) , Erfane Arwani (cofondateur et président, Biomemory) et Gabriel Ferreira (directeur technique, Pure Storage)
Category
🗞
NewsTranscription
00:00Bonjour à tous, quelles sont les nouvelles pratiques en matière de gestion des données ?
00:12Aujourd'hui à la une de Smartech, on va parler de cloud, de stockage, on va regarder ce qui change.
00:17On va même se projeter plus loin en regardant vers l'avenir, avec un avenir qui se concrétise.
00:21Nos données seront peut-être demain numérisées sur ADN.
00:26C'est une énorme transformation en perspective, notamment pour les data centers, ce sera notre dernier sujet.
00:32Mais avant, en ouverture, je vous propose qu'on s'intéresse à trois questions autour de l'IA et des smartphones.
00:38C'est la nouvelle compétition et c'est tout de suite dans Smartech.
00:45Nouveaux usages chez les utilisateurs, nouveaux terrains de jeu pour les fabricants de smartphones.
00:50On va voir à quel point l'intelligence artificielle, l'IA, bouscule.
00:53On peut bousculer ce paysage des smartphones.
00:56Je suis en compagnie de Pierre Hivertmeyer, vous êtes le directeur général français Benelux de Motorola,
01:02spécialiste de la téléphonie mobile, filiale du groupe informatique chinois Lenovo.
01:07Quelle synergie avec Lenovo ?
01:09Beaucoup de synergies, beaucoup d'actualités.
01:12Entre le Tech World qui a eu lieu récemment, on a fait beaucoup d'annonces,
01:16et notamment les synergies qu'on en tire avec Lenovo sur l'annonce d'un nouveau portefeuille de produits nommé Synfon,
01:22qui est donc l'extension des Synpads, où ces produits sont parfaitement communiquants entre eux.
01:29L'intelligence artificielle, il me semble que c'est l'argument clé aujourd'hui sur les smartphones.
01:35Ça a dépassé l'argument du nombre de mégapixels de l'appareil photo je pense.
01:39Est-ce que d'après vous, on est même là à un moment où les cartes pourraient être redistribuées sur le marché
01:46à partir de cet argument de l'IA ?
01:49Puisqu'aujourd'hui, les plus imposants ne sont pas forcément Apple ou Samsung.
01:54En tout cas, il y a peut-être la place pour changer le marché.
01:58Il y a la place. Après, chacun déploie un petit peu l'intelligence artificielle
02:02selon la cible qu'il veut targeter, la valeur qu'il veut lui donner.
02:06Mais ça reste quand même naissant.
02:10Nous, on articule l'intelligence artificielle autour de deux grands piliers.
02:15Le premier, c'est notre développement interne autour de Moto AI.
02:18C'est vraiment notre source interne et notre interprétation pour l'utilisateur de l'intelligence artificielle.
02:23Moto AI, ce sont des nouvelles fonctionnalités ?
02:26Ce sont des nouvelles fonctionnalités autour de trois piliers qui sont la photographie,
02:32le côté un peu prédictif assisté qui permet vraiment d'améliorer.
02:39Typiquement, en use case, vous prenez une photo, 15 clichés sont pris simultanément
02:44et l'intelligence artificielle va vous soumettre le meilleur des 15.
02:47Et condenser un petit peu ça.
02:49Et vous avez vos large action modèle, j'ai vu.
02:53Donc ça, c'est une annonce, c'est une preuve de concept.
02:56Ça reste à l'état de concept qui a été annoncé lors de Tech World.
03:00Ça permet vraiment de laisser à l'intelligence artificielle d'apprendre de vous,
03:09de vos usages et de le laisser interagir avec votre smartphone.
03:14On a vu lors du Tech World certains exemples comme commander un Uber,
03:19commander un café, ce qui a été développé autour de ce large action modèle.
03:23Et assez unique, ça reste un concept à l'heure à laquelle on se parle,
03:27mais c'est quelque chose qu'on pourrait laisser agir en autonomie sur son smartphone.
