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La Santé d'Abord : les jeunes face aux écrans
Le nombre d'écrans à la maison a nettement augmenté ces dernières années. Pour nos enfants, leur usage excessif ou mal maîtrisé peut avoir des effets néfastes sur leur santé physique ou psychologique. Véronique Mounier et ses invités en parlent sur le plateau de "La Santé D'abord"

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Transcription
00:00 Prenez soin de vous avec le groupe vive et votre programme la santé d'abord.
00:03 Groupe vive pour une santé accessible à tous.
00:07 Bonjour à tous, soyez les bienvenus sur le plateau de la santé d'abord, l'émission qui préfère prévenir plutôt que guérir.
00:13 On ne va pas se cacher, les écrans font aujourd'hui partie de notre quotidien.
00:17 On s'informe, on joue, on crée du lien social.
00:20 Ce serait impossible de s'en passer, mais pour nos enfants, un usage excessif de tous ces écrans
00:25 pourrait avoir des répercussions sur leur santé physique et mentale.
00:28 Alors comment agir ? On en parle aujourd'hui sur le plateau de la santé d'abord.
00:32 Alors combien d'écrans avez-vous chez vous ? Est-ce que vous avez déjà fait le compte ?
00:57 J'ai compté chez moi une famille de 4 personnes avec 2 ados,
01:01 entre le téléphone, le smartphone, la console de jeu, les télévisions, etc.
01:06 On arrive très vite à une dizaine d'écrans par jour, ce qui explique ces chiffres ahurissants
01:11 du temps passé par nos enfants, surtout chez les tout-petits, devant les écrans.
01:15 Donc voici quelques chiffres. À 2 ans, les enfants passent déjà près d'une heure par jour devant un smartphone,
01:20 une tablette ou la télévision. C'est un chiffre qui passe à 1h20 pour des enfants de 3 ans et demi
01:25 et 1h34 pour des enfants de 5 ans et demi. Et le problème, évidemment, c'est que nos enfants sont nés avec,
01:30 donc on ne doit pas pouvoir leur supprimer. Mais l'idée, c'est de leur apprendre à mieux gérer ces écrans
01:36 pour éviter d'éventuelles complications pour leur santé. Donc évidemment, c'est plus facile à dire qu'à faire.
01:40 C'est pourquoi j'ai invité 2 grands experts du sujet. Candice Van Lanker, bonjour.
01:45 Bonjour.
01:46 Vous êtes directrice programme Confiance éthique numérique 3 chez VIVE. Merci d'être avec nous.
01:51 Serge Tisseron, bonjour.
01:53 Bonjour.
01:54 Avant de vous présenter plus, vous êtes psychiatre et psychanalyste, directeur de recherche à l'université Paris 10.
01:59 Vous êtes notamment l'auteur de VIVRE dans les nouveaux mondes virtuels aux éditions du Nau.
02:05 Et je cite également votre dernier livre, Empathie et manipulation, les pièges de la compassion, aux éditions Albin Michel.
02:12 Mais ce sera l'occasion de faire une autre émission sur le harcèlement à l'école. Là, on est vraiment sur les écrans,
02:17 même si on parlera en fin d'émission du cyber harcèlement. Voilà, ces chiffres sont inquiétants, évidemment.
02:25 Mais l'idée, c'est vraiment d'apporter des clés aux parents pour mieux éduquer nos enfants à l'usage de ces écrans.
02:30 Et nous sommes justement allés interroger quelques parents.
02:33 Sont-ils attentifs au temps passé par leurs enfants sur les écrans ?
02:36 Ont-ils conscience des effets négatifs de ces écrans sur la santé ?
02:40 Est-ce qu'eux-mêmes montrent l'exemple ? Parce que ça aussi, c'est un problème. Regardez.
02:45 [Musique]
02:51 Alors, ma fille a à peine 15 ans et je pense qu'elle passe au moins 3 heures sur les écrans par jour.
02:58 20 minutes par jour environ.
03:00 7 et 4 ans.
03:01 Alors, il doit passer dans la semaine, pas énormément, peut-être 2 heures par jour, peut-être 10 à 12 heures par semaine.
03:10 Et on essaie quand même de contrôler un maximum, donc je dirais, on est sur une bonne heure et demie par jour, je pense.
