« Dès qu’on ne va pas bien, on n'est pas pris au sérieux. » « Les jeunes ont tout pour être heureux. » « La santé physique est plus importante que la santé mentale. » « On ne parle pas assez de la vingtaine. »
Clichés ? Qu'en pensent les jeunes ?
Dans OK ZOOMER, on donne la parole à la génération Z. Au cours de ces discussions, différents avis et points de vue se confrontent, laissant transparaître un panorama de la jeunesse.
Présenté par la journaliste Nesrine Slaoui. ⚡️
00:00 : Début vidéo
02:14 : Les jeunes ont tout pour être heureux
03:22 : Santé physique et santé mentale, la même importance ?
05:10 : Les symptômes physiques de la santé mentale
10:55 : L’anxiété et les réseaux sociaux
14:50 : Trouver un espace pour exprimer ses émotions quand on est un homme
17:41 : La safe zone : Est-ce que vous allez bien ? Quel endroit vous insécurise ? Qu’est-ce qui vous apaise en ce moment ?
27:30 : L’importance du diagnostic et des soins
33:38 : L’éco-anxiété
Clichés ? Qu'en pensent les jeunes ?
Dans OK ZOOMER, on donne la parole à la génération Z. Au cours de ces discussions, différents avis et points de vue se confrontent, laissant transparaître un panorama de la jeunesse.
Présenté par la journaliste Nesrine Slaoui. ⚡️
00:00 : Début vidéo
02:14 : Les jeunes ont tout pour être heureux
03:22 : Santé physique et santé mentale, la même importance ?
05:10 : Les symptômes physiques de la santé mentale
10:55 : L’anxiété et les réseaux sociaux
14:50 : Trouver un espace pour exprimer ses émotions quand on est un homme
17:41 : La safe zone : Est-ce que vous allez bien ? Quel endroit vous insécurise ? Qu’est-ce qui vous apaise en ce moment ?
27:30 : L’importance du diagnostic et des soins
33:38 : L’éco-anxiété
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ÉducationTranscription
00:00 Je trouve ça aberrant, dans notre société,
00:02 le fait que quand quelqu'un tombe malade mentalement,
00:04 il n'y a plus personne.
00:05 -Parce qu'il y a un déni total sur la condition,
00:08 sur la santé mentale, sur nos émotions, nos ressentis, etc.
00:11 Et de ce fait, dès qu'on ne va pas bien,
00:13 comme on n'est pas pris au sérieux, on se retrouve dans une boucle
00:15 qui nous impacte physiquement,
00:16 et après, une fois qu'on a les deux corrélés, c'est fini.
00:18 -Bonjour à toutes et à tous !
00:23 Bienvenue dans "OK Zoomer".
00:25 C'est une émission où on donne la parole aux jeunes.
00:27 Les Zoomers, ce sont la génération de 18 à 25 ans,
00:30 donc c'est votre tranche d'âge.
00:31 Moi, j'ai 29 ans, je m'appelle Nesrin, je suis la génération juste un peu au-dessus,
00:34 l'émininoule, la régénération Y.
00:36 Et donc, avant qu'on rentre dans le vif du sujet du jour,
00:38 qui est la santé mentale,
00:40 ce que je vous propose, c'est qu'on fasse un tour de table
00:41 pour que chacun puisse se présenter, donc nom, prénom, votre âge,
00:44 et puis, si vous avez envie de donner un élément de présentation,
00:47 vous êtes libre, je t'en prie !
00:48 -Alors moi, je m'appelle Adil, je suis créatrice de contenu sur Instagram.
00:52 J'ai écrit un livre qui s'appelle "Hélo, anxiété"
00:54 et je suis étudiante actuellement en LCR anglais.
00:57 -Du coup, moi, c'est Amélie, j'ai 23 ans,
00:59 je viens de terminer mon master en marketing du luxe, de la mode et de l'art.
01:03 Je suis créatrice de contenu sur TikTok,
01:05 où je parle énormément de santé mentale, de ce que moi, j'ai vécu,
01:09 et je partage un petit peu mon processus de guérison.
01:12 -Du coup, moi, je m'appelle Ari, j'ai aussi 23 ans,
01:14 parce que, apparemment, on a tous 23 ans !
01:16 Je viens de finir mon master en direction artistique en graphisme,
01:19 et à côté, je fais aussi de la création de contenu sur TikTok,
01:22 Instagram et YouTube sur la santé mentale.
01:25 Donc je parle de mon quotidien avec mes troubles, etc., pour aider les gens.
01:28 -Ça marche !
01:29 -Je m'appelle Marcus, j'ai 24 ans,
01:31 et je suis hôte d'accueil dans un groupe de recherche pharmaceutique.
01:34 Et au-delà de ça, je fais de l'art et de la musique.
01:35 -Enchantée, déjà ! Bienvenue à vous toutes !
01:38 Donc on le voit récemment,
01:39 avec notamment ce qui s'est passé pour le Covid et la grosse pandémie,
01:42 c'est devenu un vrai sujet de société, la santé mentale, notamment pour les jeunes.
01:45 Avant de vous poser des questions un peu plus spécifiques,
01:47 parce que vous avez des parcours individuels qui sont intéressants
01:50 et qui peuvent justement être de bons conseils pour ceux qui nous regardent,
01:53 je vais d'abord vous montrer, sous ce panneau,
01:55 un gros cliché qu'on peut avoir sur la génération Zoomer.
01:59 Vous êtes prêts ? -Oui.
02:00 -Et prêtes, surtout ! Faut que j'arrête de dire "prêt" !
02:03 Alors qu'on a un homme en minorité aujourd'hui !
02:05 -Je crois.
02:06 -Vous êtes prêts ?
02:07 -Je serai prêt. -Tu seras prête aujourd'hui ?
02:08 -Je le prends bien. Pas de souci.
02:11 Je prends plaisir. -C'est parti !
02:14 "Les jeunes ont tout pour être heureux."
02:17 Est-ce que vous êtes d'accord avec cette affirmation ?
02:20 -Non. -C'est en rire, du coup ?
02:22 Pourquoi t'es pas d'accord avec cette affirmation ?
02:24 -Parce qu'il y a plein de choses qui sont soi-disant mises en place pour nous aider,
02:27 et quand on est réellement dans la galère, on se rend compte que c'est pas le cas.
02:30 Donc on est en difficulté en permanence,
02:32 que ce soit scolairement, financièrement, émotionnellement...
02:36 On nous écoute pas et on nous censure,
02:38 donc je pense pas qu'on ait tout pour être heureux,
02:39 en tout cas, notre génération, là, en 2023.
02:41 -Vous êtes d'accord avec... -Tout à fait.
02:43 -Totalement d'accord. -Oui, totalement.
02:44 Au-delà du fait qu'aujourd'hui, on n'a pas tous les problèmes de guerre,
02:47 machin et tout,
02:48 il faut savoir qu'il y a un truc qui s'appelle les traumas transgénérationnels,
02:52 où, en fait, on n'est pas obligés d'avoir, nous, vécu des traumatismes
02:55 pour avoir les séquelles de nos parents, grands-parents,
02:58 qui, eux, ont vécu des traumatismes.
03:00 Et c'est des études qui sont sorties, scientifiques,
03:02 où, en gros, c'est dans un génome
03:04 qu'on transmet nos traumatismes à nos enfants,
03:08 et particulièrement chez les femmes.
03:10 Du coup, voilà, c'est pas forcément...
03:12 -Mais tu fais bien de le préciser, parce que c'est ce qu'on appelle l'épigénétique,
03:15 donc c'est tout ce qu'on a et tout ce qui est hérité de nos traumas familiaux,
03:17 et on veut en plus en revenir là-dessus sur le stress post-traumatique
03:20 qu'il peut y avoir après tout ça.
