Bruno Retailleau, ministre démissionnaire de l'Intérieur, était l’invité du Face-à-Face de ce mercredi 18 décembre sur BFMTV et RMC.
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00:00Il est 8h30 et vous êtes bien sur RMC et BFM TV. Bonjour Bruno Retailleau.
00:10Bonjour Apolline de Malherbe.
00:11Merci d'être dans ce studio pour répondre à mes questions ce matin et d'avoir choisi RMC et BFM TV.
00:16Vous êtes rentré hier soir de Mayotte et c'est d'ailleurs la première fois que vous répondez à une interview depuis la nomination de François Bayrou.
00:23Vous êtes le personnage pivot de ce gouvernement. Est-ce que vous resterez ministre ?
00:26De très nombreuses questions à vous poser ce matin. Mais évidemment Mayotte, vous en revenez. Qu'avez-vous vu ?
00:33J'ai vu ce que vous avez pu voir aussi dans vos images, dans les reportages, une île qui est totalement dévastée, des dégâts qui sont absolument colossaux.
00:44Ce qui m'a le plus frappé, puisqu'on a parcouru dans un premier temps l'île avec un hélicoptère pour nous rendre compte un peu des dégâts,
00:52c'est ce contraste qui est saisissant entre d'un côté ces paysages totalement désolés, cette désolation, et en même temps, lorsqu'on se pose, cette espèce de calme apparent,
01:01cette espèce de silence. J'ai vu finalement assez peu de personnes qui étaient au-delà de Mamoudzou. Donc c'est ce contraste qui est inquiétant.
01:11Ce silence, il est particulièrement inquiétant. Où sont les gens ? Voilà des cris que posent tous ceux qui sont sur place.
01:17On s'était relayé à ce micro hier par Famille Aroussa. Ils nous disent au téléphone où sont les gens.
01:22Où sont les gens ? J'ai pris la décision il y a plus de 24 heures de faire venir une sous-préfète sur place. Elle aura cette mission d'enquêter, de recenser.
01:33De même que nous avons donné les instructions au préfet de Mayotte, je veux les saluer parce qu'ils sont admirables, les services de l'État, c'est vraiment admirable,
01:40d'envoyer de dépêcher dans chaque commune de l'île des gendarmes avec un questionnaire très précis pour enquêter et pour que d'ici quelques jours,
01:48nous puissions avoir un bilan, mais surtout aussi pour qu'on puisse organiser plus rapidement possible des premiers secours.
01:55Sur la question du bilan, est-ce qu'on peut esquisser un bilan ce matin ?
01:58Non, non, ça ne sert à rien. Les 22 morts que je peux vous donner qui sont le bilan tel qu'on me l'a rapporté, 45 blessés graves, les 1300 et quelques blessés plus légers,
02:08c'est un bilan provisoire. Ce que je peux vous dire, et ce que je crains d'ailleurs, c'est que le bilan soit lourd, que ce bilan soit bien trop lourd.
02:16Quand vous dites bien trop lourd, on a parlé de plusieurs centaines, peut-être un millier, quand vous dites trop lourd, c'était des mots du préfet ?
02:22Je ne donnerai aucun chiffre parce que je ne sais pas. Je ne sais pas. Je n'ai pas inventé des chiffres.
02:27On ne sait pas. Et c'est ça évidemment qui est le plus fou dans cette histoire, une première nuit sous couvre-feu également.
02:33Est-ce que vous avez des nouvelles de cette nuit ? Des questions aussi de sécurité, de stabilisation ?
02:38Le premier réflexe quand vous avez des catastrophes de cette ampleur, c'est trois priorités. La première priorité, c'est d'assurer l'ordre public et les premiers secours.
02:49Nous avons donné au préfet des instruments tout à fait exceptionnels, un cadre juridique exceptionnel.
02:54Dès le départ, je lui ai demandé, je l'avais appelé dès samedi pour que, dès que l'alerte la plus chaude était passée,
03:02que les policiers, les gendarmes soient dans les rues pour garantir l'ordre public, pour ne pas ajouter du désordre au désordre.
03:09Et ça a été fait. Deux gendarmes ont été blessés cette nuit, malheureusement comme c'est le cas trop souvent à Mayotte.
