• l’année dernière
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Transcription
00:00 Alexis Poulin, sans réserve, l'invité.
00:04 Et notre invité tout de suite, c'est Sébastien Arsac, confondateur et porte-parole de l'association L214,
00:11 association qui lutte depuis des années contre la maltraitance et la souffrance animale.
00:17 Vous venez de sortir une nouvelle enquête, puisque vous faites de nombreuses enquêtes vidéos notamment,
00:21 cette fois-ci sur l'abattoir de Craon, qui montre des animaux découpés vivants,
00:28 des images qui sont affreuses à regarder, où on voit clairement une maltraitance et une souffrance animale
00:34 dans cette dernière vidéo.
00:36 Et on apprend hier que la préfecture nie tout simplement toute souffrance animale.
00:42 Voilà ce qu'elle dit dans son communiqué.
00:44 "Les services de l'État précisent que le seul visionnage d'images filmées par L214
00:48 ne permet pas de conclure en l'espèce à des cas de souffrance animale."
00:53 Vous avez quoi à dire à ce communiqué de la préfecture ?
00:56 C'est un peu une cacaphonie, parce que d'un autre côté on a Marc Fesneau qui a réagi aussi à ces images
01:01 et qui lui dit tout à fait autre chose, puisqu'il dit qu'il y a des infractions qui sont avérées.
01:08 Et il demande même qu'un comité d'éthique sur les abattoirs se réunisse pour 2024,
01:13 poser la question de la surveillance vidéo, etc.
01:15 En fait, la préfecture, dans cette histoire, elle est jugée partie.
01:19 Voilà comment fonctionne un abattoir.
01:21 Aujourd'hui, sur la chaîne d'abattage, vous avez évidemment les employés qui travaillent sur la chaîne
01:26 et vous avez en parallèle des services de la préfecture, qui sont là en permanence, des techniciens
01:31 et un vétérinaire responsable, qui vont venir mettre des estampilles sur les carcasses,
01:37 qui vont venir éventuellement saisir des carcasses,
01:39 et qui viennent aussi contrôler que la réglementation et que les mises à mort des animaux soient conformes à la réglementation.
01:46 C'est des contrôles sporadiques, c'est-à-dire que c'est pas...
01:49 En fait, ils sont en permanence sur la chaîne et après, ils peuvent faire des audits un peu généralisés à des moments donnés.
01:54 Parce que ce qu'on apprend, c'est que l'abattoir de Craon a été justement audité
01:59 pendant les périodes où vous avez filmé, c'était en novembre 2023,
02:03 et il a eu la note B, puisqu'il y a des notes, les abattoirs sont notés de A à D,
02:08 D étant la note la plus faible, et donc là, il n'y a pas eu de soucis particuliers,
02:12 même si c'était pas A, ça restait un abattoir...
02:14 Pour la préfecture, en tout cas, mais qui est du coup jugée partie.
02:17 Parce que quand on montre ces images et quand on montre justement les horreurs qui sont pratiquées sur les animaux,
02:21 devant les yeux des services vétérinaires, évidemment, ça met en cause leur travail.
02:26 Et l'année dernière, en 2023, on a obtenu quatre condamnations de l'État
02:31 sur des cas absolument similaires dans des abattoirs,
02:34 pour justement des carences sur les contrôles des services vétérinaires.
02:38 - Mais ces carences, c'est quoi ? C'est dû au fait du manque de personnel
02:42 ou c'est une défaillance volontaire où on va fermer les yeux pour des pratiques,
02:46 pour aller vite, pour la rentabilité ?
02:48 - Alors, ça peut être effectivement pour des manques de moyens,
02:51 parce qu'il y a un rapport qui est sorti en décembre justement du ministère de l'Agriculture
02:55 qui disait qu'il y avait énormément de difficultés.
02:58 Aujourd'hui, il y a des postes vacants, il y a plus de 200 postes vacants dans les abattoirs.
03:02 Du coup, à obtenir des personnes, et la compétence aussi des techniciens sur la chaîne qui fait défaut.
03:07 Ici, les services vétérinaires étaient quand même présents,
03:10 mais en fait, il y a vraiment un laxisme, c'est-à-dire que la réglementation aujourd'hui dans l'abattoir,
03:15 pour la protection des animaux, est considérée comme quelque chose d'optionnel, vraiment.
03:19 C'est-à-dire qu'on ne parle même pas de violation de la réglementation,
03:22 on parle de non-conformité.
