Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin était l’invité de #LaGrandeInterview de Sonia Mabrouk dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe 1.
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00:00 La grande interview CNews Europe 1, c'est tout de suite. Sonia Mabrouk, vous recevez ce matin Gérald Darmanin.
00:05 Place donc à la grande interview sur CNews Europe 1. Bonjour à vous Gérald Darmanin.
00:24 Bonjour.
00:24 Et bienvenue, vous êtes le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer.
00:27 Cet entretien intervient alors qu'une journée décisive démarre pour le projet de loi immigration.
00:32 Une motion de rejet déposée par les écologistes pourrait mettre le gouvernement en grande difficulté ?
00:37 Si, et seulement si elle est soutenue par l'URN et les LR.
00:40 Hier, Gérald Darmanin au grand rendez-vous.
00:42 Marine Le Pen a dit encore réfléchir à des arguments pour et des arguments contre.
00:46 Éric Ciotti, lui, veut absolument débattre du texte tel que sorti du Sénat.
00:51 Donc les LR menacent de voter cette motion.
00:53 Est-ce que vous vous préparez, Gérald Darmanin, ce matin à toutes les éventualités,
00:58 y compris que ce soit la fin, avant même le début, pour ce projet de loi ?
01:03 Nous avons une majorité relative à l'Assemblée nationale.
01:05 Mathématiquement, les oppositions réunies, quand elles s'opposent à la majorité au gouvernement, gagnent.
01:11 Donc mathématiquement, la motion de rejet est adoptée cet après-midi.
01:16 Ça, c'est la logique classique.
01:17 Maintenant, il y a la politique.
01:19 Ce sera un déni de démocratie que de ne pas débattre de l'immigration.
01:21 Parce que c'est quoi la motion de rejet ?
01:23 C'est le rejet du débat.
01:24 C'est-à-dire que les oppositions qui ne pensent pas du tout pareil,
01:27 les Verts qui vont porter cette motion de rejet, comme les FI,
01:31 ils sont pour la régularisation totale des sans-papiers,
01:33 ils sont pour lutter contre les étrangers délinquants sans les expulser peut-être.
01:38 Ils sont dans un champ radicalement différent, bien sûr, de ce qu'on pense,
01:41 et radicalement de ce que pensent les LR, par exemple.
01:44 Eux, c'est normal qu'ils ne veulent pas débattre de l'immigration, ça les dérange.
01:49 Mais les LR ou le RN, ce serait quand même très particulier
01:52 qu'on ne puisse pas à l'Assemblée nationale, pendant 15 jours,
01:55 débattre d'un sujet qui passionne les Français,
01:57 qu'il soit pour ou qu'il soit contre le projet du gouvernement.
02:00 Donc ce sera un déni de démocratie.
02:01 Déni de démocratie ?
02:02 Oui, ce sera un déni de démocratie.
02:03 Vous utilisez ce mot-là, c'est possible.
02:05 En démocratie, il est possible de voter pour une motion de rejet, c'est tout à fait...
02:09 Je suis député ministre pendant le temps que je le suis,
02:13 mais j'ai été élu par mes électeurs pour débattre des sujets qui intéressent les Français.
02:16 Qu'est-ce qu'ils vont dire à leurs électeurs, tous ces gens,
02:18 en disant "l'immigration c'est très important, il faut des mesures très fermes",
02:21 mais dès que le gouvernement vient avec un texte, bon ou mauvais d'ailleurs,
02:23 on est là pour l'amender, pour en discuter, pour voter pour ou pour voter contre,
02:26 "ah non, non, cachez-moi ce texte que je ne saurais voir".
02:29 Bon, c'est pas très sérieux.
02:31 Donc je suis sûr que quand même, il y a des esprits dans les oppositions
02:35 qui se disent "il faut débattre d'un sujet si important".
02:38 Il y a des mesures très fortes dans ce texte.
02:40 On va en parler à l'instant.
02:41 Mais si ces mesures fortes ne sont pas adoptées,
02:43 et que demain, après-demain ou après-après-demain, il y a un drame,
02:48 une personne qui était un criminel ou un radicalisé étranger
02:51 qui aurait pu être expulsée grâce à cette loi qui ne l'aura pas été,
02:54 quelle sera la responsabilité des parlementaires
02:55 qui n'ont même pas voulu débattre de ce sujet ?
02:57 Vous faites porter la responsabilité d'éventuels actes criminels
03:00 qui pourraient être effectués par ces délinquants étrangers sur des élus de la nation ?
