Ecoutez l'interview de la secrétaire générale de la CFDT.
Regardez Le débat du 04 décembre 2023 avec Yves Calvi.
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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 7h, 9h
00:05 RTL matin. RTL il est 8h20, bonjour Marie-Elise Léon. Bonjour. Vous êtes secrétaire générale de la CFDT, merci beaucoup de prendre la parole ce matin sur RTL.
00:13 Elisabeth Borne réunit ses principaux ministres ce matin à Matignon, objectif dégager
00:17 une feuille de route pour arriver au plein emploi, une promesse de campagne d'Emmanuel Macron.
00:21 Nous sommes à 7,4% de chômage en hausse de 64 000 personnes au troisième trimestre, le plein emploi en
00:27 2027, est-ce que c'est possible Marie-Elise Léon et puis est-ce que c'est un objectif légitime ?
00:31 C'est un objectif légitime, c'est un objectif que la CFDT partage, il faut
00:35 avoir un maximum de personnes qui puissent accéder à l'emploi
00:38 et donc l'une des meilleures façons je pense c'est de mettre tout le monde autour de la table et puis de voir
00:44 comment on peut mieux accompagner, je pense qu'il y a un enjeu autour de la
00:47 la façon dont on peut mieux accompagner les personnes qui sont aujourd'hui en recherche d'emploi et notamment les seniors puisqu'on sait que
00:54 quasiment un senior sur deux, une personne sur deux qui arrive en retraite n'est pas en emploi donc il y a un véritable
00:59 enjeu autour de cette, de ces salariés.
01:02 Je vais y revenir, vous faites confiance au gouvernement pour y arriver ?
01:04 Je fais confiance à l'intelligence collective donc
01:08 le gouvernement peut très bien réfléchir de son côté.
01:11 Là où je suis plus inquiète ou
01:15 oui inquiète c'est que l'on entend parler de certaines
01:19 certaines initiatives qu'il faudrait continuer de diminuer les droits des salariés et que je pense que c'est
01:26 absolument pas la voie qu'il faut suivre.
01:29 Alors parmi les pistes étudiées il y a raccourcir la durée d'indemnisation chômage des plus de 55 ans
01:33 de 27 à 18 mois comme c'est le cas pour tous les autres salariés.
01:37 Le ministre de l'économie Bruno Le Maire l'a confirmé hier dans une interview aux Parisiens aujourd'hui en France
01:41 "Nous comptons sur les partenaires sociaux" affirme-t-il. Que lui répondez-vous ce matin ? Est-ce que vous serez de la partie ?
01:47 Je lui réponds qu'il y a effectivement un problème d'emploi des seniors et que pour une raison simple c'est que c'est beaucoup plus compliqué
01:53 de rester en emploi ou de trouver un emploi quand on a plus de 55 ans.
01:57 Et c'est certainement pas en diminuant les allocations chômage que
02:00 ces personnes vont plus facilement retrouver un emploi. Je pense que c'est plutôt les stigmatiser et
02:06 précariser ces personnes qui ont besoin plutôt d'un accompagnement.
02:09 Pourquoi ? Les patrons ne jouent pas le jeu ?
02:11 Les patrons ne jouent pas le jeu. Les employeurs
02:13 considèrent qu'un senior... Il y a beaucoup de stéréotypes en fait autour de ces salariés qui seraient moins adaptables,
02:20 moins en phase avec les nouvelles technologies,
02:23 qui coûtent cher également on va se dire les choses. On parle souvent du coût salarial des personnes qui ont
02:31 55 ans mais au-delà d'avoir 55 ans ils ont surtout une expérience et des compétences qu'il faut pouvoir reconnaître, un savoir-faire
02:38 qui est extrêmement précieux pour les entreprises.
02:41 Donc vous nous dites faut tout faire pour garder nos seniors dans l'emploi jusqu'à la retraite.
02:44 L'enjeu de l'emploi des seniors c'est effectivement les garder en emploi et arrêter que les entreprises
02:50 n'aient qu'un objectif lorsqu'un salarié arrive à 50 ans,
02:54 c'est de voir selon quelle modalité il va pouvoir le faire partir le plus vite possible.
02:58 On évoque également un temps partiel spécial senior, vous savez quatre jours de travail par semaine, payer 90% du salaire et en cotisant
03:04 à 100% en revanche pour la retraite.
03:07 Vous dites bravo, banco, pourquoi pas ?
03:09 Je dis que c'est très bien que le ministre de l'économie se souvienne d'une proposition qu'a fait la CFDT il y a un an.
03:15 Dans le cas de la concertation sur les retraites c'est exactement une de nos propositions qui a été balayée puisque à l'époque
03:21 l'idée était uniquement de répondre à la question des retraites par le décalage de l'âge légal qui était profondément injuste, qu'il est toujours.
03:28 Donc
03:30 c'est un peu tard aujourd'hui de se dire qu'il y a un sujet senior, la réforme des retraites a été complètement prise à l'envers.
03:37 Donc que le sujet soit sur la terre.
03:39 Oui, complètement prise à l'envers. Aujourd'hui on nous dit c'est terrible les seniors sont au chômage
03:44 alors que la seule préoccupation et le seul objectif du gouvernement, ça a été il y a un an de nous dire
03:51 il faut décaler l'âge légal de la retraite. Donc on le dit et on le redit.
03:56 Nous on a une négociation et on sera force de proposition dans le cadre de la négociation sur l'emploi des seniors
04:00 et qu'il y aura des propositions de cette nature comme
04:05 ce temps partiel senior qui peut être une bonne façon de maintenir les seniors en emploi.
04:10 Est-ce qu'il est logique de modifier les règles de l'assurance chômage en fonction de la conjoncture économique ?
