Vendredi 22 décembre 2023, PLACE AUX FLAMMES reçoit Inès Ramdane (Compositrice, beatmakeuse, danseuse, Invest For Future)
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00:00 [Musique]
00:06 Bonjour Inès, je suis ravie de te recevoir pour ce nouvel épisode de Flamme sur la terrasse de l'agence avec la scène musicale en arrière-plan.
00:15 Je vais me permettre de te présenter en quelques mots, si tu le veux bien, pour donner un peu de contexte aux personnes qui nous écoutent aujourd'hui.
00:21 Donc tu as un parcours très riche où tu as mêlé tes études de communication sur lesquelles tu reviendras un peu plus tard peut-être,
00:27 avec ta passion pour la musique et la danse, et c'est des choses sur lesquelles tu te consacres à 100% maintenant.
00:34 Tu es passionnante et passionnée. Effectivement, la musique joue un rôle primordial dans ta vie, c'est là où tu exprimes ta créativité en premier lieu.
00:43 Je vais peut-être te laisser en parler un peu plus pour que les gens puissent se projeter.
00:47 Et on a eu la chance de te suivre en studio il y a quelques jours, et donc on va voir quelques petites images qui vont s'incruster pour donner un peu de contexte à tout le monde.
00:56 Super. Bonjour à tous. Vraiment ravie d'être là aujourd'hui avec vous. Du coup, moi je m'appelle Inès, j'ai 25 ans, je suis danseuse professionnelle dans plusieurs groupes et compagnies.
01:08 Le groupe Légendes Urbaines, le groupe Visionnaire et également la compagnie de danse Minuit 12.
01:13 Et je suis également compositrice et beatmaker, donc je fais de la musique assistée par ordinateur.
01:19 D'accord. Et je suis plus connue sous le pseudonyme de Arabic Flavor Music. Et je fais également partie d'un collectif de musiciens beatmakers qui s'appelle LCG Corp.
01:28 Tu as un parcours et une activité hyper riche. Tu développes un art hyper original, donc qui mêle la musique et la danse, si j'ai bien compris.
01:36 Et tu te convoques des imaginaires hyper variés. Est-ce que tu peux nous dire d'où tu puisses ton inspiration et de qui as-tu reçu cette flamme qui t'anime au quotidien ?
01:46 Disons que l'inspiration que je puise et la flamme qui m'a été donnée, elle provient de plusieurs sources.
01:55 Je dirais qu'en premier lieu, il y aurait, ça fait un peu cliché, mais je dirais plutôt ma famille.
02:00 Oui, important.
02:01 C'est très important parce que ma famille a toujours été un soutien dans toutes mes entreprises,
02:09 que c'est un soutien émotionnel, un soutien financier et un soutien en général.
02:18 Et c'est vraiment quelque chose que j'ai envie de redonner.
02:21 Tout l'amour et le soutien qu'ils m'ont donné dans toutes ces entreprises-là, j'ai vraiment envie de le redistribuer et donc de travailler et de montrer mon art à mon plein potentiel, juste pour ça.
02:34 Ensuite, toutes les personnes qui m'ont formée.
02:37 Disons que pour tout ce qui est musique, en particulier musique hip-hop, j'ai eu une approche un peu plus autodidacte.
02:44 Bien que j'ai fait du solfège et une école de musique, tout ce qui attrait beaucoup plus au hip-hop, j'ai dû aller chercher toutes les informations à la source moi-même.
02:55 Donc disons que cette flamme-là, je me la suis auto-procurée.
03:01 Mais pour ce qui est de la danse, la flamme a été donnée par mes grands, mes professeurs, notamment mon professeur Loïc,
03:11 qui a cru en moi dès le début, qui a vu en moi un potentiel et aussi une travailleuse.
03:17 Je travaillais beaucoup plus que les autres dès le plus jeune âge parce que j'ai tout de suite compris que la danse allait être quelque chose,
03:24 qui allait être un élément structurant de ma vie. Donc, j'ai tout de suite essayé de me donner à fond.
03:31 Il a vu ça et il m'a poussée encore plus. Il m'a beaucoup aidée. Il m'a emmenée dans les événements gratuitement.