03:17 Là, je suis au lycée, du coup, le téléphone est autorisé. C'est vrai qu'on est souvent dessus pendant les heures de pause, etc.
03:24 On discute beaucoup des choses qu'elle peut voir, qui peuvent la choquer, ou tout ce qui se passe sur les réseaux, les discussions notamment avec les amis.
03:30 Et on contrôle aussi ce qu'ils regardent. Ils sont souvent basés sur les TikTok.
03:35 On essaie de regarder des dessins animés assez intelligents.
03:39 Je pense qu'il a conscience, mais après, pour réduire, limiter le temps, c'est très, très, très, très difficile.
03:45 Ma grande de 13 ans n'a pas son smartphone à 13 ans, mais elle a accès par le biais de mon téléphone à certains réseaux sociaux.
03:55 Je sais qu'il y a l'addiction. Je sais que moi, je peux être addicte à ça.
04:01 Je ne suis pas sûre d'être encore une addict parce que je ne me couche pas avec le soir, je ne me lève pas avec le matin et je ne suis pas toute la journée dessus.
04:10 Donc, je pense que je montre plus ou moins bien l'exemple. J'espère en tout cas.
04:16 Voilà, je pense qu'on a tendance à sous-estimer un peu le temps que passent aux enfants devant les écrans.
04:22 Il y a une jeune qui parle d'ailleurs d'addiction. C'est intéressant, ça. Alors, les écrans, c'est à partir de quel âge ?
04:28 Alors, vous savez, vous connaissez idéalement à partir de trois ans, après trois ans, pas d'écran avant trois ans.
04:34 Parce qu'avant trois ans, quelles peuvent être les conséquences sur le développement de nos enfants, le développement mental ?
04:40 Alors, le problème principal, c'est que vous savez, un tout petit, il n'a pas beaucoup d'heures d'éveil dans la journée.
04:46 Et en plus, il a énormément d'apprentissage à faire. Il doit apprendre à identifier les mimiques de ses interlocuteurs.
04:53 Voilà, je suis content, je suis triste, je suis heureux. Il doit apprendre à parler le langage. Il doit apprendre à prendre des objets, à les déplacer.
05:01 Et tout ça, ça nécessite qu'il ait du temps pour le faire. Et tout le temps qui passe devant une télévision, c'est souvent le cas,
05:08 eh bien, c'est du temps perdu pour tous ces apprentissages essentiels. Et après, avec en plus une étude qui a montré que plus un enfant petit
05:15 passe du temps dans la télévision, et plus ensuite c'est prédictif du temps qu'il passera sur d'autres outils.
05:21 Parce que le temps s'ajoute. S'il y a un temps de télé qui est considéré comme de droit, quand il y a la tablette, ça s'ajoute.
05:27 Quand il y a le smartphone, ça s'ajoute. Et du coup, on arrive à des temps d'écran faramineux quand on ajoute tout.
05:32 Donc, en fait, plus on commence tous les écrans, plus on a des risques d'avoir une addiction très importante à tous ces écrans.
05:37 Candice, il y a aussi des risques pour le sommeil, une surexposition à tous ces écrans.
05:42 Il y a des risques pour les sommeils. Ensuite, en termes de prévention, on le précise très souvent, il faut faire attention aux écrans.
05:52 Mais souvent, les statistiques, c'est de passer du temps sur le nombre d'heures, alors que je pense qu'aujourd'hui, ce qui est important,
05:59 c'est l'usage et ce qu'on y regarde, finalement, derrière ces écrans.
06:03 C'est vrai qu'on est focalisés sur le nombre d'heures.
06:04 À un moment donné, si son enfant, pendant 6 heures d'affilée, regarde des vidéos pédagogiques, éducatives, on sera quand même un peu moins stressé
06:12 que s'il regarde des choses qui sont assez bétifiantes.
06:15 Mais ce n'est pas toujours facile de savoir ce que regardent nos enfants et en particulier nos ados.
06:18 On en parlera tout à l'heure. Juste pour rester encore sur les conséquences des écrans sur la santé de nos enfants,
06:23 donc les apprentissages, le lisier, le sommeil, qui est aussi un moment important pour mémorer tous ces apprentissages.
06:31 Oui, mais alors je voudrais aussi ajouter, parce que la dernière personne qui parlait, parlait du bon exemple.
