Le burn-out est un paradoxe, tout le monde en a entendu parler mais personne n’ose s’exprimer librement sur le sujet. Calvaire individuel, il doit faire l’objet d’une prévention sous la responsabilité des employeurs selon la psychologue du travail Laure Miché-Roche.
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00:12 Bien dans son job, on a beaucoup parlé du burn-out, cette situation extrême qui fait qu'on arrête d'ailleurs de travailler par épuisement.
00:19 Comment faire pour le prévenir ? On en parle avec Laure Michey-Roch. Bonjour Laure.
00:23 Bonjour Arnaud.
00:24 On est très heureux de vous accueillir. Vous êtes psychologue du travail chez Supermood, Supermood qui vient régulièrement ici par l'entremise de Kevin Bourgeois.
00:32 Vous êtes psychologue, spécialiste de ces questions et vous avez d'ailleurs signé une tribune sur les réseaux sociaux avec Kevin Bourgeois,
00:38 non pas pour faire un état des lieux mais pour dire "mais attention, on peut peut-être anticiper et prévenir ces burn-out". C'est bien ça l'esprit de la tribune ?
00:46 Oui tout à fait. On a eu tendance jusqu'ici à considérer que le burn-out était une affaire individuelle, que c'était des individus qui avaient des problématiques par personnel
00:57 ou qui avaient probablement une tendance à s'impliquer. Alors c'est partiellement vrai mais c'est aussi en lien avec l'environnement dans lequel ces individus se trouvent.
01:06 Donc le burn-out est aussi l'affaire des entreprises et avant tout l'affaire des entreprises.
01:10 C'est pour ça que dans le titre de cette rubrique c'est "l'intégrer aux politiques RH" parce que c'est vrai que souvent on traite ce sujet
01:16 quand l'accident a eu lieu, c'est-à-dire que le RH constate qu'elle a un collaborateur qui est en arrêt maladie longue durée et puis on va découvrir qu'il est en burn-out.
01:23 Est-ce qu'on peut l'éviter ? Est-ce qu'on peut le prévenir ?
01:25 Alors justement c'est ce qu'on essaie de pousser. Aujourd'hui on est beaucoup dans le traitement individuel, on propose des séances de yoga, de la méditation, etc.
01:34 aux collaborateurs mais finalement il y a des choses à faire probablement en amont. Donc les entreprises peuvent mettre en place des choses très pratiques.
01:44 Donc l'incitation à la déconnexion, on peut même de manière tout à fait ferme interdire l'utilisation par exemple des e-mails, passer une certaine heure.
01:54 Il y a toute une responsabilité également des managers qui peuvent être déjà des modèles.
02:02 Évidemment un manager s'il vous écrit à 21h le dimanche soir vous vous sentez un peu plus obligé d'y répondre alors que si lui-même est totalement déconnecté
02:11 et s'interdit ce genre de comportement ça va évidemment avoir un impact. Et puis il y a pas mal de choses à faire en amont également.
02:18 En amont c'est quoi ? Ça veut dire quand vous allez voir, quand Supermood pose sa petite sacoche devant un RH, qu'est-ce qu'il lui dit ?
02:26 Est-ce que vous avez les bons indicateurs ? Est-ce que vous avez les bons signaux faibles ? Parce que tout l'enjeu de ce burn-out c'est d'aller capter les signaux faibles.
02:32 Exactement. Et donc c'est pour ça que nous chez Supermood, donc on est la première plateforme engagement collaborateur,
02:39 donc notre rôle et la façon dont un intervient auprès de nos 250 clients, un tiers du CAC 40, c'est de proposer une plateforme de sondage.
02:48 Donc en fait de prendre le pouls de l'entreprise parce que finalement pour agir il faut déjà faire un état des lieux de la situation de votre entreprise.
02:55 Vous dites quand même dans votre tribune il est urgent d'en finir avec le silence imposé par le burn-out.
03:00 Et je trouve que c'est un titre à double sens parce que évidemment celle ou celui qui est atteint de ce syndrome se retrouve isolé.
03:07 Mais là j'imagine que c'est quoi ? Une forme de tabou le silence ? Vous le compareriez à un tabou dans l'entreprise le burn-out ?
03:12 Oui c'est-à-dire que c'est assez compliqué parce que finalement un collaborateur qui est très engagé, l'entreprise pourrait se dire "mais quelle bonne nouvelle, il va bien travailler, donc pourquoi le freiner dans son élan ?"
03:22 Donc on a tendance à ne pas toujours intervenir quand on a des collaborateurs qui sont comme ça sur-engagés.
