• il y a 9 mois
La ministre de la Culture, Rachida Dati était l’invitée de #LaGrandeInterview de Sonia Mabrouk dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe 1.

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Bienvenue et bonjour Rachida Dati.
00:03 Bonjour.
00:04 Et merci de votre présence.
00:05 Vous êtes la ministre de la Culture, également maire du 7e arrondissement de Paris.
00:09 Rachida Dati, Gabriel Attal s'est défendu hier à l'Assemblée face à la motion de censure des oppositions de gauche.
00:14 Sans surprise, elle a été rejetée.
00:16 Ni les LR ni le RN ne l'ont votée.
00:19 C'est la première motion de censure du gouvernement Attal.
00:21 Comment vous jugez, vous appréhendez la méthode de ce Premier ministre ?
00:24 La méthode Attal, comment la définir ?
00:26 Moi je trouve d'abord que c'est un Premier ministre qui a beaucoup d'écoute et qui agit.
00:32 On l'a vu même dans ses fonctions précédentes, il n'a pas peur du débat et il n'a pas peur de la décision.
00:37 On l'a vu au ministère de l'Education nationale et donc avec son tempérament, c'est une nouvelle génération,
00:44 c'est une autre génération et qui fait de la politique de manière plus directe avec évidemment son jeune âge.
00:54 Mais moi je trouve effectivement qu'il est dans l'écoute, dans l'action, dans le débat et avec beaucoup d'empathie je trouve.
01:02 Malgré son âge.
01:04 Malgré son âge, ah malgré ?
01:06 Non mais parce que je trouve qu'il a un parcours assez, j'allais dire fulgurant, mais finalement assez impressionnant.
01:13 Rejet de la motion de censure donc hier à Rachida Dati et aussi relax de François Bayrou dans l'affaire des assistants parlementaires européens.
01:19 La voie est ouverte normalement pour compléter le gouvernement et achever justement le gouvernement.
01:25 Bayrou en remplacement de la ministre Amélie Oudea Castera, c'est un bon choix, c'est un ministre d'expérience.
01:30 François Bayrou d'abord c'est un ami de longue date et on a toujours fait de la politique ensemble et depuis très longtemps.
01:35 Vous lui avez envoyé un message hier pour le féliciter.
01:39 Oui mais d'ailleurs on se voit assez régulièrement.
01:42 Moi justement je l'ai rencontré grâce à Simone Veil et donc j'ai travaillé aussi avec lui quand il était ministre de l'Education nationale.
01:48 C'est un homme d'expérience, c'est un homme avec une grande compétence et c'est au président de la République de savoir où il peut lui être utile.
01:55 Quel éloge, quel éloge.
01:56 Non mais en plus c'est une vraie amitié qu'on a depuis très longtemps.
02:00 Et c'est une possibilité d'élargissement aussi du gouvernement.
02:03 Il appartient à la majorité présidentielle et il a toujours dit ce qu'il pensait et de manière très franche et directe lui aussi.
02:10 Venons en Rachida Dati, à votre ministère et à vos ambitions.
02:13 Alors vous voulez bâtir, et c'est un mot d'ordre très important, une culture populaire pour tous.
02:18 Avant de vous demander votre méthode Rachida Dati, comment est-ce que vous définissez tout d'abord la culture française ?
02:23 Il y a une culture française, il y a un génie français millénaire.
02:26 Comment vous vous l'appréhendez, vous la définissez ?
02:28 Sonia, ce n'est pas un hasard si vous et moi on est sur ce plateau aujourd'hui, française, le revendiquant et appartenant à ce pays dans une communauté de destin.
02:38 Et donc qu'est-ce qui nous relie les uns aux autres ? C'est la culture.
02:41 C'est la force de cette culture française.
02:43 Et donc il ne s'agit pas en soi de construire une culture populaire, c'est de pouvoir faire accéder au plus grand nombre cette culture française qui est diverse.
02:50 Littérature, cinéma, musée, patrimoine, musique, elle est diverse.
02:56 La littérature, et donc c'est de pouvoir faire accéder au plus grand nombre ce génie français, comme vous dites.
03:02 Et donc soit les plus éloignés, par exemple quand je me suis rendue dans des zones rurales très reculées,
03:08 où finalement la difficulté d'accéder à la culture c'est la mobilité, ou pas de transport.
