Lundi 26 juin 2023, SMART MORNING SOUMIER reçoit Philippe Marques (Partner Conseil Banque, Sopra Steria Next)
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00:00 Salut à tous, c'est un géant du service informatique.
00:12 On dit encore service informatique d'ailleurs.
00:15 On dit entreprise de service numérique.
00:17 Entreprise de service numérique.
00:18 Soprasteria, mais d'ailleurs dans l'histoire, faisons un peu d'histoire.
00:22 Les années 60, la France est à ce moment-là leader.
00:25 Et on a quatre grands, c'est ça, qui deviendront...
00:28 Capgemini, Soprasteria.
00:29 Capgemini, Soprasteria.
00:31 J'ai des doutes sur les deux autres.
00:33 Atos, il doit y avoir Atos dans un temps ?
00:35 On a fêté nos 50 ans il y a...
00:36 Oui, voilà, c'est ça.
00:38 Leader de la tech, groupe indépendant, européen,
00:41 ce qui le rend assez singulier finalement.
00:43 Exactement, 5 milliards d'euros de...
00:46 Plus de 5 milliards d'euros de chiffre d'affaires,
00:47 55 000 collaborateurs aujourd'hui.
00:49 Je me disais d'ailleurs, il m'en manque un,
00:51 mais en fait c'est qu'il y a eu fusion des deux, Soprasteria.
00:54 Oui, tout à fait.
00:55 Deux fusions qui ont été faites.
00:56 En 2016.
00:57 Deux fusions.
00:58 Bon, et donc on est sur un acteur important,
01:00 acteur aujourd'hui mobilisé,
01:02 autour de la facture électronique.
01:05 Tout à fait.
01:06 C'est-à-dire que...
01:08 La réforme sur la facturation électronique
01:10 qui sera mise en oeuvre en juillet prochain.
01:12 Oui, mais il y a une forme d'accélération là, c'est ça ?
01:15 Oui, il y a une accélération très forte.
01:16 Alors, ça existe déjà sur la partie secteur public,
01:19 donc toute la facturation du secteur public.
01:21 D'ailleurs, Soprasteria, on a été largement impliqué
01:23 parce qu'on a contribué assez significativement
01:25 à la construction de Chorus Pro,
01:27 donc qui gère la facturation publique.
01:29 Et puis ça s'accélère parce que l'échéance arrive,
01:32 1er juillet 2024, ça s'impose à toutes les entreprises.
01:35 D'ailleurs, le calendrier qui est présenté
01:37 avec un déploiement progressif entre juillet 2024 et 2026
01:41 en fonction de la taille des entreprises
01:42 est assez trompeur parce que dès juillet 2024,
01:45 toutes les entreprises, les grandes comme les plus petites,
01:47 vont devoir être encapacitées de recevoir des factures électroniques.
01:50 Philippe, je ne t'ai pas présenté,
01:53 mais Philippe Marques, bien sûr.
01:57 Comment ça vont être... Mais non,
01:59 les grandes vont être en capacité.
02:03 Oui, justement, c'est pour ça que je dis que c'est trompeur
02:05 parce que l'agenda qui est présenté
02:07 parle de l'émission des factures électroniques.
02:09 Tous les gros, les grandes entreprises,
02:11 vont être obligées d'émettre des factures électroniques
02:13 au 1er juillet.
02:14 Par contre, la petite entreprise
02:16 qui reçoit des factures électroniques de ses gros,
02:18 elle les reçoit de manière électronique
02:20 et donc il faut bien qu'elle se mette en capacité de les recevoir,
02:22 soit à travers un portail public qui le permettra de le faire,
02:25 soit à travers des opérateurs avec qui elle va contractualiser.
02:29 Oui, tu as raison, c'est trompeur.
02:32 Mais là, il y a une accélération,
02:34 c'est-à-dire qu'on va dire qu'il y a 18 mois,
02:36 c'était un sujet qui semblait très lointain
02:38 pour beaucoup d'entreprises.
02:40 Tout à fait.
02:41 Donc, ce n'était pas du tout une priorité l'année dernière.
02:43 Exactement.
02:44 C'est devenu une urgence absolue aujourd'hui.
02:46 On voit beaucoup de publications d'appels d'offres
02:49 pour identifier les partenaires avec qui s'associer
02:51 pour se préparer à la réforme.