06:36 Et donc ça, il faut savoir qu'aujourd'hui, il y a beaucoup d'études qui montrent que lorsqu'un jeune parent est sur son smartphone
06:43 et qu'il y a son bébé à côté et que le bébé essaye d'attirer l'attention du parent, mais que le parent, il se partage entre son smartphone et son bébé.
06:51 Il a été montré que le parent, il a moins de mimiques parce qu'il est accaparé par son smartphone, il fait des phrases plus courtes.
06:56 Et il a été montré que ça aussi, ça peut être très perturbateur pour un enfant.
07:00 Donc donner le bon exemple, ce n'est pas seulement qu'un enfant a 7, 8, 9 ans.
07:03 C'est vraiment qu'un enfant est tout petit déjà, habitué à interagir avec un humain disponible et pas avec un humain qui se partage entre son écran et son bébé.
07:12 Il est à moitié sur son smartphone et à moitié avec vous.
07:14 Il y a une étude intéressante menée par l'Institut de Barcelone qui a montré que les enfants les plus exposés aux écrans à 4 ans
07:20 avaient aussi un risque accru de surpoids, d'obésité, de syndrome métabolique à partir de 7 ans.
07:27 Donc là encore, il y a vraiment des effets néfastes sur la santé de nos enfants.
07:32 Oui, tout à fait.
07:33 De toute façon, rester devant un écran, on devient de plus en plus sédentaire, on bouge moins.
07:39 Et effectivement, c'est important de varier finalement les activités de nos petits bambins et des plus grands.
07:49 La variété de ce qu'on doit faire se vaut pour n'importe quel âge.
07:54 Oui, mais alors, à contraire d'autres activités sédentaires comme faire un puzzle, lire ou faire du dessin, ne semblent pas être un facteur favorisant le surpoids.
08:03 Oui, mais vous savez, on voit les gens qui vont au cinéma qui s'achètent des paquets de contexte comme ça.
08:09 Oui, parce qu'en fait, ça nous donne envie de consommer plus.
08:12 Je pense qu'on a tous fait l'expérience, prendre son repas devant un écran ou devant la télévision, on va manger plus parce qu'on ne mange pas ce qu'on appelle en pleine conscience.
08:20 C'est du grignotage.
08:21 C'est du grignotage.
08:22 Dès qu'on mange en ayant le regard accaparé par un écran, on est plus réceptif aux signaux de son estomac et on peut manger énormément sans même s'en rendre compte et avoir encore faim après quand on passe à table.
08:32 C'est pour ça qu'il ne faut pas l'interdire, mais il faut que ça soit de l'ordre de l'exceptionnel et pas que ça devienne une habitude de prendre son plateau et de regarder quelque chose.
08:42 C'est là d'ailleurs que l'exemple des parents est si important.
08:45 Vous savez, à l'association 36912, on dit toujours que si on réduit tous les conseils qu'on peut donner aux parents à un seul, pour moi, c'est vraiment prendre les repas du soir, qui sont des repas familiaux, sans écran, sans télévision, sans smartphone, sans tablette.
09:01 Pour montrer à l'enfant qu'on lui est disponible et après pour pouvoir interdire à l'enfant de manger en regardant un écran.
09:07 Que l'enfant ne dise pas, tous les soirs on mange en regardant la télé.
09:11 Pourquoi moi je ne regarderais pas mon écran finalement si mes parents le font.
09:15 C'est vrai que c'est assez logique.
09:16 Et puis parlons aussi effectivement de l'impact de ces écrans sur la santé mentale de nos enfants aussi.
09:22 Ils vont être plus irritables, plus agressifs.
09:25 Oui, alors là, comme vous le disiez très bien, ça dépend beaucoup des programmes qui sont regardés.
09:30 Oui, si on regardait des choses un peu violentes.
09:33 Aujourd'hui, les experts disent que le critère du temps d'écran, c'est celui qui est le plus facile à mesurer.
09:39 Il suffit d'avoir une pendule.
09:40 Mais en revanche, c'est un très mauvais critère.
09:42 Il faut le contextualiser, il faut savoir ce que l'enfant fait avec les écrans.
09:46 Et puis la capacité qu'a l'enfant aussi d'échanger autour de ce qu'il voit.