03:32Et c'est Eric Schmidt d'ailleurs, un ancien patron de Google,
03:36qui explique que ces modèles d'action seront vraiment très stratégiques demain.
03:43Et c'est vraiment ça qui va faire la différence sur la manière dont on va se servir de l'IA,
03:48où on trouvera vraiment les cas d'usage sans doute les plus pertinents,
03:52où finalement les agents vont discuter tout seuls avec nos machines.
03:55C'est vraiment le mode d'interaction qui va changer.
03:59Et ça fait aussi partie de notre vision.
04:01Et en tout cas, quels services et quelles valeurs on peut apporter à nos consommateurs
04:06pour fluidifier ces interactions et qu'elles soient simples et naturelles.
04:09Et un partenariat avec Meta, pourquoi ?
04:12Le partenariat avec Meta a été annoncé lors du TechWorld.
04:17C'est un partenariat stratégique sur un autre usage qui est la réalité virtuelle
04:21et qui permet de prolonger l'interaction avec son smartphone directement dans son casque avec Meta.
04:28D'accord, donc ça veut dire que c'est tout un écosystème en fait
04:31qui est en train de se construire autour des applications, des usages.
04:35Et c'est à travers ça que vous pensez qu'on peut redistribuer les cartes du marché du smartphone ?
04:41En fait, ça peut passer par beaucoup de partenariats.
04:44Sur l'intelligence artificielle, comme je disais, on est très attaché à Google,
04:49qui nous appartenions avant, mais on développe quand même nos solutions.
04:52Il y a d'autres partenariats qu'on met en place aussi pour se différencier,
04:55avec Bose, avec Pantone, avec Corning pour la durabilité des produits.
05:01On établit un ensemble de partenariats qui permet de positionner la marque
05:05et en tout cas l'offre de façon très spécifique et très différente sur le marché.
05:09Je parle de l'IA comme d'un nouvel argument clé,
05:12mais je ne sais pas, sur le marché du B2B pour les professionnels,
05:15c'est l'argument de la cybersécurité aujourd'hui, non ?
05:18C'est une raison pour laquelle on a prolongé cette gamme qui s'appelle Singphone.
05:24On a mis sur le marché annoncé un produit qui s'appelle le Singphone 25
05:28qui répond à trois grandes préoccupations, la performance, la durabilité et la sécurité.
05:35La sécurité, on s'appuie vraiment sur le savoir-faire de Lenovo dans l'informatique
05:40pour sécuriser nos smartphones comme on sécurise un PC.
05:44La durabilité, c'est mettre aussi des produits sur le marché
05:47qui ont une durée de mise à jour d'OS ou de sécurité très étendue.
05:51Aujourd'hui, le Singphone 25, c'est un produit que vous pouvez garder jusqu'en 2030
05:55et qui aura toutes ces mises à jour de sécurité et autres.
05:59Tout ça sans compromis sur la performance.
06:03Donc d'abord la sécurité quand même pour les pros ou aussi on a besoin d'IA ?
06:09L'IA, en fait, elle vient en chapeau par-dessus l'ensemble de ces piliers.
06:14Typiquement pour sécuriser votre smartphone avec MotoSafe,
06:19c'est l'IA qui agit et qui aide à cette sécurisation.
06:26Il y a partout décidément. Merci beaucoup Pierre-Yvonne Meyer.
06:29Je rappelle que vous êtes le directeur général France Benelux de Motorola.
06:33C'est l'heure de notre débat sur le stockage, le cloud.
06:36On va voir ce qui change sur ce marché.
06:42Quelles sont ces nouvelles pratiques en matière de gestion des données ?
06:45Aujourd'hui, on va parler cloud, stockage avec la recommandation d'experts.
06:49Les experts sont autour de la table déjà installés.
06:52Bonjour Bertrand Garay.
06:53Bonjour, bonjour à tous.
06:55Rédacteur en chef de l'informaticien qui appartient au groupe FICAD,
06:58dont est également issue la chaîne BeSmart for Change.
07:03Et à côté de vous, Gabriel Ferrara. Bonjour.
