Pouvoir d'achat _ les dangers du crédit à la consommation

  • l’année dernière
Dans un contexte de crise et de baisse du pouvoir d'achat, la tentation du crédit gagne à nouveau les ménages français. Pour acheter une maison ou une automobile, et parfois, chose nouvelle, pour simplement boucler des fins de mois difficiles, les Français renouent avec l'endettement, voire le surendettement.
En 2011, les Français ont déposé plus de 230 000 dossiers de surendettement, un chiffre record, en hausse de 7% sur un an.

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Transcription
00:00:00 Nos chers magasins et la société de consommation nous offrent des achats aujourd'hui et sans
00:00:05 payer aujourd'hui, dans trois mois.
00:00:07 Là, les dossiers que j'ai eus ce matin, la plupart d'entre eux, j'avais entre 5 et 8
00:00:14 crédits et j'en avais plus de la moitié qui étaient des revolving, des renouvelables.
00:00:18 Il y avait qu'une solution, c'était de se supprimer pour arrêter tout.
00:00:22 Ici, on est au sixième en faute et puis c'est fini.
00:00:25 Le 30 du mois, c'est toujours la même angoisse pour Francisco Almeida.
00:00:42 C'est le jour où son salaire est viré sur son compte.
00:00:44 Alors, sitôt sa journée de travail terminée, il se précipite au distributeur automatique
00:00:49 le plus proche.
00:00:50 Là, je vais à la banque.
00:00:51 Il faut faire vite avant que le prêtement passe parce que la paie passe.
00:00:56 J'ai découvert de mille et quelques euros.
00:00:57 Il a comme ça, je peux prendre un peu d'argent pour manger, pour vivre.
00:01:02 Ce gardien d'immeuble gagne 1300 euros par mois.
00:01:06 Son problème, c'est qu'il est asphyxié par les crédits.
00:01:09 Il doit rembourser chaque mois l'équivalent de ce qu'il gagne.
00:01:11 Francisco doit retirer du liquide avant que ses créanciers prélèvent son compte.
00:01:16 Alors, avant de taper son code, il s'en remet à Dieu.
00:01:19 - Ce dernier jour du mois, c'est un moment critique pour vous?
00:01:22 - Ce dernier jour du mois, si ça marche pas maintenant, je suis mort.
00:01:24 On va essayer de prendre quelque chose pour manger, pour vivre.
00:01:30 Alléluia!
00:01:35 Aujourd'hui, il a pu retirer 100 euros.
00:01:39 Ça paraît peu, mais c'est le seul argent liquide dont il va disposer pour tout le mois.
00:01:43 - Savoir qu'on nous a pas pris la carte bancaire, ça veut dire qu'on peut respirer encore.
00:01:49 J'ai pris 100 euros de l'an, 100 euros.
00:01:52 Comme ça, je sais qu'avec 100 euros, je limite les dégâts.
00:01:56 Francisco est gardien d'immeuble.
00:02:00 S'il a la corde au cou, c'est parce qu'il vit à crédit.
00:02:04 Il est loin d'être le seul.
00:02:05 Aujourd'hui, des millions de Français ont recours au crédit pour subvenir à leurs besoins
00:02:09 ou boucler leur fin de mois.
00:02:11 À cause de la crise, jamais le crédit n'a autant fait partie de notre quotidien.
00:02:19 Un ménage sur trois a souscrit au moins un crédit à la consommation.
00:02:22 Un type de crédit où emprunter de l'argent est à la portée du plus grand nombre.
00:02:26 Un type de crédit qui semble terriblement simple et pratique.
00:02:30 Dans les grands magasins, les panneaux promettent de régler en 3 fois sans frais,
00:02:34 parfois même en 10 fois, sans débourser un seul centime de plus.
00:02:39 - 500 euros vous convient ou vous souhaitez plus?
00:02:45 Dans les boîtes aux lettres, des publicités nous incitent à financer toutes nos envies.
00:02:49 - Demandez la somme de votre choix et concrétisez vos projets.
00:02:53 Sur Internet, des sociétés de crédit affichent en gros des taux incroyables
00:02:58 jusqu'à 50 000 euros prêtés en apparence à moins de 3% d'intérêt.
00:03:02 Les réponses sont très rapides, nous dit-on, assurées en 48 heures.
00:03:07 En seulement quelques clics, les contrats n'attendent plus que votre signature.
00:03:13 Quasiment impossible non plus d'acheter une voiture neuve
00:03:16 sans recourir au crédit à la consommation, comme cette France Assure 10.
00:03:19 - On n'a pas au fond de la poche la somme nécessaire pour acheter une voiture.
00:03:25 Ça, c'est le côté face du crédit.
00:03:27 Mais derrière ces promesses apparemment sans limite,
00:03:30 quels sont les pièges qui menacent les millions de consommateurs qui y ont recours?
00:03:34 - On a un dossier de surendettement toutes les 2 minutes en France.
00:03:38 C'est énorme, c'est l'équivalent d'une grande ville comme Strasbourg,
00:03:41 qui d'un seul coup serait surendettée.
00:03:43 Dans quel enfer le crédit à la consommation peut-il nous précipiter?
00:03:47 - C'est que j'arrive 5 mois, j'ai pas un centime.
00:03:51 C'est compliqué, très compliqué.
00:03:53 - Si je suis expulsé, je vais vivre où?
00:03:56 Je peux pas vivre dans la famille, je peux pas vivre dehors non plus.
00:03:59 Les banques et leurs filiales, les sociétés de crédit, comme par exemple Finaref,
00:04:04 Cofinoga, Sofinko, Cofidis, Cetelem sont en butocritique.
00:04:10 Comment attribuent-elles ces crédits?
00:04:12 Prennent-elles toutes les précautions nécessaires?
00:04:14 Accordent-elles des prêts seulement à ceux qui peuvent rembourser
00:04:17 ou poussent-elles certains emprunteurs vers la ruine?
00:04:19 - J'ai mes cartes, visa et tout ce qui suit.
00:04:22 Tout est permis, le chéquier.
00:04:24 Et en fait, on rentre vite dans une spirale infernale.
00:04:27 Quand vous n'avez plus les moyens de rembourser,
00:04:30 comment les organismes financiers récupèrent-ils leurs impayés?
00:04:33 Jusqu'où certaines sociétés de recouvrement sont-elles prêtes à aller?
00:04:37 - Je vais couper vos vivres, madame.
00:04:38 Au revoir, madame.
00:04:38 - Au revoir, madame.
00:04:40 - Ils nous menaçaient de dire qu'ils venaient avec la police,
00:04:45 avec un serrurier, avec des mecs de loi pour nous mettre dehors.
00:04:50 Carrément, nous mettre dehors.
00:04:51 Jusqu'où peut-on vivre à crédit?
00:04:54 Nous avons enquêté pour comprendre ce qui se cache derrière
00:04:57 les 147 milliards d'euros de crédit conso prêtés aux Français.
00:05:01 En apparence, quand on veut faire un crédit à la consommation,
00:05:07 les organismes financiers et les banques ne manquent pas d'afficher
00:05:09 leur prudence. Il suffit de regarder leur publicité.
00:05:12 Tout le monde, par exemple, connaît ce petit bonhomme vert.
00:05:17 Et son second.
00:05:20 - Cet élème, le crédit responsable.
00:05:22 C'est chez cet élème, le numéro un du crédit à la consommation,
00:05:26 une filiale de BNP Paribas, que nous commençons notre enquête.
00:05:29 La société veut nous montrer qu'elle ne prête pas n'importe comment,
00:05:32 à n'importe qui, qu'elle prend toutes les précautions nécessaires
00:05:35 pour s'assurer de la solvabilité de ses clients.
00:05:37 - Allô? - Allô, bonjour.
00:05:42 - À quel sont fonds les sociétés de cet élème?
00:05:44 Je ne vous dérange pas?
00:05:45 C'est dans ce centre qu'arrivent les demandes des clients
00:05:48 qui souhaitent souscrire un crédit par Internet.
00:05:50 Les employés examinent 3000 demandes par jour.
00:05:53 Avant d'accorder un crédit, chaque dossier serait scruté à la loupe.
00:05:57 Bulletin de salaire, preuve de domicile, pièce d'identité.
00:06:03 C'est le travail de Sandra.
00:06:05 Chaque matin, elle passe au peigne fin plusieurs dizaines de documents.
00:06:08 Et justement, sur son premier dossier, il y a un problème.
00:06:11 Un monsieur demande un crédit de 3000 euros,
00:06:14 mais les feuilles de paye qu'il a envoyées par Internet font ticket Sandra.
00:06:17 - Pour le coup, ce dossier là, c'est un bulletin de salaire
00:06:22 qui me paraît faux.
00:06:24 On va dire ce qui est, ce qui y est.
00:06:27 Voilà. - Qu'est ce que vous faites dire de ça?
00:06:30 - Alors, je vous explique.
00:06:31 Déjà, au niveau de l'aspect, il faut savoir que les bulletins de salaire
00:06:35 en France sont quand même normalisés.
00:06:36 Je connais les cotisations et de ce côté là, celle ci n'est pas bonne.
00:06:41 Apparemment, le taux des cotisations vieillesse n'est pas cohérent
00:06:45 sur cette fiche de paye.
00:06:46 - Vous êtes presque, il faut être aussi inspectrice de fraud.
00:06:50 - Ça peut arriver qu'on joue les inspecteurs, effectivement.
00:06:55 Et puis, il y a des fautes qui...
00:06:57 Voilà, il y a un accent.
00:06:59 Un vrai compte femme ne ferait pas ce genre de fautes.
00:07:01 Sandra renvoie l'affaire à un autre service pour complément d'enquête.
00:07:06 Doutes sur la vieillesse.
00:07:08 Le dossier sera refusé par l'organisme de crédit.
00:07:10 Pour lui, ce sera feu rouge.
00:07:12 Le dossier suivant, lui, va avoir un feu orange.
00:07:16 Le logiciel interne de cet élème a détecté une anomalie
00:07:19 chez le candidat emprunteur.
00:07:20 Il a déjà eu des incidents de paiement avec des banques
00:07:24 ou des sociétés de crédit.
00:07:25 Incident Banque de France, feu orange.
00:07:29 - Ah bah voilà, il y a un incident sur le serveur.
00:07:32 Donc, on va pouvoir faire une interrogation.
00:07:36 Pour vérifier la situation de la personne,
00:07:39 Sandra va devoir interroger un fichier spécialisé.
00:07:41 Le fichier FICP, le fichier des incidents de remboursement
00:07:45 des crédits aux particuliers.
00:07:46 Établi par la Banque de France, il répertorie les mauvais payeurs.
00:07:50 - Donc là, en l'occurrence, ce client là est fiché jusqu'au 28 février 2017.
00:07:56 Je sais juste qu'il a eu un incident sur un crédit renouvelable
00:07:58 après savoir où, qui, pourquoi, comment.
00:08:01 Je n'ai pas accès à cette information là.
00:08:02 Légalement, il est fiché.
00:08:04 Je n'ai pas le droit de lui faire un autre crédit.
00:08:08 Cette demande de prêt non plus n'ira pas plus loin.
00:08:11 Même pour les clients habitués, Sandra dit se montrer vigilante.
00:08:16 Ici, elle découvre la nouvelle demande de crédit d'un ancien client.
00:08:19 - Ce client là, en l'occurrence, a eu un crédit renouvelable chez nous
00:08:23 qu'il a résilié.
00:08:25 Voilà, je vérifie comment ça se déroule, comment ça se passe.
00:08:29 Tout se passe bien.
00:08:30 - C'est rassurant de voir qu'il y avait d'autres crédits en cours.
00:08:34 - Qui sont bien, voilà, qui sont bien déroulés, qui l'a bien payé.
00:08:38 Effectivement, c'est même très rassurant pour nous.
00:08:41 C'est un client qu'on connaît.
00:08:42 L'homme est un beau client.
00:08:44 Il demande 7500 euros pour des travaux.
00:08:46 Mais même dans ce cas, elle n'accorde pas le crédit les yeux fermés.
00:08:50 Le moindre détail alerte sa méfiance.
00:08:52 - En l'occurrence, sur ce dossier là, le client est logé famille.
