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Les jeunes sont les plus mauvais élèves en matière de santé visuelle jeunes et en particulier les 16-24 ans. La faute aux écrans, bien sûr, dont la surconsommation abîme sévèrement leurs yeux. Véronique Mounier et ses invités en parlent sur le plateau de "La Santé D'abord"

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Transcription
00:00 Prenez soin de vous avec le groupe vive et votre programme la santé d'abord.
00:03 Groupe vive pour une santé accessible à tous.
00:06 Bonjour à tous, soyez les bienvenus sur le plateau de la santé d'abord,
00:11 l'émission qui préfère prévenir plutôt que guérir.
00:13 Qui sont les plus mauvais élèves en matière de santé visuelle ?
00:17 Et bien ce sont les jeunes et en particulier les 16-24 ans.
00:20 La faute aux écrans bien sûr, dont la surconsommation abîme sévèrement leurs yeux.
00:25 Alors comment leur faire prendre conscience que ce capital est très précieux ?
00:28 On en parle aujourd'hui sur le plateau de la santé d'abord.
00:31 Alors alerte sur la santé visuelle des jeunes.
00:54 D'abord ces deux chiffres qui peuvent être un peu alarmants.
00:56 75% d'entre eux souffrent de fatigue visuelle,
00:59 mais 34% ne font rien pour soulager leurs yeux.
01:02 À en croire l'ASNAV, l'Association Nationale pour l'Amélioration de la Vue.
01:06 Et malheureusement les conséquences sont loin d'être anodines,
01:09 comme nous allons le voir avec mes invités.
01:11 Docteur Camille Bosque, bonjour.
01:12 Bonjour.
01:13 Vous êtes ophtalmologue à la clinique Gilles Verne, dans cette belle ville de Nantes.
01:16 Merci d'être avec nous.
01:18 Et Barthélémy Fouque, vous ne seriez pas opticien vous par hasard ?
01:21 C'est vos belles lunettes vertes là.
01:23 En tout cas, merci d'avoir sorti vos plus belles lunettes pour nous aujourd'hui
01:26 sur le plateau de la santé d'abord.
01:27 Vous êtes opticien et vous êtes directeur du centre Écouter Voir à Honfleur.
01:32 Merci également d'être avec nous.
01:34 Alors quelles relations les jeunes français entretiennent-ils avec leur capitale visuelle ?
01:39 C'est un reportage de Mélodie Mortelec.
01:51 La mauvaise santé visuelle des jeunes, je pense qu'elle est liée surtout à l'utilisation des écrans,
01:55 qui est intensive chez nous.
01:56 On regarde beaucoup trop longtemps nos écrans, de beaucoup trop près.
02:00 Déjà la génétique, si les parents ont une vue pas très folle.
02:06 Puis les écrans, à la base.
02:08 Pour moi aussi, c'est vraiment les écrans.
02:10 Et je pense que le fait de trop regarder des choses de près,
02:13 et pas assez de loin, pas trop faire de pauses.
02:15 Je pense que c'est surtout dû aux écrans,
02:17 parce que notre génération a la tendance à beaucoup être sur les écrans,
02:21 et être très proche aussi.
02:23 Selon leur utilisation et comment on se protège de ces écrans,
02:26 je pense qu'ils peuvent contribuer à un développement de différentes pathologies visuelles,
02:30 ou quelques troubles qui peuvent nous concerner à très tôt, plus vite qu'on le pense.
02:34 Je pense qu'on ne s'éclaire pas suffisamment.
02:38 Il y a la fatigue aussi, à la fin de la journée.
02:41 Après avoir été toute la journée sur l'ordinateur, sur les smartphones,
02:45 forcément les yeux y fatiguent.
02:46 Les écrans et les lumières bleues fatiguent les yeux, mais ça ne les abîme pas.
02:50 Je n'ai jamais eu de problème,
02:53 je n'ai jamais pensé à aller voir un ophtalmo.
02:56 J'essaye d'y aller une fois par an.
02:58 Après l'ophtalmo, c'est pour ça que moi je n'en ai pas.
03:00 C'est compliqué.
03:02 Pour prévenir la fatigue visuelle,
03:04 j'avoue qu'à part porter mes lunettes, je ne fais pas grand-chose.
03:07 Moi je dirais d'essayer de limiter l'utilisation des écrans le soir.
03:11 Une bonne posture, se tenir assez loin des écrans,
03:15 et pas trop de temps dans la journée si possible.
03:17 Les écrans, les écrans, les écrans...
03:20 Je pense que les jeunes ont conscience que ce n'est pas forcément très bon pour leurs yeux.
03:23 Il y en a une aussi qui dit "non, avoir un ophtalmo c'est compliqué".
