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Le ministre de la Justice Didier Migaud était l’invité de #LaGrandeInterview de Sonia Mabrouk dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe 1.

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00:00Bonjour Didier Migaud, bienvenue à la grande interview sur CNews Européen, vous êtes le garde des Sceaux, merci d'être notre invité exceptionnel ce matin, beaucoup de sujets à vous soumettre et tout d'abord c'est l'actualité judiciaire et politique après les réquisitions dans le procès des emplois présumés fictifs des assistants parlementaires du RN, procès dans lequel cinq ans d'inéligibilité ont été requis contre Marine Le Pen, assorti, je le précise, d'une exécution provisoire et puis de la prison, cette dernière a dénoncé hier l'outrance de telles réquisitions et puis une atteinte à la démocratie,
00:30si le juge M. Migaud suit de telles réquisitions ce serait pour elle une exclusion définitive de la vie politique,
00:36est-ce à la justice de trancher ce qui devrait être l'être dans les urnes ?
00:42Vous savez que le garde des Sceaux n'a pas le droit de s'exprimer sur des affaires individuelles et à partir du moment où un procès est en cours,
00:49donc je suis pratiquement le seul responsable politique à ne pas pouvoir commenter.
00:55Ça tombe bien parce que je ne pose pas la question sur le champ judiciaire mais politique puisque l'ancien ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a affirmé...
01:01Vous avez un lien, bien évidemment, puisque ce commentaire politique il est à partir de réquisitions, donc je ne peux pas commenter.
01:11Je vais quand même poser une question M. le ministre, l'ancien ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a affirmé qu'il serait profondément choquant que Marine Le Pen soit jugée inéligible,
01:18la question-là n'est pas judiciaire, combattre Marine Le Pen, est-ce que ça se fait dans les urnes ou est-ce que ça se fait ailleurs ?
01:24Oui mais vous voyez bien qu'à partir du moment où je dis quelque chose, il y aura un commentaire qui sera fait.
01:29Je pense qu'il faut bien évidemment combattre les idées sur le plan politique et devant le suffrage universel mais une fois de plus je ne peux pas commenter un acte de justice.
01:41Alors autre question, quoi qu'on pense de l'opposante Marine Le Pen, elle représente quand même des millions de Français, vous serez d'accord.
01:46Si le tribunal suit les réquisitions, que vont penser ces millions de Français qu'on a cherché à éliminer ou à dissoudre de l'opposition ?
01:52Qu'est-ce que vous dites et qu'est-ce que vous opposez à l'argument d'une justice politisée avec Marine Le Pen ?
01:58Une fois de plus je ne peux pas rentrer dans votre raisonnement, je ne peux pas m'immiscer dans un procès qui est en cours.
02:06La justice elle est indépendante et les magistrats sont eux-mêmes indépendants et c'est un principe constitutionnel.
02:16Et le ministre peut définir une politique pénale mais il n'a pas le droit d'intervenir dans des affaires particulières.
02:24Alors vous ne nous répondez pas, c'est heureux mais n'arrivant pas à combattre Marine Le Pen, quelle que soit d'ailleurs la personnalité politique, sur le plan démocratique, la justice de manière générale, vous en êtes quand même le garant, peut-elle devenir une arme justement contre la principale opposante et même la prétendante, la mieux placée à l'Elysée ?
02:41La justice elle le juge et les magistrats jugent à partir de la loi qui est votée par le législateur.
02:48Ça a été le cas pour ces réquisitions ?
02:51Pas les réquisitions mais les peines, les peines sont dans la loi et le juge utilise les possibilités que lui donne la loi, que lui donne le législateur.
03:01L'exécution provisoire ne vous choque pas ?
03:03Le juge ne se substitue pas au pouvoir politique, il n'en a pas le pouvoir et vous avez une indépendance entre les pouvoirs, vous avez la séparation des pouvoirs mais le juge n'est pas, c'est une autorité d'ailleurs judiciaire, ça n'est pas un pouvoir au sens des pouvoirs publics traditionnels tels qu'on les conçoit dans notre constitution et le juge applique la loi.
03:28Marine Le Pen inéligible, monsieur Migaud garde des seins mais aussi responsable politique, est-ce que ça c'est une question politique ?
03:35Vous pouvez me poser dix fois la même question, je ferai toujours la même réponse, je ne peux pas.
