PLACE AUX FLAMMES - Emission du 17 mai 2023

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Mercredi 17 mai 2023, PLACE AUX FLAMMES reçoit Elena Pougin (Responsable éditoriale et journaliste luxe)

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Transcript
00:00 [Musique]
00:06 Salut Elena, j'espère que tu vas bien. Je suis hyper heureuse de faire cette première flamme avec toi, ma première flamme aussi.
00:14 On est à Sciences Po, dans un lieu qui je crois a beaucoup compté pour toi.
00:19 Et pour que tout le monde le sache, on se connaît de l'agence W, du coup, parce que tu travailles, on travaille ensemble à l'agence.
00:26 Et du coup, je vais peut-être te laisser te présenter en quelques mots.
00:30 Oui, bien sûr. Salut Manon. Donc oui, moi je suis Elena, j'ai 22 ans, je travaille chez W en tant que consultant de contenu.
00:37 Et j'ai effectivement passé 5 années ici à Sciences Po, donc d'abord sur un campus à Reims et là depuis 2 ans à Paris.
00:45 Donc oui, je suis assez familière des lieux.
00:47 Il y a quelques semaines, tu as publié un post sur LinkedIn qui personnellement m'a beaucoup touchée et qui, comme tu le sais, je pense,
00:55 a beaucoup touché plein de gens à l'agence. Peut-être que tu reviendras sur le contenu de ce post dans la suite de l'interview.
01:03 Mais ça m'amène à la première question de flamme qui est, de qui as-tu obtenu cette flamme qui t'a transmis cette force de la nature, j'ai envie de dire,
01:14 pour la suite et pour le parcours que tu mènes aujourd'hui ?
01:18 Oui, alors je vais déjà répondre peut-être à la question sur LinkedIn parce que ça va faire sens, je pense aussi avec qui m'a transmis la flamme.
01:24 Je ne m'attendais pas du tout quand j'ai partagé un peu mon parcours à avoir autant de réactions.
01:29 Effectivement, il y a beaucoup de gens qui se sont retrouvés là-dedans.
01:33 J'avais simplement dit que je ne venais pas du tout de Paris et que pour moi, le monde de la publicité, de la mode, de la communication,
01:40 c'était super lointain et qu'effectivement, je ne pensais jamais pouvoir y mettre les pieds.
01:45 Donc c'est ça que j'ai partagé sur LinkedIn.
01:48 La personne qui m'a transmis la flamme, c'est cette personne qui justement m'a fait me rendre compte que c'était possible et que je pouvais y accéder
01:54 et qui m'a aussi permis, et c'est pour ça qu'on est à Sciences Po aujourd'hui, d'intégrer Sciences Po.
01:59 C'est ma professeure d'histoire géo qui s'appelle Madame Berthiault.
02:03 Moi, à l'époque, c'était au lycée. J'étais en deuxième année, donc c'est là que je l'ai eu en cours et j'étais plutôt bonne académiquement.
02:12 J'avais des assez bons résultats. Par contre, je ne me foulais pas trop et c'est vrai que ma vie personnelle à l'époque était un petit peu chaotique.
02:18 C'est elle qui m'a incitée à vraiment prendre la parole, à faire des concours d'éloquence, des concours d'écriture.
02:25 Elle croyait vraiment beaucoup en moi et je pense que ça m'a apporté, ça m'a transmis beaucoup de valeurs.
02:30 Ça m'a aussi amenée à avoir un peu plus confiance en moi.
02:35 Donc cette force et cette envie de réussir, je pense que je la tiens un peu d'elle forcément et aussi de ma grande sœur qui m'accompagne toujours aujourd'hui de très près.
02:46 D'accord. Et qu'est-ce qu'elles t'ont donné envie de faire au-delà de t'accompagner ?
02:50 Je crois que tu disais que ta professeure d'histoire géo, du coup, t'avait aussi accompagné à pouvoir rentrer à Sciences Po.
02:58 Est-ce que tu as eu d'autres profils qui t'ont aussi, au fur et à mesure du temps, accompagné ?
03:02 Oui, j'ai eu pas mal d'autres profils qui m'ont accompagnée, notamment parce que j'ai vu que cette professeure d'histoire géo,
03:07 quand tu partageais mes difficultés, que je lui parlais de mes envies, des choses qui me semblaient inaccessibles,
03:13 elle n'hésitait pas à me rassurer et à me donner des clés pour mieux réussir.