00:08:56 Donc, il se dit hébergé et il demande des travaux.
00:08:59 Donc, on va se poser la question.
00:09:02 Pourquoi est ce que c'est vous qui faites la demande?
00:09:06 Qu'est ce qui vous amène à faire cette demande?
00:09:07 Ce genre d'éléments pour savoir pourquoi la personne chez qui il est logé
00:09:11 ne fait pas elle même cette demande de travaux.
00:09:14 Après vérification et fourniture de justificatif, le client aura
00:09:18 finalement un feu vert.
00:09:19 Son prêt sous 48 heures.
00:09:21 Dans ces bureaux, 7 demandes de prêt sur 10 sont acceptées.
00:09:25 Devant nos caméras, la société de crédit affiche sa prudence
00:09:29 et le respect strict des règles.
00:09:30 Car la loi est censée encadrer étroitement le crédit à la consommation.
00:09:36 Depuis 20 ans, tous les gouvernements successifs tentent de renforcer
00:09:41 la législation. La dernière en date, la loi Lagarde a imposé en 2010
00:09:47 plusieurs nouvelles mesures censées protéger le consommateur contre
00:09:50 les dangers du crédit trop facile.
00:09:53 D'abord, elle impose aux sociétés de crédit de vérifier la solvabilité
00:09:57 de leurs clients et de consulter obligatoirement le fichier FICP.
00:10:01 Les commerciaux doivent ensuite prendre le temps d'un jeu de
00:10:05 questions réponses via une fiche de dialogue et d'informations.
00:10:08 On appelle ça un point budget et c'est obligatoire.
00:10:11 Pour savoir si ces lois sont respectées, nous décidons d'enquêter
00:10:16 dans la grande distribution.
00:10:17 Les sociétés de crédit, en effet, ne vendent pas leurs produits que
00:10:21 sur Internet. Plus d'un crédit à la consommation sur deux est vendu
00:10:25 dans l'enceinte même des magasins via un représentant commercial.
00:10:28 Alors, nous avons décidé d'aller souscrire des crédits en caméra cachée.
00:10:33 Au départ, notre enquête est plutôt rassurante.
00:10:37 Nous nous rendons chez un grand magasin de loisirs à Paris.
00:10:40 Le magasin est partenaire d'un organisme financier et propose
00:10:44 des cartes de crédit renouvelables.
00:10:46 Nous souhaitons emprunter 3000 euros.
00:10:50 Nous avons déjà un crédit en cours auprès de cet organisme.
00:10:52 Alors, le vendeur se montre vigilant.
00:10:54 Il va vérifier si nos revenus sont suffisants avant de nous en
00:10:57 accorder un second.
00:10:58 Comme le prévoit la loi, il nous a demandé nos fiches de paye
00:11:03 et la photocopie de notre identité et les transmet à sa hiérarchie
00:11:07 pour vérification.
00:11:08 En fait, je vous appelle par rapport à une cliente qui vient
00:11:18 d'ouvrir un dossier qui a été maintenu, qui a été placé en cours.
00:11:21 Notre dossier, apparemment, est passé au crible.
00:11:23 D'accord, donc tout est justificatif, etc.
00:11:27 Et puis, la identité, je fais une photocopie, je faxe.
00:11:29 C'est très court à étudier, donc je faxe tous les documents
00:11:36 qu'ils reçoivent tout de suite et qu'ils étudient, ils donnent
00:11:38 la réponse une vingtaine de minutes après.
00:11:40 Demande de documents, point budget.
00:11:45 La loi ici est visiblement respectée.
00:11:47 Le contrôle est exigeant.
00:11:49 Ce n'est pas 20 minutes, mais deux heures plus tard que nous
00:11:52 obtenons enfin une réponse.
00:11:53 Elle est positive.
00:11:54 - Mais ça a été accepté. - Oui.
00:11:57 - Donc, alléluia, mazel tov.
00:11:59 Il ne reste qu'à signer le contrat.
00:12:03 Nous nous engageons à rembourser nos futurs crédits au taux
00:12:06 très élevé de 16,74% par an.
00:12:09 Nous empochons notre carte.
00:12:17 Là, ça s'est bien passé, mais c'est loin d'être toujours le cas.
00:12:20 Notre second test a lieu quelques rues plus loin, dans un magasin
00:12:25 d'ameublement, lui aussi partenaire d'une grande société de crédits.
00:12:28 Nous ne faisons pas d'achat, mais nous nous dirigeons directement
00:12:32 vers le service qui accorde des prêts aux particuliers.
00:12:35 Sur le bureau de la commerciale, une brochure de l'organisme
00:12:39 de crédits stipule qu'il faut une pièce d'identité, un justificatif
00:12:42 de domicile ainsi que des fiches de paye pour décrocher
00:12:45 une carte de magasin.
00:12:47 Mais la commerciale est beaucoup moins curieuse.
00:12:49 Elle se contente de questions très vagues.
00:12:51 Nous n'avons pas de revenu fixe, aucune garantie.
00:13:05 Nos réponses restent évasives, mais pas de problème.
00:13:08 10 minutes plus tard, notre contrat de crédit est prêt.
00:13:11 - Donc là, ce sont les renseignements que vous m'avez donnés,
00:13:13 l'ouverture de votre carte.
00:13:15 - Non, rien là. Crédit en cours, zéro.
00:13:19 J'ai pas des crédits en cours, mais je vous ai pas dit.
00:13:22 En réalité, aux yeux de la loi, il n'y a pas de carte simplifiée.
00:13:35 La commerciale était bien tenue de faire le point
00:13:37 sur notre situation financière et de nous demander
00:13:39 si nous avions d'autres crédits en cours.
00:13:44 Cette carte aurore est distribuée par Cet'Elem, la filiale de BNP Paribas.
00:13:47 Elle nous autorise à dépenser 1 500 euros en toute liberté,
00:13:51 remboursable au taux d'intérêt annuel de 15%.
00:13:54 L'affaire n'a pas pris plus d'une demi-heure.
00:13:56 Visiblement, le contrôle n'est donc pas aussi pointu
00:13:59 que Cet'Elem a bien voulu nous le montrer.
00:14:01 Une responsable de BNP Paribas, la maison mère de Cet'Elem,
00:14:05 nous assure que l'organisme respecte la loi
00:14:07 et que cet écart de conduite serait une exception.
00:14:10 - C'est vrai qu'il y a eu beaucoup de changements.
00:14:14 Il y a beaucoup de gens informés et donc,
00:14:16 on n'est pas peut-être dans la perfection absolue.
00:14:18 Pour autant, je pense que les critiques qui ont été faites
00:14:21 à la distribution sur toutes ces procédures d'octroi de crédit
00:14:28 sont peut-être un peu injustifiées.
00:14:30 Je pense qu'il y a évidemment toujours des points d'amélioration,
00:14:34 mais que dans l'ensemble, les cas qui sont remontés
00:14:37 sont peut-être quand même plutôt des exceptions.
00:14:39 Nous ne sommes pas au bout de nos surprises.
00:14:43 Dans une autre enseigne, le contrôle va se révéler encore plus léger.
00:14:46 Nous allons à présent tenter d'obtenir une plus grosse somme,
00:14:49 un crédit supérieur à 3000 euros.
00:14:50 Dans ce cas-là, la loi exige que les emprunteurs
00:14:53 fournissent des justificatifs écrits identité, domicile, revenu.
00:14:58 Mais vous allez le voir, certains commerciaux semblent mal connaître
00:15:01 cette disposition pourtant obligatoire.
00:15:03 Direction un grand magasin parmi les plus chics de Paris.
00:15:07 - Bonsoir.
00:15:15 Avant même de connaître nos revenus,
00:15:16 le commercial nous propose de fixer nous-mêmes le montant du crédit.
00:15:20 Nous décidons de tenter d'obtenir 4500 euros le maximum.
00:15:35 Lors du point budget, le commercial nous demande notre profession.
00:15:38 Nous lui disons exercer un emploi précaire, ne pas avoir de CDI
00:15:42 et ne pas disposer de ressources fixes.
00:15:45 Une situation qui pourrait bloquer l'acceptation de notre dossier
00:15:49 par sa hiérarchie. Alors, il va se montrer très arrangeant
00:15:53 et n'hésite pas à modifier la réalité.
00:15:55 Il note que nous sommes en CDI, première violation de la loi.
00:16:06 Ce n'est pas la seule.
00:16:07 Nous demandons un crédit de 4500 euros, bien au-dessus de 3000 euros.
00:16:11 L'homme ne nous demande pourtant ni fiche de paye,
00:16:14 ni avis d'imposition et se contente de nos déclarations.
00:16:17 C'est notre troisième carte de la journée,
00:16:23 assortie d'un crédit de 4500 euros.
00:16:26 Bilan, en une journée, nous avons obtenu facilement
00:16:32 trois cartes de crédit comme celle-ci, que nous pouvons utiliser
00:16:35 comme bon nous semble dans plusieurs enseignes de grande distribution.
00:16:38 Au total, 13000 euros immédiatement disponibles.
00:16:42 La promesse est alléchante.
00:16:44 En réalité, ces crédits peuvent se révéler dangereux.
00:16:47 Quand vous prenez un tel crédit, 2000 euros, par exemple,
00:16:51 auto-affiché de 15%, voilà comment ça se passe.
00:16:55 Vous devez rembourser 50 euros par mois pendant deux ans.
00:16:58 Mais à chaque fois que vous remboursez ces 50 euros,
00:17:01 vous pouvez les repiocher immédiatement.
00:17:03 Le crédit fonctionne un peu comme une réserve d'argent à votre nom.
00:17:06 Le mois suivant, vous pouvez recommencer la même opération.
00:17:09 50 euros de remboursement que vous repiochez immédiatement
00:17:13 et ainsi de suite.
00:17:14 Le problème, c'est que plus vous repiochez, plus le capital à rembourser
00:17:18 augmente et au taux de 15%, les intérêts peuvent rapidement
00:17:21 devenir astronomiques.
00:17:22 Cette mécanique a un nom, le crédit renouvelable ou revolving.
00:17:26 Plus vous l'utilisez, plus votre dette gonfle.
00:17:30 Derrière ces cartes se cache en fait un piège dans lequel
00:17:33 certains consommateurs tombent facilement.
00:17:36 A Bordeaux, c'est dans cette spirale qu'est tombée une jeune aide
00:17:43 soignante, mère de trois enfants.
00:17:45 Elle habite dans cette cité HLM de la banlieue bordelaise.
00:17:48 Chez Naima, 32 ans, tout ou presque a été acheté à crédit.
00:17:53 - Alors, j'ai acheté l'ordinateur en 10 fois, sans frais.
00:17:59 Ça vaut à peu près 700 euros, 600.
00:18:02 La télé, pareil, en 10 fois sans frais.
00:18:06 À l'époque, je l'avais acheté 700, pareil.
00:18:10 Une autre télé dans la chambre de son fils a aussi été payée
00:18:14 à crédit, sa console de jeu, une bonne partie de l'électroménager,
00:18:19 même les travaux d'aménagement qu'ils ont fait eux-mêmes
00:18:22 et qu'ils ont financé auprès des magasins de bricolage.
00:18:26 - Tout ce qui est sol, mur, peinture, papier peint.
00:18:29 Et j'ai fait des crédits auprès de magasins de décoration,
00:18:36 de lino, de papier peint.
00:18:38 Ça monte très, très vite, on ne se rend pas compte.
00:18:40 Résultat, Naima est aujourd'hui criblée de dettes et s'inquiète
00:18:45 à l'approche de Noël pour les cadeaux de ses enfants.
00:18:47 Chacun d'eux a une idée bien précise de ce qu'ils désirent.
00:18:51 - Une plaie de roi et des chaussures.
00:18:56 - Et toi, qu'est-ce que tu veux pour le Père Noël?
00:18:58 La plus petite, elle, a commandé une voiture.
00:19:03 Les petits sont insouciants, mais le plus grand a bien compris
00:19:08 que le Père Noël risque de ne pas passer cette année.
00:19:11 - Je les entends tout le temps quand ils sortent les boîtes
00:19:14 aux lettres et tout ça.
00:19:15 Qu'est-ce qu'ils disent? Je sais pas.