03:40Je comprends votre obstination à me faire parler mais là je ne peux pas m'exprimer sur ce sujet.
03:46Ce n'est pas tant de l'obstination que des questions que se posent les Français, là peut-être que vous aurez une réaction.
03:50Ils ont un ministre de la justice, les principes sont importants.
03:55Si le ministre de la justice se met à commenter un certain nombre d'actes ou de réquisitions tant du parquet que de décisions du juge, la justice n'est plus indépendante.
04:09Est-ce qu'elle est vraiment indépendante ? Est-ce que là il y a de telles réquisitions ?
04:13Je pense qu'elle est totalement indépendante et je dois garantir l'indépendance de la magistrature.
04:19Une réquisition provisoire contre une responsable politique prétendante à l'Elysée, vous dites qu'elle est indépendante ?
04:24Oui, la loi le permet. On peut contester que la loi le permette et que ça remette en cause des principes mais la loi le permet.
04:35Peut-être que vous pourriez réagir sur cela parce qu'une phrase de la procureure a suscité la colère et l'indignation, pas seulement de Marine Le Pen.
04:42Cette phrase a été certifiée par nos journalistes également. Sur l'un des prévenus, la procureure ou l'une des procureurs a lancé au sujet d'un contrat.
04:49Lors de ce procès, je cite, je n'ai aucun élément mais je ne peux pas demander la relâche, ça me fait trop mal.
04:54Monsieur le garde des Sceaux, est-ce qu'une procureure peut dire cela ?
04:58Je n'ai pas de commentaire à faire.
05:01Est-ce qu'une procureure peut dire cela ?
05:03Je n'ai pas de commentaire à faire. Il y a des procédures qui permettent de récuser un juge, de faire appel.
05:14Le conseil supérieur de la magistrature peut être saisi.
05:18Marine Le Pen est en droit de saisir le supérieur hiérarchique de cette procureure.
05:23Mais le justiciable a des droits et c'est heureux.
05:26Donc elle pourrait vous saisir vous-même puisque vous êtes son supérieur hiérarchique à cette procureure.
05:31Est-ce que c'est possible, monsieur le garde des Sceaux ?
05:33Une fois de plus, les membres du parquet sont libres quant à leur expression.
05:41Le parquet n'est pas indépendant ?
05:43Le parquet est indépendant dans ses réquisitions sur des affaires individuelles.
05:50Certes, mais quand il peut entrer un caractère personnel comme cette phrase-là, est-ce qu'il reste ?
05:55Je ne peux pas porter une appréciation devant vous comme ça.
06:02Il faut être saisi, ça mérite une instruction, ça mérite des vérifications.
06:09La justice doit conserver et doit respecter un certain nombre de formes.
06:15Mais si tel était le cas, vous me confirmez qu'un procureur ne peut pas faire état de caractère personnel ?
06:20Je n'ai rien dit du tout, je ne veux pas commenter.
06:22Pourquoi tant de prudence ? Parce que si un procureur dit ça, il n'en a pas normalement la possibilité ni le droit.
06:27Sonia Mabrouk, la justice ne se fait pas sur un plateau de télévision.
06:32Est-ce que la justice politisée, parfois, se fait au tribunal ?
06:36La justice n'a pas à être politisée. La justice, une fois de plus, applique le droit.
06:41Et le droit, ce sont des politiques, c'est le Parlement.
06:45Vous réfutez, monsieur le garde des Sceaux, qu'une partie de la justice soit politisée ?
06:49Mais la justice n'a pas à être politisée. La justice, elle fait son travail et elle doit appliquer la loi.
06:57Alors expliquez-nous, j'entends bien, pourquoi alors, un exemple parmi d'autres,
07:01le syndicat de la magistrature est-il politisé ou pas, quand ce syndicat publie un communiqué
07:06affirmant que l'autorité judiciaire n'est pas au service d'une répression sociale ?
07:10C'était lors des manifestations contre la réforme des retraites.
07:13Quand ce syndicat de la magistrature participe activement à la fête de l'Humain
07:17pour une table ronde sur la violence policière et le racisme systémique,
07:21vous estimez que ce syndicat n'est pas politisé ?
07:23Il y a une liberté syndicale. Les magistrats, ensuite, dans leur travail,
07:30doivent se montrer indépendants de toute opinion politique.
