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Avec Bambou, ex-femme de Serge Gainsbourg et auteure.

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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2025-01-20##

Catégorie

Personnes
Transcription
00:00Sud Radio, les clés d'une vie. Jacques Pessis.
00:03Les clés d'une vie, celles de mon invité.
00:05Le surnom que vous a trouvé Serge Gainsbourg,
00:07l'homme de votre vie, vous correspond parfaitement.
00:10Il vient d'un arbre aussi résistant que le béton et l'acier.
00:13Il plie mais ne rompt pas, la preuve.
00:15Ce livre très émouvant où vous racontez un destin
00:18dont votre présence ici relève presque du miracle.
00:21Bonjour Bambou.
00:22Bonjour.
00:23Alors vous publiez pas à pas dans la nuit chez XO Éditions.
00:27Oui.
00:28Et on vous découvre aujourd'hui parce qu'on ne vous connaissait pas finalement.
00:31Non, on savait très peu de choses sur moi,
00:33toujours les mêmes choses des journalistes quoi.
00:37Voilà.
00:38Et d'ailleurs quand on va sur Wikipédia,
00:40il y a n'importe quoi écrit sur vous.
00:42Oui, oui, oui.
00:43Donc on va rectifier.
00:44J'ai voulu rectifier le tir.
00:46Voilà.
00:47Alors justement on va le rectifier à travers des dates clés
00:50qui sont celles que j'ai trouvées dans le livre
00:52qui permettent de nous raconter et de vous raconter.
00:54Alors la première date ne vous correspond pas exactement,
00:56je vous rassure,
00:57mais elle est importante dans votre vie.
00:59C'est le 31 mars 1862
01:01parce que c'est ce jour-là que sort Les Misérables.
01:04Et c'est un livre qui vous a marqué.
01:06Absolument.
01:08Parce que c'était à l'assistance publique,
01:12dans cette famille d'accueil,
01:14c'était vraiment cosette.
01:15Oui.
01:16Et il n'y avait pas de Jean Valjean qui était là.
01:19Oui, et vous avez compris ça en découvrant un exemplaire des Misérables je crois.
01:23Oui, oui, oui.
01:24À la bibliothèque de l'école,
01:26j'ai découvert ce livre
01:29et je me suis dit mais c'est moi là.
01:32Oui, il faut savoir que, je ne sais pas si vous le savez,
01:35Victor Hugo a écrit ce roman en deux fois,
01:37à 17 ans d'intervalle,
01:39une première version qui s'appelait Les Misères,
01:42qui ne correspondait pas du tout à la seconde version,
01:44qu'il a écrite après l'exil
01:46et en changeant absolument tout,
01:48sans imaginer qu'il faisait un chef-d'oeuvre.
01:50Voilà.
01:51Alors vous ça ne se passe pas à Paris,
01:53c'est un village qui est entre Nevers et Château-Chinon.
01:56Oui, c'est ça.
01:57C'est Slendry.
01:59C'était un petit village
02:02où il y avait une boulangerie, une épicerie
02:05et un bar, c'est tout.
02:08Et une droguerie-mercerie puisque vos ténardiers...
02:11Oui, tenaient une droguerie
02:14et vendaient leurs articles.
02:18Il y avait aussi des matelas qu'ils vendaient.
02:22Le ténardier faisait des matelas.
02:26Donc tout ça faisait en vrac quelque chose
02:30et vous êtes arrivée là, soyons clairs,
02:32ils avaient deux enfants
02:33et vous vous êtes retrouvée en famille d'accueil
02:35parce qu'ils avaient besoin d'argent.
02:37Absolument.
02:38Ils prenaient les enfants parce qu'ils étaient payés.
02:41C'est fou.
02:42Et ça, vous ne le saviez pas bien sûr.
02:44Au départ, vous avez mis des années à le comprendre.
02:47J'ai mis des années à comprendre
02:49ce qu'il se passait.
02:51Je savais que ce n'était pas mes parents.
02:53Je ne comprenais pas pourquoi ils étaient tous contre moi.
02:58Il y a des tas de choses que je ne comprenais pas.
03:00Mais quand on lit ce livre, on est quand même très surpris
03:02parce que vous n'aviez rien.
03:04Un jour, on vous donne une poupée
03:05et vous n'allez pas la garder.
03:06Non, ils me l'ont prise
03:08et ils l'ont donnée à leur fille.
03:10Elle venait d'où, cette poupée ?
03:14Elle venait de ma tante, la soeur de mon père,
03:18Cathy.
03:19On vous parlait beaucoup dans ce livre.
03:21Elle vous l'avait envoyée et vous ne l'avez jamais...
03:23Elle l'avait envoyée à l'assistance publique
03:25qui nous l'avait fait parvenir
03:27mais je n'ai pas pu le garder longtemps.
03:30On imagine la tristesse d'une enfant
03:32qui perd sa poupée ?
03:33Oui.
03:34Vous étiez épouvantée ?
03:36Oui, mais j'étais surtout épouvantée par ces gens.
03:40En plus, vous receviez des vêtements
03:42de l'assistance publique
03:43et vous ne les portiez pas.
03:46Oui, mais rien qu'avec les vêtements,
03:49on savait qu'on était de l'assistance publique
03:51parce qu'on avait tous les mêmes vêtements.
03:53Donc moi, j'ai appris à coudre très vite
03:56pour essayer d'arranger un peu ces vêtements
03:59quoi qu'ils étaient ignobles.
04:01C'était quoi comme vêtements ?
04:03C'était des blouses grises,
04:05ils mettaient des porte-gertels dans les colis.
04:08On avait un colis par an.
04:10C'était n'importe quoi.
04:12Oui, et en général,
04:13ce qui était à peu près correct dans ce colis.
04:15Ils le prenaient pour leur fille.
04:17Et vous le retrouviez avec tout ce qui était le plus laid.
04:21Oui.
04:22La phrase que vous entendiez le plus souvent
04:25dans vos jeunes années, Bambou, je crois,
04:27c'est « au lit sans manger ».
04:29À ça, c'était la punition radicale.
04:33Ils nous affamaient.
04:36Pour eux, de toute façon,
04:39on n'avait jamais le droit,
04:40je n'avais pas le droit de me servir deux fois.
04:43Je mangeais ce qu'ils mettaient dans mon assiette.
04:48Les restes ?
04:49Oui, et j'avais tout en faim
04:52au point que j'ai même plusieurs fois mangé
04:56la nourriture du chien qui s'appelait Capi.
05:02Oui, et le chien, ça a été finalement
05:04votre plus beau compagnon ?
05:06Oui, il avait le même âge que moi
05:09et lui, au moins, il était gentil avec moi.
05:13Qu'est-ce que c'était comme chien ?
05:15Un bâtard, comme moi.
05:17Je crois que son nom venait de « Sans famille », le roman.
05:20Oui, « Sans famille », avec Rémi et tout ça.
05:25Le roman d'Hector Malo ?
05:27Oui.
