Avec Pierre Valentin, essayiste et auteur de “Comprendre la révolution woke” publié aux éditions Gallimard.
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00:00 Sud Radio Bercov dans tous ses états, midi 14h, Guillaume Bigot.
00:07 13h03 sur Sud Radio, l'heure pour nous de vous présenter ce face à face.
00:10 Aujourd'hui, Guillaume Bigot reçoit Pierre Valentin, essayiste et auteur de ce livre "Comprendre la Révolution".
00:15 Wox est aux éditions Gallimard. Bonjour Pierre Valentin.
00:19 Bonjour Pierre Valentin, alors ce sera davantage je pense un côte à côte qu'un face à face
00:23 parce que je suis ravi de vous recevoir d'abord parce que vous êtes un jeune auteur, je crois que vous avez 26 ans c'est ça ?
00:28 25. 25, oui je vous vieillis.
00:30 Le talent n'attend pas le nombre des années donc vous incarnez un peu la relève pour moi.
00:35 Deuxièmement parce que vous nous parlez du wokisme et le wokisme, vous l'avez vu de près,
00:39 vous avez étudié en Grande-Bretagne à l'université d'Exeter.
00:43 Et ensuite parce que vous avez été l'un des premiers en France à commettre une note pour la Fond Apolle sur le wokisme.
00:51 Et aujourd'hui vous livrez un "Comprendre la Révolution" Wox aux éditions Gallimard.
00:56 Une lecture que je recommande à tous nos auditeurs.
01:00 Donc bonjour et bienvenue.
01:02 La première question que je me pose c'est, est-ce que finalement on ne leur donne pas trop d'importance à ces fameux wok ?
01:09 Le regretté Laurent Bouvet qui avait inventé ce concept d'insécurité culturelle
01:14 et qui ferraillait très très dur contre les wok.
01:16 Je me souviens on avait des grandes grandes discussions où je lui disais
01:19 "Mais pourquoi tu donnes autant d'importance à ces gens ? Ils relèvent un peu de la psychiatrie."
01:22 Est-ce que, pas exagéré non plus, mais est-ce que, vous voyez ce sont des gens
01:26 on a l'impression qui s'affranchissent du principe de non-contradiction.
01:30 Est-ce que c'est sérieux de parler à des gens qui vous disent 2+2=5 ?
01:34 Là où je dirais que je partage votre analyse c'est qu'en effet la pure rationalité froide des faits
01:40 et des raisonnements logiques ne vont pas les arrêter nécessairement.
01:44 Par contre, là où à mon sens l'exemple de Claudine Gay, la présidente de Harvard me paraît importante
01:52 pour rappeler brièvement à vos éditeurs, le Sénat, ou le Congrès américain pardon,
01:58 lui a posé la question "Est-ce que dire qu'il faut génocider les juifs est problématique
02:06 par rapport aux règles de conduite de Harvard ?"
02:08 C'était la suite de la flambée d'antisémitisme dans les universités.
02:11 Tout à fait, depuis le 7 octobre notamment.
02:14 Et là elle a dit "ça dépend du contexte", elle n'a pas osé le dire clairement.
02:17 Ensuite il s'est avéré que par ailleurs...
02:19 Donc ça pénètre profondément.
02:21 Ensuite, pour aggraver son cas si je puis dire, on a vu qu'elle avait plagié
02:25 une quantité très importante de fois alors qu'elle est présidente de Harvard
02:28 et c'est elle qui met en place les règles sur le plagiat.
02:31 Elle a déjà exclu des élèves, à juste titre j'imagine, pour plagiat.
02:35 Donc ça pose question.
02:36 Et le Board de Harvard s'est réuni et a finalement tranché en sa faveur
02:40 en ne la l'émogeant pas.
02:42 Qu'est-ce que ça indique cet exemple ?
02:44 C'est que ça vient détruire à mon sens deux mécanismes de déni très important
02:47 lorsqu'on parle de wokisme.
02:48 Qui est le premier, le fond n'est pas si radical que ça,
02:52 ce sont des gentils progressistes qui parlent d'inclusion et de diversité.
02:55 Là on voit qu'on est quand même sur "ne pas condamner explicitement la phrase
02:59 "il faut génocider les juifs", le fond est très radical.
03:02 C'est peut-être l'aspect marginal en disant "oui mais c'est dans quelques départements
03:06 d'universités très marginaux, ça ne pénètre pas les grandes institutions".
03:11 Là on est face à la présidente de Harvard.
03:13 Donc là c'est institutionnel.
03:14 Vous dites que c'est institutionnel et que ça résiste en fait.
03:16 Institutionnel et radical.
03:17 Et c'est pour ça que l'argument qui est de dire "on va en parler moins
03:21 pour moins les faire exister", en réalité elle continuerait à être
03:24 tranquillement présidente de Harvard et les gens ne seraient même pas
03:27 au courant de la radicalité du propos si on n'avait pas essayé de le médiatiser.
03:31 On va en parler, ça tombe bien, on en parle.
03:33 Par exemple vous citez quelqu'un qui s'appelle Pauline Armand.
03:37 Armange.
03:39 Armange, c'est ça, Armange.
03:41 Qui dit "moi les hommes je les déteste", c'est ça ?
03:44 Oui.
03:45 Et ça s'est vendu à combien son bouquin là ?
03:47 Ça je ne saurais pas vous dire.
03:49 Par contre il y a eu un public, il y a eu un certain retentissement,
03:53 moins que l'autre ouvrage que je cite dans la même veine qui est
03:56 "Le génie lesbien" de Alice Coffin, qui est tout aussi radical,
04:00 et qui pour le coup, elle a été inviée...
04:02 C'est une mise en abyme, si vous me permettez, c'est un génie
04:04 qui fait un livre sur le génie.
04:05 Ouais, tout à fait.
04:06 Un génie au carré.
04:07 Et voilà, elle pour le coup elle a vraiment été invitée pour détailler
04:10 les nuances infinies de sa pensée sur beaucoup de plateaux.
04:13 Mais donc ce que dit Armange, pour reprendre le premier exemple,
04:15 "moi les hommes je les déteste", c'est pas un titre provocateur,
04:18 en tout cas il est fidèle au contenu.
04:20 À l'intérieur elle clarifie encore en disant "tous ?"
04:23 pendant l'interrogation, oui tous absolument.
04:25 Elle revendique au même titre qu'aux Coffins ce qu'elle appelle
04:28 la "misanderie politique", qu'elle définit comme
04:31 "un sentiment négatif à l'égard de la jante masculine dans son ensemble".
04:35 Et encore une fois, c'est de la part de Jean qu'il imagine
04:38 que le système, comme il le dit avec un S majuscule,
04:41 serait complètement en leur défaveur, alors qu'à ma connaissance
04:44 on n'a jamais vu de livre publié "moi les femmes je les déteste"
04:47 ou à l'inverse le génie hétérosexuel qui dirait,
04:50 pour citer Alice Coffin et l'inverser, qu'il faudrait arrêter
04:54 d'admirer les oeuvres des petits garçons, pardon,
04:56 elle a dit "petits garçons", des petites filles,
04:58 et ainsi elles cesseront d'exister.
05:00 - Et vous dites, vous faites référence à la "Ferme des animaux"
05:04 qui est un texte remarquable d'Orwell, on parle toujours de 1984
05:07 mais on oublie ce petit texte qui est assez génial,
05:10 et vous dites qu'il y a vraiment un lien avec le ressentiment,
05:13 le sentiment clé, c'est le ressentiment,
05:17 et vous dites que c'est ça le sous-bassement du wokisme,
05:19 vous pouvez nous expliquer ?
05:20 - Oui tout à fait, à mon sens il y a un passage dans la "Ferme des animaux"
05:23 qui est clé, qui est que le moulin que les animaux nouveaux dominés
05:27 mais qui reprennent le contrôle, qui deviennent autogérés
05:30 si vous me permettez la formule,
05:31 ils créent un moulin pour leur nouvelle indépendance.
05:33 Pendant la nuit, il se trouve qu'il y a une tempête,
05:35 c'est le seul élément factuel dont on a connaissance,
05:37 et le moulin s'écroule.
05:39 Et là à mon sens, ils avaient trois postures existentielles,
05:41 la première c'était de se dire "on ne l'a pas assez bien construit,
05:44 c'est de notre faute", donc une posture de responsabilisation,
05:46 la seconde c'est de dire "c'est le tragique, c'est les aléas,
05:49 c'est la météo, c'est de la faute à personne, tant pis".
05:52 Et ils choisissent la troisième option qui est "dans la nuit,
05:54 nos ennemis", donc en l'occurrence le cochon boule de neige
05:56 qui est censé être un dissident, un traître...
05:58 - C'est là où on sent le mâle blanc hétérosexuel revenir à la charge.
06:01 - Exactement, le système, un ennemi, un bouc émissaire,
06:05 quelqu'un pendant la nuit est venu détruire notre moulin à notre place,
06:08 c'est de la faute au complot, à la conspiration,
06:11 qui nous a détruits, et là on voit que c'est le ressentiment
06:15 qui les tient en laisse, c'est-à-dire que,
06:16 pour reprendre la phrase de Nietzsche,
06:18 "quelqu'un, quelque part, doit être responsable de mon mal-être".
