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Regardez Le débat avec Yves Calvi et Amandine Bégot du 21 février 2023

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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 7h-9h, RTL Matin.
00:05 Bonjour Bernard-Henri Lévy.
00:08 Bonjour.
00:08 Merci de nous rejoindre ce matin sur RTL à l'occasion de la sortie du dernier film, de votre dernier film.
00:12 Demain en salle il est intitulé "Slava Ukraini". Je vous laisse traduire, gloire à l'Ukraine.
00:17 Gloire à l'Ukraine, absolument. Et c'est en effet demain mercredi.
00:20 Vous affirmez d'ailleurs que ça n'est ni un documentaire, ni un film d'histoire et d'archives.
00:24 Mais je voudrais d'abord vous entendre sur la visite surprise hier. En deux mots, du président Joe Biden à Kiev,
00:29 c'est un moment d'histoire et si oui, que nous dit-il ce moment ?
00:32 C'est un moment magnifique.
00:34 Image magnifique, grandeur de l'Amérique,
00:37 soutien indéfectible de l'Amérique à Zenaski et Poutine ce matin ridicule.
00:44 Voilà ce que nous dit cette image.
00:45 Alors même son arrivée en train depuis Lapoleon avait un caractère cinématographique, c'est le docteur Givago.
00:50 C'est d'abord le soutien de la démocratie à la démocratie.
00:53 Oui, d'abord c'est le beau geste d'un président que tout le monde nous disait sénile, etc.
01:01 Et qui se révèle d'une jeunesse inentamée.
01:04 Et puis c'est le soutien de la plus grande démocratie du monde à la jeune démocratie ukrainienne.
01:10 Et c'était vraiment un moment, pour moi, magnifique.
01:14 J'en aurais pleuré quand j'ai vu cette image de Biden aux côtés du jeune Zenaski.
01:19 Les Ukrainiens sont notre rempart, nous dites-vous dans ce film.
01:22 Expliquez-nous.
01:23 C'est très simple.
01:26 Poutine a déclaré la guerre à l'Europe et à l'Occident.
01:30 C'est ça que dit Poutine.
01:31 Poutine ne dit pas "je déclare la guerre à l'Ukraine".
01:35 Il dit "depuis 10 ans, depuis 20 ans, mon ennemi c'est l'Europe, c'est les démocraties occidentales.
01:41 Je veux casser leur mode de vie, je veux casser leur système de sécurité, je veux modifier l'ordre international à mon profit".
01:49 Qui résiste à ça jusqu'à aujourd'hui ?
01:51 Qui résiste à ça ?
01:53 Le petit Zenaski et sa jeune armée.
01:57 Donc, il est notre rempart.
01:58 Alors, je voudrais tout de suite parler de cette scène très émouvante pour nous Français.
02:02 Celle de "The Bataillon", rebaptisée Charles de Gaulle.
02:05 Expliquez-nous en quelques mots ce qu'est cette scène qu'on découvre dans votre film.
02:09 Et en plusieurs étapes d'ailleurs.
02:10 En quelques mots, c'est un bataillon combattant de première ligne.
02:13 Je les filme une première fois en juin dernier.
02:16 On passe du temps, des jours, des nuits, dans les tranchées, on a froid, on a faim, on est fatigué, on ne dort pas.
02:23 Et les nuits, les longues nuits, je leur raconte De Gaulle, la résistance française, etc.
02:30 Et puis ça travaille dans leur tête.
02:32 Quelques mois après, ils me rappellent, ils savent que je suis à Kiev.
02:34 "Monsieur Bernard, venez, on a une surprise pour vous".
02:37 Et la surprise c'est quoi ?
02:38 C'est un drapeau couleur de l'Ukraine avec une croix de Lorraine.
02:42 Et c'est un document officiel, ils ont reçu l'autorisation de leur état-major de changer de nom et de s'appeler bataillon Charles de Gaulle.
02:52 Autrement dit, vous avez un morceau de la Sainte Croix, la Sainte Croix gaulliste, un morceau de France,
02:59 qui est là en première ligne, entre Zaporizhza et Mariupol, entre les mains de ce bataillon ukrainien.
03:07 Et ça aussi, je vous ai dit que j'ai failli pleurer de bonheur au moment de la visite de Biden.
