Avec Sandrine Le Feur, députée Renaissance du Finistère, agricultrice, Benoît Biteau, député européen EELV, Paysan bio et Émilie Vandierendonck, agricultrice, Présidente de la coordination rurale de la Seine-et-Marne, Responsable de la section Jeunes de la Coordination Rurale
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00:00 Vérissure, le numéro 1 des alarmes en France.
00:02 Rendez-vous sur verissure.fr pour votre demande de devis gratuits.
00:06 Vérissure présente...
00:08 Sud Radio, parlons vrai chez Bourdin, 9h10, Jean-Jacques Bourdin.
00:13 Il est 9h34, l'Europe est énorme.
00:15 Ennemie des agriculteurs ou pas ?
00:18 C'est la question que nous posons, c'est la question qu'on entend ici ou là.
00:22 Vous savez qu'ici sur Sud Radio, ça fait des mois et des mois
00:25 que nous parlons de la colère des agriculteurs.
00:27 Pourquoi ? Parce que d'abord cette colère est née dans le Sud-Ouest.
00:31 Et d'ailleurs aujourd'hui, la plupart,
00:34 même si la FNSEA et les autres syndicats agricoles ont dit vouloir étendre
00:40 les manifestations un peu partout en France,
00:43 la plupart des manifestations ont commencé dans le Sud-Ouest.
00:47 Il y a eu ce drame dans la Riège ce matin.
00:49 D'ailleurs, tous les blocages ont été levés dans la Riège.
00:55 Et chacun réfléchit dans tout le Sud-Ouest, dans toute l'Occitanie,
01:00 chacun réfléchit à lever les blocages après le drame.
01:03 Je rappelle qu'une mère de famille est décédée,
01:05 son mari et sa fille sont dans un état extrêmement grave.
01:09 Une voiture n'a pas les circonstances de ce qui s'est passé ce matin,
01:13 donc je me garderai bien d'avancer quoi que ce soit.
01:16 Simplement une voiture et plusieurs occupants affoncés dans un barrage,
01:20 des bottes de paille et ceux qui étaient là ont été renversés.
01:23 Je n'ajouterai rien de plus.
01:25 Les personnes qui ont été interpellées sont en garde à vue,
01:29 les personnes qui étaient dans cette voiture.
01:31 Voilà ce qu'on sait pour l'instant.
01:33 C'est un drame.
01:34 Alors avec nous pour parler de l'agriculture et de l'Europe ce matin,
01:37 nous avons Sandrine Le Fur qui est députée Renaissance du Finistère.
01:40 Bonjour.
01:41 - Bonjour.
01:41 - Vous êtes agricultrice vous-même.
01:43 Combien d'hectares ? À quel endroit ?
01:45 - Je suis située dans le Nord Finistère, à côté de Morlaix, à Plibercris,
01:48 et j'ai une exploitation de 50 hectares.
01:50 - De 50 hectares dans le Nord Finistère.
01:53 Avec nous au téléphone, Émilie Van Dierendonk,
01:56 qui est agricultrice, présidente de la coordination rurale de Seine-et-Marne.
02:00 Bonjour.
02:01 - Bonjour.
02:02 - Bonjour.
02:03 Vous êtes à quel endroit et combien d'hectares ?
02:05 Qu'est-ce que vous exploitez ?
02:07 - Alors je suis à l'Est Seine-et-Marne, à côté de la Ferté Gaucherée,
02:12 limite du département de la Marne, en céréales.
02:17 - En céréales.
02:18 - Je exploite du blé, de l'or, de l'avoine, du maïs, du tournesol.
02:25 170 hectares.
02:27 - 170 hectares.
02:28 Quand même, grosse exploitation, Émilie Van Dierendonk.
02:33 Benoît Biteau, vous êtes député européen, Europe Ecologie Les Verts,
02:38 paysans bio, bonjour.
02:39 - Bonjour Jean-Jacques.
02:40 - Vous vous exploitez en Charente-Maritime ?
02:42 - Oui, je suis en Charente-Maritime, sur une ferme en polyculture, polyélevage,
02:47 où il y a des vaches, des chèvres, des chevaux de trait, des bonnets du poitou,
02:51 des poules pondeuses, c'est très diversifié, c'est en race locale,
02:54 parce qu'on est dans une logique de préservation de race locale et ancienne,
02:57 et des logiques aussi de circuit court, c'est-à-dire que tous les produits
03:00 issus des productions animales sont commercialisés à la ferme,
03:03 dans une boutique à la ferme.