03:17Blessés, ça veut dire blessés dans des affrontements ?
03:19Par des projectiles, par des projectiles, mais rien malheureusement de ce qui dénote de la routine sur Mayotte qui est une île en grande souffrance.
03:26Dans ce cadre juridique, il y a ce couvre-feu que le préfet a décrété.
03:30Et pour la première fois, je lui ai demandé d'utiliser l'article 27 de la LOPMI qui concentre les mains, entre les mains du préfet, tous les pouvoirs de l'État.
03:38Il va avoir autorité sur tous les services de l'État.
03:41L'État est debout, c'est d'ailleurs sa fonction première, c'est même sa définition étymologique.
03:47Et je pense que la solidarité nationale dans ce genre d'épreuve, elle prend tout son sang.
03:51Donc c'était la première priorité, les secours et l'ordre public.
03:55La deuxième priorité, c'est assurer les besoins vitaux de la population en eau et en alimentation.
04:01Un stock de plus de 100 tonnes va être distribué de nourriture aujourd'hui.
04:05On assure un pont aérien chaque jour, plus de 20 tonnes de livraison entre la Réunion et Mayotte par l'aéroport.
04:13Des bouteilles d'eau bien sûr et puis aussi de la nourriture.
04:16La troisième priorité, c'est bien sûr toutes les grandes infrastructures, y compris l'hôpital.
04:21Je me suis rendu à l'hôpital, l'hôpital désormais à l'électricité, fonctionne à peu près à 45 à 50%.
04:27Un hôpital de campagne avec 100 lits, 90 personnels soignants va venir le renforcer.
04:33Des dialysés ont été évacués de Mayotte vers la Réunion.
04:37Donc nous nous organisons avec des ponts aériens puisque la piste est sauve.
04:43En revanche, le système de balisage ne permet pas d'atterrir la nuit.
04:47Mais très prochainement, on va pouvoir le réparer.
04:49Des équipes de la direction générale de l'aviation civile sont sur place.
04:53Du génie aussi militaire sont sur place.
04:55Un pont maritime avec des bateaux privés de CMA-CGM.
04:58Je veux remercier Rodolphe Sallé que j'ai eu dimanche.
05:02Peu m'importe, moi ce qu'il me faut c'est des gros porteurs, des portes conteneurs.
05:07Un va arriver dans les jours prochains avec des tonnes et des tonnes, des centaines de tonnes de fret.
05:12Mobilisation générale, mais pour que l'on comprenne bien de quoi il s'agit.
05:15Lorsque vous évoquez ces dialysés, il y a un peu plus d'une vingtaine de personnes
05:19qui ont besoin de dialyses quotidiennes, qui ont effectivement été évacuées à la Réunion
05:23et qui ont pu reprendre le cours de leur dialyse.
05:25Mais ce que disait le médecin ce matin qu'on entendait sur RMC,
05:28c'est qu'il y en a au moins 58 autres qui sont, on le sait,
05:32les personnes qui ont besoin de dialyses quotidiennes, dont ils sont sans nouvelles.
05:36C'est dire effectivement cet effroi et cette angoisse sans nouvelles.
05:40C'est la raison pour laquelle les sapeurs-pompiers, mais aussi le personnel.
05:43J'avais ce matin encore le maire de Mamoudzou, son personnel.
05:46Je connais bien le président qui est un ami, le président du département.
05:49Chacun est à sa tâche pour pouvoir débloquer les routes.
05:52Les grands axes depuis hier sont débloqués.
05:55Il reste des routes secondaires et notamment vers le nord de l'île.
05:59C'est ce qui permettra d'approcher au plus près de ces malades chroniques.
06:02Mais tout est mis en place.
06:04J'ai eu chaque jour, je fais au moins une à deux fois par jour le point avec Sébastien Lecornu.
06:08Nous avons le renfort de l'armée.
06:10Deux navires militaires sont en route.
06:13Notamment des navires Lancore qui permettent d'avoir de gros emports.
06:17Vous savez quand est-ce qu'ils arriveront ?
06:19Oui, le premier arrivera je crois que c'est jeudi.