03:26 On parlera tout à l'heure des délais d'attente qui sont assez longs.
03:30 Mais quels sont les troubles visuels les plus fréquents dont souffrent les jeunes aujourd'hui ?
03:36 Alors, on peut faire la part des choses entre deux types de troubles.
03:44 Il y a les troubles visuels.
03:45 On entend beaucoup parler de l'amiopie.
03:48 Ça on en parlera tout à l'heure.
03:50 Mais c'est signe de fatigue visuelle ?
03:52 Ça va plutôt être le signe de l'inverse de l'amiopie optiquement,
03:57 qu'on appelle l'hypermétropie,
03:59 qui va être mal compensée et qui va entraîner une suraccommodation de l'œil
04:03 pour compenser ce défaut visuel.
04:05 Hypermétropie, c'est quand on ne voit pas bien de près ?
04:07 C'est quand l'œil est obligé d'accommoder.
04:12 Déjà pour la vision de loin, ce qui en théorie n'est pas trop nécessaire.
04:17 Et donc, c'est des gens qui vont forcer encore plus de près que la normale.
04:21 Et l'autre chose, alors nous on en parle beaucoup au sein de notre communauté scientifique,
04:27 mais c'est peut-être un peu moins connu,
04:28 c'est la sécheresse oculaire qui est le corollaire un peu des écrans.
04:31 Et ça, c'est vrai qu'autant avant, c'était plutôt des pathologies des gens qui,
04:35 après 40 ans, et on voit même des sécheresses oculaires sévères chez des jeunes.
04:39 Parce que quand on regarde longtemps un écran, on ne cligne pas souvent des yeux
04:44 et du coup, ça crée une forme de sécheresse oculaire.
04:48 On parlait des écrans, forcément.
04:51 On a des chiffres aujourd'hui sur cette surconsommation d'écran
04:56 et sur ses conséquences sur le capital visuel des jeunes ?
04:59 Oui, alors je crois que le temps d'écran, même sur les dix dernières années,
05:04 il a augmenté de trois ou quatre heures par jour.
05:07 Selon le baromètre de l'ANSM, je crois,
05:13 les 16-24 ans interrogés passent en effet autour de 3h30 par jour
05:17 sur leurs smartphones et 2h47 sur leur ordinateur.
05:20 Voilà, donc corollaire peu étonnant, un jeune sur deux se plaint de fatigue visuelle
05:24 et c'est neuf points de plus qu'en 2017.
05:26 Donc effectivement, il y a une consommation d'écran qui a énormément augmenté.
05:31 Bon, les problèmes, c'est que les jeunes ne vont pas changer leurs habitudes,
05:33 c'est-à-dire diminuer la consommation d'écran.
05:35 Et surtout, je le disais en introduction, 34% ne font rien pour soulager leurs yeux.
05:39 Et le rapport de l'ASNM révèle même que 15% des jeunes
05:44 n'ont jamais consulté un ophtalmologiste.
05:46 Comment on explique cette négligence, Dr Bosque ?
05:49 Je pense que c'est peut-être plus global.
05:52 Je l'expliquerai par le fait que je ne suis pas certain, déjà,
05:55 que les jeunes en général aillent souvent chez un médecin en général.
06:00 Et que c'est vrai que si vous voulez, donc à part la myopie,
06:03 où vraiment la vision va baisser fortement,
06:05 et là où les activités quotidiennes vont être gênées,
06:08 finalement, ils vont s'accommoder de forcer, de fatiguer,
06:13 d'avoir un peu de symptômes, voire même de ne pas avoir une vision parfaite.
06:16 Ils vont vraiment attendre le dernier moment
06:19 quand il va y avoir un retentissement important sur le quotidien
06:22 pour venir consulter.
06:24 Et quelles sont les conséquences d'une mauvaise vue
06:27 ou d'une absence de prise en charge de ces troubles ?
06:30 Vous imaginez que ce sont des jeunes qui vont conduire des scooters ?
06:33 Ça peut être effectivement des fluctuations.
06:36 Pour l'hypermétropie, par exemple, ce qu'on voit de plus en plus,
06:39 c'est ce qu'on appelle des spasmes de l'accommodation.
06:41 C'est vraiment des fluctuations de la vision de loin
06:44 qui peuvent être permanentes,
06:46 parce que l'œil s'est déréglé à force de trop forcer.
06:49 Une myopie non corrigée va être beaucoup plus évolutive
06:51 qu'une myopie corrigée, donc globalement,
06:55 ça va s'aggraver plus vite.
06:56 Donc c'est une compromission du capital visuel à long terme,
06:59 c'est certain.
07:01 Et puis avec toutes les conséquences que ça peut avoir,
07:03 je vous disais sur la conduite, à l'école aussi,
07:05 un enfant qui voit mal, c'est un enfant qui va être moins concentré.
