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Vendredi 22 décembre 2023, SMART ÉDUCATION reçoit Rudi Osman (Fondateur, Union des Étudiants Exilés)

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00:00 ...
00:07 -Bonjour à toutes et à tous. Je suis ravie de vous retrouver
00:10 dans votre magazine hebdomadaire Smart Education,
00:13 un magazine dédié aux nouveaux métiers,
00:16 nouvelles formations, nouvelles pédagogies,
00:18 nouvelles technologies de l'éducation.
00:20 Comme chaque mois, nous nous en focussons
00:23 sur une actualité du monde éducatif.
00:25 Aujourd'hui, le projet de loi Asile et Immigration.
00:28 Pourquoi en parle-t-on ? Parce que les étudiants étrangers
00:31 sont également visés par ce texte.
00:33 Notre invité, lui, les connaît bien,
00:35 les obstacles rencontrés par ces étudiants exilés,
00:38 qui arrivent en France, puisque ce parcours,
00:41 c'est aussi le sien originaire de Syrie,
00:43 est contraint à l'exil. Il arrive à Paris
00:45 et finit par être accepté à l'université.
00:48 Il décide de s'engager en créant l'Union des étudiants exilés,
00:51 l'UEE. Rudi Haussmann, fondateur de cette association,
00:54 est avec nous. Bonjour, Rudi.
00:56 -Bonjour. Merci beaucoup d'avoir me recevoir ici.
01:00 -Ravi de vous recevoir, Rudi. Merci d'être avec nous.
01:03 J'aimerais, Rudi, si vous le voulez bien,
01:05 qu'on revienne sur votre parcours.
01:07 Vous faites partie de la communauté kurde en Syrie.
01:10 En 2011, le printemps arabe éclate. Qu'est-ce qui se passe ?
01:13 -Moi, en Syrie, j'étais journaliste et activiste de droit de l'homme.
01:17 J'étais un des activistes qui sont participés
01:21 à la révolution syrienne. J'étais arrêté plusieurs fois,
01:24 j'étais torturé et je me trouvais réfugié en France
01:27 grâce à l'aide de Reporters sans frontières,
01:30 qui m'ont ramené jusqu'à Paris, France.
01:32 -Quand vous arrivez en France,
01:34 l'Etat français vous propose quoi ?
01:37 Comme possibilité, comme formation ?
01:39 -Ca fait déjà 9 ans.
01:41 Quand je suis arrivé en France,
01:43 je me souviens de la 1re fois où j'ai vu mon assistant social
01:46 qui me disait que je n'avais pas le droit de reprendre mes études.
01:50 Une des choses que je voulais toujours avoir à achever
01:53 dans mon parcours, c'était de finir mes études de droit
01:56 pour devenir un avocat qui défend les prisonniers politiques en Syrie.
02:00 -On vous a dit que ce n'était pas possible.
02:03 -C'est pas possible, parce qu'à cette époque-là,
02:06 les réfugiés ne s'étaient pas connus pour la reprise d'études,
02:09 mais plutôt pour travailler dans les métiers en tension.
02:13 On a essayé beaucoup.
02:14 Je me souviens d'une amie qui m'a dit
02:16 "Viens, je vais t'aider à avoir cet accès-là",
02:19 parce qu'une des préoccupations chez moi,
02:22 c'était vraiment de finir mon parcours académique.
02:25 Donc, ce qu'elle a fait, c'est juste...
02:28 J'ai vu qu'elle était en train de créer une lettre de motivation,
02:31 un CV, et on a postulé à deux universités,
02:34 Paris 2 et Assas, et Paris 8.
02:36 Paris 2 et Assas, ils m'ont accepté.
02:38 Et là, soudain, en fait, je trouvais que c'était plus facile
02:42 d'avoir un accès aux études via une lettre de motivation
02:45 et un contact direct avec les universités.
02:48 Plus tard, il y avait la vague des Syriens
02:51 qui commençait à arriver en France, 2016, 2015.
02:54 Et là, en fait, avec d'autres amis,
02:57 on a décidé de créer une sorte de collectif,
02:59 de recevoir des gens dans un café qui était à Châtelet
03:03 et de dire "Venez, on va vous aider
03:05 "à avoir accès aux études supérieures."
03:07 Ce qu'on a fait, c'était d'avoir un savoir-faire
03:10 vers l'accès aux études supérieures
03:12 via ces groupes, ces personnes
03:14 qui ont réussi à avoir cet accès-là,
03:17 et petit à petit, en fait, de les aider.
03:20 -Comment on le fait ?