03:12 Donc c'est de pouvoir faciliter cet accès, et pour d'autres qui vivent dans des zones très denses, en offre culturelle,
03:18 et finalement qui n'ont pas spécialement d'appétence ou de curiosité, donc les inciter pour accéder à la culture.
03:24 Parce que moi je considère que la culture participe, comme l'école d'ailleurs, participe à la construction de la citoyenneté.
03:30 On va en parler, c'est très important.
03:32 Et est-ce que par culture populaire pour tous, Rachida Datchi, est-ce que vous entendez par là culture élitaire pour tous,
03:37 autrement dit, est-ce qu'on prend les pièces les plus compliquées, les classiques, les plus ardues, et on le diffuse plus largement ?
03:42 François Mitterrand avait dit de l'opéra Bastille, il faut en faire un opéra moderne et populaire.
03:47 La définition, c'est à la fois une définition et un objectif, moderne et populaire.
03:52 Et moi je m'inscris évidemment tout à fait là-dedans.
03:57 Et aujourd'hui, cette accessibilité, cet accès à la culture pour le plus grand nombre, c'est en tous les cas ma vision politique.
04:02 Et ça sera ma feuille de route.
04:04 Et c'est ce que m'a donné comme mission le Président de la République.
04:06 Est-ce que vous avez une priorité ? Est-ce que par exemple c'est le théâtre qu'il faut populariser encore plus à l'école ?
04:11 Est-ce que ce sont les arts plastiques dans les collèges et les lycées ?
04:13 Est-ce qu'il faut multiplier par exemple les musées itinérants ?
04:16 Ou est-ce que c'est une offre, j'allais dire, totale et complète que vous visez ?
04:20 Là où le Président de la République a raison, c'est que le théâtre c'est un patrimoine culturel français.
04:26 Et c'est sa passion aussi.
04:28 Oui, c'est sa passion, c'est vrai.
04:29 Mais quand il l'explique et quand il veut le rendre obligatoire à l'école, pourquoi ?
04:33 Parce que ça allie l'histoire et la littérature.
04:35 Prenez Molière.
04:37 Toutes ses pièces allient l'histoire, la littérature.
04:42 Prenez un tableau.
04:44 Quand vous regardez un tableau, d'ailleurs c'est toutes les difficultés que nous avons dans certains endroits pour enseigner justement la culture, l'histoire.
04:51 Vous rentrez dans ce tableau, vous le comprenez par la connaissance de l'histoire.
04:57 Et donc c'est un art qui vous permet d'accéder à la culture, à l'histoire, à la littérature et à tellement d'autres choses, à des émotions, des sentiments.
05:05 Et donc c'est pour ça que je considère que la culture est un élément essentiel.
05:08 Mais ce n'est pas exclusif de l'école.
05:11 Moi je considère que la culture, on peut acquérir les bases à l'école, mais c'est une formation continue.
05:16 On appelle beaucoup les Français à se former tout au long de leur vie.
05:21 Moi je considère que la culture, on en acquiert les bases et c'est une formation tout au long de la vie.
05:26 Pour le philosophe Alain Féculcrot, il l'a dit sur CNews et Europe 1 au grand rendez-vous, il dit "la culture pour tous, c'est le risque, que la culture cède à la place au culturel".
05:35 Autrement dit que tout soit culture, la mode, etc.
05:38 Il s'en désole, affirmant que les ministres de la culture, mais ils ne vous visent pas particulièrement, ne sont plus dans la tradition de Malraux.
05:45 Vous ne l'avez beaucoup pas entendu ça, on a fait la comparaison.
05:48 Vous avez estimé que c'est du mépris de Malraux ?
05:51 Non mais, j'en suis plus à sa près.
05:53 À ce point ?
05:54 Non mais, à la fois je ne comprends pas ce qu'il veut dire, ou alors je comprends trop bien ce qu'il veut dire.
05:59 Mais à l'époque d'André Malraux, la culture était très diverse.
06:04 On avait Louis de Funès, les tontons flingueurs.
06:06 On avait Marguerite Duras et Claude François.
06:09 C'était cette époque d'André Malraux.
06:12 Peut-être que pour Alain Finkielkraut, il faut sortir de normal sub pour être ministre de la culture.