07:05Bonjour.
07:06Vous êtes le directeur technique de PurStorage, spécialiste des solutions de stockage 100% flash.
07:12C'est comme ça que vous vous présenteriez ?
07:14Oui, des environnements pour les environnements aujourd'hui tout à fait actuels en multicloud hybride
07:21avec des innovations également dans la manière dont on consomme
07:25et pas uniquement sur l'utilisation mais sur la consommation de l'IT en général.
07:31Est-ce que la notion de stockage aujourd'hui suffit à présenter le sujet qu'on va adresser ?
07:37Qu'est-ce qui change dans ce domaine, Bertrand ?
07:40En fait, le stockage évolue selon l'usage des données qui sont faites par les entreprises.
07:50Au départ, les données étaient bien rangées dans des bases de données.
07:54C'était assez facile de les stocker.
07:57Après est arrivé le cloud et l'intérêt pour des données qui n'étaient plus dans les bases de données.
08:04On appelle ça les données semi-structurées ou non-structurées.
08:07Et là, il a fallu faire évoluer le stockage pour pouvoir aussi s'intéresser à ces données et pouvoir les conserver.
08:15Ça a permis de voir apparaître, contrairement au stockage de base qui était un stockage en blocs,
08:22c'est des petits bouts de 4 kilo-octets ou un peu plus, vers le stockage de fichiers.
08:28Puis plus tard, le stockage d'objets.
08:31Donc là, c'est des objets qu'on crée qui correspondent un petit peu aux données qui sont dans le cloud.
08:40Mais on a vu, à cause de ça, une explosion du volume des données.
08:46Rien qu'une idée, à la fin de cette année, aura été créée 143 zettabytes de données.
08:54Je ne sais même plus le nombre de zéros que ça fait.
08:56Parce que j'avais demandé, combien de zéros ?
08:58C'est énorme.
09:00Et donc, aujourd'hui, avec l'intérêt qu'on a pour tout ce qui est intelligence artificielle, etc.
09:08En fait, c'est l'idée de pouvoir exploiter le maximum de données qui sont dans les entreprises.
09:15Du temps où c'était rangé dans des bases de données,
09:18il n'y avait que 15% des données de l'entreprise qui étaient utilisées pour faire des analyses.
09:23Aujourd'hui, on étend ça à toutes les données qui n'étaient pas dedans.
09:27Donc les données qui sont dans des mails, des données qui sont dans des audios, des données qui sont dans des vidéos.
09:33Bref, ça devient énorme.
09:35Et pour ça, il a fallu, quelque part, que le stockage s'adapte.
09:39Donc on a vu après des problèmes de performance.
09:43Donc il a fallu que le hardware s'adapte pour avoir la performance, pour traiter ces volumes de données.
09:49Petit deux, après, sous la demande des utilisateurs, on a traité le problème de latence.
09:54C'est-à-dire le temps d'accéder à la donnée ou de la récupérer.
09:58Et donc là, on est passé du disque hardware classique qu'on connaissait, le disque mécanique, vers le flash, vers le SSD.
10:05Enfin, des choses qui apportaient de la performance.
10:07La rapidité, oui.
10:09À partir de là, vu le volume et le fait que, de toute façon, les données étaient déportées,
10:14parce qu'aujourd'hui, on parle de cloud. Non.
10:16Toutes les entreprises, elles sont multicloud.
10:18Elles utilisent du SaaS, elles utilisent Salesforce, Workday, SAP, Oracle, etc.
10:24Donc elles sont dans différents clouds.
10:26Et pour pouvoir traiter ces données dans les différents clouds, il a fallu aussi que le stockage se déporte aussi dans le cloud.
10:35Donc en fait, on a vu une évolution du stockage vers le logiciel.
10:39Pure Storage en est un bon exemple.
10:42Ils vendent des baies.
10:43Mais le contrôleur, il est logiciel.
10:45Et c'est ça qui permet d'avoir cette possibilité de gérer toutes les données partout.
10:52Et c'est ça qui est important aujourd'hui.