02:53 Partenaires qui ne sont d'ailleurs pas encore véritablement stabilisés.
02:56 Enfin, on ne va pas parler de ça, ce n'est pas notre sujet.
02:59 Mais dans l'ensemble du calendrier mis en place par l'État,
03:03 on se dit qu'il aurait pu peut-être un tout petit peu plus tôt
03:07 au moins valider ceux qui vont être
03:09 ce qu'on appelle les plateformes partenaires de dématérialisation.
03:13 On ne va pas rentrer dans la technique,
03:14 mais ce seront quand même des acteurs importants du système.
03:16 Et aujourd'hui, même si on peut se douter
03:18 que les grandes marques seront évidemment PDP,
03:22 il y a un certain nombre d'entreprises qui voudraient l'aide,
03:26 dont on ne sait pas si elles le seront ou pas.
03:28 Et donc c'est quand même un petit peu compliqué dans le calendrier.
03:31 Sans rentrer dans un niveau de détail trop important,
03:34 ce qu'il faut bien comprendre,
03:36 c'est qu'une facture électronique, c'est un format particulier.
03:38 Ce n'est pas un PDF par mail.
03:40 Et donc pour fabriquer cette facture, il y a des logiciels, des partenaires.
03:43 Donc c'est soit des fintechs, soit des éditeurs de logiciels
03:46 bien connus du marché, ou des plateformes qui les fabriquent.
03:49 Mais l'important, c'est...
03:51 Oui, mais on voudrait être sûr qu'elles soient agréées.
03:52 Voilà, c'est le seul truc.
03:54 Et à ce stade, on ne le sait pas encore.
03:55 Oui, oui, tout à fait.
03:57 Donc, mais ce qui m'intéresse beaucoup,
03:59 alors Philippe, tu travailles particulièrement sur le secteur bancaire.
04:02 Oui, tout à fait.
04:03 Moi, je suis consultant chez Soprastaria Next,
04:05 la marque conseil de Soprastaria,
04:07 et principalement sur le vertical des services financiers.
04:09 Donc j'accompagne plutôt les acteurs bancaires
04:12 dans la préparation et la mise en œuvre de cette réforme.
04:14 Et là, il y a deux choses.
04:15 La première, c'est qu'il ne faut pas croire que cette réforme,
04:18 justement, c'est une simple digitalisation, simple, etc.
04:21 Je crois que c'est un bouleversement profond,
04:23 et des fonctionnements internes et des relations client-fournisseur.
04:26 Tu es d'accord avec ça ?
04:27 Oui, bien sûr.
04:28 Vous avez 4 millions d'entreprises en France.
04:30 La très grande majorité, plus de 95%, sont des petites entreprises
04:34 qui ne sont pas, pour la plupart, digitalisées.
04:37 Et donc, évidemment, il faut les accompagner à cela.
04:39 C'est un vrai levier de performance pour consacrer moins de temps
04:42 aux tâches administratives.
04:43 D'ailleurs, c'est l'intention de la réforme.
04:44 Consacrer moins de temps aux tâches administratives
04:46 pour s'en consacrer davantage au développement de leur activité,
04:48 leur performance et leur compétitivité.
04:50 Et tu penses que les banques ont une occasion à saisir ?
04:53 Raconte-moi un petit peu.
04:54 Il y a un vrai sujet de confiance.
04:55 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, moins petites entreprises ou entreprises,
04:58 je considère que les plus petites, ou les PME, les TPE,
05:02 sont peut-être les moins préparées.
05:04 Les grandes sont déjà engagées dans la démonstration.
05:06 Ça confirme, alors, ça totalement.
05:07 Elles sont totalement dans le bleu.
05:08 Mais ces petites entreprises, face à la réforme,
05:10 elles sont un peu, si elles ne sont pas outillées,
05:12 elles ne savent pas très bien comment l'appréhender.
05:14 Donc évidemment, les banques, en tant que partenaires de confiance,
05:16 qui gèrent déjà des données bancaires, des clients,
05:18 si elles sont capables de développer des offres
05:20 qui leur permettent de gérer leurs factures,
05:22 qui dit facture, dit paiement,
05:23 qui dit paiement, dit on peut avoir des prévisionnels de trésorerie,
05:26 être capable de fournir des services qui permettent,
05:28 entre guillemets, de "soulager" l'entreprise dans ses finances.
05:32 Je vous donne un exemple, moi, qui m'a semblé assez parlant.