06:16 J'en suis pas sorti, mais André Malraux non plus.
06:19 Il n'aurait jamais été ministre de la culture.
06:21 Le ministère de la culture, Rachida Dati, ou plutôt les institutions culturelles, sont parfois infiltrées par l'idéologie woke, déconstructrice.
06:28 Il y a des subventions, par exemple, qui ont été données dans cet objectif.
06:32 Est-ce que vous allez vous y opposer, franchement ?
06:34 Est-ce que vous dites que le ministère de la culture, sous le sou de Rachida Dati, c'est non, niet, au wokisme ?
06:40 Madame Mabrouk, j'ai fait beaucoup d'interviews avec vous.
06:43 Moi, je suis pour la liberté de l'art, je suis pour la liberté de la création.
06:47 Je ne suis pas pour la censure.
06:49 Mais vous savez aussi, et c'est aussi ce qui a permis mon engagement politique,
06:54 je suis très sensible, et c'est un combat, la lutte contre les discriminations.
06:59 Mais je ne suis pas pour la censure.
07:01 Et je trouve qu'aujourd'hui, le wokisme est devenu une politique de censure.
07:07 Et donc, là-dessus, moi, je serai très claire.
07:10 D'ailleurs, j'ai réuni les directeurs généraux du ministère.
07:13 Je réunirai la semaine prochaine les directeurs régionaux de l'action culturelle.
07:17 Et je leur demanderai, effectivement, comme ministre de la culture,
07:20 de veiller à ce qu'on soutienne la liberté de création et de ne pas soutenir ces nouveaux censeurs.
07:28 C'était une vraie bataille.
07:29 On se souvient, par exemple, il y avait des œuvres majeures, comme le lac des Sines,
07:32 qui ont été menacées, faute de... On avait dit que ce n'était pas suffisamment diversitaire.
07:36 Vous allez faire face à des courants contraires.
07:39 De lutter contre les discriminations, de lutter contre les déterminismes sociaux.
07:44 C'est un combat, et c'est un combat difficile.
07:46 Et l'effacement, pour certains objectifs, vous dites non dans les œuvres majeures.
07:49 Moi, je trouve que la culture, ce n'est pas la déconstruction.
07:52 Ce n'est pas l'effacement, bien au contraire.
07:55 Moi, je trouve qu'on rajoute des choses, on ne les soustrait pas.
08:00 Et l'effacement, c'est la censure.
08:02 Dans tous les cas, moi, je ne serai pas quelqu'un qui sera aux côtés des censeurs.
08:07 Est-ce qu'il faudrait, Rachida Dati, créer ou même recréer, certains disent,
08:10 un ministère des Beaux-Arts et du Patrimoine ?
08:13 C'est-à-dire, quelque chose qui soit vraiment concentré pour la transmission du patrimoine.
08:16 Je sais que ce que je dis sonne doux à l'oreille de Stéphane Bern, notamment,
08:21 mais un ministère des Beaux-Arts et du Patrimoine, avec une vraie enveloppe financière.
08:26 Pourquoi pas ?
08:28 Je crois que ce ministère, il a existé sous la Troisième République,
08:32 donc je ne vais pas y revenir.
08:34 Moi, je trouve que la force du ministère de la Culture,
08:37 c'est de ne pas opposer, justement, les beaux-arts, la création au patrimoine.
08:40 Moi, je suis le ministre du Patrimoine.
08:42 Je vous dis, avant hier, j'étais au Grand Palais,
08:46 qui est en train d'être restauré, et restauré à l'identique.
08:50 Regardez Notre-Dame, mais aussi, vous avez mentionné Stéphane Bern,
08:54 qui a une mission qui permet de sauver, sauvegarder,
08:59 le patrimoine de proximité dans tous nos petits villages,
09:02 dans toutes nos zones rurales, y compris dans des zones urbaines denses.
09:06 Il y a des bijoux à préserver, il y a du patrimoine à préserver.
09:09 Et donc, moi, je n'oppose pas les beaux-arts, la création au patrimoine.
09:12 Au contraire, je trouve que c'est très complémentaire.
09:14 Et à noter sur l'un des bijoux architecturaux de notre pays, de notre capitale,
09:19 le pavillon des sources, vous avez trouvé une solution qui semble-t-il, en tous les cas,
09:22 parce que vous avez déplacé le pavillon des sources brique par brique.