10:54C'est de pouvoir voir que le stockage n'est plus juste un serveur dans un coin.
11:01C'est aussi un moyen de gérer toutes les données, où qu'elles soient, pour protéger l'entreprise et pouvoir les récupérer.
11:09Donc ça amène de la complexité.
11:11Ça a complètement, j'imagine, transformé le métier.
11:13Mais ça amène aussi de la complexité.
11:16Comment est-ce qu'on peut aider les services qui s'occupent des systèmes d'information, de la gestion des données,
11:24qui travaillent aujourd'hui sur l'IA, sur l'exploitation de toute cette intelligence dans l'entreprise ?
11:27Comment peut-on les aider à gérer cette masse d'informations ?
11:32C'est un des enjeux majeurs des entreprises et des organismes publics.
11:35Bertrand le disait, les usages changent.
11:38On accède à beaucoup plus de données.
11:40Et encore, on est au tout début de cette ère numérique.
11:45Et en même temps, vous avez un système d'informations qui s'est complexifié.
11:49Avant, on avait juste une seule machine, voire deux.
11:52Aujourd'hui, on en a plusieurs avec des clouds, qui peuvent être aussi assimilés à des entrepôts de données, des salles.
12:01Donc on a des chiffres en face à une complexité de plus en plus grande de leur système d'informations,
12:08d'où les problèmes de sécurité.
12:10Et vient se greffer des notions de compliance.
12:15On a l'IS-2, les directives, la loi européenne.
12:20On doit se préparer à l'arrivée de l'application de directives européennes,
12:26qui apportent des nouvelles contraintes ou des nouvelles obligations, en tout cas en matière de sécurité.
12:31Qu'est-ce que ça va changer, l'IS-2, dans le domaine du stockage ?
12:34Beaucoup de choses.
12:38La directive, que ce soit l'IS-2 ou DORA d'ailleurs, est assez large.
12:45Elle ne se focalise pas uniquement que sur l'IT, mais c'est beaucoup plus large.
12:51Il y a un gros effort. En France, l'IS-2 touche à peu près 35 000 entreprises.
12:56Donc ce n'est pas anodin.
12:59Il y a un effort de mise en conformité.
13:02Il y a beaucoup d'aspects de sécurité à revoir,
13:06et notamment sur la continuité d'activité, tout ce qui est reporting d'incidents, reprise sur incident.
13:12Il faut être complet et rapide avec des solutions beaucoup plus abouties
13:20que ce que les entreprises et l'organisme public ont jusqu'à aujourd'hui.
13:24Dans Smart Tech, on traite depuis quelques temps ce sujet de l'IS-2,
13:29mais plus particulièrement sur notre problématique de la gestion des données,
13:33de leur sauvegarde, de leur stockage.
13:35Quel impact ça va avoir ?
13:37Ce qu'apposent l'IS-2, DORA, etc., c'est un problème fondamental de l'entreprise.
13:45C'est la résilience de l'entreprise.
13:48Toutes ces problématiques viennent d'un contexte un peu spécifique.
13:54Déjà, en France, on n'avait peut-être pas fait forcément tous les efforts possibles autour de la protection des données.
14:01Il faut être clair.
14:03Dans le petit 2, il y a un risque.
14:05Aujourd'hui, vous êtes une grande banque.
14:08Il y a un risque systémique si vous prenez une attaque, quelle qu'elle soit,
14:11qu'elle soit APT, ransomware, etc., que ça fasse tomber une bonne partie du système financier.
14:18Donc, DORA, c'est du NIS-2 x 2.
14:22On durcit pour les secteurs réglementés la résilience et les exigences de résilience pour éviter que le système tombe.
14:31NIS-2, c'est la même chose, en plus édulcoré peut-être.
14:36Ça veut dire que certains...
14:39Avant, en France, on avait les OIV, les organismes d'importance vitale, etc., etc.
14:45Et c'était un nombre limité d'entreprises.
14:48C'était très souvent des grands comptes, plutôt défense, étatique, etc.