03:39 Il m'a intégrée aussi dans sa compagnie, qui est une compagnie pro. Au début, j'étais dans un petit groupe.
03:45 Au final, il m'a intégrée dans sa compagnie, il m'a laissé cette chance-là.
03:48 Ça m'a permis d'avoir une plateforme, de pouvoir danser à des scènes que je n'aurais jamais imaginées.
03:54 Juste pour ça, j'ai envie de continuer à m'exprimer, à donner mon maximum juste pour le rendre fier et lui montrer qu'il a bien fait de croire en moi.
04:05 Ensuite, une autre flamme, je dirais, pour revenir un peu sur mes inspirations et comment je conçois la musique et l'art en général.
04:15 Quelque chose qui me donne aussi beaucoup la flamme, c'est les compositeurs en général de musique.
04:21 Que ce soit des compositeurs classiques, parce que j'ai commencé par le solfège et le piano quand j'avais 5 ans.
04:26 Du coup, j'ai directement été baignée dans l'univers beaucoup plus classique.
04:31 Dès le plus jeune âge, ces compositeurs-là m'ont touchée d'une manière que je ne peux expliquer mieux par des mots.
04:39 Le génie dont ils font preuve, c'est vraiment quelque chose qui me fascine.
04:45 J'ai l'impression que malheureusement, on ne le retrouve pas vraiment aujourd'hui dans la musique.
04:50 Mais c'est quelque chose que j'ai envie d'explorer parce que je me dis que ces personnes-là ont eu l'inspiration et le génie de créer des opéras magnifiques,
05:01 des compositions sublimes qui traversent les époques.
05:05 Mon époque préférée, c'est le romantisme et quand j'entends les opéras romantiques ou même des compositeurs.
05:13 Mon compositeur préféré, c'est Chopin.
05:15 C'est vraiment lui qui m'a, même dans le hip-hop, quand j'ai compris sa manière de composer et comment il structurait des morceaux,
05:24 c'est à ce moment-là que j'ai compris comment on composait et c'est à ce moment-là que j'ai commencé à vraiment faire de la musique
05:29 qui a un sens et qui est beaucoup plus profonde que seulement des type beats qu'on peut entendre sur YouTube gratuitement.
05:37 C'est ça aussi qui me donne la flamme et également les compositeurs, je dirais plutôt beatmakers, producteurs de hip-hop
05:47 que j'ai découvert au tout début de mon adolescence, vers 12-13 ans.
05:51 C'est là que j'ai commencé à faire de la danse hip-hop parce que j'ai découvert le hip-hop assez tardivement.
05:59 Au début, je n'étais que dans l'univers classique et j'ai découvert le hip-hop quand j'avais à peu près 12-13 ans via les jeux vidéo.
06:05 En attendant leur musique, c'est indissible mais ça m'a touchée d'une manière.
06:13 Je me suis dit que ce qu'ils font c'est incroyable, à la fois c'est plein de vie, plein de caractère mais à la fois c'est vivant
06:21 parce que forcément c'est du hip-hop, il y a du bounce, du groove et c'est quelque chose que je ne connaissais pas forcément avant
06:27 parce que dans le classique, il n'y a pas forcément de drums ou alors ça va être des tambours beaucoup plus conventionnels
06:34 contrairement à des instruments plus électroniques.
06:37 Tout ça m'a vraiment touchée et ça m'a donné envie d'une part de faire du hip-hop dans le mouvement
06:46 parce que j'avais envie de danser sur ces musiques-là qui me touchaient
06:49 et au fur et à mesure de me dire que je connais bien la musique théoriquement
06:55 et aussi parce que je l'ai étudiée pendant 10 ans et parce que j'avais une sensibilité particulière à la musique.
07:01 Très tôt, on m'a dit par exemple que j'avais l'oreille relative voire absolue
07:05 et je me suis dit qu'il y avait quelque chose à explorer dans le hip-hop aussi
07:10 et du coup on va dire que ça s'est passé quand j'ai commencé dans les études supérieures
07:16 donc dès que j'ai commencé Sciences Po, j'ai téléchargé FL Studio
07:19 je me suis dit "on va tenter" et j'ai commencé un peu à balbutier sur le logiciel
07:26 et au fur et à mesure je commençais à faire des sons qui ressemblaient à quelque chose
07:30 je commençais à les poster sur tes réseaux
07:37 Oui, sur mes réseaux, un peu de manière désintéressée juste pour voir ce que ça donnait
07:42 et j'ai vu que j'avais eu des retours ultra positifs dès le début
07:45 alors que quand je réécoute ce que j'ai fait il y a 5 ans
07:49 C'est plus critique !
