• il y a 11 mois
Avec Jacques Baud, ex-membre des renseignements stratégiques suisses et auteur de "L'art de la guerre russe" publié aux éditions Max Milo.

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##LE_FAIT_DU_JOUR-2024-01-17##

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News
Transcription
00:00 [Musique]
00:12 "Et ça continue encore et encore", dit Francis Cabrel.
00:15 Et oui, la guerre Russie-Ukraine continue encore et encore.
00:20 Alors, effectivement, nous sommes pratiquement à deux ans
00:25 de l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022.
00:30 Et beaucoup de choses se sont passées, beaucoup de paroles se sont échangées,
00:35 beaucoup de commentaires ont été dits.
00:37 Il serait intéressant que ces auteurs, peut-être,
00:39 se réécoutent et voient ce qu'ils ont préféré.
00:42 Mais en tout cas, il y a quelqu'un qui n'a pas changé dans ces analyses.
00:47 Et ces analyses se sont révélées quand même très légitimes,
00:51 et en tout cas très prouvées.
00:52 C'est Jacques Beau, qui est ex-membre des renseignements stratégiques suisses,
00:56 je le rappelle, il a participé à des programmes pour l'OTAN en Ukraine en 2014 et 2017.
01:01 Il était en Ukraine au moment des événements de Maïdan.
01:04 Et il vient de sortir "L'art de la guerre russe" aux éditions Max Milo.
01:10 Alors Jacques Beau, il se passe aujourd'hui des choses assez précises,
01:17 notamment le président ukrainien Volodymyr Zelensky est à Davos.
01:21 Vous savez que Davos a commencé depuis donc avant-hier,
01:24 le grand événement Davos.
01:27 Alors il appelle l'Occident à aider l'Ukraine à gagner la supériorité aérienne.
01:32 Voilà, et Zelensky met en garde le prédateur Poutine, très bien.
01:36 À côté de ça, le ministère de l'Intérieur nord-coréen Cho Song-hui
01:40 entame une visite de deux jours à Moscou.
01:44 À côté de ça, le Royaume-Uni va déployer cette année 20 000 militaires
01:47 dans le cadre de manœuvres de l'organisation de traités de l'Atlantique nord,
01:51 l'OTAN, que vous connaissez bien Jacques Beau.
01:54 Et puis voilà, je rappelle aussi quand même quelques faits,
01:57 les Nations Unies ont lancé lundi, donc il y a deux jours,
02:02 à avoir besoin de 4,2 milliards de dollars pour l'aide humanitaire à l'Ukraine.
02:07 Voilà, ça continue encore et encore, hélas.
02:12 Et on se dit "mais ça va s'arrêter quand ? Ça va s'arrêter quand les morts ?
02:16 Ça va s'arrêter quand les blessés ?"
02:18 Alors qu'il y a eu des milliards de dollars de dépensés,
02:21 je rappelle que les pays qui soutiennent l'Ukraine se sont engagés
02:24 à hauteur de au moins 246 milliards d'euros sur le plan militaire, financier ou humanitaire.
02:30 Donc, on en est où aujourd'hui ?
02:34 Et justement, on va parler de cet art de la guerre russe dont vous...
02:37 Mais aujourd'hui, très sincèrement, à l'heure où on parle Jacques Beau,
02:41 est-ce que la guerre en tant que guerre, les rapports de force, s'est pliée ou pas ?
02:46 - Alors, une guerre n'est jamais totalement pliée,
02:51 mais les éléments qu'on a aujourd'hui montrent que
02:57 on a un avantage de la Russie qui n'est pas...
03:02 Rien ne permet d'imaginer qu'il puisse conduire à une défaite de la Russie.
03:07 Voilà, il faut le dire comme ça.
03:09 - Disons les possibilités d'une défaite russe apparaissent quand même comme quasi nulles aujourd'hui.
03:17 - Ça apparaît très très très très faible.
03:19 - D'accord.
03:21 - Et il y a plusieurs éléments qui permettent de le dire.
03:25 D'abord, on a une armée ukrainienne qui est aujourd'hui extrêmement affaiblie.
03:31 C'est la troisième armée ukrainienne en réalité,
03:34 parce que la première armée ukrainienne, c'est-à-dire celle qu'on a connue le 24 février 2022,
03:40 a été pratiquement anéantie en mai-juin 2022.
03:46 C'est à ce moment-là que les Occidentaux ont dû faire un premier rapport de munitions et d'armes.