14:52Aujourd'hui, même quelqu'un qui vous transmet de l'eau chez vous, il va être NIS-2.
14:59Un hôtel, il va être NIS-2.
15:01— Sur certaines de ces activités considérées comme essentielles.
15:04— Voilà. Il y a beaucoup plus d'activités qui vont être couvertes.
15:07Et ce qu'on va leur demander, c'est d'être résilients aussi.
15:11Et là, la problématique, elle va être que...
15:14— Mais concrètement, sur cette protection des données, est-ce que ça veut dire qu'on va voir arriver
15:19des nouveaux services sur le marché, justement, pour cette mise en conformité ?
15:25— Non. Ça va renforcer ce que les acteurs du stockage avaient mis en place,
15:31mais autour d'une problématique qui va s'axer vers la résilience de l'entreprise.
15:35Comme le disait M. Ferreira, l'idée, c'est de pouvoir reprendre l'activité le plus vite possible
15:44avec une autre pendance et ne pas perdre de données.
15:49Et donc là-dessus, le stockage va servir entre guillemets à la fois de première ligne et de dernière ligne de défense,
15:56que ce soit par le stockage primaire, comme le fait Pure Storage, les acteurs du backup, voire même l'archivage.
16:03Et maintenant, comme toutes ces données sont dispersées dans différents clouds,
16:08il va falloir que les solutions de stockage s'adaptent pour pouvoir protéger les données selon les environnements. Voilà.
16:14— Vous voulez rajouter quelque chose là-dessus ?
16:16— Oui. Effectivement, tous les éditeurs et les constructeurs de plateformes de données
16:20ont fait évoluer leurs solutions de manière à prendre en compte toutes ces nouvelles réglementations
16:26avec des techniques qui ne sont pas nouvelles, comme l'immuabilité,
16:31la prise de clichés de données totalement invisibles pour justement s'affranchir de complicités internes
16:40et pas uniquement d'actualité externe, mais aussi le côté interne est important.
16:46— Alors on a parlé de multicloud. Vous m'avez dit que de toute façon, tout le monde est multicloud.
16:50On parle aussi beaucoup de cloud hybride. Est-ce que vous pouvez nous faire un point, justement, sur la différence entre les deux,
16:56les avantages, les inconvénients ? À quel cas d'usage, à quelles applications, ça convient le mieux de passer en cloud hybride ou en multicloud ?
17:05Qui veut commencer ? — Sur la notion d'hybridité cloud, il y a autant de définitions qu'il y a d'entreprises.
17:14Un cloud hybride, ça peut très bien être « je suis dans mon data center et j'ai du cloud public »,
17:19« j'ai créé mon cloud privé et j'ai un cloud public », « je suis dans différents clouds ».
17:28Donc en fait, la notion de cloud hybride, c'est devenu un petit peu un mot-valise sur le fait de pouvoir utiliser différents environnements
17:38qui réagissent comme un cloud. À partir de ça, quoi qu'il arrive, ça augmente ce qu'on appelle la surface d'attaque.
17:50Et que là-dessus, autant il y a depuis deux ans, les entreprises sont très sensibles à ce qu'on appelle le ransomware et la fuite de données.
17:59Là-dessus, le dernier spectaculaire a été quand même la fuite de données chez Free.
18:06Quand on a quelques millions d'hibanes qui se baladent sur la planète, ça fait pas joli dans le paysage.
18:13Au passage, il faut comprendre que lors d'une attaque de ransomware, les éléments de stockage et de backup, de sauvegarde des données,
18:24sont les premiers qui sont attaqués, silencieusement, pour être sûr que l'entreprise ne puisse pas récupérer ces données et donc payer la rançon.
18:33Donc là-dessus, juste se protéger sur son site central et sur ce qu'on a là, les workspaces, tout ce que vous voulez, sans protéger le stockage,
18:46ça veut dire j'ai mis une porte blindée mais j'ai ouvert toutes les fenêtres. Et là-dessus, il y a un vrai problème de résilience globale de l'entreprise
18:57où on doit aussi protéger son stockage.
