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La terrible bataille du Chemin des Dames, aussi appelée seconde bataille de l'Aisne ou « offensive Nivelle » a eu lieu pendant la Première Guerre mondiale, le 16 avril 1917 à 6h du matin. C'est la tentative française de rupture du front allemand entre Soissons et Reims vers Laon, sous les ordres du général Nivelle, qui commença ce conflit.
Retour sur une des plus grandes batailles de la Première Guerre mondiale, avec une reconstitution parfaite du combat, et de nombreuses images d'archives.

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00:00:00Ma chère femme, dans quelques heures ça y est au Malou.
00:00:30Tous les gars autour de moi nourrissent les plus beaux espoirs.
00:00:34Le lieutenant a refusé de prendre sa permission pour aider notre.
00:00:37Cette fois, ce sera la dernière offensive.
00:00:41Si tu voyais le nombre de canons dont nous disposons, tu serais épaté.
00:00:45Les poches n'ont qu'à bien se tenir.
00:00:47Demain, nous aurons enfoncé leurs lignes.
00:00:5516 avril 1917, 6 heures du matin.
00:00:59Le printemps tarde à venir dans le nord de la France.
00:01:01Une pluie froide noie le chemin des Danes.
00:01:05Il va bientôt neiger sur tout le département de l'Aisne.
00:01:09Pourtant, tous les poilus qui montent à l'assaut ce jour-là en sont sûrs.
00:01:13Cette fois, ce sera la fin de la guerre.
00:01:16L'offensive décidée par le nouveau commandant en chef, le général Nivelle,
00:01:20doit tout emporter sur son passage.
00:01:22Depuis 5 jours, chaque minute, 533 obus ont été tirés sur les lignes allemandes.
00:01:29Plus d'un million de poilus a été rassemblés sur un front d'une trentaine de kilomètres.
00:01:36Il y a là 17 corps d'armée, regroupant 56 divisions dont 4 d'infanterie coloniale
00:01:41et 5 divisions de cavalerie.
00:01:43L'armée française va enfin pouvoir accomplir l'objectif qu'elle s'efforce d'atteindre
00:01:48depuis qu'elle a dû s'enterrer dans les tranchées à l'automne 1914,
00:01:51percer les défenses allemandes.
00:01:54Le haut commandement a déployé les grands moyens.
00:01:56Les escadrilles d'avions sont nombreuses
00:01:58et les premiers chars français vont rentrer dans la danse.
00:02:01La victoire semble assurée.
00:02:04Pourtant, dès le 16 avril 1917 à 14 heures, l'attaque est définitivement enrayée.
00:02:10Le plan n'a pas fonctionné.
00:02:12Des milliers d'hommes sont tombés et des dizaines de milliers vont encore périr.
00:02:16Car Nivelle, malgré sa promesse que l'offensive ne durerait que 24 à 48 heures,
00:02:21va persévérer.
00:02:23Obstination assassine, cause de mutinerie.
00:02:27Que s'est-il passé au chemin des dames ce 16 avril 1917 et les jours qui suivirent ?
00:02:32Pourquoi, malgré les moyens engagés et une formidable préparation d'artillerie,
00:02:36les poilus ont-ils échoué ?
00:02:38Comment les allemands sont-ils parvenus à les repousser ?
00:02:42Journaliste et historien,
00:02:43j'ai voulu savoir ce qui s'était réellement passé au chemin des dames.
00:02:46J'ai recueilli des témoignages.
00:02:48L'affront de Nivelle a été une catastrophe au niveau sanitaire.
00:02:51J'ai récolté des indices.
00:02:53C'est incroyable, il reste même un casque allemand.
00:02:57Des passionnés d'histoire vivante ont recréé pour moi les conditions des combats.
00:03:02Sur les lieux même de l'affrontement,
00:03:04j'ai décrypté l'une des offensives les plus malheureuses de la Grande Guerre.
00:03:08La déception des poilus sera à la hauteur de l'espérance que cette grande attaque avait suscité.
00:03:13Pour ceux qui en sont revenus vivants,
00:03:15cette inutile tragédie portera à tout jamais un nom charmant.
00:03:18La bataille du chemin des dames.
00:03:48Le jour de la guerre
00:04:06Lundi 16 avril 1917, 987ème jour de conflit.
00:04:12Plus de 3 millions d'hommes des deux camps sont déjà morts.
00:04:15L'espoir d'une guerre courte n'est plus depuis longtemps qu'un souvenir.
00:04:19Les soldats français commencent à trouver le temps long.
00:04:243h30 du matin, les poilus en première ligne se réveillent,
00:04:28se préparent et gagnent leur position de départ.
00:04:3510 jours auparavant, le 6 avril,
00:04:37le général Nivelle, nouveau chef d'état-major de l'armée française,
00:04:40est parvenu à convaincre le gouvernement de la pertinence de son plan.
00:04:46L'offensive qui portera son nom à tout jamais
00:04:48doit tenter de rompre le front allemand entre Soissons, Reims et Lens.
00:04:53Plus précisément dans le département de l'Aisne.
00:04:58C'est là, au chemin des dames,
00:04:59un plateau entre les vallées de l'Aislette et de l'Aisne
00:05:02que Nivelle veut remporter la victoire décisive.
00:05:07Cette année s'annonce comme celle de tous les bouleversements.
00:05:11Au mois de février 1917, dans les rues de Pétrograde en Russie,
00:05:15la foule manifeste, réclame la paix et du pain pour ses enfants.
00:05:20L'émeute se transforme vite en révolution.
00:05:23En à peine 5 jours, le tsar Nicolas II doit abdiquer.
00:05:29La France est en passe de perdre un de ses alliés.
00:05:32L'Allemagne, elle, peut nourrir de grands espoirs.
00:05:36Si la Russie dépose les armes,
00:05:37la majorité des divisions du Kaiser, engagées sur le front oriental,
00:05:42pourraient être ramenées à l'ouest.
00:05:44L'heure est bien à la reprise de l'offensive.
00:05:47Les généraux Ludendorff et Hindenburg
00:05:50sont les nouveaux chefs du grand quartier général de l'armée allemande.
00:05:53Deux partisans de la guerre totale.
00:05:55D'ailleurs, depuis le 1er janvier,
00:05:57l'Allemagne a lancé ses meutes de sous-marins dans l'Atlantique.
00:06:01Elles attaquent tous les convois,
00:06:03prenant ainsi le risque de voir les Etats-Unis s'engager dans le conflit.
00:06:05Cela ne va pas tarder.
00:06:08Le jour même où le gouvernement français accepte le plan de Nivelle,
00:06:11le 6 avril 1917,
00:06:13le président américain Woodrow Wilson
00:06:15annonce l'entrée en guerre de son pays.
00:06:17L'espoir change de camp.
00:06:20Mais l'Amérique n'est pas encore prête à faire la guerre,
00:06:23et ne le sera qu'à l'été 1918,
00:06:25après que des millions d'hommes aient été recrutés,
00:06:28formés, transférés en France,
00:06:30équipés et entraînés.
00:06:32Alors il faut vaincre, vite,
00:06:34et pour vaincre, il faut percer les lignes ennemies.
00:06:40Le lieutenant-colonel Rémy Porte
00:06:42est conseiller et référent histoire pour l'armée de terre.
00:06:48Mon colonel, quelle est la situation militaire en ce début d'année 1917 ?
00:06:54Alors, la situation est difficile pour les deux alliances en lutte.
00:06:58Depuis que la guerre a commencé,
00:06:59à l'automne 1914,
00:07:01toutes les tentatives pour rompre le front ont été infructueuses.
00:07:05Puisque les offensives d'Artois et de Champagne à Deux-Quinze
00:07:08ont été des échecs.
00:07:11L'armée française a tenu à Verdun,
00:07:13mais l'offensive de la Somme
00:07:15est un demi-échec.
00:07:17Et donc, on ne voit pas de solution visible.
00:07:20Le découragement commence à gagner,
00:07:22le moral commence à baisser,
00:07:24d'autant que la situation économique a changé.
00:07:27D'autant que la situation économique, alimentaire, l'inflation, etc.
00:07:31est difficile à l'intérieur du pays.
00:07:33Et le grand quartier général a toujours
00:07:35cette envie de percer les lignes ennemies ?
00:07:38Alors, Nivelle l'espère.
00:07:40Il commettra une erreur, une erreur de fond.
00:07:42Il sera trop confiant.
00:07:44La méthode qu'il a employée sur un secteur étroit de front à Verdun,
00:07:47il pense pouvoir l'étendre
00:07:49à l'échelle de son offensive de 1917.
00:07:52Et il commettra l'erreur de s'engager auprès de l'autorité politique,
00:07:54auprès du gouvernement,
00:07:56en promettant de ne pas recommencer l'erreur de la Somme.
00:07:58Si je ne perce pas dans les 48 heures, j'arrête.
00:08:03La grande offensive Nivelle
00:08:05doit avoir lieu au printemps 1917.
00:08:08Un événement inattendu devrait pourtant
00:08:10la remettre sérieusement en question.
00:08:14Entre le 15 et le 19 mars 1917,
00:08:17le général Ludendorff,
00:08:19chef du grand quartier général allemand,
00:08:21lance l'opération Alberich.
00:08:22Les troupes de Guillaume II
00:08:24se replient de façon méthodique
00:08:26derrière une ligne de défense fortifiée,
00:08:28la ligne Hindenburg.
00:08:32La nouvelle ligne de défense
00:08:34fait disparaître le Saillans de Rois.
00:08:36Elle est presque droite entre Arras et Vailly-sur-Aisne.
00:08:39Elle passe par le canal du Nord,
00:08:41les faubourgs de Saint-Quentin,
00:08:43le massif de Saint-Gobain
00:08:45et se raccorde à l'ancien front,
00:08:47près de Cruy.
