Avec Paul Melun, essayiste, auteur de « Libérer la gauche » aux Editions du Cerf.
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##LE_FAIT_DU_JOUR-2023-07-14##
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00:00 Radio Bercov dans tous ses états.
00:02 Le fait du jour.
00:04 Puisque les 100 jours ce sera le 26 juillet,
00:06 mais le président de la République nous avait promis des mots pour le jour de la fête nationale,
00:11 des mots qui ne viendront pas.
00:12 Nous sommes en compagnie de Paul Melun, essayiste et éditorialiste,
00:16 auteur de Libérez la gauche, publié aux éditions du Cerf.
00:19 Bonjour Paul Melun.
00:21 Bonjour Philippe, merci de votre invitation.
00:23 Avec plaisir.
00:24 Tout d'abord, comment expliquez-vous cette absence de prise de parole
00:28 qui divise jusque dans la majorité ?
00:31 Je l'explique finalement par deux facteurs.
00:36 Je pense que le premier, et je vous avoue que c'est le facteur qui m'échappe le plus,
00:40 je pense que le président de la République choisit son moment, comme disent ses porte-paroles,
00:44 et qu'il fait la preuve d'une certaine stratégie communicationnelle.
00:49 Probablement que certains de ses communicants lui ont dit
00:51 "Monsieur le Président, vous feriez bien de ne pas intervenir maintenant,
00:54 mais plutôt dans quelques jours" pour une raison qui m'échappe.
00:57 Et puis la deuxième raison m'intéresse bien davantage.
01:00 Je pense qu'effectivement le président de la République, s'il s'exprimait,
01:04 devrait commenter un certain nombre de sujets
01:07 sur lesquels il est, je dirais, assez inapte à parler.
01:11 Je pense par exemple aux émeutes.
01:13 Je pense par exemple à ces fameux 100 jours de l'apaisement,
01:16 qui évidemment sont effectivement 88 jours,
01:18 et qui n'ont rien apaisé du tout.
01:20 Où nous avions eu, pendant ces 100 jours, des casserolades,
01:25 un homme qui, dans la rue, à Annecy, a poignardé des enfants,
01:29 où nous avons eu des émeutes terribles ces derniers jours.
01:33 Donc si vous voulez, c'est effectivement un échec cuisant.
01:36 Et je pense que le logiciel intellectuel, mental, politique du macronisme
01:43 est inadapté pour comprendre ces défis contemporains.
01:46 Le président de la République s'est illustré comme un expert
01:50 des sujets, par exemple, économiques ou internationaux.
01:53 On peut lui reconnaître quelques qualités, encore que ce serait discutable,
01:56 mais dans ses domaines.
01:58 En revanche, je pense que sur les aspects civilisationnels,
02:01 qui sont les aspects, à mon avis, aujourd'hui, à l'origine
02:04 des crises et des troubles que nous traversons,
02:07 je pense que là, il n'a pas les réponses.
02:09 Peut-être même qu'il le sait lui-même.
02:11 Et je pense que c'est aussi pour cela qu'il n'est pas en mesure de s'exprimer,
02:15 qu'il n'est pas en mesure de commenter ce qu'il se produit.
02:19 Il a tenté de parler de décivilisation à un moment donné,
02:22 pour essayer de donner sa pensée.
02:24 C'était avant les émeutes ?
02:25 C'était d'ailleurs avant les émeutes, absolument.
02:27 C'est quasiment, comment dirais-je, prophétique.
02:30 Encore que d'autres avant lui,
02:32 commençait par le préfaceur de Nord-Hérédia, il y a fort longtemps,
02:35 employaient ce terme à des échéances, bien sûr, différentes,
02:38 mais il n'en est pas le, comment dirais-je, le dépositaire.
02:42 En revanche, je crois qu'il a beaucoup de mal, ce président et son gouvernement,
02:46 ils ont beaucoup de mal à comprendre les troubles
02:49 qui traversent notre société aujourd'hui.
02:50 Paul Melin, son entourage, vous avez dit qu'il était un peu maître du...