03:18 Donc c'est elle effectivement qui m'a incitée à candidater à Sciences Po.
03:22 Moi, je ne connaissais pas l'école, je n'en avais jamais entendu parler.
03:25 J'ai grandi en zone rurale à Troyes, donc je pensais faire des études pas très loin.
03:30 Et c'est vrai que c'est elle qui m'a dit "mais si, je suis sûre que pour ton profil, ça pourrait matcher".
03:35 J'avais rendu ma candidature en retard, je ne pensais vraiment pas que c'était de mon niveau.
03:39 Rien n'était fait pour que tu...
03:41 Oui, carrément. Et donc après, au fur et à mesure des années, c'est vrai que Sciences Po m'a quand même permis,
03:46 parce que j'étais intégrée via une procédure d'égalité des chances, parce que j'étais en ce qu'on appelle en ZEP,
03:51 zone d'éducation prioritaire. Maintenant, je crois que c'est REP.
03:55 Et donc Sciences Po m'a accompagnée pendant toute ma scolarité en proposant d'être mentorée,
04:00 de rencontrer des personnalités qui étaient plutôt dans mon secteur,
04:04 qui eux aussi, d'une façon ou d'une autre, transmis la flamme, puisque mes parents n'ont pas fait d'études,
04:10 mon papa est faux soyeur. Et donc c'est vrai que pour moi, tous ces métiers-là, les métiers de cadre,
04:17 je ne connais pas du tout. Donc sans ces rencontres-là que Sciences Po m'a permis,
04:22 je pense qu'il ne serait pas été possible pour moi d'être aussi épanouie aujourd'hui.
04:26 Je crois que tu es passionnée de mode. Du coup, je voudrais savoir ce que tu avais envie de nous porter à connaissance
04:33 aujourd'hui lors de cet entretien, peut-être quelque chose que tu as envie d'éclairer et que tu as envie de nous partager.
04:40 Ce que j'ai envie de partager, c'est plus ou moins lié à la mode, parce que je pense que la mode, c'est un monde assez inaccessible.
04:46 Mais je pense que j'aimerais revenir plutôt sur le fil qu'on tirait assez naturellement jusqu'à présent.
04:51 Je pense que ces rencontres qui m'ont donné la flamme, elles ne sont pas arrivées de nulle part.
04:57 Je disais que Sciences Po me les avait permis, etc. Mais c'est aussi moi qui suis allée chercher et demander de l'aide.
05:02 Et donc le sujet que j'aimerais mettre en avant dans cet entretien, c'est l'importance, surtout sur des profils jeunes comme toi et moi,
05:09 d'aller réclamer des choses, d'aller chercher de l'aide, d'aller poser des questions et de ne pas hésiter à aller toquer à des portes qui semblent fermées.
05:17 Toutes ces rencontres-là, c'est vraiment ça qu'elles m'ont appris et qu'elles m'ont raconté.
05:21 C'est comment, en fait, si je me renseignais, que je trouvais les personnes qui, potentiellement, pourraient m'aider dans ma carrière ou même dans ma vie personnelle,
05:29 ces personnes-là seraient sûrement hyper accueillantes et ouvertes à la discussion.
05:35 Donc, pour moi, c'est important parce que, comme tu l'as dit, ma passion, c'est la mode.
05:39 Et c'est vrai que quand on ne connaît pas la mode, on a du mal à y mettre les pieds.
05:44 Tu m'as parlé notamment d'un mail envoyé un soir sur lequel tu ne comptais pas trop au-dessus.
05:50 Oui, ça, c'est ma spécialité, je crois, pour quasiment toutes mes expériences professionnelles et notamment beaucoup dans le journalisme,
05:58 parce que j'écris pas mal d'articles dans la presse.
06:00 C'est vrai que, comme je n'avais pas de réseau professionnel, je suis allée écrire des mails, j'ai trouvé des comptes Instagram,
06:07 le truc pas forcément à faire et qui saoule un peu les gens, mais je n'avais pas d'autre piste, donc je disais "coucou".
06:13 Moi, je fais ça, j'adore ce que vous faites, notamment quand j'avais postulé pour travailler au journal Le Monde en tant que stagiaire.
