« Il y a clairement un tabou de l'homosexualité chez les pompiers. » ️
Pendant 24h, on a suivi Vanessa Ricoul, commandant de sapeurs-pompiers dans l’Aisne. Elle nous a parlé de la difficulté de se faire une place, de la violence d’avoir été outée par un collègue, mais aussi de ses engagements pour la féminisation de sa profession.
Actuellement, seulement 5% des officiers sont des femmes, mais Vanessa nous rappelle que la force ne fait pas tout et que « c’est l’esprit qui commande le corps ».
Pendant 24h, on a suivi Vanessa Ricoul, commandant de sapeurs-pompiers dans l’Aisne. Elle nous a parlé de la difficulté de se faire une place, de la violence d’avoir été outée par un collègue, mais aussi de ses engagements pour la féminisation de sa profession.
Actuellement, seulement 5% des officiers sont des femmes, mais Vanessa nous rappelle que la force ne fait pas tout et que « c’est l’esprit qui commande le corps ».
Category
📚
ÉducationTranscription
00:00 Le sapeur-pompier, il est musclé, il est beau, il est huilé,
00:03 il fait à peu près 1m90.
00:04 Je dis toujours en rigolant, c'est tout sauf moi.
00:06 On est à peu près 5% de femmes officiers.
00:09 Dans une certaine mythologie, on assume que la force fait tout,
00:13 mais l'esprit commande le corps.
00:15 On a combien d'internats en cours ?
00:20 Cinq.
00:21 Oui.
00:22 Je m'appelle Vanessa Ricoul, j'ai 43 ans,
00:24 je suis commandante de sapeur-pompier professionnel.
00:27 Ici, dans l'Aisne, je suis là depuis un an à peu près.
00:30 Je suis chef du CTA CODIS, le centre de traitement de l'alerte.
00:33 Là, ici, vous avez les opérateurs,
00:34 qui vont recevoir la totalité des 18.
00:36 Là, c'est quoi, le secours à personnes ?
00:39 C'est une fille chaleureuse.
00:41 Une personne âgée ?
00:41 Elle a 37 ans, oui.
00:42 Oui.
00:42 Une femme qui a été retrouvée par les gendarmes,
00:45 qui est désorientée sur le public.
00:46 D'accord, ok.
00:47 Au niveau de la pharmacie, c'est ça ?
00:48 J'ai toujours eu un intérêt pour les métiers d'uniforme.
00:51 J'ai d'abord commencé en qualité de sapeur-pompier volontaire.
00:54 J'avais sagement attendu mon tour,
00:55 puisque avant, en 2013, je n'aurais jamais pu être sapeur-pompier,
00:58 puisqu'il fallait mesurer 1,60 m,
01:00 et malheureusement, j'en suis plutôt loin.
01:02 Ce que j'aime, c'est la proximité avec les personnes.
01:04 Pour moi, il n'y a rien de plus gratifiant que de s'occuper d'un connu.
01:07 Tu as aussi une personne âgée ?
01:08 Exactement.
01:09 D'accord.
01:10 Ouais.
01:10 Il y a pas mal de personnes âgées, en fait, ce matin.
01:12 Moi, je dois m'assurer que tout fonctionne pour tout le monde H24,
01:15 quelles que soient les circonstances exceptionnelles qui pourraient surgir.
01:18 Une tempête, un aléa, un accident,
01:22 un événement dramatique qui mobiliserait tous nos moyens.
01:24 Je vous envoie les collègues, vous ne quittez pas,
01:26 je vais vous passer le samuel au téléphone, d'accord ?
01:27 Ça faisait combien de temps que vous ne l'avez pas vu ?
01:30 On peut être confrontés à absolument tout,
01:33 les moments les plus joyeux.
01:34 L'autre jour, il y a eu une opératrice qui accompagnait un papa,
01:36 la maman était en train d'accoucher dans la voiture.
01:39 Puis il y a aussi les moments les plus tragiques, les plus difficiles,
01:41 où on n'a pas intérêt à être caché dans son bureau.
01:43 Là, il y a quelques minutes, vous avez vu,
01:45 vous avez un jeune homme,
01:46 je dis jeune homme parce que 50 ans, ce n'est pas vieux,
01:49 voilà, il a perdu la vie,
01:50 c'est ses parents qui l'ont retrouvé.
01:52 Ça, ça fait partie de notre quotidien,
01:54 ces moments décisifs où il est dans l'histoire de quelqu'un,
01:56 dans l'histoire personnelle de quelqu'un,
01:58 c'est en train de basculer.
01:59 Et ça, c'est tous les jours.
02:00 Voilà, il y a des parents qui sont arrivés chez leur fils,
02:03 qui avait des soucis de santé,
02:05 retrouvés en ACR.
02:07 Bon, on est partis, je te passe la maman.
02:09 Aujourd'hui, je suis dans un environnement de travail,
02:15 des collaborateurs masculins où ça se passe vraiment très très bien.
02:19 Je suis un collègue parmi les autres.
02:21 Pour le VSAV, je vais rester à ce soir.
02:23 Je pense que ça devrait être beaucoup plus simple.