03:05 Et je suis également producteur de grandes cultures,
03:08 de productions dédiées à l'alimentation humaine,
03:10 c'est beaucoup de légumes secs, des lentilles de toutes les couleurs,
03:13 des vertes, des roses, des corails, des brunes, des pois chiches, des pois verts, des céréales...
03:18 - Alors, en vous écoutant, je remarque ce que je disais tout à l'heure,
03:21 évidemment il n'y a pas une agriculture, il y a de nombreuses agricultures,
03:27 il y a des exploitations plus ou moins grandes,
03:29 il y a évidemment un éleveur n'a pas les mêmes problèmes qu'un arboriculteur,
03:34 un vigneron n'a pas les mêmes problèmes qu'un céréalier,
03:38 enfin bon, etc., etc.
03:41 Donc c'est très complexe.
03:43 Mais il y a des règles communes, les règles européennes,
03:47 pour élever, pour produire.
03:50 Ces règles européennes, aujourd'hui, sont-elles les ennemis des agriculteurs ?
03:56 Je commence avec vous Sandrine Lefeur.
03:58 - Moi je ne crois pas que les règles européennes soient les ennemis des agriculteurs,
04:02 au contraire, l'Europe est une force pour les agriculteurs.
04:06 Si la France sort de l'Union Européenne comme le propose le Rassemblement National,
04:11 on aura une agriculture et des agriculteurs qui en seront affaiblis.
04:14 On a un changement climatique,
04:16 et les agriculteurs doivent s'adapter à ce changement climatique,
04:20 et pour ça, les normes environnementales sont avec eux pour les accompagner,
04:24 et certainement pas contre eux.
04:26 - Oui, ces normes sont peut-être avec eux,
04:29 les agriculteurs sont vertueux en France,
04:31 tout le monde le dit, vous serez tous d'accord pour le dire,
04:34 ce sont les agriculteurs peut-être du monde les plus vertueux ?
04:37 - C'est pas tout à fait vrai, mais...
04:38 - Pas tout à fait vrai ? Ah bon ? Bonobito, c'est pas tout à fait vrai ?
04:41 - Non, c'est un argument qui est souvent mis en avant,
04:43 qui consiste à dire que l'agriculture française est la plus propre,
04:46 c'est pas complètement vrai, c'est vrai que c'est une agriculture qui a des vertus,
04:51 on parlait d'élevage tout à l'heure, on a beaucoup de systèmes herbagés,
04:54 on n'a pas d'élevage en feedlots comme on peut le trouver sur le continent américain,
04:59 donc c'est vrai que ça existe et que ça fait de l'agriculture française,
05:03 et globalement européenne, plutôt une agriculture vertueuse,
05:06 sur l'utilisation de molécules de synthèse qu'on appelle pesticides,
05:10 l'Europe a beaucoup avancé sur ce sujet-là, même s'il y a encore de la route à faire,
05:14 mais on a des molécules comme la trazine, et si je prends celle-ci,
05:17 c'est pas par hasard, qui a été interdite il y a plus de 20 ans,
05:20 et là on vient de passer un accord de libre-échange avec la Nouvelle-Zélande,
05:23 où la trazine est toujours autorisée, donc c'est là plutôt que l'Europe est incohérente et paradoxale,
05:29 c'est-à-dire qu'on interdit des choses à nos agriculteurs, et pour la bonne raison,
05:33 c'est-à-dire qu'il faut protéger la biodiversité, il faut protéger notre santé,
05:37 mais à côté de ça on ouvre la porte, dans le cadre d'accords de libre-échange,
05:41 à des territoires qui n'ont pas les mêmes rigueurs que nous sur ce sujet-là.
05:47 - Émilie Evandirendonk, quelle est votre position ?
05:49 Est-ce que l'Europe et ses normes est l'ennemi des agriculteurs ?
05:55 - L'ennemi, je ne dirais pas jusque-là, parce qu'effectivement,
06:00 il y a des choses à faire, il y a des efforts à faire,
06:04 des efforts qui sont en partie, pour certains, déjà faits par certains agriculteurs,
06:11 d'autres qui sont en train de les faire.
06:14 Effectivement, le problème, je suis d'accord avec M. Biteau,
06:20 c'est cette concurrence que nous avons par rapport aux autres pays
06:26 qui ne respectent pas les mêmes normes que nous.
06:29 Nos produits ne peuvent pas être mis en concurrence avec des pays
06:35 qui ont le droit, comme il le disait, d'utiliser la trazine que nous ne pouvons pas,
06:40 et c'est valable aussi pour d'autres molécules phytosanitaires.
