• il y a 11 mois
La Santé d'Abord : la charge mentale
Le concept est vieux de 30 ans, mais il est toujours là en embuscade dans nos vies modernes, avec de grosses conséquences sur notre santé physique et psychique. Véronique Mounier et ses invités parlent de la charge mentale sur le plateau de "La Santé D'abord"

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Transcription
00:00 Prenez soin de vous avec le groupe vive et votre programme La Santé d'abord.
00:04 Groupe vive pour une santé accessible à tous.
00:08 Bonjour à tous, soyez les bienvenus sur le plateau de La Santé d'abord,
00:10 l'émission qui préfère prévenir plutôt que guérir.
00:13 Et aujourd'hui, nous allons parler d'un concept vieux de 30 ans
00:16 et qui pourtant est toujours là en embuscade dans nos vies modernes
00:18 avec malheureusement des conséquences sur notre santé psychique et physique.
00:22 Il s'agit de la fameuse charge mentale et ce sera notre sujet du jour.
00:27 [Musique]
00:47 Alors en 2024, à quoi ressemble notre charge mentale ?
00:51 Comment a-t-elle évolué depuis ces 30 dernières années ?
00:53 Les femmes en ont-elles toujours le monopole ?
00:55 Et puis surtout, comment limiter ses conséquences sur notre santé ?
00:59 Comme par exemple le burn-out.
01:01 Autant de questions que je vais poser à mes deux invités aujourd'hui.
01:04 Bonjour, Margaux Jolin.
01:05 Bonjour.
01:06 Merci d'être avec nous.
01:07 Vous êtes docteur en psychologie, responsable pôle recherche et psychologie chez Woodwork.
01:11 On en parlera d'ailleurs tout à l'heure.
01:13 Vous êtes également auteur d'un livre, Charge mentale,
01:15 mieux s'organiser et éviter la surchauffe, aux éditions Wiber.
01:19 Voilà vos conseils, vous nous êtes très précieux aujourd'hui.
01:22 Bonjour, Denis Mathieu.
01:23 Bonjour.
01:24 Alors vous, vous êtes médecin psychiatre et conseiller technique auprès du groupe VIVE.
01:28 On attend également vos conseils,
01:30 parce que je crois que la charge mentale, c'est un sujet qu'on partage tous aujourd'hui.
01:34 Mais avant, je vous propose de faire un petit état des lieux
01:36 sur justement la charge mentale des Français.
01:38 C'est un reportage d'Élise Cobarto.
01:40 On la vit, mais comment la définir ?
01:50 En fait, c'est tout ce à quoi on pense quand on est en train de faire autre chose.
01:53 Je travaille, je fais à manger, je douche les enfants, je fais le nettoyage de la maison.
01:59 Comment je vais faire pour faire tout ça ? Mais non, j'y arriverai pas. Enfin, c'est ce genre de choses.
02:03 On arrive un peu à saturation.
02:04 Préparer tous les repas à l'avance, toutes les courses,
02:07 toute la logistique de la maison, des enfants, etc.
02:10 Travailler, plus les enfants à la maison, plus tout ce qui est maison à gérer.
02:14 C'est deux emplois à plein temps.
02:16 Lorsqu'on sent qu'on est complètement débordé, fatigué, qu'on devient agressif,
02:23 la charge mentale devient trop importante et là, il est temps de faire quelque chose.
02:26 Des douleurs au ventre.
02:28 Des fois, peut-être le fait de craquer aussi, de pleurer, d'extérioriser.
02:32 Je pense pas que ça concerne les femmes. Après, peut-être que les femmes n'en parlent plus.
02:35 Ça les met moins à cran que nous.
02:37 J'ai pas cette charge mentale. Quand j'arrive à la maison, je m'occupe de ce qui est à m'occuper.
02:43 Mais lui s'occupe le plus gros, on va dire.
02:45 Avec la nouvelle génération qui est derrière nous, je pense que les choses s'améliorent.
02:49 Et puis, la Terre ne s'arrête pas de tourner parce qu'on n'a pas accompli telle ou telle tâche.
02:54 La charge mentale, la charge cognitive, c'est un truc qui commence à apparaître de plus en plus.
02:58 Mais c'est encore pas tabou, mais compliqué à aborder de manière générale.
03:01 Faire de la méditation et prendre du temps pour soi.