03:04 C'est quand même une menace lourde.
03:05 Mais c'est la vérité.
03:07 Moi, je suis quelqu'un qui prend ces responsabilités.
03:09 J'ai, à la demande du président de la République, présenté un texte gouvernemental.
03:12 Il a été adopté par le Sénat, qui ne soutient pas le gouvernement.
03:15 Et pourtant, il a accepté de débattre.
03:17 Le Sénat lui-même, nous n'avons que 23 sénateurs qui nous soutiennent au Sénat sur 320,
03:21 a accepté de débattre, et je remercie M. Retailleau, M. Marseille et M. Larcher.
03:25 On a réussi à avoir un texte, on l'a présenté en commission des lois à l'Assemblée.
03:28 Nous étions minoritaires.
03:29 Bon, ben voilà, on a réussi à passer ce texte malgré tout.
03:32 Là, on débat avec l'Assemblée.
03:34 Ma main est tendue notamment auprès des LR pour dire,
03:36 ben prenons les dispositions que vous proposez pour le bien de la nation,
03:39 pour le bien de l'intérêt général, travaillons ensemble.
03:42 Si la politique du pire est celle des oppositions,
03:45 si vraiment ils ne veulent débattre d'aucun sujet,
03:47 s'ils ne veulent pas qu'on parle d'immigration,
03:48 alors que je crois que c'est une des préoccupations des Français,
03:52 ben je crois qu'en effet, c'est mes parlementaires qui auront cette responsabilité.
03:55 – Gérald Darmanin, la majorité relative à l'Assemblée vous pousse au compromis,
03:59 on l'a compris, mais jusqu'où vous venez de parler du texte sur le Sénat.
04:02 Le texte au Sénat, vous l'avez salué,
04:04 alors qu'il a été profondément modifié par rapport à la version originale.
04:08 Et puis, vous avez salué aussi ce qui s'est passé en commission des lois à l'Assemblée.
04:12 En fait, on se demande avec quel Gérald Darmanin vous êtes d'accord.
04:15 – Je suis d'accord avec le texte tel que proposé par le gouvernement,
04:18 qui a été validé intégralement par le Sénat à deux articles près,
04:22 et intégralement par l'Assemblée nationale avec tous ces articles cette fois-ci.
04:25 J'ai présenté 27 articles.
04:27 Sur ces 27 articles, il y a trois grands sujets.
04:29 1. La simplification des recours.
04:31 Aujourd'hui, il y a 12 recours pour expulser un étranger,
04:34 je propose de passer à 3, division par 3.
04:35 On met deux ans et demi aujourd'hui à dire à quelqu'un de partir,
04:38 demain on mettra 9 mois.
04:39 Ça, le Sénat l'a voté, l'Assemblée en commission des lois l'a voté,
04:41 c'est très important pour appliquer les fameuses EQTF.
04:44 2. Les étrangers délinquants.
04:45 Il y en a 4000 par an que l'on peut expulser en plus,
04:47 et que je ne peux pas expulser parce que la loi m'en empêche.
04:50 Le Sénat l'a voté, la commission des lois de l'Assemblée l'a voté,
04:54 c'est ce que j'ai proposé, tant mieux, c'est la sécurité des Français.
04:56 Et 3. L'intégration.
04:58 Il faut passer un examen de français pour avoir un titre de séjour.
05:00 Le Sénat l'a voté, l'Assemblée l'a voté.
05:02 – Monsieur le ministre, c'est difficile ce matin quand même
05:05 d'assurer que c'est le même texte qui a été durci au Sénat, détricoté.
05:08 – Si, il y a eu 60 articles qui ont été rajoutés au Sénat.
05:10 – Alors pourquoi les LR ne veulent pas y aller ?
05:12 – Mais ça je ne suis pas membre des LR, il faut leur poser la question,
05:14 moi je leur tends la main.
05:15 Travaillons ensemble à la sécurité des Français.
05:17 – Pourquoi on ne l'apprenne pas ? Imaginons Gérald Darmanin,
05:18 imaginons que tout à l'heure à 16h, le RN s'abstienne sur la motion de rejet
05:22 et que Éric Sautier et Olivier Marleix appellent à voter une telle motion de rejet.
05:25 – Mais je ne l'imagine pas.