03:21 Mais d'abord, j'ai envie de vous poser une question qui est un peu basique,
03:24 mais qui va permettre de lancer la conversation.
03:26 Est-ce que vous trouvez qu'à l'heure actuelle dans notre société,
03:28 même si on en parle plus,
03:30 on met à la même hauteur la santé physique et la santé mentale,
03:32 ou est-ce que vous trouvez que c'est encore minimisé ?
03:34 Alors qu'on sait bien que les deux vont ensemble,
03:37 mais est-ce que vous trouvez pas qu'il y a encore une manière de considérer
03:39 la santé mentale comme secondaire par rapport, par exemple, à une blessure physique ?
03:42 Est-ce que c'est quelque chose que vous remarquez ?
03:43 -Alors moi, me concernant et en avoir été témoin,
03:47 j'observe qu'on désolarise beaucoup la santé physique et la santé mentale,
03:51 alors que ça reste la santé.
03:53 Et malgré le fait qu'il y a des médecins, des scientifiques,
03:56 qui prennent la parole sur ça, notamment à l'OMS,
03:59 qui disent très clairement que ça n'est pas à désolariser,
04:03 ça ne doit pas se désolariser, en fait.
04:05 En fait, c'est tout simplement un souci, on va dire, générationnel à ce niveau-là,
04:09 et parfois, c'est très communautaire, en fait.
04:10 Dans leur religion, ça n'existe pas,
04:12 dans quelconque croyance, en fait, ça n'existe pas.
04:15 Et donc, du fait de ce fait, personne ne prend ça au sérieux, je trouve.
04:19 -T'es d'accord avec ce que...
04:20 -Alors, je suis totalement d'accord avec ce qu'il a dit,
04:23 parce que la santé mentale et la santé physique, elles sont interconnectées.
04:26 Je trouve ça aberrant, en fait, dans notre société,
04:28 le fait que quand quelqu'un tombe malade mentalement,
04:31 il n'y a plus personne.
04:32 Quand quelqu'un tombe malade physiquement,
04:35 tout le monde est là à offrir des fleurs, des bonbons,
04:37 tout ce que vous voulez.
04:38 Et la santé physique...
04:40 La santé mentale, pardon, elle est très taboue.
04:42 -Et très mal connotée, c'est-à-dire que ça crée...
04:44 Tu veux dire que ça crée du rejet de la part des gens qui ne savent pas comment...
04:48 -Ils sont inconfortables, rejetés,
04:50 et également, en fait, parce qu'ils ne savent pas quoi faire.
04:52 Donc, je trouve qu'il y a un énorme travail à faire
04:56 pour arrêter de stigmatiser, en fait, tous les problèmes mentaux
05:02 et en faire une priorité.
05:05 La santé physique et la santé mentale vont ensemble,
05:08 et les deux sont très importantes.
05:10 -Et d'ailleurs, comment ça peut se manifester,
05:12 une santé mentale défaillante, physiquement ?
05:14 Est-ce que, vous, dans votre santé mentale,
05:16 il y a des façons physiques de concrétisation de cette anxiété ?
05:22 Comment ça peut s'exprimer, justement,
05:23 quand on a une santé mentale qui est fragilisée à un certain moment ?
05:26 -Alors, ça, c'est pour moi, pour le coup, en partie.
05:29 Moi, je subis à peu près tous les symptômes
05:31 qui sont liés à mon anxiété généralisée
05:33 ou à mon trouble borderline, par exemple.
05:36 Donc, je perds énormément mes cheveux,
05:37 je fais beaucoup de crises d'angoisse,
05:39 j'ai des problèmes intestinaux très, très, très importants,
05:42 au point d'aller voir des spécialistes
05:43 pour voir si j'ai pas...
05:45 Au-delà de ce côté psychosomatique,
05:47 il y a réellement des blessures physiques que je me suis infligées,
05:51 parce que ma santé mentale s'est traduite aussi
05:53 par des troubles du comportement alimentaire à cause du stress,
05:56 et une fois que ce côté-là est impacté,
05:58 une fois que l'alimentation et le sommeil sont impactés,
06:00 c'est fini pour l'état physique.
06:02 Donc, à ce moment-là, on est considérés déjà comme fous
06:06 par certaines personnes,
06:07 parce qu'il y a un déni total sur la condition...
06:11 sur la santé mentale, sur nos émotions, nos ressentis, etc.
06:14 Et de ce fait, dès qu'on ne va pas bien,
06:16 comme on n'est pas pris au sérieux, on se retrouve dans une boucle
06:18 qui nous impacte physiquement,
06:19 et après, une fois qu'on a les deux corrélés, c'est fini,
06:22 parce qu'on n'a plus la force de se lever,
06:23 comme par exemple on ne mange plus,
06:25 trop de crises d'angoisse dès le matin
06:26 avant d'aller attaquer une journée de boulot,
06:28 où vous êtes complètement en terreur nocturne la nuit,
06:31 le matin, vous n'êtes même pas reposés, finalement.
06:34 Et quand ça s'accumule au fur des jours, des semaines et des mois,
06:37 à la fin, c'est un trou sans fond dans lequel on tombe,
06:40 et tout le monde autour de nous ne le prend pas au sérieux.
06:42 -Pas forcément.
06:43 Juste à parler du trouble "burden line",
06:44 je pense qu'il n'y a pas tout le monde qui est au courant de ce que c'est.
06:47 Est-ce que tu peux nous expliquer,
06:48 ou juste comment, chez toi, ça peut se matérialiser ?
06:51 -Du coup, c'est un des nombreux troubles de la personnalité qui peuvent exister.
06:54 Tous les symptômes se ressemblent tellement
06:56 que des fois, les diagnostics se sont erronés
06:59 ou pas les bons en premier lieu.
07:01 Ça ressemble énormément, par exemple, au trouble de la maladie bipolaire.
07:05 Pour ma part, c'est vraiment de l'instabilité émotionnelle,
07:07 des gros pics d'impulsivité, des tremblements...
07:11 Ça va très, très vite, en fait.
07:13 Et il y a un côté hypersensible qui est associé.
07:16 Tout est poussé à l'extrême,
07:18 et comme ça switche très, très rapidement,
07:20 on ne se comprend pas, personne ne nous comprend,
07:21 mais en découlent de ce trouble tellement de symptômes
07:24 et également de termes, comme j'ai appris, la dépendance affective,
07:28 c'est un des conséquences clés de ce trouble,
07:32 et ce trouble, souvent, se crée de traumatismes,
07:34 dont parlait Harry tout à l'heure,
07:36 liés à l'enfance, liés au schéma répétitif de la famille également.
07:38 -Et vous, du coup, comment ça peut se matérialiser chez vous, l'anxiété ?
07:42 Est-ce qu'il y a des manifestations physiques comme ça qui peuvent être très fortes ?
07:44 -Je trouve que l'anxiété, il y a toujours des manifestations physiques,
07:46 même si on ne se rend pas compte.
07:48 Par exemple, j'ai connu une personne qui avait des troubles d'anxiété.
07:52 C'était physique, mais elle ne savait pas que c'était de l'anxiété,
07:55 et il y a énormément de personnes qui ne savent pas encore aujourd'hui
07:58 que, comme j'ai dit, la santé mentale et physique vont ensemble,
08:01 et donc, quand il y a des symptômes physiques,
08:03 par exemple crise d'angoisse,
08:05 ils ont l'impression de devenir fous, etc.,
08:07 je trouve que quand, mentalement, ça ne va pas,
08:10 les symptômes physiques, ils suivent toujours.
08:12 -Et puis même, des fois, ça peut être aussi inconscient,
08:14 parce que je sais que moi, j'ai un stress post-traumatique complexe,
08:17 et pendant très longtemps, je ne l'avais pas conscientisé,
08:20 mais par exemple, j'avais un traumatisme lié au milieu médical et à l'hôpital,
08:24 et quand on me disait le mot "urgence", je tombais dans les pommes directement.