03:05 Se faire plaisir, acheter des choses qui nous font plaisir.
03:08 Discuter des fois avec les professionnels, du coup, si on a besoin d'aide.
03:12 Parfois, le fait de penser qu'on n'est pas toute seule sur le sujet, ça fait un peu de bien quand même.
03:17 C'est vrai, les femmes en parlent plus. Il n'y a que des femmes dans ce micro-trottoir, pratiquement.
03:23 Bon, en tout cas, il y a de l'espoir, d'après certains de ces messieurs.
03:28 La charge mentale, c'est vrai, tout le monde en parle depuis des années.
03:31 C'est un terme qui est très à la mode, qui a été un peu galvaudé.
03:33 Alors, comment définir simplement ce concept ?
03:35 Parce que contrairement à ce qu'on pense, ce n'est pas seulement une addition de tâches.
03:40 Margot ?
03:42 Ce qui est intéressant, c'est qu'on parle de charge mentale et tout de suite, ça évoque la surcharge mentale, ce trop-plein.
03:49 En réalité, la charge mentale, c'est quelque chose de tout à fait normal qu'on a tous,
03:53 parce qu'on a des capacités qui sont limitées.
03:55 J'aime bien utiliser cette image. Vous imaginez que dans votre tête, vous avez un espèce de plan de travail.
03:59 Ce plan de travail, il a une certaine place.
04:01 Et puis, c'est un peu comme votre bureau. Parfois, tout est bien rangé.
04:03 Vous savez exactement là où vous allez. Parfois, ça commence à s'entasser.
04:06 Il y en a trop, ça déborde.
04:07 Là, on passe en surcharge mentale et c'est là que les difficultés arrivent.
04:10 C'est un peu un problème de rangement.
04:12 C'est un peu un problème de rangement, exactement.
04:15 Donc, la charge mentale, c'est juste ces choses auxquelles on doit penser, qu'on doit surtout pas oublier de faire.
04:20 Oui, ça correspond à des fonctions cognitives, à des capacités psychiques que nous avons.
04:26 Et certaines sont plus importantes que d'autres.
04:28 La plus importante, c'est la planification, c'est-à-dire notre capacité à imaginer pourquoi on fait les choses
04:34 et comment on va les séquencer les unes derrière les autres.
04:37 Ce n'est pas tellement le fait de faire des choses qui va mettre en surcharge, c'est le fait de les planifier.
04:43 Comme vous le rappelez, on a une capacité très limitée, vraiment limitée, de planifier les choses.
04:50 On ne peut pas planifier 50 choses en même temps.
04:52 D'après un sondage Ipsos qui est paru en 2018, 41 % des Français associent la charge mentale à la gestion,
04:58 l'organisation et la planification constante des tâches domestiques et parentales.
05:02 Pour 20 % de la charge mentale, pour 24 % de la charge mentale se résume à une double journée,
05:06 ce qui n'est pas tout à fait la réalité.
05:08 Et pour 13 %, comme l'articulation entre vie professionnelle et vie privée.
05:11 On en parlera tout à l'heure, mais c'est vrai que l'équilibre aussi, quand il n'est pas facile à trouver,
05:15 peut vite nous mettre en surchauffe.
05:18 Donc si j'ai bien compris, ce sont en fait toutes ces informations qu'on reçoit en permanence de notre environnement
05:23 et que nous devons traiter, qui finalement nous épuisent aussi.
05:27 Il y a un problème de rangement, mais il y a aussi un problème, comme vous le disiez, de capacité limitée.
05:33 Complètement, on n'a pas la possibilité de mémoriser énormément de choses en même temps
05:38 et on n'a pas la capacité de porter notre attention sur plusieurs choses en même temps.
05:41 De la même manière qu'on n'a pas la capacité d'être dans deux endroits en même temps, mais ça a priori,
05:44 même si parfois on aimerait, on arrive tous facilement à s'en rendre compte.
05:48 Et c'est d'autant plus vrai aujourd'hui que dans le milieu professionnel,
05:52 on est obligé d'être un peu sur tous les fronts. Il y a aussi une forte pression dans ce domaine-là.
05:57 Oui, dans le milieu professionnel, dans notre vie personnelle aussi,
05:59 mais c'est vrai qu'on est dans une société de l'immédiateté, avec beaucoup de choses.
06:03 On a l'impression que tout doit arriver très vite, tout de suite.
