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Olivier Szulzynger, créateur et scénariste de la série "Un si grand soleil", diffusée tous les jours de la semaine sur France 2 à 20h45, est l'Invité du 13h jeudi 14 décembre.

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Transcription
00:00 Bien sûr, c'est une série dont le but est de divertir avec des rebondissements.
00:04 Hier soir, Thiago a fait son coming out et Henri Lebrun prépare un sale coup contre
00:08 son gendre.
00:09 C'est un divertissement qui doit faire de l'audience.
00:12 3 700 000 téléspectateurs lundi soir.
00:14 Mais c'est également une fiction qui a pour ambition, si je reprends les mots de son
00:17 créateur, de raconter l'époque et à ce titre, sensibiliser à la protection de l'environnement.
00:23 Et c'est de ça dont j'ai envie de parler avec vous.
00:26 Olivier Chutsinger, bonjour.
00:27 Bonjour.
00:28 Vous êtes le créateur et scénariste de cette série « Ainsi grand soleil » qui
00:31 existe depuis 2018, sixième saison, diffusion tous les soirs 20h45, c'est sur France 2.
00:38 Vous étiez aussi, je le précise, l'un des co-créateurs d'une autre série à
00:41 succès « Plus belle la vie » mais que vous avez quittée depuis.
00:45 J'attends pour vous les questions des auditeurs 01 45 24 7000 ou via l'application France
00:51 Inter.
00:52 Olivier Chutsinger, on va d'abord écouter un extrait d'« Ainsi grand soleil » pour
00:56 ceux qui ne connaissent pas cette série.
00:57 C'est du greenwashing en bonne et due forme.
00:59 Vous avez acheté la paix sociale.
01:00 En même temps c'est quand même une grosse somme que nous propose MF34.
01:04 Vous pensez qu'il faut accepter ? Je sais pas.
01:08 C'est vrai que depuis qu'on a plus le soutien du cabinet, on a perdu nos plus gros donateurs.
01:12 Sans le réseau de Maître Becker, ça risque d'être compliqué.
01:15 Non, puis le chantier de dépollution d'usines, ça va coûter tellement cher, je crois qu'en
01:19 fait on n'a pas le choix.
01:20 Si on veut avancer un peu, il faut faire des compromis.
01:22 Si on veut avancer un peu, il faut faire des compromis.
01:25 On dirait un peu qu'on se croirait à la COP à Dubaï, Olivier Chutsinger.
01:29 Il y a régulièrement des intrigues autour du sujet de l'environnement.
01:32 C'est un choix que vous avez fait ? En fait, le changement climatique, il est
01:37 partout.
01:38 Vous en parlez beaucoup.
01:39 Et il est un peu absent des fictions.
01:42 Donc on peut se demander si les fictions n'ont pas tendance à être climato-sceptiques.
01:46 Ça n'existe pas.
01:47 Donc dans un feuilleton quotidien, notre objectif c'est de raconter le vivre ensemble, comment
01:53 on vit tous ensemble, de raconter un peu l'époque.
01:56 Il faut s'efforcer de parler aussi de changement climatique, de la transition écologique,
02:04 de tous ces sujets-là.
02:05 Parce qu'on parle de tout et pourquoi pas de ce sujet aussi qui est quand même assez
02:08 important.
02:09 Un sujet central, mais on peut en parler de mille manières.
02:11 Là, on entend un mot que vous avez mis dans la bouche d'un des comédiens, le mot « greenwashing
02:16 ». Ça, c'est un mot qu'emploient beaucoup les ONG, les associations de défense de l'environnement.
02:20 Oui, parce que nos personnages ont créé une association, donc ils se retrouvent devant
02:25 des dilemmes qui sont ceux de plein de citoyens engagés.
02:29 C'est la question du compromis.
02:31 Est-ce qu'il faut aller chercher un compromis avec les pollueurs ou au contraire être radicaux
02:37 et avec le risque que rien ne change du tout ? Je pense que c'est une question qu'on
02:41 rencontre tous et pas qu'en écologie.
02:43 Le greenwashing, c'est quand les entreprises font semblant, entreprises ou d'autres d'ailleurs,
02:47 ça peut être des collectivités, font semblant d'avoir des actions en faveur de l'environnement.
02:51 En fait, c'est surtout de la mousse, surtout de la communication, c'est ça ?
02:54 Oui, c'est un moyen de vendre leurs produits.
02:56 C'est une manière de le dénoncer, là, dans la série ?
02:59 Moi, je ne cherche pas à dénoncer, c'est une manière de poser des questions.
