Ecoutez l'interview du président du Forum international pour la paix et la réconciliation au Moyen-Orient.
Regardez Le débat du 30 novembre 2023 avec Yves Calvi.
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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 7h, 9h
00:05 RTL matin. Il est 8h20. Bonjour Rolf-Ernst Bernstein.
00:09 Bonjour. Merci beaucoup de prendre la parole ce matin sur RTL. Vous président, je le rappelle, le forum international pour la paix et la réconciliation
00:15 au Moyen-Orient. Je précise que vous êtes très écouté par notre président Macron.
00:19 C'est donc l'information de la matinée. L'armée israélienne a annoncé que la trêve allait continuer. Les médiateurs internationaux
00:24 continuent de négocier pour un cessez-le-feu durable et la poursuite de l'aide humanitaire. Mais ce matin, fusillade à Jérusalem. Il a fait au moins, selon les derniers
00:31 bilans, un mort, trois femmes,
00:34 plusieurs blessés, dont cinq dans un état grave. Ça veut dire que cet espoir de paix à tout moment est menacé ?
00:39 À tout moment. Très fragile.
00:41 Il faut prêter attention à ce qui se passe en Chine et en Jordanie.
00:43 Ce qui s'est passé à Jérusalem aujourd'hui, on en a la preuve. On en est à trois morts pour l'instant au niveau du bilan.
00:48 8 blessés graves.
00:51 250 morts à peu près en six Jordanies en six semaines.
00:54 Autant qu'en un an et demi. Donc il faut faire
00:58 très attention à ce qui se passe en six Jordanies. Des attentats de ce type auront lieu quoi qu'il arrive ?
01:02 Ils seront subis alors qu'on essaie de négocier une paix par ailleurs ? Il faut vivre entre ces rythmes ?
01:07 Pour l'instant, oui. Parce qu'il n'y a pas de négociation pour la paix. Parce qu'il n'y a pas une détermination pour la paix.
01:12 Parce qu'il n'y a pas une volonté de faire la paix. Et tant qu'elle n'existera pas, il y aura de la violence et il y aura des attentats.
01:18 Parlons des otages. Une libération totale est-elle envisageable dans les jours à venir ?
01:23 Je ne peux pas vous répondre à cette question parce qu'on ne sait pas exactement le nombre d'otages qui sont vivants.
01:28 On ne sait pas le nombre d'otages qui sont dans les mains du Hamas. Paraît-il qu'il y a d'autres qui sont dans les mains d'autres
01:33 organisations ou de privés même à Gaza.
01:37 Je vous interromps là-dessus parce que ça peut paraître absolument invraisemblable.
01:40 Pour dire les choses simplement, on a perdu des otages ?
01:42 Le Hamas dit qu'il en a perdu.
01:44 On peut les croire ?
01:47 Je n'ai pas d'autre choix pour l'instant. J'aimerais ne pas les croire.
01:50 Mais on ne sait pas. J'espère que le nombre qu'on connaît, c'est le nombre.
01:57 J'espère qu'ils seront tous libérés.
01:59 Mais je pense que le prix va augmenter avec les jours qui vont passer.
02:02 Puisqu'ils ont aussi des soldats et des policiers.
02:04 Et là le prix va être entre guillemets, le prix va être plus haut.
02:07 Avez-vous d'une quelconque façon des informations sur nos otages français ? Je pense notamment à Ami Hachem,
02:12 dont le visage est aujourd'hui connu par tous les français.
02:15 Elle va apparemment, aux dernières nouvelles, dire à une demi-heure,
02:18 être libérée de ce soir.
02:20 Donc elle serait sur la liste de ce soir.
02:22 Bon, on espère que ce sera bien entendu.
02:24 C'est une bonne nouvelle. Il nous reste encore 4 ressortissants français à libérer.
02:27 J'espère qu'il y en aura d'autres ce soir, je ne le sais pas encore.
02:29 Et presque 150, 160 otages à libérer.
02:34 Et quand ils seront tous libérés, cette terrible guerre se terminera.
02:38 J'espère que les uns et les autres reprennent le chemin de la raison.
02:41 Et le chemin de la péquée.
02:43 Tellement nécessaire pour les deux populations et pour tout le monde.
02:46 Pour nous aussi.
02:48 Que voulez-vous dire par là ?