05:28Qui est tellement célèbre, je ne sais pas si vous le savez,
05:30mais il y a une famille aux Pays-Bas,
05:32parce que Hector Malo est très connu aux Pays-Bas,
05:34qui a refait complètement en dix ans
05:36le voyage de Rémi à vélo.
05:39C'est fou.
05:40C'est fou, en allant jusqu'en Suisse, où se termine le roman.
05:44Et c'était toutes les vacances, la famille qui partait à vélo.
05:47Oui, c'était bien ce roman, moi je l'avais adoré.
05:50Et le chien Capi, je ne sais pas s'ils l'ont appelé
05:55comme ça à cause du roman, je n'en sais rien,
05:58mais il s'appelait Capi.
05:59Oui, je ne suis pas sûr qu'ils connaissaient le roman.
06:01Je ne suis pas sûre non plus.
06:03Alors, il y avait aussi le martinet.
06:05Oui, c'était un cadeau, le seul cadeau que j'ai eu en 13 ans.
06:10Un martinet qu'il avait fait lui-même,
06:13avec un bout de bois et des lanières de cuir.
06:16Et il avait fait un pour moi et un pour le chien.
06:20C'est pratique ça comme cadeau aussi.
06:22Oui.
06:23Et vous avez eu droit à des coups de martinet régulièrement ?
06:26Oui, bien sûr.
06:27Mais comment on s'en remet de ça ?
06:29Ben, on n'a pas le choix, on est obligé d'avancer quoi.
06:33Oui, mais il faut un certain courage.
06:35Ben, les enfants sont plutôt assez dociles.
06:40Quand on a tout le monde contre soi, on ne comprend pas.
06:45Mais moi, je sais que j'ai pensé à la mort très jeune, à 5 ans.
06:50J'entendais la Micheline qui passait
06:53et je pensais avant de m'endormir
06:57que j'allais me mettre sur les rails, sous le train.
07:01La Micheline, c'était un train qui passait à l'époque.
07:04Je ne sais pas si vous savez que l'origine de la Micheline,
07:06c'est André Michelin, le constructeur de pneus.
07:08Il a été le premier à mettre des pneus spéciaux sur les trains
07:12pour que le confort soit plus fort
07:14et pour qu'il y ait moins de danger sur les rails.
07:17Et ça s'est appelé la Micheline à cause de Michelin.
07:19Ah, c'est marrant, je ne le savais pas.
07:21Alors, il se trouve aussi qu'il y a les corvées à la maison
07:24et là, c'est Cendrillon ce qui vous arrive.
07:26Oui, je me faisais lever à 4 heures du matin
07:30pour que je fasse le ménage avant d'aller à l'école.
07:33Pour rentrer le bois, etc.
07:36Vous n'avez jamais pu les appeler, papa, maman ?
07:38Ah ben non, jamais.
07:40Je savais que ce n'était pas mes parents.
07:42Et votre mère est venue un jour ?
07:44Oui, elle a débarqué un jour, j'avais 8 ans.
07:48C'était la première fois.
07:50Et j'ai vu une belle femme sortir d'une décapotable
07:57avec son chinois.
08:00Et ils ont dit la putain arrive
08:04et la putain c'était ma mère.
08:06Donc moi je ne savais pas trop la signification du mot à l'époque
08:11mais je l'ai su le lendemain.
08:14Et donc c'était ma mère.
08:16Et vous avez compris ce jour-là combien elle vous méprisait ?
08:19Oui.
08:21En fait, sur ses 6 enfants, et je suis la 6ème,
08:25elle n'aimait que 2 de ses filles.
08:28Donc comme on est 5 filles et 1 garçon,
08:32je ne faisais pas partie de ce qu'elle aimait.
08:35C'est fou.
08:37Il y a aussi l'école, parce que l'institutrice ne vous aimait pas non plus ?
08:40Non, elle était raciste celle-là.
08:43Mais ils étaient racistes dans ce morvan.
08:47Vous étiez la jaune ?
08:49Oui, ils m'appelaient la jaune.
08:51Et moi j'ai compris que quand j'ai vu ma mère,
08:54pourquoi on m'appelait la jaune ? Parce que je ne comprenais pas.
08:57Et après j'ai compris, je me suis dit
09:00elle est chinoise donc on est jaune, ok.
09:03Mais en plus l'institutrice, le problème c'est que vous travaillez très bien à l'école.
09:07Oui, heureusement, ça m'a sauvée.
09:11Et si vous travaillez très bien, c'est parce qu'une des filles des Ténardiers
09:15vous a aidé ?
09:16Oui, absolument. Et ça je la remercierai jamais assez.
09:20On jouait à la maîtresse, et elle était la maîtresse.
09:24Elle en profitait pour me donner quelques claques.
09:27Et elle me disait c'est comme ça à l'école.
09:31Mais quand je suis arrivée à l'école, je savais écrire et lire.
09:35Alors ce qui vous a sauvée ensuite, on va en parler,
09:38mais ce qui est étonnant c'est que l'immigration est quelque chose de très important
09:41parce qu'à l'époque on n'en parlait pas dans l'actualité.
09:43Sauf qu'il y a un sketch de Fernand Reynaud qui évoque le sujet.
09:46J'aime pas les étrangers, parce qu'ils viennent manger le pain des Français.
09:52C'est un sketch très célèbre des années 60.
09:54Et c'est vrai qu'à l'époque, les étrangers, ça venait manger le pain des Français, on n'en parlait pas.
09:58Ah oui.
09:59Et ça vous ne l'avez pas compris à l'époque, mais vous l'avez compris ensuite.
10:02Non, oui.
10:03Alors ce qui vous a sauvée, Bambou, je crois, c'est quand même les livres.
10:08Oui, la lecture, c'était très important.
10:12Et j'adorais lire.
10:14C'était ma façon de m'évader, quoi.
10:18Et toutes ces histoires.
10:21Et je me souviens, j'ai lu Le Clan des Sept, Le Club des Cinq, Alice.
10:27Mais à 11 ans, je suis tombée sur un livre de Pearl Burke
10:32qui s'appelle Vendeste et Vendoueste.
10:35Et là, j'ai compris mes origines.
10:38Et vous avez aussi compris vos origines quand à 13 ans, pour la première fois,
10:42vous avez eu une visite médicale à l'assistance publique.
10:45Ce qui est étonnant, c'est qu'il n'y a rien eu avant.
10:47Oui, absolument.
10:49Vous êtes allée pour une visite médicale.
10:52Oui, je suis allée pour une visite médicale.
10:54Et c'est là où, pour la première fois, on m'a dit, c'est ta sœur.
11:00Et elle partait, je n'ai pas eu le temps de la voir, que de dos.
11:05Et de toute façon, on ne m'aurait pas laissé aller la voir.
11:11Mais ce qui s'est passé, je le pense aujourd'hui, ce ne serait pas possible.
11:15Il y aurait des réactions, il y aurait des mouvements.
11:17Détrompez-vous.
11:19Il y a eu une émission en 2021 sur, ça s'appelle Les Petits Paris,
11:24ces enfants de l'assistance publique placés dans le Morvan.
11:29Ils ont fait tout un reportage, et c'est en 2021.