05:26 Je n'imagine pas que les LR qui ont un grand parti de gouvernement,
05:29 qui a un parti gaulliste, qui regardent, j'imagine, l'intérêt général
05:32 avant les questions politiques-poéticiennes, soient moins constructifs
05:36 que ne pourrait être le Rassemblement national,
05:38 et surtout ne veulent pas y débattre de l'immigration.
05:40 Madame Mabrouk, si dans quelques heures, la droite refuse de débattre
05:47 de l'immigration dans l'hémicycle, est-ce que ce serait bien sérieux ?
05:53 Moi je n'ai pas peur du débat, on dit depuis le début,
05:55 le gouvernement, le texte, va-t-il passer ?
05:56 Le gouvernement a peur, le gouvernement,
05:58 M. Macron n'ose pas parler d'immigration.
05:59 – Vous n'êtes pas fébrile ce matin, vous jouez gros vous-même,
06:01 personnellement, le gouvernement aussi.
06:03 – Ça n'a pas beaucoup d'intérêt, les aventures personnelles,
06:06 quand il ne s'agit pas de l'intérêt général du pays.
06:08 On n'arrête pas de dire, depuis le début du quinquennat
06:10 du président de la République, il est naïf sur l'immigration,
06:13 il ne prend pas des mesures, là nous présentons des mesures très fortes.
06:16 – Très fortes dites-vous ?
06:17 – Ce n'est pas le président qui a peur du débat,
06:19 ce n'est pas le gouvernement qui a peur du débat,
06:20 nous on est là pour débattre, même dans une majorité relative.
06:23 Ce serait l'opposition qui aurait peur de débattre,
06:25 ce serait la droite qui aurait peur de débattre aujourd'hui.
06:28 – Vous transformez une opposition en peur, peut-être qu'il vous répondrait ainsi,
06:32 Gérald Darmanin, vous dites ce matin, votre main est tendue, jusqu'où ?
06:35 – Bah, discutons-en.
06:37 – Mais par exemple, vous avez dit que vous pourriez vous engager
06:39 à rétablir le délit de séjour irrégulier, vous engagez, c'est une chose,
06:42 mais est-ce que vous avez les moyens de tenir votre promesse avec l'aile gauche ?
06:46 – Alors, vous savez, la majorité, elle a suivi le gouvernement
06:49 et singulièrement le texte que j'ai proposé intégralement.
06:52 J'ai entendu beaucoup de choses pour dire la majorité,
06:54 non, la majorité, elle est courageuse, la majorité, elle sait qu'il faut
06:57 des mesures fortes contre l'immigration irrégulière et pour l'intégration.
07:01 Moi, j'ai proposé en effet d'accepter la proposition des LR de délit de séjour irrégulier.
07:05 Voilà, bah, discutons-en, vous savez, il y a un vote, c'est la démocratie.
07:08 On va avoir 15 jours de débat.
07:10 Les LR proposent un débat chaque année au Parlement, obligatoire.
07:14 Je suis d'accord, modifions le texte pour que chaque année il y ait un débat,
07:17 il faudrait qu'il y en ait un cet après-midi déjà, ce serait déjà une bonne chose.
07:20 Les LR disent, bah voilà, il faut encadrer l'article régularisation,
07:23 on a peur d'un appel d'air, bah encadrons-le.
07:25 Quotas ?
07:26 Disons, pourquoi pas ?
07:27 Combien par an vous en débattrez s'il y a débat ?
07:29 Non mais il y a plusieurs débats, les LR proposent plusieurs choses différentes,
07:32 selon les députés LR qui proposent, il n'y a pas une position unanime à ma connaissance aujourd'hui.
07:37 Il y a l'idée que le texte régularisation s'arrête aujourd'hui en 2028,
07:40 ils disent bah, avançons la date, on l'arrête en 27 ou en 26, discutons-en.
07:44 Il y a des gens qui veulent des quotas, en effet, pas plus de 7000, 10 000 par an, discutons-en.
07:48 Ça pète une mesure, comme dit par Edouard Philippe au journal du dimanche.
07:51 Oui, j'ai vu ce qu'a dit le Premier ministre Edouard Philippe et je remercie du soutien sur le texte,
07:55 d'abord pour le délit de séjour irrégulier également, mais il faut en débattre.
07:58 Si vous ne débattez pas de ce sujet.
08:00 Donc on a compris qu'aujourd'hui, tout se joue, en réalité, pour la suite.
08:04 Vous demandez au moins qu'il puisse y avoir un débat.