03:04 Qu'est-ce que vous feriez à la place des personnages ? Est-ce qu'un petit compromis
03:08 vaut mieux ? Est-ce qu'on accepte une compromission ou pas ? C'est hyper intéressant.
03:12 Il y a plein de personnages qui sont porteurs de points de vue antagonistes.
03:16 Ça crée du conflit et ce n'est pas à moi de trancher.
03:19 Moi, je raconte et après c'est au téléspectateur d'y trouver du plaisir, de réfléchir, etc.
03:23 Vous pouvez choisir quand même si les personnages qui portent ces thématiques sont plutôt
03:28 des personnages sympathiques ou des personnages antipathiques.
03:31 Ça, vous en avez la liberté et ça, ça a un impact.
03:32 Oui, mais il y a des personnages que j'adore qui sont plutôt du côté des bétonneurs,
03:37 notamment Elisabeth qui est notre patronne, etc.
03:41 Et il y a des personnages tout aussi sympathiques que j'adore aussi qui essayent de protéger
03:45 l'environnement.
03:46 Donc, on essaye tous de donner la complexité du monde.
03:50 De ne pas être manichéen.
03:51 De ne pas être manichéen.
03:52 Je pense que notre but, c'est d'essayer de réfléchir comment on peut vivre ensemble,
03:57 comment on peut trouver des compromis plus ou moins intéressants ensemble.
04:00 Et puis, il y a des personnages qui vivent dans de belles villas avec des piscines.
04:04 Il y a des jet-ski sur la Méditerranée.
04:06 Dans le générique, on n'est pas dans la décroissance non plus, Olivier Schussinger.
04:10 Non, on n'est pas dans la décroissance.
04:12 Mais le jour où la France aura basculé dans la décroissance, on le racontera aussi.
04:15 Mais pour l'instant, ou alors j'ai raté quelque chose, c'est quand même un mode
04:18 de vie qui existe.
04:19 Il y a un personnage qui est un peu décroissant, mais il est minoritaire.
04:23 Donc, on est obligé de rendre compte de la France d'aujourd'hui, de la France de 2023.
04:27 Anne est l'une des téléspectatrices manifestement du feuilleton "Bonjour".
04:31 Ah, c'est Annie.
04:32 Bonjour Annie.
04:33 Ah oui, je préfère Annie.
04:35 Annie, oui, voilà.
04:36 Vous ne ratez pas un épisode ?
04:37 Non, je les enregistre quand je ne suis pas là et je me les repasse après.
04:42 Je suis vraiment très attentive parce que je trouve qu'elle reprend bien en compte
04:49 les phénomènes de société.
04:51 Par exemple, pour les gamins qui sont homosexuels, par exemple, et qui se font harceler sur les
05:01 réseaux sociaux.
05:02 Et là, effectivement, je trouvais que ça manquait un petit peu de personnages plus
05:09 pauvres et de personnages aussi qui puissent être impactés par les problèmes d'environnement
05:17 parce que le jet-ski, effectivement, ça pollue.
05:21 Merci Annie pour cette remarque.
05:23 Olivier Schultzinger, des personnages plus pauvres, donc peut-être ça ne reflète pas
05:27 la société, les personnages qu'on voit en tout cas en termes de niveau de vie et
05:30 puis qui souffrent du réchauffement climatique.
05:32 Alors, oui, on a créé des nouveaux personnages avec plus de diversité sociale.
05:38 C'est vrai que c'est un enjeu.
05:40 Il faut raconter la France.
05:42 Elle n'est pas que CSP++++.
05:44 Il y a des gens.
05:46 Et puis on…
05:47 Manifestement, il y a un miroir un peu déformant dans la série.
05:49 Oui, c'est vrai.
05:50 Mais c'est un miroir un peu déformant dans l'ensemble des séries françaises.
05:54 C'est-à-dire que parfois, nous, on fabrique des images.
05:58 C'est parfois plus facile de tourner dans une grande maison que dans une petite.
06:02 Est-ce qu'il n'y a pas aussi du côté du téléspectateur, on va se dire les choses,
06:05 c'est plus joli de regarder une villa avec une piscine plutôt que de tourner dans un
06:10 petit intérieur modeste ? Est-ce qu'il y a ça aussi ou pas ?
06:14 Non, je ne crois pas.
06:15 Je crois que c'est vraiment pour nous une des questions de fabrication.
06:19 Je pense que les gens peuvent se passionner.
