Le ministre délégué chargé du Logement Guillaume Kasbarian était l’invité de #LaGrandeInterview de Sonia Mabrouk dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe 1.
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00:00 C News, il est 8h12. Bienvenue à tous. Merci d'être avec nous tout de suite. C'est la grande interview de Sonia Mabrouk.
00:05 Sonia qui reçoit ce matin Guillaume Cazbarian, ministre délégué en charge du logement. La grande interview, c'est sur C News et sur Europe 1.
00:14 [Générique]
00:28 Bienvenue et bonjour à vous Guillaume Cazbarian.
00:31 Bonjour Madame Mabrouk.
00:32 Merci de votre présence et votre grande interview sur C News et Europe 1.
00:35 Vous êtes le ministre délégué en charge du logement et c'était évidemment un sujet de préoccupation majeure dont nous allons parler.
00:41 Je voudrais d'abord vous faire réagir Monsieur le ministre au problème, au fléau des marchands de sommeil avec ce cas concret dans une résidence marseillaise quasi neuve
00:48 où l'on trouve dans un même appartement 6, parfois jusqu'à 10 personnes.
00:52 Les locataires de cette résidence vivent un calvaire, bruit, incivilité, nombreuses dégradations.
00:57 Malgré parfois les sanctions et même l'aspect légal et la loi, est-ce qu'il y a une impuissance face à cette réalité ?
01:03 Non, il n'y a jamais d'impuissance vis-à-vis des délinquants puisque les marchands de sommeil sont en réalité des délinquants.
01:08 Vous louez un bien qui est fortement dégradé en dehors de tout cadre légal et ça amène à des dégradations du bien, de la copropriété et donc c'est un scandale.
01:16 Il y a un volet sanction qui est important et que nous souhaitons d'ailleurs renforcer.
01:20 Nous avons en ce moment un projet de loi sur l'habitat dégradé qui est en examen.
01:23 Il est passé au Sénat il y a quelques jours, la semaine dernière, et il vise à donner des peines plus importantes, entre 5 et 7 ans de plus de prison, en réalité, et 150 000 à 200 000 euros d'amende.
01:34 Il y a donc un volet sanction très important parce qu'il faut lutter fermement contre ces délinquants.
01:39 Puis il y a un sujet de suivi et d'action sur le terrain et donc il y a une vigilance particulière des préfectures, des services sociaux et des copropriétés
01:48 pour en réalité endiguer ce phénomène qui est encore une fois un vrai scandale et donc pas de tolérance vis-à-vis de ce type de délinquance qui, comme vous l'avez dit, mine des copropriétés et des locataires qui en sont victimes.
01:59 Pas de tolérance. Ce discours que vous teniez il y a quelques temps, puisque vous êtes le ministre du Logement et c'est vous qui avez été, Guillaume Casbarian, à l'origine d'une loi qui a accentué véritablement les sanctions à l'encontre des squatteurs et des mauvais payeurs.
02:12 C'est la loi d'ailleurs anti-squat. Dans les faits aujourd'hui, avec un peu plus de recul, est-ce que c'est suffisant ? Vous allez me dire que ce n'est jamais suffisant.
02:18 Mais véritablement, est-ce que ça a changé dans les faits quelque chose ?
02:21 En tout cas, c'est une loi que j'assume, que je revendique et qui a permis, comme vous venez de le dire, de renforcer les sanctions vis-à-vis des squatteurs, mais aussi de mettre en place une procédure, de renforcer une procédure d'expulsion des squatteurs.
02:31 Donc typiquement, madame Habau, si vous rentrez chez vous et que vous avez un squatteur, vous pouvez porter plainte, saisir le préfet. 48 heures plus tard, le préfet a l'obligation de vous répondre.
02:40 Il ne peut refuser de vous aider que si ce n'est pas vraiment un cas de squat. Et 24 heures plus tard, il utilise les forces de l'ordre pour sortir les squatteurs.
02:46 Et ça marche, hiver comme été.