00:19:18 Par pudeur, l'adolescent n'ose pas en dire plus,
00:19:22 mais en rigolant, il finit par vendre la mèche.
00:19:25 Il est parfaitement au courant que sa maman n'arrive
00:19:27 pas à faire face à ses dettes.
00:19:28 - T'attends, t'économises, après tu payes cash.
00:19:33 - Vas-y, redis le, ça en face!
00:19:37 Il a attendu, on économise et on paye cash.
00:19:41 - Est-ce que tu vas essayer d'éviter les crédits?
00:19:43 - Ben oui. - Pourquoi?
00:19:45 - Parce que ça pose des problèmes.
00:19:47 Pourquoi on n'en a plus de sous?
00:19:48 La jeune femme attend le départ de ses enfants à l'école.
00:19:55 Pour se confier sur l'ampleur de ses problèmes.
00:19:57 Son mari est ferrailleur.
00:19:59 Tous les deux ont des petits salaires et ils s'entendent
00:20:02 d'être à hauteur de 90 000 euros.
00:20:04 Tout avait pourtant commencé en 2006, comme dans un rêve.
00:20:08 À l'époque, tout allait bien.
00:20:09 Ils gagnaient plus de 3000 euros par mois.
00:20:11 Elle venait de prendre un premier emploi d'aide soignante.
00:20:14 - Je dis, ça y est, je gagne ma vie.
00:20:17 Je suis rentrée dans le monde du CDI, de la consommation.
00:20:22 J'ai mes cartes, visa et tout ce qui suit.
00:20:25 Tout est permis, le chéquier.
00:20:26 Et en fait, on rentre vite dans une spirale infernale.
00:20:30 Le couple multiplie alors les crédits.
00:20:32 En 2008, Naïma et son mari vont même cumuler 15 crédits revolving.
00:20:36 Les prêteurs s'appellent Cetelem, Coffidis, Facette, Géomonnaie Banque.
00:20:41 Peu à peu, ils ont du mal à rembourser et voient leur dette gonfler.
00:20:47 Exemple, l'un de ces crédits, 2700 euros empruntés à 19,65%.
00:20:52 Chaque mois, Naïma rembourse 43 euros, 23 euros d'intérêt
00:20:57 et seulement 20 euros de capital.
00:21:00 Chaque fois qu'elle utilise son revolving ou prend du retard sur un remboursement,
00:21:04 elle cumule de nouveaux intérêts et des frais.
00:21:06 Résultat, elle doit aujourd'hui 2925 euros, 225 euros de plus
00:21:12 que le capital emprunté au départ, après quatre années de remboursement.
00:21:15 Pendant plusieurs années, le couple a réussi à jongler
00:21:20 avec les remboursements jusqu'au dérapage.
00:21:22 En 2010, son mari est licencié.
00:21:25 En 2012, c'est elle qui tombe malade.
00:21:27 Le couple divise ses revenus par deux.
00:21:30 - Donc, on est passé de 3400 à 1400.
00:21:36 - Alors, avec 1450 euros de revenus, est-ce que vous êtes capable
00:21:40 de payer à la fois vos charges et rembourser tous vos crédits?
00:21:43 - C'est impossible.
00:21:45 Sauf en faisant des petites mensualités, comme je fais là,
00:21:47 de 20 euros, 30 euros, 40 euros.
00:21:49 Mais je paye même pas mes dettes parce que je paye que des intérêts.
00:21:52 Donc là, c'est juste pour montrer la bonne foi.
00:21:54 C'est impossible avec 1400 euros et trois enfants de payer toutes ces dettes.
00:21:59 La jeune femme doit rembourser près de 1000 euros par mois.
00:22:02 Elle est prise à la gorge, alors elle doit se bagarrer sur tous les fronts
00:22:05 pour négocier des délais de paiement avec ses nombreux créanciers.
00:22:08 Et certains organismes font appel à des huissiers pour se faire payer.
00:22:13 Ce matin là, elle a un rendez vous très important.
00:22:15 Elle va essayer de convaincre un huissier de reporter
00:22:18 certains de ses remboursements.
00:22:19 - Là, je vais aller à l'étude de l'huissier qui s'occupe de mes créances
00:22:24 et je vais leur demander de ce mois-ci de ne pas prélever mes mensualités.
00:22:28 S'ils sont d'accord, bien sûr.
00:22:31 Et je vais avoir la réponse et puis on verra bien ce que ça va donner.
00:22:36 S'ils sont arrangeants ou pas.
00:22:38 Naima doit rembourser 150 euros par mois chez cet huissier.
00:22:43 Elle traverse toute la ville pour pouvoir essayer de gratter quelques euros.
00:22:46 Nous l'accompagnons aux caméras cachées.
00:22:49 Dès son arrivée, la jeune femme demande à baisser
00:22:57 ou reporter ses remboursements, mais c'est mal engagé.
00:23:00 La première réponse au guichet est un refus,
00:23:05 mais Naima ne se laisse pas démonter.
00:23:07 Elle réussit à se faire ouvrir la porte des bureaux.
00:23:09 - Je vais vous ouvrir, on va passer un coup à l'autre.
00:23:14 Dans le bureau de la clairhuissier, Naima entre dans le vif du sujet.
00:23:17 - Vous croyez que je peux négocier quelque chose ?
00:23:24 Au moins pour son adhésion.
00:23:25 Qu'il ne prélève pas.
00:23:27 - Pourquoi, pour moi ?
00:23:29 Vous voulez dire ou pour...
00:23:31 - Pour vous, tout ce que j'ai avec vous ce mois-ci,
00:23:33 vu qu'en général vous prélevez.
00:23:34 Elle n'hésite pas à faire jouer la corde sensible
00:23:36 et à la veille des fêtes, à évoquer ses enfants.
00:23:39 - Oui, moi, c'est absolument un banouette, ce mois-ci.
00:23:41 Je voulais profiter un petit peu, juste ce mois-ci,
00:23:43 pour mes enfants et tout ça.
00:23:45 Et ça marche.
00:23:46 L'huissier se laisse fléchir.
00:23:48 - Là, sur ce mois-ci, on passe, mais par contre,
00:23:51 il faut absolument que les mois prochains, il vienne vers ce mois.
00:23:54 - Alors, c'est un banouette, on peut négocier avec son huissier.
00:23:59 - Oui.
00:23:59 Incroyable, le rendez-vous improvisé se termine en réunion presque cordiale.
00:24:05 - Si vous avez un temps, s'il vous plaît.
00:24:08 - Oui.
00:24:09 Naïma a réussi à récupérer 150 euros pour son budget ce mois-ci.
00:24:16 La jeune femme s'avoue elle-même étonnée par l'expérience.
00:24:19 - Oui, ça m'a énormément surpris parce qu'en fait,
00:24:26 plus on essaie de les contacter et d'expliquer réellement notre situation.
00:24:31 Et en fait, ils sont très compréhensibles et ils sont là,
00:24:34 en fait, pour trouver un arrangement pour régler sa dette,
00:24:38 non pas pour nous enfoncer, au contraire, pour s'en sortir.
00:24:40 La jeune femme va pouvoir offrir des cadeaux à ses enfants pour Noël,
00:24:44 mais ce n'est qu'un sursis.
00:24:46 Dès le mois suivant, elle devra de nouveau affronter ses créanciers.
00:24:50 Alors, quand on est étronglé par les banques, comment s'en sortir?
00:24:55 C'est le paradoxe du crédit.
00:24:57 Ce sont les mêmes grands établissements qui vous poussent vers l'endettement,
00:25:01 qui vous proposent des solutions.
00:25:02 Il suffit de taper "rachat de crédit" sur Internet
00:25:06 pour découvrir des dizaines d'offres apparemment très secourables.
00:25:08 L'idée du rachat de crédit, c'est de regrouper plusieurs crédits
00:25:15 dans un seul prêt avec une seule mensualité de remboursement
00:25:18 et de réétaler la dette sur une plus longue période.
00:25:21 A court terme, une opération qui promet de diviser spectaculairement vos mensualités.
00:25:26 - Mes crédits, c'était plus malin de les réunir en un seul.
00:25:28 - OFR regroupe tous vos crédits en un seul et réduit vos mensualités jusqu'à 60%.
00:25:32 - C'est bien, ça.
00:25:33 - Là, tu respires.
00:25:36 Le rachat de crédit est en plein essor.
00:25:39 Il représente quelques 17 milliards d'euros par an en France.
00:25:42 Mais ces publicités disent-elles toute la vérité?
00:25:44 Le rachat de vos crédits peut-il se transformer en cadeau empoisonné
00:25:48 et aggraver la situation financière de certains emprunteurs?
00:25:51 Denis Ballet est courtier indépendant en rachat de crédit en Bretagne.
00:25:57 Il travaille pour le compte des banques et fait l'intermédiaire
00:26:00 avec des débiteurs en difficulté.
00:26:02 Prenons l'exemple d'un ménage qui a trois crédits à la consommation
00:26:09 et qui n'arrive pas à les rembourser.
00:26:10 Une banque va lui racheter ses crédits en échange d'un nouveau prêt unique.
00:26:16 Plus facile à gérer et moins lourd à rembourser chaque mois.
00:26:20 Sur son site Internet, Denis Ballet promet par exemple
00:26:25 de diviser vos remboursements mensuels par deux ou trois,
00:26:27 de les réduire par exemple de 1400 à 486 euros.
00:26:32 Une solution apparemment facile qui permettrait d'économiser
00:26:35 plus de 500 euros par mois.
00:26:37 Les chiffres sont prometteurs, mais quel est le secret
00:26:40 de ce remède apparemment miracle?
00:26:42 Est ce vraiment une bonne affaire?
00:26:43 Pour le savoir, nous accompagnons le courtier dans la tournée
00:26:48 de ses clients qui l'ont contacté sur Internet.
00:26:50 Il connaît très peu de choses sur la situation financière
00:26:54 de la première famille qu'il va rencontrer.
00:26:56 - Je sais que ce sont des gens qui ont fait construire il y a 10 ans,
00:27:02 mais qui, par contre, n'ont pas pu finir la maison faute de moyens.
00:27:05 Donc, on peut penser qu'effectivement, la situation
00:27:08 est un petit peu difficile.
00:27:09 Le problème aujourd'hui doit être certainement le malendettement
00:27:13 lié aux prêts renouvelables.
00:27:16 Les prêts renouvelables, selon Denis Ballet, c'est presque
00:27:20 toujours le problème.
00:27:21 La mère de famille va le recevoir seule.
00:27:26 Comme pour chaque nouveau dossier, Denis Ballet va commencer
00:27:30 par inventorier en détail tous ses crédits en cours.
00:27:33 Pour lui, il est crucial de tout savoir de la situation
00:27:36 de la famille avant d'imaginer une solution pour rééchelonner
00:27:40 et regrouper ses dettes.
00:27:41 La jeune femme, visiblement, est très angoissée.
00:27:44 - Donc là, vous avez tous les documents des établissements financiers.
00:27:48 Alors, on va commencer par regarder ça.
00:27:51 Apparemment, la jeune femme n'a qu'un seul impayé
00:27:54 sur ses crédits renouvelables.
00:27:55 A priori, c'est rassurant pour les banquiers qui sont susceptibles
00:27:59 de financer un nouveau prêt.
00:28:00 L'affaire se présente bien.
00:28:02 Le courtier pense pouvoir regrouper tous les crédits renouvelables
00:28:05 dans un seul prêt.
00:28:05 - Sur le fond, ce serait Finaref 1 et 2, Cofidis, Cofinugar,
00:28:09 l'autre Cofidis et puis éventuellement le prêt travaux.
00:28:13 C'est uniquement cette partie là, c'est à dire, en grosso modo,
00:28:16 20 000, quoi.
00:28:16 Tout se présente bien, mais pour financer un rachat de crédit,
00:28:20 une banque exige en général que la maison soit mise en gage.
00:28:23 Et la Denis Ballet va découvrir qu'il y a un problème.
00:28:27 La jeune femme avoue avoir plusieurs mensualités de retard
00:28:30 sur son prêt immobilier et qu'elle est fichée au FICP,
00:28:33 le logiciel de la Banque de France, qui recense tous les incidents
00:28:37 de paiement.
00:28:37 - Il y a un retard au crédit immobilier.