06:21 Et les woke, à mon sens, sont mûs par cette émotion très sombre.
06:24 - Est-ce que, pour vous, ça relève d'une sorte de...
06:28 je sais pas ce qu'on pourrait appeler "pulsion morbide" ?
06:31 Alors je sais que vous aimez beaucoup aussi Christopher Lash,
06:35 "La culture du narcissisme", qui était un livre de 1989,
06:38 un historien américain... - 79.
06:40 - 79, 79, c'est la raison, c'est encore plus ancien,
06:43 c'est encore plus fou, et il fait un diagnostic général,
06:46 il le diagnostique que le monde occidental est atteint de narcissisme.
06:49 Et il dit que le narcissisme, c'est pas tellement trop s'aimer,
06:52 finalement, le narcissisme, c'est être dans une sorte de fragilité,
06:56 justement, narcissique, d'avoir besoin d'être rassuré,
06:58 et vous, vous établissez le lien avec le wokeisme, c'est bien ça ?
07:02 - Oui, on peut prendre deux faits divers woke,
07:04 et ensuite on trouvera la cohérence qui sera dans le narcissisme.
07:06 Le premier, c'est qu'on a cherché à interpréter une jeune barque non-binaire
07:10 dans le théâtre du Globe à Londres, qui est le théâtre où Shakespeare se produisait,
07:15 et le second fait divers, qui est un peu lié au premier,
07:18 c'est qu'on a voulu faire de Shakespeare, notamment dans la pièce "As You Like It",
07:22 où une femme se déguise en homme, un pionnier de la cause transgenre.
07:25 Et quelle est la cohérence de ces deux faits divers ?
07:28 C'est que dans les deux cas, on dit, la preuve que Shakespeare est génial,
07:31 ou que Jeanne d'Arc est génial, que les grandes figures de la civilisation occidentale sont géniales,
07:35 c'est qu'elle pense comme moi, militant, aujourd'hui, en 2023.
07:38 C'est-à-dire qu'à l'inverse, on a vu, évidemment,
07:41 le déboulonnement symbolique ou réel de Jeanne d'Arc et de Shakespeare,
07:45 lorsqu'on partit du principe qu'ils ne pensaient pas comme nous.
07:48 Soit les grandes figures occidentales pensent comme moi, auquel cas elles sont géniales,
07:51 parce que les aduler revient à m'aduler moi-même, Narcisse.
07:54 - Et on les annexe. - Ou alors, on les absorbe, on les annexe,
07:57 elles deviennent comme nous, et là, je peux les célébrer.
07:59 Mais il n'y a pas la troisième voie.
08:01 - D'ailleurs, je vous remets une parenthèse, là, on va jouer, paraît-il,
08:04 un Cyrano de Bergerac, aussi revu et corrigé,
08:07 et un Roxane est une trans, ou je ne sais pas trop quoi.
08:09 - C'est ignoré, mais ça va tout à fait dans le même esprit.
08:11 Et en fait, la troisième voie qui devrait être la nôtre,
08:13 qui notamment devrait être celle des jeunes étudiants,
08:15 au moment où ils étudient, où ils s'ouvrent sur le monde,
08:17 c'est de dire "ces grandes figures ne pensent pas comme moi,
08:20 mais c'est à moi d'être bousculé, d'être brusqué par eux,
08:22 d'être brusqué par le monde extérieur, et d'apprendre,
08:24 de m'agenouiller symboliquement pour apprendre,
08:26 et non pas moi qui coupe des têtes ou qui déboulonne des statues".
08:29 Il y a un rapport d'arrogance et de narcissisme très fort.
08:32 - Donc ça manque d'humilité, en même temps, ça manque d'assurance, l'un et l'autre.
08:35 - Oui, en effet, c'est vrai que là, je dis là-dessus que le narcissisme
08:38 n'est pas une indépendance arrogante, mais au contraire,
08:40 une sorte de dépendance affective sur des stimuli externes.
08:43 Et c'est plutôt la figure de la personne qui se regarde dans le miroir longtemps
08:47 pour y voir la moindre faille.
08:49 Donc il y a en effet...
08:51 Si on était certain de s'aimer,
08:53 on ne passerait pas notre temps à demander aux autres de nous dire qu'on est génial.
08:56 - Confirmation. - Voilà.
08:58 C'est le problème du narcissisme, qui ne s'aime pas tant que ça,
09:00 a besoin des autres en permanence, a besoin que le monde,
09:02 comme le mythe de Narcisse, lui renvoie en permanence sa propre image
09:05 en version améliorée pour qu'il se rassure sur lui-même.
09:07 - Et la recherche des likes sur les réseaux sociaux...
09:09 - Oui, tout à fait, qui va dans ce sens-là.
09:11 - Il y a tout un dispositif là-dessus.
09:13 Moi, je voudrais savoir si pour vous, ça peut mal tourner.
09:16 Il y a le livre de mon collègue Mathieu Bocoté
09:20 qui parle de totalitarisme sans goulag.
09:23 Ce wokisme qui se répand, on entend, vous dites que ça résiste, etc.
09:27 Jusqu'où ça peut aller ?
09:28 Le fait quand même que ce soit un totalitarisme sans hémoglobine,
09:30 ça devrait être assez rassurant.
09:32 Alors, on va peut-être marquer une pause avant que vous nous répondiez.
09:35 - Oui, on va continuer cet entretien après cette courte pause.
09:37 Mais avant ça, vous commencez à reconnaître la musique
09:39 puisque le grand sapin de Noël Sud Radio, c'est maintenant.
09:42 C'est peut-être le moment pour vous de nous appeler au 0826 300 300
09:46 pour essayer de gagner plein plein de cadeaux qu'on a à vous offrir.
09:49 On a des voyages, on a des enceintes connectées,
09:51 on a des séjours, on a des casques Bluetooth
09:53 offerts par Sud Radio et la Confédération des Buralistes.
09:56 Vous nous appelez au 0826 300 300.
10:00 Donnez-moi un chiffre entre 1 et 25.
10:02 - 7.
10:03 - Le 7e appel vous remportera le cadeau du jour.
10:05 A tout de suite sur Sud Radio.
10:08 [Musique]
10:10 - C.G. Gonzman, je vous souhaite de joyeuses fêtes de Noël avec Sud Radio.
10:14 - Bonne fête avec Sud Radio.
10:16 - Sud Radio.
10:17 - Parlons vrai.
10:18 [Musique]
10:20 - Sud Radio Bercov dans tous ses états, midi 14h.
10:23 Guillaume Bigot.
10:24 [Musique]
10:26 - Alors, on parle avec Pierre Valentin de cette révolution multicolore,
10:32 walkies qui nous vient des Etats-Unis.
10:34 Et je vais vous poser la question, Pierre Valentin,
10:37 savoir si finalement ce qu'on assimile à une sorte de totalitarisme,
10:41 je fais référence à l'ouvrage "Totalitarisme sans goulag" de Mathieu Bocote,
10:46 le fait qu'il n'y ait pas d'hémoglobine, qu'il n'y ait pas de violence,
10:49 qu'il n'y ait pas des massacres à grande échelle comme le nazisme,
10:53 comme le communisme, ça fait qu'on n'est pas dans un phénomène de même nature tout de même.
10:57 - Alors sur la question précise du totalitarisme, je la mettrai un peu de côté
11:00 parce que pour le coup, je n'ai pas assez creusé la question précise,
11:04 c'est une question difficile.
11:05 Il y a des gens que j'estime intellectuellement beaucoup des deux côtés de ce débat.
11:09 Par contre, sur l'aspect violence, je pense que déjà, eux-mêmes, dans l'autre sens,
11:14 admettent un continuum entre les paroles et les actes.
11:16 Ils ont tendance à dire que lorsque des militants de droite s'expriment,
11:18 ça vient justifier à une fine des violences contre les minorités, etc.
11:22 Donc, il faut l'admettre aussi peut-être dans l'autre sens.
11:24 Dans leur discours, ils sont capables d'aller très très loin.
11:27 Je cite notamment un collaborateur du New York Times qui dit
11:30 "La blanchité est un virus qui ne mourra pas tant qu'il restera d'autres décors à infecter."
11:37 Lorsqu'on dit ça, c'est quand même très profond en termes d'agressivité.
11:40 Il y a également une psychanalyste qui fait une conférence à Yale
11:44 qui raconte son fantasme de décharger un revolver dans la tête de plusieurs Blancs
11:51 et de s'en éloigner comme si elle avait, je cite, "rendu au monde un putain de service".
11:54 Alors là, c'est important, on est à Yale, c'est une psychanalyste,
11:57 donc ce n'est pas un rappeur comme Nick Conrad.
11:59 Non, non, tout à fait. Encore une fois, on revient au sujet du début,
12:02 c'est très institutionnalisé et radical.
12:04 Ça n'est ni modéré ni marginal, c'est vraiment l'inverse sur les deux points.