02:55 qu'il choisissait le moment, il est encore un peu maître des horloges.
02:58 Son entourage a dit qu'il allait s'exprimer dans les jours à venir.
03:01 Est-ce que ce n'est pas contre-productif de dire par exemple,
03:04 j'attends le 26 juillet, pourquoi le 26 juillet ?
03:07 Parce que ça fera pile 100 jours.
03:08 Est-ce que les français pourraient comprendre cet artifice ?
03:11 Parce que dans 12 jours, par exemple,
03:13 il n'aura pas grand-chose de plus à dire sur les émeutes ou sur quoi que ce soit.
03:17 Bien sûr, les 12 jours supplémentaires, si vous voulez,
03:24 évidemment qu'ils ne vont pas révolutionner la France,
03:26 ce serait totalement absurde.
03:28 D'ailleurs, 100 jours non plus ne révolutionnent pas la France.
03:30 Vous savez, le général De Gaulle, lui, pensait la France en siècles,
03:33 Emmanuel Macron, il pense la France en 100 jours.
03:35 Et donc, ça montre bien, si vous voulez, la vision pour le pays
03:39 qu'a ce président et la durabilité de cette vision.
03:42 Il était évident que lorsqu'il a lancé même cette initiative des 100 jours,
03:46 le pays n'allait pas être transfiguré en 100 jours.
03:50 Et il fallait être fou pour croire une chose pareille.
03:53 C'était 100 jours de communication,
03:55 c'était 100 jours pour que la première ministre continue son travail
03:58 et qu'il voit s'il l'a conservée ou s'il l'a remplacée.
04:01 C'était 100 jours avant un potentiel remaniement.
04:03 Mais tout cela, de vous à moi,
04:05 ça parait plus à de la tambouille politicienne
04:08 qu'à un horizon tracé pour la France.
04:11 Moi, j'aurais aimé que le président dise,
04:13 non, je n'ai pas 100 jours, j'ai jusqu'à 2027.
04:15 Et dans cet intervalle-là, je vais tout faire pour changer la vie des gens.
04:18 Voilà mes grands chantiers, je fais des états généraux
04:21 sur l'écologie, sur la démocratie, sur la sécurité, sur l'immigration.
04:25 Mais il n'y a rien de tout ça.
04:26 Ce sont des ambitions, si vous voulez, au rabais, des ambitions de pacotille.
04:30 Donc 12 jours de plus ou de moins, effectivement, ça ne va pas changer le pays.
04:33 – Paul Melun, diriez-vous, on est à 88 jours,
04:36 donc quel bilan vous feriez de ces 88 jours ?
04:40 Est-ce que vous diriez qu'Emmanuel Macron est encore plus affaibli
04:44 après la semaine d'émeute qu'on a subie,
04:46 coupe début des 100 jours,
04:48 qui marquait déjà une période très tourmentée
04:50 avec les manifs à répétition contre la réforme des retraites ?
04:53 – Ecoutez, ce bilan, alors, si on veut s'appuyer
04:57 sur des choses un peu objectives de ce bilan,
05:00 il y a deux éléments peut-être qu'on peut invoquer.
05:03 D'abord, les enquêtes d'opinion.
05:05 Quand on regarde les enquêtes d'opinion,
05:06 on voit bien que la cote de confiance dans le chef de l'État
05:09 à l'issue de ces 100 jours est un peu moins bonne.
05:11 On voit bien que pour les sondages vers les européennes,
05:14 les scores du président de la République et de son groupe Renaissance
05:17 ne sont pas extraordinaires non plus.
05:19 A priori, dans les enquêtes d'opinion,
05:20 ce serait plutôt Marine Le Pen qui serait devant les européennes.
05:23 Et puis ensuite, il y a le pouls du pays,
05:25 il y a la façon dont vivent le pays, la façon dont vivent les Français.
05:29 Je crois que par-delà même les bureaux de sondage,
05:31 par-delà les analyses, même les miennes d'ailleurs,
05:34 il faut s'en remettre aux Français.