00:28:41 Donc, c'est eux qui vous ont fiché.
00:28:43 Ah oui, vous avez un interlocuteur là bas, au crédit immobilier,
00:28:53 qui vous met la pression ou c'est...
00:28:56 C'est mettre un cahier, donc le dossier est déjà parti
00:28:59 en procédure chez eux, alors.
00:29:00 Par l'intermédiaire d'un huissier, leur banque exige le remboursement
00:29:04 intégral de leur crédit, plus de 68 000 euros.
00:29:07 Et elle a déjà entamé une procédure pour saisir la maison.
00:29:11 Pour un retard de trois mois sur le prêt immobilier du couple,
00:29:14 environ 2 000 euros, Denis Ballet vient de comprendre
00:29:17 que les prêteurs ont déjà pris la maison garantie.
00:29:24 - Ils n'ont pas l'habitude de faire dans le social, on va dire.
00:29:28 Ils sont prêteurs, point.
00:29:31 Ils ont des garanties, vous payez, c'est bien, vous êtes des bons clients.
00:29:35 Vous payez pas, vous êtes des mauvais clients.
00:29:36 Et dans ce cas-là, écoutez, on vous demande le remboursement
00:29:38 de la totalité, plus les pénalités qui vont avec, plus les frais
00:29:42 de justice, plus les frais du huissier, plus ceci, plus cela.
00:29:44 Donc, une dette qui devient monstrueuse.
00:29:47 Donc, aujourd'hui, il faut sauver la maison.
00:29:49 C'est le but.
00:29:50 Mais il y a de l'espoir.
00:29:54 Il ne faut pas désespérer.
00:29:55 Denis Ballet fait mine de rassurer la jeune femme, mais il le sait,
00:30:00 l'affaire est mal engagée.
00:30:02 Les banques qui rachètent les crédits demandent des garanties.
00:30:05 Là, ce n'est plus possible.
00:30:07 Et le courtier n'est pas là, lui non plus, pour faire du social.
00:30:10 Trois mois plus tard, l'affaire n'a toujours pas trouvé de solution.
00:30:15 Car ce que cherche le courtier, ce sont des gens qui ont des dettes,
00:30:18 mais aussi des revenus et des biens en garantie.
00:30:21 C'est le cas de la seconde personne qu'il va rencontrer ce jour là.
00:30:24 - C'est un dossier qui est exploitable, c'est un dossier
00:30:28 qu'on doit pouvoir financer.
00:30:29 D'ailleurs, aujourd'hui, ça passe au niveau des études
00:30:34 que l'on a pu faire.
00:30:35 C'est la deuxième fois qu'il vient dans la région pour traiter ce dossier.
00:30:39 La famille habite ici.
00:30:41 Elle est propriétaire de ce pavillon coquet.
00:30:44 - Bonjour, madame.
00:30:52 - Bonjour.
00:30:53 - Ça va bien?
00:30:53 La quinquagénaire qui le reçoit a contracté au fil des années
00:30:57 de nombreux emprunts.
00:30:58 Depuis peu, elle est atteinte d'une maladie qui l'empêche
00:31:00 de travailler à plein temps.
00:31:01 Ses revenus ont beaucoup baissé.
00:31:03 Aujourd'hui, elle doit près de 144 000 euros à une dizaine
00:31:06 de sociétés de crédit et de banque et elle ne peut plus rembourser.
00:31:12 - En termes de charges aujourd'hui, il y a les prêts IMO pour la maison.
00:31:16 Donc, il y a 1 700.
00:31:17 Il y a des prêts conso, il y a pratiquement 723, 722,97.
00:31:23 Il y a des renouvelables.
00:31:25 Donc, tout ça et tout ça, on arrive à 2 700 euros de charge mensuelle.
00:31:29 Voilà, résumer rapidement la situation.
00:31:32 La dame et son mari sont étranglés par les remboursements,
00:31:35 mais ils ont aussi des revenus importants, près de 4 500 euros par mois.
00:31:40 De quoi rassurer des banques qui souhaiteraient proposer
00:31:42 un rachat de crédit.
00:31:43 Pour le courtier, c'est une situation idéale.
00:31:46 Sa proposition, racheter les dettes du couple en échange
00:31:49 d'un nouvel emprunt sur une période plus longue,
00:31:52 donc avec des mensualités plus accessibles.
00:31:54 - L'idée, c'est de diminuer ça de plus de la moitié.
00:31:58 D'accord ? - OK.
00:32:00 - Voilà.
00:32:01 - Quel serait votre rêve ?
00:32:03 Pouvoir plus respirer et puis...
00:32:05 Et de vous permettre d'avoir peut être d'autres projets.
00:32:09 Qu'est ce que vous avez envie de faire plus tard ?
00:32:10 Nous, ben...
00:32:12 Rendre la maison, avoir une plus petite maison et profiter de la vie.
00:32:16 Et vivre sans crédit.
00:32:17 - C'est le grand rêve de tous ceux qui, effectivement,
00:32:20 ont eu des situations compliquées.
00:32:23 C'est de vivre sans crédit.
00:32:24 Est ce que c'est possible ?
00:32:25 C'est pas forcément possible,
00:32:27 mais au moins de vivre avec un crédit qui soit conforme aux revenus
00:32:31 et qui vous permette de gérer votre budget au quotidien.
00:32:33 Rendez vous et prix pour une proposition concrète quelques jours plus tard.
00:32:43 - Bonne fin de journée. - Merci.
00:32:46 - Et à la vie. - Au revoir.
00:32:48 - Merci beaucoup. - Au revoir.
00:32:49 La famille signera finalement son contrat de rachat de crédit
00:32:53 un mois plus tard avec une grande banque de la région, partenaire du courtier.
00:32:56 A première vue, la solution trouvée sauve le couple à court terme.
00:33:01 Madame et monsieur avaient une dette de 143 954 euros
00:33:04 et remboursaient de 1 801 euros chaque mois.
00:33:07 Après le rachat de crédit, ils divisent leur mensualité par trois
00:33:11 à 900 euros environ.
00:33:12 En réalité, l'opération va leur coûter une petite fortune.
00:33:17 Ils vont payer 112 000 euros d'intérêt.
00:33:20 Si on y ajoute les assurances et les frais divers,
00:33:22 l'opération va leur coûter 168 884 euros au total.
00:33:26 En clair, ils vont payer plus de deux fois le montant de leur crédit.
00:33:31 La durée du prêt a été rallongée à 300 mois, 25 ans.
00:33:35 Ils vont devoir rembourser jusqu'à la fin de leur vie.
00:33:38 Voilà comment le courtier justifie sa proposition.
00:33:43 - Le rachat des crédits est cher, oui, mais le rachat des crédits
00:33:47 permet quand même de stabiliser les situations financières
00:33:50 et non seulement les situations financières, mais les situations
00:33:52 psychologiques aussi, parce que les gens sont beaucoup plus sereins.
00:33:55 Sur cette affaire, le courtier, lui, gagne 4000 euros de commission.
00:34:01 Il en convient, son business existe principalement grâce
00:34:04 aux crédits renouvelables.
00:34:05 - Aujourd'hui, l'essentiel de nos dossiers, dans tous les dossiers,
00:34:11 d'ailleurs, on a 5, 6, 7, 8 prêts renouvelables.
00:34:14 Et quand je dis 5, 6, 7, 8, c'est un faible mot quelquefois.
00:34:18 C'est les prêts renouvelables qui, aujourd'hui, font en sorte,
00:34:20 effectivement, que l'on existe.
00:34:22 L'ironie du rachat de crédits, c'est que les mêmes groupes
00:34:25 financiers qui vous proposent des crédits à la consommation
00:34:28 d'une main peuvent vous les racheter en cas de difficulté
00:34:30 de l'autre main et vous reproposer ensuite de nouveaux crédits
00:34:34 à la consommation.
00:34:35 Reprenons l'exemple du ménage qui a 3 crédits à la consommation
00:34:39 et les a fait racheter par une banque en échange d'un nouveau prêt.
00:34:42 Aux yeux du monde bancaire, il n'apparaît plus comme un débiteur
00:34:45 en difficulté.
00:34:46 Les banques vont alors se précipiter pour lui proposer
00:34:50 de nouveaux crédits à la consommation et l'endetter à nouveau.
00:34:53 Serge Maître connaît des milliers d'emprunteurs qui ont eu
00:34:57 recours à ces mécanismes.
00:34:58 Il anime la FUB, une association d'aide aux usagers des banques.
00:35:02 Pour lui, la plus grande vertu du rachat de crédits est aussi
00:35:06 un piège. Il efface l'historique du mauvais payeur et lui redonne
00:35:10 une virginité bancaire dangereuse.
00:35:13 - Ce débiteur qui a fait racheter ses crédits, il faut le savoir,
00:35:16 il va être l'objet du chant des sirènes.
00:35:18 Même les établissements qu'il a remboursés, il a remboursé
00:35:21 tous les établissements auxquels il devait de l'argent,
00:35:22 vont lui envoyer régulièrement des courriers lui disant mais
00:35:25 vous savez, vous pouvez recommencer.
00:35:27 C'est un bon payeur, il a remboursé.
00:35:29 Et donc, voilà comment on peut se retrouver à nouveau,
00:35:32 en dépit d'un rachat de crédits qui était une solution,
00:35:35 à nouveau dans le piège d'un endettement, d'un mal-endettement.
00:35:38 C'est l'expérience que vit Francisco Almeida, l'homme qui court
00:35:42 aux distributeurs tous les 30 du mois pour tirer un peu d'argent liquide.
00:35:46 - Ça va, jeune homme ?
00:35:48 Rachat de crédits, crédit renouvelable à répétition.
00:35:51 Ça fait 10 ans qu'il est tombé dans tous les pièges du crédit.
00:35:55 À cause d'eux, il fait presque la manche au marché
00:35:56 et compte ses sous à l'euro près.
00:35:58 - Ça va ?
00:35:59 - Bonjour, Monsieur le client.
00:36:01 Tu vas bien ?
00:36:02 - Ça va et toi ?
00:36:03 - Ça va, Doudou ?
00:36:03 - Comme d'habitude.
00:36:04 - Ça va.
00:36:04 - C'est quoi le budget, ici ?
00:36:04 - 5 euros.
00:36:04 5 euros.
00:36:04 J'espère bien qu'il va faire une petite fleur.
00:36:04 Si Francisco Almeida est aujourd'hui au fond du trou,
00:36:20 c'est le résultat d'une longue descente aux enfers.
00:36:23 Trois fois, il a eu recours au rachat de ses crédits,
00:36:26 à chaque fois pour replonger plus profondément encore dans l'endettement.
00:36:29 De retour chez lui, nous découvrons que sa table à manger
00:36:32 est couverte de documents financiers.
00:36:34 Son premier rachat de crédits date de 2005.
00:36:37 Une première banque lui reprend ses crédits pour 20 500 euros.
00:36:42 Il profite alors de ce bol d'air pour contracter d'autres crédits conso
00:36:46 et replonge en seulement 2 ans.
00:36:48 En 2007, une deuxième banque lui rachète ses dettes,
00:36:52 mais la note a grimpé.
00:36:53 Il y en a cette fois pour 37 200 euros.
00:36:56 À chaque opération, M. Almeida se retrouve de plus en plus endetté,
00:37:01 mais il continue sa fuite en avant et reprend encore plusieurs crédits conso.
00:37:05 Pour la troisième fois, une grande banque lui rachète ses dettes en 2011.
00:37:10 Cette fois-ci, il y en a pour 50 000 euros.
00:37:12 Plus M. Almeida croit s'en sortir, plus il s'enfonce.
00:37:16 Car pour lui, emprunter est une tentation permanente,
00:37:21 tant il est facile de décrocher un crédit sur un simple coup de fil.
00:37:24 Il tient à nous en faire la démonstration.
00:37:27 - Je vais appeler la société de crédits,
00:37:31 voir si j'ai de l'argent à prendre.
00:37:32 Il va tout simplement appeler un organisme financier
00:37:36 à qui il a déjà emprunté par le passé
00:37:38 et voir s'il peut à nouveau obtenir de l'argent.
00:37:41 Malgré ses 50 000 euros de dettes, tout va se passer comme sur des roulettes.
