Vendredi 10 novembre 2023, SMART ÉDUCATION reçoit Géro Vigney (Directeur général, École 42 Perpignan)
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00:07 -Bonjour à toutes et à tous.
00:09 Je suis ravie de vous retrouver dans votre magazine hebdomadaire
00:13 "Smart Education", un magazine dédié aux nouveaux métiers,
00:16 nouvelles formations, nouvelles pédagogies,
00:18 également aux nouvelles technologies de l'éducation.
00:21 Focus aujourd'hui sur une école, que dis-je, un modèle,
00:25 l'école 42, qui fait de cette année ses 10 ans la promesse
00:28 et ne ressemblait à aucune autre.
00:30 Former des professionnels de l'informatique gratuitement,
00:33 sans conditions de diplôme ni prérequis,
00:36 et puis ensuite, sans cours et sans professeur.
00:39 10 ans et 37 000 étudiants dans le monde.
00:41 Après, nous faisons point avec un des directeurs
00:44 des sept campus français, Géraud Vignier,
00:47 directeur général de l'école 42 Perpignan,
00:49 ancien étudiant de l'école 42 à Paris.
00:51 Bonjour, Géraud Vignier. -Bonjour.
00:54 -Merci de nous accompagner dans "Smart Education".
00:57 2e rentrée pour l'école 42 Perpignan.
00:59 Comment s'est décidé l'implantation de ce campus en Occitanie ?
01:02 -Il y a eu une volonté des collectivités territoriales
01:05 d'accueillir une école 42 sur Perpignan.
01:08 Après, il y a eu un enthousiasme d'un consortium d'entreprises
01:12 qui s'est porté, membres fondateurs, sur le projet.
01:15 La magie a opéré et l'école a ouverte.
01:17 -Il a fallu un peu de temps ? -Oui, oui.
01:19 Oui, ça...
01:20 Le projet a été entamé juin 2019,
01:24 et l'ouverture, l'accueil de la 1re promo,
01:26 était le 2 février de cette année.
01:28 -Est-ce que l'école 42, c'est comme une franchise ?
01:31 Les process sont les mêmes,
01:32 mais chacun a un peu son mode de fonctionnement
01:35 ou c'est pareil partout ?
01:37 -Non, je pense qu'on a à peu près tous le même mode de fonctionnement.
01:41 Après, on a des partenaires différents,
01:43 des ambiances différentes au sein des campus,
01:46 puisqu'il y a des forts impacts du territoire.
01:49 En pays catalan, forcément,
01:51 on est plus orienté sur le sud,
01:55 le soleil, les sorties et tout ce qui va avec.
01:58 Mais non, toute la pédagogie est la même,
02:00 peu importe le campus.
02:02 -On va revenir sur cette pédagogie.
02:04 Sur ce modèle particulier, sans cours, sans prof,
02:07 comment cette formation est-elle articulée ?
02:09 -Alors, en fait, on confie des projets
02:13 avec des problématiques de code aux étudiants.
02:16 C'est à eux d'aller chercher la réponse à cette problématique
02:19 et de faire du pire tout pire.
02:21 Ils vont créer de l'intelligence collective,
02:24 ils vont faire du partage d'intelligence collective
02:27 et ils vont aller chercher les informations sur Internet
02:30 et sur toutes les sources pour répondre à cette problématique.
02:33 -Donc, par projet ? -C'est ça.
02:35 -Combien de temps dure un projet pour résoudre une problématique ?
02:39 -Ca dépend des projets.
02:40 Il y a des petits projets qui vont mettre une semaine,
02:43 des projets plus longs, sur lesquels ils vont travailler.
02:46 -Et combien de temps dure la formation ?
02:49 -Comme vous le savez, à 42, il n'y a pas de temporalité.
02:52 C'est l'étudiant qui va adapter le cursus à sa tempo,
02:56 au temps qu'il a à dégager sur son cursus.
03:01 Ca peut aller très vite,
03:02 ça peut être en 18 mois et en moyenne 3 ans.
03:06 -On en a déjà parlé ici, mais vous pouvez nous rappeler
03:09 en quoi consiste cette épreuve dite de la piscine ?
03:12 -C'est 4 semaines d'immersion totale
03:14 dans l'apprentissage de la programmation.
03:17 -C'est dès le début. -Dès le début.
03:19 -Ils passent les jeux en ligne,
03:21 donc 2 jeux de 2h04 de logique algorithmique et de mémoire.
03:26 S'ils réussissent ces jeux, on les invite à passer une piscine.