07:50 J'étais "c'est quoi cette dogue ?"
07:52 Je ressens déjà le cheminement créatif qu'il y a dedans qui est bon
08:01 après on va dire que l'exécution n'est pas bonne en termes de mix, de comment c'est réalisé etc
08:06 mais je sentais qu'il y avait déjà quelque chose qui nécessitait d'être poussé
08:10 donc j'ai persévéré là-dedans et au final maintenant
08:13 on va dire que dans la scène hip-hop je suis assez connue
08:16 j'ai plus de 4 millions de streams sur Soundcloud
08:19 mes musiques passent dans le monde entier, j'en suis vraiment super fière
08:24 Et tu restes authentique ?
08:26 Exactement, et tout ça grâce à toutes ces inspirations et toutes ces flammes qui m'ont nourrie durant toutes ces années
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09:19 Mais du coup tu as une formation classique pour la musique plus conventionnelle
09:25 et tu t'es formée toute seule sur tout ce qui est hip-hop et ce que tu fais aujourd'hui ?
09:31 Oui, parce que moi dans ma famille en gros, toutes mes sœurs ont été inscrites au conservatoire très tôt
09:37 parce que justement mes parents avaient à cœur de nous faire faire des activités
09:43 à la fois des activités physiques et des activités intellectuelles en dehors de l'école
09:47 et je les en remercie parce que parfois je vois certains camarades qui me disaient que le mercredi après-midi
09:53 ils galéraient en bas de chez eux à rien faire ou à regarder la télé
09:57 pendant que nous on allait faire des trucs un peu plus constructifs
10:00 après c'est en fonction des ressources de chacun, ça c'est un autre débat encore
10:06 mais je suis vraiment reconnaissante de mes parents qui m'ont directement transmis l'amour de l'apprentissage
10:14 au-delà du cadre conventionnel de l'école qu'on a, la primaire, le collège, etc.
10:19 et de nous avoir donné des clés d'apprentissage différentes qui du coup ont nourri des passions
10:27 et du coup indirectement ont fait que mes passions sont devenues mon métier à l'heure actuelle
10:35 et peut-être que si mes parents ne s'y étaient pas pris de cette manière-là, je n'en serais pas là aujourd'hui
10:40 Mais en fait dans ce que tu dis, on sent qu'il y a beaucoup de sens dans chacune des étapes de ton parcours
10:46 on sent que tu as été inspirée par des choses qui exprimaient beaucoup de choses pour toi
10:52 en tout cas profondément, personnellement. Aujourd'hui c'est toi qui réalises tout ça, qui fait de ton art ton métier
11:00 et à travers cet art-là, est-ce que tu as des choses à exprimer en particulier ?
11:05 Est-ce qu'il y a des choses que tu veux éclairer, encourager, porter à connaissance avec les projets que tu mènes actuellement ?
11:14 Disons que l'expression de mon art intrinsèquement, c'est vraiment quelque chose qui a pour but de rapprocher ce qui est lointain
11:24 Par exemple, quand je suis rentrée à Sciences Po, j'étais un petit peu perdue
11:30 mais bien que par exemple j'ai eu de la chance que mes deux grandes sœurs ont fait Sciences Po avant moi
11:35 donc elles ont pu un peu m'aiguiller sur comment ça se passait etc.