02:50 Qu'il n'y a pas d'alternative militaire au conflit israélo-palestinien.
02:53 Que la seule alternative est une alternative politique.
02:56 Que le chemin de la guerre et de la violence,
02:59 les palestiniens le connaissent depuis 45 ans, il n'a amené à nulle part.
03:03 Que ça a un impact négatif sur nos sociétés.
03:06 On voit bien ce qui se passe en France, et ça risque d'empirer si ça va empirer là-bas.
03:10 Donc il faut aujourd'hui une détermination, une volonté politique,
03:13 de la part des américains c'est bien entendu,
03:15 mais aussi de la part de la France et de l'Europe.
03:17 On ne peut pas...
03:18 Je vais revenir à la France après, mais avec qui autour de la table,
03:20 pour se tendre la main et signer une paix, même quand on n'en a pas envie initialement ?
03:25 D'abord avec celui que les israéliens et les palestiniens auront choisi.
03:28 On ne peut pas leur dicter leur leader.
03:30 Par contre, on peut leur dicter les conditions.
03:32 Jusqu'à maintenant on les a encouragées,
03:34 aujourd'hui il ne faut plus les encourager,
03:36 je dirais en langage diplomatique qu'il faut les encourager fermement.
03:39 On paye des milliards d'euros chaque année pour l'autorité palestinienne.
03:42 Nous sommes le principal marché pour l'économie israélienne.
03:45 Nous avons des leviers d'influence, il faut les faire fonctionner.
03:48 Nous avons une leadership aujourd'hui qui est déterminée par la voix du président Macron,
03:52 déterminée à aller de l'avant, il faut l'encourager.
03:54 Le Premier ministre Netanyahou peut être l'homme qui signe cette paix ?
03:57 Non, je crois qu'il aurait pu l'être.
04:00 C'est un pragmatique, c'est un opportuniste qui veut rester au pouvoir,
04:04 mais je crois que ses jours au pouvoir sont comptés.
04:07 Celui qui va le remplacer peut absolument l'être.
04:09 Qui est celui qui va le remplacer ?
04:10 Apparemment, selon les sondages israéliens, c'est Benny Gantz,
04:14 qui a, vraiment avec beaucoup de sagesse et responsabilité,
04:18 a rejoint ce gouvernement, fait partie de la petite cellule de guerre,
04:22 a été ministre de la Défense, chef d'état-major, respecté par les Israéliens.
04:26 Les sondages, depuis un moment, lui donnent la victoire.
04:28 Du côté palestinien, dans le cadre d'échanges de prisonniers,
04:31 ou même sans ce cadre-là, je suis pour la libération d'un monsieur
04:35 qui s'appelle Marwan Barghouti, qui est prisonnier depuis 20 ans,
04:38 qui fait l'unanimité auprès des Palestiniens, qui est pragmatique,
04:41 qui vient de l'aile modérée des Palestiniens, c'est-à-dire de l'OLP et pas du Hamas,
04:45 qui connaît très bien la société israélienne,
04:47 que moi je connais très bien et je pense que ça peut être l'homme de la situation.
04:50 Donc vous nous dites qu'il y a des hommes et des femmes de paix
04:52 qui peuvent encore jouer un rôle, c'est bien cela ?
04:54 Mais pas seulement des hommes et des femmes, monsieur.
04:56 Il y a aujourd'hui la majorité des Israéliens et la majorité des...
04:59 C'est vrai qu'aujourd'hui ils vivent avec le traumatisme,
05:01 c'est vrai qu'aujourd'hui ils enterrent leurs morts,
05:03 c'est vrai qu'aujourd'hui ils sont vraiment blessés.
05:05 Ça va passer, mais la majorité des Israéliens et des Palestiniens
05:08 veulent se réveiller le matin et savoir qui va rentrer tranquille le soir à la maison.
05:12 Ils veulent la paix, ils veulent le progrès, ils veulent préparer l'avenir de leurs enfants.
05:17 Ils ne se réveillent pas le matin en se disant "je vais me taper un Juif ou je vais me taper un Palestinien".
05:21 Non, la majorité veulent la paix.
05:23 À ce propos, pourquoi la France est-elle absente des négociations pour la paix
05:26 qui ont lieu en ce moment même au Qatar ?