06:22 Donc, c'était vraiment il y a quelques années maintenant.
06:24 Tu étais à Sciences Po déjà ?
06:25 Oui, j'étais déjà à Sciences Po et donc je cherchais un petit stage entre deux jobs que j'avais trouvés.
06:30 Et j'aurais écrit un soir en disant... Je me rappelle que l'objet du mail, c'était une citation de motivation ou je ne sais pas quoi.
06:38 Ça devait être un truc du style "faut croire en ses rêves".
06:40 Objet, motivation.
06:42 Ou quelque chose du style "la candidate qu'il vous faut", un truc vraiment "too much".
06:48 Du coup, je dis juste "bonjour, j'ai fait quelques stages dans le journalisme, est-ce que je peux écrire pour vous ?"
06:54 Et je laisse tomber ça. Enfin, ça, je le fais tout le temps, ce genre de mail, même aujourd'hui.
06:58 J'écris à des gens qui ne vont jamais me répondre, d'autres me répondent comme on s'est dit.
07:01 Mais il y a aussi, je pense... Et donc, peut-être que c'est aussi intéressant de le dire, en vrai, je vais souvent toquer à des portes, mais il y a des portes qui s'ouvrent.
07:09 Oui.
07:10 Je pense qu'il y a au moins un bon 40% de portes qui ne s'ouvrent jamais, et des gens qui ne répondent pas et qui laissent ton mail en vue ou ton message en vue.
07:16 Donc là, en l'occurrence, on me laisse en vue, et peut-être six mois plus tard, il y a quelqu'un qui m'appelle, donc je réponds.
07:23 Je ne sais même pas pourquoi je réponds ce jour-là, j'étais disponible et je réponds.
07:26 Et on me dit "est-ce que vous êtes disponible demain ? On a vu votre mail, on est retombés dessus".
07:30 Il y a six mois.
07:31 C'est la citation qui vous a fait nous retrouver dans nos boucles de mail.
07:37 On cherchait quelque chose et on est tombés sur l'objet de votre mail.
07:39 Incroyable.
07:40 Et du coup, on veut vous rencontrer demain pour faire un stage chez nous.
07:44 Et hyper inattendu, tu ne pensais même plus que tu avais envoyé ce mail un soir, limite en plein milieu de la nuit.
07:54 Donc c'était une expérience assez chouette et impressionnante pour moi.
07:58 Du coup, je suis un peu curieuse, c'était quoi cette citation pour le stage au Monde ?
08:04 Alors la citation, ça devait être… Mon livre préféré, c'est "L'alchimiste" de Paolo Coelho.
08:10 C'est un livre où il raconte justement comment il prend pouvoir de soi et de son potentiel.
08:16 Et donc il y avait cette phrase "il n'y a qu'une façon d'apprendre, c'est par l'action".
08:20 Et c'est ça que j'aurais mis au début du mail.
08:23 C'est génial.
08:24 Et il se trouve que la personne qui a été après ma manager au Monde avait lu ce livre, elle aimait bien.
08:30 Et je ne sais pas ce qu'elle recherchait ce jour-là dans ses mails, mais elle est tombée sur la citation.
08:33 C'est dingue.
08:34 Non mais comme quoi, tu vois, ça ne tient rien du tout.
08:37 Et du coup, dans ta façon de vivre, la passion que tu as eue pour la mode, est-ce que tu t'es toujours sentie à ta place ?
08:43 Comme tu disais, tu viens de la campagne, tu n'aurais jamais pensé être là un jour.
08:48 Non, je pense qu'il y a plein de moments dans mon parcours où je ne me suis pas vraiment sentie à ma place.
08:53 Dans un premier temps, c'était à Sciences Po.
08:56 J'ai eu une relation d'amour et de haine avec Sciences Po et pourtant, tu vois, on est ici aujourd'hui.
09:00 Donc, je pense que ça a beaucoup évolué.
09:03 Au début, quand je suis arrivée à Sciences Po, avec mon profil un peu différent des autres,
09:07 c'est vrai que je ne me sentais pas bien et pas à l'aise.
09:11 Je n'allais pas aux événements étudiants, je n'essayais pas de me faire des amis.
09:15 J'étais dans mon coin parce que je me disais que de toute façon, ces personnes-là ne sont pas comme moi.
