Regardez Le débat avec Yves Calvi et Amandine Bégot du 14 février 2023
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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 7h-9h, RTL Matin
00:05 Bonjour Laurent-Alexandre. Bonjour. Merci de nous avoir rejoint ce matin sur RTL. Vous êtes sur Générologue,
00:11 fondateur du site Doctissimo et vous venez de publier une tribune coécrite avec l'économiste Olivier Babau. Elle est intitulée
00:17 "Pourquoi chaque GPT est plus important que la réforme des retraites". Alors évidemment le titre est provocateur
00:22 mais vous allez nous expliquer le fond de votre pensée. Alors je pense qu'en préampule
00:26 il est utile de vulgariser ce terme d'intelligence artificielle et de nous dire du coup
00:30 exactement ce qu'est chaque GPT, même si beaucoup de nos auditeurs ont commencé à l'entendre parler. Dites-nous en trois mots. Chaque GPT c'est
00:35 une nouvelle forme d'intelligence artificielle qui en quelques semaines est déjà utilisée par 100 millions de personnes
00:40 sur Terre. C'est un générateur de textes, c'est-à-dire que en quelques secondes chaque GPT est capable de réaliser des tests, des textes
00:47 philosophiques, de répondre à des questions, de répondre à un entretien d'embauche, d'écrire un article. Il y a beaucoup de journalistes qui commencent à écrire
00:55 leurs articles intégralement avec chaque GPT. Donc c'est une révolution
00:58 dans les réseaux de neurones créateurs d'intelligence artificielle
01:02 puisque nous rentrons dans un monde où on va créer une quantité illimitée d'intelligence à coût presque nul.
01:08 C'est une révolution pour l'école, pour les entreprises et pour la société. C'est un tsunami technologique qui est en train de
01:15 déferler sur nous. C'est pour ça que vous nous dites on a un bouleversement qui est bien au-delà de la question des retraites ?
01:21 Bien évidemment ! C'est une forme de provocation ? C'est tout à fait au premier degré. D'abord pour payer les retraites il faut que l'économie française
01:27 soit compétitive et donc il faut qu'elle ne prenne pas de retard sur ces nouvelles technologies qui vont réorganiser l'hôpital, la santé, les entreprises
01:35 et qui nécessitent donc que l'on forme nos enfants, que l'on forme les français à être complémentaires de l'intelligence artificielle et non pas
01:43 détruits, remplacés par l'intelligence artificielle.
01:45 C'est justement la remarque que j'allais vous faire.
01:47 Mon premier sentiment quand je vous écoute c'est de me dire c'est que ça va détruire des emplois au kilomètre. Mais non !
01:52 Comme d'habitude on va au contraire créer plein d'emplois derrière chaque GPT mais il faut que les gens qui vont être remplacés par chaque GPT
01:59 soient formés pour prendre les nouveaux emplois qui vont être créés grâce à chaque GPT. Donc vous nous dites il faut anticiper et
02:07 accompagner le mouvement c'est ça ? Exactement ! Regardez en France en 1790 il y avait 29 000 porteurs d'eau.
02:13 Les 29 000 porteurs d'eau ont disparu avec l'eau courante. En revanche aujourd'hui il y a plus de 29 000 personnes qui travaillent pour la
02:20 distribution, l'épuration de l'eau en région parisienne. Donc
02:24 l'eau courante a détruit les porteurs d'eau mais on a créé encore plus d'emplois derrière. Ce sera pareil avec chaque GPT.
02:31 Chaque GPT va créer des millions d'emplois mais beaucoup d'emplois actuels vont disparaître donc il faut former les français et changer l'école.
02:38 Allons au bout de votre raisonnement qui paraît parfaitement clair. Quels sont les emplois qui
02:42 devraient ou qui
02:43 pourraient disparaître avec la mise en place de chaque GPT ? C'est clair qu'une partie des emplois de journalistes vont disparaître par exemple.
02:49 Il y a d'ailleurs un article d'un journaliste du Guardian, le grand journal britannique, qui a lui-même écrit dans le Guardian en disant que son
02:57 emploi allait disparaître parce que chaque GPT fait mieux que ce qu'il fait. Donc une partie des journalistes
03:01 vont devoir se reconvertir. Alors les grands journalistes charismatiques comme vous n'ont aucun souci à se faire
03:07 mais les journalistes moyens on peut être plus inquiet pour eux. Mais ça veut dire qu'un journaliste moyen ce sont des gens qui travaillent, qui
03:13 amènent leur sensibilité, leur connaissance, leur sens de l'équilibre,
03:17 on l'essaye sur le plan politique. Je comprends bien mais le rédacteur en chef ne va pas payer un
03:22 journaliste pour faire en trois jours ce que chaque GPT fait en dix secondes. Mais c'est de la compilation
03:27 ou ça va jusqu'à l'analyse, vous comprenez ?
03:32 Les intelligences artificielles maintenant ne sont pas des compilateurs, ce ne sont pas des copiés-collés de ce qu'il y a sur Wikipédia,
03:38 elles génèrent des contenus nouveaux.
03:40 Et puis c'est d'ailleurs on les appelle les intelligences artificielles
03:43 génératives et elles vont devenir créatives dans les années qui viennent.