19:00Ça me protège mieux ou moins bien finalement de passer en multicloud ? Parce qu'on dit que ça augmente la surface d'attaque.
19:07D'un autre côté, ça multiplie la dispersion de mes données. Bon, on ne met pas tous les œufs dans le même panier. Quel est votre point de vue là-dessus ?
19:18Au passage, je n'ai jamais vu un opérateur de cloud, quel qu'il soit, vous dire mettez vos données chez moi, c'est ouvert à tous les vents et tous les hackers peuvent venir.
19:27Non, quelque part, ça élève quand même le niveau de sécurité de base. Après, ça n'empêche pas d'être prudent. Pour beaucoup, les opérateurs de cloud ont la responsabilité de ne pas perdre de données.
19:44Ça ne veut pas dire qu'ils sont là pour les protéger. C'est ce qu'on appelle la responsabilité partagée dans le cloud. C'est un concept que parfois les gens ont du mal à comprendre.
19:54C'est que chacun a ses tâches à faire et protéger et stocker les données dans le cloud est de la responsabilité de l'entreprise, pas de l'offreur de cloud.
20:06Et donc, il y a le besoin de faire quelque chose. C'est juste le contrat qu'ils ont signé.
20:11Quelle stratégie vous recommandez ?
20:13L'angle d'approche de Pure Storage est assez simple. C'est-à-dire qu'on n'a pas voulu privilégier ni l'un par rapport à l'autre.
20:19Toutes les solutions qu'on fournit on-premise, on les fournit également dans les clouds publics, uniquement le logiciel dans le cloud public qui fonctionne avec l'infrastructure du fournisseur.
20:34Bertrand le disait très bien, les usages ont évolué et on s'est adapté à ces usages.
20:41De telle sorte que maintenant, on donne la possibilité au client de consommer la donnée et des services, que ce soit on-premise ou dans les différents clouds, de la même façon.
20:51C'est la même façon d'opérer.
20:53En plus, ce que je disais en introduction, c'est qu'on a été un peu plus loin et finalement, on a juste un seul contrat commercial.
21:01Le client nous dit qu'il consomme 10% on-premise, 90% dans le public, etc.
21:07Nous, l'éditeur, le fournisseur s'adapte à l'usage du client pour pouvoir mettre à disposition de chaque client les bonnes solutions aux beaux endroits.
21:21Merci beaucoup à tous les deux pour vos éclairages. Je rappelle que vous êtes le directeur technique de Pure Storage, spécialiste de ces solutions de stockage qui évolue grandement.
21:32Et Bertrand Garay, le rédac chef de l'informaticien. Merci beaucoup.
21:41On termine cette édition avec une solution de stockage originale que j'adore, stockage de données sur ADN.
21:47Bonjour Erfan Arouani.
21:49Bonjour.
21:50Vous êtes le président cofondateur de BioMemory, entreprise de biotechnologie dont l'idée est née au sein d'un laboratoire commun au CNRS et à Sorbonne Université.
22:00Je vous ai reçu en 2022.
22:02Vous aviez alors réalisé une première mondiale, c'était le stockage d'archives nationales sur de l'ADN.
22:07Plus précisément, vous aviez encodé la déclaration des droits de l'homme du citoyen de 1789, mais aussi la déclaration des droits de la femme et de la citoyenne de 1791.
22:17Sur de l'ADN synthétique, je précise, ce n'est pas de l'ADN vivant, c'est une reproduction chimique.
22:24Ce n'est pas de l'ADN génomique, c'est-à-dire un ADN qui code pour des choses qui seraient du vivant.
22:29C'est vraiment la molécule polymère inerte pour porter de l'information.
22:33Pour tous ceux qui n'ont pas vu l'émission en 2022, on va rappeler comment fonctionne ce processus de stockage sur ADN synthétique.
22:41Pourquoi on le fait ? On le fait parce qu'on a des petits soucis dans les centres de données actuels.
22:45La donnée prend beaucoup de place et consomme de l'énergie, parce que ça prend de la place.