09:20 Et j'avais l'impression aussi de ne pas forcément être à ma place.
09:24 Et donc là-dessus, il m'a fallu vraiment beaucoup de temps pour me dire que j'ai la légitimité d'être ici.
09:28 Moi aussi, j'étais admise à Sciences Po.
09:31 Et voilà, c'est mes études et il faut aussi que je les assume et que je prenne aussi ma place dans l'espace ici.
09:39 Que tu prennes ta place, en fait.
09:42 Oui, et donc j'ai eu ça à ce moment-là.
09:44 Et j'ai eu aussi vraiment quand j'ai commencé à travailler dans la mode,
09:46 parce qu'au début, mes expériences en journalisme, c'était plutôt sur de la presse un peu plus généraliste
09:51 ou de la musique, du cinéma.
09:53 Et quand j'ai commencé, en arrivant chez Marie Claire, à être vraiment plus liée à la mode,
09:58 après chez Vogue et après chez Chanel, j'ai eu à chaque étape ce sentiment, pareil, de ne pas être au bon endroit.
10:04 Et donc j'ai ce souvenir assez...
10:07 Un peu ce syndrome de l'imposteur, non ?
10:09 Syndrome de l'imposteur et aussi parce que je pense que quand on a une passion,
10:13 on idéalise aussi beaucoup ce qui s'y passe.
10:15 Et en tout cas, c'était mon cas.
10:17 Et donc sur cette passion de la mode, c'est vrai que quand je suis arrivée pour la première fois chez Marie Claire,
10:22 j'ai vu tous les magazines et je me souviens, il y avait des pages,
10:25 les pages du prochain numéro qui étaient par terre pour qu'on puisse voir comment le chemin de fer se déroulait.
10:30 Et là, je me suis dit, non mais qu'est-ce que je fais là ?
10:33 Enfin, ce n'est pas possible, c'est trop.
10:35 Parce que déjà, je pense que c'était un peu mon rêve.
10:37 Et aussi, mais moi, je ne sais pas faire ce qu'ils font, en fait.
10:41 Donc il y a eu ça.
10:43 Et une autre anecdote aussi, c'était la première fois que je suis arrivée chez Vogue pour écrire des articles.
10:48 Donc pareil, une histoire de mail comme avec Le Monde.
10:51 J'écris un mail en disant, je viens de la campagne, je ne sais pas si je pourrais écrire dans la mode un jour,
10:56 mais si un jour, vous voulez que j'écrive des trucs pour vous, dites-moi.
10:59 - Dites-moi, dispo.
11:00 - Pareil, ils répondent.
11:01 Et donc j'arrive et j'ai un entretien avec des gens de l'équipe.
11:05 Et le premier truc qui me marque, c'est que je me dis, mais ils sont tellement bien habillés,
11:09 ils ont l'air de tellement connaître leur sujet.
11:11 Ils savent tout ce qui s'est passé dans la mode ces dernières semaines.
11:14 Moi, je ne sais pas quoi répondre aux questions qu'ils me posent.
11:16 Et donc pendant l'entretien, je suis totalement déstabilisée.
11:19 Je suis limite, je suis limite, quoi.
11:21 Tu ne me reconnais pas, je ne rigole pas.
11:23 Et ouais, en fait, après, ils te rassurent, ils te disent, mais nous aussi, ne t'inquiète pas, c'était comme ça.
11:30 On n'a pas le même âge, pas la même expérience.
11:32 Et donc, en fait, on tient par rigueur, quoi.
11:35 Et c'est vrai que si je n'étais pas allée au-dessus de ça et que je n'avais pas tenté,
11:40 je pense que je ne me serais jamais sentie à la hauteur ou légitime d'aller leur parler, quoi.
11:44 - OK.
11:46 - Donc, je me suis un peu forcée.
11:48 Je suis carrément sortie de ma zone de confort sur ce genre d'expérience, quoi.
11:52 - Bah, tu as réussi.
11:54 - Ouais, mais tu vois, le truc de ne pas sentir à sa place, on l'a toujours un peu.
11:57 Même là, je sens quand on se parle que j'ai toujours besoin de...
12:01 - De te justifier.
12:02 - Ouais, de remettre les choses dans leur contexte, à leur place, de spécifier que je ne me sens pas.