05:36 Le président de la République, s'il avait voulu sortir par le haut
05:40 de la crise qu'il a traversée, et de ce bilan que moi je qualifierais
05:43 effectivement d'assez chaotique.
05:45 Mais il faudrait qu'il s'en remette aux urnes,
05:47 qu'il s'en remette au peuple, ce président.
05:49 – Par quel biais ? Une dissolution, une démission ?
05:52 Parce qu'il n'y a que deux manières d'envoyer les gens aux urnes
05:54 pour un président de la République, c'est démissionner,
05:57 mais on n'est pas certain qu'il pourrait se représenter.
05:59 Il faudrait l'appréciation du Conseil constitutionnel,
06:01 comme il a été élu une fois, mais qu'il n'a pas fini le mandat,
06:04 ou des législatives.
06:05 Qu'est-ce qu'il faudrait faire comme élection pour vous ?
06:07 Ou alors un référendum ?
06:08 – Voilà, j'allais vous dire, cher Philippe,
06:10 moi je vous propose la troisième voie, le référendum.
06:13 Je pense que sur un certain nombre de sujets clés,
06:15 le président devrait convoquer un référendum.
06:18 Vous savez ce qui s'est passé là, ces émeutes dans lesquelles
06:21 il y a eu plus de dégâts qu'en 3 mois en 2005.
06:24 – 3 semaines.
06:26 – 3 semaines, pardonnez-moi.
06:28 Ces émeutes qui ont, je crois, attiré l'attention
06:31 d'une partie de nos compatriotes sur des problèmes très importants
06:34 d'insécurité, des défis de la décivilisation et de l'ensauvagement.
06:38 Mais qu'attend le président de la République pour convoquer un référendum ?
06:42 Il faudrait convoquer un référendum sur les questions de sécurité,
06:44 sur les questions d'immigration.
06:46 Jadis sur les retraites, il aurait aussi fallu convoquer un référendum.
06:49 Je crois que la démocratie, voyez-vous, a besoin d'être redynamisée.
06:54 Nous avons une démocratie qui est atone, qui est fragilisée.
06:57 Et effectivement, le sentiment des dénis de démocratie successifs
07:01 fait beaucoup de mal, je crois, à la confiance que les Français
07:04 ont dans le président de la République.
07:06 Donc effectivement, il devrait s'en remettre aux urnes,
07:09 mais évidemment il ne le fera pas, je vous donne un scoop ce midi.
07:13 [Rires]
07:14 Parce que le président sait pertinemment qu'il perdrait ses référendums
07:18 parce que les Français étaient opposés, par exemple, à la réforme des retraites
07:21 et parce que les Français sont bien sûr dans une immense majorité
07:24 opposés à l'immigration massive et à l'holaxisme judiciaire.
07:28 Mais une question, Paul Mellin, on va faire de la politique fiction ensemble.
07:32 Quand on voit la baisse dans les sondages de la NUPES suite aux émeutes
07:36 et aux prises de position qui ont été celles notamment de Jean-Luc Mélenchon,
07:40 est-ce qu'une dissolution, ce ne serait pas une bonne idée ?
07:43 Parce qu'il n'y aurait peut-être pas de majorité absolue, comme aujourd'hui,
07:47 mais beaucoup de gens voteraient pour faire barrage aux candidats de la NUPES
07:51 et on peut constater que l'opposition au Rassemblement National ou les Républicains
07:55 est beaucoup plus calme dans l'hémicycle que l'opposition NUPES.
07:59 – Ah, vous n'avez pas tort, je pense que le moment de dissolution…
08:02 – Tratactiquement, je vous pose la question.
08:05 – Bah oui, oui, écoutez, vous avez raison, je ne suis pas visiteur du soir
08:09 du Président de la République, enfin, si j'étais de ce club très fermé
08:14 auquel je n'ai absolument pas envie d'appartenir,
08:17 il est possible que je recommande au Président de la République
08:20 de dissoudre maintenant, parce qu'effectivement, le ministre Darmanin,
08:24 dans son action, Dieu sait que j'ai par le passé pas toujours été tendre avec lui,
08:28 il a tout de même su, face à ces émeutes, face à un déploiement de force de l'ordre
08:32 d'une ampleur absolument incroyable, disons, tenir les choses
08:36 pour éviter que le chaos ne soit trop important.