00:37:46 - Oui, bonjour, madame.
00:37:49 - Oui, bonjour, monsieur.
00:37:50 Malmoins de 5 000 euros pour la publication.
00:37:52 Vous avez 750 euros de capital des crédits.
00:37:55 Vous pouvez m'envoyer ?
00:37:55 - Et combien de temps, s'il vous plaît, ce sera sur mon compte ?
00:37:58 - Si on vous l'envoie aujourd'hui, dans 48 heures.
00:38:01 - Dans 48 heures.
00:38:02 D'accord, je vous appelle avant l'après-midi, d'accord ?
00:38:04 - D'accord.
00:38:05 - Merci beaucoup, madame. C'est gentil. Au revoir.
00:38:07 - 750 euros, vous n'êtes pas tenté ?
00:38:10 - Je suis, mais quand je vois tout le papier que j'ai là
00:38:14 et toutes les dettes que j'ai, j'essaie d'être plus fort.
00:38:17 Il y a un coup de fil, j'ai 750 euros.
00:38:19 Avec 750 euros, je peux payer mon téléphone, l'Internet.
00:38:22 Ça me peut dépanner.
00:38:23 Il va me rester 200, 300 euros.
00:38:25 Je peux bien faire, je suis à la fin du mois,
00:38:26 même au début du mois prochain.
00:38:27 Mais après, je n'ai pas d'argent pour payer la mensualité.
00:38:31 Finalement, il ne rappellera pas pour débloquer la somme.
00:38:36 - C'est vrai que j'ai besoin, mais je ne vais pas le faire.
00:38:38 J'ai pris la leçon et je vais essayer de résister à la tentation.
00:38:42 Et pourtant, une mauvaise surprise l'attend.
00:38:46 Trois jours plus tard, nous retrouvons le gardien d'immeuble.
00:38:49 Il vient de se rendre compte que sans qu'il les demande,
00:38:52 la société de crédit lui a viré 750 euros sur son compte.
00:38:55 Il est très angoissé.
00:38:56 - L'argent était viré sur mon compte.
00:39:00 Et là, je n'ai rien compris.
00:39:01 Devant nous, M. Almeda va alors rappeler l'organisme de crédit
00:39:07 pour essayer de faire annuler l'opération.
00:39:09 - Oui, bonjour. J'ai un petit souci.
00:39:16 J'ai appelé un conseiller de l'Union Arabe et Normandie à 20h00
00:39:20 pour savoir les situations de mon compte que je n'ai pas touché depuis longtemps.
00:39:24 Et la surprise, c'est qu'aujourd'hui, je regarde sur mon compte bancaire
00:39:28 et là, 750 euros venaient pour l'Union Arabe et le Banque.
00:39:31 Là, je ne comprends rien.
00:39:33 - En fait, vous ne voulez pas les 750 euros, c'est ça?
00:39:36 - Oui.
00:39:37 - Vous ne voulez pas les revirer dans ce cas-là, monsieur?
00:39:39 Vous pouvez nous rembourser soit par chèque, soit par rembourse.
00:39:43 - Oui, j'ai un souci parce que j'étais découvert
00:39:45 sur mon compte bancaire, ils ont pris cet argent.
00:39:47 Sa banque a utilisé les 750 euros pour combler son découvert.
00:39:52 L'homme se sent pris au piège.
00:39:53 - Là, c'est pas normal, là, c'est pas normal.
00:39:58 Il faut payer le frais que je paye.
00:40:00 - Je suis d'accord avec vous, mais par contre,
00:40:02 à vous de nous rembourser les 750 euros.
00:40:05 Non seulement Francisco Almeida n'a pas vu la couleur des 750 euros,
00:40:09 mais en plus, il va devoir rembourser 32 euros par mois,
00:40:12 dont 8 euros d'intérêt s'il ne trouve pas d'autre solution.
00:40:16 Nous avons montré ces images à Serge Maître, le président de la FUB,
00:40:19 l'association de défense des utilisateurs de banques.
00:40:22 Selon lui, cette pratique est illégale.
00:40:25 - Il faut rappeler que c'est une pratique non seulement abusive,
00:40:27 moralement, mais contraire à la loi.
00:40:29 Concrètement, lorsqu'on demande que sur le crédit renouvelable,
00:40:33 vous soit débloqué une somme, il faut le faire.
00:40:35 On le demande, on consent, on exige, mais pas du tout malgré soi.
00:40:39 Or, dans ce cas-là, l'établissement se dispense
00:40:42 totalement du consentement de son client.
00:40:44 Et il y en a la preuve, puisque tout est enregistré.
00:40:47 Et donc, l'usager peut le contester et la contestation pourra
00:40:50 aller jusqu'à obtenir l'annulation des intérêts.
00:40:52 À entendre Serge Maître, M.
00:40:55 Almeida pourrait porter plainte pour vente forcée.
00:40:58 Nous avons contacté l'établissement financier.
00:41:00 Il nous a assuré de son intention de vérifier les circonstances de l'opération.
00:41:04 En attendant, le gardien d'immeuble ne sait pas comment
00:41:08 faire face à sa dette qui continue d'augmenter de mois en mois.
00:41:14 Que se passe-t-il quand les emprunteurs ne peuvent plus payer?
00:41:17 Les sociétés de crédit et les banques ont récemment pris conscience
00:41:20 des risques que leurs clients se révèlent incapables de les rembourser.
00:41:23 Retour chez cette élème.
00:41:26 Depuis 2010, la société a créé un département spécialisé consacré
00:41:30 à la détection des clients en difficulté dans cet immeuble à Levallois-Perret.
00:41:35 Dès que des clients semblent avoir des problèmes,
00:41:40 le job de Jamila et ses collègues, c'est de les contacter.
00:41:44 - Vous les définit financièrement ou vous les décommandez?
00:41:53 - Un peu financièrement et puis on fait toutes les courses.
00:41:56 - En fait, on a pris le piège bête des revolving et on se concentre pas.
00:42:00 On est au fil de la gorge.
00:42:00 - Je ne peux plus. Moi, j'ai pas de crédit, j'ai que des réserves.
00:42:03 Le but, c'est de repérer les clients qui ont des soucis d'argent
00:42:09 et de leur tenir la tête hors de l'eau.
00:42:11 D'abord, c'est de l'écouter du conseil.
00:42:14 Au bout du fil, Jamila a une mère de famille de quatre enfants.
00:42:19 Elle rembourse aux sept élèmes 96 euros par mois de crédit renouvelable,
00:42:23 dont 50 euros de capital.
00:42:25 Et à chaque fois qu'elle rembourse ses 50 euros,
00:42:28 elle les réemprunte immédiatement.
00:42:30 Résultat, pour pouvoir emprunter 50 euros chaque mois,
00:42:33 elle rembourse de plus en plus d'intérêts.
00:42:35 En juin 2011, elle remboursait 70 euros.
00:42:39 En février 2012, 75 euros.
00:42:42 Aujourd'hui, elle rembourse plus de 96 euros.
00:42:45 Plus elle utilise son crédit, plus elle s'endette
00:42:48 et semble avoir des difficultés à boucler ses fins de mois.
00:42:51 - D'accord, donc là, si j'ai bien compris, madame,
00:42:54 le but de votre appel, c'était simplement d'utiliser votre disponible.
00:42:58 D'accord. Et vous me disiez que vous en serviez pour finir un petit peu les fins de mois.
00:43:01 Concernant votre disponible, vous avez un disponible de 50 euros.
00:43:08 - Oui, je le fais tous les mois.
00:43:09 - Vous le faites tous les mois ?
00:43:10 Dès que la mensualité est prélevée, vous réutilisez votre disponible.
00:43:17 Djabila, la conseillère, sait qu'avoir systématiquement recours
00:43:21 au crédit renouvelable pour finir le mois est un signe de dérapage financier.
00:43:25 Elle tente quelques conseils de bonne gestion.
00:43:27 - Le but, c'est de remettre à jour et c'est de pouvoir trouver peut-être
00:43:31 une solution autre que d'utiliser le crédit renouvelable,
00:43:34 sachant qu'aujourd'hui, le crédit renouvelable,
00:43:35 vous avez un toit assez important.
00:43:37 - Pour l'instant, je fais comme ça, donc...
00:43:39 - C'est votre fonctionnement ?
00:43:40 - Oui, voilà.
00:43:40 C'est pas une solution, on va dire.
00:43:40 Mais bon, pour l'instant, tout marche bien comme ça, donc...
00:43:40 Je reste comme ça.
00:43:40 - D'accord, c'est un fonctionnement qui vous va bien.
00:43:40 D'accord.
00:43:40 Djabila pourrait refuser le virement ou diriger la cliente
00:43:59 vers une association d'aide aux personnes endettées.
00:44:01 Finalement, elle décide de lui envoyer les 50 euros qu'elle demande.
00:44:06 - Je vous fais le virement d'aide aujourd'hui.
00:44:07 Nous l'interrogeons sur cette décision.
00:44:10 - Notre but, c'est de remettre la partie budgétaire et personnelle
00:44:15 du client à jour.
00:44:16 Si on voit que tout va bien et que le client lui-même le dit,
00:44:19 après, on est...
00:44:20 Quelque part, on est impuissant.
00:44:21 La conseillère n'a pas insisté pour une raison simple.
00:44:25 Une cliente sur le fil du rasoir est une cliente qui rapporte
00:44:28 toujours de l'argent.
00:44:29 Et la mission de Djamila, c'est avant tout d'éviter les incidents
00:44:33 de paiement, d'empêcher que la cliente interrompe ses remboursements.
00:44:36 C'est ce que nous confirme la responsable de BNP Paribas,
00:44:41 la maison mère de cet élème.
00:44:43 - Notre objectif dans le traitement de nos clients en difficulté,
00:44:50 c'est effectivement d'éviter ce premier impayé,
00:44:53 parce que nous voudrions que nos clients soient en mesure
00:44:56 de rembourser, évidemment, les crédits qu'ils ont souscrit
00:44:59 auprès de nous.
00:44:59 Sinon, nous pouvons fermer boutique.
00:45:02 Donc, je crois que ça, c'est vraiment la philosophie
00:45:04 très commerciale qui sous-tend tout ça.
00:45:06 Quand les endettés ne peuvent plus rembourser du tout,
00:45:10 changement de ton.
00:45:11 C'est là qu'ils font connaissance avec un service très particulier
00:45:14 des organismes de crédit, le service recouvrement.
00:45:17 Cet élème, comme tous ses concurrents, a refusé de nous ouvrir
00:45:20 les portes de ce service.
00:45:22 La deuxième façon pour certains organismes de crédit
00:45:26 de récupérer leurs impayés, c'est de sous-traiter le recouvrement
00:45:29 à des sociétés indépendantes aux méthodes souvent décriées.
00:45:32 Toutes ont refusé de nous recevoir.
00:45:35 Alors, pour comprendre comment travaillent ces sous-traitants,
00:45:39 nous décidons d'infiltrer l'une de ces sociétés en caméra cachée.
00:45:43 Nous nous faisons embaucher en tant qu'agent de recouvrement.
00:45:49 L'affaire n'a pris que quelques jours et un seul entretien d'embauche.
00:45:56 La société est installée quelque part en région parisienne.
00:46:00 Ici, une vingtaine d'agents travaillent pour le compte
00:46:04 des plus grands acteurs du marché du crédit.
00:46:06 Le contrat, c'est un CDI payé un peu plus que le SMIC.
00:46:13 1640 euros bruts par mois.
00:46:25 Notre travail, ce sera de récupérer le maximum d'argent
00:46:28 auprès des débiteurs qui refusent de payer,
00:46:30 avec des méthodes très surprenantes.
00:46:32 En guise de mise en jambe, nous avons droit à deux jours de formation.
00:46:37 Nos deux professeurs s'appellent Julien, le chef de l'équipe,
00:46:39 et Franck, deux ans de métier.
00:46:42 Julien nous parle tout de suite d'objectifs à atteindre.
00:46:46 A terme, chaque agent doit récupérer au minimum 26 000 euros
00:46:54 d'impayés chaque mois.
00:47:22 Un agent de recouvrement peut gagner jusqu'à 400 euros de primes
00:47:25 par mois s'il dépasse ses objectifs.