07:36Alors là, de la liberté, monsieur le garde des Sceaux, d'affirmer qu'il y a un racisme systémique
07:42et de s'opposer à la police ?
07:45Vous n'entendrez jamais, de ma part, un discours contre la police.
07:51Il y en a qui, parfois, opposent police et justice.
07:56Nous avons un rôle complémentaire.
07:58Et en ce qui me concerne, je joue plutôt cette complémentarité.
08:03Je rends hommage, d'ailleurs, au travail des policiers,
08:07de la même façon qu'on doit rendre hommage aussi au travail des magistrats
08:11qui font leur travail dans des conditions souvent extrêmement difficiles.
08:14Et quand certains sont syndiqués et participent activement à cette fête ?
08:18Il y a des procédures qui permettent de mettre en cause le côté partisan des choses.
08:27Vous avez le Conseil supérieur de la magistrature, mais pas seulement.
08:30Vous avez des procédures d'appel.
08:32Le justiciat peut, bien évidemment, utiliser l'ensemble de ces procédures.
08:37Dans l'actualité, M. Didier Migon a appris hier l'arrestation d'un individu camerounais
08:42suspecté de plusieurs tentatives d'homicide, dont un acte d'une grande barbarie,
08:45d'une grande sauvagerie sur un SDF.
08:47Ce suspect est sous OQTF.
08:49En réagissant à cette affaire, hier, votre collègue de l'intérieur Bruno Rottayer a déclaré ceci.
08:54« On a construit un droit trop protecteur pour ceux qui menacent les Français. »
08:57Il a raison ?
09:02Un droit trop protecteur. Ce droit, il existe.
09:05Après, je suis pour une extrême fermeté
09:10quand des personnes ne respectent pas les règles de la société
09:15et on doit être extrêmement sévère quant à ses comportements.
09:21La justice, là aussi, doit raisonner de façon objective.
09:26Vous avez une personne qui commet un délit, un crime,
09:31il doit être poursuivi et il doit être condamné, sanctionné.
09:38Le rôle de la justice, c'est à la fois de protéger les citoyens,
09:44c'est aussi de les sanctionner quand ils doivent l'être
09:48et c'est de réparer aussi, d'accompagner les victimes.
09:52Ce suspect sous OQTF a pu voyager aux quatre coins de la France et de l'Europe
09:56au mépris de nos lois, tout comme le meurtrier présumé de Philippines
09:59libéré par un juge des libertés de la détention qui estimait,
10:02et je cite simplement l'ordonnance du 3 septembre,
10:05qu'il y avait pourtant pour ce Marocain multirécidiviste
10:08le risque de réitération de faits délictueux.
10:10Est-ce qu'on peut interroger la responsabilité ?
10:13Attention, vous savez, c'est caricatural.
10:15Une fois de plus, la justice ne le fait pas sur les plateaux.
10:18Non, oui, mais vous ne connaissez pas le contexte,
10:20vous n'avez pas la totalité du dossier.
10:22J'ai lu simplement l'ordonnance datée du 3 septembre.
10:25Non, c'est beaucoup trop facile de faire ce type de commentaire.
10:28Il y a des règles, il y a des lois.
10:31Sont-elles respectées par tous ?
10:33Quand elles ne sont pas respectées, il faut pouvoir agir, bien évidemment.
10:37Vous estimez que le juge a agi comme il le fallait ?
10:39Mais le juge, il agit dans le cadre de la loi.
10:42Alors est-ce que la loi doit être changée,
10:45notamment pour ce qui concerne les conditions d'une libération
10:49lorsque vous êtes au niveau d'une quatrième demande
10:53de prolongation d'une rétention,
10:58dans un centre de rétention administrative ?
11:00Oui, peut-être que la loi peut être modifiée
11:03pour permettre au juge des libertés, justement,
11:06d'analyser à la fois les faits sur les dernières semaines,
11:10mais également à partir de la personnalité même de la personne
11:14et ce pourquoi elle a été condamnée.
11:16Donc on peut tout à fait...
11:18Et on peut demander, monsieur Gardesso,
11:20si nos lois sont adaptées à cette ultra-violence.
11:22Est-ce qu'il est possible d'adapter l'État de droit
11:25et de changer à la marge ?
11:27L'État du droit.
11:28Alors, l'État du droit.