06:45 On ne peut pas nous imposer d'être vertueux et, par contre,
06:52 vendre notre production au même prix qu'eux.
06:57 On n'a pas les mêmes coûts de production, ce n'est pas possible.
07:02 - Que les choses soient claires, Jean-Jacques, je ne suis pas en train de dire
07:05 qu'il faut remettre la trazine en Europe, je suis en train de dire
07:08 que ce qui menace la souveraineté alimentaire, parce que beaucoup parlent de ça aujourd'hui,
07:12 ce qui menace la souveraineté alimentaire, c'est le changement climatique,
07:15 c'est l'effondrement de la biodiversité, et donc on doit tout mettre en œuvre...
07:19 - Oui, mais tout mettre en œuvre ?
07:21 - Oui, mais pour éviter que ce changement climatique...
07:24 - On est d'accord, mais tout mettre en œuvre, c'est peut-être permettre aux agriculteurs
07:28 de faire des réserves d'eau, par exemple, c'est peut-être permettre
07:32 à certains agriculteurs d'irriguer, c'est peut-être permettre...
07:35 - Mais personne, Jean-Jacques...
07:37 - C'est peut-être une pause... Attendez, pardon, je finis.
07:40 C'est peut-être dire aux agriculteurs "bon, on fait une pause environnementale,
07:44 c'est-à-dire que pour l'instant, vous pouvez les 4% de jachères,
07:48 là, vous pouvez les oublier pour un temps, non ? Je sais pas, enfin bon...
07:53 - Non, le biais, Jean-Jacques, de ce raisonnement, c'est de penser que l'écologie
07:59 s'oppose à l'économie. Aujourd'hui, quand on consulte ce que nous rendent
08:04 les centres de gestion en agriculture, on voit que ceux qui s'en sortent le mieux
08:08 sont ceux qui font référence à l'agroécologie. Donc, ce vieux message
08:13 éculé qui consiste à dire que l'écologie va impacter l'économie,
08:16 ça n'existe plus. C'est ceux qui font plus vert qui sortent du rouge.
08:19 Et sur le sujet de l'irrigation, personne n'est contre l'irrigation,
08:22 sauf qu'aujourd'hui, vous parliez de réserves, Jean-Jacques,
08:25 les réserves de substitution dont on parle ne s'adressent qu'à 6% des agriculteurs.
08:30 6% des agriculteurs ! Est-ce qu'on doit imaginer des logiques d'irrigation
08:34 qui s'adressent à un plus grand nombre d'agriculteurs, ou continuer de privilégier
08:39 ces 6%-là, qui font partie des 20% ?
08:41 - Mais on doit permettre l'irrigation, vous êtes bien d'accord ?
08:43 - Mais personne n'a dit le contraire, Jean-Jacques.
08:45 - Euh... - Non, personne ne dit le contraire,
08:47 j'en connais pas. - Bon. Oui.
08:49 - Peut-être, moi, je voudrais répondre sur les accords de libre-échange.
08:52 Je pense que si on conserve l'agriculture dans les accords de libre-échange,
08:56 ce qui est le cas aujourd'hui, il faut absolument que les clauses miroirs
09:00 soient la norme et pas l'exception. Ça, c'est une priorité.
09:03 - C'est quoi une clause miroir, expliquez aux auditeurs.
09:06 - Ça veut dire qu'on impose aux produits qui viennent hors Union Européenne
09:11 les mêmes normes que chez nous. - Normes que chez nous.
09:13 - Oui, mais qui va contrôler ?
09:15 - Ah bah ça, il faut que les contrôles soient faits.
09:17 Mais vous savez, dans d'autres secteurs, quand on a des constructeurs de voitures
09:22 qui viennent en Europe, ils doivent respecter les normes européennes.
09:25 - C'est vrai. - Ça, c'est une évidence.
09:27 Moi, je fais une autre proposition.
09:29 Parce que l'agriculture, c'est quand même un secteur bien particulier.
09:33 C'est pas comme les autres secteurs de notre économie.
09:35 Ça sert à nous nourrir. Et il y a des enjeux environnementaux
09:39 très importants pour la survie de la biodiversité et de nous-mêmes d'ailleurs.
09:43 Et donc, pourquoi on ne ferait pas une exception agricole ?
09:46 Pourquoi on ne poserait pas sur la table le débat de sortir l'agriculture
09:51 de l'OMC, des accords mondiaux,
09:57 et de décorréler le prix des biens agricoles avec les cours mondiaux ?