02:48 Donc il y a eu un renforcement significatif, non seulement des peines sur les squats, mais de la procédure d'expulsion pour régler le sujet.
02:53 Moi, j'ai une vigilance particulière dessus. Je souhaite que l'on puisse suivre de façon très précise le nombre de squats qui ont été éradiqués département par département.
03:00 Je souhaite que nous ayons des statistiques.
03:02 On peut avoir une liste des chiffres ?
03:03 C'est ce que nous nous employons à faire actuellement avec mon équipe, mon cabinet et avec l'administration, de façon à suivre de façon très précise les cas de squat, leur éradication, de façon ferme.
03:14 Et de voir s'il y a des difficultés d'application.
03:17 Mais globalement, aujourd'hui, nous avons des remontées de terrain qui nous informent que oui, la loi fonctionne et permet d'éradiquer beaucoup de cas de squat.
03:24 Ce qui était l'objectif de cette loi, qui encore une fois, j'assume parfaitement.
03:28 Vous répétez ça, c'est intéressant. Certains vous ont reproché en réalité de lutter contre ces fléaux.
03:34 Oui, tout à fait. J'ai eu des reproches sur ce sujet-là.
03:37 Mais en réalité, peu importe, c'est bien qu'il y ait du débat.
03:40 Cette loi a été adoptée par une très large majorité de parlementaires.
03:43 C'est déjà quelque chose au niveau démocratique.
03:45 Et puis, je suis convaincu que les Français eux-mêmes sont sévères vis-à-vis des squatteurs et ne sont pas vraiment tolérants vis-à-vis des squatteurs.
03:50 Le squat, c'est quelque chose qui atteint votre domicile, votre intimité, votre famille, votre chez-vous.
03:55 Et donc, personne ne peut comprendre qu'on reste impuissant vis-à-vis de squat.
03:58 Et c'est pour cela que nous avons fait cette loi.
04:00 Et c'est pour cela que je souhaite qu'en tant que ministre, cette loi s'applique parfaitement.
04:03 Et donc, c'est mon rôle en tant que ministre d'appliquer la loi et de le faire fermement, d'appliquer toute la loi.
04:08 On a beaucoup parlé à raison de la crise agricole, Guillaume Casbarian, mais il y a aussi l'autre crise majeure,
04:14 et c'est peut-être un moment paroxysmique, celle du logement.
04:17 D'abord, sur le secteur globalement.
04:18 La Fédération française du bâtiment évoque jusqu'à 300 000 emplois détruits d'ici à la mi-2025.
04:25 C'est quasiment demain.
04:26 Des difficultés en cascade pour les employés du secteur.
04:28 Qu'est-ce que vous dites ce matin à ces responsables ?
04:31 Je dis à ces responsables que déjà, je suis avec eux dans cette crise profonde qui traverse le secteur du logement.
04:35 Crise de la demande, puisque ces 18 derniers mois, on a eu une hausse très importante des taux d'intérêt.
04:40 450 points de base en 18 mois, ça a fait x6.
04:43 Donc, ça a bloqué énormément les crédits, puisque c'était l'objectif de la Banque centrale, c'était de ralentir l'inflation et ralentir les crédits.
04:48 Donc, on a eu un effondrement de la demande.
04:50 Et de l'autre côté, on a un effondrement de l'offre, de l'offre locative,
04:53 puisque on a de moins en moins de biens sur le marché locatif pour plein de raisons.
04:57 Logement vacant, transfert vers du touristique, baisse de l'attractivité de l'investissement locatif.
05:02 Et puis, on a aussi un effondrement des chiffres de la construction qui n'ont jamais été, enfin, rarement été aussi bas.
05:07 Et donc, on a à la fois une crise conjoncturelle de la demande, une crise structurelle de l'offre.
05:11 C'est quelque chose de très problématique, mais il faut le dire, aujourd'hui, les prêts commencent à repartir.
05:16 Nous avons reçu les banques la semaine dernière.
05:18 Timidement.