03:52 - D'accord.
03:53 - Il s'agissait alors de fournir essentiellement des armes des ex-républiques soviétiques, en fait.
04:01 On a vidé un peu les stocks de la Pologne, la Tchéquie, la Slovaquie, etc.
04:06 Les vieux canons qui dataient de l'époque soviétique, tout ça.
04:09 - Donc des vieux canons d'il y a 50 ans ?
04:11 - D'il y a plus.
04:13 - Oui, il y a plus.
04:15 - Il y a plus, il y a 70 ans, etc.
04:17 Tout ça, on a donné en mai-juin 2022 à l'Ukraine.
04:21 - D'accord.
04:22 - Des vieux chars aussi, certains étaient réhabilités, mais pas tous.
04:27 C'étaient des vieux chars T-72, etc.
04:31 Et cette deuxième armée ukrainienne, elle a duré jusqu'à, grosso modo, fin 2022.
04:39 Et à partir de fin 2023, les Occidentaux ont eu à porter des armes occidentales.
04:46 Enfin si, c'est à ce moment-là qu'on a commencé à parler des Léopard, des Challengers, des M1 Abrams, etc.
04:55 Parce que tout ce qu'avait jusque-là reçu l'Ukraine a été détruit, en fait.
05:00 Et la fameuse contre-offensive qui devait amener la victoire décisive sur la Russie,
05:06 c'est-à-dire couper en deux, en fait, les forces russes au sud de l'Ukraine,
05:12 s'emparer de la Crimée et puis finalement repousser l'autre partie des forces russes vers la frontière,
05:21 l'ex-frontière russo-ukrainienne.
05:26 Cette poussée devait être faite grâce à l'apport des armes occidentales.
05:32 — Et cette poussée était prévue au départ, cette fameuse contre-offensive ?
05:35 — Alors cette poussée était prévue pour, en fait, les premiers...
05:39 Zelensky l'avait annoncé déjà à la fin de l'été 2022.
05:43 Mais il n'a pas pu le faire parce que son armée avait été démantelée.
05:47 Et il a repoussé ça donc à l'automne 2022.
05:52 Mais il n'a pas pu le faire parce que sa deuxième armée a été démantelée.
05:55 — Démantelée également, oui.
05:56 — Et donc il a repoussé ça à 2023.
05:59 On a pensé au printemps, puis ensuite au début de l'été,
06:02 avec les armes fournies par les pays de l'OTAN.
06:06 — Donc ça, c'était la troisième armée ukrainienne.
06:08 — C'est la troisième armée de Zelensky, en réalité.
06:11 Et aujourd'hui, eh bien les Occidentaux ont donné un peu tout ce qu'ils pouvaient donner.
06:17 Et la problématique pour les pays occidentaux, c'est que s'ils veulent poursuivre leur effort...
06:24 Parce que pratiquement tout ce qu'ils ont donné à l'Ukraine, en grande partie, a été détruit.
06:30 Et là, il faut bien se comprendre aussi, tout n'a pas été détruit.
06:35 Mais quand vous avez détruit une partie significative de ce matériel,
06:38 vous pouvez plus l'inclure dans des unités opérationnelles.
06:41 Vous prenez un bataillon, ça a 30 chars, par exemple, ou 31.
06:45 — Et s'il va au ténéphrite ou au cas de ténéphrite, bien sûr.
06:47 — Voilà. Vous n'avez plus un bataillon. Donc vous pouvez plus l'engager comme bataillon.
06:50 Donc c'est un peu le problème des Ukrainiens aujourd'hui.
06:54 Par conséquent, si on voulait aujourd'hui faire l'appoint et réarmer l'Ukraine,
07:00 il faudrait prendre sur les stocks des pays de l'OTAN eux-mêmes.
07:04 Et ça voudrait dire affaiblir l'OTAN.
07:06 Alors vous voyez aussi un petit peu le dilemme qu'il y a quand vous avez d'un côté Zelensky qui dit
07:12 « Si vous nous aidez pas, eh bien la Russie va percer l'Ukraine et venir franchir la Pologne,
07:19 les pays baltes, et vous attaquer vous. »
07:21 Donc les pays de l'OTAN disent « Oui, s'ils doivent nous attaquer, nous, on doit garder notre armée. »
07:25 Donc on va pas vous donner nos chars, puisque... Voilà.
07:29 — Juste un mot, Jacques Beau, pour rester sur le plan strictement militaire.