06:20 Là, à l'antenne, on a vraiment une histoire qui me tient à cœur.
06:25 L'histoire d'amour entre un personnage qui est kiné et l'autre qui est serveuse
06:30 au sauvage dans notre bar.
06:31 Je pense que ça marche bien.
06:33 Il n'y a pas de souci particulier.
06:35 On a tendance à se laisser un peu hâper par nos facilités de tournage.
06:40 C'est moi qui plaide coupable.
06:42 Les gens ont des envies d'histoires très diverses.
06:45 J'ai lu que vous travaillez avec un consultant climat.
06:48 Comment est-ce que ça se passe avec lui ? Est-ce que vous écrivez avec lui ce type de scène
06:52 par exemple ? Ou est-ce que c'est pour vous donner des idées ?
06:54 Non, en fait, on vient à peine de commencer.
06:57 L'idée, c'est de faire déjà une sorte d'inventaire d'où on en est.
07:02 Effectivement, de cohérence.
07:05 Par exemple, vous avez parlé, est-ce que mettre en avant le jet-ski est tout à fait
07:11 cohérent ? C'est un voie de vire comme un autre.
07:15 Qu'est-ce qu'on peut trouver pour rendre plus concrète ces enjeux liés au changement
07:23 climatique ? Ce n'est pas évident.
07:25 Parce que nous, on fabrique des images.
07:27 Et finalement, la météo, par exemple, la canicule, ce n'est pas évident à filmer.
07:35 D'autant qu'on tourne bien avant.
07:41 Ce qui va être à l'antenne l'été, on va le tourner en avril.
07:47 Il est difficile de parler à ce moment-là de canicule quand on va voir nos covédias
07:49 qui vont être avec des pulls.
07:51 Ça veut dire que des phénomènes climatiques, là on parle des crues en ce moment, il y
07:55 a un an et demi, on a eu des incendies très impressionnants dans nos massifs forêtiers.
07:59 Ça, c'est difficile à mettre en image.
08:01 Oui, c'est quasiment impossible de reconstituer un épisode Seyfnol sur une série quotidienne.
08:06 Mais ça n'empêche pas de se poser la question de comment on a besoin de le raconter de ce
08:11 monde qui change.
08:12 On a besoin de montrer qu'il y a quand même des solutions, des possibilités.
08:15 On veut donner aussi un peu d'espoir.
08:18 On veut montrer la diversité des points de vue, nos contradictions.
08:22 Moi, je réfléchis à des enjeux écologiques, je prends l'avion.
08:28 Personnellement.
08:29 L'avion justement, est-ce que vous posez la question, est-ce que j'emmène mon personnage
08:33 à l'aéroport de Montpellier ou est-ce que je le filme à la gare ?
08:36 Parce que ça, c'est une question.
08:37 Oui, les gares, c'est une décision de la SNCF, sont quasiment interdites au tournage.
08:41 Donc en fait, on peut tourner à condition de donner énormément d'argent.
08:47 Alors que tourner dans un aéroport, c'est gratuit.
08:53 Donc il y a toutes les séries françaises, on a enlevé l'imaginaire du train dans
08:58 les séries françaises.
08:59 C'est pour ça qu'on voit peu de gares et peu de trains.
09:01 Oui, la SNCF va payer des campagnes de pubs, mais refuse d'accueillir des tournages de
09:06 façon peu coûteuse.
09:08 Donc ça, je pense que c'est vraiment un problème.
09:10 Ça me heurte particulièrement parce que je pense que c'est vraiment important de parler
09:15 de ces transports du quotidien.
09:16 Et vous pensez vraiment que ça a une influence ? C'est-à-dire si on filmait davantage de
09:19 gens dans des gares, des personnages dans des gares ou prenant le train, les gens seraient
09:22 incités à prendre davantage ce moyen de transport selon vous ?
09:25 J'en sais rien, mais ça rend le train très familier.
09:28 Par exemple, la métropole de Montpellier nous permet de tourner dans le tram.
09:34 Vous savez qu'on y va souvent, on montre que c'est un transport agréable.
09:38 C'est à l'image.
09:40 Donc je pense que les gens se disent, le tram, pourquoi pas, c'est super, ça a l'air
09:45 bien, essayons quoi ! Et puis ça montre qu'il y a d'autres mobilités que la voiture.
09:50 Je pense que, voilà, merci à la municipalité de Montpellier.
09:52 Olivier Schunzinger, question de Philippe à propos d'Un Si Grand Soleil.