05:19 Timidement, mais c'est quand même 35% d'augmentation en février par rapport à lundi.
05:22 Vous allez réunir tous les nouveaux acteurs.
05:23 Je rencontre aujourd'hui, tous les jours, les acteurs du logement.
05:25 Je rencontre aussi les banques avec Christophe Béchut.
05:27 Nous avons eu un échange avec eux la semaine dernière.
05:29 Les prêts sont en augmentation.
05:30 Timide, vous l'avez dit, mais ça marche.
05:32 Et puis, nous avons aussi des instruments que nous essayons d'interroger pour développer et débloquer la demande.
05:36 Ce sont les prêts hybrides qui permettent éventuellement de sortir le coup du foncier et d'imaginer de nouvelles formes de financement et d'acquisition pour les propriétaires.
05:44 Ce que je souhaite, ce que nous souhaitons, c'est que les propriétaires, que les candidats à la propriété puissent obtenir leurs prêts,
05:50 puissent faire l'acquisition de leurs rêves pour devenir propriétaire de leur appartement ou de leur maison de leurs rêves.
05:55 Ça, c'est l'objectif sur la demande.
05:56 Et puis sur l'offre, on a tout un programme territorialisé où on booste l'offre dans des territoires qui sont engagés pour le logement.
06:03 Nous en avons sélectionné 22.
06:04 Et sur ces territoires, on met le paquet d'un point de vue administratif et d'un point de vue financier pour que ces programmes sortent de terre
06:10 et que ces 30 000 logements puissent sortir d'ici deux ans et demi.
06:13 Ça fait partie des stratégies que nous avons, toute une palette de mesures pour débloquer la demande, débloquer l'offre, dans un contexte où, bien sûr, c'est la crise.
06:20 Et on est avec les salariés qui sont victimes de cette crise.
06:23 On va parler des différents dispositifs pour débloquer, mais quand même, il y a un contexte général.
06:28 Le gouvernement Bercy vient de rapoter, on va parler d'un milliard, ma prime, RENA, mais d'une manière générale, 20 milliards d'économies en 2025.
06:36 C'est le logement qui va être coupé, rapoté.
06:39 En réalité, tous les ministères contribuent aux économies.
06:41 Mais c'est le moment où on vit une telle crise.
06:43 Moi, je suis responsable politique et je suis attaché à l'équilibre des comptes.
06:46 Ça a toujours fait partie de ma philosophie personnelle.
06:48 Donc, je comprends tout à fait que le ministère du Logement, comme tous les ministères, contribue à l'effort d'économie pour le bien des Français.
06:54 En réalité, pour éviter un engrenage sur les déficits et la dette qui serait payée in fine par les Français.
07:01 Donc, j'assume ces économies.
07:03 En réalité, vous l'avez dit, on contribue aujourd'hui à hauteur de 1 milliard d'euros sur ma prime RENA.
07:08 Nous avions prévu un budget qui était en augmentation de 1,6 milliard cette année.
07:12 C'est-à-dire, ce que nous avions prévu dans le PLF, dans le projet de loi de finances, c'était d'augmenter le budget de 1,6 milliard.
07:17 Ce que nous avons décidé de faire et consenti de faire, c'est d'accepter de retirer 1 milliard à ces 1,6 milliards d'augmentation.
07:23 Mais franchement, est-ce que c'est un bon signal en ce moment ?
07:25 Madame Hainbouk, je le dis, je vais vous parler du signal, mais jamais le budget de ma prime RENA n'a été aussi important et il est bien en augmentation.
07:31 Mes petites connaissances en calcul font que quand même, c'est raboté d'un milliard.
07:35 Par rapport à l'augmentation qui était prévue.
07:37 Bon d'accord, c'est comme la décrue dans l'augmentation, Monsieur le ministre.
07:39 Non, ce n'est pas ce que je dis.
07:40 Le sujet que j'ai, si j'ai un signal à envoyer aujourd'hui, c'est que nous sommes aujourd'hui en sous-consommation en réalité de l'enveloppe.