08:38 Par conséquent, tandis que la NUPES et surtout la France Insoumise
08:42 s'est ridiculisée, et rappelons tout de même que les députés insoumis
08:46 ont refusé, pour beaucoup d'entre eux, de se lever lorsque Gérald Darmanin
08:50 a prononcé le nom de policier qui était mort pour la France.
08:53 Ces gens-là ne se sont pas levés, ils sont restés là à l'infatigue,
08:56 vautrés dans leurs fauteuils. Par conséquent, je pense que les Français
08:59 leur en tiennent rigueur, en témoignent les enquêtes d'opinion.
09:02 Donc vous avez raison, les insoumis ont créé eux-mêmes les conditions
09:06 de leur propre déchéance électorale, puisqu'ils vont créer des votes de barrage.
09:10 Et aujourd'hui, les Français ont le sentiment de tout sauf la France Insoumise
09:14 et de faire un barrage contre eux, alors même que Jean-Luc Mélenchon
09:18 aurait pu incarner un candidat de second tour.
09:20 Il serait d'office, éliminé d'un second tour politique.
09:24 Et dans l'hypothèse où ces candidats au législatif seraient au second tour,
09:27 ils seraient probablement balayés par des fronts, disons, anti-France Insoumise,
09:32 un peu comme j'ai dit, c'est des fronts républicains,
09:34 dits républicains, contre le Front National, de Jean-Marie Le Pen,
09:37 puis de Marine Le Pen. Et bien là, ce serait extrêmement difficile
09:40 pour eux d'avoir des députés. Donc on pourrait imaginer,
09:43 si je fais votre scénario de politique fiction, cher Mili,
09:46 on pourrait imaginer que, effectivement, le président de la République
09:49 est en sorte, quelque part, renforcé, avec quand même une petite attention
09:52 particulière sur les scores du RN, qui, dans l'hypothèse d'une dissolution,
09:55 seraient bien plus forts aussi.
09:57 C'est vrai aussi. Elisabeth Borne, pour vous,
10:00 elle va être maintenue à Matignon ou pas, Paul Melun ?
10:03 Mais écoutez, il y a deux choses, d'abord, là-dessus.
10:06 Moi, je pensais qu'elle ne serait pas maintenue,
10:08 parce que je me suis dit, si vous voulez, compte tenu du bilan des retraites,
10:12 le président de la République aime bien, si vous voulez, tourner la page,
10:17 et souvent, et ça c'est l'esprit de la Vème République,
10:19 je ne le reproche pas à Emmanuel Macron,
10:21 le Premier ministre étant infusible, il peut être de bon ton de le remplacer,
10:25 en l'occurrence de la remplacer, à l'issue d'une "mauvaise séquence".
10:30 Et de fait, effectivement, les retraites ont été une mauvaise séquence,
10:35 les émeutes ont été une mauvaise séquence,
10:38 et donc il serait justifié, en termes de stratégie politique
10:42 pour Emmanuel Macron, de remplacer sa première ministre.
10:45 Maintenant, des échos que j'en ai,
10:47 il semblerait que ce ne soit pas prévu, que ce ne soit pas à l'ordre du jour,
10:50 et que Mme Borne est encore un sursis.
10:53 Je pense que ce sursis est dû en partie à l'absence de personnel politique
10:57 dans le camp de la majorité présidentielle, voyez-vous.
11:01 Je pense que le président n'a pas beaucoup de monde sur le banc de touche,
11:05 peut-être que le ministre de l'Intérieur pourrait y aller,
11:08 s'il avait des ambitions présidentielles en 2027,
11:11 ce serait d'ailleurs une mauvaise stratégie d'y aller,
11:13 parce qu'on sait qu'il finirait de cela essoré, à mon avis.
11:17 – Un premier ministre, un candidat qui est à Matignon,
11:19 se fait toujours essorer à la présidentielle.
11:22 – Absolument, absolument, souvenez-vous de Dominique de Villepin.
