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Mardi 30 mai 2023, SMART ÉDUCATION reçoit Cyril Seghers (Fondateur, Skilleos)

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00:00 -Bonjour à toutes et à tous. Bienvenue dans ce nouveau numéro de Smart Education. Smart Education,
00:13 c'est un magazine dédié à la formation, aux nouveaux métiers, aux nouvelles pédagogies.
00:18 C'est le rendez-vous qui donne un futur à la jeune génération. Nous nous intéressons
00:22 aujourd'hui au e-learning. Ce sont des formations en ligne dont le poids est de plus en plus lourd
00:27 dans le paysage éducatif. Et pour comprendre comment a évolué la place de ces formations
00:32 en ligne, nous recevons Cyril Séguer qui est fondateur de Skileos, une start-up consacrée
00:37 à la formation en ligne qui a été créée il y a une dizaine d'années. Bonjour Cyril.
00:42 -Bonjour Cyril, enchanté. -Merci beaucoup d'être avec nous aujourd'hui.
00:45 -Merci d'en savoir. -Skileos a été créée il y a une dizaine d'années,
00:47 à une époque où la formation en ligne n'était pas forcément aussi développée qu'aujourd'hui.
00:52 De quels constats est née l'envie de créer Skileos ?
00:56 -Le constat était double. Il y a une dizaine d'années maintenant, en 2012, je faisais
01:01 mon dernier travail salarié chez Hopon, après être passé par des marketplaces comme Pixmania
01:07 ou Amazon. Et chez Hopon j'ai eu deux constats assez forts à l'époque. Premièrement, il
01:12 n'y avait pas d'acteur de référence ou de destination évidente pour les consommateurs
01:19 pour pouvoir choisir une formation. Je parle de site de référence un peu comme on peut
01:22 avoir avec un Airbnb, un Amazon ou un Spotify. -Oui, une plateforme fédératrice.
01:27 -Exactement, où il y a vraiment un catalogue large. Et le deuxième constat, c'est qu'il
01:31 était très difficile pour un utilisateur en particulier de choisir un cours. Et le
01:36 paradoxe est assez simple. Si je prends un exemple comme After Effects, qui est assez
01:40 complexe. Si vous, Cyril Demain, voulez apprendre After Effects, comme il n'y a pas de plateforme
01:45 de référence, vous allez chercher sur Google. Après avoir passé un petit peu de temps
01:49 et trouver peut-être 5, 6, 7 formations, vous allez vous dire "comment je fais mon choix".
01:53 Il y a une disparité de longueur, de contenu, de prix, d'expertise, de format. Et comme
01:59 vous êtes débutante, vous n'êtes pas donc encore experte pour choisir. Et c'est vraiment
02:03 ces deux constats forts qui font que le consommateur était un peu perdu et passait beaucoup d'heures
02:08 à soit chercher, soit apprendre des choses dont il n'était pas sûr ou il ne pouvait
02:12 pas retirer beaucoup de choses. -D'accord. Et parce que dans un communiqué,
02:16 vous dites aussi qu'à l'époque, il fallait changer l'image que l'on se faisait du e-learning.
02:21 Quelle était cette image de cette époque et est-ce que ça a changé par la suite ?
02:25 -Tout à fait. L'image du e-learning, le e-learning, je dirais dans les années 2000-2010, c'était
02:28 beaucoup plus dans le milieu professionnel et moins accessible en public. Et dans le
02:32 milieu professionnel, c'était plutôt un écran, une interface dédiée à tous les
02:39 menus mais assez peu de place pour l'apprentissage, des petits bonhommes, des choses pas très
02:43 interactives, des choses pas très fraîches et ludiques. Et donc l'apprenant, qui en
02:47 l'occurrence, c'était un salarié, donc c'était le milieu de l'entreprise, c'était plus
02:51 un "je dois apprendre" et pas "je veux apprendre". Et nous vraiment, chez Stylos, on a tenté
02:56 de changer ça en se disant "l'utilisateur, il peut apprendre où il veut et il peut surtout
03:00 ne pas apprendre s'il n'en a pas envie". Donc on ne doit pas le forcer et être dans
03:04 des canaux ou dans des vecteurs du "je dois", que ce soit vraiment "je veux", "j'ai envie
03:09 d'apprendre", "j'ai envie de progresser" et "j'ai envie de m'épanouir".