08:27 Et je ne sais jamais sur pourquoi,
08:29 jusqu'à il n'y a pas longtemps, en thérapie,
08:32 ou mon trait de traumatisme,
08:34 mais même dans d'autres troubles que l'anxiété ou des choses comme ça,
08:37 on peut avoir des symptômes qui sont physiques
08:39 sans forcément les comprendre psychiquement tout de suite,
08:42 et c'est assez perturbant.
08:44 -Est-ce que toi, t'as des troubles spécifiques ?
08:46 -Alors, du coup, j'ai un trouble de la personnalité borderline,
08:49 j'ai un trouble dissociatif de l'identité
08:51 et j'ai un trouble de l'attention avec hyperactivité.
08:53 Donc c'est pareil pour le trouble de l'attention.
08:55 J'avais plein de symptômes physiques,
08:57 j'avais plein de problèmes de mémoire,
08:59 de problèmes pour hiérarchiser mes tâches,
09:00 beaucoup d'anxiété, justement, par rapport à ça,
09:03 parce que je me sentais très vite submergée,
09:04 j'avais beaucoup de crises de colère à cause du sentiment de frustration,
09:08 à cause de ça, etc.,
09:09 qui impactaient ma famille, qui m'impactaient moi, qui impactaient tout,
09:12 et j'étais diagnostiquée super tard, genre à 21 ans,
09:14 alors que les symptômes physiques, ils étaient déjà là depuis très longtemps.
09:17 -Et toi, est-ce que tu as des troubles comme ça qui se manifestent physiquement,
09:22 dans ton quotidien ou de manière régulière ?
09:24 -En fait, je fais un serment post-traumatique.
09:26 Et c'est assez complexe, là aussi, parce que...
09:27 -Qui est lié à quoi ? À une expérience ?
09:29 -Justement à une dépression.
09:31 En fait, j'ai fait une dépression assez jeune,
09:33 de mes 9 ans jusqu'à mes 19 ans,
09:34 et arrivé jusqu'à mes 19 ans, je me suis rendu compte que c'était...
09:38 Justement, on me remettait beaucoup en question,
09:39 notamment mon entourage, sur le fait que j'ai tout pour être heureux.
09:43 C'est à ce moment-là, justement.
09:44 À regarder de plus près, oui, effectivement,
09:45 je voyais que je souffrais plus du tout de harcèlement scolaire.
09:48 C'était une grande partie de ma vie, justement,
09:50 le harcèlement scolaire et raciste, notamment.
09:52 Et en fait, je ne vivais plus ça.
09:54 Et je me suis posé la question
09:55 de comment ça se fait que le stress que je vis au quotidien...
09:58 Donc, c'était limite viscérale.
10:01 C'est-à-dire que, justement, il y a une question de tremblement,
10:03 de le ressentir, c'est très physique.
10:05 Et en fait, ça m'a poussé à aller voir mon psychologue, qui m'a vu, en fait,
10:08 et il a effectivement déclaré en moi que je faisais un syndrome post-traumatique.
10:12 L'explication, c'est qu'à force d'avoir vécu des événements dramatiques
10:16 qui vont de la violence physique, verbale...
10:19 -Ou au rejet frontal aussi. -Oui, voilà.
10:21 Notamment de la famille, de l'entourage.
10:23 En fait, ça crée des névroses, tout simplement,
10:27 même si on peut prendre des prédispositions.
10:29 -Pour s'en prémunir. -Voilà.
10:31 En fait, ça ne change rien. -Ca reste, oui.
10:33 Mais c'était intéressant, ce que tu dis.
10:35 Et je voulais revenir sur cette idée aussi de stress post-traumatique,
10:38 parce que moi aussi, j'ai été victime de harcèlement scolaire
10:40 pendant très, très longtemps.
10:41 Et pendant longtemps, je ne comprenais pas aussi
10:43 pourquoi je n'arrivais pas à dormir
10:44 ou pourquoi j'avais de l'anxiété sociale.
10:46 C'est-à-dire qu'on peut avoir du mal,
10:47 quand on a été victime de harcèlement scolaire,
10:49 à faire confiance aux gens.
10:51 Et vous avez tous parlé des réseaux sociaux.
10:53 L'importance pour vous d'utiliser ces plateformes
10:55 pour alerter justement sur toutes ces questions santé mentales
10:58 qui ne sont pas vraiment prises en charge par les écoles,
11:00 en tout cas par l'éducation au sens large.
11:02 Est-ce que ce n'est pas compliqué, justement,
11:04 quand on a un trouble anxieux, de s'exposer,
11:07 de devoir faire face aussi à un harcèlement ?
11:09 Comment vous arrivez à gérer ça ?
11:11 Est-ce que ça ne vous crée pas une anxiété supplémentaire ?
11:13 Ou est-ce qu'il y a une satisfaction de se dire
11:15 "J'aide des gens, en réalité, à se comprendre,
11:17 et du coup, je supporte un peu les critiques virulentes" ?
11:20 -C'est vraiment à double tranchant.
11:22 Moi, je me suis lancée parce qu'un jour, je me suis dit
11:24 "En fait, j'ai plus rien à perdre, et quoi que je fasse,
11:26 il y a toujours quelqu'un qui vient me critiquer,
11:27 qui vient me malmener."
11:29 J'ai vécu 15 ans de harcèlement scolaire,
11:31 du primaire jusqu'encore en études supérieures,
11:33 avec à côté une pression familiale...
11:35 Du coup, satisfaire tout le monde sans penser à soi,
11:37 ça a commencé à me taper sur le système,
11:39 et je me suis dit "Je me lance."
11:41 Au début, c'était dur de passer outre le regard des autres.
11:43 J'utilisais beaucoup d'effets
11:44 pour qu'on soit concentrés sur ce que je dis,
11:46 et pas sur mes défauts physiques.
11:48 Et de fédérer une communauté qui devient de plus en plus active,
11:53 qui me reconnaît maintenant et qui me dit "Merci",
11:55 qui vient mettre des milliers de DM par jour
11:58 pour me raconter leurs histoires et leurs souffrances...
12:00 Donc, à la fois, c'est très dur à prendre,
12:02 et en même temps, c'est une sacrée revanche
12:04 parce que je sais qu'il y a des gens qui ont contribué à mon mal-être
12:07 et à mon harcèlement qui me voient, qui me "stalk", comme on dit...
12:09 -Les "haters" ! -Exactement !
12:13 Et je sais qu'à côté, je dis les termes dans lesquels ils se reconnaissent,
12:15 je parle toujours que de mon expérience,
12:17 et je suis contente parce que les gens me disent "Merci, tu m'aides à..."
12:21 -A vivre mieux avec eux, et à vivre mieux les symptômes de l'anxiété.
12:25 -C'est ça, et du coup, dans ce sens-là,
12:27 avec ma notoriété et ma communauté qui a grandi,
12:29 je me sentis plus légitime et je me suis dit
12:30 "En fait, au pire des cas, les "haters" augmentent mes statistiques."
12:35 Et dans tous les cas, j'ai quand même une grosse communauté
12:37 qui fait que je me sens légitime sur les réseaux sociaux
12:38 et je n'ai plus honte de publier.
12:40 Le début, se lancer, c'est très difficile
12:41 parce qu'on a tous peur du regard des autres.
12:43 J'ai souvent entendu, je sais pas, pour vous, les filles, pour toi aussi,
12:46 ce côté "Quand on a des mauvais commentaires sur les réseaux,
12:49 t'as qu'à pas être sur les réseaux, en fait."