06:06 Et on a parfois du mal à se dire que c'est important de savoir aussi prendre son temps,
06:10 parce que planifier, ça demande du temps et de l'énergie.
06:13 Notre cerveau a besoin de temps pour pouvoir faire ça correctement.
06:16 Oui, et puis la différence entre le professionnel et le personnel est quelque chose d'artificiel.
06:23 Notre cerveau ne fait pas de différence entre les deux. Il utilise les mêmes capacités.
06:27 Il ne dit pas "tiens, je bascule d'un monde à l'autre". Non, il est "comment je planifie aussi bien
06:32 la réunion que je devrais faire demain que le fait de devoir planifier les devoirs des enfants".
06:38 Donc c'est le même appareil psychique qui doit servir à beaucoup de choses.
06:42 Donc l'idée, c'est de pouvoir entraîner ces capacités cognitives pour supporter plus de charge mentale, quelque part ?
06:50 Alors, est-ce qu'il faut supporter plus de charge mentale ou est-ce qu'il faut être capable de dire non
06:56 quand on sent que nos capacités arrivent à saturation ?
06:59 On verra justement quels sont les signes d'alerte, à quel moment il faut dire non.
07:05 On parle toujours de la charge mentale des femmes.
07:08 Alors c'est vrai, dans le micro-trottoir, effectivement, il y a plus de femmes qui s'expriment.
07:12 Peut-être qu'elles en parlent plus facilement. Mais sont-elles réellement plus concernées que les hommes aujourd'hui
07:16 ou est-ce une idée reçue ?
07:18 Je donne la parole à Noam.
07:21 Souvent, on parle de charge mentale et on oublie le complément qui est ménagère.
07:25 Parce qu'en fait, la charge mentale est quelque chose de global, mais le focus est souvent mis sur la partie ménagère.
07:30 Pour là, culturellement, les femmes sont souvent elles qui détiennent la nécessité de planifier les choses à la maison.
07:38 Mais il n'y a pas de différence physiologique.
07:41 L'appareil psychique est le même chez les hommes que chez les femmes.
07:44 Simplement, culturellement, et on le sait depuis Simone de Beauvoir,
07:47 qu'on demande aux femmes des choses qui ne sont pas les mêmes qu'aux hommes.
07:51 Les hommes, on leur demande une performance de l'action,
07:54 alors que chez les femmes, on leur demande une performance de la planification.
07:57 C'est ça la différence, parce que c'est beaucoup plus compliqué de planifier que de faire les choses.
08:01 Faire les choses, en gros, c'est automatique.
08:04 On sait faire les choses.
08:06 Alors que planifier, il faut mettre beaucoup d'énergie psychique.
08:10 Les femmes sont-elles plus vulnérables à la charge mentale ?
08:13 Parce qu'elles se mettent plus de pression, elles sont peut-être plus perfectionnistes,
08:16 notamment au niveau domestique, c'est-à-dire que la vaisselle dans l'assiette,
08:20 ça peut nous déranger, nous, en tant que femmes, et peut-être moins un homme, je ne sais pas.
08:24 Je pense que la société, culturellement, on a un petit peu imposé ça,
08:29 cette image de la femme qui est capable de tenir un intérieur parfaitement.
08:34 Après, encore une fois, fondamentalement,
08:37 il n'y a pas de différence entre les hommes et les femmes là-dessus,
08:40 et je pense que c'est important, et j'ai l'impression qu'on va dans le bon sens là-dessus,
08:44 de lutter contre ces stéréotypes-là, parce que plus on va les alimenter,
08:48 et plus ça mettra la pression à toutes les femmes,
08:51 qui auront l'impression de ne pas s'identifier comme une femme,
08:54 si je ne réponds pas à ces stéréotypes-là.
08:56 Alors justement, nous avons rencontré Karine et David, un couple devenu collaboratif,
09:00 et oui, ça existe, en matière de charge mentale.
09:03 Une solution parmi d'autres pour alléger la charge mentale des femmes,
09:07 c'est un reportage de Cédric Manet.
09:16 - 7h - 10, les réveils de Jeanne, puis d'Antonin, le goûter, le car table, les repas.
09:26 David, le mari de Karine, a beau être collaboratif, le rythme est dense.
09:30 - Là, il y a par exemple le livre de bibliothèque de l'un,
09:33 un autre livre de lecture à l'autre, le change auquel il faut penser, oui, oui.