11:26 – Baladur, même avant, Baladur, Chirac en 88, etc.
11:30 – Absolument, absolument, donc voilà.
11:32 Si j'avais un conseil à donner ce coup-ci à Darmanin,
11:34 je lui dirais "n'y allez pas si on vous le propose".
11:37 C'est le midi des conseils là, celui-là.
11:39 – Oui, et est-ce que pour vous, qui serait, si jamais Emmanuel Macron,
11:44 et on va être d'accord peut-être sur ce point,
11:47 c'est qu'il n'est pas toujours très prévisible,
11:49 qui seraient les premiers ministrables, outre Gérald Darmanin ?
11:53 – Ah oui, ça vous avez raison, il n'est pas prévisible.
11:55 Vous voyez, quand il y avait eu cette rumeur,
11:57 qui après tout était très bien documentée sur Catherine Vautrin,
12:00 au moment où il avait hésité à nommer Mme Borne,
12:03 personne n'avait vu venir Catherine Vautrin.
12:05 Emmanuel Macron, il est capable, dans des temps troubles comme ceux-là,
12:08 d'aller vous chercher un premier ministre issu de la droite,
12:12 qui serait un élu local,
12:14 qui serait quelqu'un qui aurait une certaine légitimité du peuple.
12:18 Je crois que s'il y a un enseignement qui a attiré le président de la République,
12:22 et j'espère qu'il l'a tiré en tout cas parce que c'est un bon enseignement,
12:25 c'est que les ministres et les premiers ministres
12:28 qui viennent de la société civile, qui n'ont jamais été élus,
12:31 et qui arrivent tel M. Ndiaye ou tel M. Dupond-Moreti,
12:36 sont souvent les plus mauvais ministres.
12:38 Par conséquent, les ministres qui ont déjà, je dirais,
12:41 passez-moi l'expression un peu familière, de la bouteille,
12:44 sont parfois de meilleurs ministres.
12:46 Vous voyez, il a conservé par exemple Bruno Le Maire à Bercy depuis le début.
12:50 M. Le Maire, ce n'est pas un perdreau de l'année,
12:52 c'est un homme politique d'expérience.
12:54 Quoi qu'on en dise, c'est un homme qui est extrêmement cultivé,
12:57 intelligent, qui est à sa tâche.
13:00 Par conséquent, je pense que c'est plutôt sur ce type de profil-là qu'il misera,
13:04 sachant qu'il y a une deuxième stratégie, mais c'est une inconnue pour le moment,
13:08 c'est qu'il pourrait vouloir fragmenter, fracturer les Républicains,
13:12 et aller débaucher un ténor des Républicains,
13:15 pour pouvoir, je dirais, affaiblir CLR,
13:19 qui par contre, même si, vous allez me dire, ils sont bas, ils ne peuvent que remonter,
13:22 mais qui, à l'issue des émeutes, ont, je pense, sous la houlette d'Éric Ciotti,
13:26 réussi à imposer leur thème.
13:28 Malgré tout, ils ont parlé de la déchance de nationalité pour certains délinquants,
13:32 ils ont parlé d'un discours de fermeté régalienne sur le judiciaire.
13:36 Donc, je pense, moi, que s'ils voulaient fragmenter LR,
13:41 ce serait effectivement une des options, une des hypothèses qui serait sur la table.
13:46 Après, je ne vais pas vous donner de noms,
13:48 mais il peut très bien récupérer des profils bien identifiés des Français,
13:53 mais assez peu actifs en ce moment, voilà, si vous voulez mon avis.
13:56 – Oui, est-ce que quelque part, si jamais on ne touche pas Élisabeth Borne,
14:00 un remaniement ministériel profond ne s'impose pas,
14:03 avec des ministres qui parfois posent vraiment problème,
14:06 je pense à Pape Ndiaye, je pense à Marlène Schiappa, etc.
14:10 Est-ce que là, ça ne s'impose pas dans les semaines à venir,
14:14 peut-être plutôt à la rentrée maintenant, comme on est mi-juillet ?