12:50 Liberté d'expression, t'as qu'à pas parler, etc.,
12:52 j'étais là "Mais je ne m'empêcherais pas de combattre,
12:56 de véhiculer mes valeurs,
12:58 parce qu'il y a deux, trois "haters" qui vont me faire un peu du mal
12:59 et je prends du recul sur ça."
13:01 -Et ça montre aussi à quel point on n'est pas éduqués à l'empathie.
13:03 C'est-à-dire qu'il y a la question sur la table
13:05 de "Est-ce qu'il faut intégrer des cours d'empathie à l'école ?"
13:07 Et c'est vrai que c'est une vraie question de...
13:09 Est-ce que ça va plutôt à l'inverse de dire "Oui, c'est un peu en retard",
13:12 mais la question, c'est "Est-ce qu'on n'éduque pas plutôt les enfants
13:14 à justement se respecter les uns les autres ?"
13:16 Et c'est assez fou parce que, encore une fois, je le dis,
13:18 mais vous utilisez les réseaux sociaux
13:19 et je trouve que c'est assez marquant
13:21 à quel point les gens qui sont victimes de harcèlement scolaire
13:23 vont vers ces plateformes-là,
13:25 et que ça peut être une créativité supplémentaire,
13:28 une manière de contrecarrer justement la haine qu'on reçoit.
13:31 -Je pense qu'il y a aussi un côté de volonté, de reconnaissance
13:34 et d'acceptation quand on se lance sur les réseaux.
13:36 Je pense que, pour avoir discuté avec certains influenceurs,
13:39 il y a beaucoup de gens qui sont sur les réseaux
13:41 qui ont eu des passés assez compliqués avec leur image,
13:44 que ce soit du harcèlement ou juste des problèmes avec leur corps, etc.
13:49 Et j'ai l'impression qu'il y a beaucoup de gens,
13:50 de créateurs de contenu sur les réseaux maintenant
13:53 qui ont ce besoin, en fait,
13:55 et même moi, ce serait hyper hypocrite de dire que j'ai pas ce côté-là aussi,
13:59 de "Ah, il y a des gens qui peuvent m'apprécier comme je suis maintenant,
14:02 il y a des gens que je peux aider,
14:04 j'arrive à créer quelque chose de positif
14:05 et j'arrive à avoir des gens qui me ressemblent autour de moi",
14:09 là où, quand on n'utilisait pas les réseaux,
14:11 on était assez isolés ou seuls, je sais pas vous,
14:14 mais il y a ce côté un peu aussi de volonté d'être accepté,
14:18 de reconnaissance qu'on cherche à travers nos communautés et les réseaux,
14:21 et qu'on a, et c'est cool.
14:23 En ce moment, j'ai beaucoup de jeunes qui viennent me DM
14:25 pour tout ce qui est harcèlement scolaire, etc.,
14:28 et que j'essaie d'aider un maximum parce que ça me fait de la peine.
14:30 Je voulais pas qu'il y ait des enfants qui se retrouvent dans la même situation que moi.
14:34 Et ça me fait du bien de me dire que je peux les aider
14:36 là où moi, j'ai pas pu être aidée à l'époque.
14:38 -Et toi, Marcus, comme on le disait, t'es en minorité
14:41 parce que t'es le seul homme sur le plateau,
14:44 mais j'ai l'impression que pour les hommes,
14:45 c'est encore plus compliqué de parler de la santé mentale
14:48 parce qu'il y a un poids social en jonction à la virilité, à la masculinité,
14:52 qui fait qu'il y a peut-être un malaise vis-à-vis du fait d'exprimer ces émotions.
14:55 Est-ce que t'arrives à trouver des espaces
14:57 où les gens sont prêts à écouter tes émotions ?
15:00 Est-ce que ton groupe d'amis est assez solidaire vis-à-vis de ça ?
15:03 Comment on fait quand on est un homme
15:04 et qu'on a envie, justement, de déconstruire cette injonction-là ?
15:07 -Par chance, les gens avec qui je parle ont quand même notion
15:10 du fait que la santé mentale, comment dire,
15:13 chez les hommes, ça touche beaucoup d'hommes,
15:16 et qu'on fait pas la différence entre hommes et femmes.
15:18 J'ai de la chance à ce niveau-là.
15:21 Dans l'immédiat, sur Internet, j'ai remarqué
15:22 que les discours sont très minoritaires sur ça, effectivement,
15:26 que quand on en parle, en fait, il y a beaucoup de...
15:30 On essaie beaucoup de nous faire comprendre que, nous, les hommes,
15:31 c'est de la victimisation.
15:32 Pour moi, c'est juste un manque d'intelligence, tout simplement.
15:35 C'est un manque de sensibilité sur ça, et je suis prêt à l'entendre,
15:39 même si c'est complètement aberrant.
15:40 Je ne m'intellectualise pas ce problème-là.
15:42 Je me dis juste que c'est des personnes qui sont pas intelligentes
15:44 et qui n'ont pas envie de faire l'effort de se rendre compte qu'il y a un problème.
15:47 Je me prends pas les réseaux sociaux, en fait, pour en parler.
15:49 Dans l'immédiat, je vais aller voir les écoles,
15:50 je vais aller voir les plus jeunes,
15:52 parce qu'il y a du harcèlement scolaire,
15:54 il y a du harcèlement aussi dans les milieux professionnels,
15:55 mais l'utilisation des réseaux sociaux, dans l'immédiat, je l'utilise pas.
15:58 Je fais des projets musicaux dans mes idées artistiques.
16:03 Je montre des clips, je montre de la musique,
16:06 je mets en valeur des artistes, en fait, qui décident d'en parler,
16:09 et je pense que c'est la meilleure façon pour moi de pouvoir sensibiliser, en tout cas.
16:13 -Et de montrer que ça concerne tout le monde,
16:14 c'est une question non-genrée, en fait. -Exactement.
16:17 Et de fédérer aussi.
16:18 Comme disait Amélie, l'idée de fédérer aussi, qui est importante.
16:20 Et je trouve qu'on manque cruellement d'unité, à ce niveau-là.
16:23 -Toi, Adil, est-ce qu'il y a aussi cette volonté-là de se sentir utile,
16:27 avec le fait de faire un livre,
16:28 le fait d'être très actif sur les réseaux sociaux ?
16:30 -Alors, les réseaux sociaux, en fait, quand on était jeunes,
16:33 on a tous à peu près 23 ans, donc on est de la même génération,
16:36 on a à peu près vécu les mêmes choses.
16:38 Je trouve qu'à l'époque, il y avait pas ces comptes-là.
16:40 Et tout ce qui est compte santé mentale,
16:42 tout ce qui est la parole par rapport à la santé mentale,
16:45 elle est arrivée vraiment après le Covid.
16:47 Ça a vraiment déclenché un mouvement par rapport à la santé mentale,
16:52 parce que tout le monde s'est rendu compte
16:55 qu'on était livrés seuls face à nous-mêmes.
16:58 Et le fait d'en parler sur les réseaux sociaux,
17:00 parce que c'est à ce moment-là que moi, par exemple,
17:02 j'ai lancé mon compte Instagram,
17:04 on se sent compris, moins seul.
17:07 Et voilà, en fait, cette sensation de pouvoir aider les autres
17:10 et de se dire qu'une autre personne a la chance de pouvoir...
17:15 -Avoir les outils.
17:16 -Y accéder à ce genre de contenu.
17:17 Donc voilà, moi, quand j'étais jeune,
17:19 j'aurais adoré avoir un compte comme le mien ou comme le vôtre,
17:23 pour pouvoir m'aider et me sentir moins seule.
17:25 -On va parler juste après de l'importance du diagnostic
17:28 et de la réaction à la famille aussi, de l'accompagnement à la famille,
17:30 mais je vous propose, entre-temps, qu'on fasse un petit jeu.