09:40 Ça charge, c'est ça, c'est bien le mot, ça charge le mental.
09:44 Après, il n'y a rien de grave dans ces choses-là,
09:47 mais c'est vrai que tu as envie de bien faire, en fait.
09:51 - Pour Karine, cette charge mentale date d'une période précise,
09:54 les naissances des enfants et les années qui ont suivi.
09:57 - J'ai eu la sensation, en tout cas, que parce que c'est moi qui portais l'enfant,
10:01 c'est moi qui étais responsable de tout.
10:03 C'est-à-dire qu'on s'est adressé à moi, la maman, au tout début, maternité, les crèches, l'école.
10:12 On s'adresse, enfin, c'est la sensation que j'ai eue, plus à la femme qu'à l'homme.
10:18 - Autre effet de cette charge mentale, le privé et le professionnel qui se mélangent.
10:22 - Certains matins, je me suis vue ne plus du tout être en présence ici,
10:28 mais penser au travail et j'y pense.
10:30 Donc j'habille un des enfants, par exemple, et je me précipite dans ma tête
10:34 à me dire vite, il faut que ça se soit fait pour que vite j'aille travailler
10:39 et que je sois à l'heure et que tout soit OK là-bas.
10:42 - Cette année, personne dans la famille n'est inscrit à un loisir,
10:45 une manière de s'accorder des moments de pause.
10:48 - Voilà, Karine a la chance d'avoir un mari collaboratif,
10:51 mais elle décrit très bien l'exercice difficile de cet équilibre
10:54 entre vie professionnelle et vie privée.
10:56 Et c'est vrai que les femmes souffrent plus d'épuisement professionnel
10:59 que les hommes, d'après les études.
11:01 - En fait, le déséquilibre entre vie professionnelle et vie privée,
11:05 c'est ce que vous disiez tout à l'heure.
11:07 - Notre cerveau ne fait pas la distinction entre le professionnel et le privé.
11:11 - Les femmes n'ont pas un cerveau multitâche aussi, contrairement à certaines.
11:15 - Et je pense que c'est une idée reçue qu'il est temps de déconstruire.
11:18 - Croyance populaire. - Croyance populaire, c'est pas vrai.
11:20 - Ça arrange tout le monde. - Ça arrange tout le monde, sans doute,
11:22 mais personne n'est capable de faire plusieurs choses à la fois.
11:24 - Qu'en est-il de bien les faire ?
11:26 - En fait, quand on a l'impression de faire plusieurs choses à la fois,
11:28 notre cerveau est simplement en train d'alterner très rapidement
11:30 entre les différentes choses qu'on demande de faire.
11:32 - Du coup, on ne les fait pas forcément très bien.
11:34 - C'est fatigant et on les fait pas forcément très bien.
11:36 - Mesdames, non, nous n'avons pas de cerveau multitâche.
11:38 - Non, non, non. - Donc ne culpabilisez pas.
11:40 - Ne culpabilisez pas, si vous n'arrivez pas à faire plusieurs choses en même temps, c'est normal.
11:44 - Mais pour revenir à cet épuisement professionnel,
11:46 qui toucherait plus facilement les femmes...
11:48 - Alors, est-ce qu'il touche plus facilement les femmes,
11:51 ou est-ce qu'on est dans une culture où c'est encore plus admis pour une femme
11:56 d'admettre qu'elle se sent pas bien ?
11:59 L'homme, il y a un peu ce truc de "je ne dis pas, je serre les dents".
12:03 L'épuisement professionnel, a priori, il n'y a pas tant de différence de genre.
12:08 Si on devait trouver des différences, c'est aussi par rapport au statut
12:13 qu'on va avoir dans son métier,
12:16 la fonction qu'on va avoir.
12:20 Certaines fonctions font qu'on va être plus à risque d'épuisement professionnel.
12:23 Après, par contre, très souvent, les hommes attendent très tard avant d'en parler.
12:29 - Mathieu Delivre, qui est un homme,
12:31 vous nous confirmez cette hypothèse ?
12:34 - Oui, je ne sais pas si ma qualité d'homme rejoint ça,
12:36 mais c'est vrai que les femmes ont la capacité souvent de l'exprimer plus facilement
12:41 quand elles ont ces petits signes qui apparaissent.