11:30Il faut faire une distinction entre l'État de droit,
11:33avec un certain nombre de principes qui s'appliquent à nous
11:36et qui sont protégés par la Constitution,
11:39qui sont dans la Constitution,
11:40qui sont protégés par le Conseil constitutionnel,
11:42qui sont protégés aussi par des conventions internationales
11:44qu'a signées la France,
11:46et l'État du droit qui peut effectivement être modifié.
11:51Donc est-ce qu'on peut adapter l'État des lois du Parlement,
11:54du Conseil d'État, du Conseil constitutionnel
11:56et des cours européennes qui, parfois,
11:58peuvent aller à l'encontre de notre souveraineté populaire et nationale ?
12:02Ça, c'est votre point de vue,
12:05mais le Parlement, c'est lui qui fait la loi, une fois de plus.
12:11La loi, elle est votée par l'Assemblée nationale et le Sénat
12:14et les lois peuvent être ajustées.
12:17Je ne suis pas contre, je l'ai dit,
12:19pour un certain nombre de dérogations
12:22concernant, par exemple, la justice des mineurs.
12:24On y reviendra peut-être, tout en respectant l'État de droit.
12:28La justice des mineurs ne peut pas être la même
12:30que la justice des majeurs.
12:32Là, il y a un certain nombre de principes
12:34qui s'imposent aussi à nous,
12:35mais dans un certain nombre de situations,
12:38des dérogations sont tout à fait possibles
12:42et j'y suis, pour ma part, favorable.
12:45S'agissant des criminalités, de la criminalité organisée,
12:48on y reviendra peut-être, je suis là aussi
12:50pour une extrême fermeté, y compris dans la revisite
12:54d'un certain nombre de procédures.
12:56On s'aperçoit que dans un certain nombre de procédures,
13:00il y a des avocats qui abusent de ces procédures.
13:04Donc, il faut pouvoir trouver les moyens,
13:07tout en respectant, bien sûr, un certain nombre de principes,
13:09de faire en sorte qu'on ne dévoie pas les procédures.
13:14Vous pourriez y revenir.
13:15Face à l'ultra-violence que vous dénoncez,
13:17d'ailleurs, dans notre société,
13:18un récent sondage publié en septembre dernier
13:20indiquait, monsieur le garde des Sceaux,
13:21que 80 % des Français
13:23estimaient que la justice était trop laxiste,
13:25quelles que soient leurs opinions politiques.
13:27Je le précise, quasiment au même moment,
13:28vous avez déclaré, c'est important comme phrase,
13:30le laxisme de la justice n'existe pas.
13:32Alors, est-ce qu'une écrasante majorité de Français a tort
13:35ou est-ce qu'elle a un sentiment d'impunité ?
13:39Ce n'est pas facile pour le ministre de la Justice
13:42d'expliquer que non, la justice n'est pas laxiste,
13:46elle fait son travail,
13:48mais je suis tout à fait conscient
13:52de l'opinion des Français à ce sujet.
13:56Mais lorsque vous regardez la durée moyenne
13:59des condamnations aujourd'hui,
14:01elle est supérieure à celle qui pouvait exister
14:06il y a quelques années.
14:08Il n'y a jamais eu autant de détenus dans les prisons.
14:11Donc, ça montre bien...
14:12En tenu du nombre de places, ce n'est pas étonnant.
14:14Oui, mais on n'a jamais eu autant, c'est un record.
14:17Donc, non, non, non,
14:20on a quand même un nombre de détenus aujourd'hui
14:24qui est record.
14:26Donc, la justice fait son travail.
14:29En revanche, oui, je suis conscient
14:32que la justice peut être considérée comme trop lente.
14:35Il y a un vrai sujet d'exécution de la peine
14:40et d'un délai parfois trop long
14:43entre le prononcé de la peine et l'exécution de la peine.
14:46Donc, j'ai mis en place un groupe de travail,
14:49je suis conscient de ça,
14:50et les magistrats sont conscients de cela.
14:52Est-ce qu'on peut affirmer ce matin
14:53que dès qu'une peine est prononcée en France,
14:55parce qu'elles le sont,
14:56il y a la certitude de son exécution
14:58sans de multiples aménagements
15:00qui la vident souvent de sa substance ?
15:02Il faut veiller à ce que les peines soient exécutées.
