• il y a 10 mois
Avec Virginie Le Guay, journaliste et éditorialiste politique, Cedric Nouvelot, conseiller régional de Normandie, Timothée Gaget, directeur de l'agence Artcher, Jean Luc Bennahmias, membre de la Ligue des Droits de l'Homme, ancien membre du CESE


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##METTEZ_VOUS_D_ACCORD-2024-01-24##

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Transcription
00:00 (Générique)
00:02 Sud Radio, le 10h midi, mettez-vous d'accord, Valérie Exper.
00:06 Et nous sommes ensemble pour commenter l'actualité dans ce 10h midi,
00:10 avec évidemment la colère des agriculteurs.
00:13 Quelle réponse ? On en parle avec vous.
00:16 Les 18-24 ans, selon un sondage IFOP fiducial pour Sud Radio,
00:21 votent RN et LFI.
00:23 Et la constitutionnalisation de l'IVG est-elle une priorité ?
00:28 En tout cas, on sent que c'est un sujet qui a choppe,
00:32 en particulier Gérard Larcher qui s'est déclaré contre.
00:36 Aujourd'hui, pour commenter l'actualité, Virginie Le Guay,
00:38 journaliste, éditorialiste politique. Bonjour Virginie.
00:41 Bonjour.
00:42 Cédric Nouveleau, conseiller régional de Normandie. Bonjour à vous.
00:45 Bonjour.
00:46 Timothée Gaget, président de l'agence de communication et d'affaires ArtShare.
00:51 Bonjour.
00:52 Bonjour Valérie.
00:53 Ça faisait un moment que vous n'étiez pas venu. Bienvenue.
00:55 Luc Benhamias, membre de la Ligue des droits de l'homme
00:57 et ancien membre du Conseil économique, social et environnemental.
01:01 On va commencer... Bonjour.
01:02 Bonjour à vous avec vos coups de cœur et vos coups de gueule.
01:06 Virginie, c'est un coup de cœur particulier aujourd'hui.
01:09 Oui, pour le podcast, ou en tout cas les six derniers épisodes
01:13 du podcast de Clémentine Verniaux-Le Calot,
01:16 qui est une journaliste de 31 ans, qui est morte il y a à peu près un mois,
01:19 même peut-être exactement il y a un mois,
01:21 d'un cancer assez rare et très agressif des voies biliaires
01:24 et qui avait fait tout au long de sa maladie un podcast
01:28 et qui racontait avec cette voix très claire, très limpide qu'elle avait,
01:32 très droite, ses espoirs, ses craintes, l'évolution de son cancer,
01:37 les traitements, son découragement.
01:40 Et j'ai écouté les six derniers épisodes hier,
01:43 je les ai trouvés formidables, tout comme les premiers.
01:47 Et hier, j'ai également entendu son conjoint devenu son mari
01:52 quelques mois avant sa mort, Grégoire Le Calot,
01:54 raconter tout ça.
01:55 Et je voudrais tirer mon chapeau à cette jeune femme
01:58 qui a bien compris, même assez tôt, qu'elle allait mourir,
02:02 31 ans, mourir, et qui le raconte avec une simplicité
02:06 franchement extrêmement poignante.
02:10 - Oui, coup de gueule contre les antivax
02:13 qui instrumentalisent sa mort pour parler de ces cancers turbos
02:19 qui ne correspondent à rien, de ce que disent les médecins,
02:23 je vois des abrutis qui retweetent des chiffres sur le cancer,
02:27 les cancers qui ont augmenté,
02:28 s'ils regardaient seulement ce qu'ils tweetaient,
02:30 ce qui est le cas de Florian Philippot,
02:32 ils verraient que les chiffres sont donnés jusqu'en 2020.
02:34 Donc je ne pense pas que les vaccins soient en cause
02:39 dans ces cancers, qui aient des effets secondaires,
02:41 certainement, mais en tout cas, AVC, non.
02:45 Et celui-là, visiblement, elle n'a jamais fait le lien.
02:48 - Jamais, donc, ni elle-même, ni personne de son entourage,
02:51 je ne sais pas si elle était vaccinée ou non,
02:53 mais ceux qui font ce genre de raccourcis,
02:55 je trouve, sont extrêmement dangereux,
02:57 parce qu'ils font croire qu'on peut avoir un cancer
02:59 parce qu'on se fait vacciner.
03:00 Je rappelle, et je le redis, je ne le redirai jamais assez,
03:03 se faire vacciner, bénéficier de vaccins
03:05 comme on a dans notre pays, c'est une chance.
03:07 Beaucoup de gens se battent dans le monde
03:08 pour avoir des vaccins et n'en ont pas.
03:10 Nous nous en avons autant que nous voulons,
03:12 et c'est une chance.
03:13 - Et je rappelle que les chiffres sont tombés de l'OMS,
03:16 30 fois plus de cas de rougeole en Europe,
03:19 et ça c'est dû aux antivax,
03:21 aux gens qui ne veulent pas se faire vacciner.
03:24 - En tant que ça sauve des milliers de personnes,
03:26 d'enfants, d'adultes dans le monde.
03:28 - Voilà. - Quand il y en a ?
03:30 - D'autant plus que quand quelqu'un a justement un cancer,
03:33 c'est d'autant plus primordial de se faire vacciner,
03:35 parce qu'il y a une grande fragilité.
03:37 C'est évidemment des messages très dangereux
03:39 que certains instrumentalisent, et c'est évidemment bien dommage.
03:41 - Moi j'ai eu cette discussion avec quelqu'un qui m'a dit
03:43 "mais écoute le podcast, tu vas voir, c'est pas normal".
03:45 Ben oui, mais il y a toujours eu des gens qui ont des cancers.
03:48 - C'est pas normal d'avoir un cancer à 31 ans, c'est vrai,
03:50 mais c'est pas normal d'avoir un cancer tout court.
03:52 Et je re-répète aujourd'hui,
03:54 même j'incite tout le monde à écouter Spotscat,
03:56 et de comprendre ce que c'est que d'être malade.
03:58 - Clémentine Verniaud,
04:00 c'est sur le site de France Info je crois.
04:02 - Oui, vous cherchez "podcast cancer Clémentine Verniaud",
04:06 vous allez le trouver tout de suite,
04:08 et c'est effectivement sur le podcast de Radio France,
04:10 et c'est extrêmement facile d'accès.
04:12 - Et incitons les jeunes à faire le tri,
04:14 et avoir un regard critique dans leur source d'informations,
04:17 parce qu'effectivement,
04:19 tout le débat anti-vax, c'est le vrai problème
04:21 que pose la question de la parole du sachant,
04:25 versus la parole de monsieur tout le monde
04:27 qui pèse autant sur certains réseaux,
04:29 et qui du coup, induise énormément de personnes en erreur,
04:32 puisqu'ils ont perdu toute reconnaissance
04:35 de la vraie parole scientifique.
04:37 - Les jeunes et les moins jeunes, oui, vous avez raison.
04:40 - Les sources d'où vient la parole ?
04:42 - Vous avez raison, Jean-Luc ?
04:44 - Rien, au concert, je connais,
04:46 ça j'ai déjà des antennes, merci.
04:48 - Oui, oui, non, mais Virginie a raison
04:50 de mettre un coup de projecteur,
04:52 mais c'est vrai que je redis quand on voit
04:54 le professeur Raoul qui dit à Géraldine Maillet,
04:56 "je ne parle pas dans TPMP, je ne parle pas aux gens comme vous",
04:59 et qui remercie Booba de son soutien,
05:02 bon, je pense que ça permet de réfléchir.
05:05 - Non mais n'importe quoi, c'est bon.
05:07 - On continue avec Cédric,
05:10 vous c'est un coup de gueule, Cédric.
05:12 - Oui, alors je suis effectivement élu,
05:14 je suis industriel, mais je suis aussi père,
05:16 et j'ai la joie, comme des milliers d'autres parents,
05:18 de me débattre avec Parcoursup,
05:20 pour mon fils étant terminale,
05:22 donc oui, un vrai coup de gueule,
05:24 contre un système qu'on nous a vendu
05:26 pour rétablir, soi-disant, l'équité,
05:28 un système clair, alors que c'est extrêmement opaque,
05:30 on ne sait pas comment s'en sortir,
05:32 il faut faire dix voeux, vous avez vingt sous-voeux à faire,
05:34 c'est extrêmement stressant pour les jeunes,
05:36 c'est stressant pour les familles,
05:38 et puis l'opacité de savoir que cet algorithme
05:41 derrière va choisir de l'avenir, finalement,
05:43 de votre enfant, est quelque chose d'assez stressant,
05:45 finalement, je préférais
05:47 les systèmes de concours,
05:49 de dossiers, où au moins,
05:51 on travaillait dans l'année, on passait un concours,
05:53 on était reçus, on était pas reçus,
05:55 au moins on savait si on était pas reçus, pourquoi,
05:57 c'était au moins plus simple, et moins stressant,
05:59 je pense, pour les familles, c'est très compliqué,
06:01 ça commence maintenant, ça ouvre à partir du 17 janvier,
06:03 les jeunes vont avoir
06:05 jusqu'au 30 mars,
06:07 pour faire leurs voeux,
06:09 et puis ensuite on a les résultats le 12 juillet,
06:11 donc le 12 juillet, vous savez si oui ou non vous vous êtes pris,
06:13 vous savez si oui ou non vous alliez
06:15 chercher un appartement pour vos jeunes, c'est extrêmement galère,
06:17 et puis je pense qu'à un moment où
06:19 ils sont en train de préparer leur bac,
06:21 ils sont en train d'apprendre,
06:23 c'est pas le bon moment, effectivement,
06:25 pour les lancer dans un système aussi opaque.
06:27 - Et on apprend qu'on peut contourner ce système,
06:29 via la polémique qui concerne notre ministre,
06:31 - On a vu avec la ministre de l'éducation nationale,
06:33 qu'on pouvait contourner un système,
06:35 qu'on nous vend, et quitte à,
06:37 pour être parent, je vous dis,
06:39 on est même contacté par des organismes qui vous proposent
06:41 moyenne en finances de vous aider à remplir Parcoursup,
06:43 avec des gens qui, soi-disant,
06:45 connaissent l'algorithme,
06:47 savent comment ça se passe, donc non, c'est pas du tout équitable,
06:49 j'avais vu cet échange avec un préfet,
06:51 qui m'avait dit "si on a mis un système qui est plus équitable
06:53 que le système d'avant, je crois pas que ce soit
06:55 le moyen de répondre à la panne
06:57 de l'ascenseur social en France,
06:59 que d'avoir mis Parcoursup bien au contraire."