12:07 Tu vois, j'ai toujours peur d'en faire trop ou d'aller trop loin ou de prendre la grosse tête.
12:15 - Et quand tu parlais de bonnes rencontres, en tout cas de rencontres que tu as aussi forcées,
12:22 enfin, où tu as quand même beaucoup donné du tien, tu as été mentorée à plusieurs reprises, je crois.
12:28 Est-ce que tu peux revenir un petit peu dessus ?
12:30 - Ouais. Donc, ces mentorats-là, c'est ce que j'évoquais, que Sciences Po m'a permis.
12:36 J'en ai eu d'autres aussi que je me suis fait un petit peu moi-même de mon côté.
12:40 Et donc, en fait, ce que j'essaye de faire, c'est que quand je trouve une personne
12:44 qui a un profil qui m'intéresse ou que moi, même dans ma réflexion, je me dis,
12:48 tiens, là-dessus, je me censure un peu et je ne sais pas trop comment faire pour avancer,
12:53 je me sens bloquée. Ce que j'ai fait jusqu'à présent, c'est qu'effectivement, je suis allée trouver
12:58 sur LinkedIn le mail de personnes qui m'intéressaient. Et donc, même pour les mentorats,
13:05 c'était des cadres, des chefs d'entreprise, des personnes qui avaient des postes assez haut placés dans la mode
13:10 qui, au final, ont à la fois répondu à mes questions, mais qui surtout, en fait, m'ont fait rencontrer
13:15 d'autres gens et de fil en aiguille. C'est ça qui m'a permis de me construire un petit réseau.
13:19 Et surtout, je pense, ouais, d'oser un peu plus croire en mes compétences, quoi.
13:23 Aujourd'hui, tu le disais juste avant, on a des profils encore hyper jeunes dans le cadre du travail
13:30 et au global. Est-ce qu'il y a des choses qui te font espérer aujourd'hui, peut-être pour son avenir,
13:36 mais aussi pour l'avenir de filles comme nous, de femmes comme nous, qui peuvent peut-être nous regarder ?
13:43 Non, bien sûr. Ce qui m'a beaucoup surpris, justement, par rapport à ce qu'on se disait, c'est que...
13:48 Et l'espoir que j'ai, c'est de voir que quand on toque à des portes comme ça, il y a encore des gens qui répondent.
13:53 C'est vrai que quand on va contacter des rédacteurs en chef ou... Ouais, même, tu vois, pour W,
14:01 j'ai intégré W parce que c'était un de mes profs et que je suis allée le voir à la fin du cours en disant
14:05 "Mais si, je veux travailler chez W, est-ce qu'on peut se parler, etc. ?"
14:09 Et moi, je suis toujours étonnée de voir qu'il y a des gens qui prennent le temps de répondre à ces fameuses questions,
14:15 d'échanger, de se dire "Bah tiens, ce profil peut peut-être être intéressant pour moi."
14:19 Et donc moi, ce que j'espère, c'est que ça continuera et que nous, plus tard aussi, on prendra le temps
14:24 de répondre à d'autres femmes et à d'autres personnes qui pourraient s'intéresser à notre job.
14:29 Tu sais, cet effort de raconter, je trouve, un métier, même à mon niveau en tout cas,
14:35 souvent il y a des gens qui veulent intégrer Sciences Po et qui m'écrivent.
14:38 Et parfois, tu vois, je me dis "Bon, je répondrai plus tard ou je ne vais pas le faire."
14:44 Oui, on est tous rattrapés par la vie, en fait. C'est important de le prendre.
14:49 Il faut continuer à faire cet effort-là, je pense, parce qu'il ne faut pas oublier qu'à un moment ou un autre,
14:54 c'est des moments qui sont clés dans la vie de quelqu'un et en tout cas qui ont été clés dans la mienne aussi.
14:59 Donc l'espoir, c'est ça.
15:01 C'est un bel espoir.
15:03 Peut-être qu'on pourrait enchaîner sur la dernière question de ces quatre questions de flamme,
15:09 qui est "Quelle flamme as-tu envie de transmettre ? As-tu à cœur de transmettre à d'autres personnes
15:16 qui nous écoutent ?" C'est un peu sur la même lignée que ce qu'on vient d'aborder sur tes raisons d'espérer.
15:23 Mais peut-être que tu as d'autres messages à passer.