03:11 - Mais parce que quand vous dites que la personne ne savait pas forcément vers quelle formation
03:17 se tourner, si c'était un salarié, est-ce qu'il n'était pas aiguillé par son entreprise ?
03:23 - Il était aiguillé par son entreprise, mais ça a évolué depuis quelques années. Mais
03:28 avant, les entreprises répondaient plus "ok, je coche une case, je dois former mes salariés
03:33 sur du réglementaire, sur des langues ou sur de la bureautique, je vais prendre un prestataire
03:37 et moi mon travail de RH, il y a quand même quelques années maintenant, c'était juste
03:42 je dois proposer une formation, un outil de formation pour cocher les cases anciennement
03:47 du 1% formation". Et ensuite d'autres acteurs sont arrivés, se sont adressés à d'autres
03:51 publics, à des particuliers en direct et à ce moment-là, c'est un petit peu renversé
03:56 la table, apporter de la nouveauté et challenger les acteurs historiques de la formation en
04:01 ligne aussi appelée leur nick.
04:02 - Parce que vous, l'objectif de ce qu'il y a eu c'était vraiment de s'adresser à tous
04:04 les particuliers et du coup, votre travail c'était de changer la mentalité et de s'adresser
04:08 à un plus large public.
04:09 - Exactement, en fait moi j'ai toujours eu comme... mais c'est assez personnel, on se
04:13 dit si on fait une boîte juste pour cocher une case et aller prendre un budget totalement
04:18 existant, est-ce que le produit, le service qu'on fait est bien ou pas bien ? Est-ce qu'il
04:23 va juste être acheté ou être consommé ? Finalement on ne sait pas trop. Quand on s'adresse
04:27 à des gens qui vraiment, soit achètent, soit apprennent parce que c'est leur choix,
04:32 finalement on a le vrai utilisateur final qui est en train de faire ce choix et qui
04:37 va suivre la formation.
04:38 - Et comment vous avez fait du coup pour mettre en place cette idéologie d'entreprise en
04:43 fait ?
04:44 - Alors, la question est un peu large mais en fait on s'est vraiment attaché à ces
04:51 deux principes fondateurs qui est proposer un catalogue vraiment complet pour que chacun
04:56 individu mais qui peut être dans la peau d'un salarié, d'un parent, d'un enfant puisse
04:59 apprendre tout au long de sa vie et donc finalement ce qu'il est aussi la destination
05:03 pour apprendre, s'épanouir, progresser en développement personnel et professionnel
05:08 tout au long de sa vie. Et comment on a vraiment une approche en fait très sélective, on
05:12 a une équipe pédagogique qui va aller sélectionner des experts et des cours, des experts dans
05:16 chaque domaine pour proposer les cours sur le site. Et en fait finalement, un petit peu
05:22 la secret sauce ou ce qui fait un petit peu la différence sur ce qu'il est aussi c'est
05:25 que finalement il y a des cours que des apprenants, que des internautes trouvent très rébarbatifs.
05:31 Au bout de 3-4 minutes on se dit "oh j'ai envie de zapper cette vidéo parce que vraiment
05:34 c'est pas entraînant". Mais nous, nos experts, que ce soit des formateurs, des professeurs,
05:39 des coachs, on appelle ça des experts, ils sont en même temps, enfin ils ont trois caractéristiques
05:43 chez nous, ils ont en même temps la crédibilité et de l'autorité, ça fait vraiment des dizaines
05:47 d'années qu'ils pratiquent la matière, très longtemps qu'ils enseignent dans le
05:50 milieu traditionnel, on va dire offline et en online. Ce sont également des gens qui
05:56 savent connecter, c'est-à-dire que je pourrais avoir une super expertise, être résoporifié,
06:00 parler comme ça, bon bah déjà en live c'est dur, mais quand il y a un écran entre les
06:04 deux et qu'on a le parasitage, on a le téléphone qui sonne, on a les amis, etc. c'est encore
06:09 plus dur. Et troisièmement, c'est peut-être ça qui fait la différence, c'est qu'on a
06:11 vraiment des passionnés. Il y en a des gens qui sont passionnés, que ce soit de dessin,
06:15 de développement professionnel, de yoga, de soutien scolaire, de prise de parole en
06:19 public, ils ont envie de transmettre un message, on leur impose pas un format trop rigide en
06:24 disant chaque vidéo doit faire une minute trente, ton cours doit faire une heure maximum,
06:27 et donc ils ont le temps de transmettre cette passion, de mettre des tips, des trucs et
06:32 astuces et en fait, comment finalement ça se caractérise et on sait que ça plaît,
06:37 c'est tous les avis qu'on a des utilisateurs, que ce soit sur le site, que ce soit sur la
06:42 page Google, que ce soit sur les stores Apple, Android, et les gens vraiment sont contents