05:28 Qui vous l'a dit ?
05:30 Vous nous dites qu'elle est présente, mais de façon inofficielle ?
05:32 Je vous dis que le président Macron est déterminé à aller de l'avant,
05:36 que ça a été le premier président à aller sur place,
05:38 pas seulement pour réconforter les Israéliens,
05:40 mais pour rencontrer le président Abbas,
05:42 rencontrer le roi Abdallah,
05:44 rencontrer le président Sisi,
05:46 avec un plan de paix à qui il va falloir donner de la substance.
05:51 Le président parle presque quotidiennement avec M. Tamimi au Qatar,
05:57 avec les Libanais, avec les Iraniens,
06:00 et bien entendu avec les Israéliens et les Palestiniens.
06:02 Justement, Fr. Braunstein, vous devez bientôt remettre un rapport de 200 pages
06:05 au président Macron sur la situation au Proche-Orient.
06:07 Que va-t-il contenir ?
06:09 Des idées pour construire une paix entre deux peuples en guerre depuis 1948 ?
06:13 Oui.
06:15 Parce que ce qui a été mis sur la table jusqu'à maintenant n'a pas fonctionné.
06:19 Donc il faut changer de paradigme.
06:20 Il faut être un peu original.
06:22 Il faut proposer des choses qui peuvent être acceptables.
06:25 On parle depuis 40 ans de la solution des deux États.
06:27 Très bien, bravo, OK.
06:29 Mais comment on le fait ? Avec qui on le fait ?
06:31 C'est dans la boîte à outils que je vais et que je lui présente.
06:35 Il y aura des idées.
06:37 Certaines, il va retenir.
06:38 Certaines, il ne va pas retenir.
06:40 Mais au moins, il y aura des idées très concrètes dans le domaine économique,
06:42 dans le domaine pédagogique, dans le domaine culturel.
06:44 En France aussi, ce qui doit être fait entre les communautés
06:47 et aussi dans le domaine politique.
06:49 Vous écoute vraiment le président ?
06:50 Vous savez, parce qu'il a une grande capacité à avoir l'air d'écouter,
06:54 ce qui n'est pas tout à fait la même chose, vous comprenez ma question.
06:57 Puis c'est lui qui décide à l'in fine.
06:59 In fine, c'est lui qui décide.
07:00 In fine, c'est lui qui m'a nommé à cette mission.
07:04 La question doit lui être posée.
07:06 Est-ce qu'il m'écoute vraiment ?
07:08 Ma question est presque intime.
07:10 Est-ce que vous le ressentez ?
07:11 Écoutez, moi j'ai un bon sentiment pour le président.
07:15 Et je crois qu'il a de bonnes intentions.
07:18 Il n'avait aucun intérêt à nommer quelqu'un comme moi.
07:21 Moi, je n'appartiens pas à l'appareil.
07:23 Je suis un fils d'immigré.
07:25 Je suis immigré moi-même.
07:26 Je ne suis pas un énarque.
07:28 Je suis un oiseau bizarre dans cette histoire.
07:31 Je pense que s'il n'avait pas voulu écouter mes conseils
07:34 ou s'il n'avait pas voulu se servir de mon expérience,
07:36 il ne m'aurait pas nommé.
07:37 Il n'y a aucun intérêt à me nommer.
07:39 Je ne représente pas un poids politique
07:41 ou je ne veux pas un job ou un poste.
07:45 Je suis là pour que la peur entre Israélien et Palestiniens
07:49 devienne une réalité.
07:50 - Et vous nous dites ce matin sur RTL qu'elle est possible à moyen terme ?
07:54 - Je vous dis aujourd'hui sur RTL qu'elle est possible ?
07:57 Ça dépend de ce qu'on entend par "à moyen terme".
07:59 Là, on va passer quelques mois difficiles
08:01 pour soigner les blessures qui sont profondes,
08:03 les traumatismes qui sont très graves.
08:05 Mais j'espère que dans quelques mois,
08:07 il y aura des changements politiques chez les Palestiniens,
08:09 des changements politiques chez les Israéliens.
08:11 Et ce sera des partenaires avec lesquels on pourra travailler.
08:13 Oui, la paix est possible.
08:14 - Merci beaucoup, Offer Weinstein.
08:16 [SILENCE]