07:07 Tout à fait.
07:08 Il faut savoir que 80% de ce qu'un élève va mémoriser,
07:14 c'est visuel.
07:15 Donc quand on considère que certains enfants sont mal corrigés,
07:19 qu'ils voient flou,
07:21 on peut comprendre que l'apprentissage soit difficile après pour eux.
07:24 Et puis encore, cette étude a montré que les jeunes
07:26 chez qui il y a un trouble de la vue,
07:28 myopie, hypermétropie ou astigmatisme,
07:30 a été détecté et corrigé souvent par des lunettes,
07:32 eh bien, ils snobent ces lunettes.
07:35 C'est par oubli, par souci d'esthétisme.
07:37 Comment on peut l'expliquer ça ?
07:39 Pourtant, ils devraient avoir des belles lunettes comme vous.
07:41 On a des très belles lunettes pour les enfants.
07:43 Oui, ça devrait être un accessoire.
07:44 Quand je me faisais mes premières lunettes et que je vois les photos,
07:46 quand j'avais deux ans ou trois ans,
07:47 j'ai envie de m'en donner pendant quelques jours.
07:49 On a envie de pleurer.
07:50 Oui, c'est ça, exactement.
07:51 Non, mais ça peut devenir un accessoire de mode.
07:52 Alors, c'est un accessoire.
07:53 On a ces jeunes qui n'ont pas besoin de lunettes et qui veulent en porter.
07:56 Après, c'est vrai qu'il existe des personnes
07:58 chez qui c'est dérangeant pour leurs activités ou autre.
08:02 Après, il faut faire preuve de pédagogie, leur expliquer l'intérêt pour eux.
08:09 Bien souvent, quand c'est bien amené,
08:10 qu'on leur explique comment ça se passe et l'évolution
08:14 de ce qu'on prévoit pour eux, généralement, ça se passe assez bien.
08:17 Depuis qu'on met en place vraiment un suivi,
08:19 moi, personnellement, j'appelle, par exemple, les parents
08:22 un mois après pour savoir comment ça se passe.
08:25 Le taux d'enfants qui n'ont pas leurs lunettes est quasi nul.
08:30 Parce qu'ils sont passés entre vos mains.
08:31 Vous avez réussi à les convaincre.
08:34 On a des bons professionnels.
08:35 Alors, en matière de prévention, on a encore quand même du boulot en France
08:39 et pas seulement chez les jeunes.
08:41 La vue est devenue pour la première fois le sujet de préoccupation numéro un des Français.
08:47 Pourtant, 23% ne font jamais contrôler leur vue.
08:51 Très rarement, pourquoi sommes-nous aussi en retard dans ce domaine ?
08:54 Parce que les délais d'attente, c'est vrai, chez les hôpitals,
08:56 sont très longs.
08:59 C'est entre quatre à six mois en moyenne.
09:01 Est-ce qu'il y a d'autres facteurs qui peuvent expliquer
09:04 cette négligence des Français vis-à-vis de leur capital visuel ?
09:10 Parler des jeunes, mais les adultes aussi.
09:12 Parce que finalement, on va dire qu'il y a, sur ce qu'on appelle
09:15 les défauts visuels, les amétrophies,
09:18 donc quand c'est d'un petit ordre, finalement, ça a peu de retentissement
09:22 sur la vie au quotidien, parce qu'on peut très bien vivre
09:27 avec un petit défaut visuel.
09:29 Et un peu comme tout en France, c'est qu'on n'arrive pas à être encore
09:32 vraiment dans la prévention pour certaines personnes.
09:34 Donc, les gens viennent plutôt quand il y a un problème
09:38 qui se décompense, finalement.
09:40 Et justement, comment vous encouragez-vous auprès de vos patients la prévention ?
09:43 Alors, nous, parce que les délais aussi d'ophtalmologie,
09:47 c'est très variable suivant les régions et suivant aussi
09:51 l'organisation territoriale des soins avec les ophticiens et les orthoptistes.
09:55 Alors à Nantes, on a la chance d'être plutôt très bien organisés.
09:58 Donc, c'est vrai que le dépistage des enfants n'est pas trop un problème.
10:04 Et surtout, c'est qu'après, c'est très structuré, c'est-à-dire que
10:09 on voit les enfants généralement à l'âge de trois ans,
10:12 on refait un contrôle à l'entrée en CP.
10:14 Et si c'est un petit peu cadré, en fait, si vous voulez...
10:18 Mais après l'entrée en CP, vous les perdez un petit peu de vue.
10:20 Alors non, parce que ça dépend.
10:23 En fait, si ça débouche sur une prescription,
10:25 il y a un suivi qui est régulier, les rendez-vous sont déjà refixés.