08:07 Le gouvernement n'a pas peur de débattre, la question est, est-ce que l'opposition a peur de débattre ?
08:12 C'est la seule chose.
08:13 Que les Verts, que LFI soient contre le texte immigration,
08:16 contre l'idée même de parler d'immigration, c'est normal.
08:18 Ils sont par nature totalement opposés à ce qu'on essaye de faire.
08:22 Mais que la droite puisse se dire aujourd'hui que pour faire un petit coup politique,
08:26 il voudrait empêcher les Français.
08:27 Vous croyez que c'est la raison ?
08:29 Ils veulent simplement vous nuire, j'allais dire personnellement et au président de la République,
08:33 qu'Olivier Marlec se saisisse d'elle en tête ?
08:35 C'est possible que ce soit des questions personnelles.
08:37 J'espère qu'elles seront écartées au moment où l'essentiel est en jeu, comme disait le général.
08:42 Donc l'important, c'est de débattre.
08:43 Déni de démocratie quand même, je reste sur ce point.
08:46 Vous, le gouvernement a souvent utilisé le 49-3,
08:49 souvent j'allais dire brocardé pour le déni de démocratie.
08:52 Vous l'employez vous-même aujourd'hui contre l'opposition ?
08:54 C'est un fait.
08:55 On ne pourrait même pas débattre une minute de l'immigration dans l'ensemble de l'Assemblée nationale.
09:00 Les Français le comprendraient selon vous s'il n'y a pas de débat ?
09:02 Non, je pense qu'ils ne le comprendraient pas.
09:04 Vous savez, la différence avec les Français est assez forte entre le pouvoir politique et les Français.
09:09 Ils ont l'impression qu'on ne parle pas des sujets qui les intéressent,
09:11 qu'on ne prenne pas nos responsabilités et qu'on n'est pas courageux.
09:14 Le gouvernement sur un sujet qui n'est pas facile, l'immigration,
09:17 ce n'est pas facile comme sujet, c'est des femmes, des hommes,
09:19 c'est des difficultés humaines très très fortes.
09:21 Qu'il s'agisse de personnes immigrées régulières ou de Français
09:24 qui subissent une immigration qui est trop importante ou dérégulée dans certains endroits.
09:29 Là, c'est un acte fort que dit le président de la République.
09:32 Parlons-en, prenons des mesures, discutons-en.
09:34 Mais, monsieur le président, que dit-il ?
09:35 Parce qu'on ne sait pas en réalité ce que pense Emmanuel Macron.
09:38 Beaucoup estiment que parce que votre projet de loi ne porte pas sur les frontières européennes,
09:41 ne porte pas sur Schengen, ne porte pas sur une réforme constitutionnelle,
09:44 ne parle pas de l'immigration légale,
09:46 eh bien ça ne s'attaque pas véritablement à l'entièreté du sujet.
09:49 Non, c'est tout à fait faux.
09:50 D'abord, un, est-ce qu'on veut ou pas expulser les étrangers délinquants ?
09:53 Voilà, moi c'est une question simple que je pose.
09:54 Je propose dans le texte, c'est un an du président, d'expulser, d'éloigner les étrangers délinquants.
09:59 Aujourd'hui, j'en expulse, j'en éloigne 2500 par an.
10:02 Je pourrais faire 4000 étrangers délinquants de plus grâce à ce projet de loi.
10:05 Vous pouvez communiquer largement, mais vous auriez pu le faire en dehors du projet de loi.
10:08 Non, ce n'est pas vrai. Il y a des modifications législatives à apporter.
10:11 Vous n'auriez pas pu modifier le CZA, le Code d'entrée d'asile ?
10:14 Non, c'est la loi, le CZA.
10:15 Oui, mais il faut que vous le fassiez en dehors du projet de loi immigration.
10:17 Ah non, c'est la loi. Pour changer la loi, il faut la loi, il faut que les parlementaires la votent.
10:21 Si la loi ne modifie pas le texte des étrangers, je ne peux pas expulser les étrangers délinquants.
10:26 C'est la loi. Le ministre des Intérêts respecte la loi.
10:28 Les policiers et les gendarmes, vous savez, ils ont énormément de moyens grâce à cette loi de main.
10:33 Ils vont pouvoir prendre les empreintes des étrangers irréguliers.
10:35 Aujourd'hui, ils n'ont pas le droit de le faire.