12:08 Et sur les violences, là où je nuancerais, c'est que déjà,
12:11 on avait eu dans le microcosme, qui est l'université d'Evergreen,
12:14 il y a quelques années, des jeunes qui s'étaient baladés
12:17 avec des battes de baseball et des tethers à la recherche d'un professeur accusé
12:21 complètement à tort, mais là, ce n'est pas la question de suprémacisme blanc et de racisme.
12:25 Et la question se pose de que serait-il passé s'ils l'avaient trouvé ?
12:28 Ils l'ont simplement échoué par manque de tactique, si je peux dire,
12:31 mais pas par manque d'intention.
12:33 Autre exemple, dans la foulée, pour le coup massif,
12:36 dans la foulée des événements de Black Lives Matter à l'été 2020,
12:39 suite à la mort de George Floyd, on a eu...
12:41 - Là, le sang a coulé. - Pardon ?
12:43 - Là, le sang a coulé. - Là, le sang a coulé.
12:45 Il y a eu des gens qui ont été attaqués, agressés,
12:47 il y a eu en dégâts matériels à minima, des dégâts estimés à 2 milliards de dollars
12:50 au sein des États-Unis, de vitrines brisées,
12:52 de gens qui mettaient dans leur vitrine des messages de l'ordre de
12:56 "Ne m'attaquez pas, je soutiens votre cause", etc.
12:58 et qui étaient clairement peurs pour leur outil de travail,
13:03 pour leur lieu de travail et aussi pour leur peau.
13:06 Est-ce que, là, vous faisiez allusion à Black Lives Matter,
13:10 c'est quand même un phénomène... Est-ce qu'au fond du fond,
13:14 ce n'est pas l'américanisation qui pose problème ?
13:17 Est-ce que l'américanisation n'est pas à la fois le moyen d'importer le wokisme,
13:23 mais d'importer la guerre des races, parce que c'est une thématique
13:26 qui préexiste au wokisme, la guerre des races, celui de Lee Hurtogville ?
13:30 Est-ce que ce n'est pas un moyen d'importer chez nous la guerre des sexes ?
13:33 Là, encore une fois, c'est une thématique et une réalité américaine,
13:36 c'est l'Amérique puritaine, ça préexiste à ce wokisme.
13:40 Est-ce que finalement, il y a deux questions en une,
13:42 est-ce que le wokisme, ce n'est pas un puritanisme à l'envers ?
13:44 Est-ce que le problème central, ce n'est pas l'importation de tout ce qui vient des États-Unis ?
13:49 Alors, je vais dire oui et non, et après j'essaierai de faire une synthèse.
13:52 Ça fait un peu énarque, mais tant pis.
13:55 Alors, oui, parce que déjà, l'américanisation culturelle, en effet,
13:58 ne date pas du wokisme. Dès le plan Marshall et après la Seconde Guerre mondiale,
14:03 il y a toujours eu, je dirais, un effet de gravité et d'attraction des États-Unis,
14:06 les chewing-gums, les jeans, etc.
14:08 Donc là, tout à fait, ça participe à ça, et de fait, évidemment,
14:11 leur histoire sur la question de la race est beaucoup plus forte que nous là-dessus.
14:15 C'est un sujet qui est beaucoup plus américain.
14:17 Par contre, à l'inverse, on pourrait citer tout de même SOS Racisme,
14:20 et notamment le fait que le sociologue Paul Yoné,
14:22 dans son voyage au centre du malaise français,
14:24 montrait que, contrairement aux souvenirs que certains en ont gardés,
14:28 ce n'était pas l'éloge de l'assimilation républicaine et du color blindness,
14:32 de la cécité à la couleur, de ne pas avoir les couleurs.
14:34 C'était au contraire une re-racialisation dite positive des dominés,
14:38 des racisés, comme on dirait aujourd'hui,
14:40 dans le but de faire une mise à niveau.
14:42 Simplement, Yoné, qui écrit en 1993,
14:44 estime que lorsqu'il écrit "On atteint le point de neutralité raciale,
14:47 où il faudrait arrêter cette racialisation positive",
14:50 ouvrez les guillemets et fermez les guillemets,
14:52 et lui voyait déjà que cette tendance s'accélérait.
14:54 Donc, on n'était pas dans un rééquilibrage, mais dans une revanche,
14:56 ce qui est un peu différent.
14:58 Une façon de faire la synthèse des deux,
15:00 c'est peut-être de dire que SOS Racisme
15:02 était déjà une américanisation du débat français,
15:04 avec ce retour de la race dans le débat.
15:07 Donc, c'est peut-être une façon de dire à la fois oui et non.
15:09 - C'est un livre des années 90,
15:11 livre absolument remarquable,
15:13 qui a été vraiment très très très attaqué à l'époque.
15:17 - Oui, il a été complètement mis de côté.
15:19 - Il a pris très cher.
15:21 - Oui, en termes de carrière et de statut social,
15:23 il a payé très très cher.
15:25 - Il attaquait ce qui était une sorte de totem à l'époque,
15:28 complètement sacré, c'est-à-dire SOS Racisme.
15:31 - Oui, oui, complètement.
15:33 Et encore une fois, il faut arriver à se défaire, je dirais,
15:36 de mythes rétrospectifs, en disant "Oui, oui,
15:38 ils ont dit ça, ça et ça",
15:40 lorsqu'on regarde les textes, lorsqu'on regarde les déclarations,
15:42 on n'est pas du tout dans cette neutralité raciale,
15:44 on est dans une re-racialisation positive des dominés.
15:46 C'est très différent.
15:47 - Alors, vous avez raison, parce que dans SOS Racisme,
15:49 c'est vrai, même si c'était très dominant à l'époque,
15:51 et je peux en témoigner, j'étais complètement adhérent à ce mouvement,
15:54 parce que ça nous paraissait vraiment lutter contre le racisme.
15:57 Mais on n'entendait pas en creux la valorisation
16:00 et la célébration des origines à la mode américaine.
16:03 Je suis tout à fait d'accord avec vous.
16:05 Mais alors, je vais peut-être vous pousser un peu dans vos retranchements,
16:08 est-ce que finalement le phénomène des identitaires,
16:11 l'idéologie identitaire,
16:13 certaines déclinaisons, le virilisme, etc.,
16:17 tout ce qui essaie de contrecarrer et de contrer le wokisme,
16:20 parce que ce n'est pas une autre forme de wokisme,
16:22 parce que ce n'est pas, finalement, là encore,
16:25 traité, on va dire, de la majorité française, européenne,
16:29 de les traiter comme une tribu, comme une autre,
16:31 enfin, célébrer leurs origines aussi,
16:33 parce qu'on est dans la célébration américaine,
16:36 voire wokiste des origines,
16:38 et que, pour reprendre vos termes,
16:40 on est dans le ressentiment et dans la chouinerie narcissique.
16:43 Je pense qu'en effet, la position victimaire est addictive et contagieuse,
16:47 et je pense que c'est un virus idéologique
16:50 qui se diffuse parfois par opposition au wokisme.
16:54 Là où, à mon sens, le terme identitaire est trompeur,
16:58 c'est qu'il met au même plan différentes identités.
17:01 C'est-à-dire que l'identité dans le cadre wok,
17:04 notamment dans le domaine du genre,
17:06 on en revient vraiment à un genre par personne, in fine,
17:09 au vu de l'acronyme qui ne cesse de s'agrandir,
17:11 les pansexuels, les asexuels, les demi-sexuels,
17:14 enfin, je pourrais vous en inventer,
17:16 et personne ne saura dire lesquels sont vrais ou pas, d'ailleurs,
17:18 c'est tout le problème,
17:19 ça, il y a quelque chose de narcissique,
17:21 c'est de l'identité individuelle,
17:22 c'est de l'identité, le narcissisme de la petite différence,
17:24 c'est vouloir se construire en opposition à l'identité nationale.
17:28 Tandis qu'à mon sens, l'identité nationale,
17:31 elle, justement, a un but d'unification
17:34 et non pas de fragmentation.
17:35 De ce point de vue-là, c'est très différent.
17:37 - Renan, la France, c'est une nation,
17:39 c'est mieux qu'une race,
17:40 donc ce n'est pas l'identité,
17:41 ce n'est ni une religion spécifique,
17:43 ni une couleur de peau spécifique.
17:44 - Oui, oui, en tout cas, il y a une volonté d'unification
17:49 à un niveau supérieur,
17:50 tandis que là, moi, je l'explique dans le premier chapitre,
17:54 la seule cohérence typiquement de la phrase
17:57 "la communauté LGBT" qu'on entend dans tous les médias,
18:00 c'est une unité négative.
18:02 La seule chose qui les réunit en tant qu'identité,
18:04 c'est d'être contre la conception traditionnelle
18:06 des rapports hommes-femmes hétérosexuels en Occident
18:09 depuis dix siècles, si on veut.
18:11 Donc, c'est la seule cohérence possible
18:14 au sein des contradictions qu'ils ont
18:16 au sein de leur conception de l'identité.
18:18 C'est un peu différent de mon point de vue là-dessus.