10:28 Donc finalement, il n'y a pas...
10:29 Parce que la difficulté, en fait, c'est d'avoir le premier rendez-vous
10:32 une fois que vous êtes rentré dans la boucle.
10:34 Dans la boucle, après, on a des rendez-vous plus facilement.
10:35 Mais la myopie, elle arrive souvent un peu plus tard.
10:38 Ça arrive plutôt vers le début du collège.
10:39 Donc souvent, après, nous, on recommande de faire un contrôle
10:42 tous les trois, quatre ans.
10:43 Et c'est vrai que...
10:45 - Rappelez-nous peut-être juste un orthoptiste.
10:47 Qu'est-ce que c'est ?
10:48 Je travaille aujourd'hui avec les ophtalmos.
10:50 Mais voilà, quel est son rôle ?
10:51 Quelle est sa fonction ?
10:52 - Donc, c'est une profession paramédicale
10:55 qui peut réaliser des bilans de vue et qui va aussi
11:00 réaliser les gamins de ce qu'on appelle la vision binoculaire.
11:02 Donc, c'est le fonctionnement des deux yeux ensemble.
11:05 Et donc, historiquement, c'est les gens qui font les suivis
11:09 de rééducation d'insuffisance de convergence
11:12 quand les gens ont du mal à passer de la vision de loin
11:15 à la vision de près.
11:16 Les suivis de strabisme chez les enfants.
11:19 - Et chez les adultes, par exemple,
11:21 des adultes qui vont avoir des maux de tête
11:23 ou qui vont avoir sur l'ordinateur, etc.
11:25 Souvent, c'est un problème de...
11:26 - Ça peut être des problèmes de convergence.
11:27 - Pour rééduquer ses yeux.
11:28 Et ça peut retarder la presbyxie ?
11:30 - Non, alors, ça ne peut pas retarder la presbyxie.
11:32 - Ah bon, je croyais ce que...
11:33 - C'est inéluvable.
11:34 Ça touche tous les êtres humains.
11:36 - Ah oui, on ne peut pas ?
11:37 En faisant travailler un petit peu ses yeux,
11:39 on ne va pas retarder la presbyxie.
11:40 - On peut la corriger, mais on ne peut pas la retarder.
11:44 Et donc, c'est arrivé pendant les confinements du Covid.
11:49 Leurs compétences ont été élargies aux orthoptistes.
11:52 Et donc, maintenant, ils peuvent faire
11:53 des renouvellements de correction optique
11:56 sur des corrections standards et en l'absence de pathologie.
11:59 Et la primo-prescription,
12:01 sans passer par l'ophtalmologiste,
12:03 pareil, avec des limites cadrées,
12:07 vont être possibles.
12:08 - L'orthoptiste peut, aujourd'hui,
12:10 faire une prescription de verre correcteur ?
12:12 - Oui, avec une certaine limite de prescription et d'âge,
12:16 mais c'est possible.
12:17 - Je crois que c'est pour plus de 16 ans, c'est ça ?
12:18 - Oui.
12:19 - Alors que les opticiens ne peuvent toujours pas le faire ?
12:21 - On renouvelle.
12:23 - Vous renouvelez ?
12:24 - Oui, j'ai plus de 16 ans,
12:25 on va me renouveler, j'ai plus de 18 ans.
12:26 - Mais vous ne pouvez pas faire, aujourd'hui,
12:28 de prescription de verre, etc. ?
12:30 Peut-être un jour ?
12:31 C'est sur la table, en tout cas ?
12:32 - Non, pas pour le moment, ce n'est pas un sujet.
12:34 Après, on a déjà un domaine de compétences
12:37 qui est assez large.
12:38 - Vu les délais d'attente chez les ophtalmo
12:40 et les orthoptistes aussi,
12:42 c'est vrai que ça pourrait être aussi...
12:44 Peut-être pas pour la primo-prescription.
12:47 - Après, il y aura un sujet qui va se poser,
12:49 c'est que le gros sujet et pourquoi ça bloque,
12:51 c'est parce qu'en fait, c'est difficile
12:53 d'être à la fois prescripteur et vendeur.
12:56 - Oui, il y a un peu de conflit d'intérêt.
12:57 - Exactement.
12:58 - Forcément.
12:59 Alors, on parlait tout à l'heure du dépistage dans les écoles,
13:01 notamment l'entrée en CP,
13:04 et les dépistages, justement, montrent que 20 % des enfants
13:06 ont un problème de vue non corrigé.
13:09 Or, ces enfants, quand on les dépiste
13:11 et qu'on les équipe de lunettes,
13:12 on change leur vie, souvent.