14:17 – Oui, vous avez raison, je pense qu'on ne fera pas l'économie d'un remaniement
14:20 dans les mois qui viennent, ça j'en ai la quasi-certitude.
14:23 Je me suis laissé entendre qu'au Conseil des ministres,
14:26 le Président de la République avait expliqué à ses ministres
14:28 qu'il savait ce qu'il ressentait, etc.
14:30 Les ministres eux-mêmes sont assez fébriles,
14:32 beaucoup d'entre eux savent très bien qu'ils sont sur un siège éjectable.
14:35 Vous citiez Marlène Schiappa, l'affaire du fonds Marial,
14:38 – Absolument.
14:39 – Et ces récentes polémiques sont de nature, je dirais,
14:42 à la fragiliser en tant que ministre.
14:45 Monsieur Ndiaye a tout de même cumulé un certain nombre de polémiques
14:48 qui l'ont rendu assez impopulaire auprès des Français
14:51 et qui en font un ministre encombrant, en plus d'avoir un bilan canamiteux.
14:55 Donc je pense qu'effectivement, certains ministres seront sur la sellette,
14:58 là où d'autres seront, je pense, confirmés ou renforcés.
15:02 Comme dans tout gouvernement de la Ve République,
15:04 il y a des hommes forts et puis il y en a d'autres dont le remaniement sert,
15:09 l'expression est un peu barbare, mais de purge.
15:12 Et donc, voilà, d'éliminer ceux qui effectivement, politiquement,
15:16 sont plus un encombrement pour le Président que une facilitation.
15:20 Et effectivement, certains profils doivent commencer à préparer leur carton
15:24 et pourront peut-être quitter leur poste dans les semaines vont revenir.
15:28 Oui, bien sûr.
15:29 Est-ce que le roi est nu, Paul Melun ?
15:32 Est-ce que le roi est nu ?
15:34 Ça, c'est une bonne question.
15:35 En tout cas, il y a quand même quelque chose, moi, qui m'intéresse.
15:38 C'est un des enseignements que je tire quand même de ces 100 jours
15:41 et même plus généralement depuis 2017.
15:43 C'est que notre Président de la République,
15:45 et ça, à la rigueur, ce n'est pas vraiment de sa faute d'ailleurs,
15:47 c'est de la faute de l'évolution de notre pays et de son abandon de souveraineté,
15:51 n'a plus vraiment le pouvoir.
15:53 Si vous voyez ce que je veux dire.
15:54 C'est-à-dire que je pense que le pouvoir est passé entre les mains,
15:59 pour partie, pas entièrement bien sûr, d'institutions internationales,
16:05 entre les mains de l'Union Européenne d'abord,
16:08 que le Président de la République a les mains moins libres qu'avant.
16:12 Aujourd'hui, ceux qui font la loi dans le monde,
16:15 sans tomber dans le complotisme, ce sont des patrons des GAFA, les big tech.
16:21 Disons, c'est Madame von der Leyen.
16:24 Mais le Président de la République, et plus encore ses ministres,
16:28 n'ont pas le pouvoir d'actionner les leviers
16:31 comme le général de Gaulle pouvait le faire dans les années 60.
16:35 Je pense que le pouvoir a déserté le politique.
16:39 Ce n'est pas moi qui le dis, le dernier à l'avoir dit,
16:41 j'entends bien ce sujet-là, c'est Jacques Attali.
16:43 Et il a eu raison, Jacques Attali, il a bien fréquenté le pouvoir,
16:45 c'est le moins qu'on puisse dire.
16:47 Il sait de quoi il parle.
16:48 Et effectivement, oui, le pouvoir est neutralisé aujourd'hui, évidemment.
16:51 – Merci beaucoup Paul Melun pour toujours un plaisir de vous avoir.
16:55 Essayiste et éditorialiste, auteur de "Libérez la gauche",
16:59 publié aux éditions Luicert.
17:00 Je vous avais reçu dans Bercoff, dans tous ses états,
17:02 et je le répète, c'est un excellent livre à lire
17:04 sur la plage ou à la montagne, ou chez soi, cet été.