22:50Tous les géants de la technologie, les startups du monde entier, cherchent des solutions pour stocker plus durablement, plus efficacement dans les data centers.
23:01Une façon de faire est de ne pas utiliser l'électronique, mais d'utiliser d'autres choses,
23:06parmi lesquelles des molécules, des polymères.
23:09Le meilleur candidat qui a été identifié aujourd'hui, c'est l'ADN, parce qu'il est 10 millions de fois plus dense que n'importe quel support électronique actuel.
23:17En fait, c'est du biomimétisme. Dans Smartech, on a une chronique régulière sur le biomimétisme.
23:22Vous le savez puisque vous êtes un fidèle de l'émission.
23:25C'est du biomimétisme. On reproduit le patrimoine génétique stocké sur notre ADN.
23:32C'est un peu ça l'idée. On va stocker des données sur de l'ADN synthétique.
23:36Vous avez tout à fait raison. C'est du biomimétisme, c'est-à-dire d'aller chercher des efforts qui ont été faits par la nature pour des fonctionnalités.
23:44En l'occurrence, l'ADN, ça a été inventé par la nature il y a presque 4 milliards d'années dans le but de stocker de l'information et de la transmettre.
23:51Donc nous, on va reprendre la partie stockage.
23:54Et comme ça a été affiné pendant 4 milliards d'années, le produit est très au point.
24:00Ce n'est pas nous qui l'avons mis au point, c'est vraiment la nature.
24:03Et les avantages, vous avez commencé à l'évoquer, les enjeux autour des data centers.
24:07C'est réduire cet espace de stockage de manière considérable.
24:11Parce que la dernière fois sur ces archives nationales, c'était un contenant très petit, une toute petite capsule que vous m'aviez confiée.
24:20Donc réduire l'espace de stockage, réduire aussi la consommation énergétique.
24:25Qu'est-ce qui s'est passé depuis 2022 ?
24:28Depuis 2022, il s'est passé plein de choses.
24:31En 2022, on avait fait une première levée de fonds qui nous a permis de devenir progressivement le leader mondial du sujet.
24:38On est devant les Américains notamment.
24:40On a pris de l'avance.
24:42On a une stratégie scientifique qui a porté ses fruits.
24:45Et aujourd'hui, on a deux choses sur lesquelles on est vraiment très forts.
24:52La première, c'est qu'on a réussi à descendre le prix énormément.
24:55On a des consommables qui sont 10 000 fois moins chers que chez les concurrents.
25:02Et aussi, on a une capacité à créer de l'ADN de manière beaucoup plus rapide et beaucoup plus fiable.
25:07Alors de l'ADN digital, pas de l'ADN génomique.
25:11Au vu de ces résultats, on a décidé d'accélérer davantage.
25:16On est en train de clôturer une levée de fonds assez importante qu'on annoncera probablement vers la fin du mois.
25:23Et on recrute énormément de personnes.
25:26Quand c'est vu, je crois qu'on était cinq ou six.
25:29C'est une levée auprès de fonds français, souverains, européens ?
25:33C'est une bonne question, oui.
25:35De manière étonnante, on arrive à faire de la deep tech encore en France.
25:39Sur des sommes de levée qui sont relativement importantes.
25:43Oui, c'est encore souverain.
25:45Aujourd'hui, vous êtes incubé en France.
25:48Vous êtes soutenu déjà par BPI France.
25:51Oui, notre principal incubateur, c'est BPI Le Hub chez BPI France.
25:56Et on a un accélérateur aussi qui nous fait confiance qui s'appelle le CDL, le Creative Destruction Lab.
26:01Qui a ce qu'on appelle une stream, Next Generation Computing.
26:04Ça se fait entre Paris et Berlin.
26:06On est avec le quantique, on est avec d'autres efforts.
26:09La dernière fois, je parlais d'une petite capsule que vous m'aviez apportée.
26:12Là, aujourd'hui, c'est une carte.
26:15Ça, c'est un prototype, j'imagine, du produit que vous souhaitez développer.