06:46 parce qu'il y a de la praticité dans l'apprentissage, ils en ressortent avec tout ou partie de leur
06:51 objectif d'apprentissage qui est coché et qui est atteint. Et ça c'est vraiment en
06:57 fait une différence et même nous en interne on se dit il y a beaucoup de plateformes où
07:00 on décroche rapidement et sur Skidéo c'est parce qu'il y a ce petit truc en fait humain
07:05 et on connecte bien qu'on soit à distance en e-learning avec un ordinateur ou un téléphone
07:10 d'ailleurs. Parce qu'en termes de format, les professionnels
07:13 ils peuvent lancer leur formation comme ils le souhaitent, le nombre de vidéos, de temps
07:19 de vidéos etc. En fait non, c'est pas du tout comme ils
07:23 le souhaitent mais on a vraiment une équipe pédagogique qui échange avec l'expert, en
07:29 fait si on va un peu dans les coulisses de Skidéo, on a cette équipe pédagogique quand
07:34 on veut sortir un nouveau sujet, que le sujet soit poussé par l'équipe, par les experts
07:41 ou la plupart du temps par nos apprenants ou par des études, à ce moment-là on va
07:45 regarder tout ce qui existe sur internet, dans les bouquins etc. On va aller sélectionner
07:51 des experts qui répondent à ces différents points et ensuite on va partir en production
07:56 dans la construction d'un cours avec cet expert. Donc l'expert propose parce que c'est
08:00 lui qui a l'expertise et ensuite Skidéo va dire ok, proposé ça c'est super et
08:04 tac tac tac en termes de pédagogie, là c'est un peu long, là il y a le cadrage, là il
08:08 va manquer telle thématique, là il faut embarquer l'apprenant comme ça et donc
08:12 on essaie de ne pas brider l'expert dans toute sa connaissance et sa passion, ça reste
08:17 des passionnés et nous on va apporter la brique pédagogique et en cadrant bien sur
08:21 le fait que ce soit un format à distance, online et c'est pas comme dans une classe
08:26 où même si le prof se trompe un petit peu, à la rigueur l'élève lève la main, pose
08:31 une question et c'est recadré. Donc là on doit vraiment avoir des choses très carrées
08:34 et très performantes. Un équilibre entre fonds forme en fait. Exactement. Et donc là
08:39 comme ça fait 10 ans que vous êtes sur le secteur, comment ça se passe aujourd'hui,
08:43 est-ce que le marché est extrêmement segmenté, est-ce qu'il y a beaucoup de concurrence,
08:48 est-ce qu'il y a beaucoup aussi des visiteurs de plus en plus qui croient dans l'utilisation.
08:54 Alors avant de parler de Skidéo, je vais parler un peu du marché. Ce qui est assez
08:58 étonnant c'est qu'effectivement il y a 10 ans je relevais un peu un paradoxe en
09:01 disant pourquoi il n'y a pas encore d'acteurs de référence comme un Amazon et 10 ans après
09:06 il n'y a toujours pas un acteur qui a émergé et Skidéo ça a plutôt une bonne position
09:10 pour être l'acteur qui est un petit peu sur toutes les lèvres de main. Et en fait
09:13 il y a beaucoup d'acteurs qui sont sur des verticales. Je ne vais faire en tant qu'entreprise,
09:17 je ne vais faire que des langues, que de la bureautique, que du design, que du soutien
09:21 scolaire. Et donc finalement chacun de ces acteurs a assez peu de notoriété, a des
09:25 plateformes technologiques qui ne sont pas si poussées que ça, n'a pas toujours eu
09:31 le luxe de développer des apps sur tous les systèmes comme il le voulait. Et donc on
09:35 est très peu d'acteurs au monde, peut-être deux ou trois, qui avont vraiment un catalogue
09:39 aussi large, voire le seul à avoir un catalogue aussi large, à être vraiment pour tous les
09:45 moments de la vie, pour les adultes, tous les plus 18, autant sur le pro que sur le
09:49 perso. En fait il y a 5 univers, pro, langue, bien-être et loisir, qui sont vraiment pour
09:55 tous les âges. Et il y a en plus l'univers jeunesse, qui là est vraiment pour les plus
10:00 jeunes, on a du soutien scolaire, du CP à la terminale de manière très large, plus
10:05 du code de la route et plus pas mal de cours faits vraiment pour les jeunes entre 5 et
10:10 12 ans au sens large, que ce soit des langues spécifiques, que ce soit du yoga, que ce
10:15 soit de la musique, parce que forcément on n'apprend pas à 6 ans comme on apprend
10:18 à 30 ans. Et là, dans votre actualité, vous allez mener une levée de fonds jusqu'à
10:22 l'automne. C'est pour cette raison, d'après ce que j'ai compris, une startup auto-financée,
10:25 donc ça veut dire que le business model reposait seulement sur l'achat des cours par les particuliers
10:30 ou par les professionnels qui veulent le suivre. Exactement, et même auto-financé, on a même
10:36 été presque un peu jusqu'au bouti, c'est presque réinvesti plus qu'auto-financé.