03:28 Quand même ce chiffre que vous citez dans votre étude, c'est "empreintes humaines" qui vient sur notre plateau, "sondage au Pignon-Noé", 34% des salariés seraient touchés par le burn-out.
03:38 Quand on voit ce chiffre il nous explose au visage. C'est colossal et ce qui vient d'ailleurs faire écho au mot "silence" ou "tabou" pour le moins.
03:44 Oui, alors je pense que ce chiffre est quand même assez important mais peut-être ne reflète pas complètement la réalité.
03:50 Il me semble qu'on utilise la terminologie de burn-out beaucoup et peut-être un peu à l'excès.
03:56 Un peu galvaudé vous dites ?
03:57 Un peu, c'est-à-dire que ce n'est pas un simple coup de mou, le burn-out.
04:02 Non, c'est très profond.
04:03 C'est très profond, les gens mettent parfois des mois à s'en remettre. On a des arrêts maladie de plusieurs mois, parfois même un an.
04:09 Quand ils s'en remettent ?
04:09 Quand ils s'en remettent, je suis tout à fait d'accord avec vous, ils ne s'en remettent pas toujours.
04:12 Donc j'aurais tendance à revoir ce chiffre un peu à la baisse. Peut-être les 34% sont des gens qui se déclarent très fatigués. Et il y en a beaucoup, effectivement.
04:20 Un mot avant de nous quitter, et même plusieurs, parce que là je me tourne vers la psychologue.
04:23 Vous nous parlez de Supermood, de cet outil qui est effectivement très efficace pour détecter les signes aux femmes.
04:28 Mais vous, la psychologue, les personnes potentiellement que vous avez pu rencontrer au cours de votre carrière à Supermood, c'est quel profil ?
04:34 Ceux qui se déclarent ou qui disent "je suis au bord du burn-out", c'est quoi ?
04:37 Ceux qui veulent bien faire, ceux qui veulent toujours en faire plus, c'est quoi ?
04:41 Le burn-out, c'est en général un déséquilibre entre un engagement et un manque de reconnaissance.
04:45 Alors qu'est-ce qui se passe quand ces collaborateurs ne se sentent pas suffisamment reconnus ?
04:49 Ils ne vont pas se mettre en retrait dans un premier temps, au contraire.
04:52 Ils vont accélérer.
04:52 Ils vont se surinvestir.
04:54 Coup couche, celui-là encore plus.
04:56 Voilà, exactement.
04:58 On a un peu dit par moment que quelqu'un qui tombait en burn-out, c'était "quelqu'un de fragile", alors que c'est plutôt l'inverse.
05:05 Les personnes qui sont plus à distance de leur job vont être tout à fait en capacité de prendre du temps.
05:10 Ce sont au contraire les battants, ceux qui sont à fond.
05:12 D'où la chute encore plus vertigineuse quand ils tombent, c'est bien se voir.
05:16 Exactement.
05:18 La chute est encore plus terrible pour les battants, pour les guerriers, pour ceux qui se sentent invincibles.
05:22 Tout à fait.
05:24 À un moment donné, le corps lâche.
05:26 Parce que c'est quand même ça ce qui se passe.
05:28 À un moment, ils n'arrivent plus à se lever.
05:30 Les relations émotionnelles sont plus complexes.
05:32 Écoutez les conseils de Super Mood.
05:34 Lisez cette tribune.
05:36 Il est urgent d'en finir avec le silence imposé par le burn-out pour adresser réellement, ou en tout cas anticiper les signaux faibles.
05:42 C'est bien ça le message que vous portez pour essayer de déséviter ces burn-out.
05:46 Parce que c'est un coup évidemment pour la collectivité.
05:48 Le sondage Opie Noé indique que sur les 34, il y en a 13 quand même en forme sévère.
05:52 Ce que vous expliquez tout à l'heure.
05:54 Merci Laure Michey-Roch d'être venue nous rendre visite.
05:56 Je vous en prie, avec grand plaisir.
05:58 C'est un vrai plaisir. Psychologue du travail chez Super Mood.
06:00 On l'aura compris et cet article et évidemment cette plateforme.
06:04 On tourne une page et on s'intéresse à un sujet dans l'actualité aussi, qui d'ailleurs peut provoquer ce sexisme ou ces violences sexuelles.
06:10 Peut peut-être même provoquer des burn-out ou des très fortes tensions psychologiques.
06:14 On parle du sexisme et justement des violences sexuelles dans le cercle RH qui est notre débat.
06:18 J'accueille mes invités.