11:39 Mais il n'empêche que quand on est une petite de banlieue qui est propulsée dans le 7ème arrondissement
11:44 dans une des écoles les plus prestigieuses de France voire du monde, on est forcément un peu perdue
11:49 et impressionnée. De voir aussi le gap culturel qu'il y a entre certains élèves
11:56 et c'est quelque chose qui est parfois assez démoralisant malheureusement dès le début
12:01 et surtout qu'on arrive, on a 18 ans, on est encore en construction, donc c'est quelque chose qui est assez difficile à gérer
12:07 mais la danse ça m'a vraiment aidée parce que je suis rentrée très vite dans la compagnie de danse de Sciences Po
12:13 qui s'appelle Hardcore et dans cette compagnie quand j'y suis arrivée, il n'y avait que des danseurs contemporains et classiques
12:19 donc quand je suis arrivée je me suis dit "bon ok, je suis la seule danseuse hip hop, peut-être que je ne vais pas vraiment être en phase avec eux
12:26 peut-être qu'ils ne vont pas me comprendre, peut-être même qu'ils ne vont même pas me donner l'heure
12:30 parce que le hip hop c'est un peu l'art de rue, l'art d'en bas"
12:33 et en vrai quand je suis arrivée, j'ai prouvé que j'avais ma place parce que déjà dès 18 ans j'avais fait pas mal de scènes, pas mal de concours
12:42 et j'avais déjà un petit nom dans la scène donc forcément ça a joué dans mon intégration dans le groupe
12:48 et dans ma légitimité à être dans ce groupe là
12:51 et du coup je me suis dit que je voulais prouver que le hip hop avait aussi sa place dans les plus hautes sphères artistiques
13:01 et que les deux peuvent très bien se mêler
13:04 et que les deux peuvent très bien cohabiter et c'est pour ça d'ailleurs que j'avais aussi en deuxième année fait un projet chorégraphique
13:11 avec une danseuse classique qui s'appelle Pauline
13:13 où on a mêlé classique et hip hop dans la danse mais aussi classique et hip hop dans la musique
13:19 parce que j'ai pris Tchaïkovski et j'en ai fait un remix
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14:40 et du coup en gros ce que j'avais envie d'exprimer c'était que certes je fais un art qui n'est pas encore démocratisé
14:50 au même point que le classique et le contemporain
14:53 bien que le hip hop s'est démocratisé au fil des années parce que par exemple maintenant le break est au JO
14:59 donc c'est en voie de se démocratiser de plus en plus
15:02 mais je voulais montrer aussi quand même qu'on pouvait exceller dans un domaine et le ramener dans une sphère qui ne le connaît pas
15:10 et faire en sorte que du coup cette sphère là, à savoir Sciences Po, puisse aussi prendre à bras le corps cette culture là
15:18 qui était auparavant quasi inexistante dans l'institution
15:22 et qui maintenant de plus en plus est portée par de plus en plus d'étudiants sciences pistes au sein d'un secteur
15:30 Est-ce que du coup tu n'es plus dans cette compagnie actuellement ?
15:33 Non parce que j'ai terminé mes études
15:35 Parce que tu as terminé Sciences Po
15:36 Est-ce que tu sais s'il y a d'autres personnes qui font du break au sein de la compagnie ?
15:41 Je sais qu'il y en avait quelques-uns avant moi mais on va dire que, désolée, ils n'avaient pas mon niveau
15:49 c'était pas vraiment, on va dire que c'était pas aussi poussé, c'était pas des représentants du hip hop
15:55 parce que en dehors de Sciences Po, dans le game hip hop, il n'était pas connu
16:00 Tandis que moi j'avais déjà un petit nom parce que je fais des battles, je faisais des concours chorégraphiques
16:06 j'en avais déjà gagné pas mal et du coup quand on disait Inès, on savait que c'était moi
16:11 la fille qui fait du lock, qui fait du son etc
16:14 Du coup voilà, et aussi moi ce que j'ai envie de porter dans l'expression de mon art
16:20 je l'ai abordé rapidement avec le mix hip hop et classique
16:28 c'est que moi j'aime bien varier les genres, varier les styles et vraiment faire symbiose entre
16:40 quelque chose de plus classique, de plus composé, de plus construit sous forme de poursuite
16:47 avec une loop hip hop par exemple
16:50 et c'est un peu ça qui a fait ma patte au fur et à mesure des années dans le monde du beat making
17:00 et qui a fait qu'après j'ai pu faire des gigs, des plans, des jobs pour certaines personnes
17:08 c'est que moi à la base j'adore composer, j'adore composer, j'adore aussi sampler
17:14 il n'y en a pas un qui est supérieur à l'autre
17:17 mais j'avais vraiment à coeur de prendre quelque chose de très hip hop, de très roots, de très cru
17:25 et de rajouter un peu la beauté, la subtilité du classique à l'intérieur
17:29 et aussi montrer que les deux peuvent se mélanger très bien et d'une manière assez cohérente
17:35 En tout cas comme tu le racontes, je pense que beaucoup vont aller écouter ça tout de suite
17:40 parce que ça donne vraiment hyper envie
17:43 Je crois que tu as aussi une notion d'inclusivité que tu avais envie de porter
17:46 Je sais que c'est un milieu qui peut être parfois très masculin
17:50 Comment tu portes ta féminité toi au sein de ce milieu et comment tu veux la faire évoluer ?