15:06Y compris, d'ailleurs, les peines alternatives.
15:09On met aujourd'hui trop de temps dans l'exécution des peines
15:14et ça, c'est un sujet qu'il faut que je puisse traiter.
15:18Je comprends tout à fait le sentiment
15:20que peuvent avoir les Français.
15:22Un sentiment d'impunité ou une réalité ?
15:24C'est comme le sentiment d'insécurité,
15:26monsieur le garde des Sceaux.
15:27Oui, mais on voit tout de suite...
15:29C'est une question importante.
15:30Oui, c'est une question importante,
15:31mais on voit tout de suite les commentaires
15:33qui peuvent être faits par rapport...
15:35Je sais que vous êtes au-dessus du commentaire.
15:37Vous nous dites ce que vous pensez, ce matin,
15:39sur CNE.
15:40C'est un sentiment d'impunité.
15:42Il ne faut pas que des délits, des infractions soient impunis.
15:48Et ça, en tant que ministre de la Justice,
15:51que garde des Sceaux,
15:52je suis pour une politique pénale ferme.
15:55Et je suis pour une réponse pénale ferme.
15:57On entend votre fermeté avec, évidemment, la justice.
16:00Je n'ai pas posé la question tout à l'heure
16:02concernant le syndicat de l'administrature
16:04ou alors l'association Anticor.
16:05Est-ce que vous savez combien de magistrats font partie
16:08soit du syndicat de l'administrature,
16:09soit appartiennent à une association comme Anticor ?
16:14Vous focalisez là-dessus, une fois de plus, la justice.
16:19D'ailleurs, le plus souvent,
16:20ce sont des décisions collégiales.
16:23Donc voilà, si quelqu'un peut éventuellement
16:28se voir reprocher une approche partisane,
16:31vous avez les deux autres magistrats
16:33qui sont dans la collégialité.
16:35Je connais bien la collégialité.
16:36Je suis moi-même magistrat financier.
16:38J'étais à la Cour des comptes.
16:39La question, vous l'avez compris,
16:40c'est comment dépolitiser la justice.
16:41Je pense que vous y tenez beaucoup.
16:43On ne peut pas considérer que la justice est politisée.
16:47Vous avez un certain nombre de...
16:48À l'intérieur, ce que je vous ai dit, c'est le syndicat.
16:49Oui, mais bon, c'est le...
16:5130 % quand même.
16:52Une fois de plus, la liberté syndicale.
16:54Ça relève de la liberté d'avoir des opinions...
16:57Mais vous avez le Conseil supérieur de la magistrature
17:00qui a exprimé justement ce qu'une organisation syndicale
17:05pouvait dire et ne pas dire.
17:07Donc il y a des règles, il faut les respecter
17:09et tout le monde doit pouvoir les respecter.
17:11Votre fermeté, vous l'affichez sur un sujet important et délicat,
17:14qui est celui de la justice des mineurs
17:16qui se rendent parfois coupables d'actes d'une grande sauvagerie.
17:19Vous avez récemment déclaré que vous n'étiez pas hostile
17:21à l'atténuation de l'excuse de minorité
17:24et sur l'idée d'une comparution immédiate.
17:26Oui, oui, oui.
17:28Il y a des protestations, ça on peut le dire,
17:30des principaux syndicats de la magistrature.
17:32Est-ce que vous allez aller au-delà ?
17:33Une fois de plus, c'est le Parlement qui vote la loi.
17:36On peut entendre les réactions.
17:41La justice des mineurs, une fois de plus,
17:43ne peut pas être la justice des majeurs.
17:45Là, c'est un principe fondamental.
17:47Mais il peut y avoir des dérogations encadrées,
17:51notamment en cas de récidive, en cas de crime.
17:56Tout cela, ça doit pouvoir être débattu au niveau du Parlement.
18:00En ce qui me concerne, je suis ouvert à des dérogations
18:05par rapport à la fois à l'excuse de minorité
18:08et par rapport aux principes de comparation immédiate
18:12qui s'intitulent d'une autre façon en s'agissant des mineurs.
18:15D'ailleurs, ces mineurs qui sont utilisés par des adultes,
18:18parfois des mineurs isolés, est-ce que vous faites le lien ?
