Avec Karfa Diallo, essayiste, éditorialiste et consultant franco-sénégalais, président de l’association Mémoires et Partages
Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry
———————————————————————
▶️ Suivez le direct : https://www.dailymotion.com/video/x75yzts
Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/
———————————————————————
Nous suivre sur les réseaux sociaux
▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel
▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/
▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr
##C_EST_A_LA_UNE-2023-12-07##
Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry
———————————————————————
▶️ Suivez le direct : https://www.dailymotion.com/video/x75yzts
Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/
———————————————————————
Nous suivre sur les réseaux sociaux
▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel
▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/
▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr
##C_EST_A_LA_UNE-2023-12-07##
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 - Il est 7h13, vous l'avez entendu dans le journal tout à l'heure de Laurie Leclerc,
00:04 le quartier de la négresse à Biarritz pourrait être renommé, débaptisé.
00:08 Nous sommes avec Carfa Diallo, essayiste, éditorialiste, consultant franco-sénégalais,
00:13 président de l'association Mémoires et Partages. Bonjour !
00:16 - Bonjour !
00:17 - Bon, ça date du début du 19ème siècle où l'auberge était tenue par une femme noire
00:24 qui, les soldats de Napoléon, lors de leur passage,
00:26 avaient donné ce sobriquet de la négresse et puis ensuite,
00:29 il y a eu toute une histoire autour de ça et un quartier ensuite qui a été nommé.
00:34 Pourquoi donc aujourd'hui, il va y avoir une audience devant le tribunal administratif de Pau.
00:41 Carfa Diallo, pourquoi donc avoir déposé ce recours devant le tribunal ?
00:46 - Ce recours administratif, cher monsieur, il se justifie par le fait que les tentatives
00:51 de négation de discussion, de dialogue démocratique que nous avons tenté
00:55 à l'endroit de la municipalité de Biarritz, se sont toutes révélées vaines.
01:00 Il y a, je crois, une véritable difficulté dans cette ville de reconnaître que certaines appellations
01:08 sont à la fois un combat et une création.
01:11 L'espace public est un combat et une création, c'est l'espace du commun
01:14 et ce commun, il doit refléter les valeurs les plus essentielles, les plus fondamentales
01:18 des respect de la dignité des personnes.
01:20 Ce quartier ne pourrait pas s'appeler le quartier Youppin, ni le quartier Shintorg, ni le quartier Bounoul.
01:26 Mais on s'est accoutumés quelque part à cet héritage involontaire.
01:30 Je suis persuadé que les biarros ne sont pas racistes, mais ils s'attachent à cette appellation.
01:35 Et donc oui, il faut aller vers le tribunal administratif parce que ce qui est grave dans cette affaire,
01:39 c'est que ce n'est pas qu'une appellation de quartier.
01:42 C'est une dizaine d'établissements commerciaux qui portent ce nom et qui l'affichent en grand.
01:46 C'est une signalétique urbaine dans la ville qui est très importante.
01:49 - Il y a des panneaux qui ont disparu depuis un petit bout de temps.
01:53 - Oui, c'est vrai.
01:54 Le péage également de la 63 et la gare ont changé de nom.
01:58 Il y a eu un certain nombre de changements, non ?
02:01 - Non, le péage de Vinci n'a lui absolument pas changé.
02:04 Contrairement à ce qu'a dit votre collègue du Parisien, le collègue du Parisien a écrit une erreur.
02:09 - D'accord.
02:10 - D'ailleurs, nous avons fait un recours aussi prochainement par rapport à Vinci
02:15 pour que ce péage ne change de nom.
02:16 Mais je disais qu'il y a ces établissements et puis il y a aussi des représentations caricaturales
02:21 de femmes noires, les lèvres, l'épuie peinte en rouge sur l'espace public.
02:24 Il y a les fêtes de la négresse, ces fameuses fêtes du 14 juillet
02:27 où des hommes blancs portaient des t-shirts avec ces représentations de femmes noires dans les rues de Biarritz.
02:34 Donc ce sont des choses qui heurtent aujourd'hui je crois de nombreux de nos concitoyens
02:39 et qu'il faut avancer sur ce sujet, notamment parce qu'il y a deux délibérations municipales
02:43 et c'est ce que nous attaquons au tribunal administratif
02:45 qui ont dénommé ce quartier en 1861.
02:48 On peut comprendre qu'à l'époque on soit insensibles à tout ça,
02:51 mais aussi en 1986, c'est-à-dire à une époque quand même où on se rend bien compte
02:56 que la traite et l'esclavage des Noirs constituent un crime contre l'humanité.