07:01 - Réaction,
07:03 Parcoursup, c'est effectivement les parents
07:05 qui sont confrontés, sont
07:07 à chaque fois désemparés
07:09 devant la complexité et l'absurdité
07:11 du système.
07:13 - Je me demande même comment certaines familles font
07:15 pour aider leur enfant
07:17 à remplir. - Timothée,
07:19 vous, c'est un coup de gueule sur
07:21 l'impôt.
07:23 - Je me faisais la réflexion,
07:27 si on prenait les sujets d'actualité
07:29 de la semaine, agriculture,
07:31 réindustrialisation, vers un moment démographique,
07:33 que pas une fois on a évoqué
07:35 la question de l'impôt, plus largement
07:37 des prélèvements obligatoires,
07:39 et on y viendra quand on va parler des agriculteurs.
07:41 La question
07:43 de la compétitivité des entreprises
07:45 et du pouvoir d'achat des Français,
07:47 elle est quand même fortement liée aussi
07:49 à l'impôt. Je rappelle qu'en
07:51 2023, la France est passée première
07:53 en taux de prélèvement de tout l'OCDE
07:55 à 46,1%, c'est-à-dire
07:57 devant le Danemark, et que
07:59 il y avait aussi un rapport de 2023
08:01 de l'Institut Molineri qui montrait que pour
08:03 100 euros de pouvoir
08:05 d'achat réel, vous aviez à peu près
08:07 117 euros de taxes,
08:09 si on mettait charges patronales, charges salariales,
08:11 IR
08:13 et TVA,
08:15 donc plutôt qu'en fait
08:17 de toujours essayer de subventionner
08:19 des entreprises, des agriculteurs par des aides,
08:21 peut-être que la première question c'est de
08:23 libérer du pouvoir
08:25 d'investissement et du pouvoir d'achat
08:27 au début. Et donc cette question de l'impôt,
08:29 elle est totalement absente du débat.
08:31 - Oui, et pourtant
08:33 c'est au centre des...
08:35 - Et on entend très souvent le
08:37 gouvernement s'enorgueillir de sa trajectoire
08:39 de baisse d'impôt, et c'est vrai qu'ils ont
08:41 baissé l'impôt sur la société qui est
08:43 passée à 28%, mais n'empêche qu'on reste
08:45 le pays qui taxe le plus
08:47 ses habitants
08:49 de tout l'OCDE, de 38 pays.
08:51 - Avec des services publics qui ne sont
08:53 pas au niveau, c'est surtout ça.
08:55 - C'est surtout ça. - Payer de l'impôt, oui, mais pour quel service
08:57 à l'arrivée ? - Localement,
08:59 c'est ce qu'on observe. Les habitants payent...
09:01 Prenez les taxes d'ordures ménagères,
09:03 il y a aussi ça, il y a tous ces systèmes de taxes qui s'ajoutent
09:05 et qui font que les gens ont l'impression quand même de payer
09:07 de plus en plus, et d'avoir de moins en moins de services, les postes
09:09 sont fermés, les déchets verts sont plus collectés
09:11 dans les communes, enfin c'est un quotidien qu'on vit dans nos
09:13 communes. - Avec une grande injustice entre les grandes
09:15 villes et les petites villes, et les villes
09:17 et les campagnes. - Allez, petite pause,
09:19 c'est l'heure du journal sur Sud Radio, on se
09:21 retrouve dans un instant avec vous pour
09:23 parler évidemment de nos agriculteurs.
09:25 On se retrouve tout de suite.
09:27 Sud Radio,
09:29 le 10h midi, mettez-vous d'accord,
09:31 Valérie Exper.
09:33 - Et on est ensemble jusqu'à midi
09:35 pour commenter l'actualité avec
09:37 Virginie Leguay, journaliste et éditorialiste
09:39 politique, Cédric Nouvelot,
09:41 conseiller LR de la région
09:43 Normandie, et vous êtes vice-président de la commission
09:45 agriculture, c'est important évidemment
09:47 aujourd'hui, Timothée Gaget,
09:49 président de l'agence de communication et d'affaires
09:51 publiques, Hardshare, et Jean-Luc
09:53 Benamias, membre de la Ligue des Droits de l'Homme,
09:55 ancien membre du conseil économique, social
09:57 et environnemental. Vos coups
09:59 de cœur, vos coups de gueule,
10:01 on continue, et puis on va évidemment
10:03 parler de la mobilisation des agriculteurs
10:05 qui ne faiblit pas, quelles réponses
10:07 peut apporter le gouvernement ?
10:09 On va parler du vote des 18-24 ans
10:11 qui votent principalement
10:13 Rassemblement National et LFI,
10:15 et puis peut-être de l'IVG si on a
10:17 le temps. Continuons
10:19 avec vous,
10:21 Jean-Luc Benamias, coup de cœur
10:23 et coup de gueule. C'est un coup de cœur et un coup de gueule
10:25 sur ce qui se passe en ce moment au niveau
10:27 des paysans. Le coup de cœur, vous l'aurez
10:29 compris, après en plus
10:31 le drame d'hier,
10:33 deux décès, une famille quasiment
10:35 entière, le père en
10:37 grande difficulté,
10:39 coup de cœur pour le monde paysan
10:41 dans son ensemble. Juste, il y a
10:43 85% des Français, selon un sondage
10:45 à RIS Interactive, qui soutiennent
10:47 ce mouvement.
10:49 Ça paraît assez clair parce que
10:51 j'y reviendrai dans le coup
10:53 de gueule, mais par rapport au
10:55 même sujet,
10:57 tout le monde a des aspirations,
10:59 des gens
11:01 qui ont... On connaît tous des paysans,
11:03 des agriculteurs qui sont en difficulté,
11:05 donc qui sont moins en difficulté, enfin,
11:07 voilà. Ce phénomène est
11:09 malheureusement plus large
11:11 que le... On le voit bien
11:13 que le monde paysan
11:15 dans cette
11:17 révolte paysanne, mais qui ressemble
11:19 relativement beaucoup,
11:21 c'est le moins qu'on puisse dire,
11:23 au phénomène gilet jaune.
11:25 On s'aperçoit que
11:27 il y a des transporteurs routiers,
11:29 tout tourne. Alors pour les paysans,
11:31 on tourne la difficulté d'être paysan aujourd'hui,
11:33 pour 80, à peu près 80%
11:35 des paysans qui ont du mal
11:37 à faire les fins de mois,
11:39 à gérer une ferme jusqu'au bout,
11:41 à comprendre toutes les subtilités
11:43 de l'Union européenne. Mais coup de gueule
11:45 aussi sur le fait de mettre
11:47 ça sur le dos, pour certains et certaines,
11:49 de l'Union européenne,
11:51 d'un côté, des écolos,
11:53 d'un autre côté.
11:55 L'agriculture
11:57 tourne, européenne,
11:59 tourne autour des fonds
12:01 européens de la politique agricole
12:03 commune. C'est à peu près 33%,
12:05 34% du budget de l'Union
12:07 européenne. Et de nombreux
12:09 paysans, on en parle souvent dans la période
12:11 et heureusement,
12:13 touchent, en fonction du nombre d'hectares,
12:15 en fonction de la production,
12:17 des sommes
12:19 relativement importantes, si ce n'est parfois
12:21 très importantes, pour ce que j'appelle
12:23 les agro-industriels, c'est-à-dire les gros paysans,
12:25 d'ailleurs ceux qui dirigent, pour la plupart,
12:27 le principal syndicat agricole.
12:29 C'est un vrai phénomène,
12:31 extrêmement grave,
12:33 parce qu'on voit à un moment donné que
12:35 pour 80% des paysans, je vais aller vite
12:37 au niveau des chiffres,
12:39 ils n'arrivent pas à subvenir à leurs besoins.
12:41 Ils sont pris dans des réglementations
12:43 extrêmement strictes,
12:45 parfois extrêmement
12:47 valoreuses, notamment par rapport à
12:49 la défense de l'université, parce que
12:51 s'il n'y a plus d'oiseaux, plus d'insectes,
12:53 il n'y a plus de production agricole,
12:55 ça n'existe plus. Donc,
12:57 il y a des normes, mais à un moment donné, on leur demande
12:59 des trucs, j'ai reçu ça
13:01 encore une fois ces derniers jours,
13:03 on leur demande de remplir des dossiers qui sont
13:05 quasiment impossibles à remplir. Alors, ils passent
13:07 par des spécialistes, alors en plus, ils payent
13:09 des gens pour les aider à remplir
13:11 des dossiers. Je comprends totalement
13:13 cette révolte paysanne qui s'élargit,
13:15 le danger,
13:17 on l'a vu, c'est que
13:19 quand il y a
13:21 blocage, quand il y a
13:23 un certain énervement, et je pèse mes mots,
13:25 dans la société,
13:27 ça peut glisser, on peut avoir des drames.
13:29 - Oui, réaction,
13:31 Cédric Niveau ? - La similitude
13:33 de ce que dit Jean-Luc avec les gilets jaunes,
13:35 peut-être entre ce que certains appellent les gilets verts et les gilets jaunes,
13:37 c'est le sentiment de déclassement,
13:39 c'est-à-dire que les agriculteurs vivent un sentiment,
13:41 ils ont un profond sentiment d'être
13:43 déclassés, de ne plus vivre. Cette année,
13:45 en 2023, ils perdent 10%
13:47 de leurs venus. Je ne sais pas, autour de cette table,
13:49 si quelqu'un accepterait de perdre 10% de ses revenus
13:51 sans bouger, sans rien dire, donc c'est
13:53 évidemment évident. Et puis on les accuse de tous les maux,
13:55 on les accuse de ne pas respecter
13:57 l'environnement, ce qui est faux, parce qu'il y a eu
13:59 beaucoup de choses qui ont été faites,
14:01 mais ça va plus loin, dans certains villages, ils n'ont même plus le droit
14:03 de traverser les villages, parce que ça gêne les néo-ruraux.