12:43 On le voit bien, les troubles du sommeil qui vont apparaître,
12:46 les difficultés à planifier, des choses comme ça qui apparaissent,
12:50 alors que les hommes vont attendre beaucoup plus longtemps pour dire "là, j'y arrive plus".
12:54 - Là encore, c'est culturel. - C'est complètement...
12:57 - Mais c'est vrai que les femmes ont peut-être aussi plus de mal à lâcher prise.
13:00 Finalement, est-ce que nous ne sommes pas nos meilleurs ennemis
13:03 à vouloir toujours tout planifier, tout anticiper,
13:05 faire en sorte que tout soit parfait tout le temps ?
13:08 - Clairement, le perfectionnisme, c'est l'ennemi de la charge mentale.
13:11 Et puis toutes les personnes perfectionnistes sont plus à risque
13:14 de surcharge mentale et d'épuisement.
13:16 - Et puis il y a quand même une implication émotionnelle
13:19 qui est plus forte culturellement chez les femmes.
13:22 Et ça, ça joue parce que quand on se dit "je ne suis pas bien"
13:26 parce que je ne fais pas bien les choses, il y a quelque chose qui est dissonant.
13:29 Alors que les hommes, à la limite, ils disent "bon, j'ai fait, globalement, ça va".
13:33 - Il n'y a pas cette culpabilité que peuvent ressentir les femmes.
13:36 Alors il y a une théorie aussi, une hypothèse très intéressante de la psychiatre
13:39 que vous connaissez certainement, Aurelia Schneider,
13:42 pour expliquer cette plus grande vulnérabilité des femmes face à la charge mentale.
13:46 Elle incrimine notamment nos rythmes hormonaux
13:49 qui font que nous passons, nous, les femmes, notre vie à compter.
13:53 Parce que c'est vrai que nos hormones féminines sont secrétées de façon pulsatile
13:57 à peu près toutes les 60-90 minutes.
13:59 Donc nous avons en permanence des sous-comptages dans la tête, très subtils.
14:03 On est tout le temps en train de calculer la date des règles,
14:05 la date du syndrome prémenstruel, et on organise un peu notre vie en fonction de ces événements.
14:09 Ce qui pourrait nous amener à tout prévoir en permanence.
14:12 Qu'est-ce que vous pensez de cette théorie que moi je trouve plutôt originale ?
14:16 - Je ne m'étais jamais posée la question dans ce sens-là.
14:20 - Ça m'ennuie toujours quand on réduit les femmes à leurs...
14:25 - À nos hormones, d'accord. - La physiologie.
14:27 Après, il y a des grands rythmes, mais il y a probablement ces rythmes
14:30 qui sont les rythmes infracircadiens, mais le plus grand rythme, c'est le rythme de la lumière.
14:35 Or, on est tous soumis au même rythme de la lumière, au rythme des saisons.
14:38 On sait très bien qu'à l'automne, ce n'est pas la saison la plus agréable de la vie.
14:42 Donc en fait, ces rythmes qui sont plus forts,
14:45 probablement les hormones ont un rôle comme partout,
14:49 mais probablement moins importants que des rythmes plus larges,
14:52 que sont la journée, que sont les saisons.
14:54 - Et justement, en parlant de rythme circadien,
14:57 les personnes qui travaillent la nuit ont un risque plus important de surchauffe mentale.
15:03 - Oui, oui.
15:05 - Mais ça, c'est à mon avis, en grande partie, à la réparation qui ne se fait pas.
15:10 Le sommeil doit se faire la nuit.
15:13 Physiologiquement, nous sommes faits pour nous reposer la nuit.
15:16 Les personnes qui travaillent de nuit ne peuvent pas se reposer
15:20 et donc pouvoir remettre à jour leur capacité cognitive.
15:24 On ne se remet pas à zéro au milieu de la journée.
15:27 - Bien sûr. - C'est beaucoup plus compliqué.
15:29 - Le sommeil est réparateur.
15:31 Certains types de caractères peuvent-ils aussi rendre plus vulnérables à la charge mentale ?
15:35 On parlait du perfectionnisme. Est-ce qu'il y a d'autres traits de caractère ?
15:40 - Alors moi, c'est celui qui me vient le plus spontanément.
15:43 - Après, peut-être d'un point de vue plus psychologique, des gens plus dépendants.
15:47 C'est-à-dire qui ont besoin d'une reconnaissance de l'autre.