07:32 Quid de l'aviation ? Est-ce que les OTAN et les Occidentaux ont réarmé,
07:38 du point de vue de l'aviation, ont réarmé l'Ukraine ou pas ?
07:41 — Alors il y a eu un réarmement de l'Ukraine, mais avec des appareils de nouveau des ex-républiques
07:47 ou des ex-pays soviétiques. Donc il y a eu un réarmement en 2022, partiel,
07:52 parce que tous les équipements ukrainiens n'avaient pas été détruits, mais une grande partie.
07:58 Et on a réassorti évidemment des appareils de catégorie semblable,
08:01 par exemple des MiG-29 ou des Suhoy. — Mais pas des F-16.
08:04 — Mais pas des F-16, pas des avions. Parce que ça exige des logistiques différentes.
08:08 Donc on a essayé de fournir... Parce qu'évidemment, des pays comme la Pologne,
08:13 des pays comme la Tchéquie avaient encore des armements datant de l'époque soviétique
08:17 qui ont pu être fournis à l'Ukraine pour qu'elles puissent l'intégrer dans ces structures logistiques.
08:22 Parce que la difficulté avec un avion, un fusil ou un canon ou un char,
08:28 vous pouvez assez facilement aller le réparer de l'autre côté de la frontière en Pologne.
08:33 C'est ce qui se fait d'ailleurs avec les Léopards, par exemple.
08:36 — Mais pas l'aviation. — Mais avec l'aviation, c'est plus compliqué.
08:39 Et par conséquent, c'est pour ça que les Occidentaux ont rechigné un petit peu à fournir des appareils.
08:47 — Parce qu'ils se disent « Oui, qu'est-ce que ça va devenir ? ». Mais alors troisième, donc,
08:51 il faut le dire aujourd'hui, échec de la contre-offensive de l'été 2023. Troisième armée,
08:56 elle n'a pas été anéantie, mais enfin elle a été bien contrée. Donc aujourd'hui, on se retrouve,
09:03 comme disait Jacques Prévert, dans la réalité rugueuse à étreindre. Alors que va faire,
09:08 que va essayer de faire ou qu'essaye de faire Zelensky à Davos ? Qu'essaye de faire les conférences
09:15 qui s'annoncent ou pas en Suisse sans la participation de la Russie ? Et surtout, et surtout,
09:21 parce que c'est un problème, ça s'arrête quand, s'il en doit s'arrêter ?
09:25 — Alors il faut peut-être prendre les questions dans l'ordre, parce que là, on pourrait chaque fois
09:29 faire une émission sur chacune de vos questions. Donc, pour ce qui est de la poursuite des opérations
09:39 en termes militaires, ce qu'essaye de faire Zelensky, c'est évidemment d'impliquer les Occidentaux.
09:44 C'est ça qu'il essaye depuis le début, d'ailleurs. Les Occidentaux essayent...
09:48 — Ils s'engagent eux-mêmes dans la guerre. — Voilà, exactement. C'est ce qu'ils voudraient.
09:52 Mais avec le danger, évidemment, qu'on mette le doigt dans un terrible engrenage qui nous amène
09:58 à quelque chose de beaucoup plus grave, c'est la raison pour laquelle les Américains eux-mêmes
10:03 ont dit qu'ils ne s'engageraient pas, d'ailleurs. — Absolument.
10:06 — Donc ce problème ne viendra pas. Mais par contre, ce que sait Zelensky, c'est d'essayer d'avoir
10:15 évidemment de l'aviation, parce qu'il s'est persuadé que ce qui manquait à son succès,
10:25 c'était évidemment une supériorité aérienne. — Aérienne, oui. Qu'il n'a jamais eue, d'ailleurs.
10:29 — Il n'a jamais eue. Et le problème, c'est que c'est pas la supériorité aérienne qui amène le succès.
10:34 Ce qui amène le succès, c'est la combinaison de la supériorité aérienne avec les capacités opératives.
10:41 — Bien sûr. — Et aujourd'hui, quand il a fait sa contre-attaque, il avait des capacités opératives
10:49 mais pas la supériorité aérienne. Et si on lui fournit l'IF-16, il aura la supériorité aérienne
10:53 mais plus les capacités opératives. Par conséquent, la guerre et les armées, d'ailleurs, fonctionnent
11:01 comme un système complet. Et c'est ça qui n'a pas fonctionné. D'ailleurs, même à l'intérieur de ce système,
11:06 parce qu'on se rend pas toujours compte, quand on n'est pas professionnel, si j'ose dire, de l'armée
11:14 ou de ces choses-là, c'est qu'une armée, ça fonctionne un peu comme une montre suisse, n'est-ce pas ?