00:08:52Le retrait allemand a été minutieusement préparé.
00:08:55Une puissante ligne fortifiée
00:08:57a été aménagée à partir de l'hiver 1916-1917.
00:09:02Dès le 21 février 1917,
00:09:04les habitants des villes et des villages
00:09:06sont contraints à l'exil
00:09:08en n'emportant qu'une seule valise par personne.
00:09:11Une fois les villages évacués,
00:09:13les soldats du kaiser mettent en pratique
00:09:15la stratégie de la terre brûlée.
00:09:18Ils détruisent les maisons,
00:09:20les ponts et les carrefours.
00:09:22Scient les arbres fruitiers,
00:09:24empoisonnent les puits
00:09:26et inondent certains champs.
00:09:32Le 17 mars 1917,
00:09:34ils dynamitent le donjon
00:09:36de l'un des plus beaux édifices médiévaux de la région,
00:09:38le château de Coucy.
00:09:53Mon colonel, comment expliquer
00:09:55le retrait des Allemands
00:09:57sur la ligne Hindenburg ?
00:09:59Pour comprendre la situation
00:10:01à l'hiver 1916-1917
00:10:03ou au début de l'année 1917,
00:10:05il faut revenir en fait
00:10:07à la fin de la guerre de mouvement
00:10:09à l'automne 1914,
00:10:11lorsque les Allemands qui se replient
00:10:13après la bataille de la Marne
00:10:15s'arrêtent sur des positions
00:10:17qui leur sont géographiquement,
00:10:19topographiquement favorables.
00:10:20C'est-à-dire que généralement,
00:10:22ils s'arrêtent après avoir passé une rivière
00:10:24sur une hauteur,
00:10:26ce qui facilite la défense.
00:10:28Ces positions,
00:10:30qu'ils ont très solidement aménagées,
00:10:32sont restées à peu près stables
00:10:34pendant les deux années de guerre
00:10:36qui ont suivi, 1915-1916.
00:10:38Et donc, après les échecs
00:10:40des offensives d'Artois
00:10:42et de Champagne en 1915,
00:10:44l'insuccès de l'offensive
00:10:46de la Somme en 1916,
00:10:48la grande région
00:10:50de l'Assom, globalement,
00:10:52se retrouve comme une espèce
00:10:54d'énorme saillant à l'avant
00:10:56des lignes allemandes,
00:10:58ce qui exige énormément de troupes
00:11:00pour en assurer la défense,
00:11:02pour en assurer la protection.
00:11:04Et donc, pour économiser les troupes
00:11:06et se constituer des réserves,
00:11:08Hindenburg décide d'organiser
00:11:10très largement en arrière
00:11:12de ces positions
00:11:14une nouvelle ligne défensive
00:11:16et au tout début du printemps 1917,
00:11:18dans la plus grande discrétion,
00:11:21la ligne Hindenburg est formée
00:11:23de cinq zones opérationnelles
00:11:25au nom tiré de la mythologie germanique.
00:11:27Du nord au sud,
00:11:29Wotan, Siegfried,
00:11:31Alberich, Brünnhilde,
00:11:33Krimhilde.
00:11:35La plus puissante de ces zones,
00:11:37Siegfried, réalisée en cinq mois seulement,
00:11:39est constituée de tranchées profondes
00:11:41et d'abris souterrains.
00:11:43Devant la première ligne,
00:11:45des ceintures de barbelés
00:11:47larges au minimum de 20 mètres.
00:11:49Les casemates de tir
00:11:51et les abris sont protégés
00:11:53par du béton armé
00:11:55et des plaques d'acier.
00:11:57Trois kilomètres environ
00:11:59devant la ligne principale
00:12:01se trouve une ligne d'avant-poste
00:12:03plus légèrement défendue
00:12:05destinée à ralentir
00:12:07les troupes assaillantes.
00:12:09La zone de bataille proprement dite,
00:12:11profonde de deux kilomètres,
00:12:13est couverte par un véritable
00:12:15barrage d'artillerie
00:12:16et de mitrailleuses.
00:12:19Des fossés anti-chars
00:12:21ont même été creusés
00:12:23devant les premières lignes.
00:12:28J'ai l'impression que les alliés
00:12:30ne sont pas du tout au courant
00:12:32de ce retrait
00:12:34et de ses conséquences.
00:12:36Cette manœuvre
00:12:38en repli des armées impériales allemandes
00:12:40sur la ligne Nürnberg
00:12:42est à la fois très bien préparée
00:12:44et très bien conduite
00:12:46avec une vraie discrétion
00:12:48et surtout,
00:12:50au moment où les troupes
00:12:52commencent à évacuer le terrain,
00:12:54ils laissent à l'avant
00:12:56d'ultimes unités,
00:12:58de dernières unités
00:13:00qui font le coup de feu,
00:13:02quelques coups de canon,
00:13:04quelques coups de fusil,
00:13:06ce qui donne l'illusion
00:13:08que les lignes sont toujours occupées
00:13:10et ces dernières troupes
00:13:12ne se replient qu'au dernier moment.
00:13:14Ce retrait est une surprise
00:13:16pour les forces allemandes.
00:13:18Pire encore,
00:13:20l'état-major français ne réalise pas
00:13:22que ce repli est un piège.
00:13:24Le général Nivelle tourne même
00:13:26l'événement à son avantage.
00:13:28Il affirme que l'ennemi est défait.
00:13:30Les français doivent réaménager
00:13:32toutes les bases de départ
00:13:34de leur offensive
00:13:36sans situer exactement
00:13:38où se trouve la ligne de défense
00:13:40de leur adversaire.
00:13:42Mais Nivelle persiste et signe.
00:13:44Son plan prévoit que les troupes
00:13:46aient à partir de mars 1917
00:13:48pour atteindre Saint-Quentin.
00:13:50De leur côté,
00:13:52les français lanceront une attaque
00:13:54quelques jours plus tard
00:13:56entre Soissons et Reims.
00:13:58Ils monteront en assaut
00:14:00du chemin des Dames,
00:14:02un escarpement de 20 km de long
00:14:04s'étirant de Craone, à l'est,
00:14:06au moulin de Lafaux,
00:14:08situé sur la route reliant
00:14:10Soissons à Lens.
00:14:12Ils devront prendre Lens le jour même
00:14:14puis atteindre la Somme
00:14:16de Saint-Quentin.
00:14:19Il suffit de survoler
00:14:21le chemin des Dames
00:14:23pour comprendre l'épreuve
00:14:25qui attend les Poilus
00:14:27ce 16 avril 1917.
00:14:31Le plateau est là,
00:14:33sous mes yeux,
00:14:35150 m au-dessus
00:14:37des positions de départ françaises.
00:14:39C'est pourtant cette crête
00:14:41qu'il faudra atteindre
00:14:43en gravissant une pente
00:14:45vers la Somme.
00:14:49Le chemin des Dames
00:14:51n'est pas une petite colline.
00:14:53C'est un château fort
00:14:55surplombant la vallée de Lens.
00:14:57Pourquoi les français
00:14:59réussiraient-ils à percer ici
00:15:01alors même que toutes
00:15:03les offensives précédentes
00:15:05ont échoué ?
00:15:07Nivelle est un artilleur.
00:15:09Il est persuadé d'avoir établi
00:15:11la stratégie idéale
00:15:12pour bloquer les défenses allemandes,
00:15:14enlever les deux premières lignes
00:15:16et exploiter la percée
00:15:18grâce à des unités restées en réserve.
00:15:20Son offensive
00:15:22repose d'abord sur une incroyable
00:15:24préparation d'artillerie.
00:15:27Elle sera précédée
00:15:29d'un bombardement massif
00:15:31des premières lignes allemandes.
00:15:33Nivelle a concentré ses forces
00:15:35sur un front d'une quarantaine de kilomètres.
00:15:37Il y a là près d'un million d'hommes
00:15:39dont 850 000 combattants.
00:15:40L'artillerie a été mobilisée.
00:15:42Plus de 5000 pièces ont été rassemblées
00:15:44dans le secteur,
00:15:46un canon tous les 13 mètres.
00:15:50Il y a là près de 2000 pièces
00:15:52de gros calibre,
00:15:54220, 280 et 320 mm.
00:15:57Le reste est constitué
00:15:59de canons de 155,
00:16:01120 et 75 mm.
00:16:11Allez, allez, allez !
00:16:15Improvisionnez !
00:16:19Chargez !
00:16:22Ouvrez le feu !
00:16:26La plus célèbre des pièces d'artillerie
00:16:28à la disposition du général Nivelle
00:16:30est sans nul doute le canon de 75 mm
00:16:32dont les batteries disposeront
00:16:34d'un stock de 23 millions d'obus.
00:16:41Mais Nivelle compte aussi
00:16:43sur la nouvelle artillerie lourde
00:16:45désormais disponible en nombre
00:16:47qui pourra tirer plus loin
00:16:49que dans toutes les offensives précédentes.
00:16:51Elle permettra selon lui
00:16:53d'anéantir les positions de première ligne,
00:16:55d'interdire l'arrivée des renforts
00:16:57et de faire taire les canons allemands.
00:17:11Nivelle a décidé
00:17:13qu'après la préparation d'artillerie,
00:17:15les troupes d'infanterie
00:17:17progresseraient sous la protection
00:17:19d'un feu roulant.
00:17:21Ce barrage doit avancer
00:17:23de 100 m toutes les 3 minutes.
00:17:253 minutes, c'est aussi le temps
00:17:27dont disposeront les poilus
00:17:29pour parcourir la même distance.
00:17:31Ils devront gravir les pentes,
00:17:33réduire les résistances adverses
00:17:35tout en collant à ce mur de feu.