11:34Et les gens qui ont parlé ont dit exactement ce que je dis dans le livre,
11:39voire plus, pire, parce qu'ils parlent d'abdicexuels.
11:44Et en 2021, ça n'avait pas bougé.
11:48C'est fou.
11:49Il n'y avait personne à qui parler.
11:51Écoutez, tout ça est fou.
11:52Heureusement que votre livre existe.
11:53Et on va continuer à en parler à travers une autre date importante dans votre vie,
11:57pour d'autres raisons, le 11 décembre 1982.
12:00A tout de suite sur Sud Radio, avec Bambou.
12:04Sud Radio, les clés d'une vie. Jacques Pessis.
12:06Sud Radio, les clés d'une vie.
12:08Mon invité Bambou pour ce livre, Pas à Pas dans la nuit, chez Ixo Éditions.
12:12Un livre où vous racontez votre parcours pour la première fois,
12:15mais un parcours étonnant.
12:17On a évoqué vos débuts miséreux dans le Morvan, chez des Thénardiers.
12:22Et j'ai trouvé une date, le 11 décembre 1982.
12:25Il y a un film qui reçoit le prix Jean Vigo, l'un des prix les plus importants du cinéma.
12:29Et ce film, c'est L'Enfant secret de Philippe Garrel, où vous êtes au générique.
12:33Oui, je jouais le rôle d'une infirmière.
12:37Comment vous êtes arrivée dans ce film ?
12:39Parce qu'à l'époque, j'étais avec un peintre.
12:43Et c'était un ami du peintre.
12:48Et donc, il faisait L'Enfant secret.
12:52Il avait besoin d'une infirmière.
12:54Donc, j'ai fait ça, comme ça.
12:57Vous vous appelez à l'époque encore Caroline, vous n'étiez pas bon.
12:59Oui.
13:00Caroline Paulus, qui est votre vrai nom.
13:02Oui, absolument.
13:03Alors, il se trouve que ce film de Philippe Garrel était un film avant-gardiste,
13:07fait après 1968, qui était tourné, ça commençait, je crois, par 4 minutes de silence,
13:12avec Vive l'anarchie.
13:14Et ce film a mis 3 ans à sortir, je ne sais pas si vous le savez.
13:17Parce que personne ne voulait le distribuer.
13:19Oui, je savais.
13:20Alors, finalement, le point de départ de votre vie,
13:23c'est quand un jour, vous décidez de quitter cet énardier, Bambou.
13:26Oui, mais je n'ai pas eu trop le choix.
13:30Ma mère nous a repris, quoi.
13:32Et tout ça pour avoir un plus grand appartement.
13:35Oui.
13:36Ça justifiait qu'elle pouvait avoir un 5 pièces, quoi.
13:40Oui, car il y a eu deux étapes.
13:41Vous êtes allée chez votre mère dans un tout petit appartement,
13:43avant de la rejoindre à Paris.
13:45Oui.
13:46Oui.
13:47Et donc, dans cet grand appartement, elle pouvait tous nous mettre,
13:53mais elle a pris les deux qu'elle aimait.
13:56Et moi, je voyais la différence, quoi.
14:00Elle ne m'aimait pas, elle me l'a dit.
14:02Donc, je n'avais aucune illusion à me faire.
14:06Vous aviez une chambre, mais pas de lit.
14:08Oui.
14:09C'est fou, ça.
14:10Je dormais par terre.
14:11Comment on fait ?
14:13On fait avec.
14:16Alors, c'est quand même...
14:17Le lit...
14:18Pas de lit, mais enfin, dormir, c'était les seuls moments de silence,
14:21parce qu'il y avait beaucoup de bruit dans la maison,
14:23notamment la nuit, quand votre mère jouait au Mahjong.
14:26Au Mahjong, ce jeu chinois de domino chinois.
14:29Oui.
14:30Et il faisait claquer les dominos,
14:33et on entendait tous les Chinois qui parlaient, quoi.
14:37Et ça hurlait, parce que c'était un jeu d'argent, je crois.
14:40Oui, ils pouvaient gagner beaucoup d'argent ou en perdre beaucoup.
14:44En fait, c'est un jeu à mi-chemin entre leur ami et une forme de poker,
14:48et ça s'appelle le Mahjong, ce qui en français veut dire moineau du lin,
14:51une allusion au bruit que font les tuiles quand elles se touchent.
14:55Ça, je ne savais pas.
14:57Et vous jouiez au Mahjong vous-même ou pas du tout ?
14:59Ma mère voulait m'apprendre pour que je joue au Mahjong avec elle,
15:04mais comme elle avait déjà des séquelles après la guerre,
15:10moi je n'ai pas voulu apprendre,
15:12parce que je me disais que si on perd,
15:15elle va prendre le couteau pour me tuer.
15:18Une fois de plus, je n'y tiens pas spécialement.
15:21Mais je vous comprends, vous avez déjà échappé au suicide,
15:24ce n'est pas la peine d'affronter des coups de couteau.
15:26Mais surtout, votre mère avait des crises,
15:29et son compagnon la maîtrisait.
15:31Oui, oui, oui.
15:33D'ailleurs, ils adoraient Bruce Lee,
15:35et donc ils se la faisaient à la Bruce Lee.
15:38C'est terrible ça.
15:39Oui, c'était terrible.
15:40Et en plus, elle ne parlait pas vraiment français.
15:42Très mal français.
15:44Elle nous disait d'aller faire des courses,
15:46mais on ne comprenait pas ce qu'elle disait.
15:48Donc, on achetait n'importe quoi, on revenait,
15:51et elle hurlait, et on retournait,
15:55et on rapportait à nouveau,
15:57mais ce n'était toujours pas ça, on ne comprenait pas.
16:00Et comment ça se terminait ?
16:02Ma soeur aînée avait parlé le vietnamien et le chinois,
16:08parce qu'elle est restée huit ans avec mes parents.
16:12Donc, elle arrivait un peu à comprendre.
16:17Alors, ça se passait dans le quartier chinois, je crois.
16:20C'est-à-dire le quartier chinois qui est né à Paris,
16:23avec les premières vagues d'immigration des Chinois,
16:25qui ne voulaient plus être en Asie du Sud-Est.
16:28Oui, mais il y a eu des camps où je suis née,
16:33à Villeneuve-sur-Lotte,
16:36et quand je suis arrivée à Paris,
16:40Chinatown n'existait pas.
16:43Ça s'est construit petit peu à petit peu,
16:46c'est assez vite même.
16:48Mais il y avait des restaurants chinois,
16:49je crois que votre mère était serveuse dans un restaurant chinois.
16:52Oui, à l'opéra.
16:54Elle allait vers l'opéra,
16:57et elle servait dans un restaurant, oui.
17:00Alors, ce qui vous a sauvée aussi à l'époque,
17:03c'est la musique, et notamment cette chanson.
17:16Les vieux amants, la chanson des vieux amants de Brel.
17:19Ça vous a marquée ?
17:21Oui, celle-là et les vieux.
17:24Et pourquoi ?