10:36 Ils vont pouvoir inspecter les voitures aux frontières. Ils n'ont pas le droit de le faire.
10:39 Ils vont pouvoir mettre les passeurs devant des cours criminels, alors qu'aujourd'hui, c'est un simple délit.
10:43 C'est très important, mais comment vous l'avez fait avant ?
10:45 Nous proposons quelque chose aujourd'hui.
10:47 La question est de savoir si les parlementaires de droite donnent des moyens aux policiers et aux gendarmes.
10:52 Sinon, c'est une trahison pour les policiers et les gendarmes qui, tous les jours, sont à la frontière à Menton,
10:55 qui sont à la frontière à Calais, qui sont à la frontière dans les Alpes.
10:58 Vous ne répondez pas sur les migrations légales.
11:00 Est-ce que vous assumez une différence de projet avec la droite et le RN ?
11:04 Hier, Marine Le Pen disait que vous avez un projet migrationniste.
11:07 Vous acceptez une migration légale en augmentation, dit-elle.
11:10 Il y a une différence, évidemment, entre le RN et nous, c'est certain.
11:13 Sur les migrations légales, nous, on est content d'avoir des étudiants étrangers qui viennent en France.
11:17 On est heureux d'avoir une migration économique, des ingénieurs, des personnes qui apportent à notre pays.
11:22 Madame Le Pen pense l'inverse.
11:23 Bon, mais ça, c'est l'immigration légale.
11:25 On peut toujours en discuter.
11:26 D'ailleurs, on propose un débat pour en discuter.
11:27 Donc, ce serait étonnant qu'on n'en discute pas, sauf sur votre plateau de télévision.
11:31 Mais c'est l'immigration irrégulière la difficulté.
11:33 Nous sommes tous d'accord, me semble-t-il, pour dire qu'on doit arrêter l'immigration irrégulière.
11:37 Pourquoi ? Parce que ce sont des femmes, des hommes, des enfants, exploités par des passeurs qui sont des criminels.
11:41 Dans ce texte, il y a un arsenal juridique sans précédent pour lutter contre les passeurs, ces marchands de mort.
11:48 Et le débat, alors qu'il y a des femmes, des enfants, des vies des hommes en jeu, ne pourrait pas avoir lieu à l'Assemblée nationale.
11:53 Donc, il faut être sérieux. J'espère qu'il y aura ce débat.
11:56 Et nous verrons si, au bout de 15 jours, le gouvernement arrive à trouver un compromis avec les oppositions.
12:00 Votre phrase est importante ce matin, "déni de démocratie".
12:03 Gérald Darwana, après Edouard Philippe au journal du dimanche, vous-même avez reconnu hier sur Brut l'existence d'un racisme anti-blanc.
12:10 Après le meurtre de Thomas Akrepol, cela a agité le débat public.
12:14 Est-ce que c'est la fin d'un tabou, aujourd'hui ?
12:16 Moi, j'ai toujours pensé qu'il y avait du racisme et qu'il touchait tout le monde.
12:19 Il touche les Arabes, il touche les Noirs, il touche les Juifs, il touche la communauté asiatique et il touche évidemment les Blancs.
12:24 Bien évidemment, le racisme, par nature, c'est la peur de l'altérité, c'est le refus de l'altérité et c'est la haine de l'altérité.
12:30 Donc, évidemment qu'il y en a un contre les personnes de couleur blanche.
12:33 Personne ne dit le contraire. J'ai été élu pendant 15 ans et je le suis toujours.
12:36 Personne ne dit le contraire ?
12:37 J'espère bien.
12:38 Ah si, une grande partie de la gauche ? Ah bah si. Beaucoup disent le contraire.
12:41 Ils sont dans le déni. Alors voilà, moi j'ai été élu local pendant très longtemps. J'ai vu des choses comme maire,
12:46 du racisme qui touchait les Maghrébins, qui touchait les Noirs et qui touchait bien évidemment aussi les Blancs.
12:51 Et ne pas le dire, ce n'est pas dire la vérité.
12:53 Mais ce qu'on peut le dire dans notre débat public sans être menacé, à cette même place, il y a quelques jours,
12:57 c'est la maire de Romance-sur-Isère, Mme Marie-Hélène Thoraval, qui a évoqué ce racisme anti-Blanc,
13:02 qui a par ailleurs dénoncé une minorité, a-t-elle dit, qui fait la loi dans le quartier de Lamonnet.