06:23Il y a le Marion Dufresne ensuite.
06:27On a un certain nombre de militaires du génie qui sont sur place.
06:30Les forces armées sont mobilisées.
06:33Je veux remercier bien entendu le ministre des Armées de sa mobilisation.
06:37Vous avez dit à l'instant Bruno Retailleau qu'il s'agissait d'une île en très grande souffrance.
06:41Vous avez eu ces mots sur Twitter.
06:44Il faut déjà penser au jour d'après.
06:46On ne pourra pas reconstruire Mayotte sans traiter avec la plus grande détermination la question migratoire.
06:51Mayotte est le symbole de la dérive que les gouvernements ont laissé s'installer sur cette question.
06:56Il faudra légiférer pour qu'à Mayotte comme partout sur le territoire national,
07:00la France reprenne le contrôle de son immigration.
07:04Est-ce que c'était le moment ?
07:05Bien sûr que c'est le moment.
07:07Je me suis rendu dans une réunion improvisée
07:11où il y avait la population dans la mairie de Mamoudzou.
07:14Il y avait de nombreux élus de l'île.
07:16Il y avait le président du département.
07:19Et qu'est-ce que l'on m'a demandé ?
07:20On m'a demandé de ne pas recommettre les mêmes erreurs.
07:23On m'a dit mais si on reconstruit sur du sable,
07:25alors les mêmes causes produiront les mêmes effets.
07:27Pourquoi ?
07:28Parce que le bilan qu'on concentrera dans quelques jours,
07:31il sera très lourd.
07:32Il ne sera pas très lourd là où il y avait des habitations en dur.
07:35Il sera lourd où il y avait ce qu'on appelle des bangas,
07:37c'est-à-dire des bidonvilles.
07:39Vous vous rendez compte que Mayotte compte à peu près 320 000 habitants.
07:44On pense qu'il y a autour de 100 000 clandestins en situation irrégulière
07:49qui vivent justement dans cette très grande précarité
07:52d'où il y a aussi un effet de violence.
07:54Donc il faut reconstruire.
07:55Nous avons décidé d'ailleurs de passer,
07:57d'anticiper à cette phase de reconstruction
08:00un délégué interministériel va être nommé.
08:03Mais il va falloir, si j'ose dire,
08:05dans cette reconstruction ne pas commettre toutes les mêmes erreurs.
08:07D'abord, ça veut dire un, les logements.
08:10Moi j'ai vu qu'il y avait par exemple sur les logements en dur,
08:13des toitures qui avaient bien tenu et d'autres qui ont mal tenu.
08:16Donc il faut construire en tenant compte,
08:18en prenant en compte ces leçons pour qu'on puisse résister
08:21à des vents de plus de 220 km heure.
08:24Il y a la question des normes et de la construction du logement.
08:27Mais il y a aussi la question de la clandestinité
08:29comme vous dites.
08:30Quand vous évoquez ces 100 000 personnes clandestines,
08:32qu'est-ce que ça veut dire ?
08:33Est-ce que ça veut dire que vous estimez qu'au fond,
08:35s'ils n'avaient pas été là, si la France n'avait pas,
08:39quand vous dites qu'il y a eu une forme de dérive et d'abandon,
08:43on les a laissés en quelque sorte s'installer,
08:46je ne comprends pas bien.
08:47Est-ce que vous considérez qu'ils auraient eu une responsabilité
08:49eux-mêmes à se mettre dans des endroits où ils étaient en danger ?
08:52Je vais m'expliquer,
08:53mais merci de me laisser développer sur le logement.
08:56Allez-y, c'est important.
08:57Ce qui est fondamental, c'est qu'il y aura des règles nouvelles.
09:00Et là encore, nous devrons passer une loi pour accélérer les choses,
09:05pour faire en sorte que la bureaucratie habituelle
09:08ne nous empêche pas de reconstruire vite.
09:09Ça, c'est fondamental.
09:11Et puis, bien entendu, il y a la question de l'immigration irrégulière
09:15parce qu'on a laissé les Mahorais seuls devant leur malheur
09:19avec cette immigration qui est totalement incontrôlée.