18:20Oui, j'ai pu voir, si vous voulez,
18:22sur ce que l'on appelle la criminalité organisée,
18:24sur les trafiquants de stupéfiants,
18:28combien les mineurs pouvaient être utilisés.
18:31Parce que les adultes savent que les mineurs auront une peine plus légère ?
18:34Non, parce que vous avez des pressions sur ces mineurs,
18:39des pressions qui sont exercées sur les familles.
18:42Vous savez, nous étions à Marseille avec le ministre de l'Intérieur,
18:47nous avons eu des réunions de travail avec la police judiciaire,
18:49avec les magistrats.
18:50Ce qu'il nous remonte est horrible.
18:53Horrible.
18:54Et nous avons changé de dimension au niveau de cette criminalité organisée,
18:59avec des délinquants qui utilisent la torture,
19:05la barbarie sur un certain nombre de personnes, sur les familles.
19:09On a changé de dimension.
19:11Donc il faut que l'Etat s'arme davantage
19:14pour lutter contre cette criminalité organisée.
19:16Vous savez, ce sont les magistrats, d'ailleurs, de Marseille
19:20qui ont dit que, devant la commission d'enquête,
19:22qui avait été mise en place au niveau du Sénat,
19:24on était en train de perdre la guerre.
19:26Vous ne l'admettez pas, si je puis dire.
19:28Non, je ne l'admets pas.
19:29Même si on y arrive.
19:31Je reconnais, je suis heureux que les magistrats
19:35se soient exprimés librement et qu'ils aient pu dire...
19:38Il y a eu quelques remontrances après.
19:40Oui, elles ne sont pas de mon fait.
19:42Parce que je préfère la vérité,
19:44je préfère qu'on puisse constater la réalité,
19:48parce qu'à partir du moment où vous constatez la réalité,
19:50vous pouvez mieux la combattre.
19:52Et pour moi, c'est indispensable, justement,
19:54de se donner les moyens,
19:56de faire en sorte que l'Etat puisse se réarmer
19:58face à cette délinquance.
20:00Et là, ils trouveront un garde des Sceaux
20:02qui sera d'une extrême fermeté.
20:04Et c'est pour cela que je souhaite, bien sûr,
20:07que les propositions qui ont été faites,
20:09aussi bien par l'Assemblée nationale que par le Sénat...
20:12Il y a une commission d'enquête qui a, au Sénat,
20:14remarquablement travaillé, formulé des propositions.
20:16Cette proposition de loi...
20:18Qui a dénoncé une arpoétatisation de notre pays.
20:20Oui, je suis tout à fait...
20:22J'ai dit que j'étais tout à fait d'accord
20:24pour qu'on puisse travailler à partir de cette proposition de loi.
20:26Elle est inscrite en janvier.
20:28Elle sera inscrite en mars prochain
20:30au niveau de l'Assemblée nationale.
20:32Donc j'espère que nous pourrons trouver
20:34les solutions pour armer davantage l'Etat.
20:38Mais, en attendant,
20:40je me suis battu
20:42pour qu'un certain nombre de mesures immédiates
20:44soient prises.
20:46On ne peut pas considérer...
20:48C'est de votre pouvoir d'agir tout de suite.
20:50On ne peut pas considérer que c'est un problème gravissime
20:52et, dans le même temps,
20:54attendre le résultat de la loi.
20:56Donc c'est pour ça que je mets en place,
20:58je renforce un parquet national
21:00qui existe au niveau de la procureure de Paris.
21:04Je souhaite qu'il y ait une coordination nationale.
21:06Je souhaite imposer les échanges d'informations
21:08entre l'ensemble des juridictions.
21:10Parce qu'il y a telle ou telle situation
21:12qui montre que
21:14l'origine d'un problème
21:16peut se trouver
21:18dans une absence
21:20d'échanges d'informations.
21:22Donc il faut renforcer
21:24les moyens d'investigation.
21:26Il faut renforcer les moyens de juger.
21:28Et il faut que ces criminels,
21:30lorsqu'ils sont condamnés,
21:32puissent être isolés dans des quartiers spécifiques,
21:34dans des cellules isolées
21:36pour qu'on puisse brouiller
21:38toute possibilité de discuter
21:40avec l'extérieur.
21:42Est-ce que vous faites le lien entre ultra-violence
21:44et immigration hors de contrôle ?
21:46Non.