09:56 Est-ce que vos acteurs jettent leur cigarette par terre ? Parce que tous les jours, je
09:59 vois des acteurs le faire dans les téléfilms ou les séries et ça donne un mauvais exemple
10:03 écologique, dit-il.
10:04 Il y a des personnages qui fument ?
10:06 Il y a quelques personnages qui fument, effectivement, peu.
10:10 Après, je pense que les comédiens sont tout à fait adultes et jettent pas leur.
10:18 Il n'y a pas de souci.
10:20 Après, le but, une fiction ne doit pas être exemplaire.
10:23 Tous les personnages ne doivent pas être parfaits.
10:25 Le but, c'est de montrer les contradictions de chacun.
10:27 Et oui, j'ai des personnages qui fument, bien sûr, parce que pas mal de gens fument.
10:33 Il faut raconter l'époque.
10:34 Je ne suis pas là pour dire, voilà comment il faut comporter.
10:40 J'essaye d'être une sorte de miroir.
10:43 Question d'Hubert, les séries pourraient être illustrées des situations dans lesquelles
10:47 on ne construit pas dans les zones potentiellement inondables où les voitures électriques n'ont
10:52 pas 400 chevaux sous le capot.
10:55 Là encore, est-ce que ce sont des sujets pour vous qui en cherchez, je pense, régulièrement ?
10:59 Oui, alors là, on a fait un sujet sur l'état allemand urbain.
11:03 Voilà, enfin, une histoire.
11:05 Mais à la fin…
11:06 Comment on fait pour traduire ça dans une série, Olivier Schultzinger ?
11:08 Là, c'était un projet de pavillon, de construction, de lotissement.
11:12 Sauf qu'à la fin, le lotissement se fait.
11:15 Parce que la réalité, c'est qu'on n'en est pas encore à ne plus lotir du tout des
11:21 zones agricoles.
11:23 Dans la réalité.
11:24 Je crois qu'on n'est pas là du tout pour faire des fictions édifiantes.
11:30 Notre rôle, c'est de raconter.
11:32 Cette réflexion que vous avez, Olivier Schultzinger, vous qui êtes le créateur de cette série
11:35 "Ainsi grand soleil", elle vient de votre parcours, de votre engagement personnel ? Vous
11:40 aviez été engagé aux côtés d'Europe Ecologie Les Verts il y a plusieurs années
11:44 maintenant ? Ou bien ça correspond à un cahier des charges et à une réflexion de
11:46 la chaîne qui vous dit "j'aimerais bien qu'il y ait ça dans cette série" ?
11:49 Alors, vraiment, ni l'un ni l'autre.
11:50 C'est-à-dire que j'essaie d'oublier…
11:54 J'ai une vie en dehors de mon métier.
11:57 J'essaie de faire attention et de ne pas tout mélanger.
12:01 Mais là, c'est vraiment une réflexion commune, une volonté.
12:04 Et des auteurs et du diffuseur, mais aussi de la production, de tout le monde, d'aller
12:10 sur ces sujets-là, aussi dans la façon de tourner, de produire, d'être moins impactant
12:15 sur le climat.
12:16 C'est un gros engagement des équipes et ça, on le récit plutôt bien.
12:19 On a le temps pour une dernière question très rapidement avec Mayu Bonsoir.
12:23 Bonjour.
12:24 Oui, bonjour.
12:25 Nous vous écoutons.
12:26 Je suis une grande fan d'Ainsi grand soleil et je voulais savoir si ce feuilleton a toujours
12:34 été tourné en été parce qu'il ne pleut jamais et que les personnages sont toujours
12:41 en petite tenue d'estival.
12:43 Je voulais savoir, il n'y a jamais d'hiver.
12:46 Il n'y a jamais d'hiver dans cette histoire.
12:49 Est-ce que c'est fait exprès ?
12:51 Merci Mayu pour cette question, Olivier Schultzinger.
12:53 Alors là, les épisodes, actuellement, ont été effectivement, parce qu'on est en
12:56 décalage, ont été effectivement tournés l'été.
12:58 Après, non, on tourne aussi l'hiver.
13:00 Les hivers sont de plus en plus doux.
13:02 Et par ailleurs, on a acheté il y a quelques années une machine pour faire pleuvoir, pour
13:08 faire un peu d'eau à l'image.
13:09 Donc, de temps en temps, il pleut quand même.
13:11 Même à Montpellier.
13:12 Voilà, même à Montpellier où est tournée cette série, vous avez votre réponse.
13:15 Merci Olivier Schultzinger d'avoir accepté l'invitation du 13-14.

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