02:59 Donc c'est cela que nous essayons.
03:01 - Et Carphat Diallo, négresse c'est une insulte pour vous alors ?
03:05 - Oui parce que négresse c'est pas noir, vous m'appellerez noir, il n'y a pas de problème.
03:09 Vous êtes blanc, je suis noir, il n'y a pas de problème.
03:11 Par contre vous m'appellerez nègre, si on est très copains, il n'y a pas de souci.
03:15 - Oui parce que moi je connais des Africains qui parfois utilisent ce terme de négresse aussi.
03:24 - Oui je pense que c'est une insulte.
03:27 - Et là c'est pas une insulte, c'est plutôt amical dans ces conditions, non ?
03:31 - Ça peut l'être, ça dépend toujours des contextes.
03:34 Mais en l'occurrence là, c'est sur l'espace public.
03:38 C'est-à-dire qu'il y a une validation municipale de clivages racistes et de clichés sexistes.
03:43 Et c'est ça qui pose problème.
03:44 Dans l'intimité de la vie privée de chacun, on peut avoir des sobriquets qu'on s'attribue pour discuter ou autre, il n'y a pas de souci.
03:53 Mais lorsque la puissance publique valide des clivages racistes et des clichés sexistes,
03:58 on est là au cœur de quelque chose d'inadmissible.
04:01 Et nous ce que nous essayons, c'est de faire de la pédagogie d'ailleurs.
04:04 - Et donc vous, entre personnes d'origine africaine, vous essayez de gommer totalement ça.
04:10 C'est-à-dire qu'on ne se dise plus non plus, comme vous l'avez dit, négresses ou nègres et négros.
04:18 Ce qui se disait aussi, négros, souvenez-vous, bien sûr.
04:21 Ça, vous le chassez de votre vocabulaire ?
04:24 - Il ne s'agit pas d'être dans une sorte de totalitarisme de la pensée ou de l'action.
04:29 - Non, non, mais je vous pose la question, je vous pose la question, Carfadielo.
04:31 - Dans ce qui ressort de la vie privée des individus, on laisse les gens s'appeler comme ils veulent.
04:36 Par contre, l'espace public est un espace commun.
04:39 Cet espace commun doit d'abord respecter les valeurs de la République française,
04:42 qui sont des valeurs qui promovent la dignité de la personne et notamment la dignité des femmes.
04:46 Et la puissance publique doit respecter et veiller à cela.
04:50 Donc nous, c'est là où on intervient.
04:52 Et c'est pour ça que c'est essentiel aujourd'hui que ces délibérations municipales
04:56 soient qualifiées par la justice de délibérations inadmissibles.
05:01 Et qu'en l'occurrence, ça puisse entraîner effectivement une disparition de cette appellation sur l'espace public.
05:07 Après, ça n'empêche pas que les gens puissent s'appeler comme ils veulent.
05:11 Voilà, ça c'est le pas de la vie privée.
05:13 - Oui, c'est vrai, sauf qu'il faut une logique jusqu'au bout, Carfadielo.
05:17 À un moment donné, il faut dire les choses, non ?
05:20 - Oui, je pense qu'il faut les dire.
05:23 Mais vous comprendrez bien que nous, on agit que sur cette question-là.
05:28 Après, on ne peut pas agir sur toutes les questions.
05:30 On ne peut pas aussi faire la police dans la vie privée des personnes
05:34 pour dire que chacun soit vigilant sur toutes les appellations qui heurtent la dignité des personnes.
05:40 Que ce soit la dignité des femmes, que ce soit la dignité des minorités,
05:43 qu'elles soient des minorités ethniques ou des minorités sexuelles,
05:46 il est inadmissible d'utiliser des sobriquets qui ravalent, qui rabaissent, qui humilient des personnes.
05:52 Il faut qu'elles soient vigilantes à cela et que, si nécessaire,
05:55 il y ait des recours pour que le droit puisse être dit et protéger ces gens.
06:00 - Oui, bon, et puis on va suivre ça, le tribunal administratif de Pau aujourd'hui
06:04 et le quartier qui pourrait de nouveau s'appeler Arosta, son ancien nom.
06:08 - Ce serait justice qu'ils reprennent le nom basque, qu'ils n'auraient jamais dû quitter.
06:13 - Merci Carfa Dialo, on va suivre ça aujourd'hui.
06:15 Merci d'avoir été avec nous ce matin en direct sur Sud Radio.