09:22Vous savez qu'il naît dans la maternité de Mamoudzou,
09:26c'est la plus grande maternité française, un enfant par heure.
09:31Et malheureusement, 74% de ces enfants,
09:35ce sont des mamans qui sont dans la clandestinité.
09:38Pourquoi ? Parce qu'on a un régime qui est très attractif en France.
09:42On a ce droit du sol.
09:43Et les clandestins, les mamans qui sont en situation irrégulière,
09:47viennent à tout prix accoucher
09:49parce qu'elles savent que si elles viennent,
09:51elles parviennent justement à mettre le pied sur le sol mahorais,
09:54bien entendu, qu'on accueille ces femmes-là
09:56et qu'on ne les laisse pas accoucher dans des bidonvilles.
09:59Et que par conséquent, avec le droit du sol,
10:01il suffit même quand on est clandestin d'accoucher dans ces conditions
10:04pour que demain, l'enfant à sa majorité devienne lui-même français.
10:08C'est ça qu'il faut qu'on règle aussi.
10:10Mais ça veut dire quoi ?
10:11Ça veut dire que là, au moment où l'on se parle,
10:13et c'est vraiment l'urgence de la situation,
10:15on a des gens qui certes, pour grand nombre d'entre eux, sont clandestins,
10:18mais qui tentent de reconstruire de leur main des bidonvilles.
10:21Est-ce qu'il faut leur dire
10:22écoutez, non, en fait, vous ne reconstruisez pas
10:24et on vous renvoie de l'autre côté de la mer, ailleurs ?
10:28Moi, je pense que pour reconstruire,
10:31et en matière d'immigration irrégulière,
10:33on ne pourra plus, en réalité, faire comme avant.
10:36Je pense qu'il y a au moins trois actions.
10:38Trois actions qu'il faudra développer.
10:40D'abord, être beaucoup plus dur vis-à-vis des comores.
10:43Parce qu'on sait très bien qu'il y a une politique comorienne
10:45qui consiste finalement à laisser partir,
10:48voire même à encourager une population,
10:50parce que les comores n'ont jamais supporté
10:52l'autodétermination pour la France de Mayotte.
10:56Jamais.
10:57Et donc, il y a une forme,
10:58le mot est sans doute trop fort, de guéribride, si j'ose dire,
11:01en poussant des populations vers Mayotte
11:04pour susciter une sorte d'occupation clandestine.
11:08Donc, il faudrait être beaucoup plus dur de ce point de vue-là.
11:11Deuxième chose, il faudra aussi envisager des nouveaux moyens de lutte,
11:14notamment en utilisant un certain nombre d'outils modernes,
11:18de drones, etc., pour prévenir l'arrivée des quoissa-quoissa.
11:21Et puis enfin, il faut modifier notre législation.
11:24Pourquoi est-ce que je veux qu'on légifère sur l'immigration ?
11:28Parce qu'on a besoin de régler des problèmes pratiques.
11:31Et tous ces bien-pensants à gauche,
11:33tous ces bien-pensants à gauche et ailleurs d'ailleurs,
11:35que j'entends depuis hier,
11:37je souhaite qu'ils aillent au contact des Mahorais.
11:40C'est très facile à Paris, à l'Assemblée nationale,
11:43ou ailleurs, ou dans les médias,
11:45de proférer un certain nombre d'oukaz
11:47vis-à-vis de telle ou telle position.
11:49Moi, je veux régler le problème.
11:50Il n'y a aucune société au monde, vous m'entendez bien,
11:52là-bas, la population à majorité, elle est musulmane.
11:55La peau, elle est brune.
11:58Ce sont des gens, des Français,
12:00je ne connais pas de territoire de France
12:02aussi attaché à la mère patrie, à la France, que Mayotte,
12:06que ce soit dit.
12:07Mais qu'ils aillent au contact de ces élus,
12:09au contact de la population,
12:11ils leur diront que c'est impossible.
12:13C'est comme si en France,
12:14on avait à peu près 20 millions de clandestins.
12:16Est-ce qu'une société, laissez-moi terminer,
12:18est-ce qu'une société peut vivre dans la concorde civile
12:22avec un tel déséquilibre démographique ?