18:20 - Mais bon, moi, je rappelle souvent
18:22 que la seule communauté en France,
18:23 ça devrait être la communauté nationale,
18:25 et plutôt de parler d'identité,
18:26 on ferait mieux de parler de patriotisme,
18:28 c'est-à-dire la religion civique
18:32 et l'attachement au pays de nos pères,
18:34 et renvoyer les couleurs,
18:36 comme on dit sous les drapeaux à l'armée.
18:38 Qu'est-ce qu'on pense, quelqu'un qui a votre âge ?
18:41 Souvent, vous renvoyez un peu le souverainisme de gauche
18:45 à ces vieilles lunes, vous dites
18:48 "ah bah, vous êtes complètement dépassé,
18:49 on va maintenant vers une sorte de guerre bloc contre bloc".
18:53 - Je pense qu'en tout cas, on entre clairement
18:55 dans un âge identitaire, ça me paraît évident.
18:58 La question c'est comment est définie cette identité ?
19:02 Dès qu'on pose des frontières, on pose une identité.
19:06 Dès qu'on pose des frontières nationales,
19:07 on pose une identité.
19:08 Dès qu'on pose des frontières conceptuelles,
19:09 on pose une identité.
19:10 La seule question c'est où est-ce qu'on les dessine ?
19:13 Et encore une fois, soit on les dessine
19:15 sur le mode de l'archipel,
19:17 c'est un thème qui est beaucoup revenu,
19:19 je pense, à juste titre.
19:20 Et aujourd'hui, ces petits archipels identitaires,
19:23 encore une fois, ont pour seule cohérence
19:25 l'opposition à ce qu'ils appellent le système,
19:27 mais ce qui, in fine, est une façon de dire
19:28 la communauté nationale.
19:30 Ils vont dire le système blanc,
19:31 le système patriarcal, le système etc.
19:34 Mais ça revient à dire, ma seule cohérence
19:35 est de m'opposer à la France.
19:37 Et je pense que ça nous apprend,
19:39 avec le succès du wokisme dans les jeunes générations,
19:41 que l'unité se refera nécessairement.
19:44 La seule question, c'est avec ou contre nous.
19:47 - Ça vous dit qu'en fait, ça aussi c'est important,
19:49 on va y revenir tout à l'heure,
19:50 vous dites que le wokisme, il est biodégradable.
19:53 Il va se dissoudre, il va tomber en poudre.
19:57 - Oui, parce que, encore une fois,
19:59 leur seule cohérence, parmi la myriade de contradictions
20:02 qui pèsent, qui pèsent lourd,
20:04 c'est l'unité négative.
20:06 C'est "dis-moi qui vous haïssez,
20:08 je vous dirai qui vous êtes",
20:09 ils fonctionnent comme ça.
20:10 C'est un peu la minute de la haine d'Orwell en 1984.
20:14 "Dans quel sens criez-vous ?"
20:16 Et là-dessus, le jour où il y aura, disons,
20:19 de moins en moins d'ennemis dans leur logiciel,
20:22 ils vont tourner les uns envers les autres.
20:24 La seule question, c'est qu'est-ce qui restera
20:25 de la France à ce stade ?
20:27 Qu'est-ce qui restera culturellement
20:29 d'autres alternatives spirituelles et existentielles
20:32 pour la jeune génération
20:33 que le projet autodestructeur WOK ?
20:35 Et ça, c'est une vraie question profonde, à mon sens,
20:37 à laquelle il va falloir répondre.
20:38 - Mais c'est peut-être mieux de répondre
20:40 moins par la victimisation que par le "nous" collectif.
20:43 - Moi, je suis entièrement d'accord.
20:44 - Le "sur moi", d'ailleurs.
20:45 - Oui, bien sûr, bien sûr.
20:46 Mais je vois ça, en effet, parfaitement à droite,
20:48 des gens qui disent, notamment dans des médias
20:51 dits "dissidents de droite",
20:53 "Ma vidéo YouTube a été censurée,
20:56 ce qui est en soi la preuve que j'ai raison",
20:58 ce qui n'est pas un bon raisonnement,
20:59 c'est une façon de devenir très bête très vite.
21:01 Ou alors, de la même façon,
21:03 Anne Hidalgo, Christiane Taubira,
21:05 ou une tête de Turc de la droite,
21:06 a dit l'inverse de ce que je dis,
21:07 ce qui est bien la preuve que j'ai raison.
21:09 Et ça, c'est une mentalité dissidente ou victimaire,
21:11 si on veut, qui empêche toute réflexion sérieuse.
21:13 - Ah, le boxisme, c'est contagieux, effectivement.
21:15 - Merci.
21:16 On va continuer cette entretienne en un instant,
21:18 mais avant, on va prendre la gagnante du jour
21:21 pour le Grand Sapin de Noël Sud Radio,
21:23 et c'est Diane qui nous appelle depuis Marseille.
21:25 Bonjour, Diane !
21:27 - Bonjour !
21:28 - Vous préparez les fêtes ?
21:29 - Je prépare les fêtes, oui, comme tout le monde.
21:32 - Bon, en tout cas, Diane,
21:34 on est ravis aujourd'hui de vous faire gagner
21:37 un coffret d'une valeur de 300 euros,
21:40 qui comprend une enceinte connectée
21:42 pour nous écouter toute la journée sur Sud Radio,
21:44 une bubble lamp design avec chargeur à induction,
21:48 une enceinte radio étanche pour nous écouter
21:50 même sous la douche.
21:52 Et puis, vous avez d'autres surprises design et connectées
21:55 de la marque française, Lexone.
21:57 Et vous pouvez aller voir sur lexone-design.com.
21:59 Félicitations, Diane !
22:01 - Merci infiniment, Sud Radio.
22:03 - Et on rappelle avec plaisir que
22:05 le Grand Sapin de Noël Sud Radio continue
22:07 sur sudradio.fr et sur les réseaux sociaux de Sud Radio.
22:10 À tout de suite sur Sud Radio et bonne fête encore !
22:13 - Bonne fête à vous !
22:14 Sud Radio Bercov, dans tous ses États,
22:17 appelez maintenant pour réagir 0 826 300 300.
22:21 Sud Radio Bercov, dans tous ses États,
22:25 midi 14h, Guillaume Bigot.
22:28 - Alors, je suis avec Pierre Valentin
22:32 et on parle de cette révolution pas comme les autres
22:34 qui nous vient des États-Unis, le wokisme,
22:36 vous en avez entendu parler.
22:38 Là, on essaie vraiment de soulever le capot
22:42 et de voir ce qu'il y a en dessous.
22:44 Vous nous dites qu'il y a quand même un lien
22:46 dans la manière dont ça se propage,
22:48 avec le marxisme, avec le gauchisme,
22:50 vous parlez d'ailleurs de votre livre,
22:52 qui s'appelle "Comprendre la révolution".
22:54 Donc la révolution, c'est quand même
22:56 un terme qui a toute une histoire politique.
22:59 Expliquez-nous un peu.
23:01 - Oui, alors moi je mobilise la notion de révolution
23:03 comme le fait Orwell, encore une fois,
23:05 dans "La Ferme des Animaux",
23:07 c'est-à-dire que la révolution politique,
23:09 parfois, se confond avec la révolution géométrique.
23:11 C'est-à-dire que vous avez un point de départ,
23:13 et si vous le définissez uniquement par la négative,
23:15 ce qui est le cas à la fois du wokisme
23:17 et des cochons dans "La Ferme des Animaux",
23:19 dans les deux cas, c'est, si je voulais être
23:21 un petit peu provocateur, exterminer l'homme,
23:23 dans un cas avec un grand H et dans l'autre
23:25 avec un petit H, le mal ou l'humanité,
23:27 vous finissez fatalement par revenir
23:29 au point de départ.
23:31 Et à mon sens, on le voit dans...
23:33 - C'est l'étymologie de révolution, hein.
23:35 - C'est un axe géométrique, 360 degrés, si on veut.
23:37 - On revient au point de départ.
23:39 - Tout à fait. Et la dernière scène de "La Ferme des Animaux",
23:41 c'est après que des cochons aient dit exterminer l'homme,
23:43 des cochons et des hommes qui trinquent ensemble.
23:45 Et là, on a un petit peu ça, à mon sens,
23:47 avec le wokisme, où typiquement,
23:49 initialement, ça vient d'un courant
23:51 qui se considérait comme une réponse
23:53 aux années 40,
23:55 et à l'antisémitisme et au nazisme,
23:57 et qui, in fine, aujourd'hui, revient à une sorte
23:59 d'éloge plus ou moins explicite de l'antisémitisme,
24:01 en refusant de dire sur les campus
24:03 que, tout à fait, on fait 360 degrés,
24:05 la boucle, la boucle, en refusant de dire sur les campus
24:07 qu'on ne tolérera pas la phrase
24:09 clairement "exterminons les juifs".
24:13 - Donc tout commence avec Herbert Marcus,
24:15 par exemple, intellectuel juif
24:17 de l'école de Francfort, et tout finit
24:19 avec Claudine Gay, la patronne
24:21 de Harvard. - Exactement.
24:23 Et pour moi, ça, Orwell nous a
24:25 donné une grille de lecture conceptuelle
24:27 pour comprendre pourquoi c'était inéluctable.