09:25 C'était le site historique de l'Institut Curie.
09:28 Il semble, en tous les cas, satisfaire pas mal de monde.
09:31 Paris, la capitale Rachidadati, c'est normalement le phare de la France,
09:34 par son patrimoine et ses joyaux architecturaux.
09:37 Vous serez présente tout à l'heure au Conseil de Paris, qui débute ce mardi.
09:41 Est-ce qu'on va retrouver la Rachidadati d'avant,
09:44 pique et punchline envers Anne Hidalgo ?
09:46 Je suis conseillère de Paris, je suis maire du 7e arrondissement.
09:50 Moi, je vais dire comme élu de Cal, je défends Paris.
09:53 Mais plus largement, Paris n'appartient pas qu'aux Parisiens.
09:56 Paris appartient à tous les Français et bien au-delà.
09:59 Et je trouve que quand vous voyez Paris, c'est les grands musées,
10:03 c'est les grandes salles de spectacle.
10:05 Regardez l'Opéra Garnier, cet opéra a une renommée internationale.
10:10 Je crois de mémoire que la ville d'Hanoï, il y a un théâtre
10:13 qui s'est inspiré de l'Opéra Garnier.
10:15 Donc Paris, c'est bien au-delà de la seule capitale.
10:19 Et comme je viens de le dire, c'est aussi une architecture,
10:22 des aménagements urbains.
10:24 Et malheureusement, moi, je constate que Paris est de plus en plus abîmée.
10:28 Et donc, en étant ministre de la Culture,
10:30 c'est aussi la ministre qui sauvegardera ce patrimoine.
10:34 Vous savez ce que beaucoup vont dire, que vous utilisez,
10:37 en tous les cas, sous couvert du ministère de la Culture,
10:40 c'est la bataille encore et toujours pour Paris.
10:42 Moi, je ne me place pas à ce niveau-là.
10:44 Un peu quand même, Rachidadati.
10:46 Vous avez l'œil, d'ailleurs, d'une ambition politique.
10:49 Non, mais je suis élue parisienne.
10:51 Donc que je sois soucieuse de Paris, c'est une réalité.
10:54 Je vais reprendre deux autres exemples.
10:56 Le champ de Mars.
10:57 Ah.
10:58 Non, mais le champ de Mars et la tour Eiffel.
11:00 C'est une question d'être à bord de la tour Eiffel.
11:02 Le champ de Mars, c'est un patrimoine national.
11:04 La tour Eiffel est un des monuments les plus visités de France.
11:08 Vous avez vu l'état de dégradation, l'état d'insécurité ?
11:12 Et la ville ne veut pas le sécuriser.
11:14 Il refuse et poursuit une bétonisation
11:17 ou l'abattage des arbres,
11:19 contre lequel, évidemment, nous nous sommes opposés.
11:21 Et donc, ma responsabilité, aussi, comme ministre de la Culture,
11:25 c'est de préserver ce patrimoine historique,
11:27 ces musées, ces monuments patrimoniaux de la France.
11:32 Et donc, vous voyez, ce n'est pas le maire du 7e qui parle,
11:35 c'est la ministre de la Culture.
11:37 Vous avez déclaré, en tant que ministre de la Culture,
11:39 Rachidadati, dans le journal du dimanche,
11:41 que le service public doit respecter toutes les opinions.
11:44 Est-ce à dire que ce n'est pas le cas ?
11:46 D'abord, moi, je suis profondément attachée
11:48 au hallu du visuel public et au service public de l'oeil du visuel.
11:51 Je l'ai toujours dit.
11:53 D'ailleurs, même France Inter a ressorti les archives
11:56 au moment du débat sur la redevance.
11:58 Moi, je dois beaucoup au hallu du visuel public.
12:00 Et vous le savez, tout le monde connaît mon parcours.
12:03 Mais quand vous êtes dans une famille qui ne sait pas lire,
12:06 ne sait pas écrire, ou la culture a du mal à y entrer,
12:09 qu'est-ce qui vous reste ?
12:11 C'est comme je dis, dans les zones rurales,
12:13 aujourd'hui, il y a des zones rurales
12:15 où la culture n'y arrive pas, ou peu, ou très difficilement.