00:17:37Objectif, éviter que l'ennemi
00:17:38ne s'organise après la fin du bombardement.
00:17:44Pour accompagner l'offensive,
00:17:46l'état-major souhaite immobiliser
00:17:481 000 avions de tous les types.
00:17:50Le 16 avril, il n'en aura que 131.
00:17:53Ils devront porter l'action
00:17:55loin dans les lignes allemandes.
00:17:57La fiabilité des appareils de l'époque
00:17:59reste pourtant assez aléatoire.
00:18:02Le général Nivelle prévoit aussi
00:18:04le déploiement d'une nouvelle arme,
00:18:06l'artillerie spéciale,
00:18:08en un mot,
00:18:10les premiers chars d'assaut français.
00:18:12Leur blindage doit permettre
00:18:14de franchir le No Man's Land,
00:18:16d'écraser les réseaux
00:18:18de fils de fer barbelés,
00:18:20de franchir les tranchées ennemies
00:18:22tout en détruisant
00:18:24les abris de mitrailleuses.
00:18:26Le premier à être mis en service
00:18:28après de multiples essais
00:18:29est le char Schneider,
00:18:31un monstre de 13 tonnes,
00:18:33suivi par le char Saint-Chamond.
00:18:38Les militaires hésitent encore
00:18:40sur le rôle de cette nouvelle arme.
00:18:42Les chars doivent-ils
00:18:44précéder l'infanterie
00:18:46ou lui fournir un appui en l'accompagnant ?
00:18:48La doctrine d'emploi
00:18:50n'est pas encore réellement fixée.
00:18:52Le général Etienne,
00:18:54grand promoteur de l'arme blindée,
00:18:56pense que les chars doivent être
00:18:57un moyen de protéger
00:18:59et d'appuyer l'infanterie.
00:19:01Il va donc les cantonner
00:19:03à un rôle marginal,
00:19:05l'occupation des positions conquises.
00:19:12La préparation d'une offensive
00:19:14de cette envergure
00:19:16prend des semaines.
00:19:18Le plan établi par Nivelle
00:19:20s'est attaché à faciliter
00:19:22l'approvisionnement des troupes.
00:19:24Pour éviter que l'arrivée des renforts
00:19:25et l'évacuation des blessés
00:19:27ne provoquent des embouteillages
00:19:29au passage de l'Aisne,
00:19:31de nombreux ponts et passerelles
00:19:33ont été construits.
00:19:35Un vaste réseau de routes
00:19:37et de voies ferrées supplémentaires
00:19:39a également été mis en place.
00:19:41Pourtant,
00:19:43le secret entourant toute l'opération
00:19:45n'est pas très bien gardé.
00:19:48Est-ce que l'offensive Nivelle
00:19:50constitue une surprise
00:19:52pour les Allemands ?
00:19:54Tout d'abord,
00:19:56raison essentielle,
00:19:58l'importance de cette offensive
00:20:00fait qu'elle exige
00:20:02une énorme préparation.
00:20:04Et donc nécessairement,
00:20:06pendant qu'on constitue
00:20:08dans l'immédiat arrière-front
00:20:10les stocks de munitions,
00:20:12qu'on met en place
00:20:14les batteries d'artillerie,
00:20:16que les troupes se rapprochent
00:20:18de la ligne d'engagement,
00:20:20les Allemands peuvent l'observer
00:20:21à moins de reprises
00:20:23pour pouvoir agir en même temps
00:20:25que les Anglais, plus au nord,
00:20:27pour que les armées françaises
00:20:29soient correctement en position.
00:20:31Donc perte de temps,
00:20:33donc aussi diffusion de l'information.
00:20:35Ensuite,
00:20:37la nouvelle qu'une offensive
00:20:39va avoir lieu s'est répandue dans Paris
00:20:41et on en parle un petit peu partout.
00:20:43Les soldats l'écrivent
00:20:45dans leur famille,
00:20:47des officiers ne partent pas en permission
00:20:49parce qu'il va y avoir cette offensive,
00:20:51tout le monde sait
00:20:53que l'offensive va très bientôt commencer.
00:20:55Et puis les Allemands ont la chance
00:20:57de faire prisonnier un sous-officier français
00:20:59d'un régiment de Zouave
00:21:01qui porte sur lui une partie des ordres
00:21:03de l'offensive.
00:21:05Et puis enfin, il suffit de regarder
00:21:07autour de nous,
00:21:09les Allemands sont en position haute ici,
00:21:11les préparatifs français
00:21:13sont observables à l'œil.
00:21:15Sous leurs yeux en fait.
00:21:17Ils sont sur un bel védère
00:21:19et ils regardent les Français
00:21:21et ils font l'objet d'un grand débat.
00:21:23Le général de l'armée
00:21:25a promis qu'il stopperait l'offensive
00:21:27au bout de 24 heures,
00:21:2948 heures maximum
00:21:31si les objectifs ne sont pas atteints.
00:21:33Mais le généralissime croit-il sincèrement
00:21:35que les Poilus atteindront
00:21:37les faubourgs de Lens
00:21:39au soir du 16 avril 1917.
00:21:41Héros des troupes coloniales,
00:21:43le général Mangin en est sûr.
00:21:45Dans ses directives du 16 avril
00:21:47et l'écrit,
00:21:49l'aurore du lendemain
00:21:51le 16 avril,
00:21:53les Français des 6e et 5e armées
00:21:55devront s'élancer en direction
00:21:57de la ligne de défense allemande
00:21:59étayée par les forts de Condé
00:22:01et de la Malmaison.
00:22:03La 6e armée du général Mangin
00:22:05occupera le secteur ouest
00:22:07alors que la 5e armée du général Mazel
00:22:09avancera sur le secteur est
00:22:11pendant que la 10e armée
00:22:13du général Duchesne
00:22:15demeurera en réserve.
00:22:19Comme prévu,
00:22:21une formidable préparation d'artillerie.
00:22:24Entre le 6 et le 16 avril,
00:22:265 millions d'obus de gros calibre
00:22:28sont expédiés sur les positions allemandes.
00:22:31En quelques heures,
00:22:33toute la végétation disparaît définitivement.
00:22:36Le paysage est lunaire.
00:22:52Après un siècle,
00:22:54la nature garde les cicatrices
00:22:56de ce bombardement dantesque.
00:22:58Plusieurs villages situés
00:23:00au milieu du champ de bataille
00:23:02sont rayés de la carte.
00:23:04C'est le cas de celui de Craone
00:23:06dont les ruines ont été enveloppées
00:23:08par la nature.
00:23:10Noël Janteur, agriculteur et ancien maire
00:23:12du nouveau village de Craone
00:23:14est l'héritier de cette terre
00:23:16bouleversée par la guerre.
00:23:18Là, il y avait un village
00:23:19avec 400 ou 500 habitants à l'époque ?
00:23:22On a eu plus que ça,
00:23:24on a eu jusqu'à 1150 habitants.
00:23:26700 avant la guerre,
00:23:28c'est le témoin de la force
00:23:30de destruction de l'homme.
00:23:33700 habitants avant la guerre,
00:23:35à peu près quoi,
00:23:3730 après la guerre.
00:23:39En 4 ans,
00:23:41la violence de l'homme
00:23:43a rayé plusieurs villages,
00:23:45mais celui-là en particulier,
00:23:47ce qui fait que seulement 30 personnes
00:23:49sont revenus.
00:23:515% sont revenus.
00:23:53Vous ne voyez pas la violence
00:23:55que l'homme peut dégager ?
00:23:57On sent encore des obus,
00:23:59mais incroyable.
00:24:01L'année dernière,
00:24:03j'ai sorti des 155 Français
00:24:05qui ont été tirés et qui n'ont pas explosé.
00:24:07Et c'est ceux-là qui sont dangereux.
00:24:09Ce ne sont pas les dépôts de munitions
00:24:11ici ou là où on les connaît
00:24:13qui sont dangereux,
00:24:15parce qu'on sait où ils sont,
00:24:17mais c'est tous les obus
00:24:20et ça me donne envie
00:24:22d'aller vous le montrer d'ailleurs.
00:24:24Ça me donne envie d'aller vous le montrer.
00:24:26Allons-y à ce moment-là.
00:24:38On est vraiment en plein cœur
00:24:40du champ de bataille.
00:24:42Donc vous allez voir,
00:24:44le nombre d'obus
00:24:46qu'il a fallu qu'on tire
00:24:47sur cette terre-là
00:24:49pour rensemencer la terre des clés d'obus.
00:24:51J'en vois déjà.
00:24:53C'est une tête d'obus.
00:24:55C'est une tête d'obus.
00:24:58Il y en a partout.
00:25:00Ça, c'est un nez.
00:25:02Ah oui, tout ça, c'est un nez.
00:25:04Tout ça, c'est un nez.
00:25:06Et à côté, il y en a encore un plus petit.
00:25:08C'est incroyable.
00:25:10Regardez le poids.
00:25:12Regardez les clés d'obus.
00:25:14Regardez.
00:25:16Tout ça, c'est des éclats d'obus.
00:25:19En fait, tout ce qui a l'aspect rougeoyant...
00:25:22Là, il y a plus...
00:25:24On voit plus d'acier que de cailloux,
00:25:26en fait, dans notre champ.
00:25:30Ah, si, elle revient, celle-là.
00:25:32Tiens, elle est passée là quand même.
00:25:35Et en plus de ça,
00:25:37au moment où on sort les éclats d'obus
00:25:39de votre terre,
00:25:41il se met à grêler comme il neigeait
00:25:43le 16 avril 1917.
00:25:46Et en fin de compte,
00:25:48quand on regarde bien,
00:25:50c'est presque, comment dire,
00:25:52c'est presque un signe,
00:25:54si vous voulez, que la Terre nous donne.
00:25:56C'est-à-dire qu'ici, des corps, on n'en trouve plus.