03:13 J'ai vraiment pleuré de joie lorsque j'ai découvert ça, sur le terrain, avec les drones iraniens au-dessus de nos têtes, ce moment gaulliste.
03:22 Et vous leur dites que la France doit se montrer digne.
03:25 Oui, ben oui.
03:26 Est-ce qu'elle est digne dans ces moments épouvantables que connaît ce pays en ce moment ?
03:32 Je crois qu'elle est digne, je crois que là, je crois qu'elle est globalement digne, que depuis le premier jour, elle a choisi son camp,
03:38 qu'elle a livré les armes qu'il fallait.
03:40 Il y a une scène dans le film, d'ailleurs, où on voit cette histoire de canon César,
03:46 la manière dont Macron fait en sorte que les canons César promis au Danemark convaincrent les Dallois
03:53 qui seront moins utiles enfermés dans leurs placards que livrés sur le rempart, c'est-à-dire en Ukraine.
04:00 Oui, la France est digne.
04:02 Et l'hétergiversation successive du président Macron, qu'on peut très bien comprendre par ailleurs,
04:06 en disant qu'il faut absolument maintenir le lien avec Vladimir Poutine, ça vous paraissait raisonnable ?
04:10 Une guerre, ça se gagne, Bernard-Henri Lévy.
04:12 Et puis après, on discute.
04:14 Moi, je vous dis ce que j'ai vu en Ukraine.
04:16 Ça fait un an que je suis en Ukraine, que je filme, et que je filme encore,
04:20 et que j'écoute, et que je regarde, et que je rencontre des gens.
04:24 Ils savent, les Ukrainiens, ils savent que la France est à leur côté.
04:29 Il y a des instructeurs français, il y a des soldats français, vous verrez dans le film,
04:34 des combattants français.
04:37 Bien sûr, des combattants français sont sur place.
04:39 La France, elle est fortement présente en Ukraine,
04:43 et elle reste pour les Ukrainiens la patrie de la liberté, des droits de l'homme et des Lumières.
04:49 Alors, vous nous avez toujours habitué à ce type d'itinérance dans des pays troublés.
04:53 Justement, comment fait-on pour emmener une équipe et tourner dans un pays en guerre ?
04:58 On fait deux choses que j'ai essayé de faire.
05:01 Vous étiez 6 de mémoire ?
05:04 On était 5 ou 6, oui. On fait deux choses.
05:06 Un, on prend le temps. J'ai eu cette chance incroyable de pouvoir prendre du temps,
05:11 rester du temps, m'attarder, perdre des nuits entières,
05:17 ragueter un regard, ragueter un visage, ramasser des histoires.
05:21 Il y a des histoires de vie, il y a des histoires de mamans qui ont perdu leurs enfants.
05:25 Oui.
05:26 Non mais, j'allais vous dire, tous les médias d'information rendent compte de la situation en Ukraine.
05:30 Finalement, qu'apportez-vous en plus, vous, Bernard-Henri Lévy, avec vos équipes ?
05:34 C'est vous qui pouvez le dire, c'est vous qui avez vu le film,
05:37 et c'est ceux qui le verront à partir de demain au cinéma L'Arlequin à Paris,
05:41 où d'ailleurs je fais une avant-première publique, soit dit en passant,
05:44 demain à 20h, et où j'attends le public.
05:47 Le public peut venir, je serai là, et il y aura un débat après.
05:50 Ce que j'apporte, c'est ça, c'est que c'est pas le flot des...
05:53 Attendez, c'est pas le flot des nouvelles, c'est des visages, c'est des histoires,
05:58 c'est l'envers de la guerre, et c'est sa vérité.
06:01 Bernard-Henri Lévy, vous savez qu'on vous reproche de vous mettre en scène
06:03 et de tirer ces événements dramatiques vers vous, que vous dénoncez.
06:08 Que répondez-vous à ça ?
06:09 Que c'est injuste, que c'est pas vrai.
06:11 Oui, dans ce film c'est pas vrai.
06:13 Les héros du film, c'est les Ukrainiens, c'est les combattants.
06:17 Maintenant, écoutez, quand je me fais bombarder, moi, à...
06:21 à... à... à... à... à... à Kersaune.