14:05 Donc, on peut comprendre
14:07 qu'effectivement, ils ont un ras-le-bol, et ce sentiment
14:09 de déclassement est très fort, et il va falloir
14:11 avoir des actions puissantes.
14:13 En même temps, le consommateur est un petit peu paradoxal,
14:15 parce qu'il veut effectivement
14:17 soutenir 85%, c'est bien,
14:19 ça serait encore mieux s'ils achetaient effectivement les volailles
14:21 françaises. Un poulet sur deux
14:23 provient de l'étranger,
14:25 qui respecte évidemment pas les mêmes normes
14:27 que celles qu'on impose à nos agriculteurs.
14:29 Donc, il y a des vrais sujets, quand même, sur lesquels il va falloir
14:31 agir, si on veut effectivement renforcer
14:33 nos agriculteurs et éviter ces sentiments.
14:35 - Oui, mais c'est des prises de conscience, hein.
14:37 Je pense qu'il y a des gens qui ignorent que les poulets
14:39 qu'ils achètent ne sont pas
14:41 de provenance française. Enfin, je veux pas
14:43 forcément les défendre, mais c'est vrai.
14:45 - C'est vrai, quand vous regardez les petits, Valérie...
14:47 - Oui, bien sûr. Mais on a une auditrice,
14:49 qui nous dit "Ayez le courage d'acheter français, déjà
14:51 les grandes surfaces devraient se tourner autrement pour
14:53 leurs achats, et tout irait mieux."
14:55 Effectivement, sauf que les gens, quand vous
14:57 voyez ce qu'ils achètent, oui, ils vont souvent
14:59 vers le plus bas prix, qui n'est pas
15:01 forcément français, mais c'est bien là qu'est le
15:03 problème. Timothée ?
15:05 - Alors,
15:07 oui, c'est la différence entre
15:09 l'intention d'achat et l'acte d'achat, c'est-à-dire
15:11 qu'effectivement, dans tous les sondages,
15:13 sondage après sondage,
15:15 les français défendent les agriculteurs,
15:17 aiment cette profession, et ça ne se traduit
15:19 pas du tout dans l'acte d'achat.
15:21 En même temps, vous avez une question
15:23 de pouvoir d'achat, qui pousse les grandes
15:25 surfaces à proposer le
15:27 prix le moins cher. Après, je voulais
15:29 juste faire un distinguo.
15:31 En fait, c'est un peu technique, mais il ne faut pas
15:33 mélanger la concurrence des produits
15:35 alimentaires au sein de l'Union Européenne
15:37 et ceux hors de l'Union Européenne.
15:39 Au sein de l'Union Européenne,
15:41 c'est un marché libre, c'est-à-dire que
15:43 vous pouvez avoir votre volaille
15:45 roumaine, votre porc espagnol
15:47 qui ont concurrence directe avec les produits français.
15:49 Hors Union Européenne,
15:51 en fait, on a des accords
15:53 bilatéraux entre l'Union
15:55 Européenne et
15:57 certains pays, et là, vous pouvez
15:59 importer du poulet brésilien,
16:01 du soja,
16:03 mais dans de petites quantités.
16:05 En général, c'est l'ordre
16:07 de 4% de contingent. Là, il y a
16:09 une concurrence, effectivement, qui peut être considérée
16:11 comme déloyale, dans le sens où ils ne seront pas
16:13 soumis exactement aux mêmes normes, même si
16:15 il y a un chèque, quand même, au niveau
16:17 de l'importation.
16:19 La vraie question, c'est pour ça que tout à l'heure,
16:21 je vous disais mon coup de gueule, c'est la question de l'impôt
16:23 et de la charge sociale, c'est
16:25 qu'au sein de l'Union Européenne,
16:27 l'agriculteur français,
16:29 il est en concurrence directe avec un agriculteur espagnol
16:31 qui, lui, a un coût
16:33 de revient de l'ouvrier agricole qui est beaucoup moins cher.
16:35 Donc déjà, ça c'est le premier sujet.
16:37 Après, on va parler des normes, mais le premier sujet
16:39 c'est la compétitivité, en fait, d'un outil
16:41 de production. - Oui, mais
16:43 sur les revenus
16:45 des agriculteurs avec la PAC,
16:47 il y en a qui ont touché beaucoup d'argent, aussi.
16:49 - Oui, les gros. - Les gros ?
16:51 - Oui, évidemment, c'est que plus vous avez d'hectares,
16:53 plus vous touchez.
16:55 Il faut déjà avoir 50 hectares
16:57 pour arriver à toucher quelque chose, à peu près.
16:59 Au-delà de 50 hectares,
17:01 50 hectares, c'est pas une énorme ferme,
17:03 c'est pas des gros
17:05 fermiers, c'est pas des gros agriculteurs.
17:07 Après, c'est là où je parle
17:09 de quelques agriculteurs
17:11 qui, eux, ont des centaines
17:13 d'hectares et qui sont
17:15 plus proches de l'agro-industrie
17:17 que de l'agriculteur tel qu'on le connaît, tel qu'on le défend.
17:19 - Oui,
17:21 Virginie ? - Oui, je voulais dire deux choses
17:23 et peut-être une première chose
17:25 qui s'adresserait, avec un peu
17:27 de malice à M. Benhamias,
17:29 les discours écologistes ont fait
17:31 énormément de mal à l'agriculture,
17:33 en disant toute la journée, pardon, je vais jusqu'au bout de ma phrase
17:35 si vous m'y autorisez, en disant toute la journée
17:37 que les agriculteurs
17:39 ne respectaient pas l'environnement,
17:41 qu'ils utilisaient des produits qu'il ne fallait pas utiliser,
17:43 qu'ils faisaient du bruit,
17:45 bref, bref, bref, il n'y a jamais eu autant de procès
17:47 aujourd'hui contre les agriculteurs,
17:49 contre les installations qu'ils sont obligés de faire
17:51 par Bruxelles, et ils disent
17:53 toute la journée "nous on entend ce discours
17:55 et ce discours nous fait du mal". Deuxième chose
17:57 que je voudrais dire,
17:59 les revenus
18:01 des agriculteurs sont à 50%
18:03 en dessous de 22 000 euros par
18:05 an pour un travail qui parfois
18:07 est de 70 heures par semaine, et 18%
18:09 sont en dessous du seuil de pauvreté.
18:11 Donc il y a là une forme de seringue
18:13 à la fois politique et financière dont
18:15 ils ne sortent pas. Il n'y a personne
18:17 aujourd'hui parmi les écologistes
18:19 qui disent "vive l'agriculture française",
18:21 "vive le travail qu'ils font jour après jour".
18:23 Je n'entends pas ce discours, j'entends un discours
18:25 culpabilisateur, j'entends un discours
18:27 d'interdiction, je ne parle pas de vous particulièrement,
18:29 je parle du discours écologiste
18:31 de façon générale.
18:33 - Non mais surtout que...
18:35 - Alors tu m'as dégagé.
18:37 - Au niveau des normes,
18:39 il y a quand même une responsabilité des
18:41 écologistes au Parlement européen,
18:43 Jean-Luc Benhamia, c'est-à-dire que tout le projet
18:45 "Green Deal, Farm to Fork",
18:47 il a été pensé
18:49 vers une agriculture
18:51 européenne qui est une agriculture
18:53 plus écologique,
18:55 qui est une agriculture de
18:57 décroissance, c'est-à-dire on va produire
18:59 moins mais on va produire plus écolo
19:01 et faire une montée en gamme.
19:03 La réalité c'est que la montée en gamme
19:05 elle n'a jamais marché, c'est-à-dire
19:07 qu'on peut exporter
19:09 des fromages, des vins,
19:11 des produits haut de gamme
19:13 justement, c'est ce qui permet à la France d'être
19:15 encore une puissance exportatrice mais surtout
19:17 le coeur du marché, c'est-à-dire
19:19 les produits de "moyenne gamme",
19:21 le seul résultat de cette politique
19:23 c'est qu'en fait on ne les produit plus en France
19:25 mais du coup on les importe.
19:27 Donc ça c'est le premier point sur
19:29 l'erreur de la montée en gamme.
19:31 Le deuxième point sur les normes
19:33 écologiques en tant que telles,
19:35 c'est que,
19:37 et là je veux dire que ce n'est pas que la faute de l'Europe,
19:39 c'est-à-dire que l'Europe fait des normes, c'est assez compliqué,
19:41 - La France les interprète.
19:43 - La France, parfois elle surtranspose,
19:45 c'est-à-dire qu'elle rajoute des normes
19:47 qui n'étaient pas prévues, mais parfois même
19:49 sans se surtransposer,
19:51 elle complexifie, c'est-à-dire que
19:53 vous prenez par exemple une directive sur
19:55 le poulet de chair, la directive fait 6 pages,
19:57 l'application de cette directive
19:59 fait 50 pages.
20:01 Vous avez un truc sur
20:03 la poule en cage, à l'arrivée
20:05 c'est mouliné entre 3 ministères
20:07 et à la sortie ça fait 167 pages.
20:09 Donc effectivement, on arrive à ce truc totalement
20:11 aberrant où les agriculteurs passent
20:13 20 à 25% de leur temps
20:15 à faire des papiers.
20:17 - La poule en cage est un très bon exemple, des normes.
20:19 Application ferme
20:21 très rigoureuse en France,
20:23 donc interdiction d'élever
20:25 ces poulets en cage, donc les agriculteurs
20:27 arrêtent, vendent même leur cage,
20:29 et finalement, actuellement,
20:31 on apporte du
20:33 Portugal, d'Espagne,
20:35 les élevages qui sont faits en cage,
20:37 et avec généralement les cages qui ont été vendues par les agriculteurs français.
20:39 Donc on a quand même un vrai sujet
20:41 d'harmonisation des normes,
20:43 où on est quand même au sein de l'Europe, où on pourrait au moins
20:45 s'attendre à ce que les normes soient
20:47 partout respectées. Encore une fois,
20:49 je fais bien le distinguo entre ce qui est fait
20:51 en Europe et ce qui est fait en dehors, bien sûr,
20:53 mais au moins dans l'Europe qu'on puisse appliquer les mêmes choses, que nos agriculteurs
20:55 sinon ont une double concurrence finalement déloyale.