03:24 Et justement, cet abattoir avait été mis en demeure par les services vétérinaires en avril 2023
03:29 pour les règles d'abattage.
03:32 La mise en demeure avait été retirée, relevée en juillet,
03:35 c'est-à-dire que l'abattoir considérait que les pratiques étaient OK,
03:39 que les structures étaient conformes.
03:41 Et puis finalement, ces images-là en novembre et décembre,
03:44 nous, on les a montrées à des vétérinaires.
03:46 Il y a notamment Bertrand Guyn, qui a travaillé 40 ans en abattoir,
03:50 qui est un vétérinaire qui intervient sur le salon international de l'agriculture,
03:55 qui a vu ces images et qui les trouve tout à fait insupportables.
03:58 En fait, il n'y a que la préfecture, qui encore une fois est jugée partie,
04:01 qui dit que ces images ne montrent pas de souffrance sur les animaux.
04:04 Alors qu'on voit des animaux qui sont totalement conscients sur la chaîne,
04:07 ce n'est pas simplement des mouvements réflexes,
04:09 quand on montre ça à des experts, en fait,
04:11 vous pouvez avoir des animaux qui font des mouvements,
04:14 qui font du pédalage avec les pattes, ça, ça peut être du réflexe.
04:16 Mais quand vous avez des animaux qui ont des mouvements de relevé de tête,
04:19 justement, un bovin qui fait plusieurs centaines de kilos et qui relève sa tête,
04:22 là, on est sur de la reprise de conscience des animaux.
04:25 Et on a aussi des animaux qui sont découpés vivants,
04:29 c'est-à-dire qu'une fois qu'elles sont saignées,
04:31 les bovins, on attend un petit peu,
04:34 et normalement, après, il y a une découpe primaire des pattes,
04:36 des cornes ou la décapitation qui interviennent,
04:38 c'est ce qu'on appelle la découpe primaire.
04:39 Elle doit absolument intervenir sur des animaux qui sont morts,
04:42 qui n'ont plus de signe de vie.
04:44 Et on voit ici sur les images qu'on a notamment des bovins qui réagissent
04:47 au moment de la découpe des pattes, au moment de la coupe des cornes,
04:50 et c'est vraiment affreux.
04:51 Il faut savoir que les bovins, en fait, la difficulté,
04:54 c'est quand vous saignez un bovin, vous allez sectionner les carotides.
04:57 Et ensuite, vous avez aussi une artère vertébrale
05:00 qui n'est pas sectionnée au moment de la saignée,
05:03 qui va continuer à irriguer le cerveau
05:06 et qui va prendre le relais, finalement, des carotides
05:08 qui vont avoir à se contracter, à faire des fausses inévities,
05:11 ce qu'on appelle, c'est-à-dire que le sang ne va plus s'écouler
05:13 et qu'en fait, cette artère vertébrale va continuer à irriguer le cerveau.
05:17 Et les études scientifiques montrent que même après un égorgement,
05:20 ce qu'on voit aussi dans l'abattage rituel,
05:22 même après un égorgement, un bovin peut rester encore conscient à la douleur
05:26 et sensible à la douleur pendant 12 minutes.
05:28 - Mais il n'y a pas d'autres méthodes d'abattage ?
05:30 Est-ce que c'est un problème d'abattage rituel ?
05:32 Est-ce que c'est un problème aussi de boxe d'immobilisation, de matériel ?
05:35 Est-ce que c'est un problème de formation ?
05:36 Comment on en arrive à de telles horreurs ?
05:38 - Alors sur l'abattoir de Crans, on ne fait pas de l'abattage rituel.
05:41 Les animaux sont normalement étourdiés avec un pistolet à tige perforante.
05:45 Ce pistolet à tige perforante est là pour assommer les animaux,
05:48 pour les rendre justement inconscients au moins le temps de la saigner
05:50 jusqu'à ce qu'ils soient vraiment morts.
05:52 Ici, dans l'abattoir de Crans, même en général,
05:56 c'est très compliqué d'ajuster le pistolet.
05:58 Quand vous regardez les experts, vous expliquent qu'il faut avoir un angle
06:03 de 30 degrés avec le pistolet, qu'il faut qu'il tape à un endroit bien précis du cerveau.
06:07 Mais dans la réalité, sur le terrain, vous avez des animaux qui sont paniqués,
06:11 qui bougent la tête, vous avez des opérateurs qui visent un peu à la volée.
