À l'occasion de la sortie de son nouvel album "Le Beau qui pleut", Pascal Obispo répond aux questions de Yves Calvi et de Steven Bellery, spécialiste musique de RTL.
Regardez Le débat du 15 septembre 2023 avec Yves Calvi et Amandine Bégot.
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00:02 RTL matin 7h 9h
00:24 Bonjour Pascal Obispo, vous bibliez aujourd'hui "Le beau qui pleut", c'est votre 14e album.
00:30 Il marque vos 30 ans de carrière que vous allez fêter sur scène.
00:33 On va le découvrir avec Steven Bedrick, je salue.
00:35 Bonjour à tous.
00:36 Derrière ce titre un peu énigmatique, "Le beau qui pleut", il y a vos souvenirs d'adolescence.
00:41 12 années de vie en Bretagne, vous y découvrez le rock et puis la pluie bretonne.
00:45 Je vous cite "J'aime les camaïeux de bleu et de gris, j'aime le beau qui pleut et le ciel qui plie".
00:51 Vous préférez les ciels tourmentés à l'été ?
00:53 Bizarrement l'adolescence nous marque au fer blanc.
00:57 C'est vrai que je crois que je préfère, oui effectivement.
01:00 C'est une période extrêmement romantique où je me suis construit en tant qu'homme.
01:04 Et c'est vrai que quand on se construit avec la bruine, avec les falaises, avec le ciel gris et les tuiles anthracites,
01:11 ça reste et on a tendance à préférer.
01:14 Même si je suis un enfant de l'océan Atlantique, je suis partagé entre les deux mais ça se ressemble finalement.
01:20 C'est un climat extérieur qui est devenu un climat intérieur.
01:22 C'est un album sur la beauté dites-vous ? Vous arrivez encore à avoir de la beauté dans notre époque ?
01:26 Justement, je suis là pour en amener un petit peu plus.
01:30 Avec Pierre-Dominique Burgo, mon nouvel auteur avec qui je travaille,
01:33 on avait envie de parler de beauté, sublimée, de parler de beauté qu'on assassine.
01:38 A notre époque c'est compliqué mais je pense qu'elle existe mais on veut nous faire croire qu'elle n'est plus là.
01:41 En fait on veut la détruire alors qu'elle est bien présente.
01:44 Pascal, dans ce disque il y a une chanson qui s'appelle "J'étais pas fait pour le bonheur" dévoilée en préambule au printemps.
01:49 J'étais pas fait pour le bonheur et puis voilà
01:53 Quoi ? Soudain que le monteur parle de moi
01:57 Que je me reconnais dans ses belles paroles
02:00 Et qu'il n'avait que des idéaux vitrioles
02:04 Si c'est pas malheureux
02:08 De n'avoir su avant être heureux simplement
02:13 Si c'est pas malheureux
02:15 Si c'est pas malheureux d'avoir su aussi peu simplement être heureux.
02:18 Vous dévoilez une face un peu plus sombre de votre personnalité dans cet album.
02:22 Vous avez fui le bonheur parfois ?
02:24 On a du mal dans notre société anxiogène par les informations.
02:29 On a du mal à voir le verre à moitié plein en fait.
02:31 Le bonheur existe, en tout cas des moments de bien-être ça existe.
02:34 Il suffit simplement de changer l'angle de vue.
02:36 Mais est-ce que vous êtes un mélancolique ?
02:38 Je suis un peu effectivement mélancolique.
02:40 J'ai gardé mes points d'ancrage et j'y reviens souvent.
02:43 Notamment quand j'ai peint par exemple.
02:45 Je me souviens, il y a quelqu'un qui est venu et j'étais en train d'écouter quelque chose de très sombre.
02:49 J'avais le sourire. J'écoutais une musique très triste.
02:51 Mais ces musiques-là me correspondent à des moments de ma vie où j'étais heureux.
02:54 D'ailleurs il y a une chanson qui raconte un peu cet état.
02:56 Elle s'appelle "Au fond j'étais heureux".
02:58 Vous parlez de votre égo bancal dans ce titre.
03:00 Est-ce qu'il vous a joué des tours cet égo en trois décennies de musique ?
03:04 Je n'ai jamais vraiment eu le sentiment d'avoir un énorme égo.
03:07 Dans le sens où je suis quelqu'un dans la vie qui aime me rire.
03:11 Qui se moque un peu de sa condition de chanteur etc.
03:13 Donc l'ego, je ne sais pas.
03:16 Je suis quelqu'un qui a beaucoup travaillé.
03:18 Mais je n'ai jamais été au bispo.
03:19 J'ai toujours eu, comme disait mon camarade Etienne Rodagil, le syndrome de l'usurpateur.
03:23 Non, l'ego ne m'a pas joué de tour.
03:25 C'est surtout l'ego des autres qui m'a joué des tours.
03:27 Mais à nos confrères du JDD, vous venez de confier qu'être un chanteur populaire a toujours été un peu compliqué pour vous.
03:32 Moi je viens du rock.