09:50 Il n'y a pas seulement le choix d'un programme adapté à son âge.
09:52 Il y a aussi la possibilité pour l'enfant de dire ce qu'il en pense, de construire une petite narration autour de ce qu'il a vu.
09:58 Et puis d'établir un lien privilégié avec un adulte de référence.
10:02 D'ailleurs, dans le reportage, c'était intéressant de voir.
10:06 Alors, on a vu une approximation du nombre d'heures passées.
10:10 Mais on voit bien qu'en tant que parent, on ne sait pas toujours.
10:14 Enfin, ce qui est le plus important, c'est qu'on ne sait pas forcément ce qu'ils regardent derrière leurs écrans.
10:19 Alors justement, qu'est-ce qu'il faudrait faire ? Il faudrait les fliquer.
10:21 Moi, j'ai l'exemple de ma fille.
10:24 Elle est évidemment sur les réseaux sociaux.
10:27 J'ai créé un faux profil pour quand même pouvoir surveiller.
10:30 Je ne pense pas qu'elle regarde l'émission, j'espère.
10:33 Et pour pouvoir quand même voir ce qu'elle met sur TikTok, pour pouvoir surveiller quand même.
10:38 Mais c'est bien de le faire, ce n'est pas bien ?
10:41 Est-ce qu'il faut quand même les fliquer un peu ?
10:44 Moi, ça me rassure moi, mais si elle le sait, je ne serais pas très contente.
10:48 La grande difficulté, c'est que beaucoup sont sur les écrans aussi, comme une manière d'échapper au contrôle des parents.
10:52 Parce qu'ils nous bloquent.
10:54 Oui, vous vous approchez d'un enfant qui a sur sa tablette, il la colle contre sa poitrine pour que vous ne sachiez pas ce qu'il fait.
11:00 Et un ado encore pire avec son smartphone.
11:02 Donc il faut commencer à en parler quand les enfants sont tout petits.
11:05 Et puis s'informer par ailleurs.
11:07 Si on regarde une émission de télé sur TikTok, on peut parler avec son enfant de ce qu'on a vu à l'émission de télé.
11:12 Ce qu'il faut, c'est établir un climat dans lequel l'enfant, à un moment, va avoir envie de vous parler.
11:17 Mais si vous le questionnez en lui disant "Alors, t'es sur TikTok, qu'est-ce que tu fais ?"
11:20 Il ne vous répondra évidemment rien.
11:22 Et puis il faut être un petit peu informé pour arriver à poser les bonnes questions.
11:25 Savoir ce qu'est Snapchat, ce qu'est Instagram.
11:28 Pas dire de grosses bêtises, sinon vous allez être totalement disqualifiés.
11:31 Mais ne pas leur donner l'impression qu'on est un peu intrusif.
11:34 C'est un peu leur jardin secret.
11:36 Ni intrusif, ni méprisant.
11:38 Oui, de s'intéresser à ces nouveaux moyens d'échange, de partage.
11:43 Cette réaction aussi de vouloir fliquer, ce que vous employez comme terme, on le fait parce qu'on a peur.
11:51 Et aujourd'hui, on le voit bien, on va nous donner des chiffres, des chiffres qui font peur.
11:55 Le nombre d'heures passées, et puis on ne sait pas ce qu'ils regardent.
11:59 Et c'est très anxiogène.
12:01 Moi je me souviens, il y a quelques années, toutes les actions de prévention,
12:06 il y avait au moins 15 fois le mot "danger", des mots comme ça très anxiogènes.
12:11 On rentrait chez soi et on se disait "Ouh là là, je mets tout à la poubelle parce qu'au final, c'est trop difficile à gérer".
12:16 On a commencé cette émission en parlant des dangers de la surconsommation des réchats.
12:20 Donc je pense qu'il faut dire à nos téléspectateurs, en tant que parents,
12:25 que le numérique c'est vraiment un outil formidable, mais c'est comme tout.
12:30 Il faut apprendre les règles.
12:33 Alors justement, parlons de ces règles, parce qu'il y a quelques règles qui existent,
12:37 histoire d'être le plus pratique et constructif possible.
12:41 Serge Tisseron, vous parlez de la règle des 3, 6, 9, 12.