05:36 La facturage est aujourd'hui la première source de financement
05:39 à court terme pour les entreprises.
05:41 C'est des chiffres que j'ai repris sur le site de l'ASF.
05:44 Il n'y a que 33 000 entreprises en France qui en bénéficient.
05:47 Pourtant, ça pourrait soulager dans des périodes un peu de crues,
05:50 ou en tout cas, quand on a un prévisionnel de trésorerie
05:52 qui est peut-être fragile, ça permettrait de les soulager
05:54 et de mieux anticiper les temps dur, on va dire.
05:56 La facturage, ça veut dire que tu cèdes ta facture,
05:59 alors effectivement à une banque, mais pas forcément à une banque,
06:03 ou à un infactureur, simplement en lui cédant ta facture,
06:07 tu lui payes aussi une petite commission.
06:09 Donc c'est sans doute pour ça aussi qu'il y a beaucoup
06:12 de petites entreprises avec des marges qui sont déjà tendues,
06:16 qui n'ont pas envie de…
06:17 – Tu ne dis surtout pas que c'est une solution à tous les problèmes.
06:19 – Ah oui, d'accord, ouais, voilà.
06:20 – Je veux dire, par revanche, ça peut être une solution…
06:22 – Mais quel lien avec la facture électronique ?
06:23 Parce que je crois justement que la facture électronique
06:25 va rendre un peu plus compliquées les systèmes d'infacturage.
06:29 – Ils doivent s'adapter à cette réforme,
06:31 – Oui, c'est ça.
06:32 – Pas plus compliqué, mais en tout cas, ils doivent faire évoluer leurs offres
06:34 et la manière dont ces factures vont transiter
06:35 entre les clients et leurs fournisseurs.
06:37 Mais quel lien avec la facture ?
06:38 C'est-à-dire que si je suis capable de prévoir,
06:40 de savoir que, à l'usage, ce fournisseur-là ou ce client-là
06:44 me paye peut-être plus tardivement,
06:46 que je sais anticiper mon flux de trésorerie,
06:48 et bien peut-être que je vais avoir besoin d'un financement
06:51 plus rapide pour pouvoir encaisser la période qui s'annonce.
06:54 – Et ça, c'est des informations que va donner en fait la facture électronique ?
06:58 Enfin, petit à petit, l'installation de systèmes électroniques
07:01 vont amener ces informations.
07:03 Les logiciels, pour faire simple, du client et ceux du fournisseur
07:07 vont faire transiter des données.
07:09 Et dans ces données, il y a des informations sur le statut de la facture.
07:12 C'est-à-dire que je sais si ma facture a été bien reçue,
07:14 si elle a été validée, si elle a été payée.
07:17 Et donc, avoir cette information, évidemment, c'est important.
07:19 On aime bien dire que vendre c'est bien, mais encaisser c'est encore mieux.
07:23 [Rires]
07:25 – Oui, oui, et ça, c'est le grand sujet des délais de paiement.
07:29 Et c'est vrai que le processus, c'est procure-to-pay,
07:32 et c'est vrai que les factures peuvent errer dans le processus PDP,
07:37 notamment sur les très grandes entreprises,
07:40 qui elles-mêmes, d'ailleurs, il ne faut pas croire,
07:42 enfin, je ne sais pas, je crois qu'on a à peu près la même expérience,
07:45 il ne faut pas croire qu'elles cherchent à faire en sorte de payer en retard.
07:49 Non, jamais, enfin, ou alors, mais vraiment très, très, très rarement.
07:53 D'abord, parce que la répression des fraudes veille,
07:56 et puis ensuite, parce que les fournisseurs sont précieux.
07:58 Donc, elles ne cherchent pas à payer en retard,
08:00 effectivement, les processus sont complexes.
08:02 Là, on aura une sorte de Waze qui nous dira
08:05 où est la facture dans le processus, c'est un peu ça le sujet.
08:08 – Oui, tout à fait, et donc là, la banque a un vrai rôle de conseil
08:11 envers ses clients.
08:13 – Mais conseil, où est-ce que tu la mets ?
08:15 Alors, il faut faire un petit…
08:17 Entre, tu me disais, le logiciel qui va permettre de dématérialiser la facture,
08:22 le partenaire de dématérialisation, ou juste l'opérateur de dématérialisation,
08:26 le portail de l'État, où est-ce qu'elle se met, la banque ?