03:21 -On va y revenir, évidemment, sur cet engagement,
03:24 le travail que vous faites au sein de cette association.
03:27 Moi, j'aimerais savoir, Rudy Haussmann,
03:29 pour élargir un peu le sujet,
03:31 les obstacles que vous avez rencontrés
03:34 à votre arrivée en France pour vous inscrire à l'université.
03:37 Est-ce qu'ils sont les mêmes pour tous ?
03:39 J'ai vu un chiffre. Comment vous expliquez
03:42 que dans le monde, sur 108 millions de personnes,
03:45 on compte seulement 6 % de réfugiés scolarisés
03:48 et c'est un problème global ?
03:49 Quand on est étranger, qu'on arrive dans un pays,
03:52 qu'on est jeune ou plus ou moins jeune,
03:54 on a du mal à rentrer dans l'enseignement supérieur.
03:57 C'est un vrai sujet.
03:59 -Exactement. En fait, les obstacles,
04:01 ils sont énormes et ils sont plusieurs.
04:03 La première, c'est que quand on arrive en France,
04:06 il n'y a pas d'accompagnement vers l'accès aux études supérieures.
04:10 Là, par exemple, en France, l'UFI,
04:12 qui est censé donner un accès aux cours de français,
04:16 ça s'arrête jusqu'à un niveau A2.
04:19 Or, pour avoir accès aux études supérieures,
04:22 c'est niveau B2 minimum.
04:24 Les cours de l'UFI, jusqu'à aujourd'hui,
04:27 malheureusement, le problème, c'est qu'on va trouver
04:29 50 personnes dans la même salle avec 50 différents niveaux.
04:33 Une personne qui a envie de reprendre ses études
04:36 va se trouver avec des gens
04:38 qui ont fait 5 ans, 10 ans, 20 ans
04:40 qui se trouvent sur le territoire français
04:43 et qui apprennent le français à un corps
04:45 et qui n'ont pas cet accompagnement
04:47 vers un français académique.
04:49 Aujourd'hui, il y a...
04:52 Si on parle de l'accès aux études,
04:54 à part le problème qui est lié aux cours de français académiques,
04:59 il y a en fait l'accès aux précédures.
05:01 C'est-à-dire, pour un étudiant exilé,
05:03 par exemple, un demandeur d'asile,
05:06 il y a un DAP.
05:07 DAP, c'est la demande d'admission préalable,
05:09 qui est dédiée seulement pour la première année d'études.
05:12 Pour les Français, il y a Parcoursup.
05:15 Les agents de l'université, en fait,
05:16 ils n'ont pas de tout formé
05:18 sur les étudiants exilés de demandeur d'asile
05:21 qui se trouvent sur le territoire français
05:23 et qui doivent suivre un procédure qui s'appelle DAP.
05:26 Avec DAP aussi, on ne sait pas où on doit envoyer le dossier.
05:29 Il y a seulement un dossier qui est à Parc,
05:32 qui s'appelle dossier vert.
05:33 C'est 15 pages. Il faut remplir 3 dossiers différents
05:36 pour 3 universités seulement.
05:38 -Et ça, s'il y a la barrière de la langue,
05:40 c'est difficile d'être accompagné
05:42 sur cette procédure administrative.
05:44 -C'est ça, exactement.
05:45 Après aussi, si on dit qu'admettons qu'elle a réussi
05:49 à envoyer le dossier, à être admis à la fac,
05:52 il n'y a pas un accompagnement dédié à ces étudiants-là.
05:56 On parle des étudiants du Erasmus,
05:58 qu'il y a le réseau du Erasmus qui travaille à les intégrer,
06:02 à faire une semaine d'accueil,
06:04 qui explique les précédures,
06:07 où se trouvent les cours, où se trouvent les salles,
06:10 les lexiques spécifiques, en fait,
06:13 pour trouver les cours, ONT et tout ça.
06:17 En fait, un étudiant réfugié, exilé,
06:19 de mandorlasie, qui se trouve dans des cours à la fac...
06:24 -Lui n'a pas du tout ces mêmes droits,
06:26 ces mêmes accompagnements, ces mêmes guidelines
06:29 qui lui permettent d'aider, d'accéder à l'enseignement supérieur.
06:33 Expliquez-nous, Rudy, quand est-ce qu'elle est née,
06:36 cette union des étudiants exilés, très précisément,
06:38 et donc son ambition, on l'a un peu compris,
06:41 c'était de les accompagner, eux,
06:43 un peu, sur toutes ces procédures-là, c'est ça ?
06:46 -C'est ça, en fait.