24:29 C'est comme pour donner une image à nos auditeurs,
24:31 si vous étiez sur un bateau,
24:33 vous avez des récifs en face de vous,
24:35 et n'ayant pas de cap positif à proposer
24:37 plutôt que les récifs, vous faites un coup de barre
24:39 dans une direction et vous restez comme ça,
24:41 et in fine, vous finirez par revenir sur les récifs
24:43 que vous voulez éviter. Et donc là, c'est précisément
24:45 ce qui arrive avec le hokisme, et pourquoi est-ce que je parle
24:47 de révolution ? C'est parce que,
24:49 notamment, ça complique
24:51 un peu la généalogie. Parce que chaque auteur peut dire
24:53 "Regardez, ils ont fait l'inverse de ce que j'avais dit,
24:55 donc ça ne peut pas être moi". Mais il y a aussi,
24:57 dans cette logique dialectique, cette inversion
24:59 permanente, le fait de faire l'inverse
25:01 de l'auteur d'avant, c'est quasiment une marque de signature.
25:03 - Donc là, c'est tourner en rond, c'est ne pas
25:05 avoir de boussole, c'est pas exactement le même
25:07 idée que Cronos qui dévore ses
25:09 enfants, ou la révolution qui dévore ses enfants, c'est pas
25:11 exactement ça ? - Je pense que c'est
25:13 quand même assez proche. Moi, un
25:15 exemple que j'aimerais donner, que je trouve frappant,
25:17 c'est des auteurs post-coloniaux,
25:19 le post-colonialisme est une des branches importantes
25:21 qui en nourrit le hokisme. On le voit en ce moment
25:23 avec l'insulte de Colon, qui est reprise
25:25 à la fois pour parler des Juifs en Israël
25:27 et des Français en France,
25:29 qui, dans le
25:31 post-colonialisme, on a un certain nombre d'auteurs
25:33 qui, par exemple, font très clairement
25:35 dans les concepts, dans la façon d'écrire, dans la façon
25:37 de réfléchir, du Foucault, du
25:39 Michel Foucault dans le texte, mais sans
25:41 le citer, parce que, pour faire
25:43 honneur à ce qu'il s'appelle la justice épistémique,
25:45 et ne pas trop citer de mâles blancs, on va pas
25:47 le citer. Mais pour autant, on est parfaitement
25:49 dépendant de sa pensée. De la même façon, Judith
25:51 Butler, dans "Trouble dans le genre",
25:53 va citer Lacan.
25:55 Lacan met sur des dizaines de pages, en démontrant
25:57 à quel point sa pensée dépendait de Lacan,
25:59 et à la fin, elle l'annule, en le qualifiant
26:01 plus ou moins explicitement de "puceau rétrograde".
26:03 Et donc, je trouve que ce rapport
26:05 à la filiation est très paradoxal. C'est-à-dire que
26:07 on assume de dépendre
26:09 de l'aîné, du père, symboliquement,
26:11 mais à la fin, il faut tuer le père, en montrant qu'on a rien à voir
26:13 avec lui, et que même qu'il était moralement condamnable
26:15 et parfaitement dépassé. Et c'est ce qui rend toute
26:17 filiation et toute généalogie que j'ai essayé de faire, forcément
26:19 assez compliquée. - Ouais, tous ces gens-là avaient un problème,
26:21 c'est qu'ils étaient quand même lettrés,
26:23 supérieurement intelligents,
26:25 et le hasard fait qu'ils étaient
26:27 blancs, mais enfin bon, et occidentaux,
26:29 donc pour eux, évidemment, ça finit
26:31 par être l'ennemi à "canceler",
26:33 comme ils disent, à annuler. - Oui, oui,
26:35 et c'est d'ailleurs ce qu'il faut dire à beaucoup de gens,
26:37 disons, qui cochent les mauvaises
26:39 cases identitaires, et qui essayent
26:41 de trouver des excuses
26:43 à ce mouvement. Je cite, par exemple,
26:45 l'universitaire
26:47 Laure Murat, qui s'épuise à
26:49 trouver des nuances dans un mouvement qui n'en tolère
26:51 aucune, et qui s'imagine
26:53 d'une certaine façon
26:55 passer à côté de la vindicte et d'échapper
26:57 à la foule, mais il faut arriver à expliquer
26:59 à ce type de profil que
27:01 en réalité, ce qu'ils ne savent pas,
27:03 c'est qu'ils négocient le luxe d'être guillotinés en dernier.
27:05 C'est-à-dire qu'ils ne sont pas en train
27:07 d'acquérir leur légitimité
27:09 auprès de cette foule, ils sont en train
27:11 de nourrir un tigre qui, in fine,
27:13 aura assez de force pour les dévorer, eux.
27:15 Et je pense que cette logique-là est très peu
27:17 intégrée par ceux qui, encore une fois,
27:19 s'épuisent à trouver des nuances dans un mouvement qui n'en tolère pas.
27:21 - Donc là, je comprends,
27:23 vous nous avez fait une généalogie,
27:25 on parle d'une espèce de matrice, disons,
27:27 très à gauche, la terreur,
27:29 l'épuration, les procès,
27:31 donc ils vont finir par se liquider
27:33 eux-mêmes, ou s'épurer eux-mêmes, ok ?
27:35 Mais est-ce qu'on ne peut pas dire,
27:37 de votre point de vue, qu'il y a tout de même
27:39 une origine, un peu,
27:41 ou en tout cas une vectorisation
27:43 par le capitalisme, par les multinationales,
27:45 par les grandes entreprises,
27:47 de ce wokisme ? C'est-à-dire que le wokisme,
27:49 c'est quand même propagé en France,
27:51 notamment par les grandes entreprises,
27:53 qui sont toutes, d'ailleurs, il faut le dire,
27:55 américanisées, parfois, ces entreprises françaises,
27:57 parlent entre elles en américain,
27:59 et alors, elles n'ont qu'une idée
28:01 à la bouche, c'est la diversité,
28:03 c'est le genre, etc. Donc c'est bien
28:05 à droite aussi, quelque part, le wokisme, non ?
28:07 - Ça dépend de si on classe le capitalisme comme étant
28:09 à droite ou pas, mais ça c'est un autre débat.
28:11 - Alors là, c'est une persécution sceptuelle. Si le capitalisme
28:13 est à gauche, puis à Valentin, je note, il est
28:15 13h36, non, blague à part.
28:17 Vous faites une diversité wokiste, là, quand même.
28:19 - Non, mais je suis assez michéiste là-dessus,
28:21 donc les deux libéralismes
28:23 sont assez cohérents à pas mal
28:25 d'égards, mais bon, c'est un autre débat, on ne va pas
28:27 le refaire ici. Ce qui
28:29 m'intéresse, c'est qu'il y a en effet,
28:31 je dirais, une diffusion dans le monde du privé
28:33 et une diffusion dans le monde du public.
28:35 Avant de revenir là-dessus, je pense que, par contre, au niveau
28:37 des origines théoriques, ils vont piocher,
28:39 radicaliser, contredire,
28:41 vulgariser des auteurs
28:43 de gauche, et là-dessus, ils n'ont pas vraiment d'inspiration
28:45 à droite. Par contre, au niveau de la...
28:47 - Même du côté des libertariens, pardon, je pousse un peu le
28:49 bouchon, c'est-à-dire les gens qui disent
28:51 vraiment l'individu s'auto-
28:53 engendre. - Si, c'est vrai que de ce point de vue-là,
28:55 en tout cas, c'est au sein de la matrice libérale
28:57 qui vont piocher certains éléments, notamment, je
28:59 dirais, sur l'aspect transgenre, où c'est
29:01 j'ai jadis
29:03 refusé qu'on m'impose
29:05 ma religion, ma nation, ma communauté,
29:07 et aujourd'hui, je refuse qu'on m'impose mon sexe.
29:09 C'est une
29:11 dissolution qui se prolonge dans le temps, on pourrait dire,
29:13 de toutes les attaches non choisies. - Et puis, je dois
29:15 rien à l'État, je dois rien à la nation,
29:17 il n'y a pas de frontières. - Alors après, sur l'État,
29:19 à mon sens, ils ont une relation assez paradoxale
29:21 qui est de projeter sur la figure étatique
29:23 à la fois la figure
29:25 du père tyrannique, donc
29:27 le racisme systémique,
29:29 le père, le tyran qui nous impose
29:31 le racisme, etc. - Le système. - Le système.
29:33 Et le patriarcat,
29:35 d'ailleurs, ça fait la jonction des deux notions,
29:37 à la fois le père et le système,
29:39 et, à l'inverse, projette
29:41 sur eux la notion de mère nourricière, c'est-à-dire que c'est
29:43 de les subventions étatiques dont ils dépendent,
29:45 tout un réseau
29:47 associatif fonctionne uniquement par le public
29:49 et peut se protéger de ce point de vue-là
29:51 de la sanction du marché et de la sanction
29:53 des électeurs. Dans le monde
29:55 de la bureaucratie et de la subvention, on est
29:57 à l'abri, pas toujours, mais souvent, de ces
29:59 puissances-là. - Donc ils n'aiment pas l'État papa,
30:01 mais ils aiment bien l'État maman nourricière.