20:57 Celle avec les propres pays
20:59 de l'Europe et celle avec les pays extérieurs. Et avec l'extérieur,
21:01 on pourrait quand même se poser la vraie question
21:03 de taxation, on parlait pendant un moment
21:05 de taxes environnementales, de taxes sociales pour les produits
21:07 qui seraient importés, qui arrivent de l'étranger.
21:09 On pourrait effectivement imaginer quand même
21:11 de remettre un équilibre de concurrence
21:13 en taxant les produits qui ne sont pas produits
21:15 élevés dans les mêmes conditions environnementales,
21:17 sociales. On a des vrais sujets là-dessus.
21:19 Et ça serait quand même des choses à regarder, tout en ayant
21:21 des accords, encore une fois bilatéraux, certains pays le font.
21:23 Ça ne nous empêche pas effectivement de commercialiser
21:25 avec eux. Et là où le RN
21:27 est en train de dire à tout le monde
21:29 "il faut sortir du libre-échange", "il faut etc."
21:31 c'est évidemment de la poudre aux yeux, parce qu'on pourrait
21:33 évidemment pas maintenir un équilibre
21:35 industriel dans nos exportations
21:37 si c'était le cas.
21:39 Dire aussi un mot sur les positions politiques
21:41 quand même en ce moment, parce qu'on a un certain
21:43 parti politique qui essaye un petit peu de récupérer la grogne
21:45 des agriculteurs, en particulier
21:47 je pense au RN, aux mêmes élus
21:49 qui au niveau de l'Europe n'ont absolument
21:51 rien fait pendant tout leur mandat. C'est-à-dire pendant tout leur
21:53 mandat sur le sujet de l'agriculture, mais on
21:55 pourrait parler aussi du sujet de la pêche,
21:57 sur des sujets importants, ils n'ont absolument
21:59 rien fait pour protéger nos producteurs
22:01 locaux, nos éleveurs locaux. Donc c'est quand même
22:03 un petit peu fort de café que d'aller
22:05 sur les manifestations se montrer quand on n'a rien fait du tout
22:07 aux manettes européennes.
22:09 - Oui. On marque une pause et on se retrouve
22:11 dans un instant. Quelle solution ?
22:13 Quelle solution ? A tout de suite.
22:15 [Musique]
22:17 - Sud Radio, le 10h midi,
22:19 mettez-vous d'accord, Valérie Expert.
22:21 - Et nous parlons évidemment de la crise
22:23 et de la colère de nos
22:25 agriculteurs. Ce qu'on se disait hors antenne,
22:27 et on va le redire à l'antenne, est assez
22:29 vertigineux. Je voudrais que vous répétiez,
22:31 je ne sais pas si vous pouvez le répéter, ce que vous disiez sur les
22:33 céréales. - Oui.
22:35 - Et on voit le vertige
22:38 qui nous prend quand on voit les implications politiques.
22:40 - En fait, il y a deux sujets
22:42 en ce moment. Il y a effectivement la crise interne,
22:44 puis il y a aussi les paramètres extérieurs de politique
22:46 internationale. Et en ce moment, avec la guerre
22:48 qui se passe entre l'Ukraine et la Russie, il y a un vrai sujet,
22:50 c'est qu'on a perdu diplomatiquement nos positions
22:52 en Algérie et au Maroc. Et
22:54 actuellement, l'Algérie
22:56 achète du blé russe. Et donc
22:58 finalement finance une partie de sa guerre
23:00 en vendant son blé.
23:02 Donc effectivement, ça pose quand même quelques questions.
23:04 Et inversement, nous on finance
23:06 et heureusement finalement la partie ukrainienne
23:08 par les livraisons
23:10 aussi qu'ils font en Espagne, en France,
23:12 que ce soit les volailles ou que ce soit les céréales.
23:14 Donc on est aussi dans cette démarche-là.
23:16 Et c'est ça qui est assez impressionnant, c'est qu'on est...
23:18 Notre système agricole
23:20 subit cette conjoncture internationale
23:22 et cette guerre d'une certaine façon. Moi, ça me
23:24 choque un peu, effectivement, qu'en ayant perdu nos positions,
23:26 on alimente la Russie pour faire sa guerre.
23:28 - Pour préciser
23:30 votre propose sur le poulet,
23:32 alors effectivement, en fait, on avait
23:34 déjà, justement là on parle de contingence,
23:36 c'est-à-dire que l'Ukraine étant hors de l'Union Européenne,
23:38 on avait déjà un accord pour importer
23:40 du poulet ukrainien. Depuis
23:42 l'entrée en guerre, on s'est dit un bon moyen
23:44 d'aider l'Ukraine, c'est d'en importer
23:46 plus, comme ça, ça va leur faire une source
23:48 de financement. La vraie question
23:50 c'est que du coup, on met un poulet moins cher
23:52 en concurrence avec le poulet français,
23:54 est-ce à l'agriculteur français de
23:56 soutenir une partie de l'effort de guerre
23:58 ukrainien ?
24:00 Il faut soutenir cet effort de guerre,
24:02 en revanche, ça n'a sans doute pas
24:04 à reposer sur l'agriculteur. - Et puis le poulet ukrainien ne respecte
24:06 pas les mêmes normes que le poulet français,
24:08 qui n'est pas dans l'Europe. - Il a moins de normes.
24:10 - Il a moins de normes. - Il n'en a quasiment pas.
24:12 - Oui, mais comment... Enfin, pardon
24:14 de poser la question, mais les hommes sont au combat,
24:16 comment on produit des
24:18 poulets ? - Alors, figurez-vous
24:20 que moi j'ai des amis agriculteurs
24:22 en Ukraine, notamment des Français
24:24 qui sont pas mal investis là-bas, et en fait
24:26 c'est hallucinant, c'est-à-dire que
24:28 l'économie ukrainienne elle continue à tourner,
24:30 et les mecs, ils bossent deux mois,
24:32 ils partent au front un mois, ils reviennent faire la moisson,
24:34 enfin, ils viennent se récupérer,
24:36 c'est hallucinant, vous avez vraiment une vraie économie
24:38 de guerre avec travail
24:40 à 100% et
24:42 mobilisation des hommes
24:44 dans les temps libres,
24:46 les vacances. - Alors, la crise
24:48 en fait, pourquoi ça a commencé
24:50 à grogner plus fortement que
24:52 d'habitude, parce que ça fait des années quand même,
24:54 mais c'est parce que là on a un effet ciseau
24:56 en ce moment, l'année dernière vous aviez des prix
24:58 céréales,
25:00 lait qui était assez acceptable, là les prix sont
25:02 en train de baisser, or les coûts
25:04 des agriculteurs ne baissent pas, on en a parlé
25:06 à cause des normes, à cause aussi des intrants,
25:08 des produits qu'ils achètent, qui baissent
25:10 moins vite finalement que les prix, ou alors
25:12 qui augmentent même, donc ils se retrouvent avec cet effet ciseau
25:14 et c'est là où ils ont le gros souci qui est en train d'arriver
25:16 sur leur venue, c'est pour ça que ça explose, c'est pour ça que ça grogne.
25:18 - Aussi, et puis
25:20 il y a eu une attaque sur le gasoil aussi, non ?
25:22 - Exactement, ça vient
25:24 très largement,
25:26 vous avez raison sur ce que vous venez de dire,
25:28 mais ça vient encore plus quand
25:30 le prix de l'énergie tout d'un coup augmente
25:32 de 10 à 15%,
25:34 15 à 20%, et on est bien,
25:36 et c'est bien pour ça qu'il y a une liaison d'ailleurs avec
25:38 les transporteurs, que tous les livreurs,
25:40 les transporteurs, qui voient tout d'un coup
25:42 le prix de leur gazole augmenter,
25:44 alors c'est un plus, ça se rajoute
25:46 à ce que vous venez de dire, mais c'est ce plus-là
25:48 qui est pour moi le début
25:50 de cette nouvelle révolte,
25:52 parce qu'à un moment donné, ça dépasse
25:54 l'entendement.
25:56 Quand ils travaillent, ils s'aperçoivent
25:58 qu'ils ne rapportent rien, et qu'au contraire,
26:00 à la fin du mois, il y a moins.
26:02 Voilà, on en est là.
26:04 - Mais, alors, quelle réponse ? Parce qu'on le disait
26:06 en préambule de l'émission,
26:08 les problèmes sont multiples, les revendications
26:10 sont nombreuses et pas forcément
26:12 les mêmes en fonction
26:14 des agriculteurs.
26:16 On voit qu'il y a des nouveaux rassemblements
26:18 qui sont annoncés,
26:20 des blocages un petit peu partout en France,
26:22 et les agriculteurs disent qu'ils attendent
26:24 des mesures, je cite, "concrètes et rapides"
26:26 de la part du gouvernement.
26:28 Donc on a vu Bruno Le Maire qui a dit "ils ont entièrement
26:30 raison", donc on fait quoi maintenant ?
26:32 - Moi ce que je note, c'est que le gouvernement
26:34 est extrêmement indulgent, il laisse des axes
26:36 stratégiques bloqués. - Avec la police
26:38 qui aide, vous avez vu cette vidéo ? - Oui, bien sûr,
26:40 il y a même une forme de soutien,
26:42 des axes stratégiques
26:44 bloqués depuis des jours, il laisse des actions
26:46 se faire devant les préfectures, devant l'actalis,
26:48 là on n'entend pas
26:50 tellement de réarmement idéologique
26:52 comme Emmanuel Macron le prenait
26:54 il y a encore quelques jours. Donc je
26:56 vois bien qu'ils sont un peu fébriles,
26:58 qu'ils sont aux abois, j'entends que
27:00 nous sommes au début de la campagne européenne
27:02 et que à ce titre-là,
27:04 la liste RN
27:06 est très loin devant la liste de la majorité
27:08 présidentielle, j'entends que le salon d'agriculture
27:10 est dans un mois, j'entends que tout ça
27:12 va gagner en force et en durée
27:14 et que les agriculteurs n'ont absolument pas
27:16 l'intention de céder, mais je trouve que
27:18 le pouvoir démarre
27:20 puisqu'on n'est encore qu'au démarrage,
27:22 démarre ce dossier de façon très
27:24 affaiblie déjà, et je note
27:26 au passage qu'il manque des ministères
27:28 très importants, comme
27:30 la pêche, le logement,
27:32 le transport, et que tout ça,
27:34 il n'y a pas d'interlocuteur.