17:27On avait trouvé des petits boulots,
17:30parce que ce que rapportait ma mère en tant que salaire
17:35ne suffisait pas à payer le loyer et le gaz et l'électricité.
17:40Et donc, on faisait des petits boulots,
17:43et on avait un, c'était en distribuer des prospectus aux voitures
17:48quand elles étaient au feu rouge.
17:50C'était interdit.
17:51Quand les flics nous prenaient, on allait au poste,
17:54et on ne devait pas dire pour qui on travaillait.
17:57Et donc, il pleuvait, il faisait froid,
18:00et on faisait ça avec une de mes sœurs, ma sœur Claire.
18:05Et on était déprimés,
18:08et on écoutait Les Vieux de Jacques Brel et cette chanson.
18:12Vous savez que derrière cette chanson, il y a un secret de famille.
18:15En fait, la mère de Jacques Brel a eu un amant,
18:18et cet amant était un curé à Bruxelles.
18:21Donc, c'est pour ça qu'il a écrit Les Vieux Amants.
18:24Ce secret de famille a été révélé par le frère de Jacques Brel, Pierre Brel.
18:28Ah oui.
18:29Alors, il y a aussi, à l'époque, le musée, le lycée Rodin,
18:33et là, vous découvrez Camus, Céline et Arthaud.
18:38Oui.
18:39Antoine Arthaud vous a marqué.
18:40Ah oui.
18:41Oui, oui.
18:42Arthaud, ça m'a...
18:44J'ai cassé une vitrine avec un pavé
18:48pour pouvoir prendre le livre que je voulais d'Arthaud.
18:51Arthaud, ça a été le créateur du Théâtre de la Cruauté.
18:54Je ne sais pas si vous le savez, sa dernière conférence qu'il a donnée,
18:56c'était au Théâtre du Vieux-Colombier,
18:58et en le voyant, il y a eu un déclic chez un spectateur
19:02qui a dit je veux faire de l'humour, et c'était Raymond Devos.
19:05Ah oui.
19:06C'est comme ça, grâce à Arthaud, que ça a débuté.
19:08Ah oui.
19:09C'est fou, hein ?
19:10Et puis, il y a votre culture cinématographique,
19:12et on pourrait la lier à une chanson célèbre.
19:17Bonbon, caramel, esquimau, chocolat.
19:20Bonbon, caramel, esquimau, chocolat.
19:23Une chanson d'Annie Cordy des années 50, une samba.
19:26D'ailleurs, curieusement, Annie Cordy est belge,
19:29et le premier multiplex a été à Bruxelles,
19:31et a mis un terme à ces ouvreuses
19:33qui criaient bonbon, caramel, esquimau, chocolat.
19:35Oui.
19:36Ce que vous avez fait.
19:37C'est ce que j'ai fait à la boîte à films
19:40qui était avenue de la Grande Armée,
19:42et c'était le même propriétaire
19:45qui avait le Champollion boulevard Saint-Michel,
19:49dans une petite rue.
19:51Et il passait un film différent à chaque horaire.
19:55Et j'ai pu faire ma...
19:58Votre culture cinématographique.
19:59Oui, absolument.
20:00Comment vous êtes arrivée là-dedans ?
20:03Par un copain qui s'appelait Joseph,
20:06dont j'étais très amoureuse à l'école, au lycée Rodin.
20:10Il me disait bonjour, j'étais contente pour la semaine.
20:13Et lui, il était chez Fop.
20:16Il passait les films.
20:18Donc il m'a dit, tu veux pas faire ouvreuse ?
20:22Et j'ai dit oui.
20:24Tous les petits boulots qui ramenaient de l'argent,
20:26j'étais partante.
20:28Oui, sauf que le cinéma et cette boîte à films,
20:31c'était le point de départ du drame de votre vie
20:33qui était la drogue.
20:34Oui, absolument.
20:36C'était là où les gens venaient s'approvisionner.
20:41Et tout de suite, ça vous a tenté ?
20:43Non, moi, de mon côté, j'étais allée voir...
20:46J'ai pas attendu Joseph pour ça.
20:49Je suis allée toute seule voir deux babacouls
20:52qui avaient les cheveux longs.
20:54Et je savais qu'ils se droguaient, qu'ils se piquaient.
20:57Tout le monde le savait.
20:59Et après un suicide encore raté,
21:02je suis allée les voir et j'ai dit,
21:04voilà de l'argent, je veux que vous me piquiez.
21:09Et ils l'ont fait.
21:11Et je ne savais même pas leur nom.
21:14Je n'ai jamais su leur nom.
21:16C'était juste pour la drogue.
21:20Vous avez oublié le monde dans lequel vous viviez ?
21:23L'oublier, non, mais le rendre plus supportable.
21:27Résultat, il y a eu une dépendance qui s'est installée.
21:30Oui, mais c'était complètement suicidaire.
21:33Je mettais des doses énormes.
21:35Je ne voulais pas rester sur cette terre.
21:37Je ne trouvais pas ma place.
21:39Il y avait aussi les punks que vous fréquentiez ?
21:41Oui, les punks, bien Destroy.
21:44Oui, c'était nos futurs.
21:47C'est fou.
21:48Et tout ça avec une lucidité totale ?
21:51Oui.
21:52Vous ne vous liez absolument ?
21:53J'étais persuadée que je ne vivrais pas jusqu'à 20 ans.
21:58Que je mourrais d'une overdose avant.
22:01Et heureusement, vous en êtes sortie.
22:03Et on va la raconter comment ?
22:05A travers une autre date importante.
22:07Le 13 mars 1979.
22:09A tout de suite sur Sud Radio avec Bambou.
22:12Sud Radio, les clés d'une vie.
22:14Jacques Pessis.
22:15Sud Radio, les clés d'une vie.
22:17Celle de Bambou, mon invité.
22:18Pour ce livre, Pas à pas dans la nuit.
22:20Un livre étonnant et très émouvant chez XO Éditions.
22:23Qu'on évoque à travers des dates clés.
22:25On a évoqué vos débuts difficiles.
22:28Votre arrivée à Paris, pas plus facile.
22:30Et puis la drogue dans laquelle vous êtes tombée.
22:33En vous disant que vous n'alliez pas vivre au-delà de 20 ans.
22:36Ce que je souhaite à personne.
22:42Ce que je souhaite le plus, c'est que personne ne tombe dans cette drogue.
22:49Parce que c'est la mort.
22:51Il faut lire ce livre pour comprendre à quel point c'est difficile.
22:55Et comment vous en êtes sortie.
22:57J'ai trouvé une date qui est le 13 mars 1979.
23:00C'est la sortie de cette chanson.
23:01Il se trouve que quand Gainsbourg a écrit cette chanson.
23:11Vous vous trouvez à un kilomètre exactement Bambou.
23:13Oui, sans savoir.
23:15J'étais à Kingston et il était à Kingston.
23:18C'était la première fois que je prenais l'avion.
23:25Et grâce aux photos que je faisais.
23:28J'ai pu payer des vacances à moi et à ma soeur.
23:32Parce qu'il se trouve que le tournant de votre vie aussi.
