• il y a 11 mois
Thérèse Hargot est l’autrice de l’essai "Tout le monde en regarde (ou presque)/Comment le porno détruit l’amour" (éd.Albin Michel). La sexologue et thérapeute se dit très inquiète de la consommation massive de la pornographie au sein de notre société. D’après elle, la pornographie a généré des scénarios sexuels très violents qui peuvent avoir un impact sur les personnes plus fragiles. Explications.

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Transcription
00:00 On est en train de fabriquer des générations de potentiels abuseurs,
00:03 violeurs sexuels,
00:04 ça veut dire des hommes, mais parfois aussi des femmes,
00:06 qui ne savent pas gérer leurs pulsions sexuelles,
00:09 qui sont habitées par des fantasmes très violents,
00:11 et il suffit d'un peu de fragilité pour passer à l'acte.
00:14 Ce que j'ai pu entendre de la part d'hommes particulièrement,
00:20 c'est qu'ils ne sont plus excités par des corps des vraies femmes,
00:24 de la vraie vie,
00:25 parce que depuis qu'ils sont petits,
00:27 depuis qu'ils sont au collège,
00:28 ils ont appris à être excités avec des corps d'actrices pornos,
00:31 qui sont des corps non seulement souvent un peu trafiqués,
00:33 mais aussi mis en scène, etc.
00:35 Et donc il y a une baisse d'excitation sexuelle,
00:38 et qui va aussi avoir des impacts sur leur relation.
00:40 Ça veut dire qu'ils vont avoir des bonnes copines,
00:41 mais c'est pas avec elles qu'ils vont vouloir avoir une activité sexuelle.
00:44 Ça c'est quand même très interpellant.
00:45 Je m'inquiète beaucoup de cette consommation massive de pornographie,
00:47 parce qu'on voit des hommes et des femmes,
00:49 qui aujourd'hui sont envahis par des fantasmes sexuels,
00:52 qu'ils n'auraient jamais eus,
00:54 s'ils n'avaient pas été exposés aux images pornographiques.
00:56 Il y a une accoutumance à certains scénarios sexuels,
00:59 qui fait que le cerveau ne ressent plus d'excitation quand il les voit.
01:02 Donc il a besoin de transgresser davantage en termes de fantasmes,
01:06 de voir des choses de plus en plus hard,
01:08 pour ressentir de nouveau de l'excitation sexuelle.
01:10 Mais à force, il va aller vers des pratiques
01:13 qui sont parfois totalement inhumaines.
01:17 C'est tout à fait naturel d'avoir des fantasmes,
01:18 et c'est nécessaire à la vie sexuelle épanouie.
01:20 Mais l'industrie pornographique, elle fabrique des fantasmes
01:23 pour répondre à ce besoin insatiable de notre cerveau
01:26 de ressentir toujours et encore de l'excitation.
01:28 Et le problème, c'est que quand tu es envahie par des fantasmes hyper violents,
01:32 ça peut commencer à t'inviter à passer à l'acte aussi.
01:34 Et là où je suis très inquiète,
01:36 c'est que je me dis qu'on est en train de fabriquer des générations
01:38 de potentiels abuseurs, violeurs sexuels.
01:41 Ça veut dire des hommes, mais parfois aussi des femmes,
01:44 qui ne savent pas gérer leurs pulsions sexuelles,
01:46 qui sont habitées par des fantasmes très violents.
01:48 Et il suffit d'un peu de fragilité,
01:50 que ce soit une fragilité mentale,
01:52 ou alors une fragilité due à l'alcool ou d'autres produits,
01:54 pour passer à l'acte.
01:55 Et ça, en fait, c'est très inquiétant pour notre société.
01:58 C'est pour ça que je pense qu'il faut vraiment arrêter la pornographie
02:00 et parler de ce phénomène-là,
02:01 parce que c'est un problème de santé, j'ai envie de dire, publique,
02:04 et un problème politique presque.
02:06 [Générique]
02:08 Merci.

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