10:01 Pourquoi on ne pose pas ce débat sur la table ?
10:03 C'est le véritable débat.
10:04 Moi, je ne dis pas qu'il faut arrêter un échange, stopper tout échange qu'il soit.
10:09 Évidemment, on a besoin de continuer à échanger les produits alimentaires.
10:12 Mais je crois que lier l'agriculture aux cours mondiaux et au commerce,
10:17 c'est une mauvaise idée. L'agriculture, ce n'est pas que du commerce.
10:20 C'est un enjeu de biodiversité très important pour notre biodiversité.
10:25 - On a la parole à Émilie Van Dierendonck juste après et la pub à tout de suite.
10:29 - Sud Radio, Parlons Vrai chez Bourdin, 9h10, Jean-Jacques Bourdin.
10:35 - Avec nous Sandrine Le Fur, députée Renaissance du Finistère,
10:37 Benoît Habitaud, député Européen, Europe Ecologie-Les Verts et lui-même paysan.
10:42 Et Sandrine Le Fur est agricultrice, et Émilie Van Dierendonck est agricultrice
10:46 et présidente de la Coordination Rurale de Hacennes et Marne.
10:50 Vous avez entendu vos deux interlocuteurs, que vouliez-vous dire, Émilie ?
10:54 Émilie Van Dierendonck.
10:56 - Effectivement, c'est très difficile pour nous de ne pas avoir, entre guillemets,
11:03 la main mise sur nos prix de vente.
11:06 On ne peut du coup pas répercuter nos charges,
11:11 on ne peut pas répercuter nos efforts que nous faisons face à la transition écologique,
11:16 nous ne pouvons pas répercuter le temps que nous passons
11:19 à remplir tous les dossiers administratifs.
11:22 On doit produire, au moment où, si je vais parler des céréales,
11:28 au moment où je sème mon blé, je ne sais pas à combien je vais le vendre.
11:31 Comment voulez-vous que je puisse prévoir,
11:36 que je puisse mettre en face les moyens de produire correctement
11:43 si déjà je n'ai aucune idée à combien je vais le vendre ?
11:46 Je ne peux pas investir dans des nouveaux équipements,
11:51 je ne peux pas, ce n'est pas possible.
11:54 Donc du coup, ce qui se passe pour nous, c'est qu'en général,
11:57 on attend d'avoir de la trésorerie ou on fait des emprunts bancaires
12:01 à des taux en ce moment qui ont bien remonté, pour pouvoir investir.
12:07 Mais il y a beaucoup d'investissements qui ont été faits
12:10 à des bons prix qui étaient spéculatifs du la guerre en Ukraine,
12:16 il faut le reconnaître, ce qui n'est pas normal non plus.
12:19 Ça nous a quand même malgré tout permis d'investir, il faut le reconnaître.
12:22 Mais aujourd'hui, on fait face, du coup, aujourd'hui on paye
12:28 le fait d'avoir "pu" vendre correctement nos céréales.
12:35 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, là, sur le dernier trimestre 2023,
12:38 on a dû payer les impôts en conséquence, ce qui est normal,
12:42 mais il faut les payer quand même.
12:44 On a dû payer les cotisations sociales en conséquence,
12:47 il faut aussi les payer, et face à ça, finalement,
12:50 aujourd'hui, je retrouve un prix du blé qui est aux alentours de 185 euros la tonne,
12:55 qui est moitié moins que ce qu'on avait, plus même que moitié moins
12:59 que ce qu'on avait il y a un an et demi.
13:02 - Oui, il y a un an et demi.
13:04 Les charges qui augmentent aussi, parce que toutes les charges ont augmenté.
13:08 Tous les agriculteurs le disent, mais il n'y a pas que les agriculteurs qui le disent.
13:12 Mais toutes les charges ont augmenté.
13:13 Est-ce que là, il y a des gestes à faire ?
13:15 Je ne sais pas, est-ce qu'il faut revenir sur, par exemple, le gazole,
13:20 la détaxation, est-ce qu'il faut revenir à une détaxation du GNR ?
13:24 Oui ou non, Sandrine Le Fur ?
13:27 - Je crois que le sujet, en fait, dans tout cela, c'est le revenu.
13:33 Ce n'est pas de savoir s'il faut revenir sur le GNR, sur les normes environnementales.
13:37 - Mais le revenu, c'est le produit, la vente.
13:41 - Si le revenu... - À combien vendez-vous votre produit et quelles charges avez-vous ?