12:24Eh bien, je dis non.
12:25Donc, il faut changer les règles
12:27quand ces règles causent un certain nombre
12:29de conséquences désastreuses.
12:30– Ce que vous voulez dire,
12:31c'est que vous vous adressez à un certain nombre d'élus,
12:33vous dites, ces élus de gauche qui moralisent,
12:35en leur disant, cette population-là
12:38ne souhaite pas ce que vous vous dites, c'est ça ?
12:41Vous dites à ces élus qu'ils se trompent ?
12:44– Mais bien sûr, mais exactement.
12:46Qu'ils sortent de leur bien-pensance,
12:48de leur beau quartier parisien,
12:49de leur confort intellectuel, médiatique et autres,
12:53et qu'ils se confrontent à la réalité.
12:55Vous savez, les maorais, ils ne sont pas racistes.
12:57Je vous le disais, ils pratiquent très largement d'ailleurs
13:01la religion musulmane.
13:03Mais croyez-moi, tous les élus ont le même langage.
13:06Tous les élus souhaitent qu'une situation stable redevienne.
13:10On verra le bilan des victimes.
13:12– Ils demandent le changement de la loi,
13:13eux-mêmes demandent la fin du droit du sol.
13:15– Mais bien sûr, c'est eux qui le demandent.
13:17C'est d'abord eux qui le demandent.
13:19Et j'ai un projet, un texte d'ailleurs,
13:21qui permettrait non pas d'abolir,
13:23parce que je pense qu'il faudrait modifier la constitution,
13:25mais au moins d'avoir un délai d'un an,
13:27pour que par exemple la maman soit en situation régulière
13:30avant la naissance,
13:31pour que le bébé puisse à la majorité
13:33devenir vraiment français,
13:34qu'il y ait une situation régulière de celle qui accouche.
13:38– Que vous aurez les moyens de faire avancer ce genre de loi ?
13:41J'en viens évidemment à la question politique.
13:43Vous aurez un rendez-vous tout à l'heure à 9h30
13:45avec François Bayrou, tous les deux.
13:47Bruno Retailleau, est-ce que vous allez rester dans ce gouvernement ?
13:52– Au moment où je vous parle, je ne le sais pas.
13:54Et ça ne dépend pas de moi.
13:57Moi, je suis rentré au gouvernement avec Michel Barnier
14:01pour éviter à la France le chaos dans une situation de crise.
14:05J'y suis rentré pour barrer la route à la gauche et à l'extrême gauche,
14:09pour avoir une alternative dans une période chaotique
14:12que traverse notre pays.
14:14Mais je ne pourrais rester au gouvernement
14:17que si je suis en mesure de mener la politique
14:20que veulent la majorité des Français,
14:22c'est-à-dire de restaurer l'autorité, la fermeté, l'ordre public,
14:27aussi bien dans la rue qu'à nos frontières.
14:29– Je vais vous poser la question différemment, Bruno Retailleau,
14:31est-ce que vous souhaitez rester dans le gouvernement ?
14:34– Je le souhaite si j'en ai les moyens,
14:36parce que j'ai commencé un travail et je souhaite le mener à bien.
14:39Je suis d'ailleurs très heureux de voir que les mesures de fermeté
14:41que j'ai proposées sont soutenues très majoritairement,
14:44non seulement par les Français de droite,
14:46mais aussi par les Français de gauche.
14:48Vous n'imaginez pas, lorsque je suis allé au congrès des maires,
14:50le nombre de maires qui m'ont dit
14:52écoutez, on n'a pas les mêmes options politiques que vous,
14:55je suis à gauche, mais ce que vous faites, c'est bien, allez-y, continuez.
14:58Ça veut dire que, certes, il n'y a pas de majorité à l'Assemblée nationale,
15:02mais il y a ce que le général de Gaulle appelait la majorité nationale.
15:05Moi, je veux que l'on mène, avec ce gouvernement-là,
15:08si jamais ça devait être le cas,
15:10la politique que la majorité des Français de droite et de gauche
15:13souhaitent que nous menions pour rétablir l'ordre public.
15:16C'est fondamental.
15:17– Mais à quel prix ?