27:36 - Moi je note surtout que
27:38 par rapport aux actions,
27:40 je l'ai dit, il y a une crise,
27:42 c'est réel, les paysans ont le droit de se révolter,
27:44 c'est réel, très bien, mais ce qu'on vit
27:46 devant les préfectures,
27:48 mais pas que devant les préfectures,
27:50 blocage des services de train,
27:52 on l'a vu, les images
27:54 sont très fortes, vous vous reportez
27:56 à ça sur des images dont on a
27:58 entendu parler par rapport à les
28:00 encoyer en termes global, le soulèvement de la terre,
28:02 il y a quand même deux
28:04 mesures par rapport à ça, c'est clair.
28:06 - C'est ce que je dis. - Et je comprends
28:08 pourquoi le gouvernement
28:10 est différent, je n'accepte pas,
28:12 mais je comprends pourquoi ils sont différents,
28:14 mais quand même, là, ça a dépassé, dans un certain
28:16 nombre de cas, le cas normal
28:18 d'une révolte, enfin d'une révolte
28:20 dirigée par des mouvements
28:22 syndicaux, parce qu'il s'agit de mouvements syndicaux,
28:24 même s'ils sont un peu débordés. Je pense que la Fédération
28:26 est débordée. - Juste,
28:28 je ne suis pas sûre qu'il s'agit de mouvements syndicaux,
28:30 je pense que ça vient de la base, et que ça
28:32 augmente avec la base... - Ils sont débordés.
28:34 - Pardon, pardon. - Et que les syndicats
28:36 et les organisations se soient totalement dépassés.
28:38 - Il y a trois syndicats agricoles,
28:40 la FNSA et la SNJA,
28:42 qui fait 60% des voix aux élections professionnelles,
28:44 et deux autres syndicats, la Confédération
28:46 Paysanne, qu'on appelle de gauche, plutôt écolo,
28:48 20%, et la Coordination
28:50 Noire, qui, aujourd'hui,
28:52 est en train de gagner
28:54 dans le milieu
28:56 paysan, c'est la Coordination Noire.
28:58 - Ganyck Jadot, lui,
29:00 dit "les écolos seraient en prison
29:02 s'ils faisaient la même chose", et il fait le parallèle
29:04 avec les soulèvements de la terre, en disant
29:06 "quand on bloque une autoroute 15 minutes,
29:08 on se retrouve en prison".
29:10 Je trouve pas ça très
29:12 habile comme comparaison.
29:14 - Si vous voulez, les militants écologistes
29:16 radicaux, type soulèvement de la terre,
29:18 ils se sont pris
29:20 à des biens privés,
29:22 des outils de production,
29:24 je pense aux bassines de Saint-Sauline.
29:26 - Mais pas que, ils se sont rallongés
29:28 sur les routes, pas que, pas que.
29:30 - Oui, mais si vous voulez, là, je pense que
29:32 les Français, en tout cas jusqu'à présent, portent un regard
29:34 très différent sur les manifestations des agriculteurs,
29:36 parce qu'ils ont des gens qui, certes,
29:38 bloquent une partie de la France, mais ce sont des gens
29:40 qui travaillent 80 heures par
29:42 semaine et sont, pour la plupart, en dessous du seuil
29:44 de pauvreté. Donc on n'a pas du tout le même
29:46 rapport sociologique avec...
29:48 - Oui, il y a une acceptation
29:50 peut-être de dégradation
29:52 ou de violence qu'on n'a peut-être pas
29:54 selon d'autres mouvements. - Pour l'instant, les Français
29:56 considèrent que leurs revendications sont légitimes,
29:58 ce qui n'était pas le cas à Saint-Sauline.
30:00 - Oui. - Dans les demandes
30:02 des agriculteurs, et qui ne sont pas complètement
30:04 impossibles à atteindre,
30:06 ils demandent un choc de normes, en fait.
30:08 Ils demandent un moratoire un peu sur les normes. Je pense que
30:10 déjà, si on avait, pour l'instant,
30:12 un ralentissement sur la croissance de normes,
30:14 ce serait déjà un grand progrès. Deuxième chose qu'ils demandent,
30:16 c'est un juste prix. Ils veulent vivre
30:18 leur travail. Je vous ai parlé
30:20 tout à l'heure de... - Oui, mais il y a eu la loi EGalim,
30:22 visiblement, mais non, elle n'est pas appliquée.
30:24 - Exactement. Ce qu'ils demandent,
30:26 c'est qu'elle soit déjà appliquée. Il faudra
30:28 certainement aller plus loin, mais ils demandent déjà que la répartition
30:30 de valeur sur la chaîne de production
30:32 entre l'agriculteur et jusqu'au
30:34 grande centrale commerciale soit équitable.
30:36 Et ça, c'est pas appliqué. Donc, déjà,
30:38 faisons appliquer la loi EGalim.
30:40 Et elle n'est pas appliquée non plus. Il faut aussi que
30:42 ces collectifs, que tout le monde aussi
30:44 batte un peu sa peau là-dessus.
30:46 On a le problème des collectivités. Vous savez aussi
30:48 qu'on avait également demandé à ce qu'il y ait
30:50 50% de produits locaux
30:52 qui soient servis dans les cantines, dans les collectivités,
30:54 etc. On n'y est pas encore.
30:56 Donc, voilà, il y a un certain nombre de sujets
30:58 sur lesquels on pourrait quand même déjà les soulager,
31:00 les aider. Application de loi EGalim,
31:02 un choc de normes, et puis encore une fois,
31:04 aussi un respect homogène
31:06 des normes, une application homogène des normes au niveau
31:08 européen. Déjà, on arriverait à simplifier
31:10 un petit peu les sujets. Et puis ensuite, il y a un vrai travail
31:12 aussi pour les valoriser dans leur travail,
31:14 les remercier aussi pour ce qui est fait.
31:16 Je pense que c'est important. Au quotidien,
31:18 l'alimentation, c'est comme la culture. C'est pas un
31:20 produit comme les autres.
31:22 C'est vital. C'est vraiment
31:24 une détermination pour nous qu'il faut maîtriser.
31:26 On se retrouve dans un instant
31:28 avec vous sur Sud Radio.
31:30 Sud Radio, le
31:32 10h midi, mettez-vous d'accord,
31:34 Valérie Exper.
31:36 Et on continue à parler de nos agriculteurs.
31:38 Je trouve ça passionnant ce matin. J'ai compris
31:40 beaucoup de choses. Et quand on rentre
31:42 dans les détails des blocages
31:44 et des dossiers avec des gens qui connaissent
31:46 très bien
31:48 les ressorts et les
31:50 tenants et les aboutissants des différentes
31:52 problématiques des agriculteurs, c'est
31:54 passionnant. Timothée, vous vouliez revenir, Timothée Gachet,
31:56 sur le lait ? - Oui, alors
31:58 justement, par
32:00 rapport aux propos de Jean-Luc Benamias
32:02 sur plus d'écologie dans l'agriculture
32:04 et la montée en gamme,
32:06 le lait, c'est vraiment un très bon exemple.
32:08 - Je crois que t'as pas ce que j'ai dit. - On a dit
32:10 écoutez,
32:12 vous avez du mal à vivre
32:14 de votre lait. Alors, vous allez
32:16 faire du lait bio. Comme ça, vous allez
32:18 le vendre plus cher. Et puis, tout le monde va être
32:20 gagnant. On aura du lait bio et puis vous aurez plus de revenus.
32:22 Bon, conséquence,
32:24 on n'a jamais fermé
32:26 autant de fermes laitières
32:28 tout simplement parce qu'il n'y a pas le marché.
32:30 C'est-à-dire que les gens, il y a des gens
32:32 qui achètent du lait bio mais il n'y a pas assez de gens
32:34 pour acheter du lait bio que ce qui est produit. - Le lait bio qui coûte
32:36 plus cher que le lait non bio. - Donc on se retrouve dans un truc
32:38 totalement aberrant où
32:40 les producteurs de lait bio,
32:42 ça leur a coûté plus cher de produire ce lait,
32:44 doivent le déclasser en conventionnel et
32:46 parfois le vendre moins cher que du lait
32:48 conventionnel pour quand même avoir accès au marché.
32:50 Donc là encore, c'est un exemple
32:52 typique d'une politique dogmatique
32:54 qui est décorrélée
32:56 des questions de marché, des questions de consommation
32:58 et donc de l'économie.
33:00 - Il ne vous a quand même pas échappé
33:02 que les verbes
33:04 du Pôle Européen
33:06 et au niveau de l'Union Européenne
33:08 sont très très loin d'être majoritaires.
33:10 Donc pour qu'un certain nombre de normes
33:12 au niveau international
33:14 et au niveau de l'Union Européenne passent,
33:16 il est donc bien qu'il y ait des majorités qui se fassent.
33:18 Les écolos, c'est quoi ?
33:20 C'est à peu près 8 à 10% du Parlement
33:22 européen. Et au niveau des têtes
33:24 de l'État, c'est quelquefois des ministres
33:26 mais pas très souvent.
33:28 Donc c'est bien qu'il y a un objet global
33:30 par rapport à tout cela. Mais je voudrais venir sur une autre question
33:32 qui est une question par rapport
33:34 à tous les échanges internationaux
33:36 qui sont évidemment nécessaires et obligatoires.
33:38 C'est comment l'Union Européenne
33:40 pourrait maîtriser beaucoup plus
33:42 ces accords de libre-échange ?
33:44 Ça me paraît absolument essentiel.
33:46 Je sais bien qu'il faut des accords internationaux.
33:48 Je sais bien que par rapport à nos céréales,
33:50 je sais bien que par rapport à tout ce qui est viticulture
33:52 et vin et ainsi de suite,
33:54 la France exporte beaucoup.
33:56 Donc on est bien dans les accords de libre-échange et qu'on est d'accord
33:58 avec ça par rapport à ça. Il faut un meilleur
34:00 contrôle et de meilleurs accords
34:02 de libre-échange entre les différents continents
34:04 et les différents pays, notamment l'Union Européenne.
34:06 Mais est-ce qu'un meilleur contrôle ne passe pas
34:08 par beaucoup plus de gens qui viennent contrôler
34:10 et des brigades spéciales ?
34:12 Non, non, non, c'est dans les accords qu'il faut signer.
34:14 Apparemment, ce n'est pas contrôlé
34:16 parce que la décision est de ne pas contrôler.