17:58 Alors disons dans le milieu de la danse, moi quand je suis arrivée je fais partie de la nouvelle génération en France de danseurs
18:05 disons que le milieu est assez inclusif vis-à-vis des femmes, il y a assez de parité
18:15 dans l'expression de la scène quand on la voit dans les battles etc
18:21 Après forcément quand on arrive dans les phases finales il y a beaucoup moins de femmes malheureusement
18:28 mais ça donne aussi envie en tant que femme de se pousser et de ne pas se limiter à seulement faire des battles
18:35 parce que par exemple il y a des battles où il n'y a que des femmes
18:38 où c'est un peu une démarche pour visibiliser plus les femmes dans le hip hop
18:44 C'est une démarche que je comprends mais c'est aussi une démarche que moi personnellement
18:49 j'essaye de ne pas vraiment m'inclure dedans parce que je me dis que
18:55 si on doit se faire une place c'est dans la grande scène et la scène du battle féminin
19:03 c'est un peu la petite scène vite fait comme ça sur le côté où les femmes s'expriment entre elles
19:08 mais les grosses scènes où il y a vraiment de l'argent, où il y a vraiment de la notoriété c'est là où il n'y a que des hommes
19:13 autant se faire sa place directement là-bas
19:16 Après ça peut être une porte d'entrée pour certaines femmes qui ont du mal à s'exprimer
19:20 qui d'abord veulent passer par ça et en ayant pris beaucoup plus de confiance
19:25 elles peuvent ensuite se mesurer directement au mastodonte du milieu
19:29 On va dire qu'en France c'est un peu plus avancé dans ça
19:32 c'est-à-dire qu'il y a beaucoup de femmes chorégraphes, beaucoup de femmes qui gagnent énormément de battles
19:35 qui sont de grandes figures de la scène dans tous les styles
19:38 Moi je l'ai ressenti beaucoup plus aux Etats-Unis parce que j'y ai vécu pendant un an
19:42 dans le cadre de mes études et j'ai fait beaucoup de danse là-bas, j'ai fait beaucoup de battles là-bas
19:47 et les femmes étaient ultra minoritaires parce qu'elles n'osaient pas en fait
19:52 parfois se mesurer aux hommes dans les battles
19:56 C'est en train de s'améliorer, mais surtout en Floride là où j'étais du coup
20:00 il y avait beaucoup beaucoup de battles 100% féminins
20:03 Il y en avait vraiment beaucoup
20:05 Et qui étaient aussi valorisés que les battles masculins ou non
20:09 C'était encore une fois une petite porte d'entrée avant d'entrer dans la cour des grands
20:13 Et je me rappelle qu'il y avait une espèce de conférence où justement les femmes parlaient
20:18 de l'inclusivité des femmes dans le hip-hop et j'avais posé cette question justement
20:23 qui avait un peu dérangé, la réponse était assez à côté je me souviens
20:27 Peut-être qu'ils n'ont pas compris mon anglais, mon accent frenchy
20:32 où j'avais posé cette question où justement je me disais
20:35 est-ce que c'est pas contre-productif de créer des scènes annexes pour que les femmes puissent exprimer
20:39 et de ne pas justement créer directement une passerelle
20:44 je ne sais pas comment mais on peut toujours en discuter
20:47 une passerelle pour que directement elle soit beaucoup plus représentée dans la grande scène
20:51 là où il y a tout le monde
20:53 Et bon, on m'a pas vraiment donné d'éléments de réponse satisfaisant
20:57 mais bon, c'est un débat qui reste à mener
21:01 Ça c'est pour le côté danse, maintenant pour le côté musique
21:05 Dans le beatmaking, je l'ai remarqué, ça fait assez peu de temps que je fais du beatmaking
21:10 ça fait 6 ans et ça fait seulement 2-3 ans que je commence à collaborer avec des gens
21:17 avoir des plans payés pour un tel, etc.