03:34 Je viens d'une musique qui n'avait rien à voir avec la variété.
03:37 Et on l'a rejetée quand on était jeune.
03:39 Quand je suis arrivé à Paris et quand il a fallu vivre de sa musique.
03:42 J'ai quand même aimé ça.
03:43 J'ai aimé faire des chansons.
03:44 J'ai aimé faire des chansons populaires.
03:46 Travailler avec des artistes avec lesquels je n'aurais jamais pensé travailler.
03:49 Comme Florent Pagny.
03:50 C'était carrément une abomination de pouvoir penser ça à l'époque.
03:53 Quand j'écoutais "Clash" ou "Killing Joke".
03:55 Et puis finalement, on les rencontre.
03:56 Je me suis aperçu que c'était juste de la posture d'adolescence.
03:59 Un problème générationnel ou un problème de culture.
04:02 Et c'était plutôt ridicule.
04:03 Dans ce nouvel album, Pascal, une thématique émerge.
04:05 Celle du "Temps qui file".
04:07 Jamais on ne sera jamais aussi jeune qu'aujourd'hui, dites-vous dans un morceau.
04:10 Autre titre, "Le temps qu'il me reste".
04:12 *Musique*
04:14 *Musique*
04:42 En janvier 2025, vous aurez 60 ans.
04:45 Ça ne vous obsèderait pas un petit peu ?
04:47 Je vais te balancer le verre dans la figure.
04:49 J'essaie d'étirer le temps comme dans les longueurs.
04:52 Chanson de mon album.
04:53 J'essaie de faire le maximum de choses possibles.
04:55 Pour ne pas avoir le moindre regret possible.
04:57 Je sais que la voix s'en va.
04:58 Quand on vieillit, elle change.
05:00 Donc en ce moment, je suis en pleine maîtrise de ma voix.
05:02 J'ai l'impression que j'ai enfin appris à chanter depuis quelques mois.
05:06 Grâce à cette application aussi.
05:08 Parce que je fais des albums souvent.
05:11 Vous partez en tournée dès le 6 octobre.
05:13 Concert anniversaire, 30 ans de carrière.
05:15 Vous serez très sur scène.
05:17 Vous chanterez aussi les chansons que vous avez écrites pour les autres.
05:19 Surtout.
05:20 Vous les aimez autant que les vôtres ?
05:22 Je les aime beaucoup plus.
05:23 Parce que j'étais derrière.
05:24 Et parce que je suis un créateur plus qu'un interprète.
05:27 J'adore créer, j'adore donner.
05:30 Je me souviens d'ailleurs à l'époque,
05:32 quand j'avais donné "Savoir aimer" à Florent.
05:34 Je m'étais fait pourrir par ma maison de disques.
05:36 "Pourquoi t'as donné sa chanson ?"
05:38 Mais je ne vais pas donner une chanson de tiroir.
05:41 Vous le dites, vous travaillez tout le temps.
05:43 Il y a à peu près 40 albums sur votre application.
05:45 Il y a l'album d'Adjani qui arrive.
05:46 Il y a les 10 commandements qui reviennent l'année prochaine.
05:48 Et dans ce nouvel album, Pascal,
05:50 il y a une chanson qui s'appelle "Mon piano s'est jeté par la fenêtre".
05:53 Mon piano s'est jeté par la fenêtre.
05:56 T'as rien à dire de plus que ça.
06:00 Votre opinion, si je peux me permettre,
06:05 ne m'intéresse pas.
06:09 La dernière chanson qu'on a jouée,
06:14 c'était pas fameux.
06:16 "Je n'y suis pour rien", promettez-vous, dans le titre.
06:18 Il a sauté pourquoi ?
06:19 Votre piano en a marre de vous, Pascal ?
06:22 Non, parce que quelquefois, je fais de la merde.
06:25 Je fais n'importe quoi avec.
06:27 L'idée de cet instrument,
06:30 c'est qu'il est devenu mon double, mon confident,
06:33 celui avec qui je ris, avec qui je pleure.
06:36 C'est vraiment la personne,
06:38 puisque c'est une personne, un piano.
06:40 C'est mon double,
06:42 et c'est la personne avec qui je me confie
06:44 et qui entend tous mes problèmes.
06:46 Je suis capable de pleurer sur un piano
06:49 sans même faire aucune note.
06:51 En essayant de travailler.
06:53 Donc, quand ça se passe mal,
06:55 on est capable aussi de s'engueuler.
06:57 Je suis capable de le jeter par la fenêtre,
06:59 parce qu'il n'arrive pas à me soigner de mes blessures.
07:01 Mais au fil des années, on a vraiment cette connivence.
07:04 Vous lui avez donné un prénom ?
07:05 Ne le prenez pas pour un fou non plus.
07:07 Merci beaucoup d'être venu nous voir aujourd'hui.
07:09 "Le beau qui pleut", votre nouvel album,
07:11 paraît dès aujourd'hui.
07:12 On a été heureux de vous accueillir.
07:13 Merci.
07:14 *Bruit de pet*
07:14 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]