13:45 - Si on fait respecter les lois EGalim, si l'agriculteur a du revenu,
13:48 son sujet d'aujourd'hui ne sera pas la détaxation du GNR ou les normes environnementales.
13:53 Si l'agriculteur arrive à vivre de son métier,
13:56 je crois que là, il peut, sur son exploitation, se préoccuper de la transition agricole.
14:01 Eh bien, il faut absolument faire respecter la loi EGalim.
14:04 La loi EGalim, ce n'est pas une mauvaise loi.
14:06 - La loi EGalim, je le rappelle, ce sont des négociations.
14:09 C'est une loi qui régit les négociations entre les producteurs,
14:16 la grande distribution et l'agroalimentaire.
14:19 - On a de la grande distribution et des industriels qui ne respectent pas cette loi aujourd'hui.
14:23 - Ils ne respectent pas cette loi ? - Non, ils ne respectent pas cette loi.
14:27 On a déjà eu une GMS qui a eu une amende assez conséquente pour non-respect de la loi EGalim.
14:33 Bruno Le Maire s'est engagé à poursuivre ce travail
14:36 et je crois qu'il faut absolument qu'on fasse la chasse à la GMS qui ne respecte pas la loi EGalim.
14:41 - C'est quoi la GMS, dites-moi ? - C'est la clé, la grande distribution.
14:44 - D'accord. - Qui ne respecte pas cela.
14:46 Parce que les agriculteurs, de manière générale, ont salué EGalim 1 et EGalim 2.
14:50 On leur a vraiment donné les outils pour aller dans les négociations commerciales et retrouver du poids.
14:55 - C'était assurer un prix à la production, c'était ça.
14:57 - Voilà, et je crois que ce n'est pas normal aujourd'hui que le secteur agricole
15:01 soit le seul secteur où on puisse vendre à perte.
15:04 - Vendre à perte. - Ça, ce n'est pas normal, ce n'est pas acceptable et ce n'est pas entendable.
15:07 - On vend toujours aujourd'hui dans le secteur agricole, on vend à perte.
15:11 - Bien sûr. - Ça peut arriver.
15:13 - En élevage, ça peut arriver. On a vu des producteurs de lait qui peuvent
15:16 effectivement avoir des coûts de production supérieurs
15:19 aux résultats qu'ils arrivent à faire en vendant leurs produits.
15:22 Sans revenir sur la loi EGalim, puisque Sandrine l'a très bien fait,
15:25 et effectivement il faut demander le respect de la loi EGalim,
15:28 c'est une des réponses pour retrouver du revenu digne pour les agriculteurs.
15:33 Mais je reviens tout à l'heure sur la dimension écologique.
15:37 Quand on fait de l'agroécologie, quand on fait de l'agronomie,
15:40 on travaille aussi sur la réduction des coûts de production.
15:43 Et c'est l'autre constituant majeur de la constitution du revenu.
15:46 - Oui, les coûts de production. - Ce qui reste dans le porte-monnaie
15:49 de l'agriculteur, c'est le chiffre d'affaires moins les coûts de production.
15:53 Et la loi EGalim, c'est d'ailleurs pour ça qu'elle a eu lieu,
15:56 c'est-à-dire qu'on s'est rendu compte que les coûts de production dépassaient
15:58 parfois le chiffre d'affaires. Et donc il faut bien sûr travailler
16:02 sur l'amélioration du chiffre d'affaires, et donc la loi EGalim le permet.
16:06 Mais il faut aussi qu'on travaille sur la réduction des coûts de production.
16:09 Et la réduction des coûts de production, souvent la réponse, c'est l'agroécologie.
16:13 Et donc c'est la preuve que l'écologie n'est pas l'ennemi de l'économie.
16:16 - Émilie Van Dieren, donc, votre problématique est différente.
16:22 Vous l'avez exposée. Vous dites "moi, je ne sais pas combien
16:26 je vais vendre mes céréales".
16:29 - Oui, oui, tout à fait. Et donc la transition agroécologique,
16:35 oui, effectivement... - Est-ce que vous avez des normes
16:38 ces derniers temps ? Est-ce que vous sentez qu'il y a une surtransposition
16:42 des normes européennes ?
16:44 - Ce n'est pas seulement ces derniers temps. Je pense qu'on est là depuis longtemps,
16:50 déjà, la surtransposition. - Oui.