11:22 C'est des rouages qui doivent s'imbriquer très soigneusement. Et quand vous avez une armée
11:26 comme l'armée ukrainienne qui est faite de briques et de brocs, d'armes qui sont parties...
11:31 — Une dimension qui marche, une dimension qui marche pas... — Voilà. Des choses qui viennent des années 60,
11:35 des technologies modernes, des technologies anciennes, des drones, tout ça doit être intégré
11:39 dans un système de conduite et de commandement que les ukrainiens n'avaient pas.
11:44 — N'avaient pas. Alors on va continuer à en parler juste après cette petite pause. À tout de suite.
11:48 On continue de parler de l'art de la guerre russe avec Jacques Baud, qui est notre invité ce mercredi.
11:52 À tout de suite sur Sud Radio.
11:53 (Générique)
12:08 — Sud Radio, Bercov, dans tous ses États.
12:11 Russie-Ukraine, l'art de la guerre russe, le nouveau livre de Jacques Baud aux éditions Max Milot.
12:18 Alors Jacques Baud, parlons-en aujourd'hui. Donc justement, l'art de la guerre russe,
12:25 comment peut-on justement juger aujourd'hui ce qui s'est passé ? Parce que rappelez-vous,
12:30 on disait au début qu'en fait, on ne savait pas les intentions de Vladimir Poutine.
12:34 Est-ce qu'il voulait aller jusqu'à Kiev ? Est-ce que quand même, il n'y a pas eu quand même
12:38 l'idée que ça allait se passer plus ou moins facilement et rapidement ? Et en fait, ça ne s'est pas passé du tout.
12:44 Même comme les Russes le pensaient ou à votre avis, justement, puisque c'est l'art de la guerre,
12:50 c'était dès le départ prémédité.
12:53 — Alors je pense que les Russes pensaient que ça irait quand même un peu plus facilement que ça.
12:58 — Quand même, oui. — Je le pense aussi.
13:00 Mais le phénomène guerre fait que quand vous vous battez, vous avez un adversaire,
13:05 et donc il y a toujours une incertitude, même si vous avez le meilleur service d'enseignement du monde
13:11 ou la meilleure évaluation de l'adversaire du monde, il y a quand même toujours une incertitude.
13:16 Et c'est ce qui s'est passé. L'art de la guerre, c'est pas d'avoir toujours un adversaire qui n'est pas capable de réagir.
13:25 L'art de la guerre, c'est de savoir réagir soi-même quand on voit qu'on est surpris par l'adversaire, en fait.
13:31 — Surtout que les Ukrainiens se sont bien battus. Au départ, on ne peut pas... Non ?
13:35 — Les Ukrainiens se sont bien... Alors, il faut peut-être distinguer deux choses.
13:39 Je pense que, comme d'ailleurs souvent dans les guerres, les soldats se battent bien, mais les états-majors sont mal préparés.
13:46 Je pense qu'il faut le voir comme ça. Et sans aucun doute que les soldats ukrainiens se sont bien battus.
13:54 — Je ne suis pas sûr que l'état-major ukrainien était lui-même prêt, j'entends, doctrinalement, à contrer la Russie.
14:06 Et ça, pour plusieurs raisons, une d'entre elles, la principale, c'est que l'armée ukrainienne est une armée qui a une tradition soviétique, en réalité, à la base,
14:16 puisqu'elle est issue de cette histoire soviétique, comme l'armée russe, d'ailleurs. Donc ils ont la même histoire en arrière, si vous voulez.
14:26 Mais les pays occidentaux, avec la volonté naturellement des Ukrainiens, ils ont voulu faire une nouvelle armée plutôt orientée sur l'OTAN.
14:38 C'est-à-dire qu'on est à cheval sur deux doctrines. — Ils ont voulu otaniser l'Ukraine, de ce point de vue-là.
14:43 — C'est ça. Et on est à cheval sur deux doctrines d'emploi, sur deux manières de philosophie de faire la guerre, deux ensembles, deux systèmes...
14:54 — Différents. — Différents. Voilà. Et du coup, on se trouve effectivement en porte-à-faux. Vous avez peut-être une doctrine qui vous dit de faire comme si,
15:04 mais les équipements que vous avez ne vous permettent pas de le faire. Et donc on est à peu près... C'est le problème de l'Ukraine.