06:15 Ce qui fait que la tige va peut-être à un moment donné rentrer dans le cerveau,
06:19 évidemment, elle va le percuter.
06:21 Donc vous pouvez avoir tout à fait un bovin qui s'écroule et qui perd son tonus musculaire,
06:24 mais qui n'est pas vraiment rendu insensible parce qu'il n'a pas été frappé au bon endroit.
06:27 C'est très compliqué en fait, sur le terrain.
06:29 - Il est immobilisé, mais pas dans le commun.
06:32 - Exactement.
06:33 - C'est vraiment affreux.
06:35 D'ailleurs, la préfecture joue sur les dates en expliquant qu'il y a eu un changement de boxe, etc.
06:41 On voit bien qu'il y a un problème matériel, il y a un problème, comme vous le disiez, de recrutement.
06:45 Qu'est-ce qui se passe aujourd'hui pour que les choses évoluent dans les abattoirs ?
06:50 - Oui, le communiqué de la préfecture précise qu'il y a un équipement qui a été changé
06:55 entre le moment où les images ont été tournées et le moment où elle les a diffusées.
06:59 C'est une petite partie du problème, puisqu'il n'y a pas de contrôle d'inconscience par les employés, etc.
07:04 Il n'y a pas d'abattage d'urgence, etc.
07:07 C'est un peu comme si vous aviez un chauffard pris sans ceinture, alcoolisé, qui grûle les feux rouges,
07:13 et on vous dit "ne vous inquiétez pas, on a changé les paquets de freins".
07:16 C'est à peu près le même discours qu'à la préfecture.
07:19 Aujourd'hui, le problème en France, je ne sais pas combien...
07:22 Donnez-moi un chiffre, combien pensez-vous qu'on tue d'animaux par jour en France ?
07:26 - Alors, je n'ai pas bien fait mon travail, mais c'est une question que je vais vous poser, effectivement.
07:31 Mais je pense que c'est monstrueux, parce que si on prend les poulets, les porcs,
07:35 enfin tous les animaux confondus, on est dans l'ordre de la centaine de milliers...
07:39 - On est sur plus de 3 millions d'animaux qui sont abattus chaque jour en France.
07:44 Donc, vous pouvez avoir une réglementation, exactement.
07:47 Vous avez plus d'un milliard d'animaux qui sont abattus chaque année, rien que pour la France.
07:51 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, vous avez une réglementation qui dit que toute souffrance
07:54 doit être épargnée aux animaux au moment de leur mise à mort,
07:57 qu'on doit les amener de telle façon, qu'on doit les étourdir de telle façon, etc.
08:01 La réalité, évidemment, on ne peut pas tuer 3 millions d'animaux
08:04 chaque jour en France dans le cadre réglementaire.
08:07 Donc aujourd'hui, il n'y a pas vraiment de solution sur la question.
08:10 Il y en a une solution, elle est simple.
08:12 Elle remet en cause notre rapport avec les animaux et notre mode de consommation.
08:16 Aujourd'hui, il y a clairement une urgence à digitaliser au maximum notre alimentation.
08:22 - On va en parler dans un instant avec vous, justement, des possibilités et de cette souffrance animale.
08:28 Si vous souhaitez réagir ou poser des questions à notre invité 0 826 300 300,
08:33 on se retrouve dans un instant avec Sébastien Arsac, cofondateur et porte-parole de L214.
08:38 A tout de suite.
08:39 - Sud Radio, midi 13h, Alexis Poulin, sans réserve.
08:47 - Sud Radio, midi 13h, Alexis Poulin, sans réserve.
08:52 - Et on se retrouve avec notre invité Sébastien Arsac, cofondateur et porte-parole de l'association L214
08:59 qui lutte contre les maltraitances faites aux animaux.
09:02 Votre dernière vidéo à l'abattoir de Craon montre la violence et l'horreur de l'abattage de ces animaux.
09:10 On en parlait en antenne, mais vous me disiez,
09:12 parfois certains abattoirs industriels peuvent faire un bovin à la minute entre la mise à mort et la découpe.
09:19 On est vraiment sur un rythme frénétique sur cet abattage-là.
09:23 - Oui, absolument. Sur les bovins, par exemple l'abattoir de Saubéval-de-Vau, dont on avait diffusé des images,
09:29 on avait effectivement un bovin à la minute.