10:41 En fait on a quasiment jamais pris de prêts, de subventions ni rien, en se disant finalement
10:46 l'argent qu'on veut dépenser c'est l'argent qu'on a gagné, donc on a toujours réinvesti.
10:50 Effectivement là on est dans un modèle où on est en croissance, on est rentable, et
10:55 surtout avec des bases solides, on a effectivement un catalogue complet avec beaucoup de sélection
11:01 de la part de notre équipe, on a un produit qui satisfait et on a finalement cette matérialisation
11:06 de la part de nos apprenants et de nos clients financeurs B2B avec une satisfaction des
11:12 deux côtés. Pour ça on se dit là on peut vraiment accélérer. Et donc en fait il y
11:15 a deux options, soit on continue sur notre croissance en étant auto-financé, soit effectivement
11:20 maintenant on va faire le lever de fond simplement pour accélérer un petit peu plus.
11:24 Donc se tourner vers des fonds extérieurs, c'est pour juste changer d'échelle en fait.
11:28 Exactement. Et donc les objectifs à moyen terme de Skidio, lesquels seront-ils ?
11:32 Alors les objectifs à moyen terme, ils sont vraiment, je les résumerai de manière hyper
11:40 simple, c'est vraiment le "Attawadak", ça vous parle ? Non. C'est un vieux concept
11:46 amérindien, non pas du tout. Ça veut dire simplement "Anytime, Anywhere, Anydevice,
11:51 Anycontent". C'est-à-dire de toucher le plus grand nombre de personnes possible sur
11:55 la planète entière ? Toucher le plus grand nombre de personnes
11:56 possible, oui, mais aussi de vraiment matcher, correspondre aux attentes des apprenants.
12:01 C'est-à-dire voilà, je veux apprendre quelque chose, je peux l'apprendre tout le temps,
12:04 je peux l'apprendre n'importe où, je peux l'apprendre sur n'importe quel device, effectivement
12:08 web, mobile, etc. Et je peux apprendre tous les contenus que je veux. Donc ce n'est pas
12:12 simplement le e-learning, c'est de la vidéo devant un ordinateur. Ça va être également
12:17 sur un téléphone mobile et parfois ça va être du texte, parfois ça va être de l'audio,
12:21 parfois ça va être de la vidéo. Et c'est vraiment juste se dire, en tant qu'utilisateur,
12:25 je ne vais pas apprendre sur cette plateforme, mais qu'est-ce que je veux apprendre et je
12:29 vais trouver la réponse sur ce qu'il est, c'est pas simplement en termes de contenu.
12:32 Oui, mais quelle va être la plateforme la plus appropriée à ce que je voudrais apprendre.
12:35 Exactement. C'est ça le travail pour vraiment s'adapter aux besoins de l'utilisateur et
12:39 pouvoir être dans tous ces moments de vie, des moments d'apprentissage, tant qu'il soit
12:43 dans le bus, en train de courir, devant son ordinateur, sa tablette sur son canapé et
12:49 avec les différents formats qui vont bien pour correspondre à son apprentissage.
12:53 Eh bien merci beaucoup Cyril Séguer. Je rappelle que vous êtes fondateur de Skilléos. Merci
12:58 d'avoir pris le temps d'être avec nous. Merci beaucoup.
13:00 Et quant à nous, on se retrouve demain pour un nouveau numéro de Smart Education.
13:04 [Musique]