12:44 Oui, alors 3, 6, 9, 12, 3 ans, 6 ans, 9 ans, 12 ans, c'est pour introduire les écrans de la bonne manière
12:51 et à l'âge où l'enfant peut en faire un bon usage.
12:55 Donc en fait, les balises 3, 6, 9, 12, il y a des tranches d'âge, on ne va pas rentrer dans les détails,
13:01 mais s'il vous plaît, il y a quand même des conseils essentiels,
13:03 c'est-à-dire de s'intéresser à ce que font les enfants, de parler avec eux,
13:06 de limiter le temps d'écran évidemment, et puis d'encourager les activités de création.
13:11 Parce que regarder un enfant, je dis toujours à 7, 8 ans, achetant lui un appareil photographique numérique,
13:18 qui puisse faire ses propres photos, participer à la vie familiale, puisque chacun fait des photos,
13:23 puis qu'il ne demande pas un smartphone pour faire de la photo,
13:25 s'il a un appareil photo, on pourrait lui répondre d'un appareil photo, fais de la photo,
13:28 on en a un smartphone pour le moment.
13:30 Et cette confusion, parce que vous savez, les vendeurs de smartphones,
13:33 ils les vendent comme appareils photos maintenant,
13:36 donc il faut vraiment couper l'herbe sous le pied de la publicité,
13:38 offrir à un enfant un appareil qui lui permet de fabriquer ses propres images.
13:42 Puis il y a des jeux vidéo dans lesquels on fabrique des choses,
13:45 et puis il y en a dans lesquels on ne fabrique rien,
13:47 donc c'est là que la curiosité des parents est importante.
13:50 - Il y a également une de vos consoeurs, la psychologue Sabine Duflo,
13:53 qui elle parle de la méthode des quatre repas.
13:56 Donc c'est pas d'écran le matin, c'est ça ?
13:59 - Pas d'écran le matin, pas d'écran à midi, pas d'écran, je raconte,
14:03 pas d'écran le matin, pas d'écran en mangeant, pas d'écran le soir avant le coucher.
14:07 - Pas d'écran dans la chambre.
14:09 - Pas d'écran dans la chambre. C'est tout à fait de bon sens,
14:11 à 36912 on a dit ça au début, mais le problème c'est qu'on s'aperçoit que le pas,
14:16 c'est-à-dire quand on propose aux parents uniquement une démarche interdictrice,
14:20 on ne prépare pas un climat familial serein pour que les parents discutent avec leur enfant.
14:26 Donc nous on intègre à 36912 en effet ces consignes,
14:29 on les a dites depuis le début encore une fois, je vous le disais tout à l'heure,
14:32 jamais prendre leur pas du soir devant un écran,
14:35 mais en revanche on insiste beaucoup sur tout ce qui peut être important,
14:39 par exemple avant 3 ans, jouer.
14:41 Il faut que les parents réapprennent à jouer avec leur enfant, à parler avec leur enfant.
14:45 Et puis quand l'enfant grandit, apprendre à s'informer mutuellement.
14:51 Vous savez, il y a des parents perdus avec les applications,
14:54 il y a même des parents qui demandent à leurs enfants d'installer les outils de contrôle parental,
14:58 parce qu'ils ne savent pas comment faire.
15:00 - J'en connais quelques-uns. Il y a aussi la règle des 20, faire des pauses toutes les 20 minutes.
15:04 - Ça c'est important.
15:05 - Regarder à l'infini, mais pas seulement sur un écran.
15:08 - Et leur donner le bon exemple en tant que parent.
15:11 Alors parmi les acteurs qui s'engagent auprès des jeunes et de leurs parents,
15:14 il y a la CNIL, c'est la Commission Nationale de l'Informatique et des Libertés.
15:17 Carina Chatin, responsable de l'éducation au numérique,
15:20 nous explique comment sensibiliser les jeunes à un numérique responsable.
15:24 C'est un reportage de Damien Despier.
15:33 - La CNIL a déjà pour mission de protéger la vie privée et les données personnelles des citoyens.
15:38 Et pour cela, elle met à disposition un certain nombre d'outils
15:42 pour les aider à exercer leurs droits en ligne.
15:46 Et donc au sein de la CNIL, nous avons créé une mission d'éducation numérique en 2013,
15:50 donc il y a 10 ans.