13:14 - Oui, alors après,
13:17 les dépistages, pour avoir beaucoup d'enfants
13:20 adressés par le dépistage,
13:21 le but, c'est quand même de passer à côté de rien.
13:23 Donc souvent, on a ce qu'on appelle plutôt
13:24 des faux positifs que des faux négatifs.
13:26 Donc des fois, le bilan de dépistage
13:28 retrouve un problème et finalement, il n'y a pas grand-chose.
13:31 Mais par exemple, dans la petite enfance,
13:33 le principal défaut visuel, c'est l'hypermétrophie.
13:35 Quand il va être mal compensé et non corrigé,
13:38 ça va entraîner des difficultés scolaires,
13:41 des retards d'apprentissage de la lecture,
13:43 des maux de tête, et donc, le plus embêtant après,
13:48 un dérèglement de l'accommodation
13:49 et des troubles visuels de l'ombre.
13:51 - Alors justement, nous, en tant que parents,
13:52 quels sont, Barthélémy,
13:54 quels sont les signes qui doivent nous alerter ?
13:55 Maux de tête, un enfant qui va se frotter les yeux,
13:58 qui a les yeux rouges, qu'est-ce qui doit nous mettre en alerte ?
13:59 Parce qu'on n'est pas des spécialistes, nous.
14:01 - Vous nous en citez pas mal.
14:02 Après, quand on voit un enfant qui pisse les yeux,
14:04 qui fronce les sourcils, qui a tendance à se rapprocher
14:07 ou s'éloigner de manière différente d'avant de son père.
14:09 - Donc, s'il s'approche, c'est qu'il est myope.
14:11 S'il s'éloigne, c'est plutôt une hypermétrophie, on est d'accord.
14:14 - Ou alors, après, il y a le fait de voir un oeil
14:17 qui peut partir de temps en temps aussi,
14:19 ça doit être quelque chose qui va alerter.
14:22 Une posture différente, un enfant qui va tourner la tête
14:25 de manière assez excessive pour lire, etc.
14:30 Toute modification du comportement
14:32 lorsqu'il a besoin de se concentrer doit alerter.
14:35 - Et bien sûr, un comportement à l'école qui va changer,
14:40 ou des mauvaises notes, des problèmes de concentration,
14:42 tout ça, ce sont des signes...
14:43 - Des compréhensions de texte aussi,
14:44 des choses comme ça qui peuvent être remontées.
14:46 - 80% de l'apprentissage passe par la vision.
14:48 - C'est ça.
14:49 - C'est ce que vous disiez tout à l'heure.
14:50 Et effectivement, les études scientifiques
14:52 associent également la mauvaise vision à de multiples risques,
14:54 problèmes d'apprentissage, mauvaises notes, absentéisme,
14:57 et décrochage scolaire qui peut être multiplié par trois.
15:00 - C'est quand même... C'est pas des chiffres...
15:02 - C'est très lié, c'est très important.
15:03 - Anodin, ouais, ouais.
15:05 Alors, on parlait tout à l'heure de l'hypermétropie,
15:07 quand on ne voit pas bien de près,
15:09 c'est surtout les jeunes enfants.
15:10 Je voudrais qu'on s'arrête quelques minutes sur la myopie.
15:13 Donc là, on ne voit pas bien de loin,
15:15 qui arrive en général à l'entrée au collège,
15:17 c'est ce que vous disiez tout à l'heure.
15:19 Certains spécialistes parlent d'une épidémie mondiale de myopie
15:22 qui pourrait concerner plus de la moitié de la planète en 2050,
15:25 et en particulier les jeunes.
15:27 Qu'est-ce que vous en pensez ?
15:27 On peut vraiment parler d'épidémie et pourquoi ?
15:30 Toujours la faute aux écrans.
15:32 - Alors oui, et puis au changement un peu civilisationnel,
15:35 c'est-à-dire que la myopie, anatomiquement,
15:38 c'est un œil qui aura trop grandi.
15:40 C'est un œil qui est plus grand que la moyenne de la population.
15:44 Et les facteurs de risque identifiés,
15:46 c'est donc ça va être une sous-exposition à la lumière naturelle,
15:51 un temps de vision de près prolongée, des études plus longues.
15:54 Donc tout ce qui est un peu en train de se passer au niveau mondial.
15:57 Et en Asie, on est déjà dans les populations de moins de 18 ans,
16:01 à 80-90 % d'enfants myopes.
16:04 - Et parce que quand on est sur un écran, en général,
16:06 on est enfermé, on n'est pas la lumière naturelle
16:08 et on a la vision de près, on ne regarde pas assez souvent de loin.
16:13 - Donc c'est en nombre.
16:14 En fait, les facteurs sont connus depuis longtemps,
16:15 mais le nombre qui arrive, c'est exponentiel.