15:18C'est-à-dire, vous dites, je souhaite rester si j'ai les moyens de travailler.
15:22On l'a bien compris, vous êtes le personnage clé de ce gouvernement à venir,
15:26puisque certains disent, nous on veut bien participer ou ne pas censurer,
15:29s'il n'y a pas Bruno Retailleau, ou alors s'il n'y a pas sa loi immigration.
15:33Est-ce que vous pourriez, vous, rester ministre,
15:36mais accepter de renoncer à la loi immigration que vous appeliez de vos voeux ?
15:41– Non, quand je suis rentré au gouvernement, je me suis fait une promesse,
15:44et je m'y tiendrai, c'est ne pas me trahir et ne pas tromper les Français.
15:48Moi, je ne suis pas sectaire.
15:49Toutes celles et ceux avec qui j'ai travaillé, y compris au Sénat,
15:52d'un autre bord, vous diront que j'ai des convictions qui sont très affirmées,
15:56que je ne me mets jamais le drapeau dans ma poche,
15:59mais qu'en revanche, je ne suis pas sectaire.
16:02Je ne suis pas sectaire, mais je ne suis pas non plus un mercenaire.
16:04Ça veut dire quoi ?
16:05Je ne suis pas prêt à vendre mes idées à n'importe quel prix.
16:09Je veux précisément parce que mes idées, mes convictions, j'y tiens,
16:13et un nombre important de Français les partagent.
16:16Par conséquent, sur la politique migratoire, je pense qu'on peut mettre fin,
16:20j'ai déjà un certain nombre de résultats, de premiers résultats,
16:23on peut mettre fin à, si j'ose dire, ce manque de contrôle des flux migratoires.
16:28Mais il faudra légiférer.
16:29J'ai donné, par exemple, le cas de Mayotte sur le droit du sol,
16:34le délit de séjour...
16:36Mais légiférer, est-ce que vous pourriez glisser ces points législatifs
16:40dans d'autres lois ou est-ce que vous avez besoin ?
16:43Encore une fois, on le comprend bien, c'est la clé.
16:45Est-ce que vous aurez besoin d'une loi immigration ou est-ce que vous dites
16:48bon, je suis prêt à renoncer à cette loi immigration,
16:51mais il y a un certain nombre de points.
16:53Vous vouliez notamment rallonger le délai dans les centres de rétention,
16:58revenir effectivement sur la question du droit du sol à Mayotte.
17:02Est-ce que ces points-là nécessitent à vos yeux une loi immigration ?
17:05Est-ce que c'est la loi immigration ou rien ?
17:08Je n'ai pas besoin d'une loi, je ne suis pas fétichiste.
17:11J'ai besoin de mesures législatives.
17:13Ces mesures législatives dans notre Constitution,
17:16elles peuvent venir du gouvernement,
17:18elles peuvent venir soit des députés ou soit des sénateurs.
17:20Mais sur le droit du sol à Mayotte,
17:22sur le rétablissement du délit de séjour irrégulier,
17:26nous en avons pratiquement besoin, concrètement besoin.
17:29Sur, par exemple, Philippines.
17:31Je n'ai pas oublié, moi, le drame de Philippines.
17:33Je veux que pour les prédateurs sexuels...
17:35Philippine, c'est cette jeune femme qui a été violée et assassinée
17:37dans le bois de Boulogne après par un homme sous occuterre.
17:39Je veux que pour les prédateurs sexuels,
17:41on puisse allonger le délai de rétention
17:43dans les centres de rétention administratives.
17:45Donner un pouvoir au préfet lorsqu'il fait appel, par exemple,
17:49à une décision du juge qui veut libérer, justement,
17:51un personnage, un individu dangereux,
17:53qu'avec ce pouvoir du préfet qui deviendrait suspensif
17:57pour s'opposer à cette décision,
17:59en attente, bien entendu, d'une seconde instance,
18:01le préfet puisse avoir aussi ce pouvoir.
18:03Donc, on a besoin de mesures très concrètes.
18:05Ce sont vos lignes rouges.
18:06Mais bien sûr que ce sont mes lignes rouges.
18:08Je le dis très simplement.