07:45 Moi, mon sujet, j'ai actuellement...
07:47 Alors, c'est une connaissance du dispositif alors ?
07:51 Parce qu'aujourd'hui, et les artisans le savent bien, puisque nous les avons reçus il y a deux semaines avec la FFB et la CAPEB avec Christophe Béchut,
07:57 il y a des complexités particulières sur le dispositif ma prime RENOV, notamment relative à mon accompagnateur RENOV, relative à la labellisation des artisans
08:06 et relative à certains gestes qui ont été sortis du dispositif.
08:09 Ce que nous souhaitons faire, et nous les recevons à nouveau demain, Madame Babouk, c'est leur proposer des solutions pour simplifier l'accès à ma prime RENOV
08:15 sur la question de l'accompagnateur, de la labellisation, du geste simple de rénovation, pour ouvrir le robinet, j'allais dire, de l'accès à ma prime RENOV
08:24 et permettre à un plus grand nombre de Français, et ils seront plusieurs centaines de milliers cette année en réalité en bénéficier, de rénover leur appartement et leur maison.
08:31 Donc, les choses ne sont pas bloquées.
08:33 J'invite celles et ceux qui souhaitent faire des travaux à regarder sur le dispositif de l'ANA, ce à quoi ils ont droit et y aller.
08:40 Mais le robinet reste toujours ouvert et il reste à un niveau qui n'a jamais été aussi élevé qu'aujourd'hui, malgré le rabot d'un milliard d'euros que nous avons accepté.
08:49 Donc, confiance de votre part.
08:50 Pour répondre en partie à la pénurie, justement, Guillaume Casparian, de ces logements, l'Assemblée nationale a examiné une proposition de loi permettant de faciliter la transformation
08:58 des lieux de travail, des bureaux en habitation.
09:03 C'est séduisant sur le papier, mais est-ce que c'est vraiment applicable ?
09:06 Par exemple, je suis maire d'une commune, comment je fais pour transformer justement un bureau en logement aujourd'hui ?
09:12 C'est un sujet qui est très compliqué.
09:14 Donc, si vous êtes maire, on sait aujourd'hui que c'est compliqué et c'est tout le sens d'une proposition de loi qui a été déposée par le Modem sur ce sujet
09:21 et qui vise à permettre d'avoir des permis réversibles, qui sont donc plus flexibles pour les élus,
09:25 d'adapter plus facilement le PLU, le plan local d'urbanisme, pour que ce soit possible,
09:29 et simplifier la décision des copropriétés qui accepterait du coup qu'au sein d'un immeuble, un bureau devienne un logement.
09:36 Avant, il fallait une unanimité. Là, on va revoir les règles pour que ce soit beaucoup plus simple.
09:40 Vous voyez, il y avait des blocages administratifs que l'on va lever et ça reste toujours compliqué, une question aussi financière.
09:46 Mais je le dis, Madame Mabouk, aujourd'hui, on a des millions de mètres carrés de bureaux qui sont vides
09:51 parce que les changements du Covid, du télétravail sont apparus et parce qu'on a des bureaux vides.
09:56 On ne peut pas se satisfaire de la situation. Quand on a autant de personnes qui cherchent un logement, il faut accélérer la conversion.
10:02 Il y a certaines maires qui vont craindre, je suppose, de voir la sociologie de leur commune se modifier
10:06 si des logements sociaux sont construits également. Il y a beaucoup de réticences.
10:10 Ils seront toujours maîtres de la situation sur la conversion de bureaux en logement.
10:14 C'est eux qui décident à la fin. Personne ne les force à les faire.
10:17 S'ils ne veulent pas donner le permis de construire, personne ne les force à le faire.
10:19 Mais enfin, ils ont quand même un intérêt aussi à avoir plus d'habitants sur leur territoire.
10:23 Ça peut faire plus de ressources financières également.
10:25 Et donc, on essaye de trouver le modèle financier qui, effectivement, rend ces opérations de conversion économiquement viables
10:31 plutôt que de détruire des bureaux alors qu'on a des mètres carrés disponibles.