03:29 La piscine, c'est 4 semaines d'apprentissage.
03:32 Il n'y a pas besoin de savoir coder en amont
03:34 ou d'être fort en maths, c'est accessible à tout le monde.
03:37 On va reprendre depuis les bases.
03:40 Jour après jour, avec la gamification du parcours,
03:42 ils vont appréhender des problématiques
03:45 de plus en plus compliquées
03:47 jusqu'à savoir coder au bout des 26 jours.
03:51 -C'est intéressant ce que vous dites,
03:53 c'est des gens qui n'ont jamais codé.
03:56 -Sur le campus de Perpignan, 65 % de nos profils
04:01 n'avaient jamais codé avant d'arriver à 42.
04:04 -L'inscription est gratuite, c'est ce que je disais.
04:07 Comment elle est financée ?
04:08 -Par des mécènes. On a un collectif de mécènes
04:11 qui soutiennent l'association de 42 Perpignan-Cytanie.
04:16 Et par les pouvoirs publics, on est accompagné
04:19 par la mairie de Perpignan,
04:20 par Perpignan-Méditerranée-Métropole,
04:23 l'agglomération, et la région Occitanie.
04:25 -Combien d'étudiants vous accueillez ?
04:27 Deuxième rentrée ?
04:29 -On est à près de 300 étudiants sur les deux rentrées,
04:32 sur celle de février et celle du mois d'octobre.
04:34 -Les étudiants de l'école 42 Occitanie-Perpignan
04:37 étaient répartis en coalition.
04:39 C'est quoi, ça ? Comment ça marche ?
04:41 -Ca fonctionne un peu comme les maisons dans Harry Potter.
04:45 On a quatre coalitions, la terre, l'eau, l'air et le feu.
04:49 Et en fait, ils s'affrontent,
04:51 ils se challengent les uns les autres,
04:53 ils gagnent des points, et à la fin de l'année,
04:56 il y a la soirée de la plus grosse coalition.
04:58 -Comment ça vous est venu ?
05:00 -Ca fait partie de la gamification,
05:02 c'est histoire de mettre un peu de jeu dans le cursus,
05:05 et de les challenger entre eux. C'est du challenge positif.
05:08 On participe à des événements, ils gagnent des points,
05:11 ils font des erreurs, ils perdent des points,
05:14 ils enrichissent des gens, ils gagnent des points.
05:17 C'est un peu comme des quêtes dans un jeu vidéo.
05:19 -On a parlé de codage, d'informatique.
05:22 Ces profils-là, ils sont formés à devenir développeurs web ?
05:25 -Oui. Tout ce qui va être expertise en technologie numérique,
05:28 donc la programmation, la data science, l'UX design,
05:32 vraiment tout ce qui va toucher au spectre
05:34 de l'expertise en technologie numérique.
05:36 -Il y a des besoins, aujourd'hui, sur ces métiers.
05:39 -Regardez les chiffres, juste avant l'émission,
05:42 on a eu un nombre de 80 000 développeurs en France sur 2023.
05:45 -Quel est le profil type de ces étudiants, s'il y en a un ?
05:49 La formation, vous le disiez, est ouverte à tous.
05:51 Des gens qui n'avaient pas forcément codé au départ.
05:54 Est-ce qu'il y a un profil type ?
05:56 -Pas vraiment. Je pense qu'on va lutter un peu contre ça.
05:59 On est vraiment ouverts à tous et à toutes.
06:02 Il n'y a pas de profil qui ressemble à un autre profil.
06:05 Ca arrive de tout horizon.
06:07 C'est ce qui fait aussi la richesse de 42.
06:09 Pour faire du partage d'intelligence collective,
06:12 on ne peut pas penser de la même façon.
06:14 Si on arrivait tous avec le même profil, ça n'aurait pas de sens.
06:18 -C'est des gens qui viennent d'où ?
06:20 -Géographiquement, pour 42 Perpignan,
06:22 c'est majoritairement d'Occitanie.
06:24 70 % de nos profils sont d'Occitanie.
06:26 Après, on a 19 nationalités différentes sur le campus.
06:30 Ca vient vraiment "around the world".
06:32 On a de Tokyo, de Berlin, du Bénin...
06:36 Ca vient vraiment partout.
06:38 -Qu'est-ce que ça crée, cette diversité,
06:41 cette diversité d'apprentissage ?
06:42 -Je ne sais pas si ça apporte quelque chose sur la pédagogie,
06:46 mais en termes d'apprentissage,
06:48 ça ouvre vraiment les portes à tout.