30:03 - C'est les deux, c'est encore une fois, en fait, c'est une
30:05 relation adolescente à l'autorité.
30:07 C'est "papa, j'aimerais que tu vois
30:09 mes exploits et ce que je fais, mais par ailleurs,
30:11 mon père est ce sale con", enfin,
30:13 si vous me permettez l'expression... - "Maman, donne-moi des subventions."
30:15 - Oui, mais donc c'est un peu les deux.
30:17 C'est pas évident, c'est un rapport, encore une fois, immatur
30:19 à l'autorité, à la fois
30:21 une grande dépendance, parce qu'ils sont très peu
30:23 débrouillards de par la surprotection que cette génération
30:25 a vécue plus jeune, et en même temps,
30:27 cette réaction face à
30:29 toute forme d'autorité, qu'ils ne peuvent
30:31 pas supporter, toute forme de hiérarchie, de normes,
30:33 ils détestent ça.
30:35 Donc il y a cette relation, je dirais,
30:37 immature à l'autorité en général.
30:39 Et juste sur la diffusion,
30:41 on a vu à la fois, je dirais, le public,
30:43 avec "En France", j'encourage tous nos auditeurs
30:45 à aller voir france.tv/,
30:47 qui est la version jeune,
30:49 si on veut, version numérique, réseau
30:51 social, tout ce qu'on veut, du service
30:53 public de France Télévisions,
30:55 qui est d'une radicalité hallucinante.
30:57 - Je confirme, c'est gratiné. - C'est très gratiné,
30:59 avec même parfois des postes contre la police,
31:01 en les traitant de systémiquement racistes,
31:03 etc. Ce qui pose question... - Et ça,
31:05 c'est financé, pardon, avec nos impôts ? - Avec nos impôts.
31:07 Là, c'est le public. Et ce qui est paradoxal, c'est que là,
31:09 c'est l'État qui explique que l'État
31:11 fait mal son travail sur la police.
31:13 C'est-à-dire que, de la même façon,
31:15 on a un État qui subventionne
31:17 les associations, qui ont pour but de dire
31:19 que l'État est systémiquement raciste,
31:21 et on tolère cette espèce de masochisme
31:23 subventionné en circuit court,
31:25 et on trouve ça parfaitement normal.
31:27 Ça, c'est du service public, pour le coup. Mais en effet,
31:29 en privé, on a, via des grandes entreprises
31:31 comme Disney, qui pendant longtemps
31:33 et aujourd'hui font un demi-mea culpa
31:35 en disant "on a
31:37 trop walkisé, maintenant promis,
31:39 on va essayer de divertir plutôt que de rééduquer",
31:41 eux ont très largement contribué
31:43 à cette diffusion, et on a vu ça en France. Donc si vous voulez, c'est à la fois
31:45 LinkedIn et France TV/.
31:47 - Pour vous, c'est
31:49 davantage un mouvement
31:51 américain,
31:53 on soulignait cette importation
31:55 américaine, ou un mouvement,
31:57 disons, français. Vous le citiez,
31:59 Foucault, Derrida, c'est ce que les Américains
32:01 dans les universités appellent la "French Theory".
32:03 C'est quoi pour vous, vraiment,
32:05 la racine, le noyau originel
32:07 du walkisme ? - Alors pour moi, il y en a deux.
32:09 Il y en a une qui est non-française
32:11 et une qui l'est. Sur tout ce qui est
32:13 du genre, à mon sens, du côté
32:15 de Foucault et des
32:17 post-modernes en général, ils ont été
32:19 radicalisés, mais pas
32:21 intégralement trahis par Judith Butler,
32:23 qui est arrivée après, où là, il y a cet éloge du flux,
32:25 de la fluidité, de l'inclassable,
32:27 de l'exception à la norme qui détruit
32:29 la norme, de l'autre avec un grand A,
32:31 et donc là, la figure du transgenre
32:33 s'est coulée dans le marbre très logiquement
32:35 à la suite de cela, parce que
32:37 c'était l'inclassable. Pareil, chez Foucault,
32:39 on trouve cette critique de l'arbitraire,
32:41 de l'exclusion du pouvoir,
32:43 le pouvoir qui exclut arbitrairement, qui étiquette,
32:45 etc. Et lorsqu'on entend le slogan
32:47 de l'inclusion, c'est déjà en soi
32:49 le revers de cette médaille-là. De la même façon,
32:51 les accusations qu'on entend de psychophobie,
32:53 qui est de dire que le système
32:55 étiquette arbitrairement
32:57 les personnes qui souffrent de troubles mentaux
32:59 de façon parfaitement relativiste.
33:01 Je cite par exemple une activiste
33:03 à la fois autiste et woke...
33:05 - C'est-à-dire qu'il y a l'idée qu'il ne peut pas y avoir
33:07 de définition de la pathologie.
33:09 - Non. - Ce que vous dites, c'est pathologie,
33:11 c'est que vous définissez le sain, et ils refusent
33:13 de séparer ce qui est sain et ce qui est pathologique.
33:15 - Et pour eux, étiquer arbitrairement,
33:17 cette formule est un pléonasme. C'est-à-dire que
33:19 le système décide qu'eux, et même lorsque vous avez
33:21 par exemple, dans le domaine de la grossophobie,
33:23 c'est une étude de corpulence,
33:25 un scientifique qui va vous dire
33:27 "Pardon, mais vous faites 150 kilos, votre espérance de vie
33:29 va être divisée par deux, vos risques de cancer, etc."
33:31 Ca, c'est
33:33 parfaitement relativiste. Ca, c'est le système
33:35 qui dit qu'eux pour exclure les minorités grosses.
33:37 C'est-à-dire que le relativisme là-dessus
33:39 se poursuit très loin, et à mon sens, a été
33:41 initié là-dessus par Foucault, sur l'aspect
33:43 "savoir-pouvoir",
33:45 qui est dire que le savoir
33:47 et le pouvoir ne sont qu'une seule et même chose.
33:49 Il n'y a pas de savoir objectif, parce que c'est le pouvoir
33:51 qui promeut un certain savoir,
33:53 et quand on arrive là-dessus, on peut dire
33:55 "de +2 = 4", on peut aussi dire que
33:57 pour aider quelqu'un, on pourrait dire
33:59 "de +2 = 5", "de +2 = 6",
34:01 et là-dessus, il n'y a pas de vérité en soi, il n'y a que de vérité
34:03 que le pouvoir cherche à imposer.
34:05 Et donc là, cette dissidence promeut
34:07 très logiquement un relativisme.
34:09 - On va revenir sur cette relation
34:11 très intéressante entre savoir
34:13 et pouvoir, parce que Zoubaoukis, ça semble être un savoir
34:15 qui dévore le savoir,
34:17 qui l'avale.
34:19 - Et c'est vous qui aurez la parole
34:21 au 0826 300 300,
34:23 on attend vos questions
34:25 sur Sud Radio 0826 300 300.
34:27 A tout de suite sur Sud Radio.
34:29 - Alors avec Pierre Valentin,
34:43 auteur chez Galimar,
34:45 de "Comprendre
34:47 la révolution woke", on se posait
34:49 des questions qui sont des questions très
34:51 fortes, très,
34:53 j'allais dire même très puissantes sur le plan philosophique,
34:55 le lien entre le savoir et le pouvoir
34:57 et comment l'idéologie
34:59 woke est une espèce de...
35:01 est en train de corrompre ce lien
35:03 entre savoir et pouvoir. Est-ce que ça veut dire
35:05 que le wokisme,
35:07 c'est un savoir qui attaque le savoir, et est-ce que ça veut dire
35:09 que ça peut se diffuser
35:11 dans un univers où le pouvoir,
35:13 nos pouvoirs, tous les pouvoirs, d'abord le pouvoir
35:15 politique, il est de plus
35:17 en plus délié du savoir, le niveau
35:19 baisse quand même. - Oui, bien sûr, en fait,
35:21 encore une fois,
35:23 dans le texte de Foucault initial,
35:25 il est assez clair
35:27 que pour lui, un savoir désintéressé
35:29 n'existe pas. Et je sais que certains ont essayé
35:31 de dire qu'il n'a pas vraiment dit ça, mais croyez-moi, je suis allé
35:33 lire, il a vraiment dit ça. Et
35:35 au début, ça peut être une sorte d'intuition
35:37 de bon sens, qui est de dire, je ne sais pas
35:39 si l'État fait la promotion
35:41 d'une étude scientifique,
35:43 il faut faire attention, on s'est peut-être intéressé,
35:45 il faut aller voir d'autres avis, et très bien.
35:47 Mais très concrètement, lorsqu'on pousse l'intuition de Foucault
35:49 jusqu'au bout, on arrive au fait que lorsque
35:51 quelqu'un n'importe où dit 2+2=4,
35:53 il faut lui dire à qui profite le crime.
35:55 - Donc tout est rapport de force. - Tout est rapport de force.
35:57 - Donc la géométrie, l'algebra, tout ça c'est du rapport de force.