34:18 Politiquement,
34:20 quelle réponse du gouvernement ?
34:22 C'est la question qu'on se pose tous,
34:24 encore une fois, sur le gasoil.
34:26 Sur quoi ?
34:28 Est-ce que le gouvernement peut agir vite et concrètement
34:30 comme le demandent les agriculteurs ?
34:32 Moi, je pense qu'ils vont être obligés de faire un geste
34:34 effectivement sur le gasoil, s'ils veulent
34:36 effectivement un peu déminer la situation.
34:38 Mais encore une fois, ce n'est pas la seule mesure.
34:40 Je pense réellement, je vous ai dit tout à l'heure,
34:42 c'est qu'un choc de normes me semble indispensable
34:44 s'ils veulent envoyer un signal qui soit clair
34:46 et puis une vraie action
34:48 pour faire...
34:50 pour que la loi Egalim
34:52 soit appliquée. C'est ça, en ce moment, qui pose le souci.
34:54 C'est le prix.
34:56 Vous allez voir sur le lait. Je reviens sur le lait.
34:58 Dans trois ans, on va importer
35:00 autant de lait qu'on en exportera. On sera à l'équilibre.
35:02 Alors qu'on était exportateurs,
35:04 bénéficiaires sur le sujet du lait.
35:06 Le sujet, ça devient un vrai sujet. Moi, dans nos secteurs,
35:08 en Normandie, en dix ans,
35:10 on a perdu 25% de nos exploitants agricoles.
35:12 En 20 ans,
35:14 c'est 50% d'exploitants agricoles en moins.
35:16 Et la courbe est plus importante
35:18 sur la disparition des producteurs de lait.
35:20 De moins en moins d'agriculteurs, pour des raisons
35:22 de prix, veulent produire du lait. Alors, c'est des gens
35:24 passionnés, c'est des gens qui aiment leur élevage.
35:26 Et on va voir ce vrai sujet. Donc, il y a
35:28 vraiment un signal à faire pour que les prix
35:30 soient bien appliqués et que, encore une fois, que la chaîne
35:32 de valeur soit équitable dans sa répartition, ce qui n'est
35:34 pas le cas du tout. - Oui. Donc, il y a des lois.
35:36 Donc, appliquons lait. Et alors, sur les réponses
35:38 qui m'ont été gagées, qu'est-ce que la réponse,
35:40 qu'est-ce qu'on peut apporter ? - Moi, ce qui m'a quand même
35:42 fait sourire, c'est quand j'entendais Bruno Le Maire
35:44 dire aux agriculteurs, écoutez, vous avez
35:46 raison, faites-moi des propositions,
35:48 dites-moi les normes qu'il faut supprimer.
35:50 Mais, ça n'est pas
35:52 à l'agriculteur du fond
35:54 du Perche ou d'Occitanie de
35:56 décider des lois. C'est aux législateurs.
35:58 Ces normes, elles ne sont pas arrivées toutes seules.
36:00 Donc, déjà, je trouve ça assez étonnant, en fait,
36:02 de faire reposer
36:04 cette responsabilité normative
36:06 sur l'agriculteur, même si
36:08 les remontées de terrain sont évidemment
36:10 intéressantes, mais surtout, c'est d'une
36:12 hypocrisie sans nom. Il y a eu
36:14 15 000 rapports dessus. En 2022,
36:16 vous aviez un rapport
36:18 transpartisan de, je ne sais plus,
36:20 Laurent Duplon, Serge Mériou,
36:22 Pierre Loureau, donc des
36:24 sénateurs LR, centristes,
36:26 PS, donc voilà, les trois
36:28 grands partis du Sénat, ils s'étaient mis d'accord.
36:30 Ils avaient montré les problèmes. Ils avaient montré
36:32 ce qu'il fallait faire.
36:34 Il suffisait juste de l'appliquer.
36:36 On a recréé des commissions.
36:38 Et là, on refait une tournée générale depuis
36:40 un an où on écoute les chambres d'agriculture
36:42 pour faire remonter des propositions,
36:44 pour nourrir la loi d'orientation agricole.
36:46 - Alors qu'on connaît, on sait déjà, c'est ça.
36:48 - Les problèmes, en fait, ils sont
36:50 décrits depuis très longtemps. - Politiquement, pour le
36:52 gouvernement, ce soit un dossier
36:54 perdant, perdant, et que tout le monde
36:56 va sortir de ce conflit
36:58 exsangue. J'entends les agriculteurs
37:00 et je sais pas si vous avez vu leur slogan
37:02 "Notre fin, F.I.N., sera votre fin,
37:04 F.A.I.M." ou alors
37:06 "Enfin, on en rêve, adultes, on en crève."
37:08 Et je vois les agriculteurs
37:10 dire, sur tous les tons, sur toutes les
37:12 ondes, "On n'a plus rien à perdre,
37:14 on ira jusqu'au bout, on ne cèdera pas."
37:16 Donc je ne sais pas ce que le gouvernement
37:18 pourra céder qui conviendrait
37:20 aux agriculteurs. Je pense que des deux côtés,
37:22 le pouvoir politique va sortir
37:24 très affaibli de ce dossier. D'ailleurs, on voit bien
37:26 qu'il est déjà sur la défensive. Et les agriculteurs
37:28 ne gagneront pas grand chose.
37:30 Donc on est là dans un jeu dupe qui est quasiment
37:32 écrit à l'avance. Vous pensez ?
37:34 Il faudrait surtout...
37:36 Bon, le ministre d'agriculture,
37:38 Marc Chéveau, n'est pas responsable de tout.
37:40 Quand il a des députés,
37:42 deux femmes d'ailleurs, qui prennent la parole
37:44 et qu'il leur répond "Allez sur le terrain"
37:46 et que, malheureusement pour lui,
37:48 les deux députés sont agricultrices
37:50 et travaillent
37:52 la terre, dont l'une d'entre elles
37:54 veut reprendre l'affaire de ses parents,
37:56 il vaut mieux se renseigner avant de répondre à des députés.
37:58 Oui, oui.
38:00 C'est effectivement
38:02 le décalage
38:04 qui peut y avoir.
38:06 Qu'est-ce qu'on peut...
38:10 Parlons du RN, justement.
38:12 On va parler de ce sondage, mais le Rassemblement National
38:14 peut être un mot quand même sur
38:16 l'attitude du RN
38:18 qui se pose en sauveur
38:20 des agriculteurs.
38:22 Cédric Nouveau, vous nous disiez
38:24 pendant la pub que
38:26 là aussi, il y a un décalage
38:28 entre le discours
38:30 au Parlement européen et les actes.
38:32 Ils ont eu un certain nombre d'élus
38:34 élus au Parlement européen.
38:36 Ils n'ont absolument rien fait pour améliorer
38:38 la condition de l'agriculture
38:40 française et même européenne, mais c'est
38:42 le même topo sur la pêche.
38:44 Je le disais tout à l'heure, mais je pense effectivement qu'ils n'ont rien fait.
38:46 Les voir essayer de récupérer la colère
38:48 alors que quand ils sont aux manettes, ils ne font pas le travail,
38:50 je trouve que c'est un peu fort de café.
38:52 Je comprends bien, ils sont en pré-campagne,
38:54 donc que les agriculteurs ne soient pas dupes.
38:56 Le RN n'a pas dans son
38:58 objectif de sauver l'agriculture française.
39:00 Il a d'abord pour but de gagner les élections européennes.
39:02 - Oui, mais c'est un...
39:04 - Il a déjà gagné la dernière fois et l'avant-dernière fois.
39:06 - Mais c'est un vote très populaire chez les agriculteurs,
39:08 le vote RN.
39:10 - Oui, mais ils sont
39:12 assez conservateurs quand même les agriculteurs.
39:14 Ils votent aussi beaucoup
39:16 pour la droite.
39:18 Ils sont surtout en ce moment désabusés.
39:20 Je veux dire, franchement, le sentiment
39:22 dans les campagnes, c'est plus une désillusion.
39:24 Ils n'attendent pas grand-chose
39:26 d'un parti ou de l'autre.
39:28 Je pense que c'est la raison de cette colère
39:30 et qu'il faut effectivement qu'on apporte
39:32 des vraies solutions, des solutions qui soient
39:34 concrètes et rapides, si on veut
39:36 renouer avec ça. Sinon, ils n'iront pas voter.
39:38 On vit aussi dans les campagnes
39:40 pareil, des gens qui ne vont plus voter
39:42 en disant que de toute façon, ça ne sert à rien,
39:44 c'est inefficace.
39:46 Le vote RN en ce moment,
39:48 c'est ni plus ni moins que le résultat
39:50 des années, des différentes années,
39:52 quelles que soient les gouvernements,
39:54 d'inefficacité de la part des différents
39:56 gouvernements. - Il y a quand même une responsabilité aussi
39:58 de Pascal Canfin, qui est
40:00 lui le représentant du gouvernement
40:02 à Bruxelles.
40:04 Je vous vois sourire, Thibaut Tégagé.
40:06 Qui, lui, dit oui
40:08 à Bruxelles et non à Paris.
40:10 - C'est ce qui est très compliqué
40:12 dans la politique agricole.
40:14 C'est qu'effectivement, il y a beaucoup de choses qui se décident
40:16 à Bruxelles et
40:18 un peu moins à Paris. On peut taper sur le
40:20 gouvernement, mais il faut quand même taper
40:22 au tout début sur
40:24 les directives pour que ça aille ou pas dans le
40:26 bon sens.
40:28 Effectivement, Pascal Canfin
40:30 il n'est pas
40:32 du côté d'une agriculture
40:34 productiviste
40:36 et souveraine.
40:38 Quand vous me disiez, Jean-Luc Benamias,
40:40 que les écolos n'étaient pas au pouvoir,
40:42 moi je parle du raisonnement
40:44 écologiste qui a
40:46 beaucoup inspiré
40:48 la commission actuelle.
40:50 D'ailleurs, juste pour terminer...
40:52 - Ce n'est pas la commission qui décide, c'est le Conseil
40:54 européen des chefs d'État et de gouvernement qui décide.
40:56 Les accords de libre-échange
40:58 sont négociés par qui ? Pas par la commission,
41:00 pas par le Parlement européen,
41:02 par le Conseil européen des chefs d'État
41:04 et de gouvernement ou le Conseil des ministres qui sont concernés
41:06 par différents secteurs.