17:32 -Oui, bien sûr !
17:33 -Ça va détendre l'atmosphère.
17:35 Alors, en fait, c'est très simple.
17:37 Le jeu, ça s'appelle la "Safe Zone".
17:38 -OK. -C'est trois questions,
17:41 et vous répondez de la manière la plus honnête possible.
17:44 Le but, c'est qu'on crée tous ensemble une "Safe Zone",
17:46 mais ce qu'on a en réalité depuis le début.
17:47 J'ai l'impression que tout le monde se sent plutôt en sécurité ici.
17:50 Donc on va continuer de créer cette "Safe Zone".
17:52 La question, c'est "Est-ce que vous allez bien ?"
17:53 Mais vraiment bien.
17:54 Allez, c'est parti ! Un, deux, trois !
18:00 -Let's go ! -Il y a trois nons et deux oui.
18:06 Moi, je veux savoir, on commence par le négatif ou le positif ?
18:08 -Par le positif. -Allez, par le positif.
18:10 -Alors, moi, c'est... -Tout va bien.
18:12 -En tout cas, tout va bien. -On a dit "Est-ce que ça va vraiment bien ?"
18:15 -Non, mais alors, je vais vous expliquer,
18:17 sur une raison très simple,
18:18 c'est parce que moi, je suis pas consciente de mes traumas à 24.
18:21 -Ah !
18:23 -Un semi-déni.
18:24 -Non, c'est pas du déni.
18:25 -Une protection de... -C'est dû à mon trouble dissociatif,
18:28 mais en fait, moi, je n'ai pas conscience de mes traumas
18:31 de manière quotidienne.
18:33 Ça va plus être des épisodes et des crises, etc.,
18:36 que je vais avoir de temps en temps.
18:37 Alors, des fois, je vais avoir des semaines où ça peut être horrible,
18:39 parce qu'effectivement, en une semaine,
18:41 je vais me sentir très très mal pendant deux, trois semaines,
18:44 et des phases, comme aujourd'hui ou comme maintenant,
18:47 où c'est "Ça va, c'est bien, franchement, ça va, j'ai pas de problème,
18:51 tout va bien dans ma vie",
18:52 jusqu'à la prochaine crise.
18:55 -Jusqu'à dans deux semaines.
18:56 -Et toi aussi, tout va bien ?
18:57 -Alors, moi, honnêtement, oui.
18:59 -Je suis désolée pour ceux qui vont faire des culpabilités.
19:03 -T'as envie de les isoler, les autres ?
19:04 -Je vais bien, en ce moment.
19:06 Je trouve que tout va pour le mieux, donc je suis contente.
19:09 À part si je suis un peu stressée, là, actuellement,
19:11 mais sinon, honnêtement, je suis vraiment reconnaissante
19:13 du fait qu'en ce moment, ça va,
19:15 même si pendant très longtemps, ça n'allait pas.
19:18 Donc, oui, je suis super reconnaissante.
19:22 -D'aller bien ! On est contents pour toi aussi !
19:24 -Donc voilà.
19:26 -A ton tour !
19:27 -En fait, moi, je suis en train de penser à mes proches
19:28 qui vont voir la vidéo et qui vont se dire
19:30 "Mince, elle est pas heureuse avec nous !"
19:31 -Moi, je pense.
19:32 -En fait, l'inverse un petit peu d'Ari, moi, pour le coup,
19:34 c'est que j'ai une conscience totale et permanente
19:36 des traumatismes dans lesquels je vis,
19:38 sans avoir la clé pour avancer.
19:40 Et comme il y a les traumatismes anciens et de nouvelles choses
19:43 dans le présent qui s'accumulent,
19:44 j'ai une ligne continue, puis une autre ligne, puis une autre ligne.
19:47 Du coup, même s'il y a beaucoup de choses positives qui arrivent,
19:50 l'anxiété est toujours très présente,
19:51 et je peux pas dire officiellement que je vais bien,
19:53 parce que là, je suis plus dans une phase un peu maniaque de mon trouble.
19:57 Et du coup, c'est un petit peu... -Ça peut être fréquent.
19:59 -Je fais attention, justement, à pas non plus penser que tout est guéri,
20:03 pour pas non plus faire n'importe quoi,
20:04 notamment un sevrage de traitement trop tôt ou quoi ou qu'est-ce,
20:08 mais je suis quand même reconnaissante, ça va un peu mieux qu'avant,
20:10 mais pas assez pour dire que je suis heureuse non plus de vivre.
20:13 C'était dur, dit comme ça. Désolée !
20:15 -C'est ton ressenti ? -Non, j'ai tout compris, moi.
20:17 -C'est ton ressenti ? -Non, alors moi...
20:18 -Tous les ressentis sont valides. C'est la safe zone,
20:20 donc tous les ressentis sont valides.
20:21 Donc toi, pourquoi... -Oui, effectivement,
20:22 j'ai mis "non" avec trois petits points,
20:23 j'aurais pu mettre un point de dérogation,
20:25 mais en fait, ça se situe entre vous deux.
20:27 -Ah voilà. On aurait dû faire une échelle.
20:30 -Puisque c'est très...
20:31 C'est dur de dire oui ou non à cette question,
20:33 parce qu'en fait, le syndrome post-traumatique, chez moi,
20:35 ça se manifeste différemment.
20:37 En gros, mon psychologue m'a expliqué que mes "crises" d'anxiété,
20:41 de stress ou de paranoïa, si on peut dire ça,
20:43 elles vont se manifester à des moments qui sont complètement randoms.
20:46 Il va y avoir des moments où je vais me sentir très très heureux,
20:50 mais si on me laisse deux minutes tout seul dans un coin de rue
20:54 ou dans un couloir, je peux me mettre à pleurer,
20:56 et ça ira mieux.
20:58 C'est-à-dire qu'en fait, c'est très très court.
20:59 -C'est par vague ? -Voilà, ouais. C'est par vague.
21:01 Et on m'a expliqué que, quoi qu'il en advienne,
21:02 si dans 10 ans, 20 ans, mes projets professionnels fonctionnent,
21:06 que j'avance, que je fais une famille, j'ai des enfants,
21:11 en fait, ça se manifestera aussi de la sorte.
21:14 Quoi qu'il en advienne, mais je suis prêt à dealer avec ça.
21:17 J'ai mis non, mais en fait, je suis heureux quand même.
21:19 Quelque part, je me rends compte que j'ai de la chance d'être encore en vie,
21:23 alors qu'il y a quand même 10 ans de cela, il y a eu des pensées noires,
21:26 il y a eu beaucoup de remises en question sur est-ce que la vie vaut la peine d'être vécue.
21:31 Il y a quand même de l'évolution.
21:32 -Je trouve que c'est cette phase inconfortable de la vingtaine,
21:35 où c'est vraiment par vague, et on n'en parle pas assez, en fait, de la vingtaine.
21:40 Je sens que c'est nos premières années à être des adultes,
21:45 et donc c'est très inconfortable de devenir adulte,
21:48 de devoir faire face à toutes ces vagues de bonheur et en même temps de stress,
21:53 d'anxiété, etc.
21:54 -Surtout quand t'as une construction émotionnelle compliquée,
21:57 t'arrives en tant qu'adulte en étant construit avec beaucoup de traumatismes,
22:00 du coup, tu commences un peu avec un pied d'inégalité avec d'autres personnes.
22:03 Donc, en tout cas, dans cette sphère-là,
22:05 la vingtaine est peut-être encore plus compliquée
22:07 qu'elle ne l'est de base, juste de passer le step adulte.
22:09 C'est adulte plus problème psy, en fait.
22:12 -C'est le moment où tu commences à conscientiser
22:14 que tout ce qu'on t'a appris dans ton enfance et tout ce que t'as vécu,
22:17 c'était pas forcément normal ou sain,
22:20 et que t'apprends à déconstruire.