15:52 L'objectif, c'est de sensibiliser le grand public
15:55 à l'importance de protéger sa vie privée en ligne à l'ère du numérique.
15:59 Très récemment, on a publié une tribune demandant à ce que l'éducation au numérique
16:05 soit enseignée dès l'école maternelle, compte tenu des enjeux
16:09 que soulève le numérique dans le domaine de la vie privée.
16:13 Et donc avec ce collectif d'acteurs, on a décidé, avec le groupe VIVE,
16:19 en partenariat avec l'ANAE, le soutien de la MGN également,
16:23 et du ministère de l'Éducation Rationale et de la Jeunesse,
16:26 de créer un jeu immersif qui s'appelle "Les gardiens du numérique"
16:32 et qui a donc pour objectif principal de sensibiliser à la fois les familles et les classes
16:39 à l'importance d'acquérir des bons réflexes en ligne
16:43 et donc de pouvoir devenir des citoyens numériques.
16:47 Et par là même, de leur faire comprendre quels sont les enjeux,
16:50 de décoder finalement les enjeux que soulève le numérique
16:53 de manière à pouvoir adapter ses comportements en conséquence
16:56 et de pouvoir donc naviguer dans le monde numérique en toute sécurité.
17:01 Alors, on l'a dit, Internet, les jeux vidéo, les réseaux sociaux,
17:05 c'est quand même génial aussi parce qu'on peut discuter, partager des photos
17:09 ou des vidéos avec le monde entier, mais il faut avoir conscience effectivement
17:13 que toutes les données personnelles qu'on va mettre sur ces réseaux sociaux
17:17 ont de la valeur et qu'elles peuvent être utilisées pour d'autres finalités.
17:21 Et la protection de la vie privée, ça c'est une priorité pour vous Candice
17:25 et pour le groupe VIVE ?
17:27 Oui, alors pour le groupe VIVE, on s'est associés avec la CNIL depuis plusieurs années
17:32 pour réfléchir ensemble sur des outils de prévention pour accompagner nos jeunes.
17:37 La légitimité aussi en tant que parents qui était difficile à installer,
17:42 nos parents ne sont pas nés avec le numérique,
17:45 donc les jeunes ont tendance à dire "de toute façon on ne comprenait rien
17:48 et ce que vous dites n'a pas forcément de valeur".
17:50 Et on a commencé à travailler avec un youtubeur qui s'appelle Le Rire Jaune
17:56 et qui nous a permis de faire une jolie vidéo pour sensibiliser les jeunes
18:01 à un numérique plus responsable.
18:03 Alors ça veut dire quoi un numérique plus responsable ?
18:05 C'est comprendre finalement comment Internet fonctionne,
18:09 pourquoi c'est important d'avoir un pseudo,
18:11 pourquoi c'est important de protéger sa vie privée.
18:14 Et à partir de là, on s'est dit "mais il y a quand même un maillon manquant
18:19 qui est celui du temps passé à la maison, derrière des écrans
18:23 et on sentait bien que le dialogue entre les jeunes et les parents était assez limité.
18:29 Et donc on a commencé à réfléchir et on s'est dit "créer un jeu immersif
18:34 où les jeunes vont jouer avec leurs parents à partir de thématiques du numérique
18:40 et qui reprend des missions de la vie quotidienne pouvait être intéressant".
18:45 Et derrière, le principe c'est donc à travers ce jeu immersif,
18:50 c'est de susciter le dialogue entre les générations finalement
18:54 et de faire comprendre aux jeunes qu'en protégeant sa vie numérique,
19:00 en protégeant ses données personnelles,
19:02 ça leur permettra d'éviter beaucoup de mises à l'usage
19:06 comme des problèmes d'irréputation ou de cyberharcèlement.
19:09 Donc une vraie communication entre les générations.
19:12 - Alors il y a un autre sujet qui préoccupe aussi beaucoup les parents,
19:15 ce sont les cas de cyberharcèlement auxquels sont confrontés nos enfants.
19:18 D'après un récent sondage, 79% des parents interrogés souhaitent obtenir de l'aide
19:23 et des informations pour les aider à anticiper, à faire face à des situations de cyberharcèlement
19:28 et 20% des jeunes disent avoir déjà été confrontés au cyberharcèlement.