35:59 - Et donc on a vu par exemple la promotion... - C'est un coup
36:01 des Athéniens, par exemple. - Par exemple,
36:03 il faudrait voir pourquoi les Athéniens
36:05 ont promu l'algebra. Est-ce que ça permettait
36:07 de promulguer... - Pour nier les pères, ce qui était racisé peut-être.
36:09 - Par exemple, mais ça irait dans ce sens-là.
36:11 Les gens ne comprennent pas ça tout de suite, mais il suffit
36:13 de pousser un peu la logique à bout pour se rendre
36:15 compte de l'absurde. Tout à l'heure j'ai parlé de leur
36:17 argument sur la grossophobie, pareil, la personne
36:19 qui va vous dire à 150 kilos "votre espérance
36:21 de vie est catastrophique", c'est encore une
36:23 stratégie d'un pouvoir pour imposer
36:25 une norme arbitraire pour étiqueter, etc.
36:27 - Mais ça va très loin cette histoire, si on s'arrête un instant.
36:29 Est-ce que pour vous ça valide un peu les théories
36:31 du complot, parce qu'en fait, effectivement, les personnes
36:33 qui sont... on parle même d'obésité morbide,
36:35 la médecine parle d'obésité morbide.
36:37 Ce qui veut dire à la fois qu'il y a une intention
36:39 chez ces gens qui dépassent des poids
36:41 absolument incroyables de se faire du mal,
36:43 et en même temps que leur espérance de vie va être
36:45 très réduite. Donc ça veut dire quoi
36:47 quand ils meurent ? Ça veut dire que c'est le système
36:49 qui les a tués ? - Oui, oui, il y a souvent
36:51 cet aspect infalsifiable qu'on voit aussi avec les transitions
36:53 de genre, qui est que le
36:55 taux de suicide est gigantesque
36:57 avant transition, mais quasiment
36:59 le même après transition. Et lorsque la personne
37:01 se suicide, ils retombent sur leurs pattes
37:03 en disant "oui, soit elle a fait sa transition
37:05 et elle est quand même morte, mais
37:07 c'est parce que le système lui a imposé
37:09 des discriminations, l'a humilié, etc."
37:11 - C'est toujours la faute du système ? - Toujours la faute du système
37:13 et à mon sens, c'est assez fort
37:15 parce que ils ont
37:17 une quantité impressionnante
37:19 de synonymes pour parler du système.
37:21 Ils ont par exemple le néologisme
37:23 "blanc-triarcat",
37:25 qui est une synthèse du terme "blanc"
37:27 et "patriarcat". Ils ont
37:29 la formule "le système"
37:31 écrit "CIS" en référence
37:33 à ce qu'ils appellent les six genres,
37:35 les personnes qui ne sont pas transgenres,
37:37 qui est un terme qu'ils ont inventé.
37:39 Et donc, pourquoi cette notion de système
37:41 est si présente ? Ça permet de se définir
37:43 en contre face à une abstraction
37:45 négative en disant "moi, je suis
37:47 un dissident, je suis David
37:49 contre Goliath", ce qui permet
37:51 ensuite à faire subir tout ce qu'on veut
37:53 à Goliath et son système. Et on l'a vu
37:55 récemment avec la question du Hamas
37:57 où le qualificatif
37:59 de "colon" permettait
38:01 de justifier toutes les violences envers
38:03 les personnes juives. Une fois qu'ils sont colons,
38:05 ça veut dire qu'ils sont dominants, ça veut dire qu'ils ont
38:07 un système, et ça veut dire que par
38:09 anti-système, par dissidence, j'ai le droit de leur faire
38:11 subir tout ce que je veux. Et ça, c'est
38:13 vraiment un raisonnement qu'il faut comprendre, parce que
38:15 généralement, ce qu'ils accusent le système de faire
38:17 quelque chose de mal, c'est qu'ils demandent
38:19 en creux la permission de faire la même chose.
38:21 Je cite Herbert Marcus de l'école de
38:23 Francfort, donc plutôt un juif allemand
38:25 mais qui ensuite est allé aux Etats-Unis,
38:27 donc là on n'est pas sur une filiation française, pour revenir à la question
38:29 de tout à l'heure, qui dit
38:31 "c'est parce que la société actuelle est
38:33 antidémocratique qu'il faut être antidémocratique
38:35 pour remettre en place la vraie démocratie.
38:37 C'est parce que la société est
38:39 violente qu'il faut pouvoir être violent
38:41 pour arriver à la non-violence."
38:43 Alors, on a je crois
38:45 un auditeur, je ne sais pas...
38:47 - On vous appelle au 0826 300 300,
38:49 c'est Christophe, depuis Aix-en-Provence.
38:51 Bonjour Christophe.
38:53 - Bonjour à Estébonne,
38:55 mais restez au colonel en attendant
38:57 le retour du général,
38:59 et bonjour à l'invité.
39:01 - Bonjour à vous Christophe,
39:03 on vous écoute.
39:05 - Alors voilà, moi j'ai une question
39:07 un poil à gratter.
39:09 D'abord, la première chose,
39:11 il me semble que
39:13 le wouhoukisme c'est la révolution culturelle
39:15 en Mao.
39:17 Et je pense, comme
39:19 pour les médicaments,
39:21 les antibiotiques
39:23 ce n'est pas systématique,
39:25 mais je me dis, en l'absence
39:27 d'idéologie
39:29 à l'Occident, c'est-à-dire
39:31 qu'il n'y a plus que le marché,
39:33 est-ce que l'islam ne serait pas
39:35 à dose homéopathique
39:37 un genre d'antibiotique ?
39:39 - Ah, bonne question,
39:41 intéressant. Est-ce que l'islam
39:43 c'est l'antidote au wouhoukisme ?
39:45 - Alors, ça c'est un propos
39:47 plutôt, disons, prescriptif.
39:49 Je me garderai de faire toute
39:51 proposition publique.
39:53 Je pense qu'il y a en effet des contradictions centrales
39:55 entre islamisme et wouhoukisme.
39:57 - Ça n'a pas bien se passé. - Ça n'a pas bien se passé du tout.
39:59 L'intersectionnalité ne peut pas fonctionner de ce point de vue-là.
40:01 Il y a un rapport à l'autorité,
40:03 un rapport à l'individualité.
40:05 Je ne saurais même pas par où commencer
40:07 pour lister les différences. - C'est fascinant,
40:09 c'est terme à terme d'ailleurs qu'il y a une opposition.
40:11 - Oui, oui, absolument.
40:13 Mais déjà, encore une fois,
40:15 - La fluidité de genre,
40:17 et alors la
40:19 la césure très très brutale
40:21 entre le masculin et le féminin dans l'islam,
40:23 c'est fascinant. - Oui, tout à fait.
40:25 Là-dessus, il n'y a pas de fluidité de genre.
40:27 - Zéro. - Tout à fait.
40:29 Alors après, sur la question du maoïsme
40:31 qui était au début de la question de l'auditeur,
40:33 je pense que c'est une comparaison pertinente
40:35 qui a, je pense, inspiré
40:37 le gauchisme
40:39 qui a eu lieu aux Etats-Unis
40:41 dans les années 60, où là il y avait
40:43 Marx, Mao et Marcus,
40:45 c'est vraiment des figures tutélaires de ces courants-là
40:47 qui ont d'ailleurs posé des bombes
40:49 dans certains cas aux Etats-Unis dans les années 60-70
40:51 et qui ont été
40:53 qui se revendiquaient
40:55 de Marcus.
40:57 Là-dessus, la comparaison est intéressante parce que
40:59 précisément
41:01 sous Mao et la révolution culturelle,
41:03 il y a eu une volonté d'inverser
41:05 le cours naturel des choses, où c'était aux jeunes
41:07 de faire la morale en quelque sorte
41:09 aux vieux, c'était aux jeunes de dénoncer
41:11 leurs parents. - Bombarder les Etats-majors,
41:13 on disait avant tout. - Absolument.
41:15 Et c'était une façon de résoudre la
41:17 contradiction centrale lorsqu'on est
41:19 fasciné par la subversion, qui est
41:21 lorsqu'on est dissident, on peut faire l'éloge de la transgression
41:23 et de la subversion, mais lorsqu'on prend
41:25 le pouvoir, ça devient délicat.
41:27 Et la façon que Mao avait trouvée
41:29 et qui était assez ingénieuse
41:31 de ne pas être
41:33 happé par cette contradiction, c'était
41:35 de prôner une subversion permanente, mais à d'autres endroits.
41:37 Donc par exemple, d'un seul coup, maintenant qu'on a le pouvoir,
41:39 on va demander aux jeunes de dénoncer
41:41 les personnes plus âgées et on va poursuivre
41:43 des révolutions, mais à d'autres endroits pour que le fait
41:45 qu'on soit en position de pouvoir
41:47 en tant que transgresseur ne soit pas tout à fait
41:49 perçu comme une contradiction par le reste de la population
41:51 occupée à aller faire des révolutions
41:53 dans tous les sens, à tous les niveaux.