22:21 Donc, t'as un travail supplémentaire de, en plus de devoir se construire en tant qu'adulte,
22:26 de trouver un taf, d'avoir son appart...
22:28 -Tu dois te déconditionner et recommencer à zéro
22:32 par rapport à "Ah bah oui, il faut que je prête ça, ça, ça et ça dans mon passé en même temps
22:35 pour avancer là-dessus ensuite."
22:36 Donc, en fait, c'est que des allers-retours pour pouvoir avancer.
22:39 -Et puis, le manque de considération aussi de la part des personnes un peu plus âgées,
22:43 parce qu'il y a aussi le truc de 20 ans...
22:46 -Aujourd'hui, on est adulte. -C'est pas le même problème.
22:47 -T'es jeune. -On n'est pas considérés adultes
22:49 par tout le monde, moi, je trouve.
22:51 -Pourtant, vous l'êtes légalement. -Légalement, mais alors que légalement.
22:54 Et que quand ça arrange certaines personnes, je pense.
22:56 -C'est plus à base de... On te fait comprendre que c'est pas le même problème
22:58 que quand tu veux avoir 30 ans ou 40 ans.
22:59 -Et donc, du coup, pour créer cette safe zone,
23:02 il faut aussi regarder en face les endroits qui sont pas safe.
23:05 Quels sont les endroits, les lieux ou les situations ?
23:07 Choisissez juste un endroit qui est extrême pour vous,
23:09 où vous vous sentez pas safe du tout.
23:11 D'accord ? -Oh wow ! OK.
23:13 -Vous êtes prêts ? -Oui.
23:21 -Un, deux, trois.
23:24 -L'oral à l'école, quand il y a des gens que je ne connais pas.
23:26 -Je voulais mettre ça aussi, du coup !
23:28 -Grosse soirée, un date...
23:31 -Ah ouais ! -Métro.
23:32 -Moi, depuis le Covid, le métro, c'est plus possible.
23:35 Ma dernière question, elle est justement contre ces lieux d'angoisse.
23:39 Qu'est-ce qui vous apaise en ce moment ? Une activité ou un lieu ?
23:42 -Oh !
23:43 -Quelque chose qui vous aide à gérer votre anxiété ?
23:45 Vous êtes prêts ? -Je l'ai.
23:50 -Un, deux, trois.
23:53 -Mes rencontres amoureuses, du coup, ou juste mes rencontres tout courts ?
23:56 -C'est moi ou j'ai été hors sujet au libraire ?
23:59 -T'as le droit, c'est bien !
24:01 -T'as le droit de kiffer la bibliothèque ? -Ca t'apaise.
24:03 -Un endroit qui t'apaise. -Ah, un endroit qui t'apaise ! OK.
24:06 -Donc ça marche !
24:07 -Passer du temps avec mes rencontres. -L'art en général.
24:10 -Moi, j'aime bien regarder des documentaires sur l'univers.
24:13 -C'est peut-être moi qui suis hors sujet, finalement.
24:14 -Moi, ça me fait bader. -Ah non, au contraire !
24:16 Le fait de te sentir dans un espace qui est très très grand,
24:18 donc tu ne contrôles pas, ça m'aide.
24:20 -Quand je dis "mes rencontres", c'est parce que, pour moi,
24:22 ma safe place, elle est pas dans un lieu particulier,
24:24 elle est dans ma tête.
24:26 Avec ma psy, on essaie de me créer justement un espace sain,
24:29 juste pour moi, avec des mots-clés en déclenchant avec de l'EMDR.
24:32 Et je travaille beaucoup sur ça en ce moment.
24:33 -L'EMDR, c'est une technique...
24:35 Tu l'as dit, c'est une technique collective pour gérer les traumatismes,
24:38 notamment le faire travailler le regard et des choses comme ça.
24:40 -C'est ça. Moi, c'est avec les vibrations, pour l'instant,
24:42 mais il y a plusieurs techniques.
24:43 Je découvre et j'ai fait beaucoup de psychiatrie
24:46 vu des psychologues,
24:47 et c'est la première fois qu'il y a quelque chose qui m'apaise
24:49 quand, effectivement, je suis en anxiété.
24:51 Je me mets dans cette safe place,
24:53 mais là, pour l'instant, ça corrobore vraiment
24:54 avec les nouvelles rencontres que j'ai faites
24:56 suite à ma création de mon compte TikTok,
24:58 de mon groupe de soutien après,
25:00 et grâce à ça, j'ai rencontré une de mes nouvelles copines
25:02 et mon petit copain aussi, en ce moment,
25:05 et mes projets se construisent depuis 4-5 mois autour de tout ça.
25:08 Et donc, entre projets et rencontres...
25:10 -Tu trouves ton safe place. -C'est une safe place,
25:12 mais qui bouge, en fait. -Incroyable !
25:14 -Toi, t'as mis "bibliothèque" parce que c'est les livres,
25:16 la solitude de la lecture ou rien à voir ?
25:18 -Oui, c'est la solitude.
25:19 En fait, c'est le fait d'être dans le silence.
25:21 On est tout le temps dans le bruit.
25:24 Même dans les ascenseurs, il y a de la musique.
25:26 Et le fait d'être dans le silence,
25:28 d'écrire ou de lire ou de faire ses devoirs, etc.,
25:34 il n'y a rien de mieux.
25:35 Donc, la bibliothèque,
25:36 l'endroit où il y a le plus de silence.
25:38 -Et puis il y a des gens, mais il y a du silence.
25:40 T'es pas forcément seule. -C'est ça.
25:41 C'est ça qui est agréable, en fait, d'être dans une bibliothèque.
25:45 -Moi, j'ai mis l'art. -L'art en général.
25:46 -Oui, parce qu'au départ, je voulais mettre chant et dessin,
25:49 mais je fais aussi du piano.
25:51 Ça faisait beaucoup !
25:52 Du coup...
25:53 L'art, c'est ma seule manière de m'exprimer,
25:56 donc c'est vraiment le côté passion,
25:58 mais qui me permet d'avoir un exutoire, en fait.
26:00 Ça, c'est vraiment perso,
26:02 c'est-à-dire que perso, je n'ai jamais entendu chanter,
26:03 mais j'adore chanter quand je suis toute seule.
26:05 Par contre, le piano, j'en ai fait longtemps,
26:06 mais pareil, je compose beaucoup
26:07 parce que c'est le fait de créer des mélodies
26:10 qui me permet de communiquer, en fait,
26:11 et de juste extérioriser certaines émotions
26:15 et surtout des émotions assez négatives,
26:16 tout en restant poétique.
26:18 Et puis le dessin, j'adore dessiner.
26:22 C'est quelque chose qui me repose beaucoup,
26:24 que je fais dès que je suis stressée,
26:27 et qui me permet d'être productive, de faire un truc concret,
26:29 tout en étant stressée et anxieuse par rapport au travail.
26:33 -Et toi, du coup, Marcus ? -Je vais te suivre, du coup.
26:37 Alors, j'ai mis "être sur scène",
26:38 parce que moi aussi, c'est très abstrait, on va dire.
26:41 En fait, j'ai un projet artistique
26:43 où je me produis sur scène en tant que DJ,
26:45 et je suis masqué, en fait.
26:46 Là aussi, c'est un peu ma safe place de pouvoir porter un masque
26:49 et de pouvoir me dire qu'on me juge sur mon art et sur ma musique
26:52 plutôt que moi, comme ça, je pourrais me délaisser.
26:55 Mais oui, c'est ma safe place
26:56 parce que c'est une extension de moi-même, en fait,
26:58 d'être DJ et d'être sur scène.