19:32 C'est beaucoup quand même ces chiffres, moi j'étais assez surprise.
19:37 - C'est beaucoup et en plus il y en a qui n'osent pas en parler.
19:41 - Oui, c'est énorme.
19:44 Après on met dans le cyberharcèlement beaucoup de choses diverses.
19:47 Un enfant qui reçoit des mails de harcèlement de tas de gens à tout moment
19:51 et puis quelqu'un qui a pu être cyberharcelé une ou deux fois.
19:54 - Justement, c'est quoi le cyberharcèlement aujourd'hui ? Comment on peut le définir ?
19:57 - Pour moi c'est une forme de harcèlement qui se prolonge sur les réseaux numériques.
20:03 Mais un enfant qui est cyberharcelé via le numérique,
20:06 il est toujours aussi harcelé dans la vie quotidienne d'une façon ou d'une autre,
20:09 à l'école, dans la cour de récréation, dans la cour de l'immeuble.
20:12 - On retrouve les mêmes profils.
20:14 - Et puis après le gros problème c'est qu'il est d'abord cyberharcelé par des gens qui le côtoient
20:19 et puis comme vous savez de proche en proche il y a des gens qui peuvent s'agréger
20:23 donc du coup la personne cyberharcelée va non seulement être cyberharcelée par des inconnus
20:27 qu'en fait elle connaît mais qu'elle n'identifie pas parce que c'est l'anonymat,
20:30 mais par des tas d'inconnus et là il y a un effet de masse.
20:33 Quand vous entendez dire une ou deux fois par jour "t'es gros, t'es con, ça va"
20:37 et que vous recevez ça 150 fois sur internet, ça change de dimension.
20:42 - Mais s'il y a quand même des signes particuliers qui peuvent nous mettre sur la voie
20:46 pour savoir si notre enfant justement subit un cyberharcèlement ?
20:49 - Oui, il y a différents signes.
20:51 Déjà la personne peut s'isoler, ne communique pas, n'a plus le goût de vivre,
20:58 a tendance à s'enfermer et de toute façon sur le harcèlement comme pour tout le reste,
21:06 je pense que ce qui est essentiel, et vraiment j'insiste là-dessus,
21:10 c'est le dialogue. Il faut parler, il faut échanger,
21:13 et il faut que nos jeunes aussi prennent conscience
21:16 qu'une action réalisée de manière individuelle,
21:20 comme c'était précisé tout à l'heure, multipliée par 100,
21:23 ça n'a plus du tout le même impact.
21:25 Ce qui fait qu'il y a des jeunes aujourd'hui qui se retrouvent à harceler,
21:29 sans s'en rendre compte, parce qu'un like ou un petit commentaire,
21:33 ça ne veut pas dire grand chose, et ils ne se rendent pas forcément compte
21:36 de l'impact que ça peut avoir quand c'est multiplié X milliers de fois.
21:41 - Il y a du harcèlement par volonté d'emprise de certains enfants,
21:44 mais il y a aussi beaucoup de harcèlement par suivisme.
21:47 - C'est l'effet meute en fait.
21:49 - Voilà, c'est l'effet meute. Un autre signe aussi important,
21:51 c'est la crainte d'aller à l'école. Dès qu'un enfant dit "je n'ai pas envie d'aller à l'école"
21:55 - Là il faut se poser la question, aller voir les professeurs et creuser la piste.
21:58 Alors je vous propose de retourner à la cité des sciences et de l'industrie
22:01 avec vos partenaires Candice Lacnil et Lahanné.
22:04 Entre autres, vous avez imaginé un jeu immersif, un autre, une sorte d'esca-bm,
22:09 dont la mission est justement de lutter contre le cyberharcèlement.
22:12 C'est un reportage de Damien Dessmier.
22:14 - Bonjour, bienvenue dans le jeu immersif.
22:26 - Bonjour. - Bonne chance.
22:28 - Merci. - Mettez un terme au plan de l'infâme Black Hat.
22:32 - Je suis dans le data center du jeu immersif "Les gardiens du numérique"
22:37 que nous avons conçu pour accompagner les jeunes et les parents
22:40 à mieux comprendre les enjeux du numérique.