00:47:27 Et ces jeunes chasseurs de primes sont prêts à tout
00:47:43 pour récupérer de l'argent.
00:47:45 La première difficulté, c'est de localiser les mauvais payeurs.
00:47:50 Une difficulté face à laquelle Franck a quelques ficelles.
00:47:53 Quand le débiteur reste introuvable ou refuse de répondre
00:47:57 au téléphone pour mettre la pression sur ce débiteur,
00:48:01 il n'hésite pas à appeler ses voisins et à se faire passer
00:48:04 pour quelqu'un d'autre.
00:48:05 Avertir les voisins, une stratégie pour embarrasser
00:48:30 les débiteurs afin qu'ils sortent du bois.
00:48:33 Se faire passer pour quelqu'un d'autre est strictement illégal,
00:48:36 mais en réalité, les agents ici semblent respecter peu de règles.
00:48:39 Pour faire du chiffre, Julien a mission d'encaisser
00:48:42 le maximum au plus vite.
00:48:43 Là, par exemple, un client propose de rembourser en quatre fois.
00:48:47 Il va tout faire au téléphone pour qu'il paye en trois fois seulement.
00:48:52 - Vous souhaitez régulariser 255,96 euros en quatre fois, c'est ça?
00:48:56 Je pourrais même calculer, mais là, ça va être un petit peu dur.
00:49:01 Aujourd'hui, nous n'avons pas rajouté ni de frais ni d'intérêt de retard.
00:49:05 Monsieur, vous comprenez?
00:49:06 Si vous souhaitez régulariser en quatre fois, ça fera comme un crédit.
00:49:09 Et là, on va vous demander des frais et des intérêts de retard.
00:49:13 Convaincu ou effrayé, le débiteur accepte de payer
00:49:18 en trois chèques au lieu de quatre.
00:49:20 Julien n'a pas hésité à abuser de l'ignorance de son interlocuteur.
00:49:24 Il est content de son coup.
00:49:25 Le bluff semble être une arme habituelle pour ces jeunes agents
00:49:42 de recouvrement et avec les débiteurs les plus récalcitrants.
00:49:46 Il n'hésite pas non plus à employer la menace.
00:49:51 - Moi et un correspondant judiciaire, donc un huissier de justice,
00:49:54 je m'interviendra à votre domicile au 59 Boulevard...
00:49:57 A Vénissieux, OK?
00:49:59 Et on fera l'inventaire des biens, donc votre canapé, tout ça, etc.
00:50:03 Et vous, on le saisira et on le vendra aux ventes aux enchères.
00:50:06 Ce sera beaucoup plus simple, je pense.
00:50:08 Je vais couper vos vivres, madame.
00:50:11 Au revoir, madame.
00:50:11 En réalité, dans ce dossier, Julien n'a pas le droit
00:50:16 de faire appel à un huissier et il le sait.
00:50:20 - Genre là, tu l'as dit, les huissiers vont arriver dans deux semaines.
00:50:24 C'est le cas ou pas?
00:50:24 - Non, c'est pas le cas.
00:50:24 - OK.
00:50:24 - Avec du bluff.
00:50:24 - Ouais, ça sera avec du bluff.
00:50:24 Sauf si, en dossier de titulaire.
00:50:24 Avant de faire appel à un huissier pour saisir les biens d'un débiteur,
00:50:37 la société de recouvrement a besoin de ce qu'on appelle un titre exécutoire,
00:50:41 un tapis officiel suite à une décision de justice.
00:50:44 Et comme dans ce cas là, elle ne l'a pas toujours.
00:50:48 Les jeunes gens utilisent au téléphone des méthodes illégales
00:50:51 et ils le savent très bien.
00:50:52 Nous nous en rendons compte à l'heure de la pause café.
00:50:55 - Tout dépend comment vous êtes placé, avec qui vous êtes placé,
00:50:58 et surtout de vive voix.
00:51:01 Parce que souvent, les messages répondeurs...
00:51:02 Moi, j'ai eu...
00:51:02 Il a déjà été au commissariat pour nous l'appeler.
00:51:02 Et le problème, c'est que c'est toi qui es responsable.
00:51:02 Mais quand les débiteurs ne se laissent pas impressionner,
00:51:13 Julien et ses collègues ne désarment pas pour autant.
00:51:15 Ils n'hésitent pas à hausser le ton.
00:51:18 - Je suis désolé, nous ne pouvons pas s'en prendre.
00:51:20 - Non, monsieur...
00:51:22 Monsieur...
00:51:23 Monsieur...
00:51:24 Non, attendez, attendez.
00:51:25 Attendez.
00:51:26 Monsieur...
00:51:27 J'arrête avec vous.
00:51:28 Je vais devoir prendre une aspirine.
00:51:29 Allô ?
00:51:30 Allô ?
00:51:31 - Je vous explique, nous, là, nous suivons aussi...
00:51:32 - Allô ?
00:51:33 Vous m'entendez ?
00:51:34 Vous m'entendez ?
00:51:35 Vous m'entendez ?
00:51:36 Ou pas ?
00:51:37 Vous souhaitez régulariser par voie mienne ?
00:51:38 Très bien.
00:51:39 Envoyez l'argent ce mois-ci.
00:51:40 Vous ne souhaitez pas.
00:51:41 Moi, c'est tout simple.
00:51:42 Je passe par le bas judiciaire.
00:51:43 Parce que là, j'en ai vraiment...
00:51:44 Marre !
00:51:45 Au revoir, monsieur !
00:51:46 Au revoir !
00:51:47 Au revoir !
00:51:48 - Effectivement...
00:51:49 - A bout d'arguments, Julien a perdu son sang-froid.
00:51:50 Cette fois-ci, il n'a pas eu le dernier mot.
00:51:51 Son interlocuteur n'a pas encore remboursé ses dettes.
00:51:52 En région parisienne, un couple de retraités a fait les frais des méthodes de certaines
00:51:53 sociétés de recouvrement.
00:51:54 Thérèse et Guy ont 74 ans.
00:51:55 Ils ont été en retraite depuis le début de leur carrière.
00:51:56 - Je suis un peu déçu.
00:51:57 - C'est pas grave.
00:51:58 - Je suis un peu déçu.
00:51:59 - Je suis un peu déçu.
00:52:00 - Je suis un peu déçu.
00:52:01 - Je suis un peu déçu.
00:52:02 - Je suis un peu déçu.
00:52:03 - Je suis un peu déçu.
00:52:04 - Je suis un peu déçu.
00:52:05 - Je suis un peu déçu.
00:52:06 - Je suis un peu déçu.
00:52:07 - Je suis un peu déçu.
00:52:08 - Je suis un peu déçu.
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00:52:11 - Je suis un peu déçu.
00:52:12 - Je suis un peu déçu.
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00:52:17 - Je suis un peu déçu.
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00:52:19 - Je suis un peu déçu.
00:52:20 - Je suis un peu déçu.
00:52:21 - Je suis un peu déçu.
00:52:22 - Je suis un peu déçu.
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00:52:30 - Je suis un peu déçu.
00:52:31 - Je suis un peu déçu.
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00:52:40 - Je suis un peu déçu.
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00:53:06 - Je suis un peu déçu.
00:53:07 - Je suis un peu déçu.
00:53:08 - Je suis un peu déçu.
00:53:10 - Voilà comment ça s'est passé.
00:53:11 Certaines sociétés de recouvrement n'en restent pas à ces harcèlements téléphoniques.
00:53:15 Elles agitent aussi des menaces écrites.
00:53:18 - Ils me menacent de m'enlever mon véhicule,
00:53:23 les blocages de mes comptes bancaires, la vente de mon mobilier,
00:53:27 la saisie sur mon salaire.
00:53:29 Je ne sais pas, c'était 5 ou 6 lettres qu'on recevait.
00:53:32 Le facteur, il n'avait jamais eu un client comme moi.
00:53:37 On était comme ça.
00:53:40 Le couple a même un temps envisagé le pire.
00:53:43 - Avec une solution, c'était de se supprimer pour arrêter tout.
00:53:48 C'était la solution.
00:53:49 On y a pensé.
00:53:51 Ici, on est au sixième, en fait, et puis c'est fini.
00:53:54 Après trois ans de harcèlement, les pressions des créanciers ont cessé,
00:53:58 au moins provisoirement, car le couple bénéficie d'une procédure
00:54:02 de surendettement qui suspend les remboursements.
00:54:06 La procédure de surendettement, c'est la dernière bouée de sauvetage
00:54:14 des Français qui n'arrivent plus à rembourser leurs dettes.
00:54:16 Ça se passe à la Banque de France.
00:54:18 La loi autorise tout débiteur à demander à étaler ou même effacer ses dettes.
00:54:23 Pour cela, il suffit de remplir un dossier dans lequel on détaille
00:54:27 ses revenus et ses crédits.
00:54:28 Chaque année, 230 000 ménages sollicitent cette aide.
00:54:33 Dans chaque Banque de France, de chaque département,
00:54:37 tous les mois au minimum, une commission examine ses demandes.
00:54:41 Autour de la table, un représentant du préfet,
00:54:44 un employé de la Banque de France, un employé du fisc,
00:54:47 un membre d'associations de consommateurs, un représentant des banques,
00:54:51 un juriste et une assistante sociale.
00:54:54 Il arrive que la commission refuse toute intervention
00:54:57 si elle estime les débiteurs de mauvaise foi.
00:54:59 Mais la plupart du temps, elle propose d'effacer les dettes
00:55:02 ou de rééchelonner les remboursements.
00:55:04 Si les créanciers ou le surendetté ne sont pas d'accord avec la décision,
00:55:09 ils peuvent saisir la justice.
00:55:11 L'affaire se règle alors au tribunal d'instance.
00:55:14 Notre enquête nous emmène à Douai, dans la région du Nord Pas-de-Calais.
00:55:23 Dans cette ville de 42 000 habitants, la précarité financière
00:55:27 est devenue presque banale.
00:55:28 23% de la population est au chômage.
00:55:31 La région est championne de France du surendettement.
00:55:34 Elle représente 10% des dossiers présentés à la Banque de France.
00:55:38 Au tribunal d'instance de Douai se tient aujourd'hui
00:55:43 une audience exclusivement consacrée aux dossiers de surendettement.
00:55:46 Exceptionnellement, le vice-président du tribunal, Didier Lyonnet,
00:55:51 nous a autorisés à la filmer.
00:55:55 Un peu comme une cour d'appel, le magistrat a tout pouvoir
00:55:58 pour valider ou invalider les décisions de la Banque de France,
00:56:01 pour confirmer, réétaler ou effacer les dettes des personnes
00:56:05 qui se présentent devant lui.
00:56:06 Ce jour-là, 23 surendettés ont fait le déplacement à l'audience.
00:56:11 L'un après l'autre, ils vont tenter d'infléchir le juge
00:56:14 pour qu'il allège leur dette.
00:56:16 À son entrée dans la salle, on pourrait entendre voler les mouches.
00:56:22 - L'audience de surendettement des particuliers est ouverte.
00:56:25 Vous pouvez vous asseoir.
00:56:26 Alors, nous procédons à l'appel du rôle d'aujourd'hui.
00:56:31 - Les épouses d'AJT.
00:56:33 - Messieurs, dames, bonjour.
00:56:36 - Vous êtes mariés ou non?
00:56:37 Premier convoqué, un couple de quinquagénaires confrontés à la crise.
00:56:41 Lui a un petit salaire.
00:56:42 Elle vient de perdre son emploi.
00:56:43 - Alors, vous contestez les mesures imposées par la commission
00:56:48 de surendettement.
00:56:51 - Vous faites état de 4 crédits, 2 facettes de crédit mutuel
00:56:57 pour un encours global de 9500 à peu près 12500 euros.
00:57:04 Selon le plan proposé par la Banque de France quelques mois plus tôt,
00:57:08 le couple devrait rembourser 600 euros par mois à ses créanciers.
00:57:11 Mais même s'il a déjà fait beaucoup d'efforts,
00:57:14 il est aujourd'hui dans l'incapacité d'honorer ses dettes.
00:57:19 - Mais là, en ce moment, on n'arrive pas.
00:57:20 Parce qu'en fait, on nous tireille de partout.