16:21 - Bon, en tout cas, il est important de faire vérifier la vue de notre enfant
16:24 dès les premiers signes d'alerte que l'on citait tout à l'heure.
16:27 Et justement, nous avons suivi une jeune maman et ses deux enfants
16:30 qui se sont rendus dans un centre Écoutez voir à Paris.
16:33 C'est un reportage de Maxime Rey.
16:36 - On vient vous voir pour des petits problèmes pour les deux enfants.
16:51 - D'accord, ok, on est avec moi.
16:53 - Mon fils a déjà des lunettes, mais en ce moment,
16:55 il a quand même pas mal de maux de tête.
16:57 Donc, on s'interroge sur sa correction.
17:00 Et ma fille vient de rentrer en CP et sa maîtresse vient nous alerter
17:04 sur le fait qu'elle peut être potentiellement,
17:06 elle ne voyait pas très bien au tableau.
17:08 - Que ce soit votre fille ou votre jeune garçon,
17:11 on est obligé de passer par l'ophtalmo,
17:12 puisqu'en magasin, je ne suis pas habilité à faire les contrôles visuels
17:15 puisqu'ils ont moins de 16 ans.
17:16 Pour votre garçon, sa père actuel, elle a combien de temps ?
17:20 - Ah, ça fait 3 ans à peu près, oui.
17:23 - Donc là, il y a effectivement une nécessité également d'aller voir l'ophtalmo
17:27 pour rapidement vérifier la correction.
17:29 Et dès que l'ophtalmo vous a délivré l'ordonnance,
17:31 vous pourrez revenir en magasin.
17:33 On choisira la part de lunettes et les verres
17:35 pour que du coup, on puisse lui faire ses lunettes.
17:36 Alors, le rôle de l'opticien, on va vérifier la vue de la personne.
17:42 À la suite de ça, orienter sur les montures, sur le choix des verres.
17:46 Donc là, le rôle de conseiller.
17:47 Et après, il y a la partie technique,
17:49 puisque du coup, il y a tout ce qui est assemblage à l'atelier.
17:52 C'est obligatoire de passer par l'ophtalmo.
17:55 D'une, pour vérifier s'il n'y a pas une légère correction à corriger.
17:58 Et après, c'est le côté administratif.
18:00 Si on veut bénéficier du remboursement, sécurité sociale et mutuelle,
18:03 il faut absolument passer la case ophtalmo.
18:06 - Donc Berthelemy, rappelons que pour les moins de 16 ans,
18:10 vous ne pouvez pas faire de contrôle visuel encore.
18:13 - C'est ça.
18:13 - Mais en tout cas, vous pouvez les inciter à garder leurs lunettes
18:16 et à porter leurs lunettes.
18:17 C'est un rôle important, parce qu'on l'a vu tout à l'heure,
18:19 qu'ils étaient un petit peu négligents,
18:21 ils avaient tendance à snobber leurs montures.
18:23 Et à précédent, en revanche, là, vous pouvez faire des contrôles visuels.
18:29 - Il y a déjà eu un passage chez l'ophtalmo.
18:32 - D'accord.
18:33 Et vous faites des renouvellements d'ordonnances, de prescriptions.
18:38 Alors, quelles sont les bonnes habitudes à prendre dès le plus jeune âge
18:40 pour prévenir la déficience visuelle ?
18:42 Qu'est-ce qu'on peut donner comme conseil important
18:46 aux parents qui nous regardent aujourd'hui
18:47 et qui veulent préserver le capital visuel de leurs enfants ?
18:51 - On en parle souvent en magasin, c'est là où les enfants commencent à...
18:54 - Faites-nous une consultation, allez-y.
18:56 - C'est ça, c'est un moment où les enfants commencent à nous détester,
18:59 parce qu'on parle d'abord, en fait, c'est vrai, des écrans.
19:01 On les voit souvent, ils attendent des fois dans la boutique
19:04 et qu'est-ce qu'ils font ?
19:05 Ils sortent le téléphone.
19:06 Et en fait, je les observe et après, quand je m'occupe d'eux,
19:09 je leur dis ce que j'ai vu, en fait.
19:11 Et souvent, ils ont les nez collés à 10 centimètres de l'écran.
19:13 - Vous leur dites... - 30 centimètres minimum.
19:16 - D'accord. - C'est l'équivalent,
19:17 alors, de la distance de leur coude, c'est ça.
19:20 - D'accord. - Ça leur permet de se rappeler.
19:23 On leur dit pas qu'il faut arrêter les écrans, bien entendu,
19:25 parce que maintenant, c'est quasiment impossible.