21:21 et voir un peu le milieu dans lequel j'évolue
21:24 soit le milieu des ingés, des beatmakers, etc.
21:27 et c'est très très largement masculin
21:30 parce que j'ai l'impression que, le beatmaking certes c'est de la musique, c'est un art
21:35 c'est quelque chose d'inné, d'ancré en soi, et là on peut s'exprimer
21:40 mais ça reste aussi une science, ça reste une ingénierie assez complexe
21:45 notamment pour ce qui va être dans la mise en oeuvre
21:51 donc le mix, le master, etc.
21:53 et c'est quelque chose qui peut être assez impressionnant pour certaines femmes
22:01 et parfois elles ne vont pas forcément oser s'y mettre
22:05 et du coup, moi j'ai à coeur de montrer que, ok je suis une femme
22:09 j'évolue dans un milieu masculin, mais je peux y exceller
22:14 je peux faire des sons qui sont écoutés par tout le monde
22:17 je peux briser cette barrière où on ne me dit pas "tu fais du bon son pour une meuf"
22:22 juste on me dit "tu fais du bon son"
22:24 et c'est marrant parce que sur Soundcloud en gros, il n'y a pas mon nom
22:29 je m'appelle juste Arabic Fever Music
22:31 et je sais qu'au début, quand je ne voulais pas montrer mon identité
22:34 tout le monde mettait des commentaires genre "fire bro"
22:38 et je suis en mode "bah non, je ne suis pas ton bro"
22:43 je filmais le film et je me disais "bah..."
22:45 Donc tu évoques une certaine ambition, celle de rassembler
22:49 de donner envie aux autres de poursuivre leur rêve
22:53 et de s'exprimer dans l'art dans lequel tu t'exprimes également
22:57 qu'est-ce qui te pousse à cela ?
23:00 et quelle est la flamme qui nourrit ton enthousiasme ?
23:02 Quelles sont tes raisons d'espérer pour ton futur ?
23:05 Bah disons que...
23:09 L'art c'est quelque chose qui est tellement, on va dire, cher à mon coeur
23:14 que j'ai toujours des projets en tête
23:17 j'ai toujours envie de les concrétiser
23:19 et c'est en fait un flux sans fin
23:22 je pense que je commencerai à m'inquiéter sur le futur
23:25 au moment où je n'aurai plus envie de faire de la musique
23:28 ou de faire de la danse
23:30 et où je n'aurai plus d'inspi pour faire de nouvelles choses
23:33 je sais que par exemple, quand j'ai un projet en tête
23:36 et que je le concrétise, je suis déjà dans l'après
23:39 je me dis "ah ok, qu'est-ce que je peux faire ensuite ?
23:42 qu'est-ce que je peux faire comme nouvel album ?
23:44 qu'est-ce que je peux faire comme nouvelle chanson
23:47 qui va un peu bousculer ce que je fais d'habitude ?