13:07 Vous le savez, elle a été menacée de décapitation et puis après des prises de parole dans la média,
13:11 elle a aussi été menacée en lui intimant de ne plus parler.
13:14 Je trouve que c'est fait dans une relative indifférence aujourd'hui dans le débat public et politique.
13:18 Comment réagit le ministre de l'Intérieur ?
13:20 D'abord, elle est très courageuse, Mme le maire. Nous avons eu des contacts avec elle.
13:23 J'ai constaté d'ailleurs qu'elle avait dit que j'avais eu raison de parler d'en sauvagement.
13:27 Nous avons regardé sa sécurité.
13:30 Aujourd'hui, l'évaluation de sécurité montre qu'elle n'a pas été protégée par des services de police 24/24.
13:34 Mais oui, nous la protégeons au sens où des consignes très strictes ont été données à M. le préfet pour pouvoir la protéger.
13:39 C'est une maire très courageuse et elle doit évidemment pouvoir dire ce qu'elle souhaite.
13:43 C'est vrai pour n'importe qui d'ailleurs, sur des plateaux de télévision, au nom de sa population.
13:47 Moi, vous savez, j'étais maire de Tourcoing, dans une ville qui est difficile également.
13:51 Les élus, ils reçoivent des menaces tous les jours parce qu'il y a une forme d'en sauvagement contre eux.
13:57 Et moi, je veux dire qu'ils soient du Rassemblement national à El-Effi,
14:00 les élus de la démocratie, ils ont le droit de dire ce qu'ils souhaitent et la police sera toujours là pour les protéger.
14:03 Vous assumez le mot "en sauvagement" quand il y a encore quelques jours,
14:06 Elisabeth Born a parlé d'un sentiment de la violence qui augmente,
14:09 reconnaissez que l'on en même temps vit au grand écart sur cette diagnostic ?
14:13 Non, mais on n'a pas les mêmes sensibilités.
14:15 Là, vous n'avez même pas la même vision du monde et des choses.
14:18 Vous savez, quand on regarde les choses depuis 15 ans, on s'aperçoit qu'il y a à peu près le même nombre de meurtres chaque année,
14:23 attentats terroristes à part, en France, à 50 près.
14:26 Ce que je constate en tant que ministre de l'Intérieur, en revanche, c'est la sauvagerie.
14:29 Les attaques au couteau comme on l'a vu à Vendôme.
14:32 La sauvagerie que nous constatons de plus en plus forte.
14:35 Je vois la réelle.
14:36 Mineurs, très très jeunes.
14:38 La rajeunissement de la violence, des auteurs comme des victimes, il faut le dire aussi,
14:42 et quand à 14-15 ans on donne des coups de couteau à un autre adolescent de 14-15 ans,
14:46 ce n'est pas de la faute de la police.
14:48 Je crois qu'il y a une question de parents, une question de société,
14:51 il y a une question d'éducation, il y a peut-être aussi une question d'immigration, d'intégration,
14:55 une question de réponse pénale.
14:56 On n'est pas à la hauteur parfois.
14:57 Voilà, de réponse pénale, mais je pense qu'elle a fait beaucoup d'efforts, la justice,
15:00 elle doit encore beaucoup en faire pour une réponse pénale beaucoup plus forte.
15:03 Mais moi ce que je regarde c'est la réelle.
15:05 Ce qui m'intéresse ce n'est pas l'idéologie.
15:06 En tant que ministre de l'Intérieur, je vois la réelle tous les jours.
15:08 Et oui, il y a des actes de sauvagerie et il faut les dénoncer comme tel.
15:11 – Vous avez annoncé hier, Gérald Darmanin, la dissolution du mouvement Academia Christiana,
15:16 présenté comme un mouvement catholique, traditionnaliste.
15:19 Est-ce que vous pouvez nous dire ce matin, quelles menaces il représente ?
15:22 Est-ce qu'ils avaient un projet de violence qui était prévu ?
15:26 – Alors vous l'avez vu cet été, ils ont notamment fait l'apologie de l'antisémitisme,
15:29 puisque là, vos émissions de télévision en ont beaucoup parlé,
15:32 avec des personnes qui considéraient que les juifs n'étaient pas évidemment des hommes comme les autres.
15:37 Un très grand soutien à la collaboration au maréchal Pétain.
15:41 Donc ce n'est pas une association qui correspond, nous semble-t-il, aux valeurs de la République.