00:25:58Même presque sur l'ensemble de mon exploitation,
00:26:00des corps, on n'en trouve pratiquement plus.
00:26:02Le dernier qu'on a trouvé,
00:26:04on ne pouvait pas le sortir
00:26:06il y a peut-être une douzaine d'années.
00:26:08La Terre la garde,
00:26:10la gardait avec elle.
00:26:12Par contre, tout ce qui est guerriers,
00:26:13tout ce qui est obus, éclats d'obus,
00:26:15elle n'en veut pas.
00:26:17Elle le rejette.
00:26:19Donc même elle, elle en vomit.
00:26:21On pourrait dire presque qu'elle en vomit.
00:26:23C'est dingue, c'est dingue.
00:26:25Là, c'est de la folie.
00:26:27Chaque année,
00:26:29entre 10 et 20 tonnes de munitions non explosées
00:26:31émergent de cette terre.
00:26:33Les spécialistes estiment
00:26:35qu'il faudra un siècle encore
00:26:37avant que le sol n'ait recraché
00:26:39les derniers éclats de fer qui la souillent.
00:26:44Entre le 12 et le 15 avril 1917,
00:26:47l'artillerie française tire 533 obus par minute.
00:26:51Les Poilus sont persuadés
00:26:53que les lignes allemandes sont anéanties
00:26:55lorsqu'ils montent à l'assaut,
00:26:57à l'aube du 16 avril.
00:26:59Ils se trompent.
00:27:13...
00:27:36La réussite de cette attaque
00:27:38aurait exigé un rapport de force minimum
00:27:40de 3 assaillants contre 1 défenseur.
00:27:43L'exploitation d'un succès éventuel
00:27:45aurait par la suite réclamé
00:27:47un rapport de force de 5 contre 1.
00:27:49Dans la réalité,
00:27:51lors de l'offensive du 16 avril 1917,
00:27:53le ratio est quasiment à parité.
00:27:56Les Français sont loin
00:27:58d'être en supériorité numérique.
00:28:03Pire encore,
00:28:05les défenses allemandes n'ont été qu'égratignées
00:28:07par le bombardement.
00:28:09Les artilleurs français ont reçu l'ordre
00:28:11de pilonner une zone large d'une trentaine de kilomètres.
00:28:13Trop étendue pour une concentration optimale des tirs.
00:28:16De plus,
00:28:18le mauvais temps a empêché toute observation
00:28:20des positions ennemies.
00:28:22Les Français n'ont repéré que 53
00:28:24des 392 emplacements d'artillerie allemand.
00:28:27Les canons français ont tiré à l'aveugle
00:28:29sur un adversaire solidement fortifié.
00:28:33Dans certains secteurs,
00:28:35les poilus devront franchir 26 réseaux de barbelés
00:28:37avant d'atteindre les premières lignes allemandes
00:28:39où les attendent les mitrailleuses
00:28:41dont la célèbre MG 08-15.
00:28:43Dont l'efficacité est telle
00:28:45que les usines d'outre-Rhin en produiront 13 000 par mois
00:28:48à partir de septembre 1917.
00:28:59Pour les poilus,
00:29:01la surprise est d'autant plus cruelle
00:29:03que les Allemands sont littéralement accrochés
00:29:05aux pentes du chemin des Dames.
00:29:11Depuis bientôt trois ans,
00:29:13ils ont creusé des tranchées successives
00:29:15parallèles à la ligne de feu.
00:29:17De leur côté,
00:29:19les Allemands ont mis au point de nouveaux concepts.
00:29:21Les points d'appui fortifiés couvrent la zone à défendre.
00:29:24Les réseaux de fils de fer barbelés
00:29:26sont judicieusement placés
00:29:28pour canaliser les assaillants
00:29:30vers les mitrailleuses solidement retranchées
00:29:32dans des casemates bétonnés.
00:29:34Sur le chemin des Dames,
00:29:36ces points d'appui sont parfois reliés
00:29:38par des tunnels menant à des dépôts de munitions,
00:29:40des dortoirs profondément aménagés
00:29:41sous la surface du sol,
00:29:43à l'abri de l'artillerie.
00:29:46Ces réseaux souterrains permettent même
00:29:48de surgir sur les arrières des poilus
00:29:50en les prenant par surprise.
00:29:58Gilles Chauvin est le président
00:30:00de l'association Chemin des Dames.
00:30:02Il est le gardien d'une carrière
00:30:04connue depuis le Moyen Âge, Froamont.
00:30:07Donc c'est une carrière
00:30:09qui a été occupée par les Allemands ?
00:30:11Il y a des explications
00:30:13de l'échec de l'attaque du 16 avril.
00:30:15Parce que les Allemands étaient terrés ici ?
00:30:19Ils étaient vraiment à l'abri des bombardements ?
00:30:21Oui, c'était un très bon abri.
00:30:24Là, c'est profond ?
00:30:26Là, ça fait 7-8 mètres.
00:30:29Au plus profond de la carrière,
00:30:31on doit être à une vingtaine de mètres.
00:30:33C'est ce qui a fait que la carrière a tenu le coup.
00:30:35C'est quand même assez impressionnant
00:30:37comme descente.
00:30:39Ça descend droit.
00:30:42Je comprends que les Allemands soient protégés
00:30:45sous autant de masse de roche.
00:31:00Voilà.
00:31:02Là, maintenant, on est dedans.
00:31:04Et donc les Allemands vivaient ici ?
00:31:07Oui, c'est un casernement.
00:31:08C'est un cheminement qui était fait
00:31:10pour traverser le plateau.
00:31:12Et le long de ce cheminement,
00:31:14il y a des casernements.
00:31:16D'après les archives allemandes,
00:31:18il y était 1100, plus 700,
00:31:201800 bonhommes à l'intérieur de la carrière.
00:31:231800 Allemands dans la carrière,
00:31:25ça veut dire qu'elle fait plusieurs hectares ?
00:31:27Oui, il y a une quarantaine d'hectares.
00:31:29On ne peut pas tout faire.
00:31:31On n'a pas tout fait encore.
00:31:33Donc la totalité du plateau,
00:31:35c'était du gré ?
00:31:36Oui, c'est un gré.
00:31:38Il y a des traces encore de leur passage ici ?
00:31:40Oui, tout à fait. On va aller voir.
00:31:42Je te suis.
00:31:44Parce que là, je dois avouer que
00:31:46pour moi, c'est un véritable labyrinthe.
00:31:50Tu fais attention à ta tête
00:31:52parce que ce n'est pas toujours très haut le plafond.
00:31:58Il ne faut pas être claustrophobe.
00:32:00Non, c'est vrai.
00:32:02Tu imagines le stress,
00:32:04le soldat qui est lui,
00:32:06claustrophobe,
00:32:08et qui doit s'atterrer là-dedans,
00:32:10sous les bombardements.
00:32:12Ça ne devait pas être
00:32:14une vie très agréable.
00:32:17Enfin, là, on est à l'abri.
00:32:19C'est incroyable, il reste même des...
00:32:21Oui, c'est un casque allemand qui est un peu...
00:32:26Un casque allemand.
00:32:36Il y a même une baïonnette allemande.
00:32:38Oui, une baïonnette.
00:32:41Il y a beaucoup de bouteilles de vin.
00:32:43Du vin, oui.
00:32:45On a quand même retrouvé de la minérale Wasser,
00:32:47mais généralement, les capsules étaient encore dessus.
00:32:49D'accord.
00:32:51Mais on a retrouvé des bouteilles,
00:32:53on était étonné, des bouteilles de bière.
00:32:55Cerveza de Maracaibo.
00:32:57En fait, c'était de la fabrication allemande
00:32:59pour l'Amérique du Sud,
00:33:01mais qui n'est jamais partie en Amérique du Sud
00:33:03et qui a été distribuée sur le front.
00:33:04Ici, sur le front.
00:33:06On boit beaucoup d'alcool sur le front.
00:33:15Ça, la gourde qu'a été découpée,
00:33:17qui devait servir pour une bougie, certainement.
00:33:21Ça, c'est resté en place, en fait ?
00:33:23Oui, ça a été accroché pour suspendre
00:33:25des quartiers de viande.
00:33:27Il faut protéger la bouffe aussi,
00:33:29donc tout ce qui est nourriture,
00:33:31on l'accroche le plus haut possible.
00:33:35Là, on est sur le cheminement
00:33:38et on va arriver près d'un casernement.
00:33:42C'était quand même des conditions de vie
00:33:44assez effroyables, finalement.
00:33:47Oui, mais par rapport aux Français
00:33:49qui sont dans la vallée,
00:33:51dans les tranchées en face,
00:33:53dans la boue,
00:33:55ici, ils sont au sec.
00:33:57Ils ne sont pas trop mal, ici.
00:33:59C'est pas mal.
00:34:01C'est pas mal.
00:34:02Ils sont pas trop mal, ici.
00:34:19Ça, c'est de la chaussure
00:34:21de fantassins allemands de Cent Ans,
00:34:23ça se voit, d'ailleurs.
00:34:25C'est vraiment des éléments
00:34:27de la vie quotidienne.
00:34:29Oui, ici, tu vois,
00:34:30il y a un téléphone derrière le Mauser.
00:34:32Et dans le Mauser,
00:34:34on voit encore, dans le magasin,
00:34:36il y a encore une cartouche
00:34:38qui est écrasée, qui est dedans.
00:34:40Une boîte de macros allemande,
00:34:42en français, bouille en sauce.
00:34:53Là, on va aller
00:34:55dans une petite chambrée,
00:34:57sous-officier, ce genre de choses.
00:34:58Les soldats, il y a
00:35:00des grandes chambrées collectives.
00:35:02Cascades allemandes.
00:35:04Il y a un petit réveil, là.