15:25 En réfléchissant à cette question, c'est vrai que je me suis rendue compte qu'il y avait un point bloquant pour moi
15:31 et un truc sur lequel j'avais du mal à avancer. Je me rends compte que c'est peut-être aussi difficile pour beaucoup de femmes.
15:37 Je pense que c'est de faire confiance à son instinct.
15:39 Quand on est au début d'une carrière pro, c'est vachement difficile, je trouve, de se faire confiance
15:44 et surtout de se dire… parce qu'on est plein de doutes, en fait. On n'est pas sûr de faire bien les choses.
15:48 On sait qu'il y a des gens qui les font mieux que nous.
15:50 Et je trouve que parfois, les réponses, elles sont à l'intérieur de nous.
15:53 Et donc, quand on se pose toutes ces questions existentielles sur "qu'est-ce que je devrais faire ?"
15:57 ou même au travail, "est-ce que là, vraiment, je prends la bonne décision ?"
16:01 Je trouve que l'important, c'est de se dire "qu'est-ce qui me semblait intuitif dans un premier temps ?"
16:06 parce que de ma petite expérience, on revient toujours à ça, ce qui était notre premier instinct.
16:11 Donc, en résumé, ce que tu voudrais transmettre, c'est le fait de faire confiance à son instinct ?
16:16 Oui, c'est ça. Et comme je disais aussi, d'aller vers les autres.
16:19 Mais ce que je me rends compte, qui est aussi hyper important,
16:23 et je reviens sur le point qu'on disait sur oser et justement d'aller toquer à des portes,
16:28 je sais que ce n'est pas facile quand on est jeune et pour moi, ça ne l'était pas non plus.
16:33 Après, je pense que ce qui fait la différence, c'est aussi de se rendre compte que ce ne sont pas souvent les meilleurs
16:38 qui arrivent au poste qu'on veut. Parfois aussi, c'est ceux qui, justement, sont allés chercher
16:43 et qui ont posé les questions. Et ça, je m'en suis rendue compte aussi très vite.
16:48 Je ne pense pas être la meilleure rédactrice qui soit.
16:52 Non, mais je pense qu'il y a plein de gens qui sont très bons, mais il y a des gens qui attendent aussi le bon moment.
16:57 Et je trouve que ce mindset de toujours se dire "il y a un bon moment, il y a un moment où je serai prête
17:03 et où je serai suffisamment qualifiée pour aller, je ne sais pas moi, demander tel job ou aller chercher telle opportunité",
17:09 c'est ça qui est bloquant et qui est dommage parce qu'au final, il y a des gens à côté qui ne vont pas attendre
17:14 et qui vont accéder à ces opportunités sans forcément se soucier de "est-ce que je suis assez bon ?
17:20 Est-ce que j'ai assez pour le faire ?" etc. Donc, je pense qu'il ne faut pas s'auto-censurer.
17:26 Et je pense que surtout quand on vient de la campagne et qu'on n'a pas dans son entourage d'autres profils qui réussissent,
17:32 c'est facile de se dire "ben non, là, je vais attendre deux, trois ans, me former un peu plus,
17:37 quelle prétention j'ai pour demander ça ?" En fait, si, parce que si tu ne le fais pas maintenant,
17:45 tu auras d'autres excuses, d'autres raisons de te dire "je le ferai plus tard, je vais repousser".
17:51 Et donc, en fait, pour moi, il n'y a pas de bon moment et justement, sur ce conseil d'aller vers les autres,
17:56 je pense qu'il n'y a pas de honte à avoir ou de gêne à dire "pour l'instant, j'en suis là et peut-être que ce n'est pas assez,
18:02 mais j'ai quand même envie qu'on se rencontre et j'ai quand même envie qu'on parle parce que je suis passionnée
18:06 et la passion, je pense que c'est quelque chose qui réunit les gens aussi".
18:09 Donc du coup, peut-être qu'on pourrait conclure sur ça. Ça ne tient à rien, mais ça tient à toi, en fait.
18:14 Ça tient à toi de donner les clés pour avancer et aux rencontres que tu as pu faire aussi.
18:19 Je te remercie beaucoup pour ce moment partagé avec toi et je te dis à très vite.
18:24 Merci beaucoup, Manon. À très vite.
18:26 très vite.
18:28 [Musique]