06:47 L'union des étudiants exilés, elle est créée en 2018.
06:50 On a commencé comme un collectif en 2015-2016.
06:54 En 2018, on a décidé de créer cette association
06:57 parce que dans les cafés, quand on a commencé,
07:00 on n'arrivait plus à recevoir des gens.
07:02 -Il y avait trop de monde. -Trop de monde.
07:04 On se trouvait chaque samedi avec 100 personnes
07:07 qui nous attendaient dans des cafés.
07:09 Le propriétaire du café vient et nous dit
07:12 qu'il faut acheter des cafés, qu'il faut consommer.
07:14 Donc, c'était en ce moment-là
07:16 qu'on a dit qu'on allait devenir une association,
07:19 donc on va avoir beaucoup de bénévoles,
07:21 des salariés aussi, qui peuvent faire cet accompagnement-là.
07:24 L'union des étudiants exilés est née d'un besoin de manque
07:28 d'accompagnement, dédié, spécifique pour les personnes exilées
07:31 qui veulent reprendre leurs études supérieures.
07:34 -C'est quoi les profils de ces bénévoles ?
07:36 Bénévoles ou salariés ?
07:38 -Les bénévoles, on a beaucoup des étudiants
07:40 qui sont des étudiants exilés,
07:42 qui ont un parcours d'exil,
07:44 qui ont réussi à avoir un accès aux études supérieures.
07:47 -Et qui, comme vous, veulent accompagner
07:49 ces nouveaux arrivants en France, c'est ça ?
07:52 -Exactement, parce qu'en fait, nous, on a un savoir-faire,
07:55 c'est-à-dire on sait tous les précédures spécifiques
07:58 dédiées aux personnes exilées, comment on peut le faire,
08:01 comment on peut contacter les responsables de formation,
08:04 comment on peut les convaincre,
08:06 comment on peut les aider,
08:07 comment on peut les aider à ne pas vivre ce que nous,
08:10 on a vécu.
08:11 C'est-à-dire un demandeur d'Asie qui vient,
08:14 on dit "Première année, c'est DAP,
08:16 "deuxième année, c'est cette précédure,
08:18 "on master là, il y a mon master,
08:20 "il y a d'autres précédures",
08:22 expliquer bien à lui, expliquer aussi les disciplines,
08:25 les disciplines de la vie,
08:27 les disciplines de la vie,
08:28 les disciplines de la vie,
08:30 les disciplines de la vie,
08:31 les disciplines de la vie,
08:33 les disciplines de la vie,
08:35 les disciplines aussi, les domaines d'études.
08:37 -Les filières possibles.
08:39 -Exactement, parce que beaucoup de personnes exilées
08:41 qui viennent disent "Moi, j'étais journaliste,
08:44 "mais là, je veux plus être journaliste,
08:46 "comment je peux reprendre mes études
08:49 "dans l'informatique, par exemple,
08:51 "ou comment je peux faire sciences politiques ou d'autres ?"
08:54 On lui explique comment ça se peut faire,
08:56 quelle est la précédure à suivre,
08:58 et en plus aussi de ça, on essaye de lui dire
09:01 "Ce domaine-là, il va te donner cette possibilité de travail
09:04 "pour t'aider à faire ça."
09:06 -C'est une telle université qui est plus solidaire
09:08 avec des profils comme toi, plus que l'autre université,
09:12 parce que malheureusement, pas toutes les universités
09:15 sont solidaires et accueillantes des personnes exilées.
09:18 -C'est un travail que vous faites au sein de l'Union des étudiants exilés,
09:22 c'est sensibiliser les administrations,
09:24 les universités, les écoles, à cette question de l'accueil
09:27 des étudiants étrangers, c'est aussi important de votre travail.
09:31 -C'est ça, en fait, on a travaillé aussi,
09:34 avec le réseau MENCE,
09:35 c'est un réseau national des universités,
09:37 on peut dire des universités solidaires,
09:40 dans l'accueil des étudiants exilés,
09:42 et avec ce réseau-là, en fait, qui a été mis en place,
09:46 il y a plus que 52 universités
09:51 et des établissements de l'enseignement supérieur.
09:55 -52 établissements en France font partie de ce réseau-là.
09:58 -C'est ça, et l'Union des étudiants exilés
10:01 est très heureuse de ces réseaux, en fait,
10:04 et là, on travaille beaucoup avec eux
10:07 sur la spécificité d'un étudiant exilé,
10:09 quel est son besoin de tautorat, d'accompagnement,
10:13 des traumas aussi qu'il a vécus,
10:15 et comment les profs et les agents universitaires
10:18 peuvent être solidaires avec lui,
10:20 mais d'une manière qui n'est pas basée sur l'égalité,
10:24 comme un étudiant francophone, mais de l'équité.