19:28 - Je vous le confirme. - C'est leur donner les bonnes pratiques,
19:30 les 30 minutes d'affilée, d'essayer de faire des pauses visuelles,
19:33 de faire ça avec un éclairage qui va être correct,
19:36 d'éviter de faire ça, par exemple, dans le noir,
19:39 dans le lit le soir.
19:41 C'est des pratiques qui vont permettre de minimiser l'impact de l'écran
19:45 sur leur qualité de vision.
19:47 Et après, on essaie aussi de leur faire prendre conscience
19:49 que ce sujet est important, parce que la myopie, c'est définitif.
19:53 La lunette n'est pas un médicament,
19:55 et qu'ils deviennent myopes, ça sera pour le reste de leur vie.
19:58 Après, il faut passer...
19:59 - Parce qu'aujourd'hui, il y a des opérations,
20:00 il y a des verres de contact, etc.
20:02 - Après, ça, c'est quelque chose que j'aborde assez volontiers,
20:07 plutôt à l'adolescence, c'est que...
20:09 C'est mon domaine d'expertise en chirurgie,
20:12 la chirurgie de la myopie, la chirurgie réfractive,
20:14 c'est qu'on a eu énormément de progrès,
20:18 mais une petite myopie sera toujours plus facile,
20:21 plus simple à corriger qu'une très grosse correction.
20:24 Là, on va devoir utiliser des techniques chirurgicales
20:28 qui sont plus invasives, qui ont plus de risques de complications,
20:31 qui sont beaucoup plus chers aussi.
20:33 Et une autre chose, alors ça, c'est un peu difficile
20:35 d'en parler à des enfants, mais c'est que la myopie,
20:38 chez les gens qui ont vraiment une forte myopie,
20:42 à un âge avancé, c'est un risque de pathologie ophtalmologique,
20:44 notamment rétinienne... - Oui, les décolements de la rétine,
20:47 il faut se surveiller. - Qui va être un petit peu voisin
20:49 de la dégénérescence maculaire, si vous voulez,
20:51 qui est démultipliée par rapport à quelqu'un
20:54 qui n'aura pas de myopie, si vous voulez.
20:56 Donc tout ce qu'on peut faire...
20:57 - Tout ce qu'on peut faire pour ne pas aggraver une myopie
20:59 et la stabiliser le plus tôt possible est important.
21:01 Justement, merci pour cette belle transition.
21:03 Il existe des verres freinateurs de myopie
21:06 pour l'enfant et l'adolescent.
21:07 Alors, comment fonctionnent ces verres
21:09 et pour quels résultats ?
21:09 C'est un sujet de Cédric Manet.
21:11 - Il est présenté comme une révolution.
21:20 Le Myosmart est un verre de contrôle de la myopie
21:23 proposé en France depuis un an.
21:25 - C'est un verre qui va permettre, en fait,
21:26 de freiner l'évolution de la myopie.
21:28 Il faut savoir que plus une myopie débute tôt
21:31 et plus elle a des chances d'évoluer.
21:33 Et on peut se retrouver avec de fortes myopies
21:35 de l'ordre de -6, même au-delà.
21:38 Et il faut savoir qu'à partir d'une myopie de -6,
21:40 on est sur un oeil qui est très allongé
21:42 et donc qui est beaucoup plus à risque.
21:44 - Car l'oeil myope est généralement plus long.
21:46 L'image d'un objet éloigné se forme en amont de la rétine.
21:50 C'est pour ça qu'il est perçu flou.
21:52 - Donc, ce verre-là va permettre, en plus,
21:54 de pouvoir corriger le défaut visuel de la myopie,
21:58 de freiner son évolution.
22:00 - Au fil des années, l'oeil s'allonge.
22:02 Ralentir l'allongement de l'oeil,
22:03 c'est exactement ce que fait le verre Myosmart.
22:06 - On va vraiment avoir une petite zone au centre de ce verre
22:10 qui va avoir la correction parfaite de la myopie.
22:12 Et tout autour, on va avoir des petites alvéoles.
22:15 Ces petites alvéoles vont créer un défocus
22:19 qui va permettre d'amener l'image en avant de la rétine
22:23 et de limiter cet effet élongateur
22:25 qu'ont les verres classiques de correction de la myopie.
22:29 - Les ophtalmologues préconisent tout de même
22:31 de faire des pauses loin des écrans
22:33 et de passer au moins 2 heures par jour à l'extérieur
22:35 pour stimuler une vision lointaine.
22:38 - C'est génial comme innovation quand même.
22:41 Mais ça veut dire qu'il faut dépister cette myopie
22:42 le plus tôt possible, dès les premiers signes.
22:47 - Après, ça peut varier.
22:50 Mais si on sait qu'on est, par exemple, chez des enfants,
22:52 quand des parents qui sont myopes
22:54 ont un historique familial important,
22:57 c'est quelque chose que je vais proposer en primo-prescription
22:59 quand il y a un début de myopie.