15:11 Et d'ailleurs, ça a été même le problème, même dans la contre-offensive, même les soldats eux-mêmes et les officiers qui ont été formés par les Occidentaux,
15:18 ont témoigné auprès de grands quotidiens comme El País ou bien... C'est pas du conspirationnisme qui vient de Moscou.
15:31 Ces militaires ont dit que les instructeurs de l'OTAN ne nous préparent pas la bonne guerre. Ils ne connaissent pas la guerre telle qu'on la pratique en Ukraine.
15:43 Ils nous forment pour une guerre qui n'est pas celle que l'on va mener. — Oui. Il y a aussi cette connaissance du terrain et de la culture, etc.
15:51 — Alors pour les Russes, c'était beaucoup plus... Il y a une plus grande cohérence. D'abord parce qu'effectivement, ils ont une armée, c'est-à-dire des armes,
16:00 des systèmes d'armes qui sont conçus pour ce terrain-là, alors que les armes qui ont été fournies par l'OTAN étaient des armes conçues pour le théâtre d'Europe centrale.
16:12 Des conditions relativement différentes. — C'est pas le théâtre de l'Europe de l'Est. — Voilà.
16:16 — Mais dites-moi. Alors il y a eu quelque chose qu'on n'a pas parlé. On disait... Rappelez-vous. Et dans certaines télévisions, on l'entendait le matin au soir.
16:22 Les Russes n'ont plus de munitions. Les Russes vont être à court de munitions. Mais apparemment, cette Russie faisait tourner ses unités d'armement à plein gaz.
16:32 Et apparemment, il ne manque pas... Enfin le stock ne manque pas. — Non, le stock ne manque pas. Selon le Royal United Studies Institute de Londres,
16:44 les Russes auraient tiré en 2022 à plus de 12 millions d'obus d'artillerie. Et actuellement, leur capacité de production est deux fois ça.
16:58 C'est-à-dire que les Russes n'ont jamais été à court de munitions. Ils ont jamais été à court de missiles. Mais on a... N'est-ce pas...
17:07 Tout le narratif occidental pour aider l'Ukraine a été de faire miroiter une perspective de victoire de l'Ukraine et de défaite.
17:16 Donc on a finalement construit un narratif. On a construit une fausse réalité. Et c'est pour ça que le sous-titre de mon livre est
17:24 « Comment les Occidentaux ont mené l'Ukraine à l'échec », parce qu'on a créé une fausse réalité. On a sous-évalué l'adversaire.
17:32 Et on a finalement un peu incité à la fois les Ukrainiens, mais aussi les pays occidentaux qui l'aidaient, à faire une guerre que l'on pensait
17:41 gagnable alors qu'elle ne l'était pas. Et d'ailleurs, les soldats ukrainiens s'en sont pleins. D'ailleurs, je crois que je l'avais déjà dit sur votre antenne.
17:48 Des soldats ukrainiens disaient... Ils arrivaient au front. Et puis au bout de quelques temps, ils ont rapporté ce que je crois que c'était
17:56 un correspondant de Telegraph britannique. Il disait « On nous avait dit que les Russes n'avaient plus d'armes, qu'ils n'avaient plus de munitions,
18:03 qu'ils étaient mal commandés, qu'ils étaient à bout de souffle, qu'ils n'avaient plus le moral. Et en réalité, c'est exactement l'inverse.
18:09 C'est nous qui n'avons plus tout ça ».
18:11 D'ailleurs, on voit les appels assez désespérés de Zelensky et de l'état-major à recruter les Ukrainiens, y compris à 40 ou 50 ans.
18:20 Enfin, il y a quand même quelque chose qui est... - Tout à fait. Aujourd'hui, la classe d'âge qui serait « normale » pour mener une guerre,
18:30 c'est-à-dire la classe qui serait entre grosso modo 20 et 35 ans, eh bien cette classe d'âge, elle a pratiquement été décimée aujourd'hui.
18:38 Et donc, on est en train de piocher un peu plus jeunes et un peu plus vieux. Et donc, on a effectivement ce problème-là.
18:46 Et on a de plus en plus d'ailleurs d'unités ukrainiennes qui se rendent, qui désertent en quelque sorte.
18:54 Elles se rendent sans combattre. Donc, on voit bien que les Ukrainiens ont compris aujourd'hui qu'ils vivent une sorte de baroude d'honneur,
19:03 qui se fait un petit peu à leur dépend et qui est alimentée en réalité par les Occidentaux.