12:19 Qu'est-ce qui vous reste ? La télévision et la radio.
12:22 Et donc, moi, je suis très attachée à ce service public.
12:25 Et d'ailleurs, ce service public a le soutien des Français.
12:28 Mais s'il veut garder ce soutien des Français,
12:30 effectivement, il faudra, à un moment donné,
12:33 que ce service public soit le reflet
12:35 de la diversité des opinions des Français.
12:37 -Mais il ne l'est pas encore. C'est ma question.
12:39 -Ma réponse, il faut que ce service public
12:41 reflète la diversité des opinions.
12:43 -C'est un objectif à atteindre.
12:45 -Mais que ce soit les opinions, la culture, il faut...
12:48 Et moi, j'en appelle à la déontologie de chacun.
12:51 D'ailleurs, je dois rencontrer les dirigeants
12:53 très prochainement à ce sujet.
12:55 Parce que si vous voulez le préserver...
12:57 D'ailleurs, moi, je n'oppose pas les médias privés
13:00 au service public, bien au contraire.
13:02 D'ailleurs, vous appartenez à un média privé
13:04 qui est très dynamique, qui s'organise,
13:06 qui fait face aux bouleversements technologiques,
13:09 à la concurrence extra-européenne.
13:11 Et bien, effectivement, le service public
13:13 doit aussi s'y mettre et pouvoir affronter
13:15 ces bouleversements, évidemment, en le sauvegardant.
13:18 Et c'est ma mission.
13:20 -Vous avez présenté vos voeux, Rachida Dati,
13:22 depuis le musée national de l'immigration.
13:24 C'est un choix et j'imagine aussi tout un symbole à vos yeux.
13:28 -C'est ce musée, et notamment sous la tutelle
13:30 du ministère de la Culture.
13:32 -Mais vous l'avez choisi en particulier.
13:34 -Je trouve que la culture,
13:36 qu'il soit accessible à tous,
13:38 que ce soit la culture et les métiers de la culture.
13:41 Et moi, je trouve aussi que c'est un levier d'intégration.
13:44 -Levier d'intégration à la culture ?
13:46 -C'est un levier d'intégration.
13:48 Et donc, moi, je trouvais que c'était important
13:50 que je puisse présenter mes voeux
13:52 pour les agents du ministère de la Culture,
13:54 mais également pour les acteurs de la culture.
13:56 -Vous placez dans vos missions le défi de rapprocher
13:59 une partie des jeunes d'origine étrangère,
14:02 des immigrés de 3e ou 4e génération,
14:04 qui parfois, selon les sondages, sont en rupture avec la France.
14:07 Vous pensez que la culture pouvait les arrimer
14:09 à la culture française ?
14:11 Je cite Philippe Devilliers qui dit qu'il faut faire aimer,
14:14 créer des Français de désir.
14:16 Est-ce que vous êtes d'accord avec cela ?
14:18 -Moi, je trouve que... Je vais me répéter.
14:21 La culture participe à la construction du citoyen.
14:25 Et donc, ça participe à l'intégration.
14:28 -Quand on le veut.
14:30 -Oui, mais quand on parle de politique d'intégration,
14:32 c'est une politique d'intégration à quoi ?
14:34 C'est forcément une politique d'intégration
14:36 à la culture française.
14:38 Mais moi, je trouve que ces dernières années,
14:41 on n'assume plus vraiment d'enseigner,
14:45 d'expliquer l'histoire de notre pays
14:48 et qui est le pays qui a construit ses fondements
14:52 sur la liberté et la laïcité.
14:55 -Et on n'assume plus ?
14:57 -Moi, je trouve qu'on a un recul.
14:59 -Les gens, les élites ?
15:01 -Non, mais par exemple, moi, je disais sur l'école,
15:04 certains disent qu'on a peur d'enseigner certaines matières
15:07 ou d'autres en disant que finalement,
15:09 on fait mine, le programme est trop long
15:11 et on n'aborde plus certains sujets.
15:13 On parlait tout à l'heure de l'art.
15:15 Regardez aujourd'hui l'absence de recul par rapport à un tableau.
15:18 -Et parfois, certains tableaux provoquent des réactions
15:21 très virulentes dans une classe et un professeur menacé.