04:13 Non, je pense que le propre d'une assurance qui est l'assurance chômage c'est de
04:20 garantir un revenu des personnes qui ont
04:24 involontairement perdu leur emploi.
04:27 Et donc qu'elle soit stable.
04:28 Et donc qu'elle soit stable et qu'elle permette d'avoir
04:30 une bonne allocation qui permette de retrouver un emploi, d'être dans de bonnes conditions. C'est à dire que
04:36 être sur ces mécanismes un peu automatiques de variation de l'assurance chômage
04:42 c'est une vision purement comptable, purement statistique,
04:45 qui ne prend absolument pas en compte les réalités des personnes qui sont au chômage.
04:50 Et c'est une absence totale de prendre en considération
04:57 ce que vivent réellement ces personnes.
04:59 Alors il n'empêche qu'en Europe la France a un chômage plus important que ses voisins,
05:02 même chose pour les dépenses publiques, mais également plus de prélèvents obligatoires.
05:06 Il faut peut-être s'interroger sur notre modèle social, non ?
05:08 C'est absolument une question beaucoup plus globale.
05:12 Effectivement il faut regarder l'ensemble des éléments qui composent ce modèle social.
05:16 Et qu'est-ce que nous disaient les personnes qui étaient dans la rue au début de l'année
05:19 contre la réforme des retraites ?
05:21 Qu'ils voulaient qu'on parle de leur travail, de leurs conditions de travail, de leurs conditions d'emploi, de leur salaire.
05:27 Et c'est tout ça qu'il faut pouvoir mettre sur la table.
05:29 Et je vois que pour le moment le gouvernement est plus prend à taper sur les salariés
05:32 que de demander un peu plus de comptes aux entreprises,
05:35 notamment via l'ensemble des aides qu'ils perçoivent.
05:38 Et donc nous, CFDT, on propose une conditionnalité des aides.
05:42 Je pense que ça permettra d'y voir un peu plus clair sur l'ensemble de ces dépenses publiques.
05:47 Et est-ce que les entreprises jouent réellement le jeu ou pas ?
05:50 Une autre mesure dans les tuyaux du gouvernement, la revalorisation du compte personnel de formation.
05:54 Pour ceux qui s'engagent dans les filières en tension.
05:58 Est-ce que c'est une bonne piste pour remonter notamment le taux d'emploi des jeunes ?
06:01 Alors c'est une bonne piste pour l'emploi des jeunes, pour aussi, mais pour tous les salariés.
06:07 Favoriser l'accès à la formation pour ceux qui n'y ont pas accès ou qui ont moins accès,
06:13 c'est une bonne chose.
06:15 Et l'un des enjeux aujourd'hui du travail, ce sont l'ensemble des transformations
06:21 liées au numérique, liées à la transformation écologique.
06:24 Et donc il va y avoir besoin de mettre le paquet sur la formation.
06:28 Mais c'est la formation tout au long de la vie.
06:30 On sait qu'aujourd'hui, par exemple, les seniors sont ceux qui ont le moins accès à la formation.
06:35 Quand vous entendez dire "on a besoin de faire des économies en limitant la possibilité d'abuser du système",
06:40 est-ce que ces termes vous choquent ?
06:41 Oui, ça me choque.
06:42 Ça me choque profondément parce qu'on parle de personnes qui sont en situation de précarité,
06:47 qui sont dans des situations individuelles extrêmement difficiles.
06:51 Et je pense que c'est faire preuve d'une incapacité totale à se mettre à la place des personnes
06:57 et de ce qu'elles vivent au quotidien.
06:59 Et donc ce serait bien que les responsables politiques sortent un peu de leur tête des tableaux statistiques.
07:07 Marie-Lise Léon, le nombre de chômeurs est reparti à la hausse.
07:09 64 000 de plus au troisième trimestre, 7,4% de la population active,
07:13 alors même qu'une entreprise sur deux ne trouve pas de salarié pour répondre à ses besoins.
07:17 Comment expliquez-vous ça ? Où est le problème ?
07:21 Le problème, c'est certainement pas forcément de regarder ce qui se passe du côté du chômage.
07:25 C'est-à-dire que, encore une fois, parce qu'il y a aujourd'hui une assurance chômage,
07:30 et je ne connais personne qui soit satisface d'être aujourd'hui au chômage.
07:35 Vous en êtes sûre ?
07:37 L'une des raisons, je n'ai jamais rencontré, pour avoir fait beaucoup d'agences Pôle emploi,
07:44 je n'ai jamais rencontré un chômeur qui se satisfasse de sa situation.
07:49 Donc la question aujourd'hui, c'est s'il y a aujourd'hui des difficultés de recrutement,
07:54 c'est que les entreprises se posent la question du pourquoi elles n'arrivent pas à recruter.
07:58 Il y a un enjeu de salaire, il y a un enjeu de condition de travail.
08:01 Rappelons-nous toutes ces travailleuses essentielles,
08:04 les travailleuses de la deuxième ligne à qui on a promis, après le Covid,
08:07 qu'elles seraient reconnues enfin à leurs justes compétences et leurs investissements au travail.
08:13 Pour la plupart d'entre elles, elles attendent toujours les aides à domicile,
08:16 les personnes qui travaillent dans la grande distribution, dans le secteur de la sécurité.
08:22 Voilà, donc toutes ces promesses qui ont été faites n'ont pas été tenues.
08:27 Et je pense que c'est important que dans le cadre de l'ensemble des travaux qui doivent être faits,
08:33 il y ait aussi un souci de la reconnaissance de ces personnes.
08:37 Il y a du travail sur la table, on l'a bien compris. Merci beaucoup Marie-Lyséon.
08:40 Merci.
08:41 Bonne journée à tous !