02:25 Là, on se rend à Saint-Quentin,
02:27 on va retrouver mon homologue,
02:29 chef de centre, la capitaine Sandrine Medeghetti,
02:32 et on va voir un exercice orienté sur la désincarcération.
02:35 Sandrine, elle fait partie des murs depuis très longtemps aussi,
02:38 elle fait partie des personnes qui ont fait leur place
02:40 aussi naturellement qu'un homme.
02:41 Et puis, il y a d'autres moments où j'ai senti
02:45 que le chemin était âpre et difficile.
02:48 Seulement, j'étais une femme.
02:49 En plus, je ne suis pas quelqu'un de très grand.
02:51 Je dois compenser un physique que je n'ai pas
02:53 par une forme de présence dans l'espace.
02:56 Bon, on en est prêts ?
02:57 Oui.
02:58 Ok, ça marche ?
02:59 Ce sera une ouverture de coffre au moyen de l'écarté.
03:03 Ensuite, un écrasement de siège.
03:05 D'accord.
03:05 J'offre toujours à mes sœurs le calendrier des sapeurs-pompiers.
03:09 Il est musclé, il est beau, il est huilé,
03:11 il fait à peu près 1m90.
03:12 Je dis toujours en rigolant, c'est tout sauf moi.
03:17 Dans une certaine mythologie,
03:18 on estime que la force fait tout, mais loin de là.
03:20 On a oublié une partie essentielle,
03:22 c'est que l'esprit commande le corps.
03:24 Si je m'en suis sortie aussi bien chez les sapeurs-pompiers,
03:40 c'est parce que j'ai toujours essayé de trouver le plan B.
03:42 C'est-à-dire que quand je n'avais pas la taille requise
03:44 pour aller attraper l'outil qui se trouvait tout en haut du camion,
03:48 je montais sur la roue.
03:49 Les nouveautés principales en accessoires ?
03:52 Moi, je n'aime pas féminiser les mots
03:53 et je n'aime pas féminiser les grades
03:55 parce que je considère que j'en ai assez bavé,
03:57 que je ne veux pas qu'on minore mon travail,
04:00 mon engagement en féminisant les noms.
04:01 Bonjour à tous !
04:04 Ça va bien ?
04:05 Ouais, ça va ?
04:07 Ça va ?
04:08 Je venais voir si vous travailliez bien.
04:10 On est à peu près 5% de femmes officiers.
04:12 En 2018, le directeur d'Justice des Ardennes
04:14 me confie une mission qui était de diversifier les effectifs.
04:18 Pour lui, il y avait trop de testostérone,
04:20 je vais reprendre ces termes, dans les centres de secours.
04:22 Bien, bonjour à tous !
04:24 Bienvenue à la direction départementale des pompiers de l'Aisne.
04:27 J'ai pu échanger avec des jeunes pour leur expliquer
04:30 que si moi, j'avais réussi à être pompier,
04:32 tout le monde pouvait le faire.
04:33 Ce n'était pas une façon de se sous-estimer,
04:34 c'était pour démontrer que toute la mythologie
04:37 dont on parlait tout à l'heure, elle n'existait plus.
04:39 Vous vous impliquez, s'il vous plaît,
04:41 dans un environnement citoyen où tout le monde a sa place
04:44 et c'est important qu'il y ait tout type de profil
04:47 et que quand on veut devenir pompier,
04:48 qu'on soit un garçon ou qu'on soit une fille,
04:50 ce n'est absolument pas un problème.
04:51 Même si je vois que les filles, elles sont plus au fond
04:53 et les garçons sont devant.
04:53 Il y a clairement un tabou de l'homosexualité
05:00 chez les sapeurs-pompiers.
05:01 J'ai pris des commentaires parfois que je qualifierais de déplacés.
05:06 Il y a tout ce que je n'ai pas entendu, mais qu'on m'a rapporté.
05:09 J'ai été outée par un collègue officier volontaire
05:14 qui a transféré un mail qui faisait clairement référence
05:16 à ma compagne Virginie, à l'époque, à nos vacances au Canada.
05:20 Après, il s'est remonté jusqu'au directeur départemental.
05:23 Moi, j'ai vécu ça comme une violence, mais terrible.
05:25 Aujourd'hui, je ne veux pas que l'on me parle de ma vie privée
05:27 quand ce n'est pas nécessaire.
05:29 Il faut éduquer, sensibiliser, former et accompagner.
05:34 À partir du moment où tout est dit, tout est nommé,
05:37 où il n'y a pas de tabou, finalement, il n'y a plus de discrimination.
05:41 Vous avez été pertinents ?
05:42 Toujours pertinents et bons pieds, comme on dit.
05:44 Ah ! Et modestes en plus avec ça.
05:47 Toujours, bien sûr.
05:49 Plus on offrira un spectre multiculturel,
05:51 multiethnique au milieu des services, mieux ça se passera.
05:54 Voilà, je vous souhaite une excellente fin d'après-midi.
05:56 Bonne séquence avec mes collègues.
05:58 À très bientôt.
05:59 Continuons à travailler efficacement, à réfléchir
06:04 pour faire en sorte qu'aujourd'hui les territoires soient des territoires sûrs,
06:09 safe et que plus personne ne soit menacé pour des questions stupides.
06:14 [Musique]