10:34 Et on essaye de rendre le dispositif séduisant aussi pour les élus locaux en leur disant
10:38 que vous avez tout intérêt à ne pas avoir des bâtiments vides qui vont se dégrader.
10:41 Et plutôt avoir des habitants. On sait que ça crée des services supplémentaires.
10:44 Il faut construire des écoles, des services, etc.
10:46 Et on essaie de trouver les mécanismes financiers qui permettraient de les encourager à le faire.
10:50 C'est un beau challenge, mais je le redis, des millions de mètres carrés qui aujourd'hui sont vides,
10:53 on ne peut pas tolérer ça dans la crise du logement.
10:55 Vous avez beaucoup de challenges, Monsieur le ministre du Logement.
10:58 Tous les jours, Madame.
10:59 Et je sais que nos auditeurs et téléspectateurs vraiment scrutent vos annonces aussi avec attention.
11:03 Gabriel Attal a mis un peu le feu aux poudres chez les acteurs du logement social
11:07 avec l'annonce de la révision de la loi SRU concernant ces logements.
11:11 Est-ce que vous, très concrètement, vous êtes pour infléchir cette loi SRU ?
11:15 Est-ce que c'est votre projet ?
11:16 Alors, mon projet, c'est celui du Premier ministre
11:18 et c'est ce qu'il a annoncé dans sa déclaration de politique générale.
11:21 La loi SRU, c'est une loi qui a été votée en l'an 2000,
11:23 qui est une belle loi, qui a permis de fixer des objectifs de construction de logements sociaux
11:27 à toutes les communes de plus de 3 500 habitants, 1 500 en Ile-de-France.
11:31 C'est une loi qui a permis de construire plus d'un million de logements depuis qu'elle a été créée.
11:35 Donc, elle a eu des effets positifs.
11:36 Mais elle a eu aussi des effets qui, parfois, sont contestés par des élus qui disent
11:40 « J'ai beau être de bonne volonté, je n'y arrive pas parce que j'ai des contraintes littorales,
11:43 j'ai des contraintes d'urbanisme, j'ai des contraintes d'assainissement,
11:46 qui fait que c'est compliqué d'atteindre mes objectifs. »
11:48 Et il y a de plus en plus de communes qui sont carencées.
11:50 Parallèlement à ça, on a toute une classe moyenne,
11:52 des personnes qui, en réalité, aimeraient bien se loger correctement,
11:55 qui n'ont pas accès au logement social,
11:57 parce qu'il y a un embouteillage terrible pour pouvoir y avoir accès.
12:00 Il y a 2,6 millions de personnes qui demandent accéder à un logement social.
12:03 Et aujourd'hui, il y a un produit qui s'appelle le LLI,
12:06 Logement Locatif Intermédiaire,
12:07 qui permet notamment de répondre aux besoins de la classe moyenne.
12:10 Ce que nous souhaitons faire avec Gabriel Attal,
12:12 c'est intégrer des objectifs de construction de logements intermédiaires
12:15 pour répondre aux besoins de la classe moyenne.
12:17 C'est-à-dire de personnes qui sont...
12:18 - Une part de logements intermédiaires,
12:19 à loyer réglementé à faire auprès du marché,
12:21 qui seraient dévolus aux classes moyennes.
12:22 La question, M. Mee, si vous pouviez y répondre,
12:24 c'est dans quelle proportion ? C'est important.
12:26 - Ça, c'est un débat parlementaire qui va être...
12:27 - Pas seulement. Vous êtes ministre, vous avez quand même la main sur ce sujet.
12:30 - Je suis en train de concerter actuellement.
12:32 J'écoute les élus locaux, les associations d'élus.
12:34 - Mais vous décidez quoi ?
12:35 - Oui, mais la décision, elle ne peut pas se faire tout de suite.
12:37 Je suis arrivé il y a quatre semaines, madame Mabrouk.