00:35:06C'est marrant, ça.
00:35:10Tu vois, il a pris
00:35:12quelque chose, une bolle,
00:35:14il a frappé la petite aiguille.
00:35:16Tordre l'aiguille.
00:35:18C'est dingue.
00:35:20Il y a des petits éléments de vie
00:35:22qui sont restés comme ça.
00:35:24Il y a des gourdes,
00:35:26toujours des récipients pour boire.
00:35:28C'est marrant.
00:35:59Voilà, la petite niche
00:36:01du soldat allemand,
00:36:03du musketeer Kohn.
00:36:05Au-dessus, la devise latine,
00:36:07« Ave Caesar moriturite salutante ».
00:36:09Tu vois, l'appréhension.
00:36:11Ave Caesar, ceux qui vont mourir.
00:36:13Et à droite, la décoration
00:36:15de la croix de fer.
00:36:17Et au milieu, la petite niche.
00:36:19Comme un petit hôtel.
00:36:21Il a dû mettre une bougie.
00:36:23La trace noire, c'est la trace
00:36:25de la bougie.
00:36:26C'est très émouvant, en fait.
00:36:28Ici, ils sont en repos,
00:36:30ils sont à l'abri,
00:36:32mais dès qu'on leur demande de sortir,
00:36:34ils sont exposés au combat, au tir.
00:36:36La mort peut très vite arriver.
00:36:38Donc, ils laissent la trace
00:36:40de leur passage.
00:36:42Ils sont à l'abri,
00:36:44ils sont au repos.
00:36:46Là, le stress doit descendre un petit peu.
00:36:48Par contre, quand on leur demande
00:36:50de se préparer pour ressortir,
00:36:52l'adrénaline doit commencer à remonter.
00:36:54Comment l'infanterie française
00:36:56aurait-elle pu enfoncer
00:36:58les lignes d'un ennemi
00:37:00aussi solidement fortifié ?
00:37:02Les premiers chars
00:37:04auraient-ils pu faire la différence ?
00:37:06À la veille de l'offensive,
00:37:08128 chars sont en position
00:37:10à l'arrière des lignes françaises.
00:37:12Les Schneider, équipés
00:37:14d'un canon de 75 mm
00:37:16et servis par un équipage
00:37:18de 6 hommes, tous volontaires,
00:37:20montent à l'assaut
00:37:22à l'est du chemin des Dames.
00:37:24C'est à l'est du chemin des Dames
00:37:26que se déroule la première intervention
00:37:28des chars de l'histoire française.
00:37:33Les 128 blindés sont répartis
00:37:35en deux groupements.
00:37:37À l'ouest, le groupement Chaubez,
00:37:39composé de 48 chars.
00:37:41À l'est, le groupement Bossu
00:37:43et ses 80 chars.
00:37:45Partis à 6 heures,
00:37:47après avoir perdu 8 des leurs
00:37:49pour des raisons mécaniques,
00:37:51ils montent devant la première
00:37:53ligne allemande dès 7h15,
00:37:55où ils sont pris à partie
00:37:57par l'artillerie ennemie.
00:37:59À l'ouest, engagés
00:38:01une demi-heure plus tard,
00:38:03les engins du groupement Bossu
00:38:05progressent en colonne
00:38:07sur la route Pont-à-Vert-Guigny-Court.
00:38:09Vers 10h15,
00:38:11le premier char atteint
00:38:13la ferme du Coléra,
00:38:15où la colonne se fractionne en deux.
00:38:17À 11h,
00:38:19la deuxième ligne allemande
00:38:21s'approche.
00:38:23Quelques chars tentent alors
00:38:25de pousser vers la 3e ligne allemande,
00:38:27mais l'infanterie, elle,
00:38:29ne suit pas.
00:38:41Que s'est-il passé à Berry-Aubac
00:38:43ce 16 avril 1917 ?
00:38:45Pour comprendre,
00:38:47je suis allé à la rencontre
00:38:49des équipages du char français Leclerc.
00:38:51Les tankistes du 2e escadron
00:38:53du 1er régiment de chasseurs
00:38:55basé à Verdun, dans la Meuse,
00:38:57ne se contentent pas
00:38:59d'être des cavaliers modernes.
00:39:01Ils connaissent aussi l'histoire
00:39:03de leurs armes.
00:39:05Le capitaine Clément,
00:39:07chef du 2e escadron,
00:39:09m'explique les raisons de l'échec
00:39:11du 1er engagement des blindés.
00:39:14Mon capitaine, à Berry-Aubac,
00:39:16en 1917, pendant l'offensive
00:39:18du Chemin des Dames,
00:39:20les chars français,
00:39:22chars Schneider,
00:39:24ont été employés pour la 1re fois
00:39:26et ça n'a pas été vraiment une réussite.
00:39:28Comment on peut l'expliquer ?
00:39:30La raison principale,
00:39:32c'est que le char Schneider
00:39:34était utilisé en char d'accompagnement
00:39:36en infanterie.
00:39:38Il devait s'affranchir
00:39:40des réseaux de barbelés,
00:39:42pouvoir franchir les tranchées
00:39:44et avec la faible vitesse du Schneider,
00:39:46faible armement,
00:39:48il était vulnérable
00:39:50aux tirs d'artillerie ennemies.
00:39:52Est-ce que c'est encore le cas aujourd'hui ?
00:39:54Est-ce que le char reste
00:39:56un engin vulnérable ?
00:39:58C'est moins le cas aujourd'hui
00:40:00puisque prenons l'exemple du char Leclerc.
00:40:02Ses atouts sont vraiment
00:40:04la rapidité,
00:40:06mobilité,
00:40:08puissance de feu,
00:40:10capacité d'observation
00:40:12avec des optiques puissantes.
00:40:14C'est vraiment la bataille
00:40:16de Berry-Aubach.
00:40:18Technologiquement,
00:40:20qu'est-ce qui a changé dans le char
00:40:22et aussi dans son emploi tactique
00:40:24entre 1917 et aujourd'hui ?
00:40:26Technologiquement,
00:40:28vous avez des capacités d'observation
00:40:30qui sont quand même très importantes.
00:40:32Il peut tirer jusqu'à 4000 mètres,
00:40:34ce qui n'est pas donné au Schneider de 1917,
00:40:36si je puis dire.
00:40:38Vous avez la possibilité
00:40:40de tirer un grand nombre de coups
00:40:42en moins d'une minute
00:40:44et puis il y a sa vitesse.
00:40:48Vous voyez qu'il peut aller
00:40:50jusqu'à 70,
00:40:52plus de 80 km heure
00:40:54tout en gardant une visée,
00:40:56une puissance de pointage
00:40:58qui est assez phénoménale.
00:41:00Si vous voulez,
00:41:02on peut prendre la symbolique du boxeur
00:41:04qui donne un coup droit,
00:41:06le coup direct,
00:41:08qui permet de mettre au sol son adversaire
00:41:10et l'adversaire ne se relève pas.
00:41:12Le char Leclerc, c'est ça.
00:41:14C'est un char qui a une vitesse
00:41:16ou qui réduit les poches de résistance.
00:41:27Au soir du 16 avril 1917,
00:41:29le bilan de l'engagement des chars
00:41:31est plus que mitigé.
00:41:33Sur les 720 officiers
00:41:35et hommes d'équipage de l'artillerie d'assaut,
00:41:37180 ont été tués, blessés
00:41:39ou sont portés disparus.
00:41:4152 chars ont été touchés
00:41:42par les commandes.
00:41:4421 ont été immobilisés à cause de pannes
00:41:46ou après s'être enlisés.
00:41:48Pire encore, dans les airs,
00:41:50l'aviation n'a pas pu remplir les missions
00:41:52qui lui avaient été confiées.
00:41:58Pour accompagner l'offensive,
00:42:00l'état-major français a voulu mobiliser
00:42:02près d'un millier d'avions de tous les types,
00:42:04notamment des appareils d'observation
00:42:06comme le Caudron G3.
00:42:13En réalité, le jour J,
00:42:15l'état-major n'est parvenu
00:42:17à réunir que 131 appareils.
00:42:19Les avions de chasse sont censés
00:42:21attaquer les lignes adverses.
00:42:23Mais une fois de plus,
00:42:25les Allemands ont eu connaissance de ce plan.
00:42:27Ils donnent comme instruction à leurs pilotes
00:42:29de se dérober et de harceler
00:42:31les appareils français par des attaques rapides
00:42:33menées par de petits groupes
00:42:35de quelques unités.
00:42:37Pendant que les aviateurs français
00:42:39recherchent désespérément les appareils ennemis,
00:42:40les troupes sont privées de soutien aérien.
00:42:43Les avions du Kaeser en profitent
00:42:45pour lancer des raids sur les poilus
00:42:47cloués dans leurs misérables trous d'obus.
00:42:49Les Allemands bombardent même des mortiers
00:42:51et certaines batteries d'artillerie françaises.
00:43:03En fin de journée,
00:43:05les gains de terrain sont minimes.
00:43:07L'objectif à atteindre au sud de l'an
00:43:08est encore loin.
00:43:10Les seules avancées véritables
00:43:12sont en fait réalisées en contrebas
00:43:14du plateau du Chemin des Dames
00:43:16entre Soupires et Chivy-les-Etouvelles,
00:43:18ou plus à l'est dans le secteur de la ville au bois
00:43:20et celui de Louavre au nord de Reims.
00:43:22Ailleurs, c'est-à-dire sur le plateau
00:43:24du Chemin des Dames
00:43:26entre Cerny-en-la-Noix et Craone,
00:43:28les attaques françaises ont été repoussées.
00:43:30Le gain de terrain est ridicule.
00:43:32Les pertes, elles, sont considérables.
00:43:39...