06:50 Ca parle multilangues sur le campus.
06:52 C'est très riche.
06:53 -Le combat de la parité, Gérovinia,
06:55 n'est pas encore gagné. -Non.
06:57 -Comment expliquer que le codage,
06:59 c'est encore un secteur hyper masculin ?
07:02 On va voir les chiffres s'afficher.
07:04 On est sur une vingtaine de pourcent de filles sur la 1re,
07:07 peut-être un peu moins sur la 2e rentrée.
07:10 On est à 15 % de présence féminine, les deux promos confondus.
07:13 On avait 23 % sur la 1re et un peu plus de 10 % sur la 2e.
07:16 Je ne sais pas comment l'expliquer,
07:18 car aujourd'hui, on met tout en place
07:20 pour que les femmes se sentent à leur place
07:23 au sein de la formation dans la TEC,
07:25 donc pas que sur 42,
07:26 au sein de l'ensemble des formations.
07:29 On a une association qui est vraiment chère à nos cœurs
07:32 sur 42 Perpignan-Occitanie,
07:34 qui s'appelle les Proxy Girls,
07:36 qui organise des rencontres avec des femmes
07:38 qui ont réussi à exercer le métier qu'elles voulaient
07:41 avec des lycéennes et des collégiennes.
07:44 On organise des Piscines Discovery,
07:46 qui sont des découvertes du code sur 5 jours réservées aux femmes.
07:50 Je pense vraiment qu'il faut qu'elles se sentent en sécurité
07:53 dans ce type de formation,
07:55 qu'elles se disent que c'est fait aussi pour elles.
07:58 -Vous dites qu'il y a un travail à faire en amont
08:01 pour les attirer.
08:02 Du côté des entreprises, peut-être,
08:04 vos entreprises partenaires,
08:06 elles ont un travail à faire là-dessus.
08:08 -Elles bossent tous les jours à nos côtés.
08:11 On essaie au maximum de créer des liens
08:13 avec les femmes dans les entreprises
08:15 avec lesquelles on travaille,
08:17 pour qu'elles viennent présenter le métier
08:19 et découvrir les étudiantes sur place,
08:22 leur dire qu'elles ont un avenir aussi chez eux.
08:24 C'est un combat de tous les jours, mais il est loin d'être gagné.
08:28 -Vous parliez d'un secteur de métier très en tension.
08:31 Aujourd'hui, c'est quoi ?
08:33 On peut dire que 100 % des étudiants
08:35 qui sortent de l'école 42 trouvent du travail,
08:38 c'est le but de cette formation ?
08:40 -Il y a 100 % d'employabilité à la sortie de 42,
08:42 voire des fois avant la sortie de 42.
08:45 Il faut faire comprendre à nos étudiants
08:47 que malgré les salaires très attractifs,
08:49 c'est important d'aller jusqu'à la fin de la formation
08:52 pour ne pas être cantonné à faire uniquement
08:55 le même spec technique dans une entreprise.
08:58 Oui, on a plutôt l'effet inverse, on a du mal à les tenir
09:01 et ils ont envie d'aller travailler plus vite.
09:03 -Ca leur arrive d'être débauchés même avant la fin de leur cursus
09:07 avec lesquels vous travaillez ?
09:09 -Ou pas, avec des entreprises avec lesquelles on travaille,
09:12 qui viennent toquer à la porte de 42,
09:14 qui sont en recherche forte de développeurs
09:17 et qui ont besoin même sur des petites compètes,
09:20 des petits aspects de développeurs au jour le jour.
09:23 -Vous parliez tout à l'heure au moment
09:25 de cette implantation du campus en Occitanie,
09:28 la création de l'école 42 Perpignan.
09:30 Le concept 42, c'est aussi être très proche des entreprises.
09:33 A quoi ressemble le vivier d'entreprises
09:36 dans le sud de la France ?
09:38 On parle ici beaucoup de start-up, dans la région parisienne.
09:41 Est-ce que c'est pareil ? Les entreprises sont les mêmes ?
09:44 -Nous, on n'a pas vraiment de profil start-up
09:47 sur les partenaires de 42 Perpignan-Occitanie.
09:50 On a Veolia, notre mécène premium,
09:53 qui est là au jour le jour avec nous.
09:55 Après, on a plein de petites entreprises
09:57 qui n'ont pas forcément de lien direct avec la tech,
10:00 qui peuvent être dans le bâtiment, en maçonnerie, en plomberie,
10:04 mais qui voient déjà les aspects futurs de la tech
10:07 sur leur métier, notamment avec l'intelligence artificielle.