23:35C'est quand un photographe vous a repéré.
23:37Vous étiez standardiste.
23:38Et vous a proposé de devenir mannequin.
23:40Oui, absolument.
23:41Mais bon, je n'ai jamais trouvé de satisfaction de faire ça.
23:46J'ai toujours pensé qu'avec un bon maquillage.
23:49Un bon coiffeur, une bonne lumière.
23:52Un bon photographe.
23:53Tout le monde pouvait être mannequin.
23:55Oui, mais vous avez quand même commencé.
23:56Et ça a marché à votre grande surprise.
23:58Oui, mais ça rapportait beaucoup d'argent surtout.
24:03Mais c'était bien, ça vous aidait.
24:05Oui, mais l'argent partait dans des mauvaises choses.
24:08Alors, ces voyants vous permettaient justement de vous reposer un petit peu.
24:13Parce que vous avez beaucoup travaillé.
24:15Vous avez travaillé pour le catalogue de la redoute et le catalogue des trois Suisses.
24:18Oui, mais tous les mannequins à l'époque voulaient faire les trois Suisses.
24:25Et la redoute, parce qu'on était payé 5000 francs la journée.
24:29Et ça pendant une semaine.
24:33C'est fou.
24:34Oui.
24:35Alors, elle s'appelle les trois Suisses pour une raison particulière.
24:37Le propriétaire fondateur s'appelait Monsieur Tout-le-Monde.
24:40Déjà, c'est étonnant.
24:41Et il y avait à côté de son siège un café avec trois filles.
24:45Et c'était Monsieur Suisse qui donnait le café.
24:48Donc, c'était les trois Suisses qu'ils rencontraient.
24:50C'est comme ça que c'est né.
24:52Alors, j'en reviens à Gainsbourg.
24:54Cette chanson de Gainsbourg, vous l'avez entendue bien sûr, « Aux armes, etc. »
24:57Oui, bien sûr.
24:58Elle a fait scandale.
24:59Oui.
25:00Et je crois que Gainsbourg n'était pas mécontent de ce scandale.
25:03Non, non.
25:05Et pour la première fois, il pouvait vivre de ses albums qu'il faisait.
25:12Parce que jusqu'à « Aux armes, etc. », il ne vivait pas de ses albums.
25:20Oui, parce qu'en fait, quand il a fait le Poissonneur de Lila, ça a été un succès d'estime.
25:24« Montant et Signoré » étaient ses seuls fans.
25:26Après, à D60, il écrit des chansons pour les autres.
25:29Et après, à part « Je t'aime, moi non plus », qui a fait scandale, il n'y a rien eu.
25:34Non.
25:35Si, entre-temps, il y a eu « Melody Nelson » et « L'homme à la tête de chou »
25:39qui, bien après, ont été reconnus pour ces deux albums géniaux.
25:47Il se trouve aussi que Gainsbourg, la veille d'arriver à Kingston, s'installe à l'hôtel.
25:52À l'hôtel, la veille de l'enregistrement, il met douze feuilles de papier devant son lit
25:57avec un mot à chaque fois, un titre.
25:59Il n'y avait pas une chanson écrite.
26:01Elles étaient écrites le lendemain matin.
26:02Oui, il trouvait les titres.
26:04Et il disait « Quand j'ai les titres, c'est les trois quarts du boulot de fée. »
26:09Et il partait avec ses titres.
26:13Il écrivait la nuit et il chantait la journée.
26:17C'était quinze jours, il ne dormait pratiquement pas.
26:21Il se trouve qu'au Gainsbourg, vous avez aimé ses chansons avant de le connaître.
26:25Oui, j'écoutais beaucoup « Melody Nelson » et « L'homme à la tête de chou »
26:31et plein d'autres chansons sublimes comme « Le velours des vierges » qu'il avait écrit pour Jane.
26:38Il y en a écrit tellement de belles chansons.
26:41Et « L'homme à la tête de chou », c'est né je crois d'une sculpture qu'il avait achetée.
26:45Oui, à La Lanne.
26:46À La Lanne, c'est un arrondissement.
26:48Il a regardé cette sculpture et il a imaginé ce conte et cet album conceptuel.
26:52Oui.
26:53C'est fou, hein ?
26:54Oui.
26:55Il a vu une imagination incroyable.
26:56Alors, votre rencontre, je crois, c'est l'Elysée Matignon.
26:59Ah, l'Elysée Matignon, que tout le monde connaît très bien.
27:02Une discothèque parisienne qu'on appelait l'Elysée Matuvue parce que tous les gens connus y allaient.
27:07Oui, tous les gens du showbiz y allaient.
27:10Et moi, je ne fréquentais pas ces boîtes de nuit parce que ça me saoulait.
27:15Moi, j'allais aux bains de douche et aux palaces surtout.
27:19Et puis un jour, on vous dit « Viens à l'Elysée Matignon ».
27:22Oui, c'est l'agence de mannequins qui m'a dit « Écoute, il y a une soirée à l'Elysée Matignon.
27:29Fais un effort, tu ne vas jamais à ces soirées.
27:32Ça peut te ramener du boulot.
27:34Rencontrer des photographes avec qui tu n'as pas encore travaillé.
27:38Fais un effort. »
27:39Et j'ai dit « Oui, mais je ne resterai pas plus de dix minutes, un quart d'heure. »
27:43Ils m'ont dit « Ça suffit, dix minutes, un quart d'heure. »
27:46Donc, j'y suis allée et j'étais en train de danser sur la piste.
27:53Et il y a le patron de la boîte qui s'appelait Armel Izartel qui vient me voir et qui me dit
28:00« Monsieur Gainsbourg, il vient d'arriver. Il ordonne que vous alliez à sa table. »
28:04Sa table était au centre. Il y avait toujours un coin VIP.
28:08Et j'ai dit « Quoi ? Ce vieux con qui me donne des ordres, mais qu'il aille se faire foutre. »
28:14Et moi, je suis retournée à ma table.
28:16Et cinq minutes après, je vois Serge arriver avec son sauce champagne et sa bouteille de champagne.
28:25Il pose tout sur ma table et il dit « Le vieux con, viens à ta table, espèce de boudin. »
28:32Et j'ai éclaté de rire et c'est parti comme ça.
28:36C'est la première fois vraiment que vous avez ri, je crois, dans votre vie.
28:39Oui.
28:40Et alors là, ça a commencé parce que vous vous êtes tout de suite compris.
28:43Oui, absolument. Il a laissé le showman et il a été tout de suite Gainsbourg qu'il était.
28:54Et on a parlé littérature et à mon grand étonnement, il n'avait pas lu Artaud ni Bataille.
29:04Et donc, il était très étonné que j'avais pu lire Jésus Rastakhoer de Picabéa
29:14parce qu'il pensait que j'étais jeune pour pouvoir, comment j'avais pu avoir accès à ce livre.
29:24Mais chez le peintre, le père du peintre avait des livres rares dont Jésus Rastakhoer.
29:34C'est comme ça que je connaissais ce livre.
29:36Oui, il y avait des éditions reliées très rares, je crois.