15:50 Quand vous cherchez dans l'autre votre propre valeur, valorisation,
15:54 vous êtes sensible aux petits éléments de défaut et donc vous n'allez pas vous louper.
16:01 - On veut que tout soit parfait. - Pour que l'autre vous trouve bien.
16:05 - Bien sûr. Il y a aussi certains facteurs externes auxquels il faut être vigilant.
16:09 Le harcèlement au travail, l'isolement.
16:13 En 2021, 26 % des salariés déclarent avoir été victime de conflits et de harcèlement.
16:18 Ça aussi, ça peut être un facteur de risque.
16:21 - Complètement. C'est vrai qu'en général, si je parle vraiment de la surcharge mentale
16:27 dans le milieu professionnel, il y a deux éléments.
16:29 La pression que je me mets moi et la pression que les autres me mettent.
16:32 - On nous met à nous. - Exactement.
16:34 Et c'est vraiment les deux éléments les plus importants.
16:37 Alors parfois, cette pression peut aller jusqu'à des cas très graves de harcèlement.
16:41 Mais sans être dans un système harcelant, le simple fait qu'on est tous connectés,
16:46 on a nos mails qui sonnent tout le temps avec des notifications.
16:49 Et quand ce n'est pas les mails, c'est la messagerie interne de l'entreprise.
16:52 Et parfois, c'est le téléphone et les réseaux sociaux.
16:54 Il y a un moment, le cerveau dit "stop, ça fait beaucoup trop d'informations
16:57 et je ne peux pas tout traiter".
16:59 - Je pense que juste par rapport à ça, dans le domaine plus privé,
17:02 pour les femmes, il y a aussi cette vigilance obligatoire, par exemple dans les transports.
17:07 On sait que les femmes, un quart des femmes ont été agressées au moins une fois dans les transports en commun.
17:11 Ça crée une vigilance, donc ça prend de la charge mentale.
17:14 Quand vous n'êtes jamais détendu parce que vous êtes dans un transport,
17:17 en vous disant "qu'est-ce qui va se passer", c'est épuisant.
17:20 - Oui, bien sûr. On est sous tension.
17:23 - Sous tension permanente. Ça crée quand même une prise de disponibilité psychique
17:27 qui ne devrait pas avoir lieu.
17:28 - Alors justement, quels sont les signes avant-coureurs d'une charge mentale excessive
17:32 et qui doit nous alerter ?
17:34 - On va les observer sur trois plans.
17:37 Le premier, ça va être sur le plan cognitif. On le disait, on a tous des capacités limitées.
17:40 Et c'est ces capacités-là qui trinquent en premier, si je puis dire.
17:43 On n'arrive plus à se souvenir de certaines choses pour lesquelles on n'avait aucune difficulté auparavant.
17:49 Notre mémoire commence à nous faire un peu des faux.
17:51 On n'arrive plus à se concentrer.
17:53 On n'arrive plus à faire le tri sur les différentes informations qui nous viennent.
17:56 Donc vraiment sur le plan cognitif, premier aspect.
17:59 Deuxième aspect, et c'est intéressant, ça est revenu pas mal dans le micro-trottoir,
18:03 c'est sur le plan émotionnel. On est plus irritable.
18:06 On va s'énerver plus facilement. On perd un peu patience.
18:09 Et ensuite, et ça a aussi été dit, sur le plan physique, l'expression "j'en ai plein le dos",
18:14 je pense qu'elle ne vient pas de là pour rien.
18:16 Voilà, des douleurs. Alors ça peut être le dos, mais ça peut être ailleurs.
18:18 J'ai entendu le ventre aussi, je crois.
18:21 - Des difficultés de sommeil, des problèmes de peau, d'eczéma.
18:24 - Dans l'alimentation aussi, quand on est très fatigué,
18:26 on va se mettre à avoir envie de manger plus gras, plus sucré.
18:29 - On a une moins bonne immunité aussi. On attrape tous les virus qui passent.
18:32 - Qui n'a jamais été malade le premier jour de ses vacances,
18:35 parce qu'on est en train de relâcher la pression.
18:38 - Alors comment se décharger de cette charge mentale,
18:42 avant qu'il ne soit trop tard et que la médecine conventionnelle
18:46 soit obligée de vous mettre sous antidépresseur parce que vous faites un burn-out ?
18:50 Parce qu'un matin, vous n'arrivez plus à vous lever,
18:53 vous n'avez plus d'énergie, plus rien.