41:55 - Est-ce que
41:57 le succès, alors relatif
41:59 certes, mais le succès tout de même du
42:01 wauquisme, sa diffusion, c'est pas
42:03 pour vous à prendre comme un
42:05 des symptômes de ce qu'on pourrait
42:07 appeler une espèce de
42:09 volonté de suicide, c'est peut-être trop fort,
42:11 mais de pulsions un peu morbides dans le monde occidental.
42:13 C'est-à-dire que si on voit l'effondrement
42:15 du taux de natalité, simultanément
42:17 l'immigration, alors qu'on sait que c'est quand même les
42:19 enfants qui vont assimiler les nouveaux venus,
42:21 une immigration surtout en Occident,
42:23 en Europe occidentale, musulmane,
42:25 alors même qu'on renonce à l'assimilation,
42:27 et alors même qu'on pousse ces théories
42:29 wauquistes dans les écoles. Donc là,
42:31 comme on disait tout à l'heure, ça va mal se passer.
42:33 Est-ce que c'est pas quelque chose
42:35 qui sent un peu la mort ?
42:37 Oui, oui, moi je pense que c'est, encore une fois,
42:39 c'est quelque chose qui vient de loin.
42:41 Ce qui a été terrible, c'est qu'à la suite de la Seconde Guerre mondiale,
42:43 on a eu un récit qui s'est imposé,
42:45 qui est le fruit de multiples simplifications,
42:47 qui est de dire que, globalement,
42:49 tout l'Occident avait été coupable du génocide des Juifs,
42:51 que, par exemple,
42:53 on mettait même de côté le fait que même en Allemagne,
42:55 il y avait des dissidents qui n'étaient pas du tout d'accord avec
42:57 Hitler et qui ont essayé de le renverser avec l'opération
42:59 Valkyrie, mais ça on l'a mis de côté, pour dire
43:01 que tous les Occidentaux sont coupables.
43:03 Coupables de quoi, précisément, d'avoir
43:05 exclu et maltraité
43:07 des autres avec un grand A, qui est la figure
43:09 de la minorité, et donc
43:11 par extension, il faudrait
43:13 inclure tous les autres à jamais,
43:15 en quantité illimitée, etc. C'est un peu pour simplifier
43:17 le récit qui nous a été imposé, et là-dessus,
43:19 il y a déjà dans le fait d'écrire "autres"
43:21 systématiquement avec un grand A, un rapport
43:23 particulier au "nous". C'est-à-dire que
43:25 qu'est-ce que l'autre avec un grand A, a de si génial ?
43:27 C'est précisément de ne pas être "nous".
43:29 C'est-à-dire qu'on dit à des gens "vous êtes formidables
43:31 car vous n'êtes pas nous". Et ça, déjà,
43:33 quand ça va très loin, ça devient
43:35 une haine de soi. Il n'y a pas d'autre façon de le formuler.
43:37 Et ce qui est intéressant, c'est qu'il y a une envie de disparaître
43:39 en creux, quoi. Une envie de disparaître qu'on voit avec, vous l'avez dit,
43:41 les "no kids". On aimerait
43:43 ne pas exister, ne pas perdurer dans le temps
43:45 en tant que communauté, et là-dessus,
43:47 le "tout sauf nous"
43:49 au niveau civilisationnel,
43:51 c'est muet en "tout sauf moi" au niveau
43:53 individuel, et on le voit au niveau
43:55 de ces jeunes "woke" qui,
43:57 écrasés par le poids de leur blanchité,
43:59 comme ils disent, cherchent
44:01 à faire des tests d'ADN pour montrer qu'en réalité,
44:03 ça va, ils ont 2,5% de sang "apache"
44:05 et d'eau qui ne sont pas tout à fait
44:07 blancs, ou alors, on voit plus que ça chez les jeunes
44:09 femmes qui sont écrasées par la culpabilité
44:11 de leur blanchité,
44:13 transitionnées, donc, de devenir transgenre,
44:15 donc, pour échapper à la vindicte en y
44:17 participant... - Se fuir soi-même. - Se fuir soi-même,
44:19 exactement. Et c'est là où on revient au narcissisme,
44:21 c'est pour être dans ce "tout sauf moi",
44:23 c'est dans le fond qu'on ne s'aime pas tant que ça. - Ah, c'est sûr.
44:25 Vous dites d'ailleurs que le "wokisme"
44:27 va finir par s'effondrer, et vous avez cette formule,
44:29 je trouve assez heureuse, mais
44:31 aussi assez inquiétante, c'est-à-dire que
44:33 le "wokisme", c'est comme un serpent qui s'enroule,
44:35 mais autour de notre cou, et il va finir
44:37 par mourir, mais il va quand même se...
44:39 enfin, nous étrangler à la fin. - Oui, oui,
44:41 le serpent se mord la queue, mais autour de notre cou.
44:43 Une autre image qui va dans le même sens,
44:45 c'est un boulet qui, donc, va forcément couler au fond
44:47 de l'océan, mais il menace de s'accrocher à notre
44:49 cheville sur le passage. On est face à un
44:51 mouvement qui ne peut que s'autodétruire,
44:53 j'espère que les auditeurs l'auront compris,
44:55 l'acronyme LGBT, déjà,
44:57 centre des Vosges, on a un mouvement "Alliance LGBT"
44:59 au Royaume-Uni, qui a exclu
45:01 les autres lettres, on a
45:03 d'autres contradictions à plein de niveaux, on voit les
45:05 Juifs et les Asiatiques, qui aux Etats-Unis, sont
45:07 exclus de leur statut de minorité ethnique, symboliquement,
45:09 puisqu'on les traite de "white adjacent",
45:11 donc de quasi-blancs, de proto-blancs, etc.
45:13 Donc là-dessus, la mèche
45:15 est allumée, si on veut. - Ils sont même plus blancs que blancs,
45:17 puisqu'ils réussissent mieux à l'université. - Ils réussissent encore mieux,
45:19 c'est vrai, mais on les traite de "white adjacent",
45:21 c'est-à-dire qu'on ne traite pas les blancs de "Jewish adjacent",
45:23 mais bon, passons, tout ça est très compliqué.
45:25 Par contre, en effet,
45:27 au vu de la popularité dans les jeunes générations,
45:29 alors, c'est pas homogène dans ma génération,
45:31 mais quand même, ça prend beaucoup, beaucoup plus qu'au-dessus,
45:33 donc c'est une tendance de fond.
45:35 Là-dessus, si on n'est pas capable de proposer
45:37 un autre récit, on n'y arrivera pas.
45:39 C'est-à-dire que le mouvement "Woke" est une pure négation,
45:41 mais proposer une négation de la négation,
45:43 ça ne va pas nous amener grand-chose. Une pure critique
45:45 n'est pas suffisante. - Justement,
45:47 on a moins
45:49 d'une minute pour conclure. On l'a, ce grand récit.
45:51 C'est la France, c'est la démocratie
45:53 française. Pourquoi on ne renvoie pas les couleurs, tout simplement ?
45:55 - Je suis d'accord, et je pense que
45:57 l'inverse de la haine de soi, c'est la fierté
45:59 de soi. Et là-dessus, c'est beaucoup
46:01 plus unificateur qu'une fragmentation
46:03 diversitaire, identitaire que l'on voit en ce moment.
46:05 Et je pense que, plus généralement,
46:07 pour reprendre là encore une autre image,
46:09 on n'a jamais convaincu qui que ce soit
46:11 d'abandonner sa bouée de sauvetage
46:13 en lui disant qu'elle était de nature cancérigène.
46:15 C'est-à-dire que ça reste une bouée de sauvetage.
46:17 - Et bien sûr. - Et bien sûr, l'idéologie woke sert de ça pour toute une part de la génération.
46:19 Et on voit qu'en creux,
46:21 avec leur désir d'avoir une communauté transgenre,
46:23 une communauté LGBT, etc.,
46:25 que le désir de faire un, de faire communauté
46:27 est très puissant, et que c'est un appel à l'aide aussi
46:29 qu'il faut savoir entendre. - C'est ça. C'est-à-dire,
46:31 il y a plus fort que le black, blanc, beurre, il y a le bleu,
46:33 blanc, rouge, quelles que soient nos origines.
46:35 Merci, Pierre Ballontin. Je rappelle que vous êtes l'auteur de "Comprendre
46:37 la Révolution Woke", aux éditions
46:39 Gallimard. - Oui, c'est disponible en
46:41 librairie, et ça ferait un beau cadeau pour Noël.
46:43 Merci à tous de nous avoir suivis. Merci à Maxime Senna
46:45 de la réalisation. Merci à Emmanuel Galasso
46:47 au standard. Merci à Justine Houllé au réseau
46:49 social. Merci à vous, Guillaume Bigon. On se retrouve demain
46:51 - Avec plaisir. - à 14h comme aujourd'hui.
46:53 Tout de suite, c'est Brigitte Léa et sur Sud Radio.
46:55 - C'est Céline Allonzo. Je vous souhaite de joyeuses fêtes avec Sud Radio.
47:01 - Bonne fête avec Sud Radio.
47:03 - Sud Radio. - Parlons vrai.
47:05 Parlons vrai.