06:24 À Kersaune, d'abord.
06:26 Que j'ai des snipers qui me visent avec mon co-directeur Marc Roussel.
06:30 Qu'est-ce que je lui dis ?
06:31 Je vais pas faire l'auto-stalinien, mais fasser de l'image.
06:34 À Barmoutes. Je suis à Barmoutes.
06:36 Comme toujours, c'est une question d'équilibre.
06:38 Ben, l'équilibre, il est respecté.
06:41 À Barmoutes, il se trouve que c'est moi qui suis à Barmoutes ce jour-là,
06:45 au mois de novembre, avec les militiains tchétchènes,
06:48 les soldats de Kadirov d'un côté, les islamistes radicaux de Kadirov,
06:52 et les militiains Wagner, c'est moi qui suis là.
06:55 Qu'est-ce que je fais ? Je m'enlève, j'y suis.
06:58 Je suis là. Je mouille ma chemise.
07:01 Alors quand même, même quand on vous critique,
07:03 on doit vous reconnaître une persistance exceptionnelle depuis 40 ans,
07:06 vous arrive-t-il de connaître un sentiment de découragement,
07:09 face aux guerres et aux coups de boutoir contre la démocratie ?
07:13 Non, et pas en ce moment, parce que je trouve que le monde occidental se ressaisit.
07:18 Il y a 5-6 ans, j'avais peur.
07:20 J'ai écrit un livre d'ailleurs en ce sens, je disais
07:23 "Les démocraties sont battues en brèche par des salopards,
07:26 des anciens empires qui veulent revenir au devant de la scène,
07:30 les chinois, les ottomans, les iraniens, les islamistes radicaux sunnistes,
07:36 et les russes." Je disais ça.
07:38 Il y a 5 puissances révisionnistes qui sont en train de vouloir nous foutre une tannée.
07:42 Aujourd'hui, 7 ans plus tard, grâce peut-être à Vladimir Zelensky,
07:49 grâce au fait que le premier d'entre eux, Poutine,
07:52 qui a décidé de donner les stockades, est tombé sur l'os Zelensky,
07:56 le camp des démocraties se redresse.
07:59 Le camp de la liberté répond relativement coup pour coup.
08:04 Donc, j'étais peut-être pessimiste il y a quelques années,
08:07 je le suis beaucoup moins ce matin.
08:09 - Un dernier mot avec un visage que je vais vous laisser choisir.
08:12 Vos films sont d'ailleurs très souvent des histoires de rencontres,
08:15 simplement humaines, et c'est ce qui en fait une partie du charme et de la force.
08:18 Quelle est celle qui vous a le plus marqué en Ukraine ?
08:20 Quelle est la rencontre qui vous a le plus marqué ?
08:22 - Président Zelensky, honnêtement, Coluche, qui devient Reagan,
08:28 et dont personne ne devine qu'il va devenir Churchill,
08:32 franchement, j'ai 74 ans, je n'avais jamais imaginé ça de ma vie.
08:38 Quand je le rencontre, et les images sont dans le film,
08:41 on le voit demain, on voit ça, on voit un petit gars
08:47 que tout le monde, moi compris, prend pour un Coluche
08:50 qui se prend pour un président.
08:52 Je comprends quand même, j'appelle Macron d'ailleurs en sortant,
08:55 je comprends tout de même qu'il risque d'être Ronald Reagan,
08:59 c'est-à-dire un bon président qui tiendra tête à Poutine.
09:02 Et il me tient sur Poutine dans le film, des propos incroyables.
09:05 Il me dit "la caractéristique de Poutine, c'est le seul homme
09:08 que je connaisse qui n'a pas de regard et qui n'a même pas d'yeux".
09:11 "Il n'a pas d'yeux", me dit Zelensky.
09:13 Et puis, ce Coluche devient Reagan, la guerre arrive,
09:17 et là, contre toute attente, alors que le monde entier
09:20 croit qu'il a perdu, c'est David, c'est Judas Maccabée,
09:24 comme dans la Bible, et c'est Churchill,
09:26 c'est-à-dire un résistant incroyable.
09:29 - Vladimir Poutine, le seul homme qui n'a pas de regard.
09:31 [SILENCE]

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