18:09Je pense d'ailleurs que François Bayrou me connaît.
18:11Vous avez longtemps travaillé ensemble.
18:13Il me connaît très bien.
18:15Je le verrai après cette émission.
18:17J'ai un rendez-vous avec lui.
18:19Je l'ai déjà vu. On s'est déjà entretenus.
18:21Il sait très bien qu'en choisissant de me faire venir au gouvernement,
18:25il choisit un style, il choisit des convictions,
18:28il choisit une ligne.
18:29Donc, moi, je ne trompe personne sur la marchandise,
18:32comme on dit vulgairement, simplement,
18:35où on me fait confiance pour une politique
18:37qui me semble être la politique,
18:38d'ailleurs, celle que m'avait demandé de conduire Michel Barnier
18:41et celle que soutiennent une majorité de Français.
18:44Où c'est possible ?
18:45Où c'est possible et je rentrerai au gouvernement ?
18:47Où ça n'est pas possible et je me retirerai ?
18:49Et vous vous retirez, vous en tirez les conséquences.
18:51Je n'ai pas tout à fait compris si vous parliez en votre nom, Bruno Retailleau,
18:54ou au nom aussi de la droite, dont vous êtes l'un des leaders.
18:57Vous avez présidé pendant longtemps le groupe Les Républicains au Sénat.
19:01Laurent Wauquiez, lui, estime qu'il y a, je cite,
19:04« trop de flou que la participation des Républicains
19:07au gouvernement de François Bayrou n'est pas acquise ».
19:09Est-ce qu'il parle au nom de la droite ?
19:11Est-ce que vous parlez en votre nom ?
19:12Quelle est la position ? Est-ce qu'elle est commune ?
19:14Je vous dis ce que je dis ce matin.
19:16Je l'exprime de façon commune.
19:17J'ai eu Laurent Wauquiez hier.
19:18J'ai eu Mathieu Darnot qui m'a succédé à la présidence du groupe au Sénat.
19:22J'ai vu longuement aussi Gérard Larcher.
19:24Ce que je vous dis aujourd'hui, nous le disons du même voie.
19:28Pour l'instant, les conditions ne sont pas réunies
19:30et donc on essaiera de voir dans les jours prochains
19:33si un certain nombre d'obstacles sont levés
19:36parce qu'il est évident que si ce gouvernement part à gauche
19:39alors qu'une majorité des Français sont de droite
19:43et qu'en plus, les Français qui votent à gauche
19:45sont moins à gauche sur les questions d'autorité
19:48que je représente et de fermeté sont beaucoup moins à gauche
19:51que leurs propres députés.
19:52Donc ce serait un incomple que le gouvernement tire à gauche
19:55alors que la France, elle, est à droite.
19:57J'ai encore deux questions Bruno Retailleau sur la question de la menace terroriste
20:01mais un mot quand même sur le fait que vous, vous étiez à Mayotte
20:04que pendant ce temps-là, François Bayrou, il lui a été beaucoup reproché
20:07d'avoir fait le choix d'aller au conseil municipal de Pau.
20:10Est-ce qu'il n'était pas à contre-temps ?
20:12Alors j'ai vécu cette polémique très franchement de façon un peu surréaliste
20:16puisque j'étais moi donc en préfecture sur place
20:19et on avait la cellule de crise qui était présidée par le président de la République.
20:23Il y avait autour de la table 12 ou 13 ministres
20:25et j'ai vu moi le premier ministre qui était aussi en visio
20:29alors depuis Pau, peu importe
20:31et ça ne nous a absolument pas empêché de prendre les bonnes décisions.
20:35Très franchement, j'ai trouvé un peu surréaliste.
20:38Il y a peut-être et sans doute une portée symbolique
20:40mais en tout cas, ça n'a pas empêché l'action de l'État de se déployer
20:44et croyez-moi, c'est ce que je veux dire,
20:46c'est que je suis ministre dans un ministère du régalien.
20:49Régalien, ça veut dire l'État.
20:51Croyez-moi, c'est dans ces conditions-là où tout fondre, s'écroule
20:54qu'on voit bien que l'État se tient debout et l'État est le recours.