09:32 Les gros abattoirs industriels sont sur ce rythme-là, entre 50 et 60 bovins à la minute.
09:37 Sur les abattoirs de poulet, on est plutôt à un poulet sur toutes les deux secondes.
09:43 C'est vraiment vertigineux.
09:47 Des abattoirs de cochons, ça peut être 10 000 cochons par jour.
09:50 Sur des gros abattoirs de Coperle ou Leclerc à la Carménée, c'est quasiment 10 000 cochons.
09:55 - Comment le personnel des abattoirs vit ce métier-là ?
10:01 J'imagine que c'est un métier extrêmement difficile.
10:03 Est-ce que l'inspection du travail se penche sur les conditions de travail de ces personnels d'abattoir ?
10:08 Est-ce qu'il y a un turnover énorme ?
10:10 Est-ce que vous avez parlé avec les gens qui font ce métier-là de la mise à mort et de la découpe ?
10:14 - Il y a un turnover énorme.
10:16 Moi, je me suis fait embaucher dans des abattoirs à un moment donné,
10:19 pour quelques semaines, et c'était extrêmement difficile.
10:22 On ne jette pas du tout la pierre sur les gens qui travaillent dans les abattoirs.
10:25 Au contraire, c'est un boulot très difficile.
10:27 On avait un autre enquêteur qui avait pris un poste d'accrochage des dindes dans un abattoir.
10:32 Il y avait 12 personnes le matin, à la pause de 10 heures, ils n'étaient plus cuits.
10:36 Tout le monde était parti.
10:38 Donc c'est très compliqué d'avoir des personnes pour travailler dans des abattoirs.
10:43 Et là, justement, sur l'abattoir de Cran, on voit sur les images la mise en danger des employés, tout simplement.
10:49 - Avec les réactions des animaux qui pourraient...
10:51 - Et puis on a fait un courrier de signalement à l'inspection du travail.
10:53 Parce que n'importe quelle entreprise, aujourd'hui,
10:56 vous imaginez l'inspection du travail qui demande à ce qu'il y ait des casques, des masques, etc.
11:00 Des prises qui soient protégées.
11:02 Et là, vous avez dans un abattoir, vous avez des employés qui jouent carrément à des terreux héros dans l'abattoir.
11:08 Ils sont obligés d'esquiver les mouvements de corne des animaux,
11:13 parce qu'ils sont justement encore conscients, encore vivants.
11:15 Même les mouvements réflexes, c'est très très dangereux.
11:17 Donc c'est impossible, en fait, aujourd'hui.
11:19 Il n'y a que les abattoirs qui peuvent se permettre de faire travailler les personnes dans ces conditions-là.
11:23 - Mais il y a une telle opacité autour de cette filière,
11:27 de la mise à mort de la viande.
11:30 Est-ce qu'il n'y a pas une honte, enfin, le fait que les pouvoirs publics savent qu'il n'y a pas de loi,
11:36 qu'il n'y a pas vraiment de règles,
11:37 et qu'on se retrouve avec, jouer au chat et à la souris,
11:41 et des associations comme la vôtre, L214,
11:44 qui, de temps en temps, montrent ce qui est immontrable.
11:46 Parce que ces images, elles sont ingardables.
11:48 C'est vraiment terrible.
11:49 - C'est ça. Et ces images-là, elles sont rares, finalement.
11:52 En tout cas, elles démontrent une infime partie de la réalité.
11:55 Et effectivement, aujourd'hui, dans les abattoirs, il y a une grande, grande opacité.
11:59 C'est Olivier Falorni qui avait travaillé sur le rapport d'enquête parlementaire sur les abattoirs.
12:04 Un rapport d'enquête qui avait été initié suite à plusieurs enquêtes qu'on avait diffusées,
12:08 qui disait, justement, qu'il était aussi compliqué de rentrer dans un abattoir que dans un sous-marin nucléaire.
12:14 Donc à partir de là, effectivement, c'est une demande qu'on a aussi,
12:18 c'est de pouvoir donner un droit de visite aux parlementaires,
12:23 éventuellement accompagné de journalistes,
12:25 comme on l'a aujourd'hui dans les centres pénitentiaires.
12:27 - Aujourd'hui, ce n'est pas le cas.
12:29 - Aujourd'hui, ce n'est pas le cas.
12:30 Donc c'est une demande qui a été relayée, justement, par Olivier Falorni,
12:33 qui a été relayée par le député Ledoux aussi de Renaissance.