16:52 Le problème, il est administratif. C'est-à-dire que quand on est agriculteur,
16:55 on est submergé de démarches administratives. Et ça, c'est la conséquence
16:59 d'une politique agricole commune qui est défaillante. Et ce n'est pas moi
17:02 qui le dis, c'est la Cour des Comptes européenne. On devrait écouter davantage
17:05 ce que dit la Cour des Comptes européenne, qui explique pourquoi aujourd'hui
17:09 les revenus des agriculteurs sont en berne. Pourquoi le renouvellement
17:12 des générations chez les agriculteurs est en berne. Et la principale responsable
17:16 de ce constat-là, c'est la politique agricole commune. Et cette politique
17:19 agricole commune qui a été imaginée telle qu'on la connaît aujourd'hui,
17:22 en 92, parce qu'elle n'est pas bien ficelée, pas bien construite,
17:28 fait qu'à chaque nouvelle génération, on rajoute du normatif pour essayer
17:34 de l'améliorer. Et c'est cet empilement-là qui fait que la surcharge administrative
17:39 est délirante. Il faut repartir d'une feuille blanche.
17:41 - La loi Restauration de la Nature n'a pas facilité les choses.
17:44 - Mais elle n'est pas en vigueur, Jean-Jacques, la loi sur la restauration
17:47 de la nature. La stratégie de la ferme à la fourchette, qui demande 50%
17:50 de réduction des pesticides, des engrais de synthèse ou 25% de bio,
17:54 ça n'est pas... On n'a pas commencé. Aujourd'hui, la ferme Europe est en train
17:58 de perdre sa productivité. C'est pas à cause de l'arrêt des pesticides,
18:01 on n'a pas commencé. C'est pas à cause de la réduction des engrais de synthèse,
18:05 on n'a pas commencé. Ce que nous dit la Commission européenne sur la réduction
18:09 de la productivité de la ferme Europe, c'est le climat, c'est l'effondrement
18:13 de la biodiversité qui est en train de taper la capacité de production
18:17 de l'Europe. Et c'est pas non plus l'agriculture intensive la bonne réponse.
18:20 Ce que nous dit le commissaire européen, c'est que 12% des surfaces aujourd'hui
18:24 en Europe répondent à ce qu'on appelle l'agriculture familiale et paysanne.
18:29 Ces 12% de surfaces qui sont conduits suivant les règles de l'agriculture
18:33 paysanne et familiale produisent 32%. 32% des denrées alimentaires en Europe.
18:38 C'est bien la preuve que c'est cette agriculture-là qu'on doit privilégier.
18:41 - Vous êtes d'accord ? Et Emilie Van Dierendonk ?
18:45 - Moi je dirais, au niveau où nous en sommes, nous agriculteurs français,
18:51 je dirais que chacun doit s'adapter comme il le peut par rapport à son exploitation,
19:00 par rapport à... On travaille avec les vivants, donc par rapport à sa terre,
19:05 par rapport à sa situation géographique. Il y a des secteurs qui sont très propices
19:13 à l'élevage, d'autres qui le sont moins. Il y a des secteurs dans lesquels
19:19 il y a beaucoup de haies, où on réimplante des haies, d'autres dans lesquels
19:24 c'est moins évident. Pour moi c'est difficile d'imposer quelque chose.
19:28 Il faut que ce soit une démarche volontaire.
19:31 - Merci à tous les trois d'être venus nous voir. Merci vraiment.
19:35 On n'a pas fini de parler de l'agriculture et c'est heureux.
19:38 - C'est heureux, mais là ce que j'ai retenu, c'est vrai, sortir l'agriculture des règles,
19:43 des règles communes à l'industrie, au commerce, c'est une très bonne idée.
19:48 Parce que l'agriculture c'est scientifique. - Faire une exception.
19:50 - C'est exception. - Exception agriculture et alimentaire.
19:52 - Moi je suis assez d'accord. 9h... Enfin, je ne suis pas donné mon assis.
19:57 - Bien oui Jean-Jacques. - Je trouve ça bien. Allez 9h57.
20:00 Oui je vous soutiens. Je vous le dis, je vous soutiens.
20:03 9h57, vous êtes sur Sud Radio. Merci de nous avoir accompagnés.
20:08 Tout de suite après les infos, Valéria Expert et Gilles Gansman
20:11 recevront Omar Harfouche qui est directeur de la publication Entrevue.
20:15 Sud Radio, parlons vrai chez Bourdin. 9h10, Jean-Jacques Bourdin.
20:21 Avec Vérissure, le numéro 1 des alarmes en France.
20:24 Rendez-vous sur verissure.fr pour votre demande de vie gratuite.