00:44:05En 24 heures,
00:44:06l'armée française a fait plusieurs milliers de prisonniers,
00:44:09mais vient aussi de perdre 43 000 hommes,
00:44:11dont 13 000 tués.
00:44:13Certaines unités ont vu disparaître le tiers
00:44:16et jusqu'à la moitié de leurs effectifs.
00:44:19Le sol détrempé a empêché le déplacement des canons
00:44:23qui devaient assurer le tir de barrage.
00:44:25L'artillerie lourde s'est avérée insuffisante.
00:44:28Les chars n'ont pas permis la percée tant attendue.
00:44:31L'aviation s'est révélée impuissante.
00:44:34L'offensive est un échec
00:44:36elle devrait être stoppée.
00:44:38Pourtant, elle va se poursuivre les jours suivants.
00:44:41...
00:44:48Le mauvais temps gêne considérablement
00:44:51la progression des attaquants.
00:44:53Comme à Verdun, un an auparavant,
00:44:55les Poilus se retrouvent dans un paysage lunaire
00:44:58labouré par les obus,
00:45:00rendu impraticable par les intempéries.
00:45:02Le froid intense gèle les corps et les esprits.
00:45:04Les tirailleurs sénégalais,
00:45:06qui se sont entraînés sur la côte d'Azur
00:45:08après leur débarquement d'Afrique,
00:45:10souffrent terriblement.
00:45:12Sur les positions ennemies conquises,
00:45:14il n'y a aucun abri contre la grêle
00:45:16et les bourrasques de neige.
00:45:18Les munitions manquent,
00:45:20car les Poilus, croyant que l'offensive serait un succès,
00:45:22se sont délestés d'une grande partie de leurs bagages.
00:45:25Au soir du 16 avril,
00:45:27la terre avale les hommes,
00:45:29tel un ordre impossible à rassasier.
00:45:31Pire encore,
00:45:33dans les boyaux inondés,
00:45:35les hommes touchés par la mitraille
00:45:37ne peuvent être évacués.
00:45:39Un fermier !
00:45:41Allez, allez !
00:45:43Tiens, tiens, tiens !
00:45:45On y va, on y va, on y va !
00:45:53Regardez, regardez !
00:45:55On y va, on y va !
00:45:57On y va, on y va !
00:45:59Regardez, regardez !
00:46:06A l'arrière du front,
00:46:08le service de santé est tout de suite débordé
00:46:10par l'afflux des blessés.
00:46:13Les cas tombent,
00:46:15se transforment en désastre.
00:46:17Chirurgie !
00:46:19Regardez !
00:46:28On y va, on y va !
00:46:37Olivier Hourier est le président
00:46:39de l'association Mémoire de la Grande Guerre.
00:46:45Olivier, pendant les premières heures
00:46:47de l'offensive Nivelle, en avril 17,
00:46:49c'est vraiment les cas tombent,
00:46:51est-ce que le service sanitaire a bien fonctionné ?
00:46:54Non, il n'a pas bien fonctionné.
00:46:56Parce qu'on a construit plusieurs hôpitaux
00:46:58dans la zone du chemin des Dames,
00:47:00il y avait six hôpitaux,
00:47:02sauf qu'au moment de l'offensive,
00:47:04ils n'étaient pas complètement terminés,
00:47:06ce qui fait qu'ils avaient une capacité
00:47:08qui était vraiment sous-estimée.
00:47:10Tu as gagné un billet pour rentrer chez toi !
00:47:13Gardier, mon gardier !
00:47:15Mon gardier !
00:47:17Faites le gare en vite fait, dépêchez-vous !
00:47:23Dans les premières heures,
00:47:25les hôpitaux étaient déjà saturés,
00:47:26donc on n'avait plus traité les blessés.
00:47:28Deuxième facteur, c'est que le temps
00:47:30n'était pas de la partie, doux, neige,
00:47:32ce qui fait que ça rend très compliqué
00:47:34l'évacuation des blessés vers l'arrière.
00:47:36Infirmière, pansement de compression !
00:47:38Donc, embouteillage dans les entrées des hôpitaux,
00:47:41donc on a essayé pour pallier à ça,
00:47:43de faire appel à des hommes
00:47:45dont ce n'était pas normalement la fonction,
00:47:47les territoriaux, les réservistes, les artilleurs,
00:47:49ce qui fait que n'étant pas vraiment de la partie,
00:47:51ils ont traité les blessés comme ils pouvaient
00:47:53en les stockant dans différents endroits,
00:47:54jusqu'à les oublier plusieurs jours.
00:47:56C'est fini pour lui au premier !
00:47:58Donc des gens sont morts comme ça
00:48:00sans même voir un médecin
00:48:02et sans même être traités d'une part.
00:48:04Pourquoi le nombre des blessés
00:48:06n'avait pas été prévu initialement ?
00:48:08Exactement, on a dû traiter dix fois plus
00:48:10de blessés qu'on avait prévus.
00:48:12Vite la morphine, vite, vite !
00:48:16Passe, passe !
00:48:25Compresse, compresse !
00:48:27Ça a créé des cadences pour les médecins,
00:48:29les anesthésistes,
00:48:31qui étaient limite de l'usure portable.
00:48:33Plus de sept opérations à l'heure,
00:48:35ce qui donnait un taux de mortalité important.
00:48:37Evacuation !
00:48:41L'affranchissement de Nivelles
00:48:43a été une catastrophe au niveau sanitaire.
00:48:45C'était vraiment l'enfer.
00:48:47C'était vraiment l'enfer.
00:48:54Les jours suivants,
00:48:56les combats se poursuivent
00:48:58sur toute la ligne de front.
00:49:01Entre le 16 et le 25 avril,
00:49:03l'armée française a perdu 134 000 hommes,
00:49:06dont 30 000 tués.
00:49:10Pourtant, Nivelles s'obstine encore.
00:49:13Il considérait que son offensive
00:49:15percerait le front allemand
00:49:17et qu'elle ne durerait que 24 heures,
00:49:1948 heures maximum.
00:49:21Pour les Poilus,
00:49:22une conclusion s'impose.
00:49:24Il a menti.
00:49:29Le 22 avril,
00:49:31Nivelles suspend temporairement
00:49:33toute offensive massive.
00:49:35Il réenvisage la situation
00:49:37et, pressé par le gouvernement Poincaré,
00:49:39commence par limoger le général Mangin.
00:49:42Pétain devient chef d'état-major.
00:49:47Sur le terrain,
00:49:49les Poilus doivent désormais s'emparer
00:49:50de points précis situés
00:49:52sur la crête du Chemin des Dames
00:49:54afin de mieux coordonner
00:49:56les pilonnages d'artillerie
00:49:58sur les lignes ennemies.
00:50:00La bataille des observatoires
00:50:02débute au mois de mai
00:50:04et va durer avec plus ou moins d'intensité
00:50:06pendant tout l'été 1917.
00:50:11Sur toute la ligne de front,
00:50:13Français et Allemands s'affrontent
00:50:15parfois jusqu'au corps à corps
00:50:17pour annexer quelques bouts de tranchée.
00:50:18On se bat à coups de pelles,
00:50:20de pioches, de grenades.
00:50:22Pour venir à bout
00:50:24des nombreux réduits ennemis,
00:50:26les Poilus utilisent
00:50:28un nouveau fusil mitrailleur puissant
00:50:30mis en dotation dans chaque compagnie
00:50:32d'infanterie au mois d'avril 1917,
00:50:34le Chauchat.
00:50:42Pendant des semaines,
00:50:44les deux belligérants lancent des raids
00:50:46pour tâter le terrain.
00:50:48La mort est l'invité d'honneur
00:50:50au bal macabre de ces coups de main audacieux.
00:50:52Les pièges et les tireurs d'élite
00:50:54sont partout.
00:50:56L'insécurité est permanente.
00:50:59Pour atteindre le plateau de Craon,
00:51:01les Français du 34e régiment d'infanterie
00:51:03ont 200 mètres à parcourir.
00:51:05Ils vont mettre 36 heures.
00:51:09Une fois en position,
00:51:11il reste quatre jours
00:51:13sous les bombardements allemands.
00:51:15C'est le carnage.
00:51:17Sur le plateau de La Faux,
00:51:19le 5 mai 1917,
00:51:21les blindés français sont engagés de nouveau.
00:51:2332 chars Schneider
00:51:25et 16 nouveaux chars Les Saint-Chamond
00:51:27pesant 23 tonnes,
00:51:29équipés d'un moteur de 90 chevaux
00:51:31armés d'un canon de 75 mm,
00:51:33de quatre mitrailleuses
00:51:35et servis par neuf hommes d'équipage.
00:51:37De véritables monstres d'acier,
00:51:39mais hélas encore techniquement peu fiables.
00:51:44Les blindés ouvrent la voie à l'infanterie,
00:51:46et attaquent les tranchées ennemies.
00:51:48Leur intervention permet surtout
00:51:50de franchir la rangée de Blocos,
00:51:52constituant la première ligne à Le Monde.
00:51:55L'affrontement va durer deux jours,
00:51:57et 12 chars seront mis hors de combat.
00:52:00Le 8 mai,
00:52:02toutes les offensives sont à nouveau suspendues.
00:52:04Le 15 mai,
00:52:06Nivelles est remplacée par Pétain.
00:52:08Les combats, eux, se poursuivent.
00:52:13A la fin du mois de mai 1917,
00:52:14les premières lignes à Le Monde ont été investies.
00:52:18Au prix de pertes effroyables,
00:52:20les villages de Lafaux,
00:52:22Véli,
00:52:23Hostel,
00:52:24Chavonne,
00:52:25Breil,
00:52:26Craone sont pris à l'ennemi.
00:52:28L'an est encore très loin.
00:52:35Les poids lieux sont littéralement épuisés.