12:36 D'ailleurs, il n'y a pas forcément de cas en politique sur cette question-là de la maltraitance animale.
12:41 Tout le monde est choqué par ces images-là.
12:43 - Oui, oui. On a avec nous une auditrice, Sophie Dutarne, qui souhaitait réagir.
12:48 Bonjour, Sophie.
12:49 - Oui, bonjour. Merci de me recevoir.
12:52 Moi, je voulais intervenir parce que...
12:54 Alors, je ne suis déjà pas consommatrice de viande, mais par contre, je continue de sucer poisson.
12:58 Donc je suis très sensibilisée à la cause, malgré tout.
13:02 Et je vous remercie déjà d'avoir mis ce sujet à l'antenne aujourd'hui.
13:08 Et merci, monsieur, pour votre investissement et votre militantisme sur cette question-là.
13:12 Après, moi, juste, je voulais intervenir parce que je regrette que dans les réponses que j'ai entendues là,
13:19 en tout cas au moment où j'ai écouté l'émission, ne soit abordée que la question du végétal.
13:24 Alors qu'en fait, concrètement, la réalité du terrain, c'est que les gens vont continuer à manger de la viande.
13:29 Et que pour moi, aller juste sur le végétal, ce n'est pas possible.
13:32 Par contre, de voir qu'est-ce qui peut être mis en place pour veiller à la qualité des modes d'abattage
13:39 et à la question de la formation, du recrutement, de la formation, du personnel,
13:42 pour moi, c'est... en tout cas, c'est un axe qui se doit d'être réfléchi.
13:46 Parce que concrètement, les gens vont continuer à manger de la viande.
13:49 Donc, passer au tout végétal, pour moi, ce n'est pas la solution, en tout cas.
13:53 - Alors, c'est une solution personnelle ? - Et les gens sont très fractères à cette question-là, en tout cas.
13:57 Et je trouve dommage parce que pour sensibiliser les auditeurs, il faut toucher dans une réalité, quoi.
14:01 - Mais ce n'est pas le militantisme de L214, c'est un choix personnel, le véganisme ou pas.
14:05 Mais est-ce que, comme le disait Sophie, merci beaucoup de votre appel,
14:10 est-ce que c'est possible, finalement, de se retrouver avec une filière raisonnée
14:16 où la souffrance serait en dehors du champ, même si c'est une mise à mort, ça reste tragique,
14:22 mais où au moins on n'aurait pas ces scènes de violence inouïe ? Est-ce que c'est possible ?
14:27 - Je pense que ce n'est pas possible aujourd'hui avec un nombre d'animaux qui est celui qu'on a évoqué tout à l'heure.
14:33 - 3 millions de jours de mise à mort.
14:36 - Si on prend un peu de hauteur par rapport à notre consommation de produits animaux,
14:40 la France est un des pays où on consomme le plus de produits animaux au monde.
14:43 Et c'est une consommation qui a augmenté à partir des années 80-90 du siècle dernier.
14:49 Mais finalement c'est assez récent.
14:51 Avant, finalement, on consommait beaucoup moins de viande qu'aujourd'hui.
14:55 On pouvait consommer de la viande le week-end, des choses comme ça.
14:57 Des grands chefs cuisiniers disent aujourd'hui, à l'un du cas, c'est tout ça qu'il faut végétaliser notre assiette,
15:02 qui n'est pas forcément d'éliminer les produits animaux.
15:04 C'est un choix personnel.
15:06 Mais il faut absolument passer par une diminution du nombre d'animaux qui sont élevés.
15:11 En France aussi, là on a l'abattoir, mais il y a aussi l'élevage avant, le transport et l'élevage.
15:15 Aujourd'hui 80% des animaux sont élevés dans des bâtiments fermés.
15:19 Et on ne peut pas aujourd'hui élever autant d'animaux en leur offrant l'espace à l'extérieur.
15:24 Ça peut être embêtant parce que ça remet en cause notre consommation,
15:28 mais il faut aller vers la diminution.
15:30 Et effectivement ça ne passera pas que par un choix personnel.
15:32 Il y a aussi une régulation à faire pour accompagner cette végétalisation.
15:35 Il y a eu, on voit bien le lobby de l'élevage de la viande qui est assez puissant,
15:40 mais qui a perdu un procès récemment sur l'appellation "steak végétal".
15:44 Le steak issu de végétaux ne pouvait pas s'appeler steak, c'était le procès.