29:38Alors, il se trouve que dès le premier soir, vous faites la tournée des grands ducs
29:41parce qu'à l'époque, il faut savoir qu'il y avait l'Élysée de Matignon,
29:44mais dans le quartier des Champs-Élysées, il y avait le privé.
29:46Ensuite, on passait chez Régine.
29:48On terminait chez François Patrice qui servait…
29:50De Karsamba.
29:52François Patrice servait des spaghettis à 5h du matin avec des parties de pétanque
29:56et le Karsamba à 7h du matin.
29:58Oui.
29:59Et donc, vous avez tout fait.
30:00Ah oui.
30:01Vous étiez partie pour un quart d'heure quand même.
30:03Oui.
30:04Et il y avait aussi le Katmandou, la boîte de lesbiennes.
30:08Vous alliez régulièrement de temps en temps pour rire.
30:10Oui, et le Sète.
30:12Moi, je connaissais ces boîtes-là, le Sète, le Colony, Rue Sainte-Anne,
30:16où j'allais avec la bande de punks.
30:19Et donc, depuis ce jour-là, vous n'avez plus quitté Gainsbourg ?
30:23Ben non.
30:25Il était en pleine rupture et il n'était pas seul comme ça.
30:34J'étais là.
30:35Voilà, parce qu'effectivement, vous êtes devenue la personne en qui il avait confiance
30:41et personne ne vous avait fait confiance jusque-là, Bambou.
30:44Oui, j'étais très étonnée qu'il me fasse confiance à ce point-là.
30:48Et c'était très touchant.
30:52Moi, je me souviens de cette époque, parce que Gainsbourg, je le croisais aussi
30:56dans mes activités de journaliste.
30:58Il y avait deux Gainsbourg.
30:59Il y avait celui qui, au micro, parlait doucement.
31:01Et une fois que le micro était débranché, il parlait normalement.
31:04Oui.
31:05C'était un numéro, pratiquement.
31:07Oui, mais c'était par timidité.
31:09C'était quelqu'un de très timide.
31:11Il n'aurait jamais fait une interview sans avoir bu deux, trois verres avant,
31:17tellement il était timide, quoi.
31:19Oui, mais il se saoulait aussi de rage parce qu'il avait laissé partir Jeanne Marquine.
31:24Oui, oui.
31:26Et il a pensé qu'elle était partie parce qu'il buvait trop, etc.
31:33Et puis, quand un couple connu, il y en a un qui est en haut et l'autre qui est plus bas,
31:40c'est fragile, quoi.
31:42Oui, et c'est d'autant plus fragile qu'il arrivait à Kresbeuil, près de Deauville,
31:46où il avait une maison.
31:47Il y avait son chien et la maison se donnait sur le cimetière.
31:51Et il y avait Charlotte et Kate, d'ailleurs, qui trouvaient que les tombes n'avaient pas
31:55les mêmes fleurs.
31:56Donc, elles enlevaient les fleurs des tombes pour les mettre sur toutes les autres tombes.
31:59Et lui, il y avait un chien qui est mort d'une cirrhose du foie avant lui.
32:04C'est fou, hein.
32:05Oui.
32:06Et donc, le point commun que vous aviez, c'est qu'il songeait au suicide aussi.
32:11Il tirait l'élastique de la vie.
32:13Oui, il était très suicidaire tout en étant un très bon vivant.
32:18C'était très paradoxal, quoi.
32:21Il aimait la vie, il aimait la bonne chair, il aimait boire.
32:25Et en même temps, il aimait l'alcool pour les effets que ça faisait, quoi.
32:32Donc, il me disait toujours qu'on allait dans le mur et qu'il ne voulait pas voir ça, quoi.
32:40Mais il vous appelait ma petite cocotte minute.
32:42Oui.
32:43C'est assez mignon, ça.
32:45Oui.
32:46Moi, il m'appelait mon petit gars, comme il appelait tout le monde mon petit gars, je crois.
32:49Oui, oui.
32:50Alors, il y a aussi un moment très fort et très dur aussi,
32:54mais d'où est née une chanson qui est un grand succès.
33:03Un des plus grands succès dans la chanson, c'est Bamboo.
33:05Et Bamboo, c'est vous.
33:06Oui.
33:08On était à Los Angeles quand il écrivait cette chanson
33:12et il cherchait les rimes et on disait des Africaines imbéciles
33:18au lieu de dire des Africaines abyssines.
33:21Et d'ailleurs, ça ne s'est pas toujours bien passé.
33:23Je crois qu'il a quitté l'hôtel pour s'installer ailleurs avec vous.
33:27Ils avaient loué une villa à Los Angeles et on était tous dans la villa
33:35et ça s'est mal fini entre eux parce que Jean-Flor était avec Léo à l'époque
33:42et ils étaient mariés en même temps.
33:45Et donc, Léo a voulu se mêler de comment enregistrer les chansons
33:53et ils avaient dit que Bamboo ne rentre pas dans le studio.
33:57Serge avait dit, OK, Bamboo ne rentre pas dans le studio,
34:00mais qu'est-ce que Léo vient de se mêler de l'enregistrement.
34:07Donc, il est sorti du studio en me disant, viens, on se casse et on va à l'hôtel.
34:13Et j'ai appris une chose dans votre livre aussi que je ne savais pas sur Gainsbourg.
34:16Chaque fois qu'il terminait une chanson, c'est le jugement de Chopin.
34:19Oui, oui, oui.
34:20Et quand il devait faire un album, il se mettait la nuit du départ au piano
34:28et il jouait et il réécoutait pour savoir qu'est-ce qu'il allait garder ou pas.
34:34Et il avait la photo de Chopin et quand c'était à la rigueur, il gardait.
34:39Sinon, il jetait.
34:40C'est fou.
34:41Et il y a quand même une chanson que vous avez enregistrée non sans mal.
34:53Cette chanson a été un cauchemar heureux.
34:55Oui.
34:58Il voulait que vous chantiez et vous ne vouliez pas.
35:02Mais toute mon enfance, on m'a dit que je chantais faux.
35:07Donc, on ne voulait pas que je chante.
35:09Donc, quand je suis arrivée, la première chanson, c'était Lulu, enfant de l'amour.
35:14Et j'étais pétrifiée d'aller en studio.
35:20Et d'ailleurs, ça s'est mal passé.
35:23On a dû sortir du studio parce que je faisais n'importe quoi.
35:28Et il commençait à me hurler dessus et c'était de pire en pire.
35:32Donc, il est sorti du studio.
35:34J'ai répété toute seule.
35:36Il est rentré et j'ai enregistré mes deux titres.
35:39Et ça s'est bien passé.
35:40Vous le racontez dans ce livre qu'on va continuer à évoquer à travers sa date de sortie le 7 novembre 2024.
35:46A tout de suite sur Sud Radio avec Bambou.
35:52Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité Bambou.
35:55Pour ce livre, Pas à pas dans la nuit chez XO Éditions, qui est sorti le 7 novembre 2024.
36:00Alors, on en a parlé depuis le début de l'émission.