19:10 Parce que pourquoi l'Ukraine se bat ? C'est finalement plus pour nous que pour eux. Parce que pour eux, ça change pas grand-chose.
19:18 - En fait, c'est l'Amérique qui fait la guerre à la Russie ou la Russie à l'Amérique par Ukraine interposée.
19:23 - Par Ukraine et par Europe interposée. - Et par Europe interposée.
19:26 - N'est-ce pas ? Parce que finalement, les Européens ont été le relais des États-Unis dans cette affaire, et sans aucun esprit critique d'ailleurs.
19:33 Et on a poussé l'Ukraine dans une guerre que je pense les Ukrainiens eux-mêmes et la population...
19:41 On parlait tout à l'heure de la différence qu'il y a entre le haut et le bas, n'est-ce pas ?
19:45 Et je pense que si les soldats ukrainiens se sont bien battus, il est tout aussi vrai que la population ukrainienne n'avait aucune intention de faire la guerre.
19:52 Et que c'est, comme souvent, la guerre est décidée par quelques-uns au sommet, et puis c'est le reste qui en paie les progrès.
20:01 - Ça, ce n'est pas nouveau. Vous savez, on se demande si... C'est terrible parce que les Européens ont été un peu les dindons de la farce.
20:09 - Consentants. - Et les Ukrainiens, les victimes de la force.
20:13 Et ce que vous avez dit, il y a un problème, c'est que, en fait, les gens qui ont déclenché ça, quelque part, savaient peut-être le rapport des forces.
20:22 Mais ils n'ont pas voulu le savoir. Ils n'ont pas voulu en tenir compte.
20:26 - Dans le tout dernier chapitre de mon livre, je rappelle un passage de cette fameuse étude de la RAND Corporation qui préconisait la stratégie pour affaiblir la Russie,
20:41 qui préconisait d'utiliser l'Ukraine pour affaiblir la Russie. - Un rapport qui date de quand ?
20:46 - Et ce rapport de 2019. - 2019, d'accord.
20:50 - Que j'ai cité plusieurs fois, d'ailleurs, sur les différentes chaînes. Mais j'ai mis un passage qui est un avertissement, qui se trouve dans ce même rapport.
21:01 Et qui dit "Faites attention. Si vous utilisez cette stratégie, le risque est très grand que l'Ukraine perde ses territoires, des territoires,
21:11 qu'elle ait des pertes humaines énormes et qu'elle soit poussée à une paix défavorable."
21:18 Et c'est exactement ce qui se passe. Donc les analystes de RAND Corporation qui avaient analysé la stratégie pour affaiblir la Russie
21:27 avaient d'ailleurs dit par ailleurs qu'on préconise telle sanction, telle sanction, telle sanction, mais avec le cavéat que, attention,
21:38 notre perception de la Russie aujourd'hui n'est peut-être pas la bonne et qu'elle est probablement beaucoup plus forte que ce que l'on pense.
21:45 Et donc que cette stratégie pourrait avoir de très gros risques si la Russie n'est pas exactement ce que l'on imagine.
21:54 Donc ça veut dire que tout était... On savait qu'il y avait des incertitudes énormes, on savait qu'il y avait des risques énormes,
22:01 et on savait que ces risques allaient être supportés par l'Ukraine. En 2019 déjà. Et quand on regarde le déroulé des opérations dans le terrain,
22:11 que l'on a vécu tous les jours depuis deux ans, et qu'on compare avec cette stratégie, on s'aperçoit que les Américains et les Européens ont appliqué
22:19 de manière systématique cette stratégie, mais en évitant bien sûr de tenir compte des avertissements des analystes.
22:28 Ça rappelle l'analyse, la phrase merveilleuse d'Alfred Korzybski, le père de la sémantique générale, ils ont oublié que la carte n'était pas le territoire.
22:37 C'est ça.
22:37 Et ils ont appliqué la carte, ils n'ont pas appliqué le territoire. Voilà ce que c'est que la guerre de la Russe. Merci Jacques Beau.
22:44 C'est vraiment un livre à lire absolument, cet art de la guerre russe, et de savoir pourquoi effectivement, parce qu'il faut le dire,
22:53 des centaines de milliers de personnes meurent pour rien aujourd'hui, il faut le dire. En tout cas, pas pour leur intérêt à eux, c'est clair.
23:00 Merci.

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