00:57:22 Parce qu'on a quitté un logement, on a fait un logement tout petit
00:57:26 pour dire de payer moins de loyer.
00:57:27 - Le problème, c'est que les 540 euros qu'on a à l'heure actuelle,
00:57:31 elles ne les auront plus.
00:57:32 Mais c'est ça, ça ne reste qu'un jour.
00:57:34 Suite à la perte d'emploi récente de Madame,
00:57:37 le couple demande à ce que le juge divise ses mensualités par deux.
00:57:41 - En tout cas, la décision aura nécessairement des conséquences
00:57:46 sur votre budget.
00:57:49 - Voilà, messieurs dames.
00:57:50 Le juge ne prend pas sa décision tout de suite.
00:57:53 Le couple apprendra le jugement deux mois plus tard par lettre recommandée.
00:57:57 Le tribunal accepte de renvoyer le dossier à la commission
00:58:00 de surendettement pour qu'elle leur accorde un échéancier plus favorable.
00:58:03 D'autres débiteurs sont dans une situation encore plus dramatique.
00:58:08 C'est le cas de cette mère de famille de quatre enfants.
00:58:11 Depuis 20 ans, elle ne parvient jamais à honorer les obligations
00:58:15 de ses plans de remboursement successifs.
00:58:17 - Donc, en fait, ce sont des problèmes locatifs
00:58:19 qui vous ont conduit à redéposer un dossier.
00:58:21 - D'accord.
00:58:22 - Alors, la commission dit que vous en êtes à votre huitième dossier,
00:58:29 parce que vous avez commencé en 1993.
00:58:32 En 95, il y a eu un plan sur trois ans.
00:58:36 En 2001...
00:58:37 Selon le dernier plan de la Banque de France,
00:58:39 la dame doit rembourser 147 euros par mois.
00:58:42 Ça paraît peu, mais elle vient aussi de perdre son travail d'aide à domicile.
00:58:47 Elle attend du juge, qui leur donne à la Banque de France
00:58:49 de réexaminer tout son dossier et d'effacer la totalité de ses dettes.
00:58:53 - Alors, la commission ne dit pas que vous êtes de mauvaise foi.
00:58:57 La commission ne dit pas que vous êtes de mauvaise foi,
00:58:59 mais elle dit qu'en principe, de son point de vue,
00:59:01 vous devriez pouvoir tenir le plan.
00:59:04 Simplement, elle dit aussi que vous devriez être mieux organisé
00:59:07 pour gérer votre budget, qu'a priori, c'est pas trop bien géré.
00:59:11 Le magistrat fait une leçon de morale,
00:59:13 mais ne laisse rien filtrer de ses futures décisions.
00:59:16 - Premièrement, est-ce que vous voulez ajouter quelque chose en votre faveur?
00:59:20 Non? Bon, je vais regarder tout ça.
00:59:24 Le jugement sera rendu...
00:59:26 Deux mois plus tard, elle apprendra que le juge
00:59:29 a confirmé la décision de la commission de surendettement.
00:59:31 Elle va devoir trouver une solution pour rembourser ces 147 euros par mois.
00:59:35 - C'est un recours...
00:59:38 Ce jour-là, comme souvent, il n'y a pas que des victimes de la crise.
00:59:41 Il y a aussi des histoires ubuesques.
00:59:44 - Vous disposez d'un bien de 238 000 euros,
00:59:47 de ressources de 3948 euros par mois
00:59:52 et votre endettement ressort à 327 660 euros,
00:59:56 dont 18 crédits à la consommation pour 228 330 euros.
01:00:01 Le cas de ce couple est exceptionnel.
01:00:03 Ils ont 18 crédits en cours à rembourser,
01:00:05 mais la Banque de France a refusé de les aider.
01:00:08 - Vous avez fait des retraits d'argent en Belgique pour jouer au casino.
01:00:11 Vous disposez de quatre comptes bancaires.
01:00:14 Et une interdiction au jeu, puisque vous continuez à jouer en Belgique.
01:00:18 Donc, la commission dit les crédits ont été souscrits
01:00:21 pour jouer régulièrement au casino.
01:00:23 La Banque de France les accuse d'être de mauvaise foi.
01:00:26 Le juge leur demande des explications.
01:00:29 Leurs arguments pour se défendre sont particulièrement audacieux.
01:00:32 - C'était, on va dire, une thérapie pour lui.
01:00:36 Il en avait un peu besoin, moralement.
01:00:41 - Il avait besoin, moralement, d'aller jouer un peu en Belgique?
01:00:44 L'addiction est telle que quand même, si monsieur ne joue pas un minimum,
01:00:50 ça ne va pas.
01:00:50 Vous savez, je ne suis pas psychiatre, mais vous savez qu'au final,
01:00:55 au casino, c'est toujours le casino qui gagne.
01:00:57 Ça, c'est du bon sens.
01:01:00 Pas sûr que le juge soit sensible à leurs arguments.
01:01:03 - Voilà, messieurs, dames.
01:01:05 Deux mois plus tard, il refusera de réétaler les dettes du couple
01:01:11 auprès des organismes de crédit.
01:01:12 - Là, les dossiers que j'ai eus ce matin, la plupart d'entre eux,
01:01:17 j'avais entre 5 et 8 crédits et j'en avais plus de la moitié
01:01:21 qui étaient des revolving, des renouvelables.
01:01:23 Alors, il y a la facilité qu'ils peuvent être reprochés aux débiteurs
01:01:27 parce qu'ils ne sont pas raisonnables dans la gestion de leur budget.
01:01:31 Il peut y avoir aussi la facilité reprochable aux créanciers
01:01:34 d'attribuer en un coup de téléphone, sans vérification suffisante,
01:01:38 du crédit facile.
01:01:40 Ce jour-là, il n'y a qu'un seul créancier présent dans la salle
01:01:43 d'audience, cette salariée d'un office HLM de Douai, Nohrévie.
01:01:47 Elle poursuit plusieurs locataires en retard de paiement de leurs loyers.
01:01:50 - Ensuite, on a encore un Nohrévie avec Jean-Paul Derambure.
01:01:56 Approchez, monsieur.
01:01:58 Ironie de l'histoire, Jean-Paul Derambure risque de perdre
01:02:02 son appartement pour des loyers impayés, alors même que la commission
01:02:05 de surendettement vient de préconiser l'effacement de tous ses crédits
01:02:08 à la consommation.
01:02:09 Mais comme souvent dans ce genre d'affaires, ça ne suffit pas.
01:02:12 Et tranglé par ses crédits, il a fait l'impasse sur ses loyers.
01:02:15 - Malheureusement, nous n'avons jamais eu de réponse de la part
01:02:19 de monsieur Derambure pour essayer d'améliorer sa situation.
01:02:23 À part, effectivement, ce dossier de surendettement déposé récemment.
01:02:28 Nous l'avons rencontré chez lui quelques heures avant de passer
01:02:32 au tribunal.
01:02:33 Ce père de quatre enfants est agent d'entretien de la ville de Douai.
01:02:38 Avec un SMIC, il a le plus grand mal à faire vivre ses deux derniers,
01:02:42 en partie à sa charge.
01:02:43 Lors de son divorce, Jean-Paul Derambure a dû quitter
01:02:47 le domicile familial du jour au lendemain.
01:02:49 Pour meubler son nouvel appartement, il a fallu tout racheter.
01:02:53 C'est là qu'il a souscrit plusieurs crédits renouvelables.
01:02:55 Pour acheter cette gazinière.
01:02:57 - Le frigo.
01:03:00 La télé.
01:03:02 Une chaîne I.V.
01:03:07 Jean-Paul Derambure vit simplement, mais il souhaitait pouvoir
01:03:10 accueillir ses enfants dignement lors de la garde partagée.
01:03:12 - C'était un truc nécessaire.
01:03:16 C'est vraiment un truc très utile.
01:03:18 Pas pour...
01:03:21 Je n'ai pas acheté ça comme ça pour que ce soit chic, tout ça, non.
01:03:25 C'est parce que j'en avais besoin par rapport aux enfants.
01:03:27 Crédit voiture compris, monsieur Derambure a cumulé
01:03:30 jusqu'à 27 000 euros de dettes.
01:03:32 Les remboursements finit par représenter plus de la moitié
01:03:34 de son salaire.
01:03:36 C'est là qu'il a arrêté de payer son loyer.
01:03:37 - Il y a certaines choses que j'achète, certaines choses
01:03:40 que je n'achète pas, que je ne peux pas trop me permettre.
01:03:42 Donc, je leur dis et je leur fais comprendre.
01:03:44 - On comprend.
01:03:47 Vu la gravité de sa situation, la Banque de France a préconisé
01:03:53 l'effacement total de ses dettes en juin dernier.
01:03:55 C'est cette décision que conteste aujourd'hui la représentante
01:03:59 de l'office HLM.
01:04:00 Elle réclame précisément 1576 euros d'arrière et de loyer.
01:04:05 - Vous avez compris, monsieur, ce que dit Norévi?
01:04:10 Qu'est ce que vous répondez à ça?
01:04:13 Qu'est ce que vous en dites?
01:04:14 - Moi, je lui ai demandé s'il pouvait avoir, s'il pouvait
01:04:17 retirer 50 euros sur le loyer en plus, le loyer que j'avais,
01:04:21 et voir si on pouvait faire.
01:04:22 Il m'a dit qu'il ne faisait plus tout ça.
01:04:24 Au rythme de 50 euros par mois, Jean-Paul Derambure aura
01:04:28 remboursé son bailleur dans trois ans.
01:04:30 Mais l'organisme HLM semble beaucoup plus pressé de récupérer
01:04:34 son appartement.
01:04:35 - Effectivement, il y a une procédure de résiliation de baille
01:04:38 qui a été engagée.
01:04:40 Monsieur Derambure la prend sous nos yeux.
01:04:42 Résiliation de baille, ça veut dire qu'il risque l'expulsion.
01:04:46 - Bien, d'accord.
01:04:48 Le jugement sera rendu le 11 janvier.
01:04:51 À la sortie de la salle d'audience, le père de famille
01:04:56 encaisse le coup.
01:04:56 - Il a dit qu'il allait bien préciser qu'il y avait une autre
01:05:03 poursuite de jugement qui était en cours pour expulsion
01:05:07 de...
01:05:07 Expulsion du logement.
01:05:09 - Et ça vous fait peur ?
01:05:12 - Expulsion, oui.
01:05:14 Si je suis expulsé, je vais vivre où ?
01:05:16 Je ne peux pas vivre dans la famille, je ne peux pas vivre dehors non plus.
01:05:20 Pour s'être trop endetté, Monsieur Derambure risque
01:05:25 de perdre son appartement.
01:05:26 - L'audience est levée.
01:05:31 En réalité, le magistrat confirmera deux mois plus tard
01:05:34 l'effacement des loyers en retard dû par Jean-Paul Derambure.
01:05:37 Le père de famille ne devrait pas être expulsé.
01:05:39 Pour le juge, la responsabilité du surendettement est bien
01:05:44 souvent partagée entre les débiteurs et les créanciers.
01:05:47 Pourtant, les banques et les sociétés de crédit, comme ce jour-là,
01:05:50 ne se présentent que rarement aux audiences.
01:05:52 Et il y a une bonne raison.
01:05:54 - Dès lors qu'une créance commence à connaître des impayés
01:05:59 et qu'elle entre dans la phase du surendettement des particuliers,
01:06:02 à ce moment-là, d'un point de vue comptable en termes de gestion
01:06:06 d'entreprise, pour ce créancier, elle devient une créance douteuse.
01:06:10 Dans leur comptabilité, pas ces créances comme étant perdues.
01:06:13 De leur point de vue, elles sont perdues.
01:06:16 Donc, ils ne vont pas faire d'efforts très importants
01:06:19 pour chercher à les récupérer.
01:06:25 Après la détection à l'amiable, après les méthodes plus musclées
01:06:29 de recouvrement, les sociétés de crédit préfèrent souvent
01:06:32 arrêter de se battre pour quelques centaines ou quelques
01:06:35 milliers d'euros.
01:06:35 Chaque année, les mauvais payeurs ne représentent que 2 à 3 %
01:06:39 de pertes dans leurs comptes.