36:02Mais pourquoi avoir écrit ce livre aujourd'hui ?
36:05Ça faisait longtemps qu'on me demandait d'écrire un livre.
36:09Et ils voulaient tous une autobiographie sur recherche.
36:13Et moi, je ne voulais pas faire ça.
36:17Et puis, je n'étais pas prête.
36:22Et c'est Etienne Dao, on parlait au téléphone.
36:25Et il m'a dit, écris Bambou, écris.
36:28Et j'ai réfléchi pendant deux mois.
36:31Et je me suis dit, allez, on y va.
36:34Et j'ai écrit comme je voulais faire le livre.
36:38En racontant totalement votre parcours, y compris vos origines familiales.
36:42Parce qu'en fait, vous avez retrouvé les origines familiales qui viennent de très loin du Vietnam.
36:46Ma mère est chinoise de Pékin, était chinoise de Pékin.
36:50Donc, elle venait d'une famille aristocrate chinoise.
36:55Et quand Mao est arrivé au pouvoir, il a massacré sa famille.
37:00Ses soeurs et frères, certains ont pu s'enfuir aux Etats-Unis.
37:05Mais elle les a perdus de vue.
37:07Et elle, elle a suivi Chiang Kai-shek.
37:10Et elle est devenue espionne à 14 ans de Chiang Kai-shek.
37:15Et ensuite, elle a rencontré votre père, qui était soldat.
37:17Oui, elle descendait du quart des prisonniers.
37:19Et mon père l'a vu, il est tombé fou amoureux d'elle.
37:22Mais elle, elle ne l'aimait pas.
37:26C'était sa façon de pouvoir s'en sortir, quoi.
37:29De sortir de ce camp de prisonniers.
37:32Et il l'a demandé en mariage tout de suite.
37:35Et elle était jeune, elle avait 15 ans, quoi.
37:39Et ce que vous racontez dans ce livre, Bamboo, c'est que justement,
37:42toutes les crises que vous avez subies, l'origine c'est peut-être ce mariage.
37:45Oui, absolument, c'est ce mariage.
37:50Il y a une photo dans le livre où on voit mes parents,
37:55quand ma mère est en mariée, et mon père.
37:59Et ils sont beaux tous les deux.
38:02Et on peut croire aux contes de fées, mais ce n'était pas vraiment ça, quoi.
38:06Il y a quelqu'un d'autre qui a grandi au Vietnam et qui est parti justement à la fin de la guerre,
38:10c'est Richard Cosciente, dont les parents étaient italiens.
38:13Il s'est retrouvé en Italie après avoir échappé lui aussi à ces massacres.
38:17Oui.
38:18Alors, il faut quand même du courage pour écrire tout ça, Bamboo.
38:21Oui, mais c'est important, les origines.
38:29Oui, mais revivre sa vie avec tout ce que vous avez vécu,
38:32et le coucher sur le papier comme ça, il faut un sacré courage.
38:37Oui, je ne sais pas.
38:40C'est une envie que vous avez eue ?
38:42Oui, je voulais être le plus honnête possible.
38:47Et j'en avais marre de lire ce qu'on écrivait sur moi, c'était n'importe quoi.
38:53Et donc, j'ai voulu rectifier le tir et dire ma vérité, quoi.
38:57Vous racontez même votre rencontre avec votre père.
39:00Oui, absolument.
39:02Je suis descendue pour voir qui était mon père.
39:11Et je m'en suis occupée jusqu'à la fin, quoi.
39:14Parce que j'ai retrouvé un personnage complètement...
39:20Il n'est jamais revenu du Vietnam.
39:23Et il sortait et passe dans son coupe-coupe,
39:26il disait qu'il fallait qu'il taille la brousse.
39:29J'ai trouvé une pauvre âme, quoi.
39:32C'était horrible, c'était quelqu'un en détresse,
39:35et qui se croyait encore au Vietnam.
39:38C'était assez perturbant.
39:40Mais il y a eu des Japonais qui ont vécu dans les îles,
39:43persuadés que la guerre n'était pas terminée en 1945.
39:45Oui, je sais.
39:46C'est fou, hein ?
39:47Alors, il y a quand même des moments heureux,
39:49et je crois qu'un des moments les plus heureux
39:51est lié à quelqu'un évoqué dans cette chanson.
40:03Lulu Gainsbourg, votre fils,
40:05qui est le dernier bonheur de Serge Gainsbourg.
40:09Ah oui, oui.
40:11Ses enfants, c'était vraiment le soleil de sa vie.
40:17Ses deux enfants, Charlotte, Lulu,
40:20c'était tout pour lui.
40:23Et Lulu, il l'a voulu.
40:25Oui, il l'a voulu.
40:27Moi, j'étais plutôt réticente.
40:32Après mon enfance, je me disais,
40:35mais on peut peut-être en adopter un ?
40:38Et il me disait, non, je veux ma chair et mon sang.
40:42Et j'ai fini par lui dire oui.
40:45Et résultat, il est né en janvier 1986, le 5 janvier.
40:48Et je crois que la chanson qu'on vient d'entendre,
40:50elle a été écrite le 22 octobre 1986,
40:52d'après mes renseignements.
40:54Et c'est vrai qu'il y a une image fabuleuse.
40:57À deux ans, Lulu monte sur scène pour la première fois.
41:02Oui, il était pétrifié au Zénith.
41:05Mais Serge lui dit, viens voir papa, viens voir papa.
41:10Et on voit qu'il se cache le visage comme ça,
41:13parce qu'il y a toute la foule.
41:15Mais il avance parce qu'il y a son père.
41:18Et Serge le prend et il lui dit, dis papa, dis papa.
41:23Mais le môme est terrifié, donc il dit rien du tout.
41:26Et il se trouve que j'ai le sentiment que Gainsbourg
41:29restait un grand enfant jusqu'à la fin, grâce à Lulu.
41:32Oui, oui, oui.
41:34Mais il me disait qu'il était un meilleur papa
41:39que quand Charlotte était petite.
41:43Ils sortaient tout le temps, etc.
41:46Alors que là, il faisait beaucoup plus attention.
41:50Et certainement qu'il savait que le temps était compté.
41:54Et Charlotte est revenue vers Serge grâce à vous, bon vous.
41:57Oui, parce que quand Jeanne a quitté Serge,
42:03j'ai dit à Serge, c'est pas la faute des enfants, quoi.
42:08Et il a dit, un an était passé,
42:13et il a dit, je vais prendre Charlotte le week-end,
42:16mais tu t'en occuperas, je dis, il n'y a pas de problème.
42:19Et donc c'est ce qui s'est passé.
42:22Et j'ai des super souvenirs avec Charlotte, ma petite sœur.
42:26Et la chose la pire, c'est que Kate,
42:34il s'est vengé du départ de Jeanne sur Kate.
42:39Il ne l'a jamais prise en week-end, etc.
42:42Et je lui ai dit, mais c'est pas bien tout ce que tu fais là.
42:46Cette gamine, elle t'adore, tu es son père,
42:49c'est toi qui l'as élevé.
42:51Donc que tu privilégies Charlotte à elle,
42:55ça va la traumatiser.