00:52:38Certaines unités refusent de remonter en ligne.
00:52:45Historien,
00:52:47Franck Viltard est également chargé de mission
00:52:49pour le centenaire de la Grande Guerre
00:52:51au département de l'Aisne.
00:52:53Franck, à la fin du mois d'avril,
00:52:55et plus encore au mois de mai,
00:52:57se déroulent dans l'armée française
00:52:59un certain nombre de mutineries.
00:53:01De quoi il s'agit très exactement ?
00:53:03Eh bien, après trois années de guerre,
00:53:05tu sais Serge, les hommes n'en peuvent plus.
00:53:07Pour les vétérans de la bataille de la Marne,
00:53:09des batailles de la Somme ou de Verdun,
00:53:11le chemin des lames devait être synonyme de victoire.
00:53:12Et là, tombe une grande défaite.
00:53:14Et puis, il y a le régime des permissions.
00:53:17On avait empêché aux hommes de partir à l'arrière.
00:53:20Et puis, certains n'ont pas vu leur femme depuis six mois.
00:53:23Et puis, tu sais, on est dans un contexte particulier
00:53:25au printemps 1917.
00:53:27Il y a eu la révolution en Russie.
00:53:29Les hommes se sont aussi mutinés.
00:53:31Ce qui offre des choix aux soldats français
00:53:33qui n'avaient pas avant.
00:53:35Et puis aussi, il y a la rumeur qui court partout
00:53:37à l'arrière-front.
00:53:39Le contact avec les civils, la presse,
00:53:40on connaît les midinettes à Paris,
00:53:42les ouvrières qui seraient réprimées
00:53:44par des tirailleurs sénégalais, des anamites.
00:53:46Bref, tout se cristallise au mois de mai 1917
00:53:48pour qu'une crise très, très grave
00:53:50intervienne à l'arrière-front du chemin des lames.
00:53:52Et ces mutineries, comment se traduisent-elles
00:53:54sur le terrain ?
00:53:56Concrètement, quand on demande aux hommes
00:53:58de remonter aux tranchées,
00:54:00ils laissent les sacs à terre,
00:54:02les fusils sur les faisceaux,
00:54:04ils refusent de remonter.
00:54:06Certains hommes chantent l'international,
00:54:08sortent les drapeaux rouges, on manifeste.
00:54:10Il y a des revendications de paix,
00:54:12de pacifisme avec des pétitions
00:54:14qui sont signées parmi la troupe.
00:54:16On estime qu'à peu près
00:54:1840 à 60 000 hommes ont été touchés
00:54:20de près ou de loin par les mutineries
00:54:22au mois de mai-avril 1917.
00:54:24Et comment ça va rentrer dans l'ordre ?
00:54:26Pétain qui est arrivé au commandement français
00:54:28depuis le 15 mai en placement de Nivelle
00:54:30va mettre en place un meilleur régime
00:54:32de permission d'abord,
00:54:34améliorer le quotidien du soldat
00:54:36et puis après, la vague de répression
00:54:38est à la hauteur de l'ampleur
00:54:40des mutineries.
00:54:42Il va mettre en place
00:54:44une justice militaire assez importante
00:54:46avec les conseils de guerre.
00:54:48Il y a eu des centaines de condamnations,
00:54:50450 condamnations à mort.
00:54:5227 seulement, je dirais,
00:54:54heureusement, ont été exécutées.
00:54:56Donc 27 soldats fusillés.
00:54:58Il faut toujours mettre ce chiffre
00:55:00des 27 soldats fusillés
00:55:02pour cas de refus collectif
00:55:04avec les 650 à 700 fusillés
00:55:06pendant toute la guerre.
00:55:08C'est quand même énorme.
00:55:10Il y a eu des centaines de prisons
00:55:12et des condamnations,
00:55:141500 condamnations aux bagnes
00:55:16notamment en Afrique du Nord.
00:55:18Finalement, une fois que la répression
00:55:20a remis la machine en ordre,
00:55:22la guerre, elle, continue
00:55:24et la bataille du Chemin des Dames,
00:55:26les combats sur le Chemin des Dames
00:55:28eux aussi se poursuivent.
00:55:30La bataille, en effet, elle continue
00:55:32et c'est ce qu'on va appeler
00:55:34la bataille des observatoires.
00:55:36Pour la possession des points hauts
00:55:38du Chemin des Dames,
00:55:40c'est l'endroit le plus étroit
00:55:42du plateau du Chemin des Dames.
00:55:44Là où il y a une ancienne carrière de pierre
00:55:46qui va devenir très célèbre,
00:55:48c'est la caverne du Dragon.
00:55:50Le 25 juin 1917,
00:55:522000 poilus reprennent aux Allemands
00:55:54la caverne du Dragon à Houlsch.
00:55:56Cette carrière de craie
00:55:58possède un fort intérêt stratégique.
00:56:00Sa position, proche de la ferme d'Urtebis,
00:56:02à l'endroit où la crête se réduit
00:56:04à une cinquantaine de mètres de large,
00:56:06permet de contrôler la partie orientale
00:56:08du plateau du Chemin des Dames.
00:56:10Située à 20 m sous terre
00:56:12et dotée de 7 entrées,
00:56:14la caverne du Dragon
00:56:16s'étend sur plus de 2 hectares.
00:56:18D'une longueur de 3,5 km,
00:56:20elle pouvait contenir 600 hommes.
00:56:22Les Allemands l'ont aménagée
00:56:24comme une véritable caserne
00:56:26comprenant des postes de tir,
00:56:28un réseau d'électricité,
00:56:30des dortoirs, une chapelle,
00:56:32un puits, un poste de secours
00:56:34et même un cimetière.
00:56:37Un souterrain creusé après 1915
00:56:38relie l'entrée nord,
00:56:40dite caverne du Dragon,
00:56:42à la caverne de la Creut au sud,
00:56:44permettant ainsi un déplacement à couvert.
00:56:51Yves Follen est historien
00:56:53et guide conférencier
00:56:55à la caverne du Dragon.
00:57:02Là, tu m'amènes dans les recoins secrets.
00:57:04Effectivement, oui.
00:57:06On marche vers le tunnel nord.
00:57:09Donc ça, c'est le tunnel
00:57:11qui reliait l'entrée qui est sur le plateau
00:57:14à la Creut qui est derrière nous.
00:57:16Tout à fait, oui.
00:57:18Donc là, il y a combien de mètres de galerie ?
00:57:20D'après ce qu'on sait, 125 m de long,
00:57:22d'après le plan allemand que nous avons.
00:57:24Allons voir ça.
00:57:26Allons-y.
00:57:30Donc là, on est dans le tunnel nord.
00:57:32Il faut bien comprendre
00:57:34que les Allemands sont là pour tenir.
00:57:36Donc ça explique toutes ces fortifications.
00:57:38Ils ne veulent pas voir la guerre chez eux.
00:57:40Donc, on s'installe.
00:57:43On met tous les moyens pour tenir.
00:57:45Et là, on est donc dans un tunnel
00:57:47qui a été creusé à la pique.
00:57:49Il faut imaginer
00:57:52ce qu'a pu voir ce tunnel
00:57:54avec les corvées,
00:57:56les gars qui avancent,
00:57:58qui traînent les caisses de grenades
00:58:00pour aller stocker là-bas dans la Creut.
00:58:02En fait, finalement,
00:58:04pendant que les Français rêvent de guerre de mouvement
00:58:06et de percer le front ennemi,
00:58:08ils s'installent, s'enterrent, se cachent.
00:58:10Tenir.
00:58:12Tenir.
00:58:14Le but, c'est de protéger aussi la ville de Lannes
00:58:16qui a un nœud ferroviaire stratégique
00:58:18pour la logistique allemande.
00:58:20Donc là, on est à 23 km de Lannes.
00:58:24Voilà, tiens, regarde.
00:58:26Tu vois, ici, tu as encore des vestiges.
00:58:29Des pots de grenades allemandes.
00:58:31Stielhandgranate, comme on dit.
00:58:33Ça, ça n'a jamais été touché.
00:58:35Grenade à manches.
00:58:36C'est typique.
00:58:38Donc celles-ci sont particulièrement dangereuses.
00:58:40Tout à fait, oui.
00:58:42On ne va pas y toucher.
00:58:44Impressionnant.
00:58:46Oui, tout à fait.
00:58:48Et encore une fois, c'est un tunnel.
00:58:50Il faut imaginer tous les autres.
00:58:52Les Allemands se sont organisés pour tenir,
00:58:54mais ils perdent quand même
00:58:56la caverne du Dragon et la Creut
00:58:58le 25 juin 1917.
00:59:00Effectivement.
00:59:02Ce n'est pas si simple que ça.
00:59:04Attention, il faut savoir que déjà,
00:59:06l'idée française pour prendre cette position
00:59:08va être assez particulière.
00:59:10Déjà, on va balancer dans le sud
00:59:12de la carrière des gaz.
00:59:14199 m3 d'un gaz appelé gaz colongite.
00:59:16Ça n'a pas d'effet puisqu'il y a
00:59:18énormément d'humidité à l'intérieur
00:59:20qui empêche la propagation des gaz.
00:59:22Un mur comme ça va bloquer les gaz.
00:59:24Par contre, au-dessus, ça tape.
00:59:26On sait que pour les deux jours de bombardement,
00:59:28les Français balancent plus de 8 000 obus.
00:59:30Donc ça va trembler.
00:59:32Les Français ont la chance
00:59:34qu'un obus lourd va détruire
00:59:36et les Français, avec des pertes,
00:59:38c'est des combats viants lourds,
00:59:40arrivent à passer au-dessus
00:59:42et arriver sur le versant nord.
00:59:44Là, les Allemands sont bloqués.
00:59:46Il y a à peu près, d'après ce qu'on sait,
00:59:48180 soldats allemands ici.