15:48 Et finalement, ce sera possible de manger du steak végétal,
15:52 même si l'appellation a été contestée par le lobby de la viande.
15:55 C'est une avancée.
15:56 Et puis il y a aussi la baisse de la consommation, quand même lente mais réelle, de viande,
16:01 même si la France reste en tête depuis quelques années.
16:05 Est-ce qu'il y a une prise de conscience que vous voyez réelle,
16:08 depuis que vous êtes membre de l'L214 et que vous militez ?
16:12 Clairement, il y a une vraie prise de conscience,
16:14 il y a une volonté des gens de diminuer leur consommation de viande.
16:17 Après, souvent, la stratégie de l'agroalimentaire,
16:20 qui veut maintenir la consommation à ses niveaux actuels,
16:24 joue beaucoup du marketing.
16:27 Il y a aussi beaucoup de viandes, de produits animaux qui sont cachés dans les plats préparés,
16:31 on en mange un peu à toutes les sauces, finalement.
16:33 Il y a une érosion de la consommation, mais ça dépend des espèces.
16:36 Aujourd'hui, il y a une catastrophe par rapport à la viande de poulet,
16:39 qui est une viande qui ne diminue pas aujourd'hui en France.
16:41 Qui augmente, au contraire.
16:43 Et donc ça, c'est assez catastrophique.
16:44 On a plus de 800 millions de poulets qui sont élevés aujourd'hui en France,
16:47 qui sont élevés dans des bâtiments fermés.
16:49 Les poulets, ils sont sur 20 à 22 poulets sur un seul mètre carré.
16:54 Ils grandissent en 40 jours.
16:56 C'est-à-dire d'ailleurs, on a une campagne qui est très importante,
16:59 qui est vraiment cruciale aujourd'hui.
17:00 On demande à l'acteur LDC, donc c'est les marques Le Gaulois, Maître Coq,
17:04 d'éliminer les pires pratiques d'élevage,
17:06 là où tous les autres ont pris déjà des engagements, et tous les supermarchés n'ont pas.
17:10 C'est quoi le pire que vous ayez vu dans toutes les enquêtes que vous avez faites ?
17:13 L'élevage des poules pondose en cage.
17:15 Voilà, une feuille à quatre pour une poule pondose qui va rester un an dans sa cage.
17:19 Elle est sur ça, la poule.
17:21 Énormément de mutilations, on a montré, sur la viande de cochon,
17:25 le claquage des porcelets, les mutilations à vif sur la coupe des dents,
17:30 la coupe des queues, la castration.
17:32 En fait, dès qu'on tire un peu un fil dans la filière d'élevage,
17:36 c'est tellement rationalisé, c'est-à-dire qu'avec les "produits" mécaniques,
17:42 mais surtout de la chimie, la question des antibiotiques et de la génétique,
17:46 aujourd'hui on considère les animaux comme des protéines sur pâte,
17:49 et on essaie d'adapter les animaux aux conditions d'élevage plutôt que de faire l'inverse.
17:53 Les poulets de LDC et de Le Gaulois, une des marques phares dans les supermarchés,
18:00 ces poulets grandissent en 35 jours, 40 jours.
18:02 Ils sont poussins dans un élevage et ils ont leur poids d'abattage de kilos
18:07 qui est quatre fois plus rapide que ce qu'il était en 1950.
18:10 Donc vous avez des poulets qui ont du mal à porter leur poids,
18:13 qui sont clodiquants, enfin qui sont boiteux.
18:15 C'est ça la réalité aussi aujourd'hui.
18:16 - Des animaux malades et qui n'ont pas de vie en réalité,
18:18 qui sont là pour la consommation.
18:20 Merci beaucoup pour votre témoignage Sébastien Arsac,
18:23 cofondateur et porte-parole de L214,
18:25 un sujet, la souffrance aminale sur lequel on reviendra.
18:28 Je vous remercie d'avoir accepté de répondre à nos questions.
18:31 Dans un instant, vous allez retrouver La Culture dans tous ses états
18:35 avec Céline Alonso et André Bercoff.
18:37 A 13h, ils reçoivent l'écrivain Abnous Chalmani pour son livre
18:41 "J'ai pêché, pêché dans le plaisir".
18:44 Parlons vrai. Sud Radio. Parlons vrai. Sud Radio. Parlons vrai. Sud Radio. Parlons vrai.

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