26:21La carte est plus grande que la petite capsule que j'ai vue la dernière fois.
26:25Elle est plus plate.
26:27Alors expliquez-moi, qu'est-ce qui change ?
26:29La problématique est toujours la même.
26:32Dans des phases d'industrialisation, qu'on va en faire beaucoup et que ça marche partout sans intervention humaine.
26:37Il faut robotiser, il faut automatiser.
26:39La capsule, c'est compliqué à automatiser, robotiser.
26:42La carte, la forme d'une carte bancaire, il existe déjà beaucoup de robots disponibles sur le marché.
26:47Vous les connaissez, Mastercard, Visa, tous ces gens-là.
26:50Nous, on ne fait que réutiliser des produits qui fonctionnent.
26:53On va y ajouter notre support à nous, l'ADN, dessus.
26:56Combien on stocke de données sur une carte comme ça, type carte de crédit ?
27:00On va aller, pour la fin de la décennie, c'est encore en construction, sur un pétaoctet de données.
27:04C'est-à-dire l'équivalent d'un million de teraoctets.
27:06Le tera, c'est ce que vous avez classiquement dans un ordinateur portable, le bureau.
27:10Et ça, ce sera vendu au grand public ?
27:14Dans un premier temps, non, parce que c'est un produit qui nécessitera un achat important au départ.
27:21C'est plutôt destiné à des professionnels, des gens qui ont une salle technique, ce qu'on appelle un data center.
27:27Et après, on verra.
27:29Dans les data centers, au lieu d'avoir des grands racks, on pourrait avoir des cartes, simplement ?
27:35On aura toujours des grands racks, et dans les grands racks, il y aura des milliers de cartes.
27:38D'accord.
27:39C'est ça qui va se passer.
27:40D'accord.
27:41Et aujourd'hui, vous êtes déjà en discussion avec des data centers.
27:44Qu'est-ce que ça change pour eux ?
27:46Je le disais un peu en introduction, c'est une transformation phénoménale pour un data center de passer à cette dimension-là, sur le stockage.
27:55Effectivement, on est énormément en discussion avec les data centers depuis le début.
27:58Certains propriétaires de cloud providers ont déjà investi directement chez BIMemory.
28:04On a aussi des clients, et on recrute chez les cloud providers.
28:08Notamment, on vient d'être rejoint par un nouveau directeur technique, qui est l'ancien directeur de la R&D de Scaleway.
28:16Tout ça, c'est le même monde, le même écosystème.
28:20D'accord.
28:21Aujourd'hui, ceux que vous avez contactés sont prêts pour cette révolution.
28:27Mais qu'est-ce que ça va engager comme transformation pour eux ?
28:31Finalement, pas grand-chose.
28:33Pas grand-chose.
28:34Aujourd'hui, l'idée, c'est que ça puisse être compatible avec les data centers, les centres de données existants.
28:40Tout à fait.
28:41On ne veut pas envoyer des biologistes dans les data centers.
28:43On veut qu'il n'y ait zéro changement.
28:45Donc, on fabrique des racks exactement comme ceux qui existent aujourd'hui dans les data centers.
28:50Tout fonctionnera à l'identique.
28:52L'interfaçage au niveau logiciel, au niveau matériel est le même.
28:56C'est pour ça qu'on travaille très dur avec les data centers aujourd'hui, avant qu'on livre les premiers racks.
29:01Simplement, ils pourront stocker beaucoup plus dans beaucoup moins d'espaces.
29:05Et surtout, plus durablement.
29:06Et plus durablement.
29:07Merci beaucoup, Erfan Armani.
29:09Vous revenez avant deux ans pour me dire où vous en êtes.
29:11PDG, je rappelle, de BioMémory.
29:14Merci à vous de nous suivre avec fidélité dans Smartech.
29:17Vous nous regardez sur la chaîne Bismarck Fortschel.
29:19Vous aussi, nous suivons en podcast, en replay sur les réseaux sociaux.
29:22A très bientôt pour de nouvelles discussions sur la tech.