27:00 Je peux parler de ce que je veux, je peux être la personne que je veux,
27:02 et en fait, à bien des égards,
27:04 je vois en face de moi des gens qui réagissent à mon art, en fait.
27:07 Donc le fait qu'il y ait une interaction entre les deux,
27:09 entre moi et le public,
27:11 ça permet de pouvoir me délaisser de plein de stress et plein d'anxiété.
27:14 Et aussi, il y a l'idée de fédérer, finalement,
27:17 parce qu'au-delà de ça, l'art, c'est un formidable vecteur de valeur,
27:21 et j'estime que pour moi,
27:22 c'était la façon la plus note de pouvoir parler de moi
27:24 sans être une personnalité extrêmement connue.
27:28 -Et on a parlé aussi...
27:29 Vous en avez beaucoup parlé aussi de l'importance du diagnostic.
27:33 Dans quelle mesure ça peut aider, justement,
27:35 d'avoir un diagnostic officiel,
27:37 d'être prise en charge par une thérapie,
27:39 d'avoir des soins appropriés ?
27:41 T'as parlé de... J'arrive jamais à le dire.
27:43 -EMDR. -De l'EMDR.
27:44 Je sais pas dans quel sens c'est les lettres, si c'est EMDR ou EDMR.
27:47 -Non, c'est bien EMDR, comme le mordoir. Je me fais un rappel.
27:50 -Ah, bah oui !
27:51 -C'est pas drôle, mais je me rappelle. -Un bon mnémotechnique.
27:54 Donc, dans quelle mesure ça a pu vous aider ?
27:56 Ou au contraire, est-ce que ça vous a fragilisé de savoir exactement
27:59 ce dont vous "souffrez" ?
28:02 -Moi, me concernant, c'était plus au niveau de mon entourage.
28:06 Je voulais pas entendre que ça va aller bien
28:08 ou que je mette trop de problèmes.
28:09 Moi, ce que je voulais que les gens comprennent,
28:11 c'est que ça fait partie de moi et que ça me suivra.
28:13 Je voulais juste que les personnes l'acceptent. Et ça, ça a été un peu dur.
28:16 -Vous aussi, c'est un truc qui a été compliqué, ça,
28:18 le rapport avec vos proches face à vous, à vos chemins thérapeutiques, etc.
28:22 Est-ce qu'il y a eu des jugements ?
28:23 Est-ce qu'il y a eu des phrases que vous n'avez pas comprises ?
28:26 -Moi, quand j'ai été diagnostiquée borderline,
28:28 ma mère, elle est restée dans le déni toute sa vie,
28:30 jusqu'à l'année dernière, quand j'ai été diagnostiquée anxio-dépressive,
28:34 suite à un événement un petit peu traumatique également.
28:36 Donc l'anxiété généralisée, c'était déjà là.
28:38 Là, il y a eu anxio-dépression,
28:39 ce pourquoi j'ai eu un traitement médicamenteux.
28:42 Donc il n'y avait aucune obligation de le prendre,
28:43 mais j'avais tellement testé psychologue, psychiatre, énergéticienne, magnétiseur,
28:47 que je me suis dit "Allez, on tente le traitement".
28:49 Si le médecin dit que c'est approprié, ça l'est.
28:51 Moi, ça m'a fait plaisir de me sentir comprise,
28:54 parce que je suis pas venue en me disant "Bonjour, monsieur le psychiatre,
28:57 je pense avoir tel ou tel trouble."
29:00 Et donc, du coup, j'ai dit mes symptômes,
29:02 qu'on me donne le diagnostic m'a confortée dans l'idée que j'étais pas folle.
29:05 Et par contre, ma mère, elle a décidé d'être dans le déni,
29:09 de me prendre pour une folle, de ne pas comprendre
29:11 tout ce qui était impulsivité, agressivité, sauvetumeur,
29:15 instabilité émotionnelle et hypersensibilité,
29:18 alors qu'elle avait le diagnostic qui était tombé.
29:21 Et même encore l'année dernière, c'est là vraiment,
29:22 parce qu'il y a eu les pensées noires
29:23 et vraiment la période, je pense, la plus difficile
29:26 de mes 23 dernières années,
29:28 où elle s'est réveillée et là, elle voulait carrément me faire interner.
29:32 Parce que toujours dans cette histoire de folie, en fait,
29:34 de "c'est pas possible",
29:35 et comme mon état de santé mentale se dégradait,
29:38 mon état physique aussi, j'ai été hospitalisée d'urgence,
29:40 et pour elle, c'était comme une tentative de suicide.
29:43 Elle a voulu prendre les informations comme elle le souhaitait,
29:44 donc j'ai été complètement incomprise de ma famille.
29:47 On m'en a même voulu,
29:48 parce que j'ai perdu mon boulot à cause de ça,
29:49 donc on m'a voulu d'avoir quitté un de mes emplois
29:52 et de m'être fait virer pour ma santé mentale.
29:54 Donc en fait, il n'y avait que mon médecin qui m'a diagnostiqué
29:57 et qui m'a fait me sentir légitime,
29:58 et que ce soit ma famille, mes proches, on va dire les amis,
30:02 ou même les médecins style aux urgences à l'hôpital,
30:05 tout le monde m'a envoyée balader en me disant que je surchargeais les urgences,
30:08 que je n'avais rien, que j'étais tarée...
30:10 Alors qu'un diagnostic est tombé, quoi.
30:11 Donc je me sentis légitime pendant cinq minutes,
30:13 et après, j'ai eu l'impression d'avoir le nez figé sur mon diagnostic,
30:16 surtout l'année dernière, donc sur dépression,
30:18 parce qu'à prendre des traitements tous les jours,
30:19 en fait, on se représente que par ça.
30:21 J'étais plus Amélie, j'étais la dépressive.
30:23 Donc du coup, d'avancer quotidiennement
30:25 avec maintenant le diagnostic officiel, on est là, c'est bon, je suis catégorisée,
30:29 et puis comme les gens sont fermés d'esprit, désinformés sur la santé mentale,
30:33 c'est bon, je suis la folle du village, quoi. Et c'est très dur.
30:36 -Moi, c'était l'inverse, justement.
30:38 Avant que je sois diagnostiquée,
30:39 c'était là où j'avais l'impression d'être folle
30:41 et que tout le monde autour de moi me prenait un peu pour une folle,
30:44 alors qu'après le diagnostic, ça a tout changé.
30:46 Parce que du coup, j'étais diagnostiquée super tard,
30:48 j'étais diagnostiquée à 21 ans,
30:50 et pourtant, comme je disais avant, j'avais beaucoup de symptômes.
30:52 Depuis que j'étais petite, mes parents m'ont emmenée voir des pédopsychiatres,
30:55 deux différents, ils ont rien trouvé, à part le fait que j'étais précoce
30:58 et que du coup, je devais sauter une classe parce que les termes "HPI", machin...
31:02 -Exactement. -Ça, c'était tendance à l'époque.
31:05 -En plus en plus en ce moment. -Voilà.
31:06 Et puis en plus, il faut savoir que le HPI n'est pas un trouble,
31:09 donc c'est pas censé vous handicaper dans la vie de tous les jours.
31:12 C'est sûrement que vous avez une neuroatypie derrière
31:15 qui se cache si jamais c'est problématique.
31:17 Et du coup, c'était mon cas.
31:19 Et moi, ça a été très particulier parce que j'ai fini à Saint-Anne.
31:23 Pour ceux qui connaissent Saint-Anne, c'est le pôle psychotique de Paris.
31:28 -Oui.
31:29 -J'ai fini à Saint-Anne parce que j'ai fait un blackout de deux semaines
31:33 et que je ne me souvenais de rien, alors que je suis allée travailler,
31:36 suite à un choc émotionnel, en fait à un deuil.