23:01 Ça dépend de l'âge aussi,
23:02 parce que c'est des verres qui ont un léger coût supplémentaire
23:04 par rapport à des verres standards.
23:06 Si c'est une myopie un peu plus tardive
23:09 qui ne va pas être trop à risque d'évoluer vers une forte myopie,
23:15 on peut partir au début sur un verre un peu plus standard,
23:17 mais c'est des choses qu'on fait de plus en plus.
23:19 - D'accord, j'allais vous poser la question,
23:20 est-ce que c'est une pratique qui est de plus en plus répandue ?
23:22 Ça existe depuis quand ces verres freinateurs de myopie ?
23:25 - Ça existerait depuis 5-6 ans.
23:29 - Vous en voyez passer beaucoup ?
23:30 - De plus en plus, c'est une bonne nouvelle.
23:33 Tout à l'heure, on en parlait avant l'émission,
23:36 on trouve, nous tous les deux,
23:37 qu'ils marchent encore plus que les statistiques.
23:40 On a vraiment des cas où la myopie s'arrête.
23:42 - Ah oui ?
23:43 - C'est formidable,
23:44 parce que c'est quelque chose qu'on n'avait pas connu,
23:46 on voyait que de l'évolution.
23:48 Moi, en magasin, je vois de plus en plus d'enfants myopes,
23:50 donc ça nous a quand même alertés,
23:51 et cette solution-là est vraiment importante.
23:54 C'est vraiment quelque chose qui permet de voir l'avenir,
24:00 avec un petit jeu de mots, plus vraiment.
24:02 - Moi, j'aurais bien aimé que ça existe à mon époque,
24:04 mais c'est trop tard.
24:05 Combien de temps il faut les porter, à peu près ?
24:07 En moyenne ?
24:08 Pour espérer que la myopie puisse s'arrêter ou se stabiliser ?
24:11 - En permanence, jusqu'à ce qu'ils soient adultes.
24:15 - Ah, jusqu'à ce qu'ils soient adultes.
24:16 - On renouvelle sur prescription.
24:19 - Ça veut dire qu'ils vont porter tout le temps une paire de lunettes ?
24:22 Parce que moi, je croyais qu'à l'âge adulte,
24:24 justement, il y a un moment donné,
24:25 la myopie n'évoluait plus,
24:26 qu'on porte des verres freinateurs de myopie ou pas.
24:29 - Alors oui, mais c'est variable,
24:31 c'est variable suivant les individus
24:33 et c'est variable aussi suivant le degré de myopie.
24:36 Les gens qui ont une très forte myopie,
24:37 il y a des gens, ça peut évoluer toute leur vie.
24:39 Et des gens, par exemple, qui vont être myopes à -6, -7,
24:43 ça va plutôt arrêter d'évoluer vers la trentaine
24:46 que vers 21, 22 ans.
24:48 Donc si vous voulez, l'idée, c'est que tant que c'est évolutif,
24:49 on porte cette correction.
24:51 - D'accord.
24:52 OK, très bien.
24:53 Eh bien, merci messieurs, c'était passionnant.
24:55 J'ai appris beaucoup de choses,
24:57 donc un grand merci à vous.
24:58 Alors les points clés à retenir, de mon point de vue,
25:00 attention aux écrans, 75% des jeunes souffrent de fatigue visuelle.
25:04 Ça, je pense qu'on l'a bien répété au cours de cette émission.
25:06 Donc repérer les signes d'alerte, les yeux rouges,
25:09 les yeux qui grattent, les maux de tête,
25:11 la baisse de la concentration à l'école,
25:13 voire l'échec scolaire.
25:14 Les orthoptistes peuvent prescrire des verres correcteurs
25:16 dans certains cas.
25:17 Les opticiens, eux, peuvent faire des renouvellements
25:20 d'ordonnance et faire des contrôles visuels après 16 ans.
25:24 Il existe aujourd'hui des verres freinateurs de myopie
25:26 qui pourraient empêcher l'aggravation de la myopie de votre enfant.
25:29 Donc demandez toujours conseil à votre ophtalmo
25:31 ou à votre opticien.
25:32 Un grand, grand merci, messieurs.
25:33 Merci à tous ceux qui m'ont aidé à préparer cette émission.
25:36 Quant à moi, j'aurais le plaisir de vous retrouver très bientôt
25:38 pour un prochain numéro de La Santé d'abord.
25:40 D'ici là, prenez soin de vous.
25:42 [Musique]
26:02 Le groupe VIVE vous a présenté La Santé d'abord.
26:05 Broum, le programme qui prend soin de vous.
26:07 Groupe VIVE, pour une santé accessible à tous.

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