15:45 On va la dissoudre au Conseil des ministres et puis le Conseil d'État donnera son avis.
15:48 Moi vous savez, je me bats tous les jours pour lutter contre les séparatismes.
15:51 D'abord l'islamisme radical.
15:52 – Certains font une hiérarchie et se demandent pourquoi vous ne visez pas d'abord justement
15:57 les frères musulmans, l'islamisme radical avant de vous attaquer à un mouvement catholique traditionnaliste.
16:03 – Excusez-moi, je n'ai pas de leçons à recevoir de ce point de vue.
16:06 J'étais le ministre de l'Intérieur qui depuis 4 ans a proposé le plus de mosquées,
16:11 d'associations, de commerces qui sont dans l'islam radical à être dissous ou fermés.
16:16 Ce sont des centaines de structures que nous avons fermées
16:20 et donc en premier lieu c'est l'islam radical le problème.
16:22 Et puis il y a l'ultra gauche et l'ultra droite qui sont aussi des menaces.
16:25 Si je prends l'exemple des attentats, c'est 43 attentats déjoués d'islam radical,
16:29 donc c'est le plus important, la menace la plus forte, c'est 13 attentats d'ultra droite.
16:33 – Vous faites une hiérarchie claire.
16:35 – Non, non, vous dites d'abord la menace, c'est la menace systémique.
16:38 – Ah oui bien sûr, les services de renseignement évoquent que la première des menaces c'est l'islam radical,
16:42 mais il y a aussi une menace d'ultra droite et d'ultra gauche.
16:46 Donc il faut la combattre, quand on est républicain et démocrate,
16:49 même quand on a des envies de fermeté comme je pense que les français l'ont,
16:53 on doit regarder que tous ceux qui attaquent la démocratie et la république doivent être écartés,
16:58 me semble-t-il, d'un point de vue administratif et poursuivis pénalement.
17:01 – C'est une question que je vous pose, qui parle à la fois de démocratie et de justice,
17:05 Gérald Darmanin, il y a deux personnalités politiques aux convictions très différentes,
17:09 François Bayrou et Marine Le Pen qui font face à un procès,
17:12 quasiment similaire sur les affaires dites des assistants parlementaires
17:16 au Parlement européen, de détournement, soupçons de détournement de fonds publics.
17:20 François Bayrou, lui, il attend son verdict pour janvier, il s'est défendu pendant 5 semaines
17:24 et Marine Le Pen attend son procès pour début 2024.
17:28 Je vous pose la question directement, est-ce que c'est à la justice
17:31 de décider du destin politique de ces personnalités dont l'une,
17:34 fais pas de doute, elle sera candidate pour 2027 ?
17:37 – D'abord je veux apporter mon soutien à François Bayrou,
17:40 c'est un camarade évidemment politique et lui dire qu'évidemment
17:43 je souhaite que la justice reconnaisse son innocence,
17:46 j'aime beaucoup François Bayrou et je veux vraiment lui dire mon soutien.
17:49 Pour Madame Le Pen, je suis en désaccord avec Madame Le Pen, chacun le sait,
17:52 mais je pense qu'on bat Madame Le Pen dans les urnes, dans les campagnes,
17:55 pas dans les prêtoirs, j'aime pas trop, la justice fait son travail,
17:58 elle est indépendante bien évidemment, mais je n'aime pas le principe de
18:01 "chouette, chouette, elle pourrait être inéligible,
18:02 elle ne pourra pas se présenter avec son présidentiel".
18:04 Moi je pense que ce ne serait pas quelque chose de positif bien évidemment,
18:07 Madame Le Pen, elle représente un courant d'opinion très important,
18:10 qu'il faut combattre, que je regrette, c'est pour ça que je veux un débat
18:13 à la semaine nationale avec elle cet après-midi notamment,
18:16 mais je ne considère pas que ce soit la justice d'empêcher les électeurs de voter.
18:20 Donc je respecte les décisions de justice, je veux simplement dire que
18:23 je n'aime pas cette façon de faire de la politique,
18:25 quand je vois que des gens peuvent se réjouir de ça,
18:27 et donc j'aimerais que nous battions Madame Le Pen dans les urnes,
18:30 à la loyale et que les Français croient en leur démocratie.
18:32 – Projet contre projet donc. – Exactement.
18:34 – Merci Gérald Darmanin, merci, c'était votre grande interview ce matin.
18:37 – Merci à vous.
18:38 [Musique]
18:41 [SILENCE]