18:55 Qu'est-ce qu'il faut faire dans ces cas-là ? Quelles sont vos solutions ?
18:58 - Déjà, votre remarque est intéressante.
19:00 Ça s'applique autant au domaine professionnel que au domaine privé.
19:03 On est bien en burn-out au niveau personnel, quand on est en surcharge mentale.
19:08 Première chose, c'est d'avoir le temps de dormir.
19:12 C'est très simple, mais le sommeil permet de remettre à zéro beaucoup de choses.
19:16 Il permet de passer en mémoire permanente des choses
19:19 qui sont encore dans la grosse machinerie.
19:21 Et c'est important de se dire, ça y est, cette question, je l'ai réglée,
19:25 je peux la mettre en stock et j'en sortirai du tiroir quand j'en aurai besoin.
19:29 Là, je n'ai plus besoin de m'y concentrer.
19:31 Donc ça, c'est une première chose.
19:33 On en a discuté, c'est aussi cette capacité à reporter au soir
19:37 certaines planifications, à ne pas dire, j'y penserai demain matin.
19:41 - Sinon, ça pollue le sommeil, oui.
19:45 La fameuse "to-do list", c'est un petit peu l'arme contre la charge mentale,
19:50 si tant est qu'on l'utilise correctement.
19:52 C'est vrai que c'est quelque chose qu'on conseille très souvent
19:55 aux salariés qu'on peut accompagner.
19:57 On finit sa journée de travail par sa "to-do list"
19:59 et comme ça, tout est sur le papier.
20:02 Et ce qui est sur le papier, ce n'est plus dans notre tête.
20:04 - Et ça va effectivement aider à trouver le sommeil
20:06 parce que le sommeil est essentiel.
20:07 - Parce qu'on aura écrit tout ce qu'on a encore à faire.
20:09 - Parce qu'on aura écrit.
20:10 Et ça peut être pas mal d'écrire aussi ce qu'on a déjà fait,
20:12 la "done list" aussi, pour voir tout ce qu'on a pu accomplir.
20:15 - Tout ce qu'on a pu accomplir dans la journée.
20:19 - Et aussi tout ce qui est physique, puisque effectivement,
20:22 faire de l'activité physique permet justement d'améliorer nettement
20:25 nos capacités cognitives.
20:26 - D'oxygéner son cerveau aussi.
20:29 - Voilà, exactement.
20:30 Le fait de lâcher prise, d'avoir un effort physique,
20:35 ça améliore nettement et ça crée des endorphines,
20:38 donc quand même des hormones du plaisir.
20:41 Donc c'est important de faire ça.
20:43 Et c'est surtout un temps pour soi.
20:44 Le sport, c'est un temps pour soi.
20:46 - Et on parlait tout à l'heure de votre plateforme Moodwork.
20:49 Justement, je voudrais vous proposer un reportage
20:52 sur cette plateforme qui accompagne les salariés
20:55 dans leur quotidien professionnel,
20:57 pour que le travail rime avec épanouissement
20:59 et non pas avec charge mentale.
21:01 Regardez, c'est un sujet de Maxime Rey.
21:03 - Moodwork est une application digitale
21:16 qui permet d'accompagner les salariés
21:18 dans leur démarche de santé mentale,
21:20 de bien-être au travail.
21:21 Chaque utilisateur va pouvoir retrouver sur Moodwork
21:24 trois types d'outils.
21:25 Des outils d'auto-évaluation,
21:26 qui permettent aux salariés de comprendre
21:28 sa situation de bien-être au travail.
21:30 Ensuite, des outils d'apprentissage,
21:31 qui permettent aux salariés de pouvoir travailler
21:33 et de se sensibiliser sur des thématiques
21:35 comme la gestion du stress, la gestion des émotions.
21:37 Et enfin, un accompagnement disponible
21:40 par des professionnels,
21:41 comme des coachs, des psychologues du travail
21:43 ou encore des assistantes sociales.
21:44 - J'ai été confrontée à une situation
21:46 où je n'arrivais plus forcément
21:48 à gérer ma charge de travail
21:50 entre mon temps personnel et mon temps professionnel.
21:53 On a ici le raccourci qui nous permet directement
21:56 de cliquer sur "prendre un rendez-vous".