12:39 Donc, c'est normal que je rencontre tous les acteurs
12:41 et que je puisse les écouter, les interroger, débattre avec eux,
12:43 parce qu'ils ne sont pas tous d'accord sur le sujet,
12:45 quelle est la bonne proportion, quel est le bon mécanisme
12:48 qui permettrait d'encourager, parce que mon objectif, c'est quoi ?
12:50 C'est d'encourager la construction de logements pour les Français
12:53 et notamment pour la classe moyenne qui a besoin d'offres neuves.
12:56 Et donc, nous essayons de trouver le meilleur mécanisme pour le faire.
12:59 Je concerte. Nous déciderons.
13:01 - On peut dire...
13:02 - Et à l'été, l'objectif...
13:04 - Pourquoi vous concertez autant ? C'est que c'est une loi fondatrice
13:06 et qu'il y a beaucoup d'acteurs qui sont en train de vous dire
13:08 "Attention, si vous la détricotez, vous allez voir ce que vous allez voir".
13:10 - Nous allons bien évidemment proposer un projet de loi sur le sujet d'ici l'été.
13:13 Je réaliserai la feuille de route du Premier ministre dans son intégralité.
13:17 La décision est très claire sur le sujet.
13:19 Mais bien évidemment que j'écoute les uns et les autres.
13:21 Et cette loi, ce n'est ni un totem ni un tabou.
13:23 Vous savez, madame Mabrouk, en 24 ans, elle a été modifiée dix fois.
13:25 Donc, ce n'est pas grave de modifier une loi.
13:27 C'est le rôle des parlementaires, c'est le rôle du gouvernement de proposer des modifications.
13:30 Le tout, c'est de le faire dans le bon ordre.
13:32 - Vous l'assumez aussi, donc.
13:33 - J'assume tout, madame Mabrouk.
13:35 Pourquoi je n'assumerais pas ? Bien sûr que j'assume tout.
13:37 - On vous pose la question.
13:38 Guillaume Casparian, les dépenses concernant le logement sont la première source
13:41 de dépenses des Français dans un contexte qui reste inflationniste.
13:44 À l'heure où les économies sont de rigueur,
13:47 est-ce qu'on a encore ce rêve d'une France de propriétaire ?
13:50 Est-ce que vous l'assumez encore ?
13:51 Parce que France de propriétaire, on devient de plus en plus une France de locataire
13:54 et parfois même une France de colocataire.
13:56 Est-ce que vous vous dites non ?
13:57 Il faut garder ce rêve et le sanctuariser.
13:59 - Mais c'est le rêve des Français que de pouvoir posséder son appartement
14:02 ou posséder sa maison.
14:04 Les Français rêvent de pouvoir un jour être propriétaire
14:06 de leur appartement ou de leur maison.
14:08 Moi-même, madame Mabrouk, mon rêve, et le rêve de beaucoup de jeunes aussi,
14:12 c'était de pouvoir être propriétaire.
14:13 Et donc moi, je suis propriétaire d'une petite maison
14:15 dans un petit village rural d'Eure-et-Loire
14:17 que j'ai acheté à crédit en 2015 en m'endettant sur 20 ans.
14:20 Et ce rêve-là, moi, ce que j'espère, c'est qu'il soit possible pour tous,
14:23 pour le plus grand nombre, malgré la hausse des taux,
14:25 c'est de rendre possible ce rêve des Français
14:27 que de devenir propriétaire de sa maison, de son appartement.
14:29 - C'est votre mission, si je puis dire.
14:31 - Je pense que c'est une belle mission, en tout cas,
14:33 et qui répond à une aspiration profonde des Français
14:35 que je comprends et que je partage.
14:37 - Est-ce que le ministre que vous êtes pourrait déclarer
14:39 "la guerre" ou un peu d'hostilité par rapport à Airbnb
14:42 ou aux plateformes touristiques pour réduire la crise du logement ?
14:45 Est-ce que c'est une piste aussi ?