00:59:50Il y a des blessés.
00:59:52Ils se posent la question, que faire ?
00:59:54Ils attendent des renforts,
00:59:56ils attendent une contre-attaque qui ne viendra pas.
00:59:58Ils vont prendre contact avec des Français
01:00:00qui tenaient les sorties.
01:00:02Après discussion, les Allemands vont prendre
01:00:04la décision de se rendre.
01:00:06Les combats sont violents.
01:00:08L'artillerie est là-haut.
01:00:10On perd, nous, Français,
01:00:12582 hommes tués ou blessés.
01:00:14C'est terrible.
01:00:16Mais pour l'état-major français,
01:00:18c'est une victoire.
01:00:20Donc là, la victoire arrive à point nommé.
01:00:22La presse française et l'état-major français
01:00:24vont monter ça en épingle.
01:00:26C'est sûr qu'il est mieux de dire
01:00:28qu'on a pris la caverne du dragon
01:00:30que de prendre la ferme de la Creute.
01:00:32Il y a un côté mythologique.
01:00:34Une portée symbolique.
01:00:36Comme je dis souvent.
01:00:38Mais c'est ça.
01:00:40On avance.
01:00:42On repousse les Allemands.
01:00:44Un peu une opération de communication.
01:00:46Exactement.
01:00:48Mais chère communication
01:00:50vu ce qui est perdu.
01:00:53En deux mois d'offensive
01:00:55du 16 avril au 25 juin 1917,
01:00:57les Français ont perdu
01:00:59un nombre incalculable d'hommes.
01:01:01Si important qu'à l'époque,
01:01:03personne ne peut fournir
01:01:04une réponse à la question.
01:01:06Le chiffre total probable
01:01:08tourne autour de 200 000 tués,
01:01:10blessés ou disparus.
01:01:12Les pertes allemandes
01:01:14sont au moins du même ordre.
01:01:16Les deux belligérants sont épuisés.
01:01:18Il est temps de repenser
01:01:20la façon de conduire cette guerre.
01:01:22C'est ce que le général Pétain va faire.
01:01:25Pétain va changer de stratégie.
01:01:27Il répète,
01:01:29j'attends les tanks et les Américains.
01:01:31Mais le nouveau commandant en chef
01:01:32n'a pas d'attendre.
01:01:34Il veut aussi former ses soldats
01:01:36à l'emploi des armes nouvelles.
01:01:38Et il opte pour des attaques limitées,
01:01:40très bien préparées.
01:01:42La première est lancée
01:01:44le 23 octobre 1917
01:01:46sur la partie ouest du chemin des Dames.
01:01:48C'est la bataille de la Malmaison.
01:01:52La ligne d'attaque s'étire
01:01:54sur une dizaine de kilomètres
01:01:56de Vossaillon
01:01:58en passant par le moulin de Lafau
01:02:00et la ferme de la Royère.
01:02:02Dans le moulin de Lafau,
01:02:042000 canons ont été concentrés.
01:02:06Ils disposent de 120 000 obus.
01:02:08Au centre du dispositif défensif allemand,
01:02:10le fort de la Malmaison,
01:02:12presque entièrement rasé
01:02:14pendant les combats.
01:02:17A partir du 17 octobre,
01:02:19les canons de tout calibre
01:02:21font pleuvoir sur l'ennemi
01:02:23un déluge de fer et de feu.
01:02:25C'est l'apocalypse.
01:02:27Cette fois, les poilus qui s'élancent
01:02:29à l'assaut le 23 octobre
01:02:30sont parfaitement soutenus
01:02:32par 63 charges Néder et Saint-Chamond.
01:02:35En deux jours,
01:02:37les Allemands perdent 50 000 hommes
01:02:39dont 8 000 tués
01:02:41et 30 000 blessés.
01:02:43Les Français ramènent dans leur ligne
01:02:4511 500 prisonniers.
01:02:47C'est un indéniable succès tactique.
01:02:50Dès le 23 octobre,
01:02:52les forces françaises repoussent
01:02:54les Allemands de plusieurs kilomètres.
01:02:56Les 24 et 25 octobre,
01:02:58les troupes du comte Prince
01:03:00attendent aux poilus
01:03:02de s'emparer du Mont des Singes,
01:03:04de Pinon, de Parny-Filain
01:03:06et d'atteindre les rives de l'Elet
01:03:08derrière lesquelles l'ennemi s'est replié.
01:03:10Entre le 31 octobre
01:03:12et le 1er novembre 1917,
01:03:14les Allemands abandonnent
01:03:16leur position sur le chemin des Dames
01:03:18et se replient derrière
01:03:20une nouvelle ligne de défense
01:03:22au nord de l'Elet.
01:03:31Mon colonel, ici,
01:03:33on est au fort de la Malmaison
01:03:35dont il ne reste pratiquement plus rien.
01:03:37Ça prouve à quel point il a été bombardé
01:03:39au mois d'octobre 1917.
01:03:41Est-ce que l'arrivée du général Pétain
01:03:43consacre une nouvelle manière
01:03:45de faire la guerre ?
01:03:47Alors, plutôt que de parler
01:03:49d'une nouvelle manière de faire la guerre,
01:03:51je préfère parler d'une évolution
01:03:53et au moment où Pétain
01:03:55prend le commandement
01:03:57à la fin du printemps,
01:03:58à l'automne 1917,
01:04:00on est à l'aboutissement
01:04:02d'une trajectoire qui a commencé
01:04:04dès l'automne 1914.
01:04:06Alors, ça se traduit
01:04:08par trois étapes successives,
01:04:10en quelque sorte.
01:04:12Il y a, d'une part,
01:04:14un premier temps industriel,
01:04:16c'est-à-dire qu'on se rend très bien compte
01:04:18qu'il faut d'autres armements,
01:04:20de nouveaux armements,
01:04:22et ces armements,
01:04:24il faut les mettre en fabrication
01:04:26et ensuite les livrer aux unités.
01:04:28C'est un travail individuel,
01:04:30l'armement d'infanterie,
01:04:32les fusils mitrailleurs,
01:04:34les lances-grenades, etc.
01:04:36Et puis, après avoir eu les matériels,
01:04:38il faut former les gens.
01:04:40Et l'une des priorités de Pétain
01:04:42quand il prend son commandement,
01:04:44c'est dans les directives de l'été 1917,
01:04:46c'est de remettre l'armée française
01:04:48en instruction.
01:04:50Et on entraîne les soldats
01:04:52à travailler ensemble
01:04:54avec les différents équipements,
01:04:56c'est la coopération des armes,
01:04:58la combinaison des armes,
01:05:00la coordination des armes,
01:05:02puis se produire les effets maximums.
01:05:04Par quoi ça se traduit véritablement
01:05:06sur le terrain dans la conduite de la guerre ?
01:05:08Alors, la supériorité matérielle
01:05:10dont disposent maintenant les Français,
01:05:12les Alliés en général,
01:05:14les Français en particulier,
01:05:16et puis l'analyse que l'on a faite
01:05:18des offensives des années précédentes,
01:05:20conduit à abandonner définitivement
01:05:22cet assaut frontal brutal
01:05:24mais inutile et extrêmement meurtrier
01:05:26au profit, dans un premier temps,
01:05:28des offensives à objectifs limités.
01:05:30La Malmaison en est l'exemple majeur,
01:05:32des combats de 48, 72 heures,
01:05:34extrêmement violents, extrêmement denses,
01:05:36mais où on s'arrête
01:05:38quand on a atteint l'objectif qui était fixé.
01:05:42Il s'agit aussi là
01:05:44de redonner le moral à la troupe
01:05:46et à la population dans le pays
01:05:48en témoignant de victoires.
01:05:50L'armée française est capable
01:05:52de remporter à nouveau des victoires.
01:05:55Désormais,
01:05:56l'avenir appartient aux moteurs à explosion
01:05:58et à une nouvelle source d'énergie,
01:06:00le pétrole.
01:06:02Les morts de Champagne,
01:06:04de Verdun et du Chemin des Dames
01:06:06ne vont pas peser très lourd
01:06:08dans le nouvel équilibre mondial.
01:06:10Le franc s'efface déjà
01:06:12derrière une devise d'avenir,
01:06:14le dollar.
01:06:16La Première Guerre mondiale
01:06:18n'est pas encore terminée,
01:06:20mais une puissance nouvelle émerge
01:06:22dans le concert des nations.
01:06:24Pétain a dit qu'il attendait
01:06:26un jour, le 20e siècle,
01:06:28sera américain.
01:06:35Le 4 octobre 1917,
01:06:37la commission réunie par le gouvernement
01:06:39Painlevé pour entendre Nivelle
01:06:41sur son échec rend ses conclusions.
01:06:43Pour la préparation
01:06:45comme pour l'exécution de l'offensive,
01:06:47le général Nivelle n'a pas été
01:06:49à la hauteur de la tâche
01:06:51qu'il avait assumée.
01:06:53Le commandant en chef déchu
01:06:54n'est pas sanctionné
01:06:56et au mois de décembre,
01:06:58il est nommé commandant
01:07:00des troupes d'Afrique du Nord.
01:07:11Chères femmes et chers parents
01:07:13et chers tous,
01:07:15je suis bien blessé.
01:07:17Espérons que ce ne sera rien.
01:07:19Élève bien les enfants,
01:07:21chère Lucie.
01:07:22La vie vous aidera
01:07:24si je ne m'en sortais pas.
01:07:26J'ai la cuisse broyée
01:07:28et je suis seul dans un trou d'obus.
01:07:30Je pense qu'on viendra bientôt me sortir.
01:07:33Ma dernière pensée va vers vous.
01:07:52Sous-titrage MFP.
01:08:22Sous-titrage MFP.

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