15:24 -Oui, et donc, ça veut dire que s'il n'y a plus de recul,
15:27 c'est que là, on a raté quelque chose
15:30 ou qu'on n'assume plus d'expliquer
15:32 comment notre pays s'est construit.
15:34 Et notre pays s'est construit sur quoi ?
15:36 Sur la liberté et sur la laïcité.
15:38 C'est ce qui nous permet de tous bien vivre ensemble.
15:41 Et donc, quand il y a rupture, l'échec est là.
15:44 Et donc, c'est pour ça que, pour moi,
15:46 la culture est un vecteur d'intégration.
15:48 Mais comme je disais tout à l'heure,
15:50 il y a l'école, mais l'un n'est pas exclusif de l'autre.
15:53 Et moi, je trouve que la culture est bien au-delà de l'école,
15:56 puisque vous vous formez à la culture tout au long de votre vie.
15:59 -En quelques jours, vous assisterez à HDDT
16:01 aux Victoires de la musique, diffusée sur France 2.
16:04 Et dans deux semaines, le 23 février,
16:06 ce sera la cérémonie des Césars, diffusée sur Canal+1.
16:09 Quel état d'esprit vous abordez ces deux événements ?
16:12 C'est jamais facile pour un ministre de la Culture.
16:15 Il se passe parfois des choses, des happenings.
16:18 -Il y a deux visions. J'aime le cinéma, j'aime la musique.
16:21 Donc c'est vrai que ça fait partie du jeu.
16:23 Il y a une part, évidemment, de théâtralité dans ces émissions.
16:26 Et puis, il y a, comme vous le dites, une part de happening.
16:30 Ça fait partie de ces émissions.
16:32 Moi, j'y vais très sereinement.
16:34 Comme je vous le dis, je regarde la télé, je suis ravie d'y être.
16:37 Et donc, je profiterai avec beaucoup de plaisir
16:40 aussi bien de la musique que le cinéma.
16:42 Et je le dis sans biais particulier,
16:46 mais quand je vois, par exemple, les nominations
16:49 concernant, par exemple, "Anatomie d'une chute",
16:52 moi, je m'en réjouis. Parce que ce film...
16:54 -C'est une nomination. -Oui, ce film est magnifique.
16:56 Et je le recommande. Voilà.
16:58 -Deux questions rapides pour conclure.
17:00 Et ça nous permet de mieux vous connaître,
17:02 Madame le ministre de la Culture.
17:04 Quel livre conseillez-vous, Rachida Datchi,
17:06 à ceux que vous ciblez,
17:08 à ceux qui sont les plus éloignés de la culture ?
17:11 Si vous aviez un livre à conseiller.
17:13 -Moi, je vais vous dire, quand j'étais adolescente,
17:15 moi, j'aimais bien les livres de Balzac.
17:17 "Eugénie Grandet", par exemple, ça m'a beaucoup marquée,
17:20 parce que j'avais l'impression que ceux qui m'entouraient,
17:23 qui n'étaient pas de la même condition sociale que la mienne,
17:27 vivaient comme dans les romans de Balzac.
17:30 -C'est une riche héritière. -Oui, mais moi, j'avais l'impression...
17:33 -Un cousin qui vient de... -Et puis, ça me parlait un peu.
17:36 -Et dont le père était très... -Donc, voilà.
17:38 Et sinon, quand on regarde...
17:41 Alors, moi, c'est ce que je recommande
17:43 généralement à des jeunes,
17:45 parce que je trouve que c'est facile d'accès
17:47 et c'est fortement moderne.
17:49 C'est toutes les pièces de Mollet.
17:51 Non, mais "Les précieuses ridicules", "Les femmes savantes",
17:54 tout ça nous parle encore.
17:56 Donc, moi, je conseillerais les classiques, si je puis dire.
17:58 -Les classiques. Donc, la culture pour tous,
18:00 mais l'élitaire aussi pour tous.
18:02 -Oui. -Tirer vers le haut.
18:04 -C'est un beau programme. -L'élévation, c'est bien.
18:06 -On est tous d'accord. -Merci, Rachida Dati.
18:08 -Merci. -C'était votre grande interview
18:10 ce matin sur CNews et Rom. -Merci beaucoup.
18:12 [Musique]
18:15 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]

Recommandations