43:01Oui.
43:02Et il faut savoir, moi je suis convaincu aujourd'hui
43:04que sans votre intervention,
43:05Charlotte ne s'occuperait pas de la mémoire de Gainsbourg
43:07comme elle s'en occupe aujourd'hui.
43:09Oh, j'en suis pas sûre de ça.
43:12En tout cas, elle fait beaucoup de choses pour lui aujourd'hui.
43:15Oui.
43:16Alors, il se trouve aussi que la première chose que va faire Serge,
43:18quand il sait que le temps est compté,
43:20c'est d'acheter une maison et de faire construire une maison
43:23pour lui et pour vous.
43:25Oui, il n'a pas pris de risque.
43:27Il a fait la copie conforme de la rue de Verneuil.
43:30Donc, comme ça, il était chez lui dans les deux endroits.
43:36Et au moins vous étiez protégée.
43:38Mais il y a aussi une chose étonnante que vous racontez dans ce livre,
43:41c'est la dernière tournée de Gainsbourg.
43:43Il était épuisé, mais il montait sur scène tous les soirs.
43:46Oui, absolument.
43:48Et il s'était fait opérer d'un kyste à la dernière colonne vertébrale en bas.
43:56Et il devait faire des pansements.
44:02Et moi, quand j'étais là, c'était moi qui le faisait.
44:05Mais quand il est parti en tournée, c'est un de ses choristes qui le faisait.
44:10Il n'était pas content parce qu'il devait montrer ses fesses.
44:13Et il n'était pas content de montrer ses fesses.
44:16En tout cas, les médecins disaient qu'il fallait arrêter de boire et il n'arrêtait pas.
44:21Ils l'ont dit bien avant.
44:23Ils l'ont dit en 1982 qu'il n'avait plus que six mois à vivre s'il n'arrêtait pas de boire et de fumer.
44:30Et deux médecins lui ont dit la même chose.
44:34On est partis en Afrique et il a découvert le pastis.
44:40Mais moi, je suis allée voir un sorcier parce que je me disais, il ne peut plus monter un étage.
44:47Ça devient critique.
44:49Et du jour au lendemain, j'ai fait ce que le sorcier m'a dit de faire.
44:53C'était de mettre un petit coussinet sous son oreiller.
44:56Et ce que j'ai fait après, de le jeter dans de l'eau courante.
45:00Et j'ai fait tout ce que le sorcier m'a dit.
45:04Et le sorcier était impimé.
45:08Et là, du jour au lendemain, Serge s'est mis à galoper et monter les escaliers en courant.
45:15Alors je ne sais pas si c'est le pastis ou si c'est le sorcier.
45:19Peut-être un peu des deux aussi.
45:21Et il a continué.
45:22Il s'est enfermé à l'hôtel Raphaël où je le croisais souvent.
45:25Et puis dans une auberge à Vézelay chez Marc Meunot.
45:28Pourquoi être parti là-bas ?
45:31Je ne sais pas.
45:32Lui qui détestait la campagne.
45:34Quand j'ai vu qu'il allait chez les Meunot, j'ai pensé que c'était un mauvais présage.
45:41Et qu'il me ramène dans le Morvan.
45:45Mais Vézelay, c'était très beau.
45:48Mais le Morvan, c'était quand même des mauvais souvenirs.
45:50Mais oui.
45:51J'ai dit qu'est-ce qu'il me fait comme plan.
45:53Et il me ramène dans le Morvan.
45:56Mais bon, Vézelay, c'est magnifique.
46:00La cathédrale.
46:01Absolument.
46:03Mais Marc Meunot n'a pas beaucoup survécu à Gainsbourg puisque l'auberge a fermé quelques temps après.
46:07Oui.
46:08Il se trouve que le bonheur de votre vie aussi, c'est Lulu.
46:11Et à 15 ans, il a débuté dans la chanson avec vous.
46:23Lulu, la relève familiale, puisqu'il a commencé le piano à 5 ans, comme Gainsbourg.
46:28Et il fait une carrière de chanteur en ayant fait le conservatoire.
46:31Il a fait tout le conservatoire.
46:32Il a fait Berklee, qui est une prestigieuse école de musique aux États-Unis, à Boston.
46:40Donc, il a une super oreille et il a fait des belles mélodies.
46:50Oui.
46:51Le tout, c'est de trouver son style parce qu'il rend hommage à son père.
46:53Mais petit à petit, il trouve son style.
46:55Et vous êtes fière de lui.
46:56Oui, absolument.
46:58Il y a quand même une chose, un regret, je crois, de Gainsbourg.
47:01Et vous le dites dans ce livre, Bambou, c'est qu'il ne voulait pas écrire des chansons.
47:05Pour lui, c'était la peinture.
47:07Oui, parce qu'il disait que la variété française, c'est un art mineur.
47:13Et que la peinture, ça nécessitait une...
47:22Une réflexion, une pensée, un côté artistique.
47:25Une... Je ne trouve pas mon mot.
47:31Une initiation. Voilà.
47:34On avait besoin d'être initié.
47:36Parce que la variété française, on n'avait pas besoin d'être initié.
47:41Donc, c'était pour lui les arts majeurs.
47:44Et la peinture, la musique classique, tout ça faisait partie des arts majeurs à ses yeux.
47:52Et ce qui n'était pas le cas pour lui, pour la variété française, qui était pour lui des arts mineurs.
47:59Oui, mais dans ses jeunes années, il a appris le piano classique avec son père.
48:03Alors, on raconte qu'il aurait peint 400 toiles, mais qu'il les aurait brûlées.
48:07C'est une légende.
48:08Je ne sais pas s'il en a peint 400, mais celles qu'il a peintes, il les a détruites.
48:16Et il reste un autoportrait de lui chez la sœur aînée.
48:21Et il s'est peint avec le visage...
48:26Il a fait ça quand il était enfant, adolescent, à 14 ans.
48:31Mais il a fait son visage d'adulte.
48:34Il a peint son visage d'adulte.
48:37Ce livre, finalement, à la fin, vous avez dû vous dire, mission accomplie dans vous.
48:42Oui.
48:44Que ce livre soit sorti et qu'il touche beaucoup de gens,
48:48c'est presque un cadeau du ciel, une récompense de tout ce que vous avez vécu ?
48:52Oui, je suis étonnée encore.
48:55Et l'avenir, maintenant ?
48:57L'avenir, c'est de prendre chaque jour comme un cadeau et de le vivre le mieux possible.
49:08Vous le méritez largement.
49:09Et le cadeau qu'on peut offrir aux gens qu'on aime, c'est votre livre « Pas dans la nuit »
49:15qui touche beaucoup de monde parce que c'est un livre d'émotions sincères et c'est rare aujourd'hui.
49:20C'est gentil comme tout.
49:22Non, c'est sincère. Merci d'avoir écrit dans vous.
49:24Merci à vous.
49:25Les clés d'une vie, c'est terminé pour aujourd'hui.
49:27On se retrouve bientôt. Restez fidèles à l'écoute de Sud Radio.

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