31:39 Alors que j'étais allée travailler, que je parlais à mes amis, etc.,
31:42 je n'en ai aucun souvenir.
31:43 Du coup, j'ai appelé un psychiatre qui m'a redirigée là-bas suite à mes symptômes.
31:47 Et il faut savoir qu'avant cette période-là,
31:48 je ne m'étais jamais posée de questions sur ma santé mentale.
31:50 J'avais des symptômes, je pensais être dépressive depuis des années,
31:54 mais je pensais que j'étais juste folle
31:55 et que j'allais vivre avec ça toute ma vie
31:57 et que mes symptômes, de toute façon, vu qu'il n'y avait personne qui ne trouvait rien
32:00 et que soi-disant, j'allais bien, il n'y avait pas de soucis.
32:03 Et quand je suis arrivée à Saint-Anne, je leur ai expliqué mes symptômes.
32:06 Donc, j'ai des fugues dissociatives, beaucoup de dissociations, etc.
32:09 Et en fait, ils ont cru que j'étais schizophrène.
32:11 Du coup, j'ai passé huit mois en consultation externe là-bas
32:16 à avoir deux consultations par mois pour me faire passer des tests et des tests,
32:20 donc schizophrénie, autisme, TDA, tout ce que vous voulez.
32:24 C'est là que j'ai été diagnostiquée avec un trouble de l'attention.
32:27 C'était par hasard, en plus, sur un des tests que je passais.
32:30 Là, j'étais 97 % autiste, donc c'était sûr de j'y suis.
32:33 -Surprise. -Oui, surprise.
32:35 Parce que moi, j'intériorisais beaucoup mon hyperactivité.
32:38 Du coup, dans ma tête, j'étais là en mode "Mais non, mais j'ai pas ça,
32:40 je suis pas du tout hyperactive, c'est trop bizarre."
32:42 Alors qu'en fait, si, je le suis bien, bien, et je peux vous le dire,
32:45 parce que vu les traitements que je prends, je le suis bien.
32:47 Et pareil, pour les symptômes de schizophrénie,
32:51 en fait, il s'est révélé que j'étais pas du tout atteinte de schizophrénie,
32:54 j'avais même pas d'épisodes psychotiques, j'avais rien de tout ça.
32:58 Et ils ont mis huit mois à trouver, justement,
33:00 le fait que j'avais un trouble dissociatif,
33:02 et donc ils m'ont réorientée vers un psychiatre
33:03 qui était spécialisé dans ces troubles-là.
33:05 Et seulement un an et demi après ma première entrée chez un psychiatre,
33:09 j'ai eu mon diagnostic sur le trouble dissociatif de l'identité.
33:12 Pour dire à quel point c'est long et ça peut arriver super tard...
33:15 -Ça peut prendre du temps, le diagnostic.
33:17 -Et moi, j'étais dans le déni pendant toute ma vie.
33:19 Je savais que j'avais un truc qui allait pas,
33:20 et que j'avais beaucoup entre les amnésies, etc.
33:23 Mais en fait, quand vous grandissez avec ça
33:24 et que votre trouble, vous l'avez depuis que vous êtes enfant,
33:26 vous pensez que c'est complètement normal...
33:28 -Et que tout le monde a la même chose. -Et que tout le monde est un peu...
33:31 Que ça vous semble pas très bien.
33:33 -Le côté "est-ce qu'on résume dans fou ?"
33:35 -Oui, c'est ça.
33:36 -Et j'ai une question aussi, parce qu'on a parlé de la période post-Covid
33:40 qui a augmenté le niveau d'anxiété.
33:42 On est aussi dans un contexte où il y a un dérèglement climatique
33:46 qui est assez effrayant pour nos générations.
33:48 Qu'est-ce que ça participe, toi, par exemple, de ton anxiété ?
33:51 Est-ce que c'est quelque chose auquel tu penses,
33:52 qui rajoute une problématique ?
33:54 -Pendant longtemps, et même encore maintenant,
33:56 nous, les jeunes, on a tendance à penser
33:59 "après 2030, y a plus de planète".
34:01 Et en fait, c'est cette anxiété de se dire
34:03 "qu'est-ce qui va se passer après constamment ?
34:05 Est-ce qu'on a besoin vraiment de construire un avenir ?
34:08 Est-ce qu'on a vraiment besoin de se voir loin dans la vie ?"
34:12 Donc il y a toujours ce problème d'avoir peur de se projeter
34:15 à cause de tous ces problèmes climatiques,
34:18 à cause de tous ces problèmes politiques, de guerre, etc.
34:21 En fait, il y a cette peur constante de se projeter
34:25 et de se dire "est-ce qu'on a vraiment un avenir dans ce monde-là ?"
34:28 -Est-ce que vos abonnés sur les réseaux sociaux
34:30 vous en parlent souvent, de l'éco-anxiété ?
34:31 Est-ce que c'est quelque chose qui est très commun ?
34:33 -Moi, c'est un peu particulier, parce que je fais beaucoup part
34:36 de "pourquoi du commun ?"
34:37 Pour l'instant, en tout cas, je ne compte pas avoir d'enfants dans l'avenir,
34:39 et j'évoque énormément le réchauffement climatique,
34:41 les conditions environnementales, même ce qu'on a dit, politiques, etc.
34:45 Et du coup, j'ai des réponses par rapport à ça,
34:47 de personnes qui sont assez d'accord sur le fait que
34:49 pourquoi vouloir se créer la vie que nos parents, nos grands-parents
34:54 créaient à des années différentes, à des époques différentes ?
34:57 Pourquoi avoir cette vie normale, lambda, codée, de famille,
35:01 deux enfants, un chien, un chat, dans un monospace,
35:03 et la maison dans la petite banlieue ?
35:06 Pourquoi ne pas profiter, finalement, de la vie tant qu'on est jeune
35:08 et qu'on a "la santé" ? Je mets bien des gros guillemets, si vous voyez.
35:11 -En fait, on n'a pas forcément le temps de le construire.
35:14 -On souffre beaucoup trop, il n'y a pas le temps,
35:16 et la motivation, elle est moindre, parce qu'on se dit
35:17 "moins d'espoir" avec tout ce qu'on entend.
35:19 -Merci beaucoup pour vos réponses honnêtes.
35:21 Pour clôturer cette émission sur la santé mentale,
35:23 je vous propose qu'on fasse un petit tour,
35:25 qu'on dise "chacune" et "chacun" une phrase qu'on aime bien entendre
35:32 quand on traverse une phase anxieuse
35:34 ou une phrase qu'on dirait à quelqu'un qui traverse un moment anxieux.
35:36 Je t'en prie. -Pour moi, ça va être...
35:38 "Tu peux surmonter ces épreuves."
35:40 "T'as les capacités de surmonter ces épreuves."
35:42 Et "le fait de ne jamais faire confiance à mes pensées après 22h."
35:46 -Ah, c'est pas mal, ça !
35:47 -C'est vrai. Moi, c'est plutôt "tu es légitime dans tes émotions"
35:51 et "step by step sur la guérison".
35:53 -Moi, c'est plus une phrase d'accompagnant de personne,
35:56 mais c'est plus "peu importe ce qui se passe, je suis là,
35:58 et je te lâche pas."
35:59 -Ouais, elle a dit la meilleure phrase.
36:03 -Non, parce que je peux dire...
36:05 "Ca ira bien, demain, c'est un autre jour."
36:08 -OK. -Simplement.
36:09 -Merci beaucoup.
36:11 On va garder ces phrases en tête et on les envoie au public qui nous regarde.
36:13 -Super. Prenez soin !
36:15 -Voilà. Pour leur accéder à une bonne santé.
36:17 -C'est la meilleure phrase.
36:18 -Prenez soin de vous. Merci beaucoup.
36:20 *Musique*
36:23 [SILENCE]