08:29 – Alors, il y a plusieurs enjeux pour les banques.
08:31 Il y a évidemment un enjeu de rétention des clients qu'ils ont,
08:34 il y a un enjeu à ne pas perdre des flux qui sont stratégiques pour eux,
08:37 typiquement les flux de paiement, qui sont importants.
08:41 Et donc, aujourd'hui, on voit sur le marché différents acteurs
08:44 qui se positionnent pour développer des offres à destination de ces clients,
08:48 profitant de la réforme pour proposer des services
08:51 porteurs de valeur pour les clients entreprises.
08:55 Bon, il y a différentes stratégies, on voit des banques qui s'associent
08:59 à des fintechs pour répondre à un enjeu de vitesse important sur le marché d'offres,
09:04 il y a des banques qui décident de fabriquer elles-mêmes ces produits-là
09:06 et de les proposer, d'autres qui décident de monter des partenariats
09:09 et de se faire interpeller par d'autres acteurs et pousser des services de paiement,
09:13 par exemple, ou autres services bancaires à travers ces partenaires.
09:16 Par contre, elles sont toutes engagées dans un mouvement
09:18 qui vise à développer des offres à destination de cette clientèle,
09:21 profitant de la réforme.
09:23 Intéressant. J'avais pas perçu ce mouvement.
09:27 Donc ça veut dire que je vais me permettre de te dire un truc, c'est
09:30 si vous êtes chef d'entreprise, et si, un peu comme moi,
09:34 vous n'aviez pas perçu ce mouvement, ça veut dire qu'il faut peut-être
09:37 aller un petit peu secouer la banque ou un petit peu lui dire
09:40 "Dites donc, qu'est-ce que vous faites ? Est-ce que vous pouvez pas m'accompagner là-dessus ?"
09:42 Enfin, on peut être un petit peu proactif vis-à-vis de son partenaire bancaire
09:46 Bien sûr.
09:47 en lui disant "Visiblement, le marché est en train de bouger et vous, vous ne bougez pas."
09:51 Dire que je vous y encourage.
09:53 Et vous, Soprasteria, vous êtes là en accompagnement de l'ensemble
09:57 des acteurs qui sont mobilisés sur cet enjeu de facturation électrique.
10:00 Oui, sur l'ensemble du processus, c'est-à-dire en amont sur les impacts
10:04 plutôt métiers sur les processus d'achat et de vente, par exemple,
10:06 et puis sur les impacts IT, parce que raccorder son système d'information
10:10 à une plateforme ou à d'autres outils, évidemment, ça a des impacts
10:12 et donc on les accompagne.
10:14 Je peux aussi élargir à l'Europe, parce que c'est une réforme qui va
10:17 vraisemblablement s'étendre à toute l'Europe à l'horizon 2028.
10:20 Tout à fait.
10:21 On parle là des données des entreprises sur l'ensemble de l'Union
10:25 et donc évidemment, accompagner les entreprises européennes
10:29 dans cette réforme, c'est un engagement.
10:32 En tout cas, Soprasteria est engagée et puis les banques ont peut-être
10:34 aussi un rôle à jouer à ce niveau-là.
10:36 Oui, et d'ailleurs, on termine, c'est la motivation première
10:39 de l'ensemble de cette opération, avec un enjeu de finances publiques.
10:42 L'idée, c'est d'essayer de limiter la fraude à la TVA.
10:44 Tout à fait.
10:45 Et donc, il y a quelques milliards à récupérer.
10:47 L'expérience la plus intéressante a été menée en Italie assez récemment.
10:51 Tout à fait.
10:52 Et il y a sans doute quelques milliards à récupérer là pour…
10:55 Exactement, le retour d'expérience en Italie.
10:57 Pour l'État et pour la Chine.
10:58 Le démontre.
10:59 Absolument.
11:00 Merci Philippe.
11:01 Merci beaucoup pour tout ça.
11:02 Philippe Marques, donc Soprasteria, qui vous accompagne, nous accompagne
11:07 sur ce gros chantier.
11:10 L'équivalent, c'est quand même la retenue à la source de l'impôt sur le revenu.
11:13 Vous vous en souvenez ?
11:14 Les enjeux sont à peu près les mêmes et les transformations sont sans doute aussi à peu près les mêmes.
11:20 (Générique)
11:22 Bismarck