21:48Parce que d'ailleurs,
21:50les faits montrent qu'on ne peut pas toujours le faire.
21:52Bon, il y a bien sûr...
21:54Est-ce que parfois on peut le faire ?
21:56Parfois on peut le faire, bien évidemment.
21:58Vous avez donné un exemple.
22:00Mais est-ce que c'est quelque chose
22:02qui est systématique ?
22:04Non.
22:06Mais il faut lutter avec...
22:08Il faut lutter avec la même fermeté
22:10s'agissant de l'immigration
22:12clandestine et irrégulière.
22:14Et là,
22:16vous aurez aussi un garde des Sceaux
22:18qui sera ferme là-dessus.
22:20Est-ce que la victime
22:22est au centre de notre justice ?
22:24Oui.
22:26Je n'oublie pas que le garde des Sceaux,
22:28que le ministre de la Justice,
22:30est aussi le ministre des victimes.
22:32Nous devons accompagner les victimes.
22:34Nous devons faire en sorte
22:36de les accompagner
22:38plus que nous le faisons.
22:40Vous savez, avec Bruno Rotaillon,
22:42nous avons rencontré les familles
22:44des victimes à Marseille.
22:46C'était un moment bouleversant.
22:48Nous avons trouvé des personnes
22:50d'une dignité remarquable.
22:52Mais il faut pouvoir faire davantage
22:54en leur direction.
22:56Nous allons là aussi prendre
22:58un certain nombre d'initiatives.
23:00Je souhaite que la loi,
23:02qui sera votée par le Parlement,
23:04soit une solution concernant les victimes.
23:06Je vais revenir à ma première question,
23:08parce qu'on entend votre détermination.
23:10Vous êtes aussi dans un combat politique.
23:12C'est tout à fait normal
23:14qu'une opposante comme Marine Le Pen
23:16soit inéligible dans notre pays.
23:18Je respecte tous les élus du suffrage universel.
23:20Vous la respectez aussi ?
23:22Vous respectez son parcours ?
23:24Il puisse s'arrêter dans quelques semaines.
23:26Je respecte tous les élus
23:28du suffrage universel.
23:30J'ai eu l'occasion d'inviter
23:32tous les députés et sénateurs
23:34des commissions des lois,
23:36quelle que soit leur sensibilité.
23:38J'ai été moi-même député.
23:40Je respecte le suffrage universel.
23:42Pas plus, pas moins
23:44concernant la prétendante de l'Elysée
23:46qui pourrait se voir...
23:48Pas plus, pas moins...
23:50...être candidate
23:52à la présidentielle.
23:54Reconnaissez, M. Migaud, que ça interroge
23:56dans une démocratie.
23:58Vous me ramenez à votre première question
24:00et vous avez dit que je ne pouvais pas commenter
24:02un acte de justice.
24:04Mais vous avez un avis personnel en tant que responsable politique.
24:06Mais une fois de plus,
24:08je suis un responsable politique
24:10qui a une responsabilité particulière
24:12au sein du gouvernement.
24:14Je suis le ministre de la Justice.
24:16Je dois veiller à l'indépendance
24:18et garantir cette indépendance
24:20à la fois vis-à-vis des magistrats,
24:22vis-à-vis des citoyens aussi
24:24et des responsables politiques aussi.
24:26Et vous avez dit ministre des victimes également.
24:28Je suis le ministre des victimes.
24:30Et on doit apporter toute l'attention.
24:32Mais vous savez,
24:34c'est une de mes préoccupations,
24:36la crise de défiance des citoyens
24:38envers les institutions,
24:40y compris envers la justice.
24:42Et lorsque, dans une démocratie,
24:44vous avez une telle défiance vis-à-vis des institutions
24:46et de la justice, il y a un problème.
24:48Donc il faut pouvoir le traiter.
24:50Et mon rôle,
24:52et je considère en tout cas que c'est mon rôle,
24:54c'est justement de faire en sorte que la confiance des citoyens
24:56en justice soit plus forte qu'elle ne peut l'être aujourd'hui.
24:58Et j'essaierai de leur démontrer
25:00qu'ils peuvent faire confiance dans la justice.
25:02Merci Didier Migaud.
25:04Merci d'avoir été notre invité ce matin
25:06pour la grande interview.
25:08Je vous dis à bientôt avec grand plaisir.
25:10Merci.

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