10:27 L'équité, c'est de hôtiller cet étudiant
10:31 exilé des outils qui peuvent être nécessaires
10:34 pour que cet étudiant-là, il réussisse son parcours académique,
10:38 c'est-à-dire de faire un tautorat,
10:40 de lui passer des notes des cours,
10:41 parce qu'un étudiant exilé n'a pas forcément un ordinateur,
10:45 donc il ne peut pas taper derrière le prof qui parle vite,
10:48 et aussi d'avoir des cours de méthodologie spécifiques,
10:52 parce que le fait de savoir faire une dissertation,
10:55 c'est une méthodologie française,
10:57 mais ce n'est pas forcément un étudiant exilé
10:59 qui vient de Syrie ou de l'Afghanistan,
11:01 il a eu la même méthodologie académique.
11:05 C'est ça, ce qu'on travaille et ce qu'on essaie de faire
11:08 avec les agents universitaires.
11:09 -Le temps passe hyper vite, il nous reste 1 minute, 32 minutes.
11:13 Il faut qu'on fasse le lien avec l'actualité.
11:16 Que dit aujourd'hui ce projet de loi Asile-immigration
11:19 pour l'accueil des étudiants étrangers ?
11:21 Et pourquoi, aujourd'hui, les associations dénoncent
11:24 des atteintes sans précédent aux droits des personnes exilées ?
11:27 -Il dit une seule phrase,
11:29 "restreinte l'accès et l'intégration
11:32 "des personnes exilées qui sont déjà en France."
11:34 D'où arrive cette intégration
11:37 qui est hyper volontaire de la part des personnes exilées.
11:40 Si je parle de ce qui est lié aux étudiants exilés,
11:43 là, par exemple, il y a l'article 1G
11:46 qui a été ajouté par la commission des lois au Sénat.
11:51 Elle prévoit, par exemple, un contrôle annuel
11:56 sur la carte pluriannuelle des étudiants
11:59 qui sont venus en France pour étudier.
12:01 Qu'est-ce que fait ça ?
12:02 Ca ajoute un stress qui est énorme
12:06 d'un étudiant qui est censé être stable,
12:09 focus seulement sur ses études.
12:11 -C'est comme si on venait contrôler un étudiant français
12:14 en lui disant au bout du 1er semestre,
12:16 "Tiens, tes résultats, c'est pas trop ça."
12:19 -C'est exactement ça, parce qu'ils ont ajouté
12:22 un caractère réel et sérieux des études.
12:25 "Qu'est-ce que ça veut dire, ça ?"
12:27 On ne sait pas, et ça a donné un pouvoir au préfet,
12:31 à la préfecture, en fait, de savoir si cette étude
12:35 ou ce parcours-là était réel ou sérieux.
12:38 Et ça, en fait, ça limite aussi la liberté académique
12:42 et la liberté des universités aussi
12:45 de faciliter l'intégration et l'accès
12:48 des étudiants étrangers et exilés.
12:50 -Vous, en quelques secondes,
12:52 êtes-vous en ce moment là pour essayer de...
12:54 de contrer ce projet de loi Asile-Immigration ?
12:58 -On appartient à un groupe collectif
13:01 qui est géré par Vox public et coordonné par Vox public.
13:04 Là, on est avec 51 associations
13:07 qui soutiennent les personnes exilées
13:09 et, pour la première fois, les associations
13:12 de personnes exilées qui ont une voix
13:14 pour dénoncer cette loi-là et travaillent beaucoup
13:17 pour améliorer cette loi. Malheureusement,
13:20 on n'est pas très écoutés. -Vous n'êtes pas trop écoutés.
13:23 -On n'est pas très écoutés, on essaie beaucoup,
13:25 mais on lutte encore et on essaie.
13:27 Avec les actualités, on voit que ça va devenir
13:30 de plus en plus dur, mais on travaille beaucoup
13:33 pour changer cet accès-là et cette intégration
13:36 pour que ça devienne une intégration réelle et facile
13:39 des étudiants et des personnes exilées.
13:41 -Bon courage, Rudy Haussmann, pour ce combat noble.
13:44 Vous êtes le fondateur de l'Union des étudiants exilés.
13:47 C'est le numéro de Smart Education.
13:49 Merci à vous de nous avoir suivis.
13:51 On se retrouve très vite pour un nouveau numéro.
13:54 Sous-titrage ST' 501
13:56 ...

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