22:43 - En fait, c'est une maman qui a posté une photo de son enfant
22:49 et elle n'a pas pensé à si son enfant l'aimait bien ou il voulait bien poster cette photo.
22:55 Donc ça a circulé et l'école a repris le poste
22:58 et donc il s'est fait harceler autant dans sa vie au collège
23:02 et autant sur les réseaux sociaux.
23:05 - À travers ce jeu, qui est aussi en 3D, donc c'est vraiment super sympa,
23:09 c'est assez technologique, on va essayer de trouver les raisons
23:13 pour lesquelles il s'est retrouvé dans cette situation.
23:16 - Du coup, on a prévenu la mère et elle fera plus attention maintenant.
23:20 Et du coup, Black Hat, il s'est fait attraper.
23:22 (rires)
23:24 - Nous, ça nous interpelle aussi en tant que parents de se dire
23:30 qu'il faut quand même qu'on fasse attention nous aussi à ce qu'on publie.
23:34 - Il faut absolument instaurer le dialogue.
23:38 Si on n'explique pas aux jeunes comment fonctionne Internet
23:41 et comment fonctionne l'économie de la donnée,
23:44 ils ne peuvent pas avoir un esprit critique sur leur manière de faire,
23:47 sur les réseaux sociaux par exemple.
23:50 - Voilà, c'est ce que vous nous disiez.
23:52 En tout cas, c'est le jeu immersif.
23:54 Je sais que vous tenez à cette appellation.
23:56 Je trouve que c'est vraiment une très bonne idée.
23:58 J'imagine que vous avez d'autres idées encore en tête.
24:01 - Oui, malheureusement, il y a des missions,
24:04 on n'en a plus de 6, on en a une aussi sur les plateformes d'influence,
24:10 sur l'information, c'est-à-dire que les jeunes ont toujours l'impression
24:13 que ce qu'on leur transmet comme information,
24:15 c'est ce qu'il y a de plus objectif, alors que pas du tout.
24:17 Tout est orienté et une fois de plus...
24:20 - Oui, de leur apprendre à avoir un esprit critique et un petit peu de recul.
24:24 - Comprenons le monde dans lequel on vit et les parents doivent aussi le faire.
24:30 Ça ne nous viendrait jamais à l'esprit d'emmener nos enfants,
24:33 de laisser nos enfants aller tout seuls à l'école la première fois
24:37 ou de les laisser aller faire les courses la première fois
24:40 sans leur expliquer le chemin, sans leur expliquer les dangers.
24:43 Et finalement, le monde numérique, c'est la même chose.
24:46 C'est le même combat, finalement, cette vie réelle et cette vie numérique.
24:50 - Il faut les accompagner. - Il faut les accompagner.
24:52 - C'était une très belle conclusion de cette émission.
24:55 Un grand, grand merci à tous les deux.
24:57 J'en profite en conclusion pour rappeler quelques fondamentaux.
24:59 Personne ne peut publier une photo ou une vidéo sans demander au préalable autorisation.
25:03 Personne n'a le droit de tenir des propos injurieux ou diffamatoires
25:06 à l'égard d'une personne ou d'une communauté.
25:08 Et puis, bien sûr, il faut protéger ses données personnelles et sa vie privée,
25:11 ne pas remplir les champs obligatoires dans les questionnaires sur Internet,
25:15 les jeux, ne jamais donner son adresse, son numéro de téléphone à quelqu'un qu'on ne connaît pas.
25:19 Ça paraît du bon sens pour nous, mais voilà, mais peut-être pas pour des enfants.
25:23 - J'ajouterais juste, les accompagner et accepter que parfois ils nous accompagnent
25:27 parce que, vous voyez, ils peuvent en savoir beaucoup avec ce genre de choses.
25:31 - Je confirme, ils en savent beaucoup plus que nous.
25:33 Un grand merci à tous les deux, c'était passionnant.
25:35 Merci à tous ceux qui m'ont aidé à préparer cette émission.
25:38 Merci de nous avoir suivis.
25:39 Je vous donne rendez-vous très bientôt pour un prochain numéro de La Santé d'abord.
25:43 D'ici là, prenez soin de vous.
25:44 ...
26:05 Le groupe Vive vous a présenté La Santé d'abord, le programme qui prend soin de vous.
26:10 Groupe Vive, pour une santé accessible à tous.

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