14:46 - Alors, il n'y a pas de guerre ou d'hostilité,
14:48 mais par contre, il y a un sujet, c'est qu'il y a de plus en plus
14:50 d'appartements qui, initialement, étaient utilisés
14:52 pour faire de la location traditionnelle
14:54 et qui sont en train de devenir des locations touristiques.
14:56 Ce n'est pas grave, et c'est une liberté, après tout,
14:59 du propriétaire de faire ce qu'il veut avec son bien.
15:01 Par contre, il y a un petit sujet, c'est que les règles ne sont pas
15:03 les mêmes entre la location traditionnelle et la location Airbnb.
15:06 Un appartement à Biarritz, par exemple,
15:08 si vous décidez de le louer en Airbnb,
15:10 ou en location touristique, vous avez un abattement fiscal
15:12 qui est plus important que si vous le louez de façon traditionnelle.
15:15 Vous n'avez pas d'obligation de rénovation énergétique,
15:18 et vous avez des communes qui, aujourd'hui, n'ont pas d'outils
15:20 pour pouvoir réguler.
15:21 C'est le sens d'une proposition de loi qui a été votée
15:23 à l'Assemblée nationale, portée par Anaïs Glemer,
15:25 et Iñaki et Tchanise, que nous souhaitons faire prospérer
15:28 de sorte de rééquilibrer les règles et de mettre de l'égalité,
15:31 c'est-à-dire ne pas encourager fiscalement
15:33 et avec des règles de facilité,
15:35 de façon plus importante encore, le logement touristique,
15:38 la location touristique, alors qu'on a une crise du logement.
15:40 Vous allez fixer les règles, ce n'est pas une guerre,
15:42 c'est une mise au point.
15:43 C'est une égalisation des règles.
15:44 C'est joliment dit.
15:45 C'est-à-dire que l'égalité, c'est une belle valeur
15:48 de notre République, et donc, moi, je souhaite
15:50 qu'on ait une égalisation fiscale, une égalisation des règles,
15:53 et que les règles soient les mêmes pour tous.
15:54 Après, vous êtes propriétaire, vous décidez,
15:56 ce que vous voulez faire de votre bien immobilier,
15:58 c'est votre liberté, mais enfin, l'État n'a pas
16:00 à créer une distorsion de règles et une inégalité,
16:02 surtout dans la crise du logement qu'on connaît actuellement.
16:04 Donc, il faut remettre un peu d'ordre et un peu d'égalité
16:06 et un peu de bon sens, vous l'avez dit, sur ces règles.
16:08 On va conclure, Guillaume Gasparian,
16:10 je sais qu'en partant de cette interview,
16:12 vous allez au Forum Bâtiment et Climat.
16:14 Alors, c'est un événement qui est visé à rassembler
16:16 plus de 50 gouvernements représentés,
16:18 dont 31 au niveau ministériel et des parties prenant
16:20 du secteur du bâtiment.
16:22 L'objectif pour vous, c'est quoi ?
16:24 L'objectif, c'est d'accélérer avec des dirigeants,
16:27 puisque nous allons avoir 30 ministres,
16:29 50 gouvernements, 1800 participants,
16:31 c'est d'accélérer la décarbonation du bâtiment,
16:33 qui représente 20% des émissions de CO2,
16:36 un tiers de la demande d'énergie,
16:38 une moitié de la consommation des matières premières.
16:40 Et donc, nous avons un enjeu collectif
16:42 d'encourager la coopération, les partenariats,
16:45 pour accélérer la décarbonation du bâtiment.
16:47 C'est tout l'enjeu de cette instance,
16:49 qui a été organisée sous l'autorité du président de la République.
16:53 Et je serai aux côtés de Christophe Béchut
16:55 pour animer les débats et parvenir à plus de coopération internationale
16:58 pour atteindre ces objectifs climatiques qui sont importants.
17:00 On suivra les résultats.
17:02 Merci Guillaume Gasparian, c'était votre grande interview.
17:04 Je vous dis à bientôt.
17:06 ♪ ♪ ♪
17:08 [SILENCE]