41:08 - Non, mais là vous parlez des accords de libre-échange ?
41:10 - Parce que c'est ça
41:12 qui fait la distorsion de concurrence.
41:14 Par rapport au blé,
41:16 par rapport aux vins, par rapport au lait,
41:18 et je peux en rajouter par rapport aux légumes,
41:20 par rapport aux fruits.
41:22 - Mais l'heure où on a le droit
41:24 de tailler les haies,
41:26 si on a le droit de curer son fossé...
41:28 - Je suis d'accord, d'accord.
41:30 - Ça, c'est pas les États, c'est la commission, le Parlement.
41:32 - Oui.
41:34 - Je l'ai dit tout à l'heure
41:36 et je suis assez d'accord avec ça.
41:38 Attention à des normes qui se rajoutent aux normes qui se rajoutent aux normes.
41:40 Il y a un côté, d'ailleurs, tout ça,
41:42 qui est incompréhensible, surtout
41:44 pour l'agriculture telle que nous la voulons encore,
41:46 heureusement avec un certain nombre de paysans.
41:48 - On se retrouve dans un instant,
41:50 on va parler de ce vote des jeunes,
41:52 vote RN et LFI
41:54 pour les 18-24 ans.
41:56 A tout de suite.
41:58 - Sud Radio, le 10h midi,
42:00 mettez-vous d'accord,
42:02 Valérie Exper.
42:04 - Et on est ensemble jusqu'à midi.
42:06 Je voulais qu'on revienne sur ce sondage
42:08 à propos des européennes.
42:10 C'est un sondage pour le Nouvel Économiste.
42:12 l'IFOP a interrogé
42:14 les 18-24 ans sur leurs intentions
42:16 de vote.
42:18 Le RN arrive en tête à 33%,
42:20 LFI, 24%,
42:22 et alors très très loin derrière,
42:24 l'EPC à 5%,
42:26 l'EPS à 3%,
42:28 les LR à 2%.
42:30 C'est, encore une fois,
42:32 une photo à l'instant T, mais ça dit
42:34 quand même quelque chose
42:36 de ce qui se passe
42:38 chez des jeunes de 18-24 ans.
42:40 Jean-Luc Benamias,
42:42 vous qui êtes un peu plus ancien,
42:44 est-ce que ça vous surprend ?
42:46 - Je suis gentiment dit.
42:48 - Non, mais plus ancien,
42:50 justement, dans l'expérience
42:52 et dans le vote,
42:54 un vote RN chez les 18-24 ans.
42:56 - L'expérience que j'en ai par rapport
42:58 au Parlement européen, c'est que c'est très bien.
43:00 Je pense que
43:02 il a été fait régulièrement,
43:04 c'est clair,
43:06 sauf que, justement, les 18-24 ans,
43:08 aux élections européennes, ils ne vont pas voter.
43:10 - Oui, c'est vrai.
43:12 - Le premier parti, chez les jeunes, ça reste l'abstention.
43:14 - Ça n'empêche pas le RN d'arriver en tête aux élections européennes.
43:16 - Oui, ça reste l'abstention.
43:18 - Mais en même temps, on leur pose la question,
43:20 même s'ils ne vont pas voter,
43:22 ils ne répondent pas écolo, LR ou PS.
43:24 - Oui, ça signifie quelque chose,
43:26 c'est du bon global.
43:28 - C'est assez clair.
43:30 - Moi, j'ai vu plusieurs signaux.
43:32 - C'est vrai que les jeunes...
43:34 - Pas oublié dans le sondage
43:36 que le premier parti reste, l'abstention,
43:38 c'est important, mais au niveau du RN et du LFI,
43:40 il y a, un, une réussite de leur
43:42 stratégie de rajeunissement qui a été faite,
43:44 plutôt que les autres partis.
43:46 Il y a une réussite aussi
43:48 de la dédiabolisation du RN, qui a réussi
43:50 finalement à faire oublier, sur cette
43:52 nouvelle génération, les propos,
43:54 les prises de position de Jean-Marie Le Pen,
43:56 le passé assez obscur de certains membres du FN,
43:58 etc. Et ça, ils n'en ont pas forcément connaissance.
44:00 Et puis, il y a aussi un échec,
44:02 une désillusion par rapport aux politiques publiques
44:04 qui ont été menées depuis 20, 25 ans,
44:06 et où effectivement, dans lesquelles les jeunes ne croient plus.
44:08 Donc, voilà, c'est tous ces facteurs
44:10 mis bout à bout, et j'y rajouterais
44:12 peut-être un élément, c'est aussi l'impact
44:14 des réseaux sociaux que
44:16 LFI et RN maîtrisent,
44:18 ou ont maîtrisé, peut-être plus tôt que les partis traditionnels.
44:20 Et comme, effectivement, une source d'information
44:22 importante dans cette génération,
44:24 ce sont les réseaux sociaux, je pense qu'il y a eu, effectivement,
44:26 un retard à l'allumage pour certains partis à ce niveau-là.
44:28 - Virginie ? - Moi, je note que
44:30 ce sont ceux qui crient le plus fort
44:32 qu'ils se font entendre,
44:34 et que les partis qui se font entendre actuellement,
44:36 y compris chez les jeunes,
44:38 même chez ceux qui ne vont pas voter,
44:40 ce sont les extrêmes. Et ces extrêmes-là,
44:42 ils profitent de,
44:44 j'allais dire, de la faillite des grands partis
44:46 qui ont structuré l'ensemble de la Vème République,
44:48 et là, je parle de la droite et la gauche,
44:50 qui, aujourd'hui, ne sont plus que l'ombre
44:52 d'eux-mêmes, mais de par leur
44:54 propre faute. Ils ont
44:56 pris des engagements qu'ils n'ont
44:58 pas tenus, des promesses qui sont restées
45:00 lettres mortes, ils n'ont pas travaillé sur le terrain,
45:02 le RN travaille sur le terrain,
45:04 se rend sur le terrain, et je ne citerai
45:06 à ce propos-là qu'une seule image,
45:08 celle qui m'a beaucoup frappée, je crois
45:10 que c'était pendant le week-end, où on voyait Jordan Bardella
45:12 entouré d'agriculteurs,
45:14 dehors, à l'air libre, tête nue,
45:16 en train d'expliquer son
45:18 raisonnement actuel,
45:20 qui ne tient pas, mais enfin bon,
45:22 il l'expliquait, et au même moment,
45:24 il est à la table, dans une pièce fermée,
45:26 devant un public,
45:28 visiblement choisi, du 150
45:30 personnes, en train de recréer
45:32 dans la mémoire collective
45:34 le grand débat d'Emmanuel Macron
45:36 après les gilets jaunes, mais franchement, quelle drôle
45:38 d'idée ! En tout cas, à l'image,
45:40 les grands gagnants, c'était le RN.
45:42 - Oui, Thibaut Elgé. - Eva, le
45:44 siphonnage des partis républicains
45:46 traditionnels, LR
45:48 et PS,
45:50 par les extrêmes, n'est pas nouveau, et
45:52 il a lieu pour toutes les générations
45:54 d'électeurs, effectivement, je suis d'accord
45:56 avec vous, il est renforcé pour les
45:58 jeunes votants, pour deux
46:00 raisons, c'est déjà que ces parties extrêmes,
46:02 notamment le RN, tout le passé
46:04 sulfureux ne leur évoque rien, ils ne l'ont pas
46:06 connu, ils sont nés après. - Et le choix de
46:08 Jordan Bardella, c'était garé très habile, la
46:10 jeunesse... - Exactement,
46:12 ça n'a rien à voir entre Jordan Bardella
46:14 et Jean-Marie Le Pen, donc
46:16 ces deux générations radicalement
46:18 différentes, ces gens n'ont
46:20 pas connu Jean-Marie Le Pen.
46:22 En revanche, ils sont sur TikTok, et Jordan Bardella,
46:24 il a un million d'abonnés sur TikTok,
46:26 contrairement à Eric Ciotti
46:28 ou Ford, donc il y a vraiment un
46:30 choc générationnel, et puis
46:32 on en revient aussi, peut-être
46:34 une faillite, alors certes
46:36 c'était pas simple, mais les partis
46:38 traditionnels a trouvés les réponses
46:40 qu'attendait cette électorat
46:42 populaire jeune,
46:44 et donc, effectivement, il y a un boulevard
46:46 pour le RN. - Pour le RN,
46:48 et les filles, qui restent
46:50 assez hauts, quand même. - Moi je trouve aussi
46:52 assez symptomatique quand même qu'à quelques
46:54 semaines d'écart, on a un premier
46:56 sondage qui nous explique que les jeunes
46:58 de moins de 25 ans connaissent mal leur histoire,
47:00 et quelques semaines après, on s'aperçoit
47:02 que c'est le RN qui est devant, donc
47:04 voilà, il y a peut-être un parallélisme
47:06 à faire assez fort, et un lien de cause à effet
47:08 entre la connaissance de ce qu'ont
47:10 pu générer les partis extrêmes
47:12 dans l'histoire, et le choix
47:14 peut-être que peuvent faire actuellement les jeunes.
47:16 - Je ferais une dernière observation,
47:18 pendant tout le premier quinquennat,
47:20 alors le deuxième est en cours d'écriture, il n'est pas
47:22 terminé, Emmanuel Macron
47:24 a érigé comme adversaire principal
47:26 qui ? Marine Le Pen ! Pendant 5
47:28 ans, il a considéré que Marine
47:30 Le Pen, probablement avec le
47:32 calcul assez politique, que s'il
47:34 l'avait contre elle en 2022, il serait
47:36 réélu, ce qui s'est exactement passé, mais que
47:38 là, il a joué avec le feu, et là, le feu est en train
47:40 de gagner la plaine. - Certains disent qu'il
47:42 verrait un certain... qu'il en tirerait
47:44 un certain bénéfice à l'avoir
47:46 élue, en disant "de toute façon
47:48 c'est le sens..." - Qu'elle déconfiture
47:50 au bout de 10 ans de pouvoir de laisser le pays...
47:52 - Et en faisant le pari d'être réélu
47:54 après. - Ah oui ?