20:58L'État est le seul recours à Mayotte.
21:00Un mot parce qu'avant que vous ne partiez à Mayotte,
21:03il y avait la question de la Syrie avec un certain nombre de nos voisins,
21:07l'Allemagne, l'Autriche, le Danemark, la Grande-Bretagne
21:09qui ont décidé de suspendre le traitement des demandes d'asile des Syriens.
21:13Vous l'envisagiez ? Est-ce que vous le ferez ?
21:17Ah non, mais c'est déjà le cas.
21:19Nous avons tout gelé.
21:21L'OFPRA, dans ces conditions-là,
21:23imaginez-vous que des bourreaux de Bachar el-Assad
21:27veuillent se replier en France, réclament un droit d'asile.
21:30Non, il est hors de question.
21:32L'OFPRA a pris ses décisions comme une douzaine d'autres pays européens.
21:36Est-ce que vous estimez à la menace terroriste aujourd'hui particulièrement élevée ?
21:42Pour l'instant, nos services qui s'occupent du contre-espionnage,
21:46notamment la DGSI, mais aussi la DGSE pour l'extérieur,
21:49n'estiment pas que la menace est augmentée de ce point de vue-là.
21:52Mais nous sommes là encore très, très, très vigilants.
21:55Je veux regarder aussi la menace migratoire,
21:58où des individus, si jamais elle advenait, pourraient se mêler.
22:02C'est ce qui s'était passé en 2015.
22:05Vous vous souvenez malheureusement avec les attentats, notamment de Paris.
22:08Donc aujourd'hui, on est très, très prudents.
22:11Et je pense que beaucoup de pays européens partagent notre politique.
22:14Grande prudence, un mot sur nos accords avec l'Algérie,
22:16parce que ça fait un mois que l'écrivain Boalem Sansal,
22:19qui est franco-algérien, est toujours retenu en Algérie.
22:23L'Algérie qui a refusé d'accorder un visa à son avocat,
22:26qui ne peut donc pas défendre Boalem Sansal.
22:29Est-ce qu'il faut, de notre côté, que l'on continue à accepter les visas ?
22:33Est-ce que les échanges doivent perdurer comme si de rien n'était,
22:35alors qu'on a cette rétention ?
22:37Si vous me posez la question, vous savez à qui vous la posez,
22:40et vous en connaissez sans doute la réponse.
22:42Je suis partisan d'une politique de fermeté, simplement.
22:44Il se trouve que quelques jours avant qu'il ne soit enlevé,
22:47je correspondais par SMS avec Boalem
22:50pour convenir d'une date d'un déjeuner ou d'un dîner.
22:53Donc c'est quelque chose qui me touche.
22:55Dès le départ, j'ai pris le contact, la tâche du président de la République.
22:58Et je pense que la France fait le maximum, simplement.
23:01Dans ces cas-là, c'est la discrétion qui est la plus efficace.
23:03Donc je serai très très discret.
23:05Mais je suis partisan, dans la majorité des cas,
23:08et avec l'ensemble des pays, d'une politique de fermeté.
23:11Et c'est la réciprocité.
23:13Ou les pays coopèrent avec nous, et alors on peut octroyer les visas.
23:16Mais quand il n'y a pas de coopération, moi je suis pour un blocage.
23:20Et de façon très nette, il y a un accord aussi, très particulier,
23:23très dérogatoire, de décembre 1968.
23:26Trop dérogatoire ?
23:27Bien sûr, beaucoup trop dérogatoire.
23:29Ce qui pouvait correspondre à ce moment-là, du temps du général de Gaulle,
23:32qui ne correspond plus aujourd'hui à rien du tout.
23:35Mais encore une fois, c'est cette idée de la réciprocité.
23:38Et j'espère que la relation entre l'Algérie et la France permettra de stabiliser les choses.
23:44Mais je souhaite que Boëllem Sansal puisse nous revenir très rapidement.
23:48Si tel n'était pas le cas, je pense que la France serait en mesure
23:52de déployer un certain nombre de réponses.
23:54Merci Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur, ministre démissionnaire,
23:57d'avoir choisi RMC et BFM TV ce matin, il est 8h53.