23:49 ou comment je peux explorer ce dans quoi je suis en ce moment
23:53 la phase créative dans laquelle je suis en ce moment
23:55 mais la pousser dans un retranchement encore différent
23:59 du coup, cet amour pour l'excellence
24:02 c'est quelque chose qu'on a vraiment à coeur d'exprimer
24:07 notamment avec LCG Corp, mon collectif de beatmakers
24:11 on s'est dit qu'il y avait vraiment un boulevard à explorer
24:13 dans la musique de battle
24:15 faire quelque chose de beaucoup plus sensible
24:18 et de beaucoup plus poussé
24:20 que seulement de la musique qui pète
24:22 qu'on entend sur des grosses enceintes
24:24 qu'on pouvait en faire un élément artistique
24:27 qui même s'écoute dans le métro
24:29 ou qui s'étudie tout simplement
24:31 parce que les mélodies qu'on va implémenter à l'intérieur
24:34 les éléments, les textures, etc
24:36 ça va être quelque chose qui va être super travaillé
24:39 au même titre que le beat qui va faire bouger le danseur
24:42 et c'est vraiment quelque chose qu'on a toujours à coeur
24:46 et qu'on bosse avec acharnement pour l'exprimer
24:51 pour le montrer
24:52 Pour un artiste, parfois on est artiste juste pour s'exprimer
24:58 mais pour moi l'expression de notre art
25:01 ça peut vraiment être une arme aussi
25:03 pour s'engager et pour sensibiliser les gens à des causes diverses
25:07 En ce qui me concerne, ça va plutôt être l'environnement
25:11 le climat, etc
25:13 Je fais partie d'une compagnie qui s'appelle Minuit 12
25:16 que j'ai intégrée avec des camarades de Shunspo
25:23 En gros ce sont 3 camarades de Shunspo
25:26 Pauline, Justine et Jade que j'ai rencontrées à Hardcore
25:30 On dansait ensemble du coup à Shunspo
25:32 qui sont des danseuses contemporaines, classiques et wacking
25:36 que j'ai rencontrées à Shunspo
25:38 Hardcore du coup, avec qui on a fait des compétitions
25:41 et avec qui ça a vraiment matché
25:43 On s'est directement dit qu'on avait envie de se voir en dehors de Shunspo
25:48 et de continuer à créer et de continuer à travailler ensemble
25:52 Maintenant, le volet militant est arrivé tout naturellement dans notre processus
25:58 parce que c'est quelque chose qu'on avait vraiment à coeur d'exprimer par ailleurs
26:04 Le volet militant est un projet de l'Union Nationale de la Danseuse
26:08 qui a été créé par l'Union Nationale de la Danseuse en 2012
26:12 Il est un projet d'unité et d'unité d'une compagnie
26:15 qui a été créée par l'Union Nationale de la Danseuse en 2012
26:19 Le volet militant est un projet d'unité et d'une compagnie
26:22 qui a été créé par l'Union Nationale de la Danseuse en 2012
26:26 Le volet militant est un projet d'unité et d'une compagnie
26:29 qui a été créé par l'Union Nationale de la Danseuse en 2012
26:33 Là, c'est aussi un bon pont, je pense, une bonne passerelle
26:43 pour essayer de sensibiliser les gens à toutes ces choses-là
26:47 Par exemple, on a créé une pièce qui s'appelle "Écume"
26:51 qui en gros raconte notre rapport à l'eau
26:56 en tant qu'être humain, l'eau à la fois dans son abondance
27:01 dans son déferlement dans les tempêtes, dans son manque par la sécheresse
27:07 J'ai notamment composé l'entièreté de la bande originale du spectacle
27:13 de 50 minutes, où j'ai vraiment mêlé toutes mes influences
27:18 Il y a beaucoup de classiques, beaucoup de textures
27:22 mais en même temps j'arrive à ramener assez subtilement
27:26 et assez logiquement toutes mes influences hip-hop à l'intérieur
27:31 pour donner un peu plus de peps
27:34 C'est une des premières créations qu'on a faites
27:37 et aussi par ailleurs, on fait pas mal de performances
27:40 La dernière en date, c'est "Change Now"
27:43 On a dansé durant les trois jours de conférence
27:46 - Faire t'imprendre en douceur - En douceur et en beauté
27:50 - C'est ça. Merci Inès pour cet échange riche de sens
27:54 qui je pense aura inspiré pas mal de personnes
27:58 N'hésite pas à dire où est-ce qu'on peut te retrouver
28:01 pour écouter, regarder et profiter de l'art que tu produis
28:07 - On peut me retrouver sur Instagram
28:10 C'est @ines_arabicflavor
28:13 - Sur Soundcloud, la fiche à l'écran
28:16 - Également sur Soundcloud, Youtube et les plateformes
28:20 donc @arabicflavormusic
28:22 Très prochainement, je vais sortir un projet
28:25 qui s'appelle "Stoneheart"
28:28 et qui sera disponible sur les plateformes de streaming
28:31 Spotify, Deezer, etc.
28:34 - Bon courage pour la suite
28:37 et merci beaucoup
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