01:06:40 Malgré ces quelques pourcents d'impayés, pour les banques,
01:06:44 le crédit à la consommation reste une affaire très rentable.
01:06:48 Ce sont le plus souvent les couples endettés qui payent
01:06:51 les pots cassés.
01:06:53 Même si certains sont parfois prêts à toutes les astuces
01:06:55 pour continuer à vivre à crédit.
01:06:57 A Bordeaux, c'est le cas de Naïma, la mère de famille qui
01:07:01 négocie tous les mois chez son huissier.
01:07:03 Interdite bancaire, elle n'a plus le droit de contracter
01:07:06 le moindre crédit et à déposer un dossier de surendettement.
01:07:09 Et pourtant, elle va quand même faire des courses.
01:07:12 Ce jour là, elle est venue acheter du mobilier à crédit.
01:07:16 Elle a donné rendez vous à une amie et ce n'est pas par hasard.
01:07:21 Les deux jeunes femmes vont faire une petite folie.
01:07:23 Naïma va acheter et c'est son amie qui va prendre un crédit
01:07:27 à sa place.
01:07:27 Elles s'arrangeront ensuite entre elles.
01:07:29 - Mais aujourd'hui, moi, je ne vais rien payer.
01:07:32 Et mon amie non plus, parce que nos chers magasins et la
01:07:36 société de consommation nous offrent des achats aujourd'hui
01:07:39 et sans payer aujourd'hui, dans trois mois.
01:07:41 Donc d'ici trois mois, j'aurai le temps de faire quelques
01:07:44 économies et puis je réglerai mon amie en espèces.
01:07:46 - Donc c'est votre copine, c'est un peu votre banque en ce moment.
01:07:49 - Oui.
01:07:50 - Banque sans intérêt et sans frais.
01:07:55 Faute d'autorisation, nous accompagnons les deux jeunes femmes
01:08:00 dans le magasin en caméra cachée.
01:08:02 Dès son entrée, Naïma est aux anges.
01:08:07 - Il y a de la lumière, c'est beau.
01:08:10 Ça fait rêver, on se croirait au paradis.
01:08:12 La jeune femme s'est fixé un budget de 300 euros,
01:08:17 mais elle est tentée par tout.
01:08:19 Elle commence par penser à ses enfants.
01:08:21 - Bonjour, je voudrais des lits superposés, s'il vous plaît.
01:08:25 - Celui-ci ? - Voilà.
01:08:26 Donc je voudrais...
01:08:27 Premier achat de la journée, des lits superposés, 99 euros.
01:08:34 Le problème de Naïma, c'est que tout lui fait envie,
01:08:38 comme ici, au rayon électroménager.
01:08:40 - C'est pareil, les cafetières.
01:08:42 Pour être à la mode, il faut avoir une Nespresso, une Tassimo.
01:08:45 Minimum, la Senso.
01:08:48 Moi, je vais prendre la cafetière.
01:08:50 - Cafetière, ça va me capoter.
01:08:52 Dans ce rayon-là, elle se montre raisonnable.
01:08:55 Elle opte finalement pour une cafetière à 20 euros.
01:08:57 Mais au rayon luminaire...
01:09:00 - Normalement, c'est ce que je devrais faire,
01:09:02 acheter une boule en papier à 3,43 euros.
01:09:04 Logique.
01:09:05 Normalement, c'est ce que je mérite,
01:09:09 vu que je suis rentrée dans l'endettement.
01:09:11 L'argent, tout simplement, c'est l'argent.
01:09:13 Qui a dit que l'argent ne fait pas le bonheur ?
01:09:16 Qui vienne ?
01:09:18 Incapable de se freiner, la jeune femme finit par choisir
01:09:21 un lustre qui coûte 55 euros.
01:09:23 - A quel moment vous allez dire stop ?
01:09:25 Il ne faut plus rien.
01:09:27 Il faut que j'arrête de consommer.
01:09:28 - Il n'y a jamais de stop, on ne peut pas.
01:09:30 Tant qu'il y a de la consommation et qu'il y a des avances
01:09:33 et des promotions et des magazines, c'est comme quelqu'un
01:09:36 qui est drogué, on ne peut pas l'arrêter du jour au lendemain.
01:09:39 Pas petite dieuse.
01:09:40 - La consommation, c'est un plan drogue.
01:09:40 - Ah oui, c'est une drogue, c'est une énorme drogue.
01:09:43 Au bout d'une heure, la note s'élève à 174 euros.
01:09:46 Ça y est, Naïma a eu sa dose.
01:09:48 Il ne reste plus qu'à se faire financer l'opération par le magasin.
01:09:52 Rendez-vous est pris au point financement.
01:09:54 L'ami de Naïma a apporté tous les documents nécessaires.
01:09:58 - Je me disais que tu es le premier à prendre la carte, pas du tout.
01:09:58 - Je suis à peu près.
01:09:58 - Alors à peu près, présentes, identités ?
01:09:58 - Oui, ça va.
01:09:58 - C'est la bonne adresse ?
01:09:58 - Oui.
01:09:58 - C'est bon.
01:09:58 - C'est de la pauvre vie, hein ?
01:09:58 - Oui.
01:09:58 L'ami n'est pas endetté, la demande de crédit va passer comme une lettre à la poste.
01:09:58 En une demi-heure, l'affaire est bouclée.
01:10:19 - Au revoir.
01:10:23 La consommation, est-ce que ça fait du bien d'acheter ?
01:10:29 - Même quand on apporte, c'est pas grave.
01:10:31 En plus de ses crédits et des échéances chez l'huissier,
01:10:35 Naïma va devoir rembourser à son ami 37 euros par mois, pendant six mois.
01:10:40 - Je vais payer à sa place et on trouvera un petit arrangement,
01:10:45 mais il n'y aura pas de souci.
01:10:46 C'est pas ça qui va arrêter notre métier.
01:10:48 Pour Naïma, une nouvelle fois, la question de l'argent a été repoussée.
01:10:54 A plus tard.
01:10:56 Comme elle, chaque année, des dizaines de milliers de foyers
01:10:59 ont du mal à gérer leur budget.
01:11:00 Selon Crezus, une association qui aide les ménages surendettés,
01:11:07 il est nécessaire de protéger parfois les gens contre eux-mêmes
01:11:10 et contre la tentation du crédit.
01:11:12 Et c'est de la responsabilité des banques, selon le président de Crezus.
01:11:15 Depuis 20 ans, il réclame la création d'un fichier positif.
01:11:20 Un fichier commun à tous les organismes de crédit.
01:11:23 On pourrait y consulter en temps réel l'état d'endettement de chacun d'entre nous.
01:11:26 Et en cas de dérapage, refuser d'accorder un nouveau crédit.
01:11:30 Mais sous la pression des banques, la création de ce fichier
01:11:34 est retardée depuis des années.
01:11:36 - Les banques et les établissements financiers doivent pouvoir vérifier
01:11:39 avant de faire plonger les gens.
01:11:41 Et ça, c'est un scandale.
01:11:42 On est le dernier pays européen à ne pas avoir mis en place un fichier
01:11:47 des crédits pour, justement, éviter que les gens aillent trop loin.
01:11:50 C'est l'intérêt général qui est en cause.
01:11:52 Il n'y a que les pouvoirs publics qui puissent trancher.
01:11:54 C'est ni aux banques de commander, c'est ni aux associations de commander.
01:11:58 On peut suggérer, mais cette fois-ci, il faut du courage.
01:12:01 C'est-à-dire, c'est fini, on ne discute plus, on avance.
01:12:03 On met en place cet instrument parce qu'on a un dossier de surendettement
01:12:07 toutes les deux minutes en France.
01:12:08 C'est énorme. C'est l'équivalent d'une grande ville comme Strasbourg
01:12:11 qui, d'un seul coup, serait surendettée.
01:12:13 Puisque quand vous avez 230 000 dossiers, c'est aussi des enfants,
01:12:17 c'est des maris, des épouses.
01:12:18 Donc, c'est à multiplier par trois, 600 000 personnes
01:12:21 qui, d'un seul coup, sont rayées de la carte,
01:12:23 vivent dans la misère parce que quand on est surendetté,
01:12:27 il ne faut jamais l'oublier. C'est une douleur, c'est une souffrance.
01:12:29 En attendant la mise en place de ce fichier,
01:12:33 l'association a entrepris une vaste campagne d'éducation
01:12:36 afin d'alerter les jeunes sur les pièges du crédit.
01:12:39 Michel et Annie travaillent pour l'association dans la région de Strasbourg.
01:12:43 Ce jour-là, ils vont intervenir dans un lycée professionnel de la Moselle
01:12:51 afin de sensibiliser ces adolescents
01:12:53 qui, dans quelques années, deviendront des consommateurs.
01:12:56 Pour se faire bien comprendre, la formatrice va faire une simulation
01:13:05 en forme de petite histoire de famille.
01:13:08 - Si on veut acheter une voiture, 5 000 euros.
01:13:12 La leçon se veut très pédagogique, les exemples très concrets.
01:13:16 La famille a une capacité de remboursement de 250 euros par mois.
01:13:19 Première étape, tout va bien.
01:13:21 - Est-ce qu'on peut acheter avec...
01:13:22 Est-ce que ça, c'est dangereux ?
01:13:24 Non, parce qu'on a prévu de pouvoir rembourser chaque mois.
01:13:30 On se dit "Allez, ça marche, je fais un petit crédit, pas de souci".
01:13:34 Elle leur explique ensuite qu'il est temps de reprendre de nouveaux crédits.
01:13:38 - Après, on se dit "Ah, j'aimerais bien un écran plat, c'est quand même mieux".
01:13:43 On achète une télé, écran plat.
01:13:46 On va dire 700.
01:13:47 700 euros.
01:13:51 Et puis après, il y a la machine à laver qui pète.
01:13:54 Alors là, ça, c'était pas prévu.
01:13:57 Ça, c'est la tuile.
01:13:58 Machine à laver, combien ?
01:14:00 500 euros.
01:14:02 Là encore, il faut prendre un nouveau crédit.
01:14:04 Résultat, des centaines d'euros à rembourser chaque mois,
01:14:07 sans même s'en être rendu compte.
01:14:08 À l'aide d'une image simple, elle leur donne la morale de la fable.
01:14:12 - Quand il y a comme ça des choses qui s'accumulent,
01:14:15 qu'est-ce qu'on est tenté de faire, au final ?
01:14:17 Et voilà. Et là, c'est l'engrenage.
01:14:20 On refait un autre.
01:14:20 Et ça s'appelle un peu le crédit revolving.
01:14:23 Et petit à petit, qu'est-ce qu'on fait ?
01:14:25 Gloup, comme le bon nageur.
01:14:27 Eh ben, on boit la tasse.
01:14:29 Et puis, on en a jusque là.
01:14:30 Et là, on va commencer à être dans une situation où il va falloir
01:14:35 qu'on serre la vis, qu'on serre la ceinture.
01:14:38 Et si on n'arrive pas, qu'est-ce qu'on fait ?
01:14:41 On les a ?
01:14:42 La classe s'amuse, mais apparemment, à la fin du cours,
01:14:48 le message est passé.
01:14:49 - Tu vas prendre les crédits facilement ou tu vas te méfier un peu ?
01:14:55 - Non, je vais me méfier.
01:14:56 Puis j'en prendrai un quand il y a de besoins vraiment inhabituels.
01:15:01 - Bah oui, il faut un peu faire gaffe à ses revenus et tout ça,
01:15:04 pour ne pas avoir trop d'emprunts, trop de dettes.
01:15:08 - T'as l'impression que ça peut être dangereux ?
01:15:10 - Oui, surtout maintenant, en temps de crise.
01:15:14 Victime de la crise, mauvaise gestion du budget familial
01:15:19 ou accident de la vie, comme Naïma, Jean-Paul de Rambur ou Francisco Almeida,
01:15:24 plus de 230 000 Français ont déposé un dossier de surendettement l'an dernier,
01:15:27 un record.
01:15:28 La même année, les quatre plus grandes banques françaises,
01:15:32 elles, ont réalisé 8,5 milliards d'euros de bénéfices.
01:15:36 Sous-titrage ST' 501
01:15:38 [Musique]

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