10:10 C'est vraiment des profils d'entreprises totalement variés.
10:13 -Ces étudiants seront amenés à travailler.
10:16 C'est pas que des entreprises de la tech qui cherchent des développeurs.
10:20 -Il y a aussi des entreprises qui n'ont pas forcément
10:23 de lien fort avec la tech, ou qui ne vendent pas de produits tech,
10:26 mais qui vont utiliser la tech dans leurs outils au quotidien.
10:30 -Elles auront des besoins ? -Elles ont déjà des besoins.
10:33 -Je sais qu'à Paris, ça marche aussi un peu comme ça.
10:36 Il y a des entreprises qui sont sur le campus.
10:38 Est-ce que vous êtes très proches aussi,
10:41 ne serait-ce que localement, géographiquement,
10:44 de ces entreprises ?
10:45 -Oui, on en a certaines qui passent régulièrement.
10:49 Je ne vais pas les citer, parce qu'il y en a vraiment beaucoup.
10:52 On a près de 180 entreprises partenaires
10:54 sur 42 Perpignan-Occitanie.
10:56 Mais on a des entreprises qui ont des permanences,
10:59 qui restent sur le campus, qui se nourrissent des étudiants,
11:02 avec l'intégralité des étudiants qui sont sur place.
11:05 On a créé un Human Labs avec une entreprise
11:08 qui s'appelle Profileo, spécialisée dans le e-commerce,
11:11 qui est un peu partout, en France et à l'étranger,
11:14 qui challenge les étudiants,
11:16 qui leur confie des projets de recherche et de développement,
11:19 et qui sont sur le campus,
11:21 je ne vais pas dire au minimum une fois par semaine,
11:24 mais au moins deux fois par mois pour chacune.
11:26 -Ca vous permet d'être au plus proche des besoins des entreprises ?
11:30 -Ca nous permet de prendre directement leurs besoins
11:33 au jour le jour et d'être très efficients.
11:36 Quand ils ont un problème, on est là directement avec eux
11:39 et on peut réagir ou monter un projet avec l'entreprise.
11:42 -Géroviné, quels sont vos prochains objectifs
11:45 pour l'école 42 Perpignan ?
11:46 -Les prochains objectifs, c'est d'attirer
11:49 encore plus d'entreprises de renommée internationale
11:52 sur Perpignan, qui vont venir au plus proche des étudiants,
11:55 qui vont pouvoir leur proposer du travail
11:58 ou des challenges de réflexion.
12:00 Et puis, la prochaine promo, en juillet 2024,
12:02 où on commence déjà à recruter les étudiants.
12:05 -Il y en a combien par an ? Deux, c'est ça ?
12:07 -Sur la première année, en fait, on a lancé deux promos,
12:11 puisqu'on a eu une très, très forte demande.
12:13 Sur 2024, on ne va pas pouvoir pousser les murs,
12:16 donc on ne fera pas de promos d'hiver.
12:18 On va laisser tranquilles nos étudiants qui viennent de rentrer
12:22 et on en fera une en juillet 2024 et août 2024.
12:24 -Géroviné, il y a une question que je pose
12:27 un peu à tous mes invités cette année,
12:29 en une phrase, vraiment, vous pouvez me dire ça,
12:32 en quelques mots. Quel est, selon vous,
12:35 le modèle éducatif idéal ? -Celui de 42,
12:37 où c'est vraiment l'étudiant qui va décider du temps
12:40 qu'il va accorder à son cursus.
12:42 On n'a pas tous les mêmes problématiques de vie
12:45 et c'est vrai que quand on nous impose d'être présent
12:48 de telle heure à telle heure, à tel endroit,
12:50 et apprendre telle notion, c'est pas forcément efficient.
12:54 On n'est pas toujours prêts à entendre
12:56 ce qu'on doit apprendre sur le moment.
12:58 -Un modèle basé sur l'autonomie. -Oui, c'est ça.
13:01 Basé sur l'autonomie, où il n'y a pas de contraintes horaires,
13:05 où on peut travailler en échange avec les autres
13:08 et où on ne fait pas un transfert de connaissances,
13:10 mais où on va la chercher. -Merci, Géroviné,
13:13 d'avoir répondu à nos questions. Vous êtes le directeur général
13:17 de l'école 42. Merci d'avoir été avec nous.
13:19 Merci à vous de nous avoir suivis.
13:21 On se retrouve très vite pour un nouveau numéro de Smart Education.
13:26 À bientôt.
13:27 SOUS-TITRAGE : RED BEE MEDIA
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