47:56 Moi je trouve que quelqu'un qui aura été 10 ans au pouvoir
47:58 et qui quitterait le pouvoir en laissant Marine Le Pen
48:00 lui succéder, c'est une faillite politique gigantesque !
48:02 - Je suis d'accord avec vous,
48:04 mais c'est ce que certains
48:06 observateurs politiques
48:08 imaginent, en tout cas.
48:10 Non ?
48:12 - Non, Jean-Luc, c'est
48:14 un mauvais calcul ! - On n'est pas dans la fiction,
48:16 malheureusement, sur l'avancée de Marine Le Pen
48:18 et du RN, au niveau de la possibilité
48:20 d'avoir le pouvoir, même au niveau
48:22 national, ça c'est pas de la fiction,
48:24 mais pour le reste, savoir ce que fera
48:26 le président de la République actuelle
48:28 dans 5 ans, on en sait, ou dans
48:30 6 ans, 7 ans, on en sait strictement rien.
48:32 - Un dernier mot
48:34 sur cet aspect, c'est quand même assez aussi
48:36 surprenant, qu'une génération qui est la plus
48:38 connectée avec le monde entier
48:40 soit celle qui a envie de voter
48:42 pour des gens qui nous proposent de nous renfermer,
48:44 de fermer nos frontières,
48:46 de nous refermer sur nous-mêmes, je trouve ça assez paradoxal.
48:48 - Oui, mais il faudrait connaître
48:50 les motivations, en fait,
48:52 le pourquoi. - Les motivations,
48:54 elles sont toujours les mêmes, c'est
48:56 sécurité...
48:58 - Quand on est jeune, on est plutôt de gauche, non,
49:00 normalement ? Enfin, à priori.
49:02 - Non, là, quand vous regardez...
49:04 - Vous êtes toujours été... - Non, mais quand vous voyez l'accès...
49:06 Non, non, l'accès de
49:08 tous les partis conservateurs,
49:10 voire très conservateurs,
49:12 en Europe,
49:14 leur accès au pouvoir, ça montre que...
49:16 - Il est dans le monde, absolument.
49:18 - L'Argentine est pas... - La jeunesse n'est pas à gauche,
49:20 je trouve ça dire assez... - Avant, de mon temps,
49:22 la jeunesse était à gauche.
49:24 C'était un peu...
49:26 - C'est le passage obligatoire, c'est ça ?
49:28 - Oui, c'était le passage obligatoire. - Aujourd'hui, elle est à l'extrême-gauche,
49:30 qui n'est pas du tout pareil. - Oui, oui, mais c'est vrai que...
49:32 - En années 60,
49:34 70, c'était à l'extrême-gauche aussi.
49:36 - Oui, c'est vrai, c'est vrai.
49:38 - Il y avait une société,
49:40 peut-être avec trop d'ordre,
49:42 trop de capitalisme, et une jeunesse voulait
49:44 s'opposer à ça. Aujourd'hui, c'est exactement l'inverse.
49:46 Les gens, ils appellent... Ils veulent plus
49:48 d'argent et plus d'ordre. - Ouais.
49:50 Bah écoutez, à suivre,
49:52 là, on est aussi dans le conservatisme absolu,
49:54 avec les déclarations
49:56 de Gérard Larcher, l'IVG dans la
49:58 Constitution, le texte, donc,
50:00 va passer à l'Assemblée,
50:02 et le Sénat, visiblement,
50:04 n'est pas favorable à cette
50:06 inscription. - Si, si !
50:08 - Gérard Larcher,
50:10 en fait, en fait, en fait, visiblement,
50:12 les centristes, non plus, ne sont pas
50:14 tout à fait favorables à cette inscription
50:16 dans la Constitution.
50:18 Jean-Luc ?
50:20 - Voilà. Globalement,
50:22 les débats ont lieu.
50:24 Moi, je pense que c'est un
50:26 rajout à la Constitution
50:28 plus qu'utile pour
50:30 affirmer le fait du droit à l'IVG.
50:32 Voilà. Après, j'entends...
50:34 Écoutez, c'est sans doute une question d'âge
50:36 pour Gérard Larcher.
50:38 - Oui, mais
50:40 François-Xavier Bélamy était incapable
50:42 de dire, il y a deux jours, chez Jean-Jacques
50:44 Bourdin, s'il était
50:46 pour ou contre. Il a fallu
50:48 lui poser la question. - François-Xavier Bélamy,
50:50 qui s'exprime très poliment, qui est un garçon
50:52 pas antipathique comme ça,
50:54 est quand même très
50:56 proche de ce qu'on appelle la droite
50:58 chrétienne, quoi. Voilà.
51:00 - François-Xavier Bélamy a fait 8,5%
51:02 aux dernières européennes, et il était
51:04 contre l'avortement, et il a
51:06 pris position dans l'affaire Lambert en disant
51:08 "Toute vie vaut la peine d'être
51:10 vécue, même une vie comme celle-ci".
51:12 Ça lui a coûté très cher, et ça risque de recouter
51:14 très cher à la droite, à nouveau,
51:16 dans quelques mois, quand ça sera la campagne.
51:18 - C'est deux oppositions très différentes. Effectivement,
51:20 Bélamy s'est exprimé dessus,
51:22 et d'ailleurs ne le fait plus,
51:24 pour des... en tout cas,
51:26 peut-être des raisons morales,
51:28 alors qu'il aurait dû apporter des raisons politiques.
51:30 Gérard Larcher, c'est différent, c'est plus
51:32 pour des raisons juridiques.
51:34 Et en fait,
51:36 la...
51:38 Honnêtement, la question est vraiment pas simple, mais
51:40 la question,
51:42 elle est pas de protéger ou pas
51:44 le droit à l'avortement. Tout le monde est pour la protection
51:46 de ce droit. La question est
51:48 est-ce qu'il faut faire entrer
51:50 dans la Constitution
51:52 ce type de droit ? C'est-à-dire des droits
51:54 qu'on pourrait dire "sociétaux". Parce que dans ce cas-là...
51:56 - Après, on va passer à la fin de vie.
51:58 - En fait, il y en a cent mille des droits sociétaux.
52:00 Le but, à l'origine de la Constitution,
52:02 c'était plutôt d'organiser le fonctionnement
52:04 du pays, le Parlement, le Président
52:06 de la République. C'était pas des droits comme ça.
52:08 - Oui, oui.
52:10 - Je pense que c'est bien de rappeler
52:12 que toi, t'as raison, il faut pas caricaturer
52:14 la pensée de Gérard Larcher. Gérard a expliqué
52:16 clairement qu'il est effectivement...
52:18 qu'il serait le premier à défendre ce droit, si jamais
52:20 il était attaqué. C'était effectivement sur des raisons juridiques.
52:22 Et le débat se fait sur des raisons juridiques.
52:24 À droite, pour bien le savoir,
52:26 ça fait débat. Vous savez que Philippe Bas
52:28 avait réussi, lui, à trouver
52:30 une formule qui permettait de
52:32 maintenir un petit peu et d'avoir un certain
52:34 accord au niveau du Sénat. Donc, il y a du débat.
52:36 Mais la question juridique, effectivement, se pose.
52:38 Après, au niveau sociétal, il n'y a pas de question.
52:40 À droite, tout le monde est pour ce
52:42 droit fondamental. Après, qu'on veuille le
52:44 sanctuariser, ça peut être une vraie question. Effectivement,
52:46 quand on voit les régressions sociales qu'on peut vivre
52:48 dans certains pays où il y a eu des extrêmes qui sont arrivés au pouvoir,
52:50 avec le risque de l'arrivée,
52:52 peut-être, d'extrême demain, ce que je ne souhaite pas,
52:54 on peut effectivement se poser la question de sanctuariser.
52:56 Mais, ce que dit Timothée Evray, après, il faudrait
52:58 sanctuariser l'ensemble des droits fondamentaux et des libertés
53:00 fondamentales. Ça devient compliqué. Et la Constitution,
53:02 elle va finir en encyclopédie.
53:04 - Et puis, le jour où vous avez une majorité
53:06 qui ne vous plaît pas du tout à l'Assemblée,
53:08 qui a les 3/5ème, c'est-à-dire
53:10 le Parlement, l'Assemblée nationale, le Sénat...
53:12 - Vous pouvez faire ce qui a été fait. Bien sûr, pourtant.
53:14 - Vous allez aussi pouvoir vous retrouver avec des normes
53:16 que vous ne voulez pas du tout dans les Constitutions.
53:18 - Je trouve qu'Emmanuel Macron aurait eu, quand même,
53:20 intérêt à travailler sur les sujets
53:22 qui sont plus urgents.
53:24 Le féminicide, plus de 100
53:26 femmes tuées l'année dernière.
53:28 La violence intra-familiale.
53:30 Nous, dans les départements, je vous donnais le cas,
53:32 dans le département du Calvados,
53:34 on récupère actuellement plus de 3 000 enfants
53:36 qui sont confiés au pouvoir public.
53:38 C'est vous dire le niveau
53:40 de difficultés qu'il peut y avoir dans certaines familles.
53:42 L'urgence, elle était peut-être,
53:44 plutôt de travailler sur ces sujets.
53:46 Féminicide, violence intra-familiale.
53:48 Parce que là, on va encore rentrer dans une grande
53:50 phase de débat... - Vous ne le faites pas rentrer dans la Constitution.
53:52 - Non, mais on va rentrer dans une grande phase de débat
53:54 public, là où on attend des réponses, encore une fois,
53:56 concrètes sur d'autres sujets.
53:58 C'est toujours pareil, on va occuper l'espace public
54:00 et les décideurs publics sur un sujet
54:02 qui peut débattre, mais l'urgence, en ce moment,
54:04 c'est plutôt comment on s'occupe de ces 3 000 enfants,
54:06 c'est comment on réduit les féminicides.
54:08 - Il y a quelque chose d'assez démagogique à dire
54:10 si c'est inscrit dans la Constitution, on ne pourra plus y toucher.
54:12 Un, c'est faux, et deux,
54:14 effectivement, je suis assez d'accord avec l'idée
54:16 qu'il y a peut-être d'autres choses à faire que de
54:18 mobiliser tout le pays pendant des semaines
54:20 sur cette question-là, et mobiliser toute la classe politique.
54:22 - Merci à tous les 4,
54:24 on se retrouve demain,
54:26 très bonne journée sur Sud Radio, dans un instant, André Bercoff.

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