21:58 Moi, j'ai l'habitude de m'entretenir
22:00 avec Alexandre Bonhomme,
22:01 donc je vais prendre un rendez-vous avec lui.
22:04 - Bonjour Carla, comment ça va aujourd'hui ?
22:07 C'est bien.
22:10 La charge mentale, c'est un sujet
22:12 qui est très régulièrement abordé
22:14 par les personnes qui ont des rendez-vous.
22:16 Déjà, on va essayer de comprendre
22:17 le problème de la personne.
22:19 Et là, on va essayer de travailler dessus
22:21 pour pouvoir la réhabituer,
22:23 pour pouvoir lui donner de bons réflexes,
22:25 de bonnes habitudes au travail.
22:27 - Grâce à ça, j'ai pu me documenter,
22:29 mais également être accompagnée
22:31 par des professionnels qui me permettent
22:33 de mettre en application certaines techniques
22:35 ou astuces pour alléger cette charge de travail.
22:39 - Je ne savais pas que ça existait, moi,
22:41 ce genre de plateforme.
22:42 Je trouve qu'en prévention, c'est formidable.
22:44 Vous devez avoir des très bons retours.
22:46 - C'est important en prévention
22:49 et ce serait génial si tout le monde se disait
22:52 "Je décide aujourd'hui d'agir en prévention
22:54 pour ma santé mentale."
22:55 - Et pas d'attendre que ce soit trop tard.
22:57 - On n'en est pas encore tout à fait là, je crois.
22:59 - Pour terminer cette émission,
23:00 quels sont les conseils essentiels
23:02 qu'on pourrait donner aux personnes qui nous regardent
23:04 pour éviter d'en arriver au burn-out
23:06 et en surchauffe mentale ?
23:08 - On apprend à dire non.
23:10 Aux enfants, vers 3 ans, ils arrivent très bien.
23:12 - Et puis après, on oublie.
23:13 - C'est bizarre, on oublie.
23:14 On apprend à dire non et à connaître ses limites
23:17 et à les expliquer aux autres
23:19 pour ne pas qu'elles soient dépassées.
23:21 - Être plus bienveillant avec soi-même aussi, peut-être.
23:24 - Partager la planification dans le couple.
23:27 - Ne pas oublier.
23:29 Ce n'est pas mieux répartir les tâches ménagères,
23:31 c'est partager la planification.
23:33 Ne pas être les seuls à devoir tout anticiper.
23:36 - Et puis se projeter dans l'avenir,
23:38 se dire "Est-ce vraiment important
23:40 pour moi et pour les personnes avec qui je vis ?
23:43 En gros, si j'aise tomber ça,
23:45 est-ce que ça va vraiment avoir un impact ?
23:48 - Un impact incroyable.
23:50 - Pouvoir se mettre sur du temps plus long
23:53 que la réponse immédiate, qui est mauvaise pour nous.
23:55 - Et puis arriver à lâcher prise,
23:57 à prendre des moments pour soi et à dormir aussi.
24:00 - Absolument.
24:01 - Merci. Un grand, grand merci à tous les deux.
24:03 Les points clés à retenir dans cette émission,
24:05 se traiter avec douceur, accepter les compliments aussi,
24:08 se récompenser et surtout accepter ce qu'on disait,
24:11 que tout ne soit pas parfait.
24:12 Arrêtons de culpabiliser surtout nous, les femmes.
24:15 Soyons parfois un petit peu égoïstes, relativisons
24:17 et trouvons la bonne technique de relaxation.
24:19 On n'en a pas parlé, mais c'est vrai que tout ce qui est yoga,
24:22 massage, méditation, c'est du temps pour nous.
24:24 C'est du temps qui nous permet de lâcher prise
24:26 et surtout de nous faire lâcher ce mental surpuissant.
24:30 Un grand merci en tout cas à tous les deux
24:31 d'avoir allégé notre cerveau aujourd'hui.
24:34 Merci à tous ceux qui m'ont aidé à préparer cette émission.
24:37 Et puis merci à vous de nous avoir suivis.
24:39 Je vous donne rendez-vous très bientôt
24:41 pour un prochain numéro de La Santé d'abord.
24:43 Et d'ici là, prenez soin de vous.
24:45 ...
25:05 Le groupe Vive vous a présenté La Santé d'abord.
25:08 Le programme qui prend soin de vous.
25:10 Groupe Vive. Pour une santé accessible à tous.

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