03:46 C'est la raison pour laquelle il y a un vrai travail à faire à l'éducation nationale pour former nos enfants à être
03:51 compétitifs face à l'intelligence artificielle. Or l'éducation nationale n'est pas prête aujourd'hui, elle forme aux emplois du passé et pas aux emplois du futur
03:59 qui vont changer radicalement à cause de chaque GPT et ses successeurs.
04:02 Que deviennent l'expertise et le contrôle ? Parce que dans une société démocratique
04:05 le contrôle est aussi une nécessité, le contrôle de la loi, de ce qui peut se faire, de ce qui peut se dire
04:11 dans un outil comme chaque GPT ?
04:14 Bien sûr, chaque GPT a des biais idéologiques.
04:17 Chaque GPT est quoi ? De droite ?
04:20 Alors chaque GPT est de gauche, chaque GPT aime beaucoup les minorités, il aime beaucoup les minorités sexuelles.
04:26 Chaque GPT est ce qu'on appelle "woke" aux Etats-Unis, c'est-à-dire que chaque GPT est très à gauche parce qu'il a été
04:32 inventé en Californie, donc il est très "wokist".
04:36 Ça vous fait rire !
04:37 Donc oui, il y a des biais idéologiques, mais attendez, contrôler l'idéologie de chaque GPT va être un enjeu politique absolument passionnant
04:44 et c'est pour ça que le débat politique doit s'enclencher.
04:47 Il serait important que Macron et que Madame Borne, la première ministre,
04:51 s'emparent de ces sujets-là parce qu'au gouvernement, à part Olivier Véran qui connaît très bien chaque GPT et ses implications,
04:56 il n'y a pas beaucoup de ministres qui s'intéressent au sujet.
04:59 Vous voulez dire qu'on a pris un temps de retard en tout cas ?
05:01 La France a un retard de 10 à 15 ans en intelligence artificielle
05:05 parce qu'elle n'a pas investi en intelligence artificielle.
05:08 Il faut savoir que Amazon, le seul Amazon, investit en recherche 40 milliards par an,
05:13 c'est-à-dire 100 fois plus que le budget de l'INRIA, qui est le fer de lance de la recherche en informatique en France.
05:20 Donc oui, nous avons pris un retard considérable, il faut sonner le toxin,
05:24 il faut que le gouvernement, que le président, prennent conscience du retard de la France.
05:29 Nous ne pouvons plus prendre un tel retard technologique dans un secteur qui est crucial pour l'avenir de nos enfants.
05:35 Est-ce qu'il n'est pas déjà trop tard ? Est-ce qu'on a la capacité en France d'informer des ingénieurs informatiques
05:41 et des gamins qui demain seront les auteurs et les utilisateurs de cet outil ?
05:46 Jamais trop tard. Il faut aujourd'hui réfléchir très rapidement à la réorganisation de nos entreprises,
05:51 à la réorganisation de l'État, à la réorganisation des hôpitaux, à la formation professionnelle de demain,
05:57 car il serait tragique qu'en prenant du retard, chaque GPT détruise des emplois
06:02 et que nous n'en créions pas des nouveaux à côté.
06:05 Donc l'éducation et la formation professionnelle sont des enjeux essentiels.
06:09 Or l'éducation a pris beaucoup de retard parce que globalement l'éducation est technophobe
06:13 et n'a pas de réflexion sur la technologie.
06:16 D'ailleurs il n'y a pas de plan à l'éducation nationale aujourd'hui pour préparer nos enfants
06:20 face au choc technologique de chaque GPT.
06:22 Et je rajouterais que chaque GPT a été créé par OpenEye, par Elon Musk en fait.
06:27 Vous confieriez l'avenir de l'humanité à Elon Musk ?
06:31 Non mais la question intéressante c'est qu'Elon Musk considère que l'éducation ne va pas se moderniser assez tôt.
06:36 C'est pour ça qu'il a créé la société Neuralink, qui est destinée à mettre des microprocesseurs
06:40 dans le cerveau de nos enfants pour les rendre compétitifs face à chaque GPT
06:44 et aux autres intelligences artificielles.
06:47 Si l'on ne rénove pas l'éducation nationale suffisamment tôt,
06:50 on risque de donner raison à Elon Musk qui pense que la seule solution sera en réalité
06:55 de mettre des processeurs électroniques dans le cerveau de nos enfants,
06:58 sinon ils ne seraient pas compétitifs face à chaque GPT.
07:01 Donc là on a une course de vitesse entre les intelligences artificielles
07:07 et la rénovation de l'éducation nationale qui a pris beaucoup de retard.
07:10 Une dernière question, je vous cite de mémoire même si les termes sont impropres,
07:13 mais vous nous dites finalement dans tout ça, il ne faut pas s'embarrasser
07:16 avec les principes moraux ou philosophiques, il faut y aller, je vous ai bien compris ?
07:20 Oui, il faut commencer par rattraper le retard de la France
07:23 et on fera de l'éthique et de la philosophie de l'intelligence artificielle
07:26 une fois qu'on aura rattrapé notre immense retard.
07:29 Donc pas trop de philosophie, mais en revanche de la stratégie,
07:33 du développement industriel, du développement de la recherche
07:36 et puis une réforme de l'éducation pour nous rendre forts face à l'intelligence artificielle.
07:42 C'est une révolution !
07:43 Nous sommes face à un tsunami technologique, il faut une révolution de l'éducation nationale
07:48 et de l'organisation de l'État dans les années qui viennent.
07:50